EVALUATIONS ENVIRONNEMENTALES DES POLITIQUES ET DES PROJETS

Prof. Samuel YonkeuMaître de Conférences et Maître de RechercheEnseignant Chargé des Cours d’Environnement

2iE, 01 B.P. 594 OUAGADOUGOU 01BURKINA FASO

SEMINAIRE DE SENSIBILISATION DES PARLEMENTAIRES DE LA REGION AFRIQUE DE L’OUEST DE L’APF

01 AU 03 Décembre 2009HOTEL IBIS LOME TOGO

SEMINAIRE DE SENSIBILISATION DES PARLEMENTAIRES DE LA REGION AFRIQUE DE L’OUEST DE L’APF

01 AU 03 Décembre 2009HOTEL IBIS LOME TOGO

OBJECTIFS DE LA COMMUNICATION

• Faire connaître les outils des Evaluations Environnementales et leur importance dans les activités de développement

• Montrer comment ces outils peuvent aider dans la planification, la prévention et la gestion des impacts des projets de développement

PLAN DE LA COMMUNICATION

• Introduction

• Les outils ou processus des évaluations environnementales

• Les évaluations environnementales stratégiques

• L’étude d’impact environnemental et social– Approche pratique de l’EIES

– La participation du public

INTRODUCTION (1)

• La prise de conscience des dangers que représentent des actions humaines mal maîtrisées pour le milieu naturel ou géographique devient universelle.

• Cette prise de conscience éco-citoyenne concerne aujourd’hui l’ensemble du corps social des pays industriels et pénètre de plus en plus les sociétés des pays en développement.

INTRODUCTION (2)

• Elle se traduit politiquement par:– des lois,

– des réglementations nationales et internationales,

– des conférences régionales ou planétaires,

– l’attention grandissante portée à la prévision des impacts,

– la recherche de solutions pour gérer les pollutions (mise en place d’un marché des droits à polluer)

INTRODUCTION (3)

• A l’échelle de l’entreprise comme à celle d’un territoire, la qualité de l’environnement naturel et social représente aujourd’hui un facteur-clé de développement.

• La défense – du cadre de vie ou du paysage, – de la qualité de l’alimentation, – de la santé, – de la propriété foncière, – d’avantages acquis et – d’aménités à préserver ou à conquérir

mobilise les habitants, usagers et consommateurs sur un registre généralement défensif.

INTRODUCTION (4)

• La production d’espaces et de marchandises de qualité devient une des conditions du progrès économique et social ;

• l’adoption de normes de qualité par les entreprises, l’obtention de labels pour des produits et des territoires témoignent de nouveaux enjeux s’inscrivant dans la prise en compte par la société de la nécessité d’assurer un développement durable.

• C’est là autant de raisons qui nous poussent vers les évaluations environnementales et le développement durable.

LES OUTILS OU PROCESSUS DES EVALUATIONS ENVIRONNEMENTALES

mars 2008 ©Michel A. Bouchard et Samuel Yonkeu 2008

9

OUTILS D’EVALUATION OU DE GOUVERNANCEENVIRONNEMENTALE

ÉES

SECTORIELLE

EIE

PGE

SME

ACV

PGE

MANAGEMENT

IDDRÉGIONALE

PROSPECTIFDÉCISION

IDD

PROSPECTIFPRÉVENTION

Audits

Audits

Suivi etMonitoring

M. DEV PROPRE

ECOLABELS

LE PLANIFIÉ LE BÂTI

ACV

DÉFINITION DE L’EVALUATION ENVIRONNEMENTALE STRATEGIQUE

� L’Évaluation Environnementale Stratégique (EES) est un processus d’évaluation et de prise en compte d’enjeux environnementaux au plus haut niveau du processus décisionnel de l’appareil gouvernemental (niveau stratégique et macro)

� L’EES se situe en amont de l’évaluation des impacts environnementaux (EIE) des projets (niveau projet et micro)

L’EES permet d’intégrer la prise en compte d’enjeux environnementaux au même niveau de la décision où sont aussi considérés les enjeux économiques ou sociaux

LES EVALUATIONS ENVIRONNEMENTALES STRATEGIQUES

EES: UN NIVEAU STRATÉGIQUE

� L’EES est appliquée aux Politiques, Plans et Programmes (les PPP ou 3P) en vue de les modifier / optimiser sur les plans environnemental, économique et social

� L’EES concerne des engagements, des initiatives ou un ensemble de projets de portée régionale, sectorielle, nationale, communale, voire internationale

EES: OUTIL D’ÉVALUATION DONNANT DES RÉPONSES

POUR UN GOUVERNEMENT

� Est-ce que tel Plan, Politique ou Programme est optimal sur les plans économiques, sociaux et environnementaux?

� Est-il compatible aux objectifs nationaux de développement durable et cohérent avec le devoir de bonne gouvernance environnementale?

� Pour un ensemble de projets, peut-on prévoir un cadre de gestion des impacts et des enjeux tout en accélérant et simplifiant les procédures EIE?

POUR UN BAILLEUR DE FONDS

� Est-ce que la décision de prêt ou d’investissement est en cohérence avec les politiques de développement économique et de protection des ressources dans le pays bénéficiaire?

EES COMME OUTIL DE PLANIFICATION

NIVEAU NATIONAL

� Stratégies, programmes et plans généraux

� Réformes de la politique nationale et programmes de soutien budgétaire

� Politique, Plan, Programme Sectoriel: ex. réforme des secteurs de l’énergie, des transports, du tourisme, du développement rural, de la santé, etc.

� Plans et Programmes de développement Communal, Régional

� Plans et programmes transnationaux (ex. investissement multinationaux)

NIVEAU DES AGENCES DE DEVELOPPEMENT

� Stratégies et plans d’aide aux pays; politiques et stratégies sectorielles

� Cadres d’aide au développement bi- et multilatérales

� Programmes et services de soutien au partenariat publique-privé

L’EES: UNE PRATIQUE PRO-ACTIVE

� La plupart des pays développés (notamment Europe) ont introduit la pratique systématique de l’EES comme outil de planification et de prévention dans l’élaboration et l’approbation des Politiques, Plans et Programmes de développement (au niveau national, régional, communal voire sectoriel)

� La pratique de l’EES devrait devenir un réflexe proactif et de bonne gouvernance dans les pays en voie de développement

LES OBJECTIFS DE L’EES

1. La planification cohérente avec les principes du développement durable ou les objectifs de réduction de la pauvreté (ex. ODM; CSLP)

2. Le balisage et la prise en compte d’enjeux ou d’incidences de grande portée, de nature globale, nationale, cumulative ou synergique

3. L’esquisse d’un cadre national voire régional de gestion de l’environnement, incluant les coûts économiques et monétaires

4. La rationalisation du processus d’évaluation environnementale au niveau des projets base pour les futures EIE applicables au niveau des projets

LES CARACTÉRISTIQUES DE L’EES

� L’EES est systématique et fait l’objet d’un cadre réglementaire ou législatif

� S’insère dans le processus de décision et de la planification

� Approche multidisciplinaire et transversale

� Approche transparente, complémentaire et collaborative

� Examen d’options, de scénarios ou d’alternatives

� Une large part à la consultation publique à l’information et à la communication

L’EES DANS LE PROCESSUS DÉCISIONNEL

� L’EES donne au décideur une base solide et un outil robuste pour une décision socialement et environnementalement acceptable

� L’EES mène à des décisions qui harmonisent les objectifs de la planification et du développement avec ceux du développement durable

� L’EES rassure l’investisseur en procurant un contexte juridique stable et transparent

� L’EES donne des éclairages sur les coûts économiques de la dégradation de l’environnement et de la pollution des ressources naturelles (cf. lien avec les changements climatiques)

� Elle donne une orientation sur les enjeux majeurs liés à une reforme dans un secteur donné

L’ETUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL

DEFINITION DE L’ ÉTUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL (EIES)

• L’EIES n’est pas une fin en soi.• L’EIES peut être définie comme un outil prospectif

qui s’intéresse à l’identification et à l’évaluation des effets d’un projet sur l’environnement en général et sur ses composantes biophysiques et humaines en particulier.

• L’EIES ne constitue qu’une étape du processus d’évaluation environnementale global.

• L’EIES ne peut jamais prévoir toutes les répercussions d’un projet.

• L’EIES implique la planification et l’exécution d’un programme de suivi environnemental.

POURQUOI RÉALISE-T-ON UNE ÉTUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL?

• Parce que la loi l’exige.• Parce que les pressions sociales l’imposent.• Parce que l’état actuel de l’environnement

nécessite que toutes les dispositions soient prises pour limiter les dommages environnementaux irréversibles

• Parce que l’étude d’impact sur l’environnement constitue un instrument d’aide à la décision au même titre que l’évaluation économique ou technique d’un projet

QUAND ENTREPREND-ON UNE ÉTUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL? (1)

• Lorsque le contexte légal ou la problématique particulière l’exige

• Parce que l’EIES fait partie du processus décisionnel et qu’elle est susceptible d’influencer le «design» même du projet, elle doit être entreprise le plus tôt que possible.

QUAND ENTREPREND-ON UNE ÉTUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL? (2)

• L’EIES entreprise trop tard dans le processus de planification de projet sera la cause de bien de problèmes:�L’impossibilité d’intervenir sur le design même du projet

limite l’intervention environnementale à la seule recommandation de mesures correctives à posteriori souvent peu efficace et coûteuse

�Le fait d’entreprendre l’EIES après que les solutions techniques aient été retenue, augmente les chances que le projet porte significativement atteinte à l’environnement (enjeux). Dans ce cas, les mesures d’atténuation ne suffiront pas, ce qui pourrait remettre en cause le bien-fondé même du projet tel que formulé.

QUI EST RESPONSABLE DE L’ÉTUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL?

• Le promoteur• Compte tenu de la problématique du dossier et de

l’expérience du promoteur en matière d’environnement, ce dernier pourra s’en remettre en tout ou partie à une équipe externe de spécialiste en environnement. Cette équipe sera multidisciplinaire (milieu biophysique, milieu humain)

• Le promoteur se soumettra aux prescriptions de la directive spécifique qu’il aura reçu des autorités gouvernementales.

COMMENT RÉALISE-T-ON UNE ÉTUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL? (1)

1. Identification des éléments à inventorier. Cette première activité s’appui sur l’identification des enjeux reconnus à la phase précédente (analyse environnementale préliminaire). Elle tient également compte des directives gouvernementales. Cette activité se basera sur la documentation existante.

2. Identification des sources d’impact (Analyse des activités du projet et des éléments de sa réalisation)

COMMENT RÉALISE-T-ON UNE ÉTUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL? (2)

3. Validation et délimitation de la zone d’étude

4. Inventaire de la zone d’étude (méthodologie sectorielle ou thématique)

5. Analyse et classification des éléments répertoriés en fonction de leur résistance à l’implantation du projet

6. Élaboration des variantes ou de scénarios qui tiennent compte de la résistance du milieu àl’implantation du projet

COMMENT RÉALISE-T-ON UNE ÉTUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL? (3)

7. Identification, description et évaluation préliminaire des impacts de chacune des solutions proposées. Reconnaissance des avantages et inconvénients

8. Comparaison des variantes et des scénarios; identification de la solution préférable du point de vue environnemental

9. Rédaction du rapport d’EIES

10. Soumission des premiers résultats à la consultation publique. Validation du choix préférable

COMMENT RÉALISE-T-ON UNE ÉTUDE D’IMPACT

ENVIRONNEMENTAL? (4)11. Choix définitif et optimisation de la meilleure solution

12. Évaluation définitive des impacts et élaboration des mesures d’atténuation (mitigation)

13. Formulation des prescriptions à inclure dans les plans et devis (Surveillance environnementale)

14. Élaboration du programme de suivi environnemental

15. Élaboration du plan de gestion environnementale

APPROCHE PRATIQUE DE L’EIES

mars 2008 ©Michel A. Bouchard 2008 30

Services Publiques Promoteur, Maître d’Oeuvre

AN

TE

En

viro

nm

en

tal Im

pact S

tate

me

nt

Qu

ality

an

d

Co

nfo

rmitu

ày

PO

ST

DÉCISIONConditions

Scoping et TDR

Screening

Données de base ( Baseline)

Avis de projet

Étude d’ImpactRaison d’être, Justification, variantesDescription de l’ Environnement - BaselineDescription du Projet-techniqueImpacts du ProjetMitigation, Compensation, AtténuationsPGE

Qualité et ConformitéAnalyse Technique

IMPLANTATIONAuto surveillanceMonitoringGestion

Surveillance Suivi

Consultation

Consultation

Consultation

Co

nsu

ltation

LA PARTICIPATION DU PUBLIQUE

DÉFINITION ET FONCTION DE LA PARTICIPATION COMME ÉLÉMENT DU CADRE THÉORIQUE

• Définition de participation publique– Implication des populations (société civile organisée ou non)

dans le processus décisionnel d’une organisation (ex. Gouvernement ou autre institution ) (Roberts, 1995)

• Double fonction de la participation publique– Une fin

• Droit à la mobilisation• Avoir des actions collectives• Donner du pouvoir aux communautés locales

– Un moyen• Outil pour rendre la gestion des ressources naturelles plus durables et

compatibles avec les limites des écosystèmes.

Réf. J.P. Revéret, 2004

POURQUOI LA PARTICIPATION PUBLIQUE? (1)

�Permet de concentrer les efforts sur les questions qui préoccupent le milieu

�Réduit l’opposition publique

�Permet de développer des ententes de collaboration avec le public.

�Permet d’acquérir une connaissance du «vécu» du milieu

POURQUOI LA PARTICIPATION PUBLIQUE? (2)

�Permet de connaître les perceptions, les valeurs, les préoccupations et les attentes du milieu

�Permet une meilleure insertion du projet:�Optimiser le design et la réalisation du projet pour le

bénéfice de l’ensemble des intervenants concernés

�Penser développement économique et social

�Éviter les effets néfastes des externalités

QUI EST CONCERNÉ PAR LA PARTICIPATION PUBLIQUE?

�Ministères et agences gouvernementales

�Représentants des élus

�Clients (municipalités, industries, etc.)

�ONG et groupes d’intérêts

�Communautés, association de quartier et individus

�Autochtones

�Utilisateurs des ressources

�Entreprises et commerces affectés

Typologie Composants

Participation passive - Personnes son avisées de ce qui a déjà été fait et de se qui va être fait

- Invitation unilatérale de l’institution

Participation dans la divulgation de l’information

- Répondent aux questionnaires des institutions

- Citoyens n’ont pas l’opportunité d’influencer le processus

Participation par consultation

- Participation à travers des consultations et les agences écoutent les opinions des populations et définissent les problèmes et les solutions

- Les agences peuvent modifier les solutions en intégrant les préoccupations de citoyens mais ils ne sont pas obligés de le faire

Participation par incitations matérielles

- Participation par la donation de ressources (ex. travail) en échange de nourriture, d’argent ou autre incitation matérielle

Ex. bio-prospection. Les populations rurales fournissent les ressources mais ne sont impliqués dans les expériences ni dans le processus d’apprentissage

Participation fonctionnelle

- Participation par la formation de groupes pour discuter des objectifs prédéterminés.

- Cette implication n’est normalement pas faite au début de la planification

Participation interactive

- Participation par l’analyse, des différents acteurs, qui mène à des plans d’action ainsi qu’à la formation de nouveaux groupes locaux ou au renforcement de groupes déjà existants

- Incorpore des méthodologies interdisciplinaires

- Ces groupes prennent le contrôle des décisions locales et ont donc un intérêt àmaintenir les pratiques et les structures

Auto-mobilisation - Citoyens prennent leurs propres initiatives indépendamment des agences pour changer les systèmes

(Ref. Pimbert e Pretty, 1995)

Degré

de la participation véritable

Exemples de démarches participatives formalisées

• Les enquêtes et sondages • Les enquêtes publiques• Les ateliers multi-acteurs • Les audiences publiques• Les conférences de consensus• Les dialogues de politique• Les exercices de simulation de

politiques• Les 'focus groups'• Les forums de réflexion• La gestion concertée • Les groupes consultatifs • Les interfaces

experts/décideurs• Les interviews délibératives

• Les jurys de citoyens • La médiation • Les négociations internationales • La négociation réglementaire • Les panels de citoyens• La prospective concertative• Les sélections de sites

participatives • La modélisation participative• Les approches participatives

stricto-sensu• Les référendums• ...

Réf. J.P. Revéret, 2004

QUELQUES OUTILS DE L’APPROCHE PARTICIPATIVE

• Le questionnaire: est un outil permettant de collecter des données vivantes (qualitatives et quantitatives selon qu’on pose des questions ouvertes, fermées ou préformées)

• Les entretiens individuels: fondée sur un guide non standardisé, l’interview est un type de collecte de données permettant de demander aux personnes d’exprimer leur opinion sur les thèmes étudiés

• Les entretiens de groupes: c’est un type spécifique d’interview non standardisé au cours de laquelle un groupe de personnes spécialement réunies aborde un thème particulier

• la technique du panel: elle consiste à conduire des discussions répétées avec le même groupe d’acteurs ruraux sur un sujet donné

CRITÈRES D’ACCEPTATION D’UNE MÉTHODE PARTICIPATIVE

• Représentativité :– les participants doivent constituer un échantillon représentatif de la

population concernée et de ses avis

• Précocité : – Les participants doivent être impliqués le plus tôt possible dans le

processus de décision

• Influence : – Les résultats de la participation doivent avoir un réel impact sur la politique

conduite

• Transparence et traçabilité : – la procédure doit être transparente, de manière à ce que la population

concernée puisse savoir ce qui se passe et comment les décisions sont prises.

• Ouverture :– les groupes et idées émergents doivent pouvoir être entendus

CONCLUSION

• L’étude d’impact environnemental vise deux objectifs principaux:

– La localisation optimale du projet (minimise les impacts négatifs

et valorise les positifs)

– L’évaluation des impacts du projet sur le l’environnement (permet de mieux les atténuer)

• En vue d’une meilleure préservation de l’environnement et une durabilité du projet