Transcript

ENTOMOPHAGA, 21 (I), 1976, 19.29

I ~ V A L U A T I O N E N L A B O R A T O I R E D E L A TOXICITI~ P O U R

DIAERETIELLA RAPAE [HYM. : APHIDIIDAE] D E S P E S T I C I D E S UTILISI~S E N T R A I T E M E N T D E S P A R T I E S A I ~ R I E N N E S

D E S P L A N T E S

R. DELORME (1)

INRA, Laboratoire de Phytopharmacie, C.N.R.A. route de Saint-Cyr, 78000 Versailles, France

Une m6thode d'appr6ciation de la toxicit6 pour Diaeretiella rapae M'INTOSH des pesticides utilisds en serre, b~ l'aide de tests de laboratoire de longue duroc est d6crite. Elle comporte l'6tude de l'actiort sur les stades internes au pucerort du parasite et la mise en 6vidence de la toxicit6 initiale et de la persistance d'action des r6sidus pour les adultes. 9 pesticides ont 6t6 test6s parmi lesquels des insecti- c!des, des aphicides sp6cifiques, des acaricides sp6cifiques et des fongicides. Le B6nomyl, le Mancoz6be, le Dicofol r le T&radifon ne montrent qu'une toxicit6 tr6s faible. Le Pirimicarbe, l'Isolane et la Phosalone montrent une toxicit6 moyenne, leur persistance &action &ant assez faible. Par contre le Vamidothion et le Fundal forte se r6v~lent extr~mement toxiques, surtout par leur tr~s longue persistance d'action.

Les H y m 6 n o p t & e s paras i t es cons t i tuen t un 616merit i m p o r t a n t du complexe des ennemis na ture l s des pucerons . Les Aphidiidae, en par t i cu l ie r pa r leur taux de r e p r o d u c - t ion et leur hau t degr6 de sp6cificit6 semblen t pa r t i cu l i~ rement int6ressants quant /~ leurs possibi l i t6s d ' u t i l i s a t i o n en lut te b io log ique . Des essais de fftchers de masse on t d6jb. 6t6 r6alis6s aux ]~tats-Unis avec des r6sul ta ts tr~s encouragean t s . En France , la S t a t i on de Z o o l o g i e de I ' I . N . R . A . ~t An t ibes s ' es t pr6occup6e d ' e x p l o r e r les possibi l i t6s d ' u t i - l i sa t ion des pa ras i t e s pou r la lut te cont re les p u c e r o n s en serre, en pa r t i cu l i e r de Diaere- tiella rapae M'[NTOSH cont re Myzus persicae SULZER et Brevicoryne brassicae L. (LYON, 1968, 1970, 1971, 1973).

Peu de t r avaux 5. l ' heure actuel le on t 6t6 r6alis6s conce rnan t les effets des pes t ic ides sur D. rapae et la famil le des Aphidiidae. N o u s p o u v o n s ci ter les t r avaux de BONNE-~ MAISON (1962) WIACKOWSKI ~; HERMAN (1968), WIACKOWSKI & DRONKA (1968) sur D. rapae en l abora to i r e , BARTLETT (1958) sur paras i t es de Therioaphis maculata BUCK. 6galement en l a b o r a t o i r e et ceux de TAMAKI, HALFHILL & MAITLEN (1969) sur Aphidius smithi SHARMA & SUBBA RAO en serre.

MATI~RIEL ET MI~THODE

D. rapae est un Hym6nopt~re Aphidiidae d o n t l ' h b t e pr6f6rentiel dans la na tu re est Brevicoryne brassicae L.. Myzus persicae SULZER est 6galement men t ionn6 c o m m e

(1) Avec la collaboration technique de Mine A. GREDT.

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h6te par de nombreux auteurs (SMI1H, 1944; GEORGE, 1957; HAFEZ, 1961; SENGONCA, 1971). LYON (1968) constate que le parasite se maintiellt spontan6ment sur Myzus persicae sur des plantes hhtes telles que chou, betterave, primev6re.

D. rapae est un parasite interne de l 'h6te. L'ceuf est d6pos6 dans la cavit6 g6n6rale; apr6s 6closion 4 stades larvaires se succ6dent. La larve primaire est attir6e par les ovaires du puceron et d6vore les ovocytes de son h6te qui est ainsi st6rilis6; au cours des stades larvaires 2 et 3, le parasite n 'at taque aucun des organes essentiels; la larve 4 provoque rapidement la mort du puceron et tapisse la cavit6 de sole; la nymphose se produit et l 'adulte 6merge par une ouverture circulaire el1 forme de clapet mobile, pratiqu6e ~t travers le cocon soud6 au t6gument momifi6 du puceron. La dur6e du cycle est 6videm- ment fonction de la temp6rature mais aussi du stade parasit6. En laboratoire elle peut aller de 11 jours h 25~ 5. 25 jours ~ 15~ A 20~ la dur6e est de 14 jours ou de 17 jours suivant le stade de l 'h6te (BONNEMAISON, 1970).

La long6vit6 des adultes h 20~ est de l 'ordre de 6 ~ 7 jours pour la plupart des auteurs, saul BROUSSAL (1966) qui indique 13 jours. La f6condit6 est de l 'ordre de 500 eeufs d'apr6s BROUSSAL (1966), d 'autres auteurs donllent des chiffres variant de 200 ~t 300 eeufs.

Les femelles peuvent s 'accoupler et pondre d6s l'6mergence. Lorsqu 'une femelle n'est pas f6cond6e il y a parth6nog6n6se arrh6notoque.

MATERIEL

L'h6te choisi pour l'61evage de D. rapae est Myzus persicae. Ce dernier est 61ev6 sur un m61ange pois-f6ves 5. 20~ 1 ~ 70 %-4- 10 % d ' H R et sous une photop6riode de 16 heures, l'6clairage 6tant assur6 par des rampes de 4 tubes fluorescents de 40 W chacun situ6s ~t 20 cm environ au-dessus du sommet des cages. Dans ces conditions nous avons v6rifi6 que la dur6e de cycle de D. rapae est de 13 5. 17 jours suivant le stade de l 'h6te (en accord avec BONNEMAISON, 1970). La long6vit6 des adultes du parasite est en moyenne de 6,1 jours.

M ETHODE

La m6thode propos6e ci-dessous a 6t6 6tudi6e en fonction de la biologie du parasite et el1 fonction des relations h6te-parasite existant.

Des tests pr61iminaires ont montr6 que les adultes de parasites, du fait de leur petite taille se montreat excessivement sensibles ~ de nombreux pesticides appliqu6s en pulv6- risation aussi bien par l'effet toxique de la mati6re active que par l'effet m6canique de la pulv6risation.

C'est pourquoi nous nous sommes orient,s vers des tests sur stades du parasite internes au puceron, et vers des essais de persistance d 'act ion du pesticide sur parasites adultes 61iminant ainsi dans ce dernier cas l'effet m6canique du traitement.

Les essais sont conduits sur f6ves plant6es individuellement en pots sur un m61ange sable-terre, selon le montage indiqu6 figure 1.

Trois s6ries de tests ont 6t6 r6alis6es, les conditions de temp6rature, hygrom6trie et photop6riode 6tant identiques b. celles de l'61evage.

Stades internes aux pucerons.

Pour des raisons pratiques et m6thodologiques ce type d'action comporte deux s6ries de tests.

TOXICITI~ DES PESTICIDES POUR D. rapae 21

Support plostique pour la h o u s s e ~

Ouverture carrie . ~ } ~ ferrule par du Velcro I -

~ H o u s s e de mousseline

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Systbme de boites plastiques laissant passer la tige

Plaque plastique circulaire recouvrant le sol

ues assurent h~it~

Soucoupe pour arrosage

FIG. 1. Dispositif utilis6 pour les tests.

a) Pucerons parasit~Ss par des stades 6gds du parasite (pucerons momifi6s renfermant des larves 3, 4, des nymphes et adultes pr~ts b. 6clore).

De jeunes f~ves sorties de terre depuis environ 2 b. 3 jours sont contamin6es pa r une centaine de pucerons de tous stades pr61ev6s dans l'61evage. 5 jours plus tard et 12 jours avant traitement on introduit 5 femelles et 2 m~tles de parasites ~g6s de 0 ~t 24 heures.

Apr6s avoir retir6 les housses, le traitement se fait par pulv6risation d 'une s6rie de 6 solutions dont les concentrations erl mati~re active forment une gamme g6om6trique de raison 2. (par exemple concentrations utilis6es pour un essai Vamidothion : 1,5625 - 3,125 - 6,25 - 12,5 - 25 - 50 g MA/hl).

Apr6s traitement les parasites vivants ou morts ayant 6clos des morales sont r6cup6r6s chaque jour ~t l 'aide d 'un aspirateur.

La p6riode d'6mergence commence g6n6ralement d~s le lendemain du trai tement, se prolonge 10 ~t 12 jours pour la 1 re g6n6ration et d6s le 13 e ou 14 e jour apparaff la 2" g6n6ration qui 6merge pendant une p6riode de 15 ~t 20 jours en moyenne (dans le cas o~ il apparaR une 2 ~ g6n6ration).

A la fin des 6mergences on contr61e sur la plante momies 6closes et momies non ~closes.

L 'appr6ciat ion de l'effet du pesticide envisag6 sur les stades ~g6s du parasite se fait par calcul du pourcentage de momies non 6closes par rapport h u n t6moin trait6

22 g. DELORME

~t l 'eau; les momies non 6closes appartenant b. la 2 e g6n6ration n ' ayan t subit aucun trai tement sont consid6r6es comme repr6sentant un pourcentage identique h celui du t6moin. Connaissant le nombre de parasites appar tenant b. la 2 e g6n6ration, on peut ainsi ealculer le nombre de momies non 6closes de la 2 e g6n6ration et par soustraction, celui de la I re g6n6ration.

b) Pucerons parasites par de jeunes stades du parasite (pucerons non momifi6s renfermant des 0eufs et larves 1 et 2 du parasite).

Cette s6rie est conduite de la m~me faqon que pr6c6demment sauf en ce qui concerne la date de trai tement qui se situe seulement 5 jours apr6s infestation par les parasites adultes.

Les 6mergences sont suivies de la m~me fa~on. Elles d6butent en g6n6ral le 7 e ou 8 e jour apr6s traitement. Comme pr6c6demment la ' l re g6n6ration s'6tale sur 10 ~t 12 jours, et la seconde, s'il y a lieu, en moyenne sur 15 h 20 jours.

La toxicit6 du pesticide sur les jeunes stades est 6valu6e par la r6duction des 6mer- gences de parasites adultes par rappor t au t6moin, et par v6rification sur la plante des momies ~closes ou non ~closes.

La scission en deux s6ries du test r6alis6 sur les stades internes du parasite a 6t~ rendue n6cessaire pour plusieurs raisons :

- - la long6vit6 des parasites adultes (6 h 7 jours en moyenne) est trop courte pour permettre d ' avo i r t ous l e s stades au moment du traitement (dur6e de la contaminat ion I2 jours) ;

J cette scission permet d'6viter le chevauchement des I re et 2 e g6n6rations ;

- - elle permet 6ventuellement de mieux.comprendre le mode d 'ac t ion du pesticide envisag6.

- - en faisant la moyenne des r6duct ions de populat ion observ6es dans les deux s6ries il est possible d 'appr6cier I'effet global du pesticide sur une populat ion de parasites comprenant tous les stades internes au puceron.

Cette 1 re s6rie permet doric de mettre en 6vidence la r6duction dupourcentage d '6mer- gence des parasites adultes, due au pesticide envisag6, par rappor t au t6moin trait~ ~t l 'eau. Elle permet 6galement de noter la pr6sence ou l 'absence d 'une 2 e g6ndration done une appr6ciation qualitative de la possibilit6 pour le parasite de se reproduire.

Dans le cas off la 2 ~ g~n6ration n ' appara i t pas, deux facteurs doivent ~tre envisag6s :

- - les parasites ont 6merg6, mais ont 6t~ tu6s par les r6sidus du pesticide sur la plante au momen t de l '6mergence sans avoir eu la possibilit6 de se reproduire;

le pesticide a 61imin6 tous les pucerons non parasit6s et en supprimant les h6tes a supprim6 la possibilit6 de reproduction.

Ces facteurs, dont l ' impor tance est difficilement appr6ciable directement, font l 'objet d '&udes compl6mentaires que nous rapportons ci-dessous.

Essai de persistance d'action du pesticide sur adultes du parasite

Le trai tement est effectu6 de la m~me faqon que dans la s6rie pr6c6dente mais sur des plantes non infest6es. 50 parasites adultes par dose sont ensuite apport6s b, part ir du jour de la pulv6risation puis apr6s 1, 2, 3, 7, 9, 15 jours et 6ventuellement chaque semaine ult6rieurement. Les parasites apport6s pr61ev6s dans l'61evage sont fig6s de 0 b. 1 jour ; leurs mortalit6s sont relev6es apr6s 24 heures de contact, pour permettre, par les recontaminat ions successives mentionn6es ci-dessus, de suivre la persistance d 'ac t ion des r6sidus.

TOXICITE DES PESTICIDES POUR D. rapae 23

I1 est bien 6vident que la similitude entre Faction des r6sidus sur les parasites issus de pucerons trait~s et ceux apport6s apr~s traitement n'est pas parfaite, mais il est ainsi possible d'6tudier de mani6re assez pr6cise la persistance &action du pesticide pendant une p6riode couvrant au moins la p6riode d'6mergence de la premiere g6n6ra- tion. Pour les produits 6tudi6s jusqu'ici nous n 'avons d'ailleurs pas relev6 de contra- dictions entre les mortalit6s qualitatives observ6es darts la s~rie A e t celles relev6es par cette m&hode.

Aucune comparaison des persistances &action des pesticides en laboratoire et en serre ou en plein champ n 'a pu ~tre effectu6e. Notons que pour les pesticides test6s aucune contradiction majeure n 'a ~t~ relev6e entre les r6sultats observ6s et la rSmanence accord6e g6n6ralement 5. ces pesticides.

Essai sur population de pucerons non parasitds

Comme nous l 'avons indiqu6 pr6c~demment il nous a sembl~ int6ressant de connaRre Faction du pesticide sur l 'h6te Myzus persicae dars les m~mes conditions, d 'une part, pour pouvoir comparer les actions sur l 'h6te et le parasite et d 'autre part, afin de mieux comprendre ou expliquer certaines actions du pesticide sur le parasite, en particulier sur les jeunes stades.

Le test est r6alis6 de la mani~re suivante : de jeunes f~ves sont contamin6es 5 5. 6jours avant traitement par une centaine de pucerons de tous stades et la population survivante est contr616e 7 jours apr+s traitement. La toxicit6 du produit est exprim~e par la r6duc- tion de population vivante par rapport au t6moin.

Les diff6rentes op6rations r6alis~es dans les divers types d'essais rapport6s ci-dessus sont r6sumdes dans la figure 2.

RI~SULTATS

MATIERES ACTIVES TESTI~ES ET CONCENTRATIONS UTILISI~ES

Les produits actifs soumis aux essais sont indiqu~s dars le tableau 1. Les substances sont dispers~es dans l 'eau et utilis~es 5. 6 concentrations formant entre elles une gamme g6om6trique de raison 2; la concentration la plus ~lev~e est la concentration d 'emploi recommandde dans la nature; darts le cas o~ plusieurs concentrations sont prdconisdes, nous avons choisi la plus 61ev~e, saul" dans le cas du Pirimicarbe o(1 la concentration choisie correspond 5. celle utilis~e en serre sur pucerons.

Chaque essai complet est r6pSt~ 2 lois. Lorsque le 1 er essai n 'a montr6 qu 'une toxicit~ faible aux doses test6es nous avons d~cal6 la gamme de doses de mani~re que la con en- tration d'emploi devienne la dose moyenne lors du 2 6 essai.

EXPRESSION DES RESULTATS

Nous indiquons dans le tableau 2 les diverses 6tapes de calcul dans un essai pris comme exemple.

Le calcul de la population restant vivante 24 heures apr6s l'6mergence (colonne III) s'effectue de la mani6re suivante : pour chaque concentration le pourcentage d'6mer- gence journalier est d6termin6 par rapport 5. l '6mergence totale de la 1 re g6n6ration (stades jeunes d 'une part, stades ~g6s d 'autre part) auquel on applique le pourcentage de mortalit6 correspondant, relev6 dans l'essai de persistance d'action. En faisant le total des nombres obtenus pour une concentration donn6e, on obtient pour celle-ci un nombre refl6tant 5. la lois la toxicit6 initiale du produit et sa persistance d'action.

24 R. DELORME

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A

Controle des "--~

p lan tes

Reconta minot ions successJves par paras i tes adu l tes

FI6. 2. Sch6ma g6ngral de l'essai.

Noms,

TOXICITE DES PESTICIDES POUR D. rapae

TABLEAU 1

concentrations et destination des pesticides testds

25

Mati6re active Concentration d'emploi

en g M.A/hl Destination

Phosalone 60 Vamidothion 50 Pirimicarbe 25 Isolane 10 Tetradifon 16 Dicofol 50 Chlorphenamidine + formetanate 33,1 -t- 17,5 B6nomyl 50 Mancoz+be 280

Insecticide, acaricide polyvalent Insecticide, acaricide polyvalent Aphicide sp6cifique Aphicide sp6cifique Acaricide sp6cifique Acaricide sp6cifique

Acaricide Fongicide Fongicide

Ce pourcentage est appliqu6 5, la population ayant r~ellement 6merg6 (la et lb du ta- bleau 2) pour obtenir la r6duction de population ayant 6merg6 et restde vivante 24 heures apr6s l '6mergence (colonne IV), valeur faisant intervenir la toxicit6 du pesticide appliqu6 en pulv6risation pour les stades internes du parasite, la toxicit6 initiale des d6p6ts pour les adultes et la persistance d 'action des r6sidus. Comme nous disposons de 6 concen- trations, nous pouvons alors d6terminer les droites de rdgression log. concentrations- probits.

ExPOSl~ DES RESULTATS

NOUS ne donnerons ici que des r6sultats globaux et quelques commentaires sur Faction des pesticides d6j5, essay6s: les r6sultats d6taill6s feront l 'objet d 'une autre publication.

Stades internes jeunes du parasite

Dans tous les cas nous avons observ6 que les r6ductions d'6mergences sont 6troite- ment li6es 5. la toxicit6 du pesticide pour l'hOte Myzus persicae : si l'hOte survit au trai- tement, le parasite poursuit son d6veloppement et 6merge normalement; si l'hOte est tu6 par le pesticide, g6n6ralement le parasite ne peut continuer 5, se d6velopper; cepen- dant dans certains cas (T&radifon et m~lange ChlorpMnamidine + FormOtanate) une proport ion non n6gligeable de parasites peut 6merger normalement apr6s la mor t de l 'h6te.

Stades internes dgds du parasite

Aucun des pesticides test6s n'emp~che de mani~re significative l '6mergence des parasites : l 'h6te 6tant d6js, normalement tu6 par le parasite lors du traitement, les pesticides test6s n 'ont pas p6n&r6 suffisamment ~t travers le t6gument momifi6 de l 'h6te pour provoquer la mort du parasite.

Essais de persistanee d'aetion

A l'exp6rience il se r6v~le que la persistance d'action ainsi que la toxicit6 initiale du d6p6t sont les points les plus importants dans l 'appr6ciation de la toxicit6 des pesti- cides test~s.

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TOXICITI~ DES PESTICIDES POUR D. rapae 27

Nous avons en effet not6 que, dans les conditions pr~cis6es pr6c6demment, les pesti- cides test6s pr6sentent les toxicit~s initiales suivantes (mortalit6s relev6es apr6s 24 heures) :

- - Fundal forte (produit commercial, m61ange 2/3-1/3 de chlorph6namidine et de form&anate) : 100 ~o; Pirimicarbe : 95yo; Vamidothion : 90 ~ ; Phosalone : 70 ~o; Isolane : 42 ~o; B6nomyl, Dicofol, T6tradifon et Mancoz6be, pas de toxicit6 relev6e.

En ce qui concerne la persistance d'action, les pesticides conservent une activit6 notable ( > 20 ~o de mortalit6) pendant plus de 50 jours pour le Fundal forte, de 10 b. 15 jours pour le Vamidothion, de 2 ~t 5 jours pour la Phosalone, de 2 h 3 jours pour le Pirimicarbe et de 1 ~t 2 jours pour l 'Isolane. Le seuil 20 Yo de mortalit6 a ~t~ choisi arbitraitement comme 6tant signe d 'une toxicit6 encore visible des r6sidus de pesticides pour les adultes de D. rapae. Cette notion nous a sembl6 plus parlante que les notions de demi-vie habituellement rencontr6es dans la litt~rature.

R~sultats globaux sur D. rapae et M. persicae

Parmi les r6sultats dont nous disposons, il nous a paru que les r6ductions de popu- lation observ6es ~ la concentration d'emploi calcul6es suivant la m6thode expos6e aupa- ravant refl6tent assez bien l'effet global des diff6rentes actions des pesticides. Nous don- nons dans le tableau 3 ces valeurs en comparaison avec les r6ductions de population de M. persicae ; nous avons 6galement not6 la pr6sence ou l'absence d 'une 2 e g6n6ration.

TABLEAU 3

Rdduction des populations h la concentration d'emploi. PrOsence d'une F~ pour D. rapae

Mati6re active D. rapae M. persicae Pr6sence F,_,

Mancoz~be 6,9 35,3 + T6tradifon 12,6 26,6 + Dicofol 15,2 56,6 + B6nomyl 27,5 80,5 -f- Pi r imicarbe 63,6 t 00 - - Isolane 67,2 100 - - Phosalorte 67,8 100 - - Vamidothion 80, 8 99,4 -- Fundal forte 98,2 100

Ce tableau permet tout d 'abord de constater que dans tous les cas la toxicit6 des pesticides pour l 'h6te est sup6rieure h celle pour le parasite. Le fait que D. rapae soit un parasite interne, donc qu 'au moment du traitement les populations de D. rapae ne subissent pas directement l 'action du pesticide permet d'expliquer de faqon satisfaisante cette constatation. Nous notons 6galement que pour les 5 derniers produits le cycle du parasite est interrompu (pas de F2). Ceci est dfi h la destruction pratiquement totale ( > 99 ~ ) des populations aphidiennes et non pas ~t une disparition totale des parasites 5. la suite du traitement.

Le tableau 3 montre qu 'aux concentrations d'emploi conseill~es les 2 fongicides test6s Benomyl et Mancoz6be ainsi que le Dicofol et le T~tradifon, acaricides sp6cifiques, n 'ont qu 'une toxicit~ tr~s faible (inf6rieure ~t 30 ~) . Un second groupe est compos~ du Pirimicarbe, de l 'Isolane et de la Phosalone dont les r6ductions de population, comprises entre 60 ~ et 70 ~ sont dues essentiellement ~t une action de choc sur les populations aphidiennes et ~ une persistance d 'action assez faible des r6sidus.

Enfin, le Vamidothion et surtout le Fundal forte (acaricide non sp6cifique) montrent une forte toxicit6 due d 'une part ~t une action de choc lors du traitement et d 'autre part surtout h une tr~s longue persistance d 'act ion des r6sidus.

28 R. DELORME

DISCUSSION ET CONCLUSION

En ce qui concerne les mati6res actives test6es nous avons mis en 6vidence que les, facteurs de toxicit6 les plus importants sont d 'une part , l 'act ion sur les pucerons non encore tu6s par D. rapae, lequel n ' ayan t pas atteint un stade de d6veloppement suffisant meurt si son h6te est tu6 par le pesticide, et d 'aut re part, la persistance d 'act ion apr6s trai tement des r6sidus du produit sur les adultes 6mergeant dans les jours suivant le traitement.

Nous n ' avons pas mis en 6vidence d 'ac t ion directe sur les stades internes aux mo- mies de pucerons. BONNEMAISON (1958) pour le M6vinphos sur D. rapae (40 g MA/hl) et BARTLETT (1958) pour le Malathion (120 g MArl) et le Parathion (15 g MA/I) sur Praon palitans MUES. ont montr6 une mortalit6 totale des stades internes du parasite. Ceci n 'es t pas en contradiction avec nos r6sultats, le M6vinphos &ant un insecticide endoth6rapique poss6dant une tr6s forte action de choc, et les concentrations employ6es par BARTLETT &ant de 50 ~ 100 plus fortes que celles recommand6es dans la pratique. BARTLETT cite par ailleurs la quasi-innocuit6 du D6m6ton pour les stades internes de Lysiphlebus dans un essai pratiqu6 sur citronniers.

De m~me que BONNEMAISON (1962) et BARTLETT 0958) nous pouvons conclure que l ' on doit s 'orienter vers l 'emploi de produits poss6dant comme caract&istique prin- cipale une faible persistance d 'act ion de telle sorte que, m~me dans le cas d 'une forte toxicit6 sur les parasites adultes existant au moment du traitement, destruction diffici- lement 6vitable du fait de la tr6s grande sensibilit6 des adultes soumis 5. une application directe du pesticide (essais de laboratoire, WIACKOWSKI & HERMAN, 1968, WIACKOWSKI & DRONKA 1968), les parasites adultes 6mergeant dans les jours suivant le t rai tement puissent survivre et ainsi 6viter toute reprise importante des populations aphidiennes.

En ce qui concerne les possibilit6s de lutte int6gr6e en serre, il apparai t indispen- sable dans le cas off l 'emploi de pesticides s 'av6rerait n6cessaire (pullulations aphidiennes localis6es, d6veloppement d 'autres esp6ces phytophages ou champignons phytopara- sites), de proc6der 5. des 6tudes pr61iminaires en laboratoire des mati6res actives utilis6es de fa~on 5. mettre en 6vidence les divers facteurs de nocivit6 pour le parasite (toxicit6 imm6diate de contact sur les diff6rents stades et persistance d 'act ion des r6sidus apr6s traitement). C 'est ainsi que l ' on a pu montrer la forte toxicit6 de certains produits dits sp6cifiques.

I1 est bien 6vident que ces tests de laboratoire ne permettent qu 'une approche de l '6tude de l 'effet des traitements dans les conditions naturelles, et que des tests compl6- mentaires en serre doivent ~tre conduits afin de confirmer ou de corriger les r6sultats de laboratoire.

SUMMARY

Toxicity of pesticides sprayed over plant aerial parts to Diaeretiella rapae [Hym.: Aphidiidae] under laboratory conditions

A method for measuring the toxicity of pesticides used in glasshouses to Diaeretiella rapae M'INToSH with long range laboratory tests is described. It includes the study of the pesticide action on parasite instars inside the aphid and the demonstration of the initial toxicity as well as the persistence of action of the residues against adults.

Nine pesticides were tested among which insecticides, specific aphicides and miticides and also fungicides.

Benomyl, Mancozeb, Dicofol and Tetradifon show only a very low toxicity. Pirimicarbe, Isolane and Phosalone with a short persistence of action have a medium toxicity. In the contrary Vamidothion and Fundal forte with a long persistence of action show very high toxicicity.

TOXICITI~ DES PESTICIDES POUR D. rapae 29

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