PRÉSENTS ET ACTIFS
Alors que s'accentuent les tensions entre EÉLV et ses parte-
naires au gouvernement, que de façon récurrente dans nos rangs se
pose la question de notre participation à ce gouvernement, les résul-
tats d'un sondage BVA sur les rapports entre Europe-Écologie Les
Verts et le PS (21 septembre 2013) montrent ce qui suit : 7 sympa-
thisants de gauche sur 10 estiment que les écologistes peuvent rest-
er au gouvernement, et une majorité de Français continue d'affirmer
que nous pouvons très bien y demeurer sans être d'accord sur tout.
Cette opinion est tout autant partagée par les sympathisants social-
istes (77 %) que par les sympathisants Verts (78 %).
La loi ALUR, avec le plafonnement des loyers et la garantie
universelle des loyers (GUL), la TVA à 5 % pour les rénovations éner-
gétiques, la loi sur la transparence bancaire, le maintien de l’interdic-
tion des cultures OGM, celle du bisphénol A dans les conditionne-
ments à vocation alimentaire, la loi sur les lanceurs d’alerte, la réaf-
firmation de l'interdiction de l’exploitation des gaz de schiste, etc. :
tout cela, c'est le résultat de l'action des élus et des ministres
écologistes.
Loin des toutes dernières querelles nationales, les militant(e)s
et élu(e)s EÉLV franc-comtois œuvrent aussi, avec humilité, à la con-
struction au quotidien d'une société au service de l'humain et de la
préservation des ressources naturelles. Sans relâche, nous dénon-
cerons les attaques contre les Droits de l'Homme et la dangereuse
stigmatisation d'une partie des êtres humains qui peuplent notre
pays. L'opposition à la reconduite aux frontières, la dénonciation de
l'accueil dans des conditions déplorables des populations en errance,
à la recherche d'un toit, d'un simple toit, mobiliseront toujours notre
énergie.
Nous serons aussi présents le 19 octobre à Saint-Claude pour
la 2e édition de la Journée mondiale contre le fracking, auprès des
collectifs franc-comtois et Nord-Rhône-Alpes, afin de dire notre op-
position à l'exploitation des gaz de schiste.
Nous espérons beaucoup de monde à nos congrès (régional
et national décentralisé) des 16 et 17 novembre 2013, à Besançon,
afin de définir collectivement les orientations de notre parti et élire
celles et ceux qui les mettront en œuvre.
Brigitte Monnet
Cosecrétaire régionale
OCTOBRE 2013 / n°189 / 1,70 €
LA FÊTE DU BIO ENDEUILLÉE PAR LA MORT D'ALBERT JACQUARD
Vuillafans
2
Il devait être présent à l'inauguration de la Fête du
Bio, à Vuillafans : Albert Jacquard est mort quelques
jours plus tôt. Très peinés par cette disparition, le maire
de Vuillafans, Célestin Cataneo, et les organisateurs ont
rendu hommage, au moment de l'inauguration, au
grand humaniste.
Une centaine d'exposants
C'est l'association « Terres » qui a organisé la
dixième édition de cette manifestation intitulée «Les
Bio'jours », les 14 et 15 septembre, pour la première
fois dans la vallée de la Loue. La fête du bio se tiendra
désormais alternativement à Lure et dans la « petite cité
comtoise de caractère ».
Au menu du week-end, dans les rues du village, des
fruits et légumes bio, du vin bio, du pain bio… mais aussi
de l'artisanat, des animations, un bal folk le samedi soir
et des conférences. Et une fréquentation quelque peu
perturbée par la pluie, surtout le samedi.
Il est intéressant de rappeler tout l'intérêt de l'agri-
culture biologique, qui produit une nourriture saine,
sans polluer, sans porter atteinte à la biodiversité. Sou-
tenir, encourager cette forme d'agriculture, c'est impor-
tant pour les militants de l'écologie et on a pu voir le
dimanche Éric Alauzet, député EÉLV, s'entretenir avec
les exposants et les visiteurs des difficultés et des succès
du secteur. En matière de développement de l'agricul-
ture biologique, le Grenelle de l'Environnement fixait
des objectifs qui ne sont pas du tout respectés et la ré-
forme de la PAC fait toujours la part belle à l'agriculture
dite « conventionnelle », celle qui utilise massivement
les engrais et les pesticides.
Débat sur les gaz de schiste
Le dimanche après-midi, une quarantaine de per-
sonnes se sont retrouvées dans une salle de l'école commu-
nale pour écouter Eva Lacoste, journaliste à Galias et à la
revue Les Zindignés, parler de ce dossier.
Peut-être est-il nécessaire de rappeler que si, dans
les gisements conventionnels de gaz, , les hydrocarbures
sont concentrés dans des réservoirs, dans les gaz de
schistes ils sont dispersés, à très faible concentration, dans
toute l'épaisseur de la roche-mère. Sans fracturation de
celle-ci, il est donc totalement impossible de les récupérer.
Contrairement à ce que certains laissent entendre, il n'y a
pas d'alternative à la fracturation hydraulique, qui consiste
à provoquer des fissures dans la roche en injectant de l'eau
sous pression, additionnée de sable et de solvants.
Après avoir évoqué les risques de pollution de l'eau
par les produits injectés dans le sous-sol et par les boues de
forage, Eva Lacoste a surtout parlé de la bataille juridique :
- les manœuvres actuelles du lobby pétrolier pour
faire invalider la loi de juillet 2011, qui interdit la fractura-
tion hydraulique ;
- la bataille des associations pour démontrer que la
préservation du secret sur les substances utilisées dans la
fracturation hydraulique est incompatible avec la législation
sur l'environnement ;
- les dangers du traité transatlantique de libre-
échange, qui pourrait permettre aux sociétés pétrolières de
s'affranchir des législations nationales.
À la fin, les militants locaux ont rappelé que la
Franche-Comté était directement concernée par le sujet
avec les demandes de forage de Pontarlier, de
Lons-le-Saunier et des Moussières.
Gérard Mamet
Sommaire
P1 : Edito : Présents et actifs
P2 : Vuillafans : la fête du bio
P3 : Lettre à un ami, Albert Jacquard
P5 : Le Mont d’Or : massacre annoncé
P7: Marie Odile Mainguet, une Verte au CG 39
P8 : Le problème migratoire à Besançon
P9 : Communiqué de presse sur les expulsions
P11 : Les écolos contre le lobby bancaire
P12 : Impuissance et discrédit
P14 : Handicap et sexualité
P16 : Destination Québec
P17 : Votations helvètes
P19 : Sciences et écologie
P21 : Contournement de Lons -le-Saunier
P22 :Quel automne à Sarajevo?
P23 : Téléphonie
P24 : Gaz de schiste: appel à manifester
P25: Echotidiens
3
Lettre à un ami
CHER MONSIEUR JACQUARD
N'étant pas un membre, même
éloigné, de votre famille, j'ai peu de
légitimité pour commenter votre
œuvre, au lendemain de votre décès.
Cependant, pour vous avoir rencontré
quelques fois au cours des dernières
années, je ne doute pas que vous sau-
riez prouver que nous partageons vous
et moi, et avec plus de sept
milliards d'autres humains, la même panoplie de gènes (à
quelques détails près), un destin commun à la surface de
la planète Terre et la volonté d'œuvrer pour le bonheur et
le bien-être de chacun et de tous.
Notre première rencontre remonte à l'été 1993.
Vous aviez alors 67ans et moi 36. Je vous ai découvert
dans une liste de bouquins à lire impérativement à l'entrée
dans une formation d'éducateur à l'environnement. Insti-
tuteur de base et naturaliste de terrain, peu versé dans la
littérature savante, je n'avais alors jamais entendu parler
du scientifique reconnu et de l'homme d'action que vous
étiez déjà. Grâce à mes formateurs, j'ai donc lu, ou plutôt
dévoré, Voici le temps du monde fini. Et, enthousiaste, j'ai
enchaîné avec Cinq milliards d’hommes dans un vaisseau.
J'étais conquis par votre humanisme lumineux, étayé sur
des fondements scientifiques solides.
Notre deuxième rencontre eut lieu quelques
mois plus tard, en janvier 1994. Vous vous êtes soumis à
l'exercice de l'entretien radiophonique, sur France Inter,
avec Sylvain Augier. Convaincu par mes modestes lectures
(votre bibliographie est considérable !), je guettais l'émis-
sion avec impatience, une cassette magnétique vierge
prête à immortaliser vos propos. Lors de cette rencontre
audio, j'ai été séduit par la présence de votre voix, par
l'intelligence et l'énergie qui émanent de votre personne.
Comme vous avez le sens de la formule, il n'est pas difficile
de retrouver de nombreuses citations de vous. Moi, j'ai
retenu ces quelques extraits : « Je suis une merveille, il
faut que chacun le sache ! Et que chacun puisse le dire ! Je
suis une merveille, je ne vais quand même pas passer mon
temps à le démontrer : je le sais ! Je suis une merveille
parce que je suis un homme, j'appartiens à l'espèce hu-
maine !... Vous savez, nous sommes en train de vivre une
humanité grotesque ! » Et encore : « Il se trouve que j'ai
rencontré un certain nombre de gens avec qui j'ai pu tisser
des liens. C'est grâce à ces gens que l'on devient soi-même.
Et, au fond, je ne suis pas "Je", je suis les liens que j'ai avec
eux ! Par conséquent, mon vrai être, il
n'est pas en moi, il est dans les contacts
que j'ai. On existe que par les
échanges ! »
L'enseignant et éducateur de
base que j'étais a également beaucoup
apprécié l'échange suivant.
Sylvain Augier : « Vous remettez en
cause les principes essentiels de l'éducation, du savoir, de
la course à la victoire, puisqu'on cherche à faire des en-
fants de petits gagnants, dans notre fameuse société de
gagnants... »
Vous : « Mais c'est horrible ! Réfléchissez ! Qu'est-ce que
ça veut dire, "être un gagnant ?" Ça veut dire "un futur
perdant" ; ça veut dire "un fabriquant de perdants" dans
l'instantané ! C'est pas sérieux ! Écoutez : moi, je pense que
ma vie est quelque chose de précieux. Eh ! bien, je ne veux
pas la perdre à petit feu en voulant être un gagnant, alors
que j'aurais pu la perdre d'un seul coup dans un acci-
dent ! »
À l'écoute de ces sages réflexions, j'ai fini par me
sentir en lien avec vous. Je suis devenu un compagnon, à
la fois lointain par mon destin individuel si différent du
vôtre, et proche par les convictions et les aspirations. Si
bien que je contribue à partager et à transmettre certaines
de nos valeurs partagées : d'ailleurs, mes enfants ne m'ont
pas rendu vos livres que je leur ai prêtés. Peut-être les ont-
ils proposés, à leur tour, à de bons amis ?
Notre troisième rencontre, ce fut à l'occasion
du baptême du collège de Lure (Haute-Saône), auquel
vous avez prêté votre nom en 2010. J'ai fait partie de la
multitude de personnes qui vous ont accueilli avec sympa-
thie, vous ont serré la main, vous ont tiré le portrait...
Peu importe : le culte de la personnalité n'est pas
votre truc ! Mais ça m'a fait plaisir de croiser Albert
Jacquard en chair et en os. Depuis longtemps, je n'avais
plus besoin d'être convaincu de votre grandeur d'âme et de
la valeur de vos idées. Parmi vos engagements, la plupart
des gens vous connaissaient pour votre militantisme admi-
rable en faveur des plus défavorisés, en association avec
l'abbé Pierre, vos coups de gueule à la télé au titre du DAL
(Droit au logement). Je témoigne que ce jour-là, Albert
Jacquard prêtait son nom à un petit collège de province,
non pour sa gloriole personnelle, mais pour honorer un lieu
où l'on tisse des liens, pour transmettre des connaissances
et permettre aux uns et aux autres de se construire.
Je vous remercie pour tout ce que vous m'avez ap-
porté, Monsieur Jacquard. En grande partie grâce à vous, je
me suis fait une petite idée de la « vie éternelle ». C'est, à
mon avis, pour le moins, la continuité des souvenirs, con-
naissances ou valeurs qu'on a transmis non seulement à ses
proches, mais aussi à tous les autres humains rencontrés au
cours d'une vie, qui garderont le meilleur pour le trans-
mettre à leur tour.
Aussi, je forme le vœu que les expériences et les
valeurs que vous avez enrichies par votre travail et par
votre engagement poursuivent longtemps leur bonhomme
de chemin, au fil des générations actuelles et futures.
Veuillez recevoir, cher professeur, l'expression de
mes salutations amicales et respectueuses .
Jean-Louis Dubois
Dampierre-sur-Linotte,
le 12 septembre 2013
Note : Albert Jacquard (né à Lyon le 23 décembre 1925 et
mort à Paris le 11 septembre 2013) est un chercheur et
essayiste français. Spécialiste de génétique des popula-
tions, il a été directeur de recherches à l'Institut national
d'Études démographiques et membre du Comité consul-
tatif national d'Éthique. Conférencier et auteur de nom-
breux ouvrages de vulgarisation scientifique, il tient un
discours humaniste destiné à favoriser l’évolution de la
conscience collective.
Président d'honneur de l’association Droit au logement
et du Comité radicalement anticorrida, il est aussi
membre du comité de parrainage de la Coordination
française pour la décennie de la culture de paix et de non
-violence. Il anime durant neuf ans, de septembre 2001 à
juillet 2010, une chronique radiophonique quotidienne
sur France Culture.
Il est également connu pour ses engagements citoyens,
parmi lesquels la défense du concept de la décroissance
soutenable, le soutien aux mouvements du logiciel libre,
à la langue internationale espéranto, aux laissés-pour-
compte et à l'environnement.
4
EÉLV salue la mémoire d'Albert Jacquard
Europe Écologie Les Verts a appris avec tristesse
la mort d’Albert Jacquard, grand esprit scientifique et
infatigable militant de la dignité humaine.
Albert Jacquard avait apporté son
soutien à de nombreux combats, notam-
ment aux côtés des sans-papiers et des
mal logés, combats au cours desquels les
militants écologistes avaient pu rencon-
trer la force de ses convictions et de sa
volonté autant que la générosité de son
regard sur le monde. Il avait été, en
1999, candidat aux élections euro-
péennes sur la liste écologiste conduite
par Dany Cohn-Bendit.
Albert Jacquard savait expliquer combien une écono-
mie orientée par la seule recherche du profit à court terme
et de la croissance matérielle comme horizon
ne pouvaient conduire qu’à la violence, la
pauvreté et l’épuisement des ressources. Il
partageait avec les écologistes l’impératif de
prendre soin du monde, d’y défendre pour
tout le monde un droit inaliénable à une vie
bonne.
Europe Écologie Les Verts salue avec
une profonde gratitude la mémoire d’Albert
Jacquard, compagnon de l’entière humanité.
Paris, le 12 septembre 2013.
5
Mont d'Or
CHRONIQUE D'UN MASSACRE ANNONCÉ
Depuis des mois, on voit passer sur la liste
comtoise d'EÉLV ([email protected])
des alertes concernant le sommet du Mont d’Or. Pour
ceux qui ne sont pas abonnés à cette liste ou qui
n’ont pas forcément suivi toute l’affaire, il m’a sem-
blé intéressant de reprendre toutes les données con-
nues.
Situation géographique du Mont d’Or :
Le Mont d'Or est un som-
met du massif du Jura, dans le
département du Doubs, à environ
20 kilomètres au sud de Pontarlier
et proche de la frontière suisse. Il
s'élève 1 463 m d'altitude, ce qui
en fait le point culminant du dé-
partement du Doubs.
Intérêt économique :
Le Mont d'Or est rattaché à la commune de
Métabief, la plus importante station de sports d’hiver
du Haut-Doubs, composée de six villages au pied du
mont, avec un domaine de :
- 40 km de pistes de ski de descente en continu
entre 900 et 1 420 m d'altitude, 2 pistes noires,
11 rouges, 8 bleues et 5 vertes, toutes reliées entre
elles ;
- des pistes de courses de traîneaux à chiens;
- 120 km de pistes de ski de fond sur le pas-
sage de la Grande traversée du Jura (GTJ), un itiné-
raire de ski de fond d'environ 200 km de pistes tra-
cées, balisées, soigneusement entretenues pour sil-
lonner le massif du Jura, du nord au sud ;
- 55 km de pistes balisées pour des randon-
nées pédestres en raquettes à neige.
Mais où est donc le problème ?
Le souci réside dans le déficit d’enneigement
qui se produit de plus en plus fréquemment, proba-
blement lié au dérèglement climatique. La neige n’est
pas toujours au rendez-vous des vacanciers ou des
organisateurs de compétitions, à des dates bien pré-
cises, ce qui fait le désespoir de tous ceux qui en vi-
vent.
LA solution : la neige artificielle !
A partir d’eau sous pression et d’air comprimé,
et par temps froid (température inférieure à 0°C) on
fabrique de la neige, dite « de culture » ou artificielle –
selon la manière dont on voit les choses -, avec des canons
à neige. (Certains voudraient qu’on dise désormais
« enneigeurs ». C’est plus noble. On pense moins à la
guerre ou à l’industrie qui est derrière. Mais l’activité est la
même.).
Les problèmes qui en découlent
La quantité d’eau : Il faut 1 m³ d’eau
pour fabriquer 2 m³ de neige, ce qui,
pour un hectare de neige fabriquée sur
une épaisseur moyenne de 60 cm, néces-
site 4 000 m³ d’eau, soit un peu moins de
deux piscines olympiques à l’hectare ! Et
cette demande augmente avec le
nombre d’installations qui se déploient
et le manteau de neige fabriqué qui lui
aussi s’épaissit.
Pour le Mont d’Or, la seule possibilité d’avoir de
l’eau en quantité passe par la construction d’une retenue
collinaire, c'est-à-dire une sorte de barrage d’altitude.
Autrement dit, un petit lac creusé dans la montagne, tota-
lement étanchéifié par des bâches et destiné à accumuler
de l’eau pendant toute la belle saison pour la restituer de
novembre à la fin de la saison de ski (mars), si besoin.
Ce qui n’empêche pas de la remplir plusieurs fois
en hiver, quand elle est vide. Pour ce faire, les exploitants
doivent respecter des réglementations, et notamment ne
pas pomper dans un torrent en dessous d’un débit (dit
réservé), qui permet à la faune et la flore de subsister.
Mais le contrôle est impossible à mettre en place.
Une retenue de ce type est en grande partie appro-
visionnée par de l’eau potable ou par des torrents d’alti-
tude, captés à cet effet. Pour celle du Mont d’Or, il est pré-
vu de créer une réserve d’eau artificielle de 2,2 hectares,
d’une hauteur de 12 m, faite de 400 mètres de digues,
étanchéifiée par une bâche plastique, au col du Morond.
L’eau sera pompée 550 mètres plus bas, dans un petit
cours d’eau (la Jougnena) sur l’autre versant du Mont d’Or
(coté Piquemiette), à l’aide d’une pompe remontant
180 m3 d’eau par heure. Imaginez toutes les tranchées qui
devront être creusées pour faire passer les conduites !
Trois remplissages pour la saison seront néces-
saires. De plus, la Jougnena connaît des étiages hivernaux
prononcés. S'ajoute à cela que le fait de garder l’eau dans
un réservoir va provoquer une perte par évaporation de
l’eau prélevée pouvant s’élever jusqu’à 30 % - quantité
qui ne rejoindra pas les eaux souterraines.
Cela entraînera une pollution diffuse : la neige
artificielle importe sur les sols de montagnes non seule-
ment une eau de médiocre qualité car stagnante, mais
aussi des adjuvants (ajoutés à l’eau pour favoriser sa
transformation en neige), lesquels sont toxiques !
L’érosion des sols va s’accélérer, liée à la diffé-
rence de densité : alors que la neige naturelle est légère
(entre 50 et 100 kg/m³), la neige de culture est cinq à
dix fois plus dense (400 à 500 kg/m³). Sur le sol, la neige
de culture reste plus longtemps et entraîne plus d’éro-
sion.
On portera atteinte à la faune, à la flore et
au milieu naturel en général. Ces grands travaux
vont donner lieu, notamment, à la réalisation de tran-
chées profondes et d’enfouissement de kilomètres de
canalisations, à des drainages, des décapages de la cou-
verture végétale et des sols, des remblais, des da-
mages… sans compter le passage d’innombrables en-
gins de chantier… Cela va directement détruire une par-
tie de la biodiversité animale et végétale, ainsi que les
habitats de ces espèces – certaines ayant d’ailleurs le
statut d’espèces protégées. La faune sera perturbée par
le bruit et le dérangement. Quant aux espèces dites
communes, à force d'être bousculées, elles vont elles
aussi finir par se raréfier.
Une aberration !
Ce projet est incohérent face au bouleversement
climatique en cours. Le Mont d’Or se situe en moyenne
montagne, c’est-à-dire une zone où, dans un avenir plus
ou moins proche, l'enneigement sera limité. Le réchauf-
fement climatique permettra de moins en moins la pro-
duction de neige artificielle, qui nécessite des tempéra-
tures suffisamment basses pour être fabriquée.
En outre, ce réchauffement s’accompagne d’une
baisse de la ressource aquatique. Mieux vaut donc ré-
server l'eau aux usages essentiels, plutôt que de la con-
sommer par une utilisation qui n'est en aucun cas indis-
pensable. Ajoutons qu’en hiver, période de forte con-
sommation d’énergie, les moyens de production
thermiques fossiles sont fortement sollicités. La produc-
tion de neige artificielle contribue donc inévitablement au
réchauffement climatique, alors qu’elle a pour but d’y
remédier : un réel cercle vicieux.
Le coût
Ce projet est porté par le syndicat mixte du Mont
d’Or, financé en grande partie par les fonds publics (le
Conseil général du Doubs et le Conseil régional). Il est
déjà question de 9 millions d’euros pour la seule réserve
d’eau. Pour le reste, je n’ai pas réussi à obtenir d’autres
informations. Au moment où le lecteur lit ces lignes, il
doit penser que c’est ahurissant de consacrer autant d’ar-
gent à un projet qui n’est pas pérenne dans le temps,
consacré uniquement aux touristes de la neige, pendant
que lui est obligé de se serrer la ceinture pour payer ses
impôts... dont une partie ira dans ce projet insensé !
Les autres solutions
Puisque le climat se réchauffe, il est évident que l’on
ira moins skier sur le Mont d’Or. D'où la nécessité de dé-
velopper d’autres sports, comme la randonnée, le VTT,
les parcours naturalistes visant à découvrir la faune et la
flore, des parcours « santé », etc. Quoi qu’il en soit, il est
nécessaire de conserver un caractère familial à cet envi-
ronnement fragile qui ne peut que souffrir du tourisme
de masse.
En attendant, les travaux ont débuté. Un collectif
citoyen Mouthe Mont d’Or s’est créé. Mais il peine à se
faire connaître et, pour l’instant, on n’assiste pas à une
mobilisation massive des Franc-Comtois, qui ne sont pas
franchement informés de ce qui se passe. Même chez
nous, les Verts (mis à part nos amis du Haut-Doubs qui
ont publié un communiqué sur le site d’EÉLV-FC et dont je
salue la ténacité), on ne se bouge pas beaucoup, force est
de le constater. Nos élus écologistes au Conseil régional
se sont fermement positionnés contre ce projet, mais ils
n’ont pas été suivis.
Nous sommes allés à La Planche-des-Belles-Filles et à
Notre-Dame-des-Landes. Pourquoi pas au Mont d’Or
cette fois-ci? Peut-on envisager un blocage du projet
grâce à une mobilisation plus importante ? Il nous revient
d’agir, et vite ! (1)
Suzy Antoine
(1) Sources de documentation :
- la CPEPESC, Commission de Protec-
tion des Eaux, du Patrimoine, de l’Envi-
ronnement, du Sous-sol et des Chiroptères ,
- le communiqué des élus Verts du Conseil régional de
Franche-Comté au sujet du Mont d’Or,
- les messages diffusés sur le net.
6
Le décès d’André Lamy, conseiller général PC du
canton de Voiteur, a laissé un grand vide. Profondé-
ment honnête, très impliqué dans la vie locale, il prenait
à cœur son action au sein du Conseil général du Jura. Il
avait choisi de faire alliance avec EELV en choisissant
comme suppléante Marie-Odile Mainguet : très active
pendant la campagne, celle-ci avait largement participé
à son élection. Marie-Odile lui succède donc et devient
ainsi la première et la seule conseillère générale EELV
du Jura. Fortement impliquée localement à Montain, où
elle réside, Marie-Odile est aussi une bénévole active au
sein d'Artisans du Monde et du CPIE de la Bresse du
Jura dont elle est présidente.
De fait, elle appartient à la
majorité actuelle, dont la règle a été
clairement explicitée par Christophe
Perny, président PS du CG 39 : « Vous
succédez à André Lamy, qui était un
membre loyal de la majorité départemen-
tale : je ne doute pas que vous le serez
également. » Cette menace à peine voilée
n'augure pas des lendemains qui chantent.
Christophe Perny – c'est notoire - s'en vantait jusqu'à
présent auprès de qui voulait l'entendre : il était satis-
fait qu'aucun écolo ne fasse partie du CG 39. Le temps
des roses est-il fini pour le président ? Probablement
pas. Mais ce qui est sûr, c'est que pour Marie-Odile, la
tâche sera rude ; nous savons qu'elle tiendra bon la
barre et qu'elle saura affirmer ses différences sur des
sujets épineux, comme l'aéroport de Dole.
Plusieurs amis étaient présents lors de son in-
tronisation le 18 septembre (1), dont les deux sœurs
d’André Lamy, ce que Marie-Odile a beaucoup apprécié.
Tout d’abord, un grand moment d’émotion et de so-
briété: hommage à son prédécesseur. Ensuite, elle s’est
dite étonnée du comportement de certains élus : le ping
-pong verbal quasi permanent entre Jean Burdeyron,
conseiller général UMP de Moirans, et Christophe
Perny ; l'absence de beaucoup d'élus de droite ; un
manque de rigueur impressionnant (les élus vont et
viennent, sortent, reviennent) … La droite, en la per-
sonne de Jean Burdeyron, invite Marie-Odile à travailler
avec elle sur les sujets environnementaux, précisant
qu'il y a des convergences sur un certain nombre de
questions ; Franck David, CG de Rochefort-sur-Nenon,
précise qu'il est content de voir arriver une « verte »,
mais qu'il la souhaite... «vert pastel ». Danielle Brulebois
(première vice-présidente PS) précise qu'elle se réjouit de
voir arriver une femme.
Après cette journée, Marie-Odile compte
beaucoup pour s'en sortir sur le soutien du groupe local
de Lons. Le gros du travail va se faire en commissions.
L'opposition frontale n'est pas dans ses pratiques : sa
posture sera plutôt dans le registre «prudence, candeur
et conviction». Elle a envie d’être constructive, de travail-
ler et d’essayer de faire bouger les lignes. Pas de déclara-
tion intempestive à l’extérieur. Elle s’appuiera notam-
ment sur l'analyse développée par Michel
Rocard et Pierre Larrouturou dans leur livre
La gauche n’a plus droit à l’erreur.
Christophe Perny et la majorité so-
cialiste ont proposé, en remplacement
d’André Lamy à la vice-présidence, Michel
Giniès, CG de Damparis, chargé des trans-
ports... et plus particulièrement de l'aéro-
port de Dole dont il est un des plus ardents
supporters ! Marie-Odile participera aux commissions
Economie et nouvelles technologies, Tourisme, Infras-
tructures routières (à laquelle sont rattachés les déplace-
ments doux).
Nous serons aux cotés de Marie-Odile. Nous la
soutiendrons autant que nous le pourrons, mais finale-
ment, c'est elle qui sera au charbon.
Véronique Guislain
http://www.dailymotion.com/video/x14vv1f_conseil-
general-session-publique-du-18septembre-2013_news,
ou en lien direct sur le site du CG39.
7
Marie-Odile Mainguet
UNE VERTE AU CG 39
Vous aurez sans doute lu dans L'Est républicain en
juillet (Droit d'asile : une association défend une famille
qui ne trouve pas d'hébergement, Les Roms sont discri-
minés) et dans La Presse bisontine de septembre
(L'immigration : quelle réponse face à l'urgence ? suivi
de Un bidonville au centre de Besançon) des propos
rapportés sur le fait migratoire qui le rendent probléma-
tique en flirtant avec la thématique douteuse de l'insé-
curité. Ces articles font des amalgames graves, qui cons-
tituent une réelle désinformation.
En effet, il plane sur ces écrits l'impression d'illé-
galité de la présence des demandeurs d'asile sur le terri-
toire, alors que ces personnes fuient des situations diffi-
ciles et que le droit d'asile est encore un droit en France.
Un certain bon sens voudrait qu'au niveau international,
on travaille à améliorer les situations sur place pour
qu'ils ne fuient plus de chez eux. Mais que fait on ?
Que faut-il préciser pour qu'on s'y re-
trouve dans les faits ?
Contrairement à ce qui est écrit :
1- Les demandeurs d'asile se sont pas en situation
irrégulière en France et ceux qui sont sous les tentes en
contrebas de la Tour Carrée à Besançon (22 tentes au-
jourd'hui, soit environ 50 personnes dont 9 enfants) non
plus. En tant que demandeurs d'asile, ils ont des papiers
durant tout le temps du traitement de leur dossier.
Le problème est celui de l'hébergement, qui de-
vrait être assuré par la Préfecture durant cette procé-
dure assez longue. Force est de constater qu'à Besançon
comme dans d'autres villes de France, comme Clermont-
Ferrand ou Saint-Brieuc, l'État n'assure plus sa tâche,
n'applique plus le droit, et que c'est la solidarité militante
qui prend le relais, face à ce désengagement. (C'est donc
cette solidarité militante, à travers le Collectif « À la
rue ! », qui a procuré des tentes aux « campeurs » de
Besançon.
2- Les Roms, quant à eux, ne sont pas a priori des
demandeurs d'asile, mais en majorité des Bulgares ou
des Roumains, membres de l'Union européenne. Or les
ressortissants de ces deux pays n'ont pas accès au travail
en France à cause de « mesures transitoires » restrictives
qui restent en vigueur jusqu'à la fin de cette année ;
mises en place sous Sarkozy, elles n'ont pas été suppri-
mées par le gouvernement actuel. Alors, Roms ou non,
ils errent ou cherchent du boulot (à travers le statut
d'auto entrepreneur par exemple). Sans travail, ils restent
au maximum 90 jours en France, comme la loi le leur
permet, puis y reviennent.
3- Certains Roms peuvent pourtant venir de pays
qui n'appartiennent pas à l'UE et, dans ce cas, devenir
demandeurs d'asile, comme les ressortissant de Bosnie
ou surtout, à Besançon, du Kosovo. Mais les Kosovars ne
sont pas tous des Roms, car le Kosovo est multiethnique.
Ce n'est donc pas en tant que Roms qu'il doivent être
considérés, mais en tant que ressortissants du Kosovo,
pays au statut indéterminé en marge de l'Europe : c'est le
cas des personnes qui sont sous les tentes.
Parler de Roms à propos de migrants irréguliers ou
de demandeurs d'asile est donc une forme de discrimina-
tion envers une population sur laquelle les idées toutes
faites ont la vie dure. Les propos de Dominique Voynet,
sur France Inter, le 24 septembre, ont été clairs sur ce
sujet face aux discours idéologiques très caricaturaux
d'un Valls ou d'un Lellouche.
À Besançon, quand les Kosovars arrivent, ils
s'adressent à la PADA (Plate-forme d'accueil), rue Gam-
betta, pour déposer leur demande d’asile. Cette plate-
forme, chargée de préparer leur demande et de les ac-
compagner dans leurs démarches à la préfecture,
n’assure pas l’hébergement et les adresse directement au
SAAS (Service d’Accueil et d’Accompagnement Social),
service dépendant du CCAS (Centre Communal d'Action
Sociale), donc de la ville, qui s'empresse de leur signer un
« refus de prise en charge » et de les mettre à la rue.
8
Le « problème » migratoire
DÉSINFORMATION MÉDIATIQUE
À BESANÇON
Dessin pu-
blié avec
l’aimable
autorisation
de Charlie
Hebdo
9
Ainsi, si ces personnes sont laissées en déshé-
rence, elles sont toutefois tout à fait connues des services
de la Ville comme de la Préfecture. Que signifie alors
cette précision de La Presse bisontine annonçant que « les
services sociaux [de la Ville] vont d’ici peu engager un
recensement des Roms », puisque lesdits services les con-
naissent déjà tous ? Ils sont en effet Bulgares ou
Roumains, donc citoyens de l'UE, ou Kosovars, hors de
l'UE, et reçoivent régulièrement du SAAS des « refus de
prise en charge ». Qu’ils soient Roms ou pas n’a aucune
incidence sur leur demande d’asile. Pourquoi recenser les
Roms en tant que tels?
Il y a parmi ces personnes des enfants, des per-
sonnes âgées et des adultes isolés, et l'hiver va arriver. Le
« refus de prise en charge » permet au Collectif « À la
rue !» d'avoir recours au tribunal administratif qui, grâce
à la procédure de « référé liberté », statue sous 48 heures
dès qu'il est saisi et peut enjoindre la Préfecture de loger
les personnes concernées dans les 6 jours qui suivent son
ordonnance, sous peine d'une astreinte de 50 euros par
jour de retard. Le TA ne se prononce en général positi-
vement qu'en faveur des familles ayant de jeunes enfants
et la Préfecture met souvent plusieurs semaines pour
réagir : une famille ayant eu gain de cause au TA le 6 août
a été hébergée le 13 septembre, soit au bout de
5 semaines !...
Au moment où j'écris ces lignes, j'apprends qu'une
famille avec 3 enfants, dont un épileptique, est arrivée au
campement avec un « refus de prise en charge » du SAAS,
et qu'aujourd'hui (24 septembre), les urgences pédia-
triques de l'hôpital ont refusé d'examiner l'enfant ayant
besoin de médicaments. C'est une première scandaleuse,
qui nous oblige à procéder autrement pour obtenir le cer-
tificat médical nécessaire pour préparer le recours au TA
ainsi que les médicaments.
Ainsi naissent les « bidonvilles du centre ville » de
Besançon, par manque de lieu d'hébergement et de vo-
lonté politique envers des demandeurs d'asile, venus
d'un pays, Lle Kosovo, qui ne sera vraiment indépendant
que lorsque sa population dans toute sa diversité pourra y
vivre en paix, ce qui implique le « droit à vivre libre dans
un État de droit », ce qui n'est pas le cas, les pays d'Europe
fermant les yeux sur le fait qu'une élite mafieuse y est
arrivée au pouvoir. Peut-on encore s'étonner de voir ce
pays se vider de sa population ? Ainsi y a-t-il des Kosovars
demandeurs d'asile à Besançon.
Le collectif « À la rue !» de Besançon (1) demande
l'application du droit français, rien que du droit, afin que
les personnes en bénéficiant obtiennent un hébergement
digne et décent où elles pourront vivre, de jour comme de
nuit, et préparer dans les meilleures conditions leur dos-
sier de demande d'asile. En Franche-Comté, de nombreux
collectifs sont confrontés à des situations similaires et à
des cas d'expulsion, et il faudra que l'on puisse développer
une action commune (2).
Thierry Lebeaupin
(1) Ce collectif est géré par
le CDDLE (13 E rue Brûlard, à
Besançon). Nous acceptons les dons
ou le soutien actif de toute bonne
volonté, car nous sommes peu nombreux.
(2) Tout cela me rappelle la chanson de Jacques
Dutronc, Madame l'existence : « Je voudrais m'acheter—
De la liberté—Et puis un peu—De fraternité—On n'a pas
ce genre d'articles—Vous vous trompez de boutique—Ici
c'est pas la République... »
Dessin publié avec l’aimable autorisation de
Laurent Salles
10
Communiqué de presse
EXPULSIONS : ÇA SUFFIT !
Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, déclarait ré-
cemment sur France Inter : « Il faut laisser la philosophie
et les idéologies pour aller à l’efficacité. » Cette invitation
à renoncer à penser, à faire fi de toute référence à des
valeurs, semble particulièrement prise au sérieux en
Franche-Comté. En effet, les expulsions de familles de-
mandeuses d’asile ou en situation irrégulière se multi-
plient dans des conditions que tout républicain ne peut
que réprouver. Deux exemples : la famille Etemovic, à
Belfort, empêchée d’exercer son droit de recours auprès
de la Commission nationale du Droit d’Asile et contrainte
de se cacher, et donc de déscolariser ses enfants ; et la
famille Ramadani, à Montbéliard, à qui un retour au
Kosovo ferait courir un risque de persécution mortel. De
plus, deux des enfants souffrent de pathologies qui ne
pourront être soignées dans leur pays. Plus d’une cen-
taine de familles ont été broyées depuis le début de l’an-
née par la machine d’État, qui semble encore plus « per-
formante » et sans âme que du temps des Besson et
Hortefeux de sinistre mémoire. Nous pensons à tous les
fonctionnaires et travailleurs sociaux en conflit éthique,
tiraillés entre leur sens du service public fondé sur les
valeurs de la République— « Tous les hommes naissent
libres et égaux en dignité et droit. » - le respect de
nos engagements internationaux, l’intérêt supérieur de
l’enfant et les directives de leur hiérarchie. EÉLV soutient
et soutiendra tous ceux et celles qui tenteront d’une ma-
nière ou d’une autre d’être le grain de sable qui grippe la
machine. Nous invitons tous ceux et celles qui partagent
notre indignation à rejoindre les « cercles de silence » et
les mobilisations de RESF (Réseau Éducation sans Fron-
tières), qui se tiennent régulièrement dans les principales
villes deFranche-Comté. La France se grandirait à redeve-
nir le pays des Droits de l’Homme en fondant sa politique
d’immigration sur la justice et la solidarité.
Brigitte Monnet et Bernard Lachambre
Cosecrétaires EÉLV – FC
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EELV-FC — 14, rue de la République — 25000 Besançon
11
« Ou bien nous remettons la finance sous contrôle,
ou la finance asservira définitivement la socié-
té. » (Philippe Lambert, député Vert européen)
La chaîne de télévision Arte se distingue une nou-
velle fois par la qualité de ses émissions. Après le docu-
mentaire sur les paradis fiscaux, elle est revenue le
24 septembre, à 20 h 50, avec Jeux de pouvoirs, sur les
coulisses des débats parlementaires autour de la loi ban-
caire. On y a vu et entendu Éric Alauzet efficace et déter-
miné à lutter contre les paradis fiscaux, mais aussi la dé-
putée PS Karine Berger et le député Vert européen Phi-
lippe Lambert se battre contre la finance. On a pu aussi
se rendre compte du rôle trouble joué par le ministre des
Finances, qui apparaît si « perméable » aux arguments du
lobby bancaire.
Bravo et merci, Éric !
Finalement, ce sont les députés qui ont pris au sé-
rieux la phrase de campagne de François Hollande :
« Mon adversaire, c'est la finance ». Les dessous des dé-
bats sur la loi bancaire mettent en lumière le travail de
deux parlementaires : Karine Berger (PS), qui fait de la
séparation des activités bancaires son cheval de bataille,
et Éric Alauzet (EELV), qui veut arriver à la transparence
bancaire, comme moyen de lutte contre les paradis fis-
caux.
C'est un combat épique, presque cornélien, puis-
qu'ils doivent se battre non seulement contre les intérêts
des banques, qui veulent pouvoir continuer de faire leurs
« petites affaires » comme elles l'entendent, avec le
moins de règles possibles, mais aussi contre le ministre
des Finances, Pierre Moscovici, si facilement convaincu
par les banquiers qu'il faut préserver la confidentialité et
le secret des affaires.
C'est tout de même incroyable qu'il faille se battre
de cette façon pour obtenir des banques qu'elles pu-
blient, pour chacune de leurs filiales, les effectifs de
salariés, le chiffre d'affaires, les bénéfices et les impôts !...
On ne peut que saluer le travail et la ténacité d'Éric dans
cette action pour le « droit de savoir » des citoyens. En
effet, la transparence rendrait beaucoup plus difficile le
recours aux paradis fiscaux pour échapper à l'impôt.
Pourquoi cette frilosité de Moscovici ?
L'émission programmée juste après, Goldman
Sachs, la banque qui dirige le monde, avait quelque chose
d'effrayant. Une banque tentaculaire, à 700 milliards d'eu-
ros d'actifs (deux fois le budget de la France), 30 000 sala-
riés, qui se prend même parfois pour Dieu... et qui met le
monde entier en coupe réglée. Un PDG à 50 millions d'eu-
ros de salaire annuel. Une banque qui « offre » ses ser-
vices à un État comme la Grèce, tout en spéculant pour le
mettre en faillite. Une banque qui a des
« correspondants », que l'on retrouve aussi bien au sein
de l'administration américaine qu'au FMI, comme premier
ministre en Italie (Mario Monti), à la présidence de la
Commission Européenne (Romano Prodi) ou à la direction
de la Banque Centrale Européenne (Mario Draghi). Au
moment de son intronisation, ce dernier a refusé de ré-
pondre à Pascal Canfin, alors député européen EÉLV, sur
ses liaisons dangereuses avec Goldman Sachs.
La stratégie de Goldman Sachs consiste à créer un
formidable réseau d'influence sur les cinq continents.
L'émission d'Arte décrit les allers et retours entre la
banque et les administrations européennes et améri-
caines. Elle montre une armée d'anciens hauts fonction-
naires au service d'une oligarchie, d'une caste, mêlant
financiers, économistes et hommes politiques.
Il est d'autant plus difficile de comprendre pour-
quoi Pierre Moscovici a fait preuve d'une telle frilosité
pour mettre de l'ordre dans cette mafia financière...
Gérard Mamet
Karine, Pascal, Éric et les autres
LES ÉCOLOS CONTRE LE LOBBY BANCAIRE
Ariane Obolensky, Directrice Générale de la Fédéra-
tion bancaire, qui représente le lobby bancaire
12
On vit une époque formidable : un été ensoleillé, un
début d'automne qui lui ressemble, un gouvernement de
gôche volontaire qui nous a concocté une loi de finance
ébouriffante, une promesse d'avenir, un magistral projet
de transition écologique. Cerise sur le gâteau : notre parti
tient une forme olympique à la veille de son Congrès, lors
duquel la richesse et la profusion des idées s'allieront for-
cément à la modestie des ambitions individuelles. Que
demander de plus ? Le nirvana n'est plus très loin pour le
militant « de base ».
Non, je n'ai pas fumé la moquette, ni tout autre pro-
duit dont les vapeurs vous transportent allègrement vers
des mondes fantasques et lointains si proches du paradis
Vert : j'ai juste voulu, un court instant, prendre nos désirs
pour des réalités. Et malheureusement, ce qui m'assaille
aujourd'hui ne relève plus du doute ou de l'impatience,
mais de la désillusion : une confrontation douloureuse à
une forme d'impuissance politique propre à laminer les
fondements mêmes de l'engagement.
Comme tout citoyen, j'ai vu mes impôts aug-
menter cette année. À cette augmentation, il y avait une
raison forte, normale : la refiscalisation des heures supplé-
mentaires. Une autre (le gel du barème) m’apparaît plus
discutable, mais bon...
L'année prochaine, comme d'autres, je vais contri-
buer un peu plus. Et le problème aujourd’hui n'est en au-
cun cas de discuter le fondement même de l'impôt, mais
de savoir pourquoi je le paye, au service de quelle poli-
tique. Or ce budget 2014 tel qu'il a été présenté ce 25 sep-
tembre n'a qu'une seule logique : réduire le déficit. Non
que cet objectif ne doive pas être pris en compte, mais
dégage-t-il à lui seul une vision d'avenir ? Dans ce cadre,
les timides éléments en matière de fiscalité écologique ne
marquent en aucun cas une réorientation de la politique,
un engagement dans la transition, pas plus que les an-
nonces lors de la conférence environnementale.
Alors pourquoi vais-je payer encore plus ? Parce
que la TVA va augmenter pour financer le CICE (Crédit
d'Impôt Compétitivité Emploi), argent redonné aux en-
treprises sans discernement, sans contrepartie, sans
contrôle.
Je vais payer plus parce que tout d'un coup, je
deviens « bénéficiaire » d'une niche fiscale de 183 €
(même pas un demi mois de loyer d'un studio) pour un
fils étudiant ! Et si encore ces 183 € - qui sont effective-
ment injustes pour ceux qui ne peuvent faire des déduc-
tions faute d'être imposables - servaient à alimenter un
fond pour les 19 % d’étudiants qui n'ont pas de complé-
mentaire santé ! Que nenni, le déficit vous dis-je !
Et encore, je devrais me montrer satisfait
d'avoir échappé à une hausse de la CSG au profit d'une
hausse de la cotisation vieillesse (ce n'est pas un impôt
mais une contribution sociale, nuance), qui n'accom-
pagne en aucun cas la refondation nécessaire des ré-
gimes de retraites.
Le gouvernement joue l'embrouille, discute
pause pour masquer la faiblesse de ses ambitions (être
un bon élève européen) et ses renoncements. On le sait
désormais, il n'y aura pas d'ambitieuse réforme de la
fiscalité (impôts, travail, écologie), faute de courage poli-
tique. Et on continuera d'observer, comme le fait
Thomas Piketty (Libération du 24 septembre) que les
rendements du capital sont largement supérieurs à la
croissance, à l'évolution des salaires, et qu'il vaut mieux
être rentier que salarié. Ou, comme le fait l'INSEE, que
les inégalités sociales se creusent. Est-ce pour cela
qu'on a voté ? Est-ce pour cela que nous soutenons ce
gouvernement ?
Et pour couronner le tout, par une subtile distilla-
tion médiatique du président de la République, les éco-
logistes se retrouvent réduits à une caricature, adeptes
de taxes en tout genre, fervents défenseurs de l'écologie
punitive.
Nous voilà ridiculisés, décrédibilisés, réduits à
travers nos aboiements furtifs à la sauvegarde de deux
portefeuilles ; or si on ne peut nier le travail de ceux qui
les occupent, il n'inverse tout de même pas le bilan de
ce gouvernement.
Nous voilà discrédités. Il n'est qu'à lire de se-
maine en semaine un journal comme
Impuissance...
… ET DISCRÉDIT
Dessin publié
avec l’aimable
autorisation de
Laurent Salles
13
Le Canard enchaîné, qu'on ne peut suspecter d'être anti-
écolo, bien au contraire, mais qui ne manque jamais de
brocarder nos petits arrangements, lesquels ont la couleur
et le goût amer de la trahison, trahison d'un idéal, d'une
volonté.
Et comme toujours, nous sommes très forts pour
alimenter cette chronique du discrédit : par des rodomon-
tades sans lendemain ou par des manœuvres d'appareil
qui aboutissent non seulement à écarter un secrétaire
national fragilisé par un ultimatum infantile (retenez-moi
ou je fais un malheur !) et par ses atermoiements quant à
un choix clair entre le secrétariat et les élections euro-
péennes, mais également (c'est le comble !) à nous an-
noncer le nom de sa remplaçante avant même la tenue du
Congrès !
Chapeau bas ! On pensait avoir touché le fond,
mais là, on atteint une capacité peu commune d'autodes-
truction, et sans fracturation hydraulique !
Même si on ne peut être totalement dupe
d'une certaine mise en scène pour une sortie tonitruante,
même si on ne partage pas certaines de ses postures, com-
ment ne pas comprendre le départ de Noël Mamère ?
Comment ne pas y lire le symptôme d'une déliquescence
du mouvement, qui laisse les militants et les élus désap-
pointés, découragés, abattus ?
Nous sommes bel et bien dans une forme d'impuis-
sance politique, tant du fait d'une sorte d'incapacité de l’ap-
pareil du PS à penser différemment, à aller au-delà de
l'adoption d’un vocabulaire vidé de son sens, que de nos
propres errements dramatiques.
À croire que l'écologie politique était finalement
soluble dans la social-démocratie.
En écrivant cela, j'ai bien conscience d'un propos
potentiellement démobilisateur à l'aube de campagnes
difficiles en mars et en mai prochain. J'entends ceux qui ne
veulent pas en rester à ce constat presque défaitiste et qui
demeurent attentifs aux convergences sur le terrain avec
des militants du PS, voire du Front de Gauche. Ils ont proba-
blement raison.
Ce n'est pas incompatible avec une certaine lucidité.
Michel Boutanquoi
Dessinateurs ...
Depuis des années, avec l’autorisation de l’équipe de Charb, La Feuille Verte illustre ses pages de dessins parus
les semaines précédentes dans Charlie Hebdo. A partir de ce numéro, nous vous proposons aussi ceux que nous offre
Laurent Salles, dessinateur à L’Alsace et au Pays de Franche-Comté, que nous remercions très sincèrement.
14
Pas de bras, pas de chocolat ?
HANDICAP ET SEXUALITÉ : ON PEUT ENFIN EN PARLER
Chez Europe Écologie Les
Verts, s’il y a des sujets qui font
consensus - le développement
durable, la lutte contre le nu-
cléaire et les gaz de schiste,
l’agriculture biologique -, il en
est d’autres qui font débat,
comme la sexualité des per-
sonnes handicapées.
En fait, pendant longtemps, ce fut même un non-
sujet. C'est le livre de Marcel Nuss, paru il y a dix ans
(1), qui a mis en lumière cette demande des personnes
handicapées en grande dépendance. Cette question
interpelle aussi les parents, les soignants, les institu-
tions. À partir de ces questionnements, « Femme pour
le dire, Femme pour agir »,(2) une association de
femmes handicapées, citoyennes et engagées dans la
vie publique, a organisé à Paris, le 22 juin 2013, une
journée intitulée « Corps sexué et handicap ». Le débat
s'est poursuivi au cours des Journées d’été d'EÉLV à
Marseille.
Sexualité des handicapés, des spécificités à
respecter
Parler de sexualité des handicapés peut paraître
incongru, voire subversif. En effet, la personne handica-
pée est d’abord vue et renvoyée à son handicap avant
d’être perçue comme une personne. Dans une société
comme la nôtre, très normative, où le « validisme » est
la norme, le handicap est encore caché, mis à l’écart,
exclu de l’espace public. Et lorsqu’on évoque la ques-
tion sexuelle, c’est toujours en négatif : grossesse dan-
gereuse, risque de transmission d'une maladie hérédi-
taire, incapacité supposée à élever un enfant, etc.
Un handicapé n'est pas sensé avoir du désir. On
n'envisage pas la sexualité comme une découverte du
corps, une relation à l’autre, une histoire d’amour. Dans
certaines institutions, contrairement à ce qui se passe
chez les valides, les chambres sont encore interdites
pendant la journée. Même pour un couple de handica-
pés peu autonomes vivant en appartement, ce n'est pas
simple. Les infirmières sont là quotidiennement pour les
soins ; elles leur font prendre leur douche. Dans un té-
moignage, elles disent : « On vous donne cinq minutes,
monsieur et madame. » Et elles cochent la date sur un
calendrier...
Pour une personne en
grande dépendance, le corps
n’est plus un outil en propre. Il
est manipulé, mobilisé, dépla-
cé par des mains étrangères,
qui s’occupent du moi intime.
S’ensuit une sorte de
« décorporation », une image
de soi pertubée. L'apprentissage de l’intime est difficile.
Il faut s’approprier son corps, sa sensualité.
Et comment aimer quand même son corps lors-
que celui-ci n’est pas dans les canons de la beauté ?
Comment passer par-dessus les anomalies d’un corps
singulier ou abîmé, comment être un corps attractif
pour l’autre dans un monde normé et « validiste » ?
Comment être un corps ou l’habiter lorsqu’il a des diffi-
cultés à se mouvoir ?
Malgré les difficultés, une sexualité
joyeuse et inventive
Pourtant les médecins et soignants le consta-
tent : « Les personnes handicapées ont une imagination
débordante pour vivre leur sexualité, qui ferait rêver
bien des valides. » En effet, les personnes handicapées
ont une sexualité qui procède des codes, des vécus de
leur corps et de leur esprit. La langue des signes pour
parler de sexualité, par exemple, utilisée par les per-
sonnes sourdes et malentendantes, est une belle illus-
tration de cette inventivité.
Mais pour sortir le handicap de la misère affec-
tive, il faut inventer d’autres codes, des lieux de ren-
contre, et c’est le sens de la loi de 2005 (loi n° 2005-102
du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des
chances, la participation et la citoyenneté des per-
sonnes handicapées), qui veut ouvrir l’espace public à
tous. Au-delà de la relation sexuelle, il y a déjà demande
de relation. Que ce soit dans les institutions ou dans
l’espace public, il faut pouvoir rencontrer l’autre. On
voit aussi émerger des associations où les soignants
prennent en compte un meilleur rapport au corps par
les massages, les baignades, des actions qui accompa-
gnent la personne dans sa globalité.
15
La délicate question des assistants sexuels
La demande est venue surtout de certains
hommes lourdement handicapés, mais aussi des familles,
des soignants et de certaines associations. Le premier
problème est législatif : en France, une relation sexuelle
contre rémunération est assimilée à de la prostitution. Il
faudrait donc changer la loi. La Suisse autorise les assis-
tants sexuels, mais la loi est très contraignante pour ces
professionnels : les assistants sexuels sont des personnes
en couple, formées. Les relations sont très codifiées : pas
de pénétration, pas de baiser. On peut se demander aussi
si ce n'est pas une sexualité au rabais, sans le plaisir de la
rencontre, sans aventure amoureuse, une simple presta-
tion marchande. En réduisant la problématique de la
sexualité des personnes handicapées aux assistants
sexuels, la société ne se débarrasse-t-elle pas du pro-
blème en donnant une réponse unique à une question
globale et complexe ?
Certaines associations refusent totalement cette
solution. Elles mettent en avant le danger de la marchan-
disation du corps, de sa consommation. Elles expliquent
que ce serait encore une autre forme de ghettoïsation
des personnes handicapées, les laissant chez elles en leur
fournissant un service marchand. La société se dédouane-
rait en oubliant les besoins essentiels de toute personne :
vivre dans une société ouverte à tous et être décideur de
sa propre vie. Le Conseil national d’Éthique a répondu
aussi à la question en disant que la base de la relation
amoureuse ou sexuelle doit être gratuite.
Si la commission Handicap d'EÉLV travaille sur le
sujet, la commission Féminisme est totalement en désac-
cord avec cette proposition. Comme 90 % des demandes
émanent des hommes, ce seraient donc les femmes qui
fourniraient ce service. Et l’on constate dans les pays qui
l’autorisent que c’est rarement une vocation, mais que ce
service est rendu par des personnes en situation finan-
cière difficile. Handicap physique ou mental contre handi-
cap social ?
L’importance du respect de l'intimité
Maudy Piot (3), présidente de l’association « Femme
pour le dire, Femme pour agir » travaille beaucoup sur la
citoyenneté des personnes handicapées. En effet, la plupart
sont capables de réfléchir par elles-mêmes à leurs besoins
et d’apporter des réponses à ces questions. Et la société
aurait donc le devoir de mettre en place les solutions pour
que les personnes handicapées puissent vivre leur vie
sexuelle - comme leur vie tout court - dans de bonnes con-
ditions.
Une des questions importantes est celle du respect de
l'intimité. Sébastien et Sabine, Grenoblois lourdement han-
dicapés, couple de longue date, ont apporté leur témoi-
gnage : les soignants sont souvent trop intrusifs, ils ont
comme un droit d'ingérence dans l'espace intime des han-
dicapés et peuvent ainsi manquer de tact à leur égard.
En France, seul un handicapé sur 8 l’est à la naissance,
les 7 autres sont devenus handicapés au cours de leur vie.
Pourtant, pour les valides, les personnes handicapées, ce
sont toujours les autres. La maladie ou le handicap sont
systématiquement cachés, comme le sont les personnes
malades ou handicapées. Même le Conseil Fédéral d'EÉLV,
ne respecte pas en son sein les 8 % de personnes handica-
pées de la société française. Où sont la représentativité, les
droits à l’action politique de ces citoyens militants ?
Certes, il y a des avancées, la société accepte enfin le
débat et les personnes handicapées veulent jouer un rôle
citoyen actif en agissant sur leur propre vie. En institution
aussi, cette question n’est plus tabou. Pourtant, cela reste
toujours une question qui passe après les autres. Dans les
mentalités aussi, les choses changent. Parler de sexualité
est toujours difficile, de droits et de visibilité des personnes
handicapées, aussi. Alors, lorsque les deux problématiques
se rencontrent, les freins sont multiples. Mais grâce à la
combativité et à la volonté des personnes handicapées de
vouloir peser sur la société, le débat est enfin ouvert.
Marie-Claire Thomas
(1) Je veux faire l'amour - Handicap, sexualité, liberté,
Éd. Autrement, 12,00 €.
(2) www.femmespourledire.asso.fr
(3) Maudy Piot est psychanaliste. Elle a coordonné plu-
sieurs livres, dont Handicap, estime de soi, regard des
autres et Femmes handicapées, citoyennes avant tout.
16
Du 1er septembre au 12 octobre, j'effectue un
stage, dans le cadre du programme du CAP-FQ (voir plus
loin), dont les Jeunes Écologistes sont membres, au sein
du cabinet du ministre de la justice du Québec,
M. Bertrand Saint-Arnaud, ce qui me permet d'observer,
d'analyser et de comprendre les pulsions politiques de la
Belle-Province. Durant un mois et demi, il sera question
de poutine (un plat québécois aussi délicieux que... calo-
rique), de baleines, d'été indien et de caribous, mais sur-
tout de politique. En quelques lignes, je vous propose de
partager de mon humble aventure afin de nous enrichir
collectivement de cette expérience, de provoquer le dé-
bat et d'attirer l'attention de vos esprits curieux.
Avant de livrer quelques détails
et mes impressions de mes deux pre-
mières semaines québécoises, il est
nécessaire de présenter en quelques
phrases le CAP-FQ. Dernière ce sigle
mystérieux se cache une association
créée il y a plus de 15 ans et visant à
mettre en relation des jeunes militants
politiques québécois et français afin de
renforcer les liens entre la Nouvelle
France et le vieux continent. Le Comité
d'Action politique France-Québec
envoie chaque année 8 jeunes politiques français outre-
Atlantique, dans le but d'y effectuer une mission d'un
mois et demi au sein de cabinets ou de bureaux poli-
tiques québécois. Pour la première fois, les Jeunes Éco-
logistes participent à l'aventure (on sous-estime tou-
jours les avantages d'avoir un groupe parlementaire à
l'Assemblée nationale !). Cette participation se concré-
tise d'une part en rencontrant les stagiaires québécois
lors de leur passage en France, et d'autre part en en-
voyant des Français au Québec. J'ai le plaisir et l'hon-
neur d'avoir été sélectionné pour le millésime 2013, qui
se compose également de trois MJS, deux Jeunes Popu-
laires et un JRG.
Pluralité et cohabitation
La pluralité d'opinions au sein de la délégation
française est une des raisons d'existence de ce pro-
gramme d'échanges. Le premier enjeu est alors de pou-
voir faire cohabiter pendant ces six semaines des gens
qui, a priori, ne se rejoignent que très peu sur le papier,
mais qui ont comme caractéristiques communes d'être
jeunes et engagés en politique. De nombreuses activités
sont organisées en commun pour nous faire découvrir le
Québec et plus particulièrement ses institutions et son
organisation politique au-delà des clivages partisans
traditionnels. Le but est de nous offrir le panorama le
plus large possible pour voir plus loin, nous ouvrir et
comprendre la vie politique locale sans arrière-pensées
partisanes. Cet exercice se révèle très enrichissant et
nous permet d'avoir de nombreux débats entre nous
dans un climat d'écoute, de respect et sans trop de chi-
canes. À plus d'un titre, la présence des Jeunes Écolo-
gistes au sein de ce collectif s'avère justifiée, permettant
de faire entendre la petite musique écologiste outre-
Atlantique. Alors que 7% du PIB canadien dépendent de
l'exploitation des sables bitumineux,
cette mission représente une belle
opportunité pour découvrir et soute-
nir les forces écologistes en présence
dans le débat politique québécois, à
l'instar du Parti Vert de Québec et de
Québec Solidaire (cela fera l'objet
d'un article spécifique dans la pro-
chaine Feuille Verte).
Une province qui se voit pays !
De Montréal à Québec, en passant par
Lac-Mégantic, Ottawa et Chicoutimi,
je tente d'appréhender les contrastes
de cette Belle Province canadienne, qui se voit pays. Il
est bien là, l'enjeu politique principal et structurant de la
vie politique québécoise. Entre héritage français et us et
coutumes britanniques, sur les bords du Saint-Laurent, il
n'est guère question d'évoquer le clivage droite-gauche
(sauf pour donner quelques repères à des Français un
peu perdus), le curseur de la vie politique étant celui de
la souveraineté.
Tabernacle !
DESTINATION QUÉBEC
17
À plus d'un titre, l'utilisation systématique de
cette notion de souveraineté peut surprendre. Il faut
comprendre que le désir de liberté et d'indépendance a
grandement marqué l'histoire du Québec. Tel un petit
village d'irréductibles qui résiste encore et toujours à
l'envahisseur, une partie de la classe politique québé-
coise souhaite une rupture avec le régime d'Ottawa pour
prendre en main son destin et répondre aux aspirations
des seuls Québécois. L'aspiration à l'indépendance est la
synthèse entre un enracinement historique et la volonté
d'exister en tant qu'État-nation sur le plan international.
Chez ces héritiers de René Lévesque, cette vision est par-
ticulièrement visible actuellement au Québec en raison
de l'arrivée au pouvoir, depuis un an, du Parti Québécois,
qui a fait campagne autour du slogan « La souveraineté
pour tous ! » Le gouvernement minoritaire dirigé par
Pauline Marois place le désir de souveraineté au cœur de
son action.
Comme on dit ici, « à tantôt » pour de nouvelles
aventures sur fond de débat sur la Charte des valeurs
québécoises, de campagne électorale dans les municipa-
lités, de bières et de baleines. En attendant, tâchez
d'écouter la chanson des Cow-Boys fringants, Lettre à
René Levesque, en écho au paragraphe précédent.
Anthony Poulin
Votations helvètes
HISTOIRES D'ARMÉE, DE VOILE ET... DE SAUCISSES
Une fois encore, nos voisins suisses ont eu le loisir,
dimanche 22 septembre, de se prononcer sur la vie de leur
pays à l'occasion de plusieurs « votations », les unes fédé-
rales, les autres cantonales ou locales. La participation a
été de quelque 46 % au niveau fédéral.
Les Suisses ont accepté à 60 % la révision de la
loi sur les épidémies (la quasi-totalité des partis, dont les
Verts, étaient pour), dans laquelle les opposants voient
surtout un pas en direction de la vaccination obligatoire
(1).
À près de 56 %, ils ont voté pour la libéralisation
des heures d'ouverture des « shops » des stations service
(les Verts, le PS et deux partis chrétiens appelaient à voter
contre). Les partisans de cette libéralisation prétendaient
lutter contre une « absurdité bureaucratique » (les rayons
des « shops » ne seront désormais plus bâchés la nuit),
ses adversaires (l'Alliance du dimanche, regroupant essen-
tiellement les syndicats) y voyaient un pas supplémentaire
dans le démantèlement de la loi sur le travail et l'exten-
sion du culte de la consommation. Le quotidien
Le Courrier estime que l'initiative « n'est que le début
d'une longue liste d'attaques contre le droit du travail »,
lesquelles « font passer les envies des consommateurs
avant les droits des travailleurs » (2).
18
À ce sujet, je dois dire que la campagne d'affichage des pro
-libéralisation avait quelque chose d'assez surréaliste pour
le touriste débarquant en Helvétie : « Bratwürste legali-
sieren ! », « Légaliser les saucisses à rôtir ! » (Cf. photos
prises en août du côté de Bienne / Biel) : je dois à la vérité
d'avouer que je n'ai pas compris tout de suite où voulaient
en venir ces « légalisateurs » de saucisses…
Les Suisses ont enfin refusé à plus de 73 %
l'abrogation du service militaire obligatoire proposée par
une « initiative populaire » lancée par le Groupe Suisse
sans Armée (GSsA), qui n'en était pas à sa première tenta-
tive, et soutenue uniquement (pour ce qui est des partis
politiques) par les Verts, le PS et le petit Parti chrétien-
social. L'armée de milice a encore de beaux jours devant
elle, et les Suisses semblent toujours penser que « l'armée
fera de toi un homme, mon fils! »...
À noter que les Verts défendent l'idée d'un service civil
qui ne soit plus, comme aujourd'hui, couplé au service
militaire obligatoire ; ils le veulent ouvert, sur une base
volontaire, aux femmes comme aux hommes, aux étran-
gers comme aux nationaux.
Signalons que, comme par hasard, les « Verts libé-
raux », qui avaient appelé à voter oui à la première de ces
trois votations, ont préconisé, pour les deux autres, des
votes opposés à ceux défendus par les Verts…
En outre, le Tessin (Suisse italophone) a été le pre-
mier canton à se prononcer en votation populaire sur une
interdiction du voile intégral (niqab, burqa...) dans les
lieux publics : les deux tiers des Tessinois ont approuvé
cette interdiction (qui ressemble fort à celle, controver-
sée, adoptée chez nous sous le quinquennat de Sarkozy),
qui pourrait très vite faire école au niveau national.
Comme chez nous, le débat fait rage entre partisans et
adversaires : après la fameuse votation sur l'interdiction
des minarets, ce vote, qui marque un nouveau succès de
l'UDC (extrême droite), fait s'imposer les notions les plus
confuses et les plus fumeuses (islamophobie, etc.). Le
député Vert Ueli Leuenberger parle quant à lui d’une
«campagne idéologique et irrationnelle sur un sujet inexis-
tant».
Terminons sur une note positive : les Zurichois ont
refusé (de justesse, mais refusé quand même) la construc-
tion d'un nouveau stade entièrement consacré au foot...
et tout aussi entièrement financé par les contribuables de
la première ville de Suisse. Vive Zurich, vive les Zurichois !
Gérard Roy
(1) À l'encontre de son parti, notre ami
Pierre Santschi estime que « le bon sens a été battu par les
pharmas et les technocrates ». N'ayant pas suivi l'affaire
d'assez près, je me garderai bien de prendre position...
(2) « Le Suisse préfère sauver sa fringale de saucisses
plutôt que les conditions de travail de sa vendeuse », ré-
sume une « tweeteuse ».
19
Cette rubrique a pour ambition de proposer un
regard critique sur l'actualité scientifique, en montrant
tantôt les dangers, tantôt les espoirs suscités par les re-
cherches et les découvertes. Cette information peut par-
fois inspirer les propositions des écologistes. Les réfé-
rences sont données pour ceux qui voudraient approfon-
dir les questions traitées.
1. Les Antilles malades du chlordécone
Le chlordécone est un pesticide ultra toxique mas-
sivement utilisé dans les bananeraies des Antilles, entre
1981 et 1993, contre un champignon et un insecte. Dès
1975, de graves troubles neurologiques sont constatés
chez les ouvriers qui fabriquent le produit en Virginie.
L'usine ferme et le produit est interdit aux États-Unis.
Pourtant, en 1981, les lobbies agrochimiques et les
« députés-bananes » des Antilles obtiennent une déroga-
tion pour l'utilisation du chlordécone en Guadeloupe et
en Martinique après le passage de deux cyclones qui ont
favorisé les maladies. Il sera utilisé jusqu'en 1993 et les
derniers stocks ne seront saisis qu'en 2002. Aujourd'hui,
un quart de la surface agricole de la Guadeloupe et de la
Martinique est contaminé et une partie du rivage est in-
terdite de pêche, plongeant les communautés rurales du
littoral dans le désarroi. (Alternatives Économiques n° 327,
septembre 2013, pp.38-40)
Commentaire : Cet exemple montre une fois de
plus l'attitude irresponsable de certains milieux écono-
miques et la complaisance de nombreux élus par rapport
à l'utilisation des pesticides. À souligner : le rôle très im-
portant joué par l'avocat Harry Durimel, militant Vert de
longue date, pour dénoncer le scandale du chlordécone.
En 2007, en riposte à son action pour faire reconnaître les
conséquences tragiques du produit, il est convoqué de-
vant un tribunal pour violation du secret de l'instruction.
Harry, tête de liste Europe Écologie en 2009 pour les
DOM-TOM, réalise le score remarquable de 51 % aux
élections européennes en Guadeloupe... sans être élu,
compte tenu du mode de scrutin !
2. Neuvième Concours Génération Dévelop-
pement durable
La revue La Recherche et l'Agence de l'environ-
nement et de la maîtrise de l'énergie ont décerné en
juin les trois prix pour l'année 2013 :
Prix Senior : la Rice Box, une serre destinée au
Cambodge, conçue pour cultiver du riz en dépensant le
moins d'eau et d'énergie possible. Le système récupère
une partie de l'eau infiltrée, fonctionne avec des pan-
neaux solaires et est partagé en 4 compartiments pour
pratiquer la rotation des cultures.
Prix junior : des deux-roues électriques plus
puissants et plus autonomes, des vélos et des tri-
cycles équipés de batteries lithium-polymère rechar-
geables en une heure, qui disposent d'une autonomie
de 180 km. L'engin coûterait un peu plus de 1 000 € et
roulerait 1 000 km pour seulement 1 €.
Prix spécial : des corbeaux écolos. On ap-
prend à des corvidés (corbeaux, pies et corneilles) à
rapporter des déchets abandonnés dans des endroits
difficiles d'accès jusqu'à une machine qui les détecte et
les stocke et qui distribue à l'oiseau de la nourriture en
récompense. Les recherches en éthologie ont montré,
en effet, que les corvidés avaient d'étonnantes capaci-
tés d'apprentissage. (La Recherche n° 479, septembre
2013, pp. 64 à 66)
Science et écologie
CHLORDÉCONE, ART NUCLÉAIRE, CORBEAUX ÉCOLOS ET CHOCOLAT
20
Commentaire : Cette année, 254 étudiants
ont déposé une soixantaine de projets sur le thème
« Quelles solutions pour améliorer notre impact envi-
ronnemental ? » Le plus surprenant est sans doute
l'idée de faire ramasser des déchets par des oiseaux.
Voilà des perspectives autrement plus enthousias-
mantes pour les jeunes diplômés que d'aller se vendre
aux banques et aux établissements financiers. Oui,
mais pour ça, il n'y a pas d'argent et pas de postes !
3. L'art du nucléaire
Dans un livre sur le point de paraître (1), la so-
ciologue Sezin Topçu retrace et décortique l'histoire de
la France nucléaire. On y retrouve donc le plan Mess-
mer, les manifestations de Creys-Malville, les catas-
trophes de Tchernobyl et Fukushima. La chercheuse
analyse particulièrement le secret, « consubstantiel » à
la chose nucléaire. Elle explique aussi comment une
partie de la critique scientifique et syndicale a été récu-
pérée, non seulement pour un meilleur contrôle du
risque, mais aussi « pour reconstruire de nouvelles légi-
timités pour l'énergie nucléaire ». (La Recherche n° 479,
sept. 2013, pp. 60 à 63)
Commentaire : L'article comprend des extraits
du livre. L'un d'eux parle d'un chercheur,
Patrick Petitjean, que nous avions fait venir à Montbé-
liard en mai 1986, juste après l'accident de Tchernobyl,
et qui nous avait expliqué avoir détecté à Strasbourg,
dès le 29 avril, des doses élevées d'iode 131. Prévenus
par lui, les journaux avait refusé de publier les mesures,
parce que celles-ci n'étaient pas confirmées officielle-
ment. Après le passage du nuage et à cause de ce si-
lence coupable, de grandes quantités de fruits et lé-
gumes contaminés ont été consommées en France,
contrairement à ce qui s'est passé en Allemagne, où les
mêmes produits contaminés ont été interdits.
4. Le chocolat est-il bon pour la santé ?
Depuis longtemps, on avait constaté que des
Indiens Kuna d'Amérique du Sud, qui consomment
5 tasses de chocolat par jour, ne souffrent pas de mala-
dies cardiovasculaires.
Une chercheuse de Cambridge, Adriana
Buitrago-Lopez, a voulu en savoir plus. Sur une popula-
tion de plus de 100 000 personnes, elle a constaté une
baisse significative des maladies coronariennes, du dia-
bète et des AVC chez ceux qui consomment beaucoup
de chocolat. Ces bénéfices seraient dus à la présence de
polyphénols dans les fèves de cacao et, dans une
moindre mesure, d'autres substances comme la caféine,
la théobromine et le magnésium. Attention ! c'est la
poudre de cacao qui est riche en polyphénols. Le choco-
lat noir en contient déjà 2,5 fois moins, le chocolat au
lait et les barres chocolatés respectivement 5 et 10 fois
moins. (Pour la Science n° 431, septembre 2013, p. 18)
Commentaire : Pour une fois que la gourman-
dise serait bénéfique pour la santé … Mais il faut faire
attention de ne pas exagérer : le chocolat est aussi riche
en sucre et en graisses. Une consommation excessive
risque d'abîmer les dents et de provoquer un surpoids.
Gérard Mamet
(1) La France nucléaire (Seuil)
QUELLE ZONE D’ACTIVITÉ ? Le président du Conseil
général du Jura avance sur son
projet de zone d’activité (dite du
Rocher) près du futur contourne-
ment routier de Lons-le-Saunier.
Certains de ses arguments
ne manquent pas d’intérêt :
toute infrastructure routière
attire de l’activité et du déplace-
ment d’activité, 400 emplois
seront créés (mais des nouveaux
ou des reconversions ?), la réalisation sera concentrée
sur une surface limitée, le projet se veut exemplaire en
matière de qualité architecturale, d’intégration urbanis-
tique et de développement durable.
D’autres aspects sont plus critiquables : 25 % des achats
en alimentaire échapperaient au bassin de vie, on
« habille » écologiquement (une toiture végétale) un
projet écologiquement contre nature écologique (une
zone commerciale), on crée un lac artificiel avec tous les
bouleversements environnementaux que cela en-
gendre, on sacrifie des surfaces agricoles dont on a tant
besoin…
On ne peut pas enlever au président du CG ju-
rassien son volontarisme pour accompagner et anticiper
l’ouverture du contournement. Sur un territoire où l’ha-
bitude est de voir des élus atones, c’est plutôt réconfor-
tant !
Mais la nouvelle mouture du projet n’est pour-
tant que l’habillage de l’ancien (présenté au printemps),
un habillage à la sauce écologique. En fait, le projet
reste le même : une grande surface commerciale ac-
compagnée d’une galerie marchande, une zone de loi-
sirs avec une piste de bicross, des équipements sportifs,
une salle de spectacle et un plan d’eau, où les Lédo-
niens pourraient pratiquer des activés nautiques. Ce
projet relève d’une vision passéiste du développement
et l’enrobage écologique n’y fera rien ! Le concept sur le
fond reste le même et me semble bien dépassé à
l’heure où la sobriété énergétique devient un élément
majeur de notre activité humaine.
Sans être un ayatollah de l’écologie, je suis per-
plexe devant cette « nécessité » de continuer à créer de
l’activité aux dépens de celle déjà existante : quel sens
cela a-t-il de créer 400 emplois ici pour les retirer là-
bas ? Si la création d’un nouveau complexe crée indubi-
tablement de l’emploi lors dans sa phase de mise en
œuvre, elle demande aussi des
moyens et de l’énergie que nous
pourrions utiliser dans des causes
plus prioritaires et qui seraient
également génératrices d’em-
plois : la transition énergétique
avec son lot de rénovations de
logements, l’adaptation aux be-
soins réels en matière de mobili-
té, la création d’activités agricoles
pour nourrir la population du bas-
sin lédonien…
Quelle cohérence à créer un centre d’activité à
forte connotation environnementale, mais situé à quelque
6 km du centre ville de Lons-le-Saunier, ce qui obligerait
chaque consommateur à utiliser sa voiture pour rapporter
le contenu de son caddie, grossissant ainsi le flot d’auto-
mobiles qui pervertissent chaque jour les faubourgs de la
ville préfecture ?
Oui, il est indispensable, comme le fait le président
du Conseil général du Jura, d’anticiper et d’organiser l’acti-
vité le long du contournement de Lons-le-Saunier. Mais
pas à n’importe quel prix ! Ce qu'il faut, c'est jouer un coup
d’avance, celui qui nous emmène à 20 ans, celui qui pro-
jette notre environnement dans 20 ans, celui qui est guidé
par nos convictions écologiques et par les nécessités de
notre époque. La sobriété énergétique et financière im-
plique des réalisations indispensables et prioritaires, tour-
nées vers le mieux-être de nos concitoyens : les circuits
courts, les déplacements doux, le rapprochement domicile-
travail.
Le projet actuel n’intègre pas cette vision inno-
vante, d’avenir. Sur l’aire du Rocher, l’attractivité de la voie
rapide est incontournable. Les besoins se feront sentir : un
service hôtelier, des garagistes et des stations d’essence ou
d’électricité, une aire de repos, un point de vente de pro-
duits « made in Jura »… Mais l’activité d’avenir sur notre
bassin, comme ailleurs, celle qui créera les vrais emplois et
gardera les jeunes sur notre territoire, ce n’est pas la
grande distribution, mais les activités liées aux technolo-
gies numériques, à celles nécessaires à la transition éner-
gétique (le transport, le solaire, la biomasse, le vent…),
l’agriculture de proximité (une pépinière d’entreprises
agricoles en lien avec le lycée agricole, par exemple)...
Le débat est ouvert, les écologistes sont prêts à y
participer !
André Barbarin
21
Contournement de Lons-le-Saunier
Il y a trois mois, La Feuille Verte (1) vous entrete-
nait d'un possible « printemps bosnien » (2), qui prenait
alors la forme d'une « bebolucija » (révolution des bébés)
sarajevienne. Où en est la Bosnie-Herzégovine un tri-
mestre plus tard ?
Eh ! bien, pour pas mal de commentateurs locaux
(mais en connaissez-vous, des commentateurs non locaux
de ce qui se passe là-bas ?), elle s'est tout simplement
« fourvoyée ». Ce qui était au départ un mouvement ci-
toyen, que ses participants avaient à cœur de tenir éloi-
gné des logiques politico-ethniques ayant mené le pays à
la catastrophe que l'on sait, s'est peu à peu laissé phago-
cyter par des formations (souvent marginales, mais ac-
tives) aux buts bien éloignés de ceux de la bebolucija. Et il
semble que celle-ci soit maintenant contrôlée, ou en voie
de l'être, par des groupes nationalistes, qui font par
exemple chanter à la foule une version non officielle et
pro-bosniaque de l'hymne national bosnien. Voilà qui ne
peut que réjouir les crapules politicardes de la Republika
Srpska (l'une des deux « entités » de la Bosnie post-
Dayton), que ces dérives nationalistes confortent dans
leur position et dans leur volonté d'aboutir tôt ou tard à
une scission complète du pays.
Explication d'un observateur local : « Toute résis-
tance de masse a besoin d'un objectif politique, mais aussi
de logistique, d'organisation et d'une discipline de fer.
Sinon, elle devient un ensemble confus d'individus. » Et de
conclure : « La révolution a dévoré ses enfants. »
Un espoir : le recensement
Est-ce à dire que la Bosnie – où la crise politique
s'accompagne d'une situation économique désastreuse –
est désespérément vouée à rester sous la coupe de ma-
fias et de lobbys (celui par exemple des vétérans de
guerre) confortablement installés dans la rente de situa-
tion que leur ont offerte en décembre 1995 les accords
de Dayton ? Tâchons quand même de faire preuve d'un
peu d'optimisme : c'est un recensement qui va peut-être
nous remonter le moral.
En effet, le premier recensement organisé en
Bosnie-Herzégovine depuis 1991 (donc avant la guerre
ayant abouti à la dislocation de l'ex-Yougoslavie) et
maintes fois reporté sous les prétextes les plus divers va
enfin se dérouler en ce mois d'octobre. Or, dans ce pays
où l'appartenance ethnico-religieuse, fût-elle totalement
artificielle et fantasmée, est soigneusement entretenue
par ceux qui en tirent profit, la perspective de voir un
grand nombre de citoyens se déclarer non pas
« bosniaques », « croates » ou « serbes », mais
« bosniens » (ou, si l'on préfère, « bosno-
herzégoviniens ») donne des sueurs froides aux nationa-
listes de tout bord. Sans compter que ce recensement
mettrait en évidence, de façon difficilement contestable,
les conséquences du « nettoyage ethnique » de 1992-95.
C'est sans doute de l'humour noir : Milorad Dodik, prési-
dent de la Republika Srpska, fait mine de se réjouir de ce
qu'on connaisse enfin l'ampleur du « génocide »... contre
les Serbes !
Croix et croissant complices
Tout l'été, les Bosniens ont été soumis à une in-
tense propagande les invitant à « bien » répondre aux
questionnaires. Seuls les naïfs s'étonneront d'apprendre
que, côté croate, c'est l'Église catholique qui a mené le
bal, invitant ses ouailles à bien cocher les cases
« croate » et « catholique ». Des documents ont été dis-
tribués dans les boîtes aux lettres de Tuzla... sur lesquels
étaient déjà cochées les « bonnes » cases (« bosniaque »,
« islam », « langue maternelle bosniaque ») ! (3)
22
Après le printemps bosnien...
… QUEL AUTOMNE À SARAJEVO ?
23
Dans ces conditions, il faut espérer qu'une sorte de
sursaut citoyen, comme celui qui a fait se lever au prin-
temps la bébé-révolution, incitera le plus grand nombre
possible de Bosniens à se déclarer « ostali », c'est-à-dire
« autres », c'est-à-dire ne faisant pas partie de (ou ne se
reconnaissant pas dans) l'une des trois communautés
« constitutives » du pays. On peut toujours rêver. Après
tout, pour préparer l'événement au niveau national, des
recensements pilotes se sont déroulés fin 2012 dans cer-
taines parties du pays : plus de 35 % des sondés se sont
déclarés bosno-herzégoviniens ! (4)
Gérard Roy
(1) N° 187, juillet-août 2013, pp. 15-17.
(2) Et non « bosniaque », comme je l'ai bêtement
écrit alors même que j'expliquais en note la différence !
(3) Rappelons qu'il n'existe pas plus de langue bos-
niaque que de langue serbe ou croate ; à l'époque yougo-
slave, on parlait le « serbo-croate », et les gens ne se sont
pas mis tout d'un coup à s'exprimer différemment selon
le côté des frontières où ils se trouvent. Mais tout est fait
aujourd'hui pour exacerber les différences réelles, mais
minimes, existant entre les parlers régionaux.
(4) Encore un exemple récent des incroyables diffi-
cultés inhérentes à la situation de quasi-apartheid créée
par Dayton : les enfants d'une centaine de familles de
Konjevic Polje, près de Srebrenica, boycottent l'école pour
obtenir des autorités de la Republika Srpska le respect de
l’accord signé en 2002 entre les ministères de l’Éducation
de la Fédération et de la RS. Cet accord stipulait que les
élèves des minorités réciproques (Bosniaques en RS et
Bosno-serbes en Fédération) ont le droit d’avoir des cours
dans leur propre version (latin ou cyrillique) et des cours
d’histoire différents de ceux de la majorité
Téléphonie mobile
UN RAPPORT DE PLUS...
Après les cinq journées d’échange autour de la
table du Grenelle des ondes en 2009, il avait été décidé
d'expérimenter l’abaissement des niveaux d’exposition
aux rayonnements des antennes relais. Le rapport de
synthèse de ce travail vient d’être publié; parmi ses con-
clusions figurent les points suivants.
Il est tout à fait possible de diminuer
les seuils d'exposition sur les zones les plus
exposées sans diminuer la couverture, tout
en étant vigilant à ne pas exposer fortement
de nouveaux lieux riverains.
Il est possible de limiter les niveaux de
seuil à 0,6 V/m (recommandation scienti-
fique internationale, alors qu'actuellement
le niveau appliqué en France varie de 28 à 61
V/m !), mais cela implique de multiplier par
3 le nombre d'antennes moins puissantes.
L'installation de la 4G (4e génération de téléphonie
mobile, offrant le haut débit sur smartphones et ta-
blettes) augmente le niveau d'exposition de la popula-
tion. Les opérateurs ont longtemps nié cette réalité de la
physique ; pourtant, en ajoutant une nouvelle bande de
fréquences dans l'environnement, le niveau global d'ex-
position ne peut qu'augmenter, même si les champs ne
s'additionnent pas. Fallait-il autant de temps et d'argent
pour reconnaître ce principe physique évident ? Et main-
tenant qu'on a montré que la Terre est ronde, on
fait quoi ? (1)
Catherine Gouhier
Secrétaire Générale du CRIIREM (Centre de
Recherche et d’Information Indépendant sur
les Rayonnements Electromagnétiques - 19-
21, rue Thales de Milet - 72000 Le Mans -
[email protected] – tél : 02 43 21 18 69 –
www.criirem.org)
(1) Note de François Vetter : Il appartient
aux politiques de prendre leurs responsabili-
tés face à cette bombe à retardement sanitaire. Si EÉLV
ne s'empare pas de ce problème, qui le fera ? Nous pou-
vons agir nationalement, mais aussi localement, en fai-
sant pression pour que la puissance des antennes soit
progressivement ramenée aux 0,6 V/m préconisés. Pour
de plus amples informations, contacter le CRIIREM.
Le programme :
En matinée : stands d'information sur la place du
9 Avril 1944
10h : conférence de Thomas Porcher, docteur en
économie à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, spé-
cialiste du pétrole et auteur du livre "Le mirage du Gaz
de schiste".
14h30 (et des brouettes) : départ de la manifes-
tation
17h-17h30 : fin de la manifestation
Soirée conviviale : musique, soupe citoyenne,
soirée slam..
Comment nous aider dans la réussite de cet
événement?
- faites tourner cette invitation
- venez en famille
- préparez des drapeaux, des panneaux.
Venez acheter les drapeaux, les badges, les auto-
collants du collectif.
Ils sont disponibles :
- chez Zadig à St Claude (03 84 45 15 01)
- chez Pascale B.Laperrière à Laisia aux Molunes
(03 84 41 61 42)
- aux Trésors de Pan à St Lupicin (06 16 44 46 55)
- chez Lauriane Schoff à Prénovel de Bise
(06 87 27 86 42)
-chez Florence Gentner à Désertin
(03 84 42 41 81)
Covoiturage
Vous pouvez laisser vos offres de trajet
sur: http://agenda.covoiturage.fr//autre/13906-global-
fracking-2-manifestation-a-saint-claude
Hébergement militant
Ceux qui ont des lits de disponibles pour accueillir ven-
dredi 18 et/ou samedi 19 des manifestants venant de
loin peuvent le faire savoir à Sylvie et Michel:
[email protected] ou 06 47 51 30 71 ).
Appel aux bénévoles
On aura besoin de monde :
- pour coller les affiches
- monter les chapiteaux le samedi matin, les démonter
en soirée
- éplucher les légumes de la soupe vendredi soir, la servir
après la manifestation
- assurer la sécurité du cortège
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APPEL À MANIFESTER
Gaz de schiste
à tous les contacts du Collectif « Non aux forages d'hydrocarbures Haut-Jura »
Bonjour,
Les collectifs francs-comtois et rhône-alpins organisent une manifestation suprarégionale, samedi 19 octobre, à
Saint-Claude, à l'occasion de la 2e journée internationale contre la fracturation hydraulique.
Ce jour-là, des citoyens du Jura, du Doubs, de l'Ain, du Rhône, des Savoie, d'Isère, de Suisse convergeront vers le Haut-Jura
pour afficher leur opposition aux forages pétroliers et au gaz de schiste : ce sera l'un des seuls rendez-vous en France.
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23.08. - Poutine interdit toute manifestation du-
rant les JO de Sotchi. Ça risque pas de démotiver les spor-
tifs ?
24.08. - 8 militants anti-corrida blessés à Rion-des-
Landes. Encore un bled de ploucs à éviter pour les va-
cances.
25.08. - Pas dégueu, ce chanturgue rapporté d'Au-
vergne. Faudra que je l'essaie avec un coq au vin.
26.08. - La fille du sanguinaire caïd sicilien
Toto Riina se dit fière d'un père qui lui faisait faire sa
prière « pour remercier Jésus ». Il avait quand même des
bons côtés, Toto.
27.08. - Le patron d'un restaurant tué par balles. À
Marseille ? Non, au Cannet : perdu !
28.08. - Le tueur de Fort Hood (13 soldats assassi-
nés en novembre 2009), ex-psychiatre de l'armée améri-
caine, condamné à mort. Déjà, les psychiatres, je m'en
méfie ; mais alors, dans l'armée, et américaine en plus !...
29.08. - Lapsus du candidat SPD aux élections alle-
mandes, qui parle des Verts, au lieu de Die Linke, comme
d'alliés sur lesquels on ne peut pas compter. Y a des lap-
sus révélateurs.
30.08. - Mort du poète irlandais Seamus
Heaney, Prix Nobel de littérature en 1995. Déjà, les
poètes, on s'en fout, alors irlandais, tu parles !
31.08. - Le Sarkoboy Boris Boillon, ex-
ambassadeur de la Sarkozie en Tunisie, épinglé en par-
tance pour Bruxelles avec une valise bourrée de billets.
Il allait acheter les bijoux de la Castafiore.
01.09. - Morano dénonce les attaques « ad ho-
minem » d'Harlem Désir, qui s'en est pris à « l'esprit
munichois » de la droite. Ad hominem, elle sait pas ce
que ça veut dire, mais elle trouve ça joli dans une
phrase.
02.09. - Record historique au mercato d'été :
des transferts de footeux pour 764 millions d'euros. Ils
en pensent quoi, ces niaiseux de supporters ?
03.09. - Fidel Castro s'est pendu.(*)
04.09. - L'écrivaine indienne Sushmita Banerjee
assassinée par des talibans en Afghanistan. Elle les avait
peut-être un peu agacés, non ?
05.09. - Le footeux Ribery « espère que la rou-
tourne va vite tourner ». Je rêve d'un couple Morano-
Ribéry.
06.09. - Une entreprise chinoise achète l'améri-
cain Smithfield, détenteur de Cochonou et Justin Bridou.
On pourra désormais acheter du Médorou et du Justin
Bridé.
07.09. - Tokyo préférée à Madrid et Istanbul
pour les JO de 2020. Heureux Espagnols ! Veinards de
Turcs !
Éphéméride
ÉCHOTIDIENS
Novembre 1995 - octobre 2013 : presque 18 ans de Feuille Verte, 190 numéros (eh ! oui, ce n°189 devrait s'appeler
190... si l'on n'avait pas omis d'appeler 1er le... premier !) et presque autant de mensuels Émois. Presque autant car, comme
vous l'avez peut-être noté, il leur est arrivé de se défiler quelques fois ces derniers temps. Manque d'inspiration ? Flemme ag-
gravée ? Retard à l'allumage ? Un peu de tout ça, mais aussi - depuis le temps - une certaine lassitude et la très nette sensa-
tion de me répéter...
Plutôt qu'envoyer balader brutalement lesdits Émois, j'aimerais essayer (je dis bien « essayer ») - au moins provisoire-
ment - de les remplacer par une sorte d'éphéméride, m'imposant de repérer quotidiennement au moins une information, sé-
rieuse ou légère, et d'y mettre un (si possible très court) grain de sel.
Naturellement, cela me ferait plaisir d'avoir quelques « retours » - fussent-ils impitoyables...
Dessin publié avec l’ai-
mable autorisation de
Charlie Hebdo
08.09. - Copé : « Cette fois, c'est fait ! » 11 millions
d'euros récoltés par le Sarkothon : je me doutais bien
qu'il fallait être con pour être à l'UMP, mais à ce point...!
09.09. - Peillon présente sa Charte de la laïcité.
C'est peut-être tout ce qui surnagera dans l'océan de
nullité où patauge le PS.
10.09. - 155 000 ? 370 000 ? Peu de monde en
tout cas dans la rue pour défiler contre le projet de ré-
forme des retraites (1 à 3 millions en 2010). C'est plus
facile de gueuler chacun dans son coin.
11.09. - Le pape écrit aux « non-croyants » pour
leur proposer de « faire un bout de chemin ensemble ».
Euh ! Non, merci, François, t'es gentil, mais sans moi...
12.09. - Mort du généticien Albert Jacquard.
Comme disait Coluche, pourquoi c'est toujours des gens
qu'on connaît qui meurent ?
13.09. - Carnet blanc : naissance d'un petit
Gustave. Vous vous en fichez ? Moi aussi, mais j'ai rien
trouvé d'autre.
14.09. - À la fin de la Techno Parade, on chante
La Marseillaise. Jeunes cons !
15.09. - Le socialiste Edi Rama, artiste peintre et
ancien maire de Tirana, investi chef du gouvernement
albanais. Quoi ? Artiste ET socialiste ?!
16.09. - Première de Jusqu'ici tout va bien sur F2.
Pauvre Sophia Aram, c'est pas dans une galère qu'elle est
allée se fourrer, c'est dans le Costa Concordia ou un sous-
marin russe !
17.09. - Début à Lille de l'université d'été
« Alzheimer, éthique et société ». J'y serais bien allé, mais
je ne me rappelle plus où est Lille.
18.09. - Un promoteur immobilier tué par balles. À
Marseille ? Non, à Ajaccio : encore perdu !
19.09. - François Fillon donne du « Cher Vladimir »
à Poutine. Droite pourrie, c'est un pléonasme, non ?
20.09. - Dans le Tessin, un chasseur se tue avec
son fusil. Y a des maladroits en Suisse aussi.
21.09. Rassemblement anti-chasse à Paris : 300 ?
400 ? 500 manifestants ? En tout cas, pas beaucoup. Et
pas un lapin parmi eux !
22.09. - Pascal Durand « ne sollicitera pas le renou-
vellement de son mandat » à la tête d'EÉLV. C'est comme
ça qu'on dit « est viré » en novlangue.
Gérard Roy
(*) Ah ! on me signale à l'instant qu'il s'agit d'Ariel
Castro, le « tortionnaire de Cleveland », condamné il y a
deux jours à la prison à vie.
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Dessin publié
avec l’aimable
autorisation de
Charlie Hebdo
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