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  • GABONUP ND

    Rpublique Gabonaise

    RAPPORT NATIONALSur le Dveloppement Humain

    Dette Publique &Dveloppement

    humain au Gabon

    2006

  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    RAPPORT NATIONALSur le Dveloppement Humain

    Dette Publique &Dveloppement

    humain au Gabon

    2006

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Prface

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Le concept de Dveloppement humain renvoie ce processus qui consiste donner davantage dechoix aux hommes, et qui leur permet de vivre plus longtemps et plus sainement, d'tre bieninforms, d'avoir un niveau de vie dcent et de participer activement la vie de la Communaut.De cette acception, il ressort que le dveloppement humain ne saurait se rduire une simplersultante de la croissance conomique. En eet, ce concept, forg et vulgaris par le PNUD traversson rapport Mondial du mme nom, dborde largement le cadre trop restreint des logiques purementconomiques et intgre dans sa vision les modalits d'interaction entre les politiques socio-conomiques et les formes de gouvernance. Du point de vue du PNUD, il est communment admis queles politiques publiques doivent eectivement tre rorientes dans le sens de changementspertinents visant consolider l'environnement institutionnel et conomique, an de lever lesdistorsions qui rendent inaccessibles nombre d'acteurs, leurs principales opportunits dedveloppement.

    Dans cette perspective, le dveloppement humain propose de revisiter la conception traditionnelle duprogrs conomique pour replacer l'tre humain au centre des proccupations de dveloppement, parle redploiement d'une plus grande partie des investissements vers le seul capital qui donne sa valeur tous les autres, le capital humain. C'est pourquoi, aprs plusieurs annes d'interruption, le Gabonrenoue, par la prsente dition, avec la production du Rapport National sur le Dveloppement Humain(RNDH). Il replace ainsi la problmatique de la promotion du dveloppement humain au centre desproccupations des politiques conomiques et sociales aussi bien du Gouvernement que des acteursnationaux et des Partenaires au Dveloppement. Equivalent national du Rapport Mondial sur leDveloppement Humain (RMDH), le RNDH apparat comme un instrument de choix en faveur dudialogue sur les politiques, de plaidoyer sous toutes ses formes et donc de mobilisation des partenaireset acteurs autour de la promotion du dveloppement humain.Si l'on peut prter la prcdente dition du RNDH d'avoir eu la grande ambition de faire le bilan globaldu dveloppement humain au Gabon, exercice qui fut d'une originalit remarquable, on notera sansambages que celle de 2006 aura excell pour sa part, par le choix d'une thmatique dterminante dansl'quation gnrale du dveloppement conomique et social d'un pays en qute d'mergenceconomique comme le Gabon: la dette. En eet, le prsent RNDH du Gabon porte sur un thme plusque d'actualit car celui-ci constitue une contrainte majeure pour le dveloppement, et du coup, inhibetous les eorts susceptibles d'tre dploys pour promouvoir un vritable dveloppement humaindurable au Gabon. Il value la situation du dveloppement humain au Gabon, identie les dterminantsde la dette publique, en analyse l'impact sur l'IDH (Indice de Dveloppement Humain) et examine lesmcanismes de gestion de cette dette.

    Ce Rapport, qui traite de la rcurrente question de la dette publique du Gabon , montre que sonfardeau et notamment sa partie extrieure de nature surtout bilatrale reprsentait, elle seule en2005, environ 93% du stock total. Cette dette extrieure exerce, travers son service, un eet d'victionimportant sur les investissements publics, notamment ceux en faveur des secteurs sociaux (ducation,sant, lectricit, eau potable), et limite par consquent la marge de manuvre du Gouvernement promouvoir le dveloppement humain. Malgr les eorts de remboursement consentis par l'Etat, leratio d'endettement du pays demeure lev, se situant plus de 50% du PIB en 2005. Le niveaud'endettement ainsi que la rcession conomique que le Gabon a connu par le pass, ont ni parcontraindre le pays mettre en place, ds 1986, des programmes d'ajustement structurel (PAS). Dans cecadre, en 1987, il rchelonne sa dette bilatrale vis--vis du Club de Paris et renance sa dettecommerciale envers le Club de Londres. Dans le mme temps, la dette intrieure a t galementrestructure. De 1988 2000, le Gabon a entrepris d'autres restructurations de sa dette publique. Cesmultiples rchelonnements et restructurations auront pour eet daccrotre plus tard le niveau duservice de la dette extrieure, inhibant ainsi les possibilits de redploiement des dpenses publiquesen faveur des secteurs forte rsonance sociale, et qui dterminent directement ou indirectement ledveloppement humain.

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    PREFACE

  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Or, la recherche d'une solution approprie la question de l'endettement ainsi que la connaissance desfacteurs qui l'inuencent, le sens de leurs interrelations et de leurs relations intrinsques avec les variables quigouvernent le comportement des indicateurs de dveloppement humain ont t pour ainsi dire, le lconducteur des principaux dveloppements qui constituent la trame de ce Rapport.De plus, ce Rapport explicite le phnomne du paradoxe gabonais, qui se traduit par le fait que leniveau et l'volution de l'IDH du Gabon ne retent pas son niveau de richesse capt par son revenu partte en parit de pouvoir d'achat (PPA).Au total, l'examen approfondi des mcanismes de gestion de la dette publique en vigueur au Gabon, aconduit le Rapport prconiser: (i) de renforcer le dispositif institutionnel de gestion de la dettepublique du Gabon en lui octroyant les moyens adquats et en amliorant sa gouvernance; et (ii)d'explorer davantage et de ngocier les options susceptibles d'allger de manire signicative le poidsde la dette publique du Gabon an de la rendre plus soutenable.Par ailleurs, le Rapport suggre galement au Gabon d'explorer les options de ngociations de sa dettequi permettraient non seulement de rduire son stock eectif, mais galement de diminuer le montantannuel de son service. Il s'agit plus prcisment de rduire les taux d'intrts, de plafonner lespaiements au titre du service de la dette, de rembourser en monnaie locale, d'eectuer les paiementsanticips et de convertir la dette en aide au nancement des projets d'investissement caractre social.Toutes ces propositions sont de nature susciter le dbat et gnrer l'action souhaite qui vise rduire considrablement la contrainte de la dette sur la promotion du dveloppement humain auGabon.

    En dnitive, ce sont l, autant d'arguments qui justient la pertinence du thme dvelopp par ceRapport qui constitue un appel loquent et signicatif l'endroit de la communaut internationale etdes cranciers du Gabon. Ce faisant, ce Rapport apparat comme un instrument de plaidoyer en faveurd'une mise en uvre optimale et ecace des orientations et choix contenus dans le Document deStratgie de Croissance et de Rduction de la Pauvret (DSCRP) bas sur les Objectifs du Millnaire pourle Dveloppement (OMD) dont le Gabon s'est volontairement dot en 2005. En eet, le supplment deressources nancires qui peut tre rendu disponible par un traitement ecace de l'quation de ladette permettrait au Gabon, coup sr, de renforcer ses allocations budgtaires au prot desprogrammes/projets sociaux prioritaires retenus dans le DSCRP et devant contribuer de faon dcisive, la ralisation des OMD.Nous voudrions souligner, cet gard, qu'en appuyant la production de ce rapport qui sera largementdius, le Gouvernement gabonais et le PNUD s'engagent, au titre de leur partenariat, crer au niveaunational un cadre systmatique de rexion et de plaidoyer sur la problmatique du dveloppementhumain.

    Aussi, importe-t-il de noter que le Rapport est un produit du concours de plusieurs spcialisteschevronns, consultants et experts nationaux indpendants, qui ont bnci de l'appui technique etdes orientations stratgiques d'un Comit de Pilotage composs de reprsentants du Gouvernement,de la Socit Civile, du secteur priv et des partenaires au dveloppement. Autant dire que le prsentRapport se veut un document vritablement indpendant et neutre; par ailleurs, la dynamique de largeconcertation et d'changes qui a gouvern son processus d'laboration lui confre, une crdibilitscientique certaine tout en lui garantissant sans nul doute une appropriation nationale qui ne sourirad'aucune ambigut.

    Que tout le monde trouve ici l'expression renouvele de nos sincres remerciements.

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Que tous ceux qui ont contribu llaboration de ce 2me Rapport National sur leDveloppement Humain trouvent ici lexpression de nos sincres remerciements pourleur engagement, leur endurance, leur disponibilit et la qualit de leurscontributions.

    De mme, voudrions - nous inviter toutes les personnes qui ont consacr leur temps la relecture de ce Rapport trouver ici lexpression de notre profonde gratitude.

    REMERCIEMENTS

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  • Fidle Ntsissi, Directeur de Cabinet Priv du Prsident de la Rpublique

    Jean-Philippe Ndong Biyogho, Conseiller Financier du Ministre d'Etat, MPPDet Coordonnateur du DSCRP

    Thophile Aku Nguema, Directeur Gnral Adjoint de la Comptabilit Publique auMinistre de lEconomie et des Finances

    Rgis Immongault, Conseiller Financier du Ministre d'Etat charg delEconomie et des Finances

    Paul Henri Nguema Mey, Directeur Gnral Adjoint de la Statistique au MPPD

    Joseph Ibouili Maganga, Directeur de la Planication Gnrale au MPPD

    Pauline Etoughe Nyinz, Charge dEtudes la Direction Gnrale du Budgetau Ministre de lEconomie et des Finances

    Lucie Ada, Charge dEtudes au Cabinet du Ministre delEducation et de lEnseignement Suprieur

    Marie-Claire Abogue Ndong, Prsidente de la section Economique et des Finances auConseil Economique et Social

    Jean Pierre Tchoua, Prsident de la Confdration Nationale des PMEs du Gabon

    Jean-Pascal Ndong, Journaliste, Prsident de la Section Gabonaisede lUnion Internationale de la Presse Francophone

    Rgis Loussou Kiki, Reprsentant de la Confdration du Patronat Gabonais

    Anaclet Bissielo, Sociologue et Enseignant l'universit Omar Bongo

    Assitan Diarra-Thioune, Economiste Principale de la BAD

    Rick Emery Tsouck Ibound, Economiste Rsident de la Banque Mondiale

    Marcellin Ndong Ntah, Economiste International du PNUD

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    MEMBRES DE LEQUIPE CHARGEE DELELABORATION DU RNDH 2006

    COMITE DE SUPERVISION

    COMITE DE SUIVI TECHNIQUE

    COMITE DE PILOTAGE

    SE. M. Casimir OYE MBAMinistre d'Etat, Ministre de la Planication et de laProgrammation du Dveloppement du Gabon (MPPD)

    Mme Bintou DJIBOReprsentant Rsident du PNUD

    en Rpublique Gabonaise

    Marcellin Ndong NtahEconomiste International du PNUD Gabon

    Didier MebaleyDirecteur de Cabinet du Ministre d'Etat, MPPD

    Ange Macaire LONGHOCommissaire Gnral au Plan et Dveloppement, MPPD

    Joseph Ibouili MagangaDirecteur de la Planication Gnrale au MPPD

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    EQUIPE DE CONSULTANTS

    EQUIPE DE FINALISATION DU RNDH

    Jean-Sylvain Ndo Ndong, Economiste, Matre-Assistant l'universit Omar Bongo,Consultant National charg de la rdaction du RNDH

    Victor Obame Emane, Consultant National charg des Statistiques

    Feu Urbain Eyaa Ngoua, Consultant National charg de l'analyse de la Dette

    Didier Mebaley, Directeur de Cabinet du Ministre d'tat, ministre de la PPD

    Joseph Ibouili Maganga Directeur de la Planication Gnrale au MPPD

    Marcellin Ndong Ntah, Economiste International du PNUD - GABON

    Tab DIALLO Economiste International du PNUD - GABON

    Jean-Sylvain Ndo Ndong, Consultant National charg du la rdaction du RNDH

    Serge Mboula, Chef de Service la Direction de la Planication Gnrale au MPPD

    Lazare Kassa, Chef de Service la Direction Gnrale de la Comptabilit Publiqueau Ministre de lEconomie et des Finances

    Clotaire Obame Nz, Charg dEtudes du Directeur Gnral la Comptabilit Publiqueau Ministre de lEconomie et des Finances

    Jean Jacques Essono Nguema, Charg dEtudes au Cabinet du Ministre d'Etat, Ministrede lEconomie et des Finances.

    Frank Yvon Djembi Mavyoga, Charg dEtudes la Direction Gnrale de la Comptabilit Publiqueau Ministre de lEconomie et des Finances

    Yvon Fabrice MOMBO Chef de Service la Direction de la Planication Gnrale, MPPD

    Patrick Ndzana Olomo, Doctorant l'universit Omar Bongo, conception couverture et images

    Olivia NZE - BEKALE Conseiller en Communication du PNUD Ganon

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  • TABLE DES MATIERES

    SIGLES ET ABREVIATIONS 13

    INTRODUCTION GENERALE : 15

    1. Contexte et justication du Rapport 172. Objectifs et approche stratgique 203. Principes dlaboration 22

    CHAPITRE I : LA SITUATION DU DEVELOPPEMENT HUMAIN AU GABON 25

    1.1- Dimension sociopolitique du dveloppement humain 28

    1.1.1 Laccs aux biens et services essentiels 281.1.1.1 Laccs leau potable et llectricit 281.1.1.2 Lhabitat et lassainissement 301.1.2 Le dveloppement des ressources humaines 321.1.2.1 Lducation 321.1.2.1.1 Education primaire 321.1.2.1.2 Education secondaire 331.1.2.1.3 Enseignement suprieur 341.1.2.1.4 Formation professionnelle 371.1.2.1.5 Lalphabtisation 371.1.2.2 La sant 371.1.2.3 La lutte contre le VIH/SIDA 391.1.3 Lenvironnement 421.1.4 Lapproche genre 421.1.5 La promotion de la bonne gouvernance 44

    1.2 Dimension socio-conomique du dveloppement humain 47

    1.2.1 La pauvret au sens montaire 471.2.1.1 Lignes de pauvret 471.2.1.2 Incidence et profondeur de la pauvret 491.2.1.3 Les dterminants de la pauvret 501.2.2 Ingalit des revenus 511.2.3 Le niveau demploi, la masse salariale et le prol de lemploi 52

    1.3 Les indicateurs synthtiques du dveloppement humain 53

    1.3.1 Lindicateur du dveloppement humain 531.3.2 LIndicateur sexo-spcique du Dveloppement Humain 551.3.3 LIndicateur de Pauvret Humaine (IPH) 55

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    CHAPITRE 2 : LA DETTE PUBLIQUE AU GABON : DETERMINANTS ET IMPACT SUR LE DH 57

    2.1 Limportance de la dette publique gabonaise 59

    2.1.1 Lvolution et la structure de la dette publique du Gabon 592.1.1.1 Lvolution de la dette extrieure 612.1.1.1.1 La dette extrieure bilatrale 622.1.1.1.2 La dette extrieure multilatrale 632.1.1.2 Lvolution de la dette intrieure 64

    2.2- Les dterminants de la dette publique du Gabon 64

    2.2.1 Les dterminants endognes 642.2.1.1 Ltroitesse de lassiette scale 642.2.1.2 La gouvernance 652.2.2 Les dterminants exognes 692.2.2.1 La dtrioration des termes de lchange 692.2.2.2 La dvaluation du franc CFA 69

    2.3 Limpact socio-conomique de la dette publique au Gabon 70

    2.3.1 La vrication empirique 752.3.2 La modlisation 762.3.3 Les rsultats du modle et commentaires 76

    2.4. Projections de la dette publique gabonaise en termes danalysede soutenabilit et de solvabilit 79

    2.4.1 Postulats et hypothses 792.4.2 Rsultats 81

    CHAPITRE 3 : LA GESTION DE LA DETTE PUBLIQUE AU GABON 85

    3.1 Cadre institutionnel et procdures de gestion de la dette 87

    3.1.1 Cadre institutionnel de gestion de la dette 873.1.2 Procdures et outils de gestion de la dette 88

    3.2 Rponses au problme de lendettement du Gabon 89

    3.2.1 Le traitement de la dette intrieure 893.2.1.1 Les engagements dans le cadre du club de Libreville 903.2.1.2 Le rglement de la dette intrieure 903.2.2 Les programmes dajustement structurels 913.2.3 Le club de Paris 92

    3.3- Lexamen critique des solutions jusque-l proposes 94

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    3.4- Option pour une ngociation ecace de la dette publique du Gabon 95

    3.4.1 Des actions sur les facteurs dendettement du Gabon 973.4.1.1 Les facteurs directs de lendettement au Gabon 973.4.1.2 Les facteurs indirects 98

    3.4.2 Gestion active de la dette 993.4.2.1 Rduire les taux dintrt 993.4.2.2 Plafonner les paiements au titre du service de la dette 993.4.2.3 Eectuer des paiements anticips 99

    3.5 La conversion des crances 100

    3.5.1 Financer le dveloppement des secteurs productifs rentables 1003.5.1.1 Diversication des capacits productives 1003.5.1.2 Recherche de comptitivit 1033.5.2 Convertir la dette en actifs 104

    3.6 Principes de lamlioration de la gouvernance de la dette publiquedu Gabon 105

    3.6.1 Fixation des objectifs gnraux en matire dendettement 1063.6.2 Dnition des rles en matire de gestion de la dette 1063.6.3 Limitation des responsabilits 1063.6.4 Transparence et information du public 1063.6.5 Exhaustivit 1073.6.6 Evaluation et contrle 107

    CONCLUSION GENERALE 109

    BIBLIOGRAPHIE 113

    Liste des encadrs, des graphiques et des tableaux 119

    ANNEXES 123

    LEXIQUE 145

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    SIGLES ET ABREVIATIONS

    AFD Agence Franaise de DveloppementAGDP Agence de Gestion de la Dette PubliqueAPIP Agence de Promotion des Investissements PrivsBAD Banque Africaine de DveloppementBADEA Banque Africaine de Dveloppement des Etats ArabesBEI Banque Europenne dInvestissementsBGD Banque Gabonaise de DveloppementBGFI Banque Gabonaise et Franaise InternationaleBIAO Banque Internationale pour lAfrique OccidentaleBICIG Banque Internationale pour le Commerce et lIndustrie du GabonBID Banque Islamique de DveloppementBIRD Banque Internationale pour la Reconstruction et le DveloppementBNP Banque Nationale de ParisBVMAC Bourse des Valeurs Mobilires de lAfrique CentraleCES Conseil Economique et SocialCEMAC Communaut Economique et Montaire de lAfrique CentraleCFD Caisse Franaise de DveloppementCID Centre Interafricain de DveloppementCIRMF Centre International de Recherche Mdicale de FrancevilleCNSS Caisse Nationale de Scurit SocialeCP Club de ParisDGB Direction Gnrale du BudgetDGCP Direction Gnrale de la Comptabilit PubliqueDSCRP Document de Stratgie de Croissance et de Rduction de la PauvretEDS Enqute Dmographique et de SantEGEP Enqute Gabonaise pour le suivi et lEvaluation de la PauvretEITI Extractive Industry Transparency InitiativeEPP Enqute sur la Perception de la PauvretFED Fonds Europen de DveloppementFCFA Franc de la Coopration Franco AfricaineFEM Fonds pour lEnvironnement MondialFIAS Etude sur le Climat des Aaires au GabonFINEX Financement ExtrieurFMI Fonds Montaire InternationalICOR Incremental Capital Output RatioIDH Indicateur de Dveloppement HumainLOSDES Loi dOrientation Stratgique pour le Dveloppement Economique et SocialMPPD Ministre de la Planication et de la Programmation du DveloppementOCTRA Oce du Chemin de fer TransgabonaisOMD Objectif du Millnaire pour le DveloppementONE Oce National pour lEmploiOPEP Organisation des Pays Exportateurs du PtroleOPT Oce des Postes et TlcommunicationsOUA Organisation de lUnit AfricainePARR Programme dAmnagement du Rseau RoutierPAS Programme dAjustement Structurel

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    PIB Produit Intrieur BrutPME Petite et Moyenne EntreprisePMI Petite et Moyenne IndustriePNAE Plan National dAction EnvironnementalePNUD Programme des Nations Unies pour le DveloppementPPA Parit de Pouvoir dAchatPPTE Pays Pauvre Trs EndettPVVIH Personne Vivant avec le VIHRGPH Recensement Gnral de la Population et de lHabitatRMDH Rapport Mondial sur le Dveloppement HumainRNDH Rapport National sur le Dveloppement HumainSEEG Socit dEnergie et dEau du GabonSNI Socit Nationale ImmobilireSNU Systme des Nations UniesTOFE Tableau des Oprations Financires de lEtatUGB Union Gabonaise de BanqueUSD United States Dollars (Dollars amricains)

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Introduction Gnrale

    La problmatiquede la dette publique

    du Gabon

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

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  • Huit ans aprs la publication de ladernire dition du RapportNational sur le DveloppementHumain (RNDH) du Gabon en 1998, leGouvernement, la socit civile, le secteurpriv, le monde universitaire et lespartenaires au dveloppement ont adhr en2006 lide suggre par le PNUD derelancer nouveau, llaboration de cetinstrument essentiel la promotion dudialogue sur les politiques. A cet effet, unprocessus participatif bnficiant de lappuidu PNUD a abouti au choix du thme duRNDH 2005 qui est Dette Publique etDveloppement Humain du Gabon .

    1. Contexte et justification

    Le choix du prsent thme nest pas fortuit. Eneffet, au cours des deux dernires dcennies, lecontexte conomique de lensemble des pays endveloppement a t marqu par unendettement sans prcdent. Cette crise de ladette dans les pays en dveloppement a t sipersistante que les diffrents sommets des chefsd'Etat des pays les plus industrialiss au mondeet les consultations des bailleurs de fonds en ontfait une proccupation majeure. De mme, lesGouvernements et la Communautfinancire internationale ont fait face unenvironnement hostile au processus dedveloppement conomique et social : dficitsbudgtaires publics insupportables,accumulation dimportants arrirs depaiements et faibles taux de croissanceconomique. Laggravation de cette crise estimputable tant au contexte conomiqueinternational quaux politiques internes.

    Sagissant du contexte conomiqueinternational, son effet est important dans lamesure o il est li aux fluctuations des tauxde change, la baisse du prix des matirespremires induisant la dtrioration destermes de lchange, la hausse des tauxdintrt ainsi qu la baisse du volume desprts assortis de conditions concessionnelles.

    Pour ce qui est des politiques internes, leursresponsabilits sexpriment principalementpar la gouvernance (la mauvaise gestion de ladette publique, la mauvaise allocation desressources, labsence de discipline financirerigoureuse, etc.).

    Cette faiblesse conomique et financire asuscit, long terme, un excs de lendettementpar rapport aux capacits des pays endveloppement honorer leurs services de ladette. Ainsi, entre 1970 et 1979, leur dettetotale se chiffrait plus de 31 milliards dedollars US, reprsentant peu prs 80 % desexportations et 23 % du produit nationalbrut. Mais cest partir de 1980 que lesprincipaux indicateurs de la dette vontcommencer se dtriorer de faonacclre. A cette priode, la dette totale delensemble des pays en dveloppementstait tablie prs de 150 milliards dedollars soit 196 % et 24 %, reprsentantrespectivement les ratios de la dette et duservice de la dette par rapport auxexportations.

    Le Gabon nchappe pas cette crisegnrale de lendettement public. Malgr unecroissance soutenue due la hausse desrecettes dexportation du ptrole, le pays vaconnatre une conjoncture conomique etfinancire difficile. La connaissance du profilsocio-conomique du Gabon permet demieux comprendre sa crise de lendettementpublic.

    En effet, pays faiblement peupl avec unepopulation estime 1,5 million dhabitantsen 2003 et fortement urbanise (presque 80% de la population vit en milieu urbain), leGabon est un pays riche. Sur la base de sonPIB par habitant (estim 5439 US$ en 2004),il est class parmi les pays revenuintermdiaire de la tranche suprieure.Lconomie gabonaise est largement dominepar le secteur primaire qui reprsente enmoyenne 40 % du PIB depuis les annes1960. Or, ledit secteur est caractris par laprpondrance des activits extractives(lactivit ptrolire en loccurrence) et une

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Introduction

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  • marginalisation des activits de productiondont lagriculture.

    Quoi que fortement vulnrable auxfluctuations des cours et de la production deptrole, lenvironnement macroconomiqueglobal du Gabon apparat stable depuis ledbut des annes 2000. En effet, ce pays aretrouv en 2002 un taux de croissance positifde son PIB rel, bien que modeste (1,5 % enmoyenne) et essaie de matriser les tensionsinflationnistes avec un niveau dinflationvoluant autour de 1 2 %. La conduite de lapolitique fiscale semble cohrente avec lesobjectifs macroconomiques de sonprogramme conomique. Cest ainsi que ledficit budgtaire primaire hors ptrole estpass de 16,8 % du PIB non ptrolier en 2002 8,2 % en 2003. La balance courante despaiements sest amliore en 2006 avec unsurplus denviron 18,4% du PIB contre 12,8 % duPIB en 2004. De mme, lvolution de la situationmontaire du pays a t caractrise entre 2005et 2006 par un accroissement des crances surlconomie de 16,34 %. Par contre les crancesnettes sur lEtat ont fortement recul du fait dudsengagement de celui-ci par rapport ausystme bancaire locale. Pour sa part , la positionnette du gouvernement sest sensiblementamliore, passant de 60,05 milliards en 2005 -36 milliards de francs CFA en 2006.

    Toutefois, ces quelques rsultats qui indiquentdes volutions plutt favorables restent encoreinsuffisants, les indicateurs sociaux demeurantcomparables ceux des pays faible revenu.

    Par ailleurs, les donnes publies en 2005 par

    lEnqute Gabonaise pour lEvaluation et lesuivi de la Pauvret (EGEP) rvlent que 33 %de la population gabonaise vit encore endessous du seuil de pauvret. Et avec un tauxde prvalence de 8,1 % en 2004, la tendance la propagation du VIH/SIDA se confirme.LIndice de Dveloppement Humain (IDH) de2005 (0,635) classe le pays au 123me rangmondial, soit un dcalage de 43 places parrapport son classement mondial bas sur lePIB par habitant en Parit de Pouvoir dAchat(PPA). Ce dcalage entre lIDH et le PIB parhabitant est devenu rcurrent au Gabondepuis plusieurs annes.

    De plus, le niveau de la dette publiquedemeure proccupant avec un stockimportant de la dette extrieure. Celle-ci areprsent en 2005, 43,58% du PIB ; quant auservice de la dette, il reprsentait 16,8% desrecettes dexportation et 32% des recettesbudgtaires de lEtat en 2005.

    En fait, le scnario de soutenabilit de la dettepour la priode 2004-2006 rvle que lepoids du service de la dette devraitaugmenter par rapport aux recettesdexportation de 17,2 % en 2004 21,2 % en2006, et par rapport aux recettes budgtairesde lEtat, de 32,4 % en 2004 35,5 % en 2006.

    Autant dire que malgr la bouffe doxygnede 2004 qui rsulte de laccord derchelonnement obtenu au Club de Paris, leGabon continue faire face un poids levde la dette extrieure dont le rglement duservice exerce un effet dviction importantsur les investissements publics en faveur dessecteurs sociaux de base limitant ainsi, lamarge de manuvre du Gouvernement promouvoir le dveloppement humain et faire des progrs significatifs vers laralisation des Objectifs du Millnaire pour leDveloppement (OMD). Ainsi, on peut voirque le rchelonnement nest pas unepanace. Car au lieu de traiter le problme dela dette, il le prennise tout en accentuant moyen et long termes, sa pression sur lesfinances publiques.

    Vuedun repiquagede plants dananas la priphrie de Libreville

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

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  • En fait, depuis la deuxime moiti des annes1980, la crise dendettement a ainsi conduit leGabon la mise en uvre des programmesdajustement structurels (PAS) avec lappui dela Banque Mondiale et du Fonds MontaireInternational (FMI) (voir encadr 1). Si cesassistances ont attnu, court terme, lesproblmes de la liquidit lis au service de ladette, elles ont toutefois connu dans leurensemble des rsultats mitigs.

    Les nouvelles rformes conomiquesremettant en cause lintervention de lEtatdans les domaines cls de lconomie travers la rgulation structurelle et la

    libralisation de lconomie, sefforcent derechercher une politique de stabilisationmacroconomique optimale et une gestionefficiente des finances publiques. Cesrformes visent engendrer une nouvelledynamique susceptible de rduire ladpendance conomique et financire vis--vis de lextrieur.

    Le prsent rapport qui doit permettre derelancer la rflexion et mme le dbat sur laproblmatique du dveloppement humaindu Gabon et constituer un outil de plaidoyeren vue dune solution durable au problmede lendettement de ce pays, vise galement

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Introduction

    Encadr 1: Evolution conomique et endettement public du Gabon

    Au dbut des annes 1980, les pays africains ont t affects par une srie de chocs extrieurs dus leffetconjugu de la chute du prix du ptrole et de la baisse du dollar amricain. Le prix officiel du baril a baissde dix dollars en juillet 1986. Aprs la runion de lOPEP du 05 aot de la mme anne, le cours seststabilis 15 dollars le baril. Ces faiblesses conomique et financire ont suscit long terme un excsdendettement (dans de nombreux pays membres de cette organisation), qui a eu pour consquenceimmdiate, une forte absorption des ressources par le service de la dette.

    Le Gabon na pas chapp cette situation. En 1985, suite lessoufflement de lactivit ptrolire, le PIBen francs courants a chut de 29.7%. Le dficit budgtaire sest accru en 1986. Au cours des annes 1987 et1988, un programme de stabilisation fut mis en uvre avec le concours du FMI. De mme, fut introduite ladiscussion avec la Banque Mondiale dun PAS et dun rchelonnement de la dette. La baisse du PIBobserve en 1986 sest poursuivie jusquen 1998 avec une lgre amlioration entre 1989 et 1995.

    En 1995, aprs la mise en place par le Gouvernement dun plan triennal dajustement conomique etfinancier allant du 1er juillet 1995 au 30 juin 1998, lconomie gabonaise a enregistr une volutionrelativement satisfaisante malgr leffritement du dollar amricain tout au long de lanne 1995.

    Toutefois, on a constat des accumulations darrirs de la dette, tant intrieure quextrieure. Cettefaiblesse des indicateurs (conomiques) semble lie, en grande partie la production ptrolire. En effet,depuis 1997, la production ptrolire a diminu de plus dun tiers, les gisements tant arrivs maturit,malgr les progrs de la technologie dextraction.

    Face la dgradation des perspectives du secteur ptrolier, les autorits ont mis en place un vasteprogramme de rforme conomique en 2003. Ce programme est ax, dune part sur lassainissement desfinances publiques, notamment un contrle rigoureux de la masse salariale, et dautre part sur lesrformes structurelles ambitieuses visant stimuler la croissance du secteur non ptrolier. Lesdveloppements rcents de la situation conomique rvlent que cette dmarche a t soutenue par leFMI sous la forme dun programme suivi par ses services pour la priode allant de septembre dcembre2003 et dans le cadre dun accord de confirmation de 14 mois, dun montant de 69,4 millions de DTS,approuv en mai 2004. Les cranciers bilatraux officiels ont consenti rchelonner lencours des arrirsainsi que la dette arrivant chance pendant la priode couverte par laccord avec le FMI, soit un total de716 millions de dollars EU dallgement de la dette au Club de Paris.

    19

  • faciliter lexcution du Document deStratgie de Croissance et de Rduction de laPauvret (DSCRP). En effet, les ressourcesfinancires qui rsulteraient de la solution auproblme de la dette serviront, entre autres, financer les programmes/projets caractresocial contenus dans le DSCRP.En tant que pays revenu intermdiaire, leGabon nest ligible ni lallgement de ladette sous lInitiative PPTE (Pays Pauvres TrsEndetts) des Institutions de Bretton Woods,ni diverses autres facilits de la communautinternationale dans ce domaine. Le plaidoyerqui sera fait partir du prsent Rapportpourra aboutir un traitement de faveur duproblme de lendettement du Gabon.

    2. Objectifsetapprochestratgique

    La prsente dition 2006 du RNDH poursuitles quatre objectifs suivants:

    analyser la nature de la dettegabonaise et percevoir les causes relles delendettement excessif de ce pays ;

    faire une valuation de ltat dudveloppement humain du pays au cours desdix dernires annes ; montrer que le poids de la detteextrieure limite les perspectives depromotion du dveloppement humain auGabon ;

    proposer des options de politiquesconcrtes visant sortir le Gabon du cerclevicieux de dficits/poids de la dette/faiblesindicateurs sociaux ;

    prospecter les perspectives dunestratgie alternative qui met en exergue unepossible diversification de lconomie nationale.Le prsent Rapport se positionnevritablement comme un complment auxRMDH. En effet, la ralisation de ces objectifslui permettra de reflter au mieux et de bienrenseigner sur les progrs raliss par leGabon par rapport au dveloppementhumain. De plus, en tant quoutil de plaidoyeret de dialogue politique, il facilitera la

    mobilisation politique et sociale desdiffrents acteurs autour de la problmatiquedveloppement humain.

    Enfin, ces objectifs restituent lintrt duprsent rapport. En effet, alors que le PIB duGabon crot depuis 2002, le RMDH 2005constate un recul du pays dans sonclassement tabli suivant le critre de lIDH.Cest dire que les performances conomiquesne sont pas positivement corrles avec ledveloppement humain au Gabon. Lapersistance des ingalits dans le paysexplique partiellement cette situation. Lapauvret gagne alors du terrain au Gabon endpit de la croissance conomique.

    Elle svit sous plusieurs formes avec desintensits variables. Le sentiment dtrefrapp par la pauvret est trs rpandu ausein de la population. En effet, lEnqute surla Perception de la Pauvret (EPP) ralise en2004 rvle que 81,4 % des rpondantsconsidrent leurs conditions de vie commecelles des personnes pauvres.LEGEP 2005 indique que prs de deuxcinquimes de la population (43 %) viventdans les mnages o lon se sent pauvre.

    Pour faire face cette situation, le DSCRPprconise une stratgie de lutte contre lapauvret base sur la mise en place dunevritable politique de redistribution des fruitsde la croissance, avec des programmes visant amliorer lacces des populations auxservices sociaux de base, notamment dans lesdomaines de leau, de lhabitat, du logement,

    Une habitation de Libreville transforme en picerie

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

    20

  • de lducation de base et des soins de santprimaire, qui constituent, nen point douter,des vitrines importantes du dveloppementhumain.

    Toutefois, la concrtisation de cette stratgiene savre pas aise. En effet, le profil socio-conomique du Gabon est assez particulier.LEGEP 2005 rvle que la populationgabonaise compose de 50,8% de femmesest extrmement jeune. Prs de deuxpersonnes sur cinq ont moins de 15 ans etprs de la moiti, moins de 19 ans. Cettejeunesse de la population exerce unepression sur loffre des infrastructuresscolaires.

    Contrairement aux autres pays dAfriquesubsaharienne, cette population vitmajoritairement dans les villes et a desniveaux de revenus moyennement levs.Prs de 80 % de la population rside en milieuurbain et la seule ville de Libreville abrite plusde deux personnes sur cinq, ce qui pose lesproblmes de gestion urbaine, savoirlmergence des bidonvilles, linsalubrit,lhabitat spontan, etc.

    Cette population est galement ingalementrpartie sur le territoire national. Avec lesdeux plus grandes villes du pays, savoirLibreville et Port-Gentil, les provinces delEstuaire et de lOgoou-Maritime ont la plusforte concentration de population, abritantplus des deux tiers de celle-ci.

    La prise en compte de ces spcificitsdmographiques dans la stratgie de luttecontre la pauvret fait que les remdesproposs dans la majorit des pays dAfriquesubsaharienne ne sont pas immdiatementapplicables au Gabon. En effet, lon peutsinterroger sur les origines possibles desressources qui alimentent gnralement lesdficits publics dans ce pays.

    Dune manire gnrale, il existe troismodalits de financement des dficitspublics : le financement par limpt, lefinancement par la cration montaire et le

    financement par la dette.

    Pour ce qui concerne le financement parlimpt, il est encore limit dans les pays endveloppement. Trois raisons peuvent trevoques cet gard : le niveau relativementfaible de la base imposable, la fraude fiscaleet le dveloppement de lconomieinformelle.Sagissant du financement par crationmontaire, il devient de plus en plus prohib,compte tenu de la volont dindpendanceaffiche par la Banque des Etats de lAfriqueCentrale (BEAC). A cet effet, la BEAC mnedepuis une bonne quinzaine dannes, despolitiques de stabilisation des prix qui laconduisent limiter ses avances aux Trsorspublics des pays membres.

    Il ne reste plus que la troisime modalit definancement, cest--dire le recours lendettement public.La question de la dette publique peut treenvisage au moins sous deux anglesdiffrents :

    celui de la productivit de la dettepublique par lintermdiaire delinvestissement ;

    celui des trajectoires dendettementet de dveloppement humain. Cestprcisment ce second volet qui nousintresse ici.

    En effet, si lendettement permet de dgagerun surplus, cela peut signifier quil augmentele revenu permanent du pays et de fait, sacroissance conomique. Le fait de sendettermaintenant et de rembourser plus tard peutpermettre aux agents conomiques deconsommer plus dans limmdiat. De mme,prter aujourdhui pour tre remboursdemain permet de contraindre laconsommation prsente pour uneconsommation future. Ce qui conduit soutenir que la thorie du cycle de vie(Modigliani et Brumberg, 1954) etlhypothse du revenu permanent (Friedman,1957) apportent un autre regard sur larelation entre la dette publique et le

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Introduction

    21

  • dveloppement conomique durable.

    Par ailleurs, ltude de la relation entre ladette publique et le dveloppement humainau Gabon se justifie pour au moins troisraisons principales :

    le niveau relativement lev de lencoursde la dette extrieure (1770 milliards de francsCFA en 2005, soit 50,3 % du PIB);

    la faiblesse de lpargne domestiquedans un contexte de rpression financire. Eneffet, leffort interne de financement delinvestissement est indiqu par lpargnedomestique. Cet agrgat a connu une chuteau dbut de la dcennie 2000 passant ainside 56 % en 1997 35 % du PIB en 2004;

    le poids important des dpenses defonctionnement dans le PIB, soit 12,6 % alorsque les dpenses dinvestissement nereprsentent que 4,2 % du PIB.Llaboration du prsent rapport repose aussisur des principes qui visent garantir sabonne qualit.

    3.- Principes dlaboration duRNDH 2006

    Gnralement, un certain nombre deprincipes guident llaboration dun RapportNational sur le Dveloppement Humain.Aussi, le processus de production du RNDH2006 du Gabon a-t-il fait rfrence aux six (6)critres suivants qui en assurent la bonnequalit : lappropriation nationale,lautonomie danalyse, la prparationparticipative et intgrale, la qualit danalyse,la flexibilit et la crativit de prsentation etenfin le suivi soutenu.

    Sagissant de lappropriation, le prsentRNDH sest efforc de confrer une propritnationale puisque son laboration a impliqutous les acteurs nationaux comptents pourle thme. A cet gard, les capacits nationalesont t mises a contribution pendant tout leprocessus de prparation, traversnotamment les runions du Comit de

    Pilotage, les contributions techniques desmembres du Comit de Pilotage, et le recoursaux consultants nationaux. On aboutit ainsi un produit en phase avec la vision, lesstratgies et les programmes dedveloppement nationaux, savoirnotamment la vision Gabon 2025, la LOSDES,et le DSCRP. A cet gard, la prsente ditiondu Rapport, enracine dans les perspectivesnationales, inspire confiance en tant quesource doptions de politiques et de dialogue.Les nationaux sy reconnaissent parfaitement.

    Pour ce qui est de lAutonomie danalyse, leprsent Rapport comporte des valuationsobjectives et indpendantes effectues pardes consultants nationaux qui ont tcommis son laboration. De mme, il abnfici des critiques et suggestionsimpartiales des structures du dispositifinstitutionnel de son processus dlaboration, savoir le Comit de supervision, le Comitde pilotage, lAtelier national dexamen et devalidation technique, et le Comit derelecture. Le prsent Rapport constitue ainsiun document labor de faon objective avecen toile de fond, une vritable autonomiedanalyse.

    En ce qui concerne la prparationparticipative et intgrale, le RNDH 2006 duGabon a rassembl divers acteurs en tant quepartenaires actifs dans le processus deprparation. Ces partenaires provenant aussibien du Gouvernement, de lAdministration,du Systme des Nations Unies, des bailleursde fonds, du milieu acadmique, que dusecteur priv et de la socit civile, onttravaill en harmonie dans le cadre desstructures susmentionnes du dispositifinstitutionnel du processus dlaborationdudit rapport.

    Concernant la qualit danalyse, lon peutdire que lanalyse faite dans le prsentrapport se fonde sur les informations fiablesissues des sources crdibles. Cette analyse aainsi abouti la formulation de messagespolitiques solides et des recommandationsde stratgies clairement dfinies pour la

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

    22

  • promotion du dveloppement humain. Laprparation de ce Rapport a donn lieu unAtelier de renforcement des capacitsnationales sur le concept de dveloppementhumain. Les capacits ainsi acquises ontpermis damliorer la qualit danalyse duprsent rapport.

    Quant la flexibilit et la crativit de laprsentation, ce Rapport utilise un langagefluide et un style cratif. Il a galementrecours des visuels expressifs.

    Le suivi soutenu constitue un lmentimportant du processus de production duprsent RNDH dans la mesure o ceprocessus a repos sur une stratgie demobilisation des partenaires qui est denature gnrer une conscience et undialogue, et influencer les actionsnationales de dveloppement. Cettestratgie comprend la sensibilisation, lacommunication, le marketing, laprogrammation du suivi, le soutien auxpolitiques, le contrle et lvaluation desrsultats.

    L laboration de ce rapport sest appuyeessentiellement sur lexpertise nationale. Aussi,la rdaction a-t-elle t confie une quipe duLaboratoire dEconomie Applique (LEA) del'universit Omar Bongo (UOB). Le travail de

    cette quipe a t aliment par deux rapportsthmatiques sur les indicateurs dudveloppement humain et sur lanalyse de ladette.

    Le prsent rapport est structur autour detrois chapitres. Le premier chapitre traite de lasituation du dveloppement humain auGabon. Le deuxime est consacr auxfacteurs explicatifs de la dette ainsi qu sonimpact sur les principaux indicateurs dedveloppement humain. Le troisimechapitre est consacr la gestion de la dettepublique au Gabon. On y propose desoptions et mesures possibles en vue dunegestion rigoureuse et efficiente de la dettegabonaise.

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Introduction

    Nettoyage et labourage dun espace cultivable la priphrie de Libreville

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    CHAPITRE I

    La Situation duDveloppement Humain

    au Gabon

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  • Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

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  • Le prsent chapitre qui sintresse auxdiffrentes dimensions dudveloppement humain, donne lieu lapprciation de ltat de son volution auGabon. Cette apprciation est base sur lesindicateurs appropris. Pour ce faire, ilimporte au pralable de dfinir le concept dedveloppement humain et de prciser lescontours de sa mesure.

    En effet, le dveloppement humain est leprocessus dlargissement des opportunitset choix des individus afin quils mnent unevie meilleure. Le concept de dveloppementhumain met lhomme au cur dudveloppement en tant que facteur moteuret principal bnficiaire du dveloppement.Autrement dit, le dveloppement humain estle dveloppement des individus, pour lesindividus et par les individus .

    Le dveloppement des individus signifiellargissement des capacits des treshumains travers lducation, la formation,une meilleure sant, lhabitat et la nutrition.

    Le dveloppement pour les individus signifieque le dveloppement nest pas poursuivicomme une fin en soi ; les fruits de lacroissance conomique devant avoir unimpact rel et mesurable sur les conditionsde vie des populations.

    Un tel processus nest pas automatique, carrequrant une gestion adquate despolitiques macroconomiques et sectorielles.

    Le dveloppement par les individus se rfre auprocessus par lequel les individus deviennentnon seulement les bnficiaires dudveloppement mais galement lesprincipaux acteurs. Ils participent ainsiactivement aux dcisions qui influencent leurvcu. Cest en cela que la notion dedveloppement humain constitue unconcept globalisant de dveloppement.

    En largissant lensemble des options et enamliorant les situations rsultant de leurs

    consquences, le dveloppement humainvise faire progresser lexercice des liberts etdes droits fondamentaux.

    En mettant laccent sur la notion de choix, leconcept de dveloppement humain impliqueque les individus doivent participer auxprocessus qui dterminent leur existence. Ilsdoivent aider prendre et appliquer lesdcisions et suivre leurs effets.

    Ce concept se distingue de celui de lascurit humaine mme sil y contribue pourbeaucoup. En effet, la scurit humaine serapporte au fait dtre labri de la faim, de lamaladie et de loppression chroniques. Celasignifie galement tre protg desperturbations soudaines et nfastes desmodes de vie quotidiens. Dans un contexteconomique, il faut entendre par scurit, laprotection contre les menaces qui psent surle revenu, la scurit alimentaire et lesmoyens dexistence.

    Le concept de dveloppement humain prendalors en compte aussi bien lesproccupations lies la pauvret montaireque celles qui sont relatives la pauvrethumaine. Il se rapporte au paradigme duDveloppement Humain Durable (DHD) quiintgre lutilisation raisonne et quitable desressources entre gnrations, etllargissement des opportunits et des choixde la gnration prsente sanscompromettre ceux des gnrations futures.

    Plusieurs indices sont utiliss pour mesurer ledveloppement humain et le plus usuel estlIndicateur du Dveloppement Humain (IDH)qui constitue un indicateur compositecaptant lvolution dun pays selon les troiscritres de base du dveloppement humainsuivants : la sant et la longvit (mesuredaprs lesprance de vie la naissance),linstruction (mesure par le tauxdalphabtisation des adultes et le taux brutde scolarisation combin du primaire, dusecondaire et du suprieur) et un niveau devie dcent (mesur par le PIB par habitant enparit de pouvoir dachat - PPA).

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    La Situation du Dveloppement Humain au Gabon

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  • Bien que ne couvrant pas tous les aspects dudveloppement humain, lIDH propose unealternative pertinente de ce que serait unsimple indicateur li au revenu pour mesurerapproximativement le bien-tre humain.Parler du dveloppement humain au Gabonrenvoie une vocation populaire bienconnue sous lexpression de paradoxegabonais pour illustrer le fait que le niveauet lvolution de lIDH du Gabon ne refltentpas son niveau de richesse. La troisimesection de ce chapitre reviendra plusamplement sur les aspects conceptuels etpratiques de la mesure du dveloppementhumain.

    Les deux premires sections serontrespectivement consacres aux dimensionssociopolitiques et socioconomiques dudveloppement humain.

    En apprciant ltat des diffrentes dimensionsdu dveloppement humain au Gabon, cechapitre fera galement le point des progrsaccomplis dans la ralisation des Objectifs duMillnaire pour le dveloppement (OMD).Issus de la Dclaration du Millnaire adoptelors du Sommet du Millnaire de Septembre2000 New York, les OMD constituent unconsensus historique de la communautinternationale dans le combat contre lesmaux qui minent la dignit humaine. Leur

    ralisation contribue de manire significative la promotion du dveloppement humain.Au nombre de huit (8) et devant tre atteintsdici 2015, les OMD sont dsagrgs en dix-huit (18) cibles assorties de 48 indicateurs deprogrs.

    1.1 Dimension sociopolitique dudveloppement humain

    Cette dimension se rapporte aux aspects dela pauvret humaine. Il sagit de laccs auxbiens et services essentiels, dudveloppement des ressources humaines, dela protection de lenvironnement et delindpendance de la justice.

    1.1.1-Accs aux biens et servicesessentiels

    Parmi les biens et services essentiels auxquelsaspirent les Gabonais, on peut voquer leaupotable et llectricit, dune part, lhabitat etlassainissement, dautre part.

    1.1.1.1- Accs leau potable et llectricit

    Sagissant de laccs leau potable, laproccupation de la communaut internationalereprise par le Gabon est la cible 7 de lOMD N7qui est de rduire de moiti, dici 2015, lepourcentage de la population gabonaise quina pas accs de faon durable unapprovisionnement en eau potable.

    La logique OMD issue de la Dclaration duMillnaire permet de considrer comme eaupotable, leau provenant soit dun robinetindividuel, soit dune source publiquedapprovisionnement (pompe publique) oudun forage localis moins de 30 minutes dulogement. Dans cette logique, les eaux desurface (puits, cours deau, etc.) ne sont paspotables.

    Avec un taux daccs leau potable de 82,5 %des mnages en 2005 contre 67 % en 1995,on peut dire que lon assiste une volution

    1- Rduire lextrme pauvret et la faim

    2- Assurer lducation primaire pour tous

    3- Promouvoir lgalit des sexes et lautonomisation

    des femmes

    4- Rduire la mortalit des enfants de moins de 5 ans

    5- Amliorer la sant maternelle

    6- Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et dautres

    maladies

    7- Assurer un environnement durable

    8- Mettre en place un partenariat mondial pour le

    dveloppement

    Encadr 1.1- Les Objectifs du Millnairepour le dveloppement(OMD)

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

    28

  • positive. Mais on peut se demander pourquoicette volution positive nest constate quaubout de dix ans. Autrement dit, lamliorationdu taux daccs leau potable de 15 pointsde pourcentage en dix ans est-elle suffisantepour un pays o a priori, il ne se pose aucunproblme deau? Cela peut paratreeffectivement faible compte tenu despotentialits du Gabon.

    De plus, lEGEP rvle quen 2005, les eaux desurface sont la principale sourcedapprovisionnement pour 17 % desmnages sur le plan national contre 23 % en2000. Il y aurait donc eu amlioration enapprovisionnement en eau potable de 6points de pourcentage en cinq ans. Dans lescentres urbains, seulement 5 % des mnagessont approvisionns par ces eaux de surfacecontre 7 % en 2000. En ce qui concerne lescentres ruraux, 59 % des mnages sontapprovisionns par ces eaux pour lanne2005 contre 66 % en 2000. Cette volutionpositive par rapport laccs leau potablepeut tre attribue la forte urbanisation dela population gabonaise qui favoriselapprovisionnement en eau potable et auprogramme dhydraulique villageoise lancen 2000 avec lappui financier du FED (FondsEuropen de Dveloppement).

    En fait, si la tendance observe se poursuit, leGabon est en mesure non seulementdatteindre, dici lanne 2015, la cible dumillnaire N7 mais aussi dasseoir les bases

    solides de la promotion du dveloppementhumain au Gabon.Toutefois, la concrtisation de cet objectifstratgique et lamlioration durable dudveloppement humain au Gabon, comme lesouhaitent les autorits nationales,requirent la mobilisation effective desressources (humaines, financires etlogistiques) substancielles.

    Laccs llectricit a galement connu unevolution positive de 2000 2005.En effet, plus de huit mnages sur dix (80 %)utilisent dsormais llectricit en 2005 contretrois sur quatre (75 %) en 2000. Soit unevolution positive de 5 % du niveaudapprovisionnement en nergie lectriquesur cinq ans. Cela peut paratre faible comptetenu des potentialits du pays.

    En fait, principale source dnergie, llectricitest le mode dclairage le plus utilis au niveaunational, puisque prs de 82 % des mnageslutilisent contre 18 % pour le ptrolelampant. Et il nest pas surprenant deconstater de fortes ingalits entre le milieuurbain et le milieu rural.En effet, llectricit est utilise par 93 % desmnages vivant dans les centres urbains en2005 contre 90 % en 2000 et par 35 % desmnages ruraux en 2005 contre 30 % en2000.

    Par ailleurs, plus de la moiti des mnages(environ 3/5) sont directement connects aurseau de la SEEG (Socit dEnergie et dEaudu Gabon) et plus dun mnage sur cinq arecours la connexion dun voisin, alors que 3% utilisent leur propre source dlectricit(groupe lectrogne, panneau solaire, et.).LEGEP 2005 rvle toutefois que les mnagespauvres prouvent plus de difficults accder llectricit.Le Gouvernement entend relever ce dfi etmaintenir la tendance positive daccs llectricit dans le cadre de la mise en uvredu DSCRP qui consacre un de ses quatrepiliers laccs aux services et infrastructuresde base.

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    La Situation du Dveloppement Humain au Gabon

    Dans les quartiers sous intgrs, plusieurs mnages partagent un mmerobinet .

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  • 1.1.1.2 - Habitat et assainissement

    Sinspirant des proccupations internationalestraduites dans les OMD, les autorits gabonaisesenvisagent de raliser dici 2015 dans le secteurhabitat/assainissement, les objectifs stratgiquessuivants :

    amliorer le cadre de vie des habitantsdes quartiers sous-intgrs

    rduire le nombre de quartiers sous-intgrs

    assurer lquipement en logements desvilles de 5000 habitants et plus.

    La forte urbanisation du Gabon rendsensibles et cruciaux les objectifssusmentionns car la grande majorit de lapopulation en est directement concerne. Eneffet, la population urbaine au Gabon quireprsente 80 % de la population totale a cru un rythme de 3,2 % en moyenne annuelleau cours de la priode 1993-2002, passant de742 000 1 014 000 habitants. Ce qui exerceune forte pression sur loffre des servicespublics et des infrastructures collectives etsociales dans les villes.

    Sagissant du cadre de vie, lEGEP 2005 rvleque 46 % environ des mnages vivent dansdes quartiers moins salubres et que lesmnages rsidant dans les quartiers salubressont essentiellement en location tandis quela proprit domine dans les quartiers moinssalubres. Lon assiste ainsi, dans les grandscentres urbains, ldification des bidonvilles

    dans lesquels les conditions sanitaires sontmauvaises. Ces bidonvilles sont souventrigs dans des endroits impropres lhabitattelles que les zones marcageuses.

    Lassainissement, quant lui, est bien en dedes normes requises. En effet, moins de deuxmnages sur cinq utilisent des sanitairesqualifis dhyginiques cest--dire disposantdun WC avec chasse deau et latrinesamliores. Lutilisation de sanitaireshyginiques reste faible pour toutes lescouches de la population. Mme parmi lesmnages du quintile le plus riche, 47 % desmnages utilisent des toilettes nonhyginiques (latrines simples, fosses, etc).

    Les autorits nationales doivent consentir desefforts importants pour inverser cettetendance et atteindre les cibles stratgiquesdamlioration du cadre de vie des habitantsdes quartiers sous-intgrs et de rductiondu nombre de ces quartiers.Par ailleurs, le Gabon connat un dficit enlogements et en terrains viabiliss. En 1983, lePlan national de lhabitat a estim ce dficit 60 000 logements. Dix ans plus tard, il estpass 80 000 et au dbut de la dcennie2000, lEGEP 2005 indique quil serait delordre de 160 000.

    Ce dficit se rapporte surtout lhabitat socialdestin aux couches les plus dfavorises.Ce dficit qui devient chronique soulve laquestion de lefficacit de la politique delhabitat, y compris la lgislation relative laccs la proprit, la viabilisation desterrains et enfin le financement.En effet, face aux limites des politiques dulogement menes jusqu rcemment, lesautorits nationales ont entrepris dlaboreret de mettre en uvre une nouvelle politiquede logements qui vise :(i) augmenter loffre de terrains viabiliss ;

    (ii) recourir aux mcanismes rapides daccs la proprit foncire ;

    (iii) promouvoir lutilisation de matriauxlocaux ;Cadre de vie insalubre dans un quartier sous-intgr.

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

    30

  • (iv) assainir les quartiers sous-intgrs.Les cibles annuelles fixes sont :

    a - la construction de 16 000 logements enmoyenne par an pendant dix ans ;

    b - la viabilisation de quelques 4 500 parcellespar an pendant la mme priode.Lapplication rigoureuse et efficace de cettenouvelle politique de lhabitat pourraitconduire le Gabon atteindre, lhorizon2015, lobjectif stratgique de la fournituredes logements sociaux en quantit suffisantedans les villes de 5000 habitants et plus.

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    La Situation du Dveloppement Humain au Gabon

    Habitat spontan dans des zones marcageuses des quartiers sous-intgrs de Libreville.

    Latrines non hyginiques dans un quartier sous-intgr de Libreville.

    LEnqute de perception de la pauvret ralise en 2004 avec lappui du PNUD indique que denombreux mnages, en proportion de 55,6% des rpondants, ne sont pas propritaires de leurhabitation ; ils sont soit locataires pour 40,4%, soit hbergs chez leur parent pour 15,2%. Sagissantde la qualit de lhabitat, le logement de 45,4% des mnages est fait de planches. Le logement esten semi dur pour 25,3% des mnages et en dur pour 21,9% des rpondants. Lopinion des mnagessur la qualit du logement montre un niveau lev dinsatisfaction : peine un tiers du panel(29,5%) juge tre bien log. Plus de la moiti des autres rpondants, soit 67,6% estiment mauvaisesleurs conditions de logement. Plus que la qualit de lhabitat individuel, cest dans lensemble, lasituation de lhabitat au Gabon qui est en cause : selon 89,1% des rpondants, la situation duGabon est juge pas du tout satisfaisante. Environ 8,2% du panel se disent assez satisfaits alorsque 2,1% seulement disent tre satisfaits de la situation gnrale du logement. Les mauvaisesconditions de logement sont attribues trois principales causes, en tte desquelles se trouve lapauvret, pour 56,5% des rpondants. Les carences attribues aux autorits et les difficultsmatrielles et financires viennent parit, au second rang pour 21,2% des mnages dans chaquecas.

    Encadr 1.2 - Logement dans lEnqute de Perception de la Pauvret de 2004

    Source : Enqute de perception de la pauvret, 2004

    31

  • 1.1.2 - Le dveloppement desressources humaines

    Le dveloppement des ressources humainescomme facteur de promotion dudveloppement humain peut tre apprcipar la qualit de lducation, ltat de sant dela population ainsi que par la prvalence despandmies telles que le VIH/SIDA et dans unemoindre mesure, le paludisme.

    1.1.2.1 Lducation

    Nous voquerons les diffrents niveaux deformation, savoir lducation primaire,lducation secondaire, lenseignementsuprieur et la formation professionnelle.

    1.1.2.1.1 Education primaire

    La cible recherche par le Gabon par rapport lOMD sur lducation est celle retenue parla communaut internationale, savoir :assurer lducation primaire pour tous avecpour cible de donner, dici 2015 tous lesenfants - garons et filles - les moyensdachever normalement un cycle completdtudes primaires. Avec un taux net descolarisation au primaire value 92,44 % etune quasi parit entre filles et garons danslaccs lduction primaire, le Gabon nestpas loin de raliser lobjectif relatif au secteurde lduction.Toutefois, cette performance doit tre relativisedu fait de la faible efficacit interne du systmeducatif gabonais. En effet, ce systme connatde nombreux dysfonctionnements quetraduisent les taux de redoublementconsidrables. Ils sont environ de lordre de50 % en premire anne du primaire, 30 % la

    seconde anne et sont accompagns dungrand nombre dabandons en cours descolarit. En fait, 25 % dune classe dgenachvent pas le cycle primaire. Lephnomne de redoublement est imput enpartie aux effectifs plthoriques dans lesgrands centres urbains tels que Libreville, aumanque denseignants en milieu rural et danscertains centres urbains, la qualit des

    enseignements et des enseignants.Pour maximiser les chances du paysdatteindre la cible du millnaire delducation primaire assure pour tous lesenfants dici 2015, les pouvoirs publics ontiniti une rforme du systme ducatifprimaire. Cette reforme sarticule autour desactivits dveil au pr-primaire et delApproche par les Comptences de base(APC) appeles ramener le cursus primairedes jeunes gabonais de 6 5 ans. Les effetsescompts de cette rforme sont:

    une augmentation sensible du nombredlves ayant subi avec succs lensemble ducursus primaire ;

    une diminution significative de ladperdition scolaire, des redoublements etde lanalphabtisme.

    Par ailleurs, dans le cadre de la mise en uvre dela Dclaration mondiale sur lEducation pourTous , le Gouvernement a pris lengagement dedvelopper lenseignement pr primaire afin decombattre lchec scolaire dans le primaire. Il aen outre mis sur pied un dispositif juridico-fiscalsusceptible de promouvoir loffre prive delducation et de sattaquer aux limites dusystme public denseignement.

    Vue dune salle de classe plthorique Libreville

    Auditoire attentif au cours dune sance dalphabtisation

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

    32

  • 1.1.2.1.2 Education Secondaire

    Contrairement aux taux de scolarisation auprimaire qui demeurent levs, ceux dusecondaire sont trs bas mais enaugmentation. En 1960, ce taux est de lordrede 3 % et atteint peine 50 % en 1996.En 2002, le taux brut et le taux net atteignentrespectivement 54,2 % et 21 %. Cettesituation sexplique par :i) la barrire de lentre en 6me dont les

    rsultats dpendent de la capacit daccueildes tablissements (de 50 % 51 % de tauxde russite de 2000 2004, respectivement) ;

    ii) la dperdition au cours du cycle (ceux quientrent en 6me narrivent pas tous au boutdu cycle) ;

    iii) le manque de moyens financiers desparents pour inscrire leurs enfants dans destablissements privs, une fois sortis duservice public dducation.

    Les rendements internes de lenseignementsecondaire sont faibles. En effet, sur lapriode 2002-2003, les taux de redoublementet dexclusion avoisinent respectivement 30% et 20 %. On estime que la production d'undiplm du premier cycle requiert 17 annes-lves ; ce qui explique linefficacit desdpenses publiques dans ce secteur.

    Pour le BEPC, le graphique ci-dessous montre quede 1962 1973 le taux de russite reste assezlev avoisinant 58 %. De 1974 1996 le taux derussite na plus franchi la limite des 50 % etmme grave, a amorc une tendance baissirequi le situera 23 % en 2004.

    Les rsultats obtenus au baccalaurat ne sontfinalement que le reflet de la qualit desEnseignements primaire et secondaire qui y

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    La Situation du Dveloppement Humain au Gabon

    Les rsultats de lEGEP 2005 indiquent quemoins de la moiti des parents dlves sontsatisfaits de la qualit du systme ducatif.Les problmes les plus saillants relevs Libreville et dans dautres rgions du payssont : le manque de livres/fournitures (31%),et les effectifs plthoriques dans les salles declasses (30%).LEGEP rvle galement que la dpensemoyenne dducation par mnage est assezleve. Elle reprsente environ 4,7% de ladpense totale des mnages. Le poids desdpenses prives dducation est plus levpour les pauvres. Les mnages les pluspauvres dpensent en effet 5,5% de leursressources pour lducation contre 3,8 % pourles mnages les plus riches.

    Encadr 1.3 Perception du Systme ducatif et dpenses desmnages

    Sources: EGEP, 2005 et Profil Pays publi par le PNUD Gabonen Janvier 2006.

    Sources : Tableau de bord social, DGE, avril 2005

    Graphique 1.1 : Evolution du taux de russite au BEPC

    33

  • conduisent ; ces rsultats rvlent clairementdeux de leurs caractristiques qui sont lourdesde consquences pour lEnseignementsuprieur : le pourcentage rduit dlves, et parsuite dtudiants inscrits surtout dans lessries scientifiques, le niveau jug faible des lves etdonc des bacheliers, relier au fait que lagrande majorit des candidats admis le sont lissue du second groupe dpreuves, etultrieurement au taux dchecs massifsobservs au terme de la premire annedtudes suprieures. Aussi, le taux moyen de russite auBAC gnral a une tendance dcroissante surlensemble de la priode ; il passe ainsi de80,9 % en 1970 36,57 % en 2004.Cependant, lanalyse par srie que nousprsentons sur les deux dernires annessemble plus pertinente car, elle permet demieux apprcier ces rsultats dont voici lestendances :

    Lobservation par srie montre une chutevertigineuse en srie D dont le taux passe de63,71 % en 2003 28,90 % en 2004. La srie Aenregistre galement des rsultats assezfaibles : 35,54 % contre 43,63 % en 2003.Le taux global de russite pour lenseignementpriv est de 38,64 % en 2004, les rsultats les plusfaibles (18,51 %) sont enregistrs danslEnseignement priv Protestant.

    1.1.2.1.3 Enseignement suprieur

    Les taux de scolarisation1 faibles traduisent ladperdition observe dans le cyclesecondaire. Il passe de 0,3 % en 1970 7,3 %en 1999 et se situe autour de 8 % en 2003.Lanalyse de lvolution des effectifs destudiants sur la priode 1970-2003 permet devoir quelle est sans cesse en croissancepassant ainsi de 162 tudiants en 1970-1971 10076 tudiants en 2002-2003.Ainsi, le nombre dtudiants2 (gabonais ettrangers) rgulirement inscrits en 2002-2003Source : Direction Gnrale des Enseignements et de la Pdagogie, 2004

    Graphique 1.2 : Evolution du taux de russite au bac

    Tableau 1.2 : Rsultats du BAC pour lenseignement priv en 2004

    Tableau 1.1 : Taux dadmission par sries au BAC

    Source : Direction Gnrale des Enseignements et de la Pdagogie, 2004

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

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    34

  • dans les tablissements placs sous la tutelle(conjointe) du MESRIT3 slevait 10076 :9704 gabonais (dont 6174 garons et 3530filles) et 372 trangers, se rpartissant entrel'universit Omar Bongo (UOB, 6128),l'universit des Sciences et Techniques deMasuku (USTM, 931), l'universit des Sciencesde la Sant (983) et les grandes coles (2027).Pour connatre le nombre total de personnesengages dans des tudes suprieures, ilfaudrait galement prendre en considration :

    Les tudiants gabonais bnficiantdune bourse de lEtat qui poursuivent leurstudes ltranger ;

    Les tudiants qui effectuent leurscolarit dans des tablissements publics nonplacs sous la tutelle (unique ou conjointe)du MESRIT,

    Les tudiants inscrits dans des

    tablissements denseignement priv.

    A sen tenir aux seuls tudiants inscrits dansles tablissements placs sous la tutelle duMESRIT, en six ans (de 1995 2001), leseffectifs augmentent dun peu plus dun tiers,aussi bien lUOB qu lUSTM. Cest en 1reanne que se trouve le plus fort effectif; ainsi,pendant ces six dernires annes, lepourcentage dtudiants de premire anne(niveau BAC+1) par rapport au total desinscrits en 2002 oscille entre 52 et 78 %.

    La Facult de Lettres et des SciencesHumaines (FLSH) et la Facult de Droit et desSciences Economiques (FDSE) concentrentenviron 60 % des tudiants. Cette stabilitmasquant toutefois une dcrue relative de laFDSE et une monte en puissance de la FLSH(37,75 % des effectifs totaux en 1995- 1996,41,5 % en 2001 et 40,7 % 2003 soit unergression de 0,8 %).

    Cette prdominance des filires classiquesnest videmment pas neutre si lon tientcompte du contenu des enseignements. Elleva dans le droit fil de celles mises en placedans les annes 1970, lors du lancement delEnseignement suprieur au Gabon et est relier la question rcurrente deladaptation de loffre de formation auxattentes du march de lemploi (entreprises,administrations publiques). En fait, trop defilires offrant des formations gnrales ontt cres sans vritable souci des dbouchs

    pour les tudiants en Lettres et SciencesHumaines notamment. Il nest pas rare de voirles laurats chmer au terme dun parcourspourtant trs slectif. Paradoxalement, lesbacheliers des sries technologiquesindustrielles (de lordre de 300 par an), ne sevoient offrir que de trs faibles possibilits depoursuite dtudes en rapport avec leur

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    La Situation du Dveloppement Humain au Gabon

    Graphe 1.3 : Evolution des effectifs des tudiants, 1970-2003

    Source : MESRIT

    1 tableaux de bord social N1 et N22 Effectifs comptabiliss lors de linscription3 Ministre de lenseignement suprieur, de la rechercheet de linnovation technologique

    35

  • formation antrieure, acquise grands fraispour la Nation (moins de 5 sont admis chaqueanne lEcole Polytechnique de Masuku) alorsque les entreprises ont des besoins quelles nepeuvent satisfaire quen faisant appel la mainduvre trangre.Dune manire gnrale, les tudesprofessionnelles dans lenseignement suprieurne sont pas assez dveloppes et confirment ledficit gnralis pour lensemble des autresformations professionnelles quel que soit leniveau et /ou le secteur. Ainsi, environ 3 enfantssur 1000 dune mme classe dge optent pourdes tudes suprieures professionnelles en STI, 7sur 1000 dans des tudes de STT et 4 sur 1000sorientent vers les autres formationsprofessionnelles4 .

    Enfin lextrieur du pays, compte tenu desmodalits dattribution des bourses, trop dejeunes poursuivent actuellement des tudescoteuses pour les finances publiques maissans vritable intrt par rapport aux besoinsdu pays : au retour, beaucoup peinent

    trouver un emploi.

    Les taux dchecs dans lenseignementsuprieur sont trs levs (voir annexes). Ils sesituent pour la facult dconomie 84 %, lafacult des lettres 66 %.

    De plus, il faut noter que la grande majoritdes tudiants obtiennent le DUES, DEUG en 3ans, et un nombre non ngligeable en 4 ans,au lieu des 2 ans recquis. Ce qui est uneconsquence des forts taux de redoublementen premire anne (voir annexes).

    Pour confirmer cette tendance, le suivi dedeux cohortes de nouveaux tudiants,inscrits pour la premire fois lUSTMrespectivement en 1996 - 1997 et en 1997-1998, fait apparatre que la moiti dentre euxseulement ont obtenu le DUES lissue deleur scolarit lUSTM. Les autres ont quittltablissement sans aucun diplme aprs yavoir pass une anne (environ 40 %), 2 ans(environ 10 %).

    La rpartition des tudiants par groupe dge(voir annexe) fait ressortir que la majorit destudiants a un ge compris entre [21- 25 ans]dont plus de la moiti (64,5 %) se trouve en1ere anne.A lcole polytechnique, Le nombre de

    diplmes dlivrs augmente lgrementmais irrgulirement chaque anne depuis1995- 1996 : il est pass de 10 28 pour lesdiplmes d'Ingnieurs et de 40 52 pour lesdiplmes de Techniciens Suprieurs(Ingnieurs des Techniques).Le graphique ci-dessus met en exerguelvolution du nombre de diplms forms lUSTM. Il montre suffisance quon formeplus de diplms bac+2 que de diplms en

    4 J. Ginesti et col. (2004), Quel systmedenseignement technologique et de formationprofessionnelle pour le Gabon... ?

    Graphe 1.4: Evolution du nombre de diplms LUSTM de 1995 2001

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    Source : Direction Gnrale des Enseignements et de la Pdagogie, 2004

    36

  • licence, matrise, ingnierie des travaux ou deconception.1.1.2.1.4 - Formation professionnelle

    Lenseignement technique et professionnelconstitue lun des secteurs cls pour la luttecontre le chmage et la rduction de lapauvret au Gabon.

    En 2004, cet ordre denseignement comptait8996 lves au niveau de lEducationNationale et 650 stagiaires pour le Ministrede la formation professionnelle. Cest lun dessous-secteurs o laccs est le plus difficile enraison de lexclusion dune frange de lapopulation scolaire (CM2, 6me) desformations offertes. Le niveau exig pour yaccder est celui de la classe de 5me.

    De 1973 1998, les Centres de lAgenceNationale de Formation Professionnelle et dePerfectionnement (ANFPP) ont form 9108stagiaires. Cet effectif reste drisoire face auxbesoins actuels de dveloppement du pays.

    En effet, le dernier recensement de lapopulation gabonaise laisse apparatre queprs de 42 % de chmeurs sont gs demoins de 25 ans. La demande en formationprofessionnelle dans les structures de lANFPPdpasse de loin les possibilits de loffrepdagogique. En 2003, le Gouvernement dela Rpublique a demand que lon doubleloffre. Ainsi, sur plus de 6700 demandes, 1445candidats ont t retenus.

    Lquation de fond est sans doute ledoublement des effectifs alors que le nombrede structures daccueil naugmente pas defaon proportionnelle et que la formationdispense ne prend pas en considration lesbesoins rels du march.

    Pour cette catgorie de formation, lesrsultats sont globalement satisfaisants avecun taux de russite de 65,40 % au BAC en2003. Notons cependant quen ACA (Action etCommunication Administrative), les rsultatssont faibles avec un taux de russite de 23,6%; il est seulement de 26,71% en ACC (Action

    et Communication Commerciale).Le systme de formation professionnelle secaractrise donc par des rendements faiblesau niveau interne et externe.Le taux de russite global aux examens delenseignement technique tourne autour de30 %. Ce faisant, ce taux est survalu au prixdun abaissement des moyennesdadmission. Les taux de dperdition sontparticulirement levs et peuvent dpasserparfois 50%. Le taux dchec observ estimportant (taux moyen de redoublement26,45 %, taux dexclusion et dabandon 18,40%). Il est noter que certains tablissementsatteignent un taux de redoublement de 40 %et dautres, un taux dexclusion de 28 %.

    Le problme du rendement externe dusystme dducation touche de plein-fouetlenseignement technique et professionnel.Thoriquement ax vers lemploi du secteurmoderne, beaucoup de filires ne sont plusaujourdhui adaptes, lenseignementprofessionnel ne correspondant pas auxbesoins des employeurs. Les programmes etles mthodes de formation sont restspratiquement inchangs depuis plus de dixans. Linadquation orientation - formation -emploi sexplique donc en partie parlinadaptation des contenus denseignementface loffre demploi. Le dnuement enmoyens matriels et didactiques,lobsolescence des quipements, le manquede main duvre, le non recyclage desformateurs et labsence de concertation avecles employeurs, entre autres faiblesses,entranent une formation plus thorique quepratique, coupe des besoins rels delconomie et des exigences du march delemploi. A cela sajoute la non intgration destechnologies de linformation et de lacommunication dans les cursus de formationet la non matrise de langlais qui est lapremire langue de communication auniveau mondial.

    1.1.2.1.5 - LAlphabtisation :

    Avec un taux dalphabtisation de 85,4 % en2005, lun des plus levs dAfrique

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    La Situation du Dveloppement Humain au Gabon

    37

  • subsaharienne, lon peut affirmer sansambages que la population gabonaise estassez alphabtise.Toutefois, on observe une disparit rgionaleassez importante dans lalphabtisation (67,8% dans les rgions du sud, 80,3 % dans leNord, et environ 91,4 % dans les grandesvilles telles Port-Gentil et Libreville).

    1.1.2.2 La sant

    Comme dans les autres secteurs couverts parles OMD, le Gabon a fait siennes lesproccupations de la communautinternationale dans le domaine de la sant.Cest ainsi que les objectifs stratgiques duPlan National de Dveloppement Sanitaire(PNDS) ont t redfinis comme suit:

    rduire la morbidit et la mortalit maternelle et infantileet crer un rapport avec les grands problmes de sant y comprisla morbidit et la mortalit lies aux maladies mergentes et r-mergentes ;

    amliorer la disponibilit des services sanitaires de base etamliorer loffre et la qualit des prestations sanitaires essentielles ;

    amliorer lorganisation, le fonctionnement et la gestion dusystme sanitaire national.

    Si lon veut tre optimiste quant laralisation dici 2015 de lobjectif delducation primaire pour tous les enfants, il ya lieu de relativiser srieusement latteintedici 2015 des cibles du millnaire dans lesecteur de la sant (hormis le VIH/SIDA).

    En effet, les indicateurs de sant du Gabondemeurent proccupants malgr le niveaulev de revenu du pays. Cette situation estdue en grande partie un dficit daccs auxsoins de sant, une couverture vaccinalefaible et ingale, et une insuffisance enapprovisionnement en mdicaments.

    La sant apparat ainsi comme le secteur ole niveau de revenu du Gabon contraste leplus avec ses performances. En effet, leGabon a des indicateurs de sant similaires ceux des pays pauvres.

    Lesprance de vie la naissance, au Gabon,est estime par le RMDH 2006 55,2 ans pourles femmes et 53,7 ans pour les hommescontre 56,8 ans et 54,1 ans respectivementpour les femmes et les hommes malgaches.Le Document Profil Pays du Gabon publipar le PNUD Gabon en janvier 2006mentionne que ces chiffres sont assezrvlateurs si lon se rfre au PIB/habitant enPPA de lanne 2003 qui est de 6.397 US$pour le Gabon et de 809 US$ pourMadagascar.

    Par ailleurs, lEDS (Enqute DmographieSant) 2000 estime le taux de mortalitinfantilo-juvnile 87 dcs pour 1.000habitants, ce qui est assez lev pour un payscomme le Gabon compte tenu de son niveaude revenu. De mme, avec un taux de 57 pourmille (EDS 2000), la mortalit infantileconstitue une proccupation.

    Les principales causes de mortalit infantilesont essentielles pour orienter la rponsenationale. Les taux de mortalit infantile etinfanto-juvnile sont respectivement de 61,1pour mille et de 91,4 pour mille naissancesvivantes. Le premier Rapport National deprogrs des Objectifs du Millnaire pour leDveloppement du Gabon indique que lamortalit infantile est principalement due aufaible poids la naissance (11,8 %), laprmaturit (7,5 %), la diarrhe (5,3 %), lanmie (2,19 %) et au paludisme (2,12 %).

    Chez les enfants de moins de 5 ans, lamorbidit est domine par les maladiesinfectieuses. Cest le cas du paludisme, desmaladies vitables par la vaccination (85,8 %),des maladies diarrhiques (74,2 %), desinfections respiratoires aigus (21,1 %) etparasitaires (amibiase, notamment).

    La mortalit maternelle est galement leveavec un taux de 519 dcs pour 100.000naissances vivantes, soient 250 dcsmaternels par an (EDS 2000). En 2003, sur19.101 accouchements enregistrs dans lesstructures sanitaires, lon a dnombr 49 dcsmaternels et 156 dcs de nouveaux ns au

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    38

  • cours de la priode no-natale.Chez la femme, les principales causes demortalit sont lies la reproduction, enparticulier aux avortements, hmorragies etpathologies de la grossesse encore appelesdysgravidies. La prvalence contraceptivereste faible (32,7 %).

    LEGEP 2005 rvle que laccs aux services desant (entendu comme la probabilit devisiter les services de sant pendant lesquatre dernires semaines) est ingal car lesmnages pauvres recourent largement moinsaux services de sant que les mnages riches,avec une probabilit de 8 % contre 16 %. Lesmnages les plus pauvres comptent pourenviron 14 % du total des visites aux centresde sant, contre 25 % pour les mnages lesplus riches. Cette disparit sexpliquepartiellement par le cot lev desconsultations de sant et le manque demdicaments.

    Pour faire face ce profil sanitaire peurassurant et mettre le pays sur la voie de laralisation des cibles du millnaire relatives la mortalit infantile et la mortalitmaternelle afin de promouvoir de maniredurable le dveloppement humain au Gabon,le Gouvernement sest engag dansllaboration dun Plan National deDveloppement Sanitaire (PNDS) pour lapriode 20062010.Comme le dclarait le Ministre d'Etat charg de

    la Sant publique, Madame Paulette Missambolors de son audition au C.E.S. en mars 2006 : lefinancement de la mise en uvre de ce Plannational de Dveloppement Sanitaire permettrade relever les dfis majeurs auxquels estconfront notre systme de sant en luidonnant les moyens utiles et ncessaires

    pour atteindre les Objectifs du Millnaire telsque dfinis par la Communautinternationale avec comme rsultat uneadaptation qualitative de loffre desprestations sanitaires essentielles de nospopulations .

    1.1.2.3 Lutte contre le VIH/SIDA

    Vritable flau mondial qui touche prs de 40millions dadultes et denfants et qui prendchaque jour des proportions de plus en plusalarmantes, le VIH/sida constitue uneproccupation majeure de la communautinternationale qui lui a consacr une cibledans le cadre des OMD. Cette cible vise stopper, dici 2015, la propagation duVIH/sida et commencer inverser la tendanceactuelle.Compte tenu du niveau lev de laprvalence du VIH/sida au Gabon et de satendance la propagation rapide, leGouvernement gabonais qui cherche asseoir les bases durables de la promotion dudveloppement humain, a fait sienne la cibledu millnaire susmentionne. En effet,daprs les travaux du PNLS, la prvalence duVIH/sida est passe de 1,8 % en 1986 8,1 %en 2005. Ce niveau de prvalence nationalmasque de grandes disparits spatiales carles grandes mtropoles du pays connaissentdes niveaux de prvalence plus importants.Les donnes les plus rcentes recueillies parlONUSIDA montrent que 4,2 % de la

    population ge de 15 49 ans est infectedu VIH/sida. Une tude ralise en 2000 sur lenombre de tests positifs par sexe rvle quil ya deux fois plus de femmes sropositives quedhommes sropositifs. Les dterminantsmajeurs de la vulnrabilit des femmes faceau VIH sont leur statut social et la situation deprcarit financire dans laquelle plusieurs

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    La Situation du Dveloppement Humain au Gabon

    LEnqute de Perception de la Pauvret rvle que dans le contexte de pauvret ambiante, les conditionsdaccs aux soins psent sur la sant ; 83,7% des rpondants jugeant ces conditions plutt difficiles contre12,2% qui considrent laccs aux soins plutt facile. Ces conditions daccs difficiles sont dues : (i) pour 62,2%des mnages aux cots levs des soins de sant, (ii) pour 20,5% la mauvaise qualit de laccueil dans lesstructures sanitaires, et (iii) pour 15,4% lloignement des structures sanitaires.

    Source: Enqute de Perception de la Pauvret, 2004

    Encadr 1.4 La sant dans lEnqute de la Perception de la Pauvret

    39

  • dentre elles se trouvent.

    Pour faire face lampleur et la propagationde cette pandmie qui constitue une menacesrieuse de sant publique et contre le

    dveloppement, les rponses nationalessuivantes ont t apportes :

    i) mise en uvre depuis 1993 duProgramme National de Lutte contre le sidaet les MST (PNLS/MST) ;

    ii) cration dun Comit Consultatif pour lalutte contre le VIH/sida ;

    iii) mise en place dun Fonds NationalThrapeutique (1,5 million USD pour la PTME)et dun Plan daccs ce Fonds ;

    iv) adoption et excution dun PlanStratgique National de lutte contre leVIH/sida 2001-2005 ;

    v) demande et obtention dun financementdu Fonds Mondial de lutte contre le VIH, lepaludisme et la tuberculose pour un montant de3 154 500 US$ sur deux ans ;

    vi) naissance de plusieurs associationsnationales de prvention du VIH/sida etdfense des droits des PVVIH, etc.

    Le Plan Stratgique de lutte contre le VIHpour la priode 2000/05 vise :

    (i) assurer une surveillance pidmiqueeffective du VIH/SIDA et des autres IST ;

    (ii) prvenir la survenue de nouvellesinfections par le VIH au sein de la populationgnrale grce la rduction des facteursfavorisant la transmission sexuelle du VIH ;(iii) dvelopper la comptence socialeface au VIH/sida en vue de la constitutiondun vaccin social au sein de la populationgnrale grce la mise en oeuvre delapproche rponse locale ;

    (iv) rduire la vulnrabilit des groupesparticulirement exposs linfection par leVIH par la mise en oeuvre de plans dactionssectoriels de lutte contre le VIH/sida ;

    (v) amliorer le bien-tre des personnesvivant avec le VIH/sida grce la prise encharge mdicale et psychosociale ;

    (vi) rduire la transmission par les voiesautres que sexuelles, grce la scurittransfusionnelle en milieu de soins et enlaboratoire et la prvention systmatique

    Mobilisation estudiantine contre le VIH/SIDA luniversit Omar Bongo .

    Inverser la tendance la propagation du VIH/SIDA par des campagnes desensibilisation

    Photos : assurer la scurit transfusionnelle dans les laboratoires et leshpitaux

    Rapport National sur le Dveloppement Humain au Gabon, 2006

    Dette Publique & Dveloppement Humain au Gabon

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  • de la transmission mre-enfant ;

    (vii) crer un environnement social, thiqueet juridique favorable au respect de la dignitet des droits des personnes infectes ouaffectes par le VIH, et enfin ;

    (viii) accrotre les capacits de gestion etles performances du Programme National deLutte contre le sida

    Par ailleurs, on observe une volont politiqueau niveau le plus lev dans la lutte contre leVIH/sida travers notamment lOrganisationdes Premires Dames Africaines pour la Luttecontre le VIH/sida (OPDAS) qui, sous leleadership de lEpouse du Chef de lEtat, a misen place un plan dactions, qui met laccententre autres, sur la cration des Centres deTraitement Ambulatoires (CTA) dans les 9provinces du pays.

    Toutefois, la lutte contre la propagation duVIH/sida est loin dtre gagne et lesinitiatives engages doivent tre renforces.Ainsi, les pouvoirs publics doivent porter uneattention particulire aux allocationsbudgtaires consacres la lutte contre leVIH/sida qui demeurent marginales avec unpourcentage strictement infrieur 0,15 %du budget total de lEtat au cours de ces troisdernires annes. Pire encore, cette allocationbudgtaire connat une tendance la baissesur la priode susmentionne. Lessentiel dufinancement actuel pour la lutte contre leVIH/sida provient des bailleurs de fonds.Compte tenu des ravages du VIH/sida et deson impact micro, mso et macroconomiques certain, les pouvoirs publicsdoivent relever significativement lesallocations budgtaires en faveur de la luttecontre le VIH/sida afin daugmenter leschances du pays d atteindre la cible dumillnaire relative au VIH/sida , savoirstopper dici 2015, la propagation duVIH/sida et commencer inverser latendance actuelle. La lutte contre la pauvretet lexclusion dune part, et lautonomisationdes groupes vulnrables dautre part,concourent galement mettre le pays sur la

    voie de la ralisation de cet OMD.

    1.1.3 Lenvironnement

    Avec une faade atlantique de 800 Km, unefaune et une flore abondantes, denombreuses espces animales et vgtalesendmiques et une faune dense, le Gabonregorge de nombreuses richesses naturellesdont lexploitation ne va pas sans poser desproblmes dordre environnemental.Parmi ces problmes, on peut citer :

    (i) une forte pression sur lexploitationdes ressources naturelles forte valeurajoute (ressources ligneuses, faune et flore) ;

    (ii) la pollution au sein desagglomrations urbaines et rurales, enparticulier des eaux de surface et des nappesphratiques ;

    (iii) lintensification des activitsextractives engendre par les exigences dudveloppement et par la crise conomique ;

    (iv) le manque de moyens matriels etfinanciers pour exercer certaines activitsrelevant de la valorisation des produitsforestiers non ligneux et du secteur de lapche, etc

    Fort de ce qui prcde, le Gabon adhreentirement la proccupation de lacommunaut internationale dans le domainede lenvironnement, exprime traverslOMD N7 Assurer un environnementdurable. La cible du millnaire qui cadreavec cette sous-section est dintgrer lesprincipes de dveloppement durable dans lespolitiques nationales et inverser la tendanceactuelle la dperdition des ressourcesenvironnementales.

    Pour sattaquer aux problmes susmentionns,poser les bases dun environnement durable etassurer ainsi la ralisation de lOMD N7, lespouvoirs publics gabonais ont entreprisplusieurs initiatives, souvent en part