7/23/2019 Grabar, Andre, Éloge Funèbre de M. Henri Gregoire, Associé Étranger de l'Académie
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Comptes rendus des séancesde l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres
Éloge funèbre de M. Henri Gregoire, associé étranger del'AcadémieMonsieur André Grabar
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Grabar André. Éloge funèbre de M. Henri Gregoire, associé étranger de l'Académie. In: Comptes rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 108ᵉ année, N. 2, 1964. pp. 288-291.
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288
SÉ NCE DU
9
OCTOBRE
PRESIDENCE DE
M. ANDRE GRABAR
Le Président prononce l'éloge funèbre de notre associé étranger
à Bruxelles,
M. Henri Grégoire, décédé le 28 septembre.
Il
exprime
les regrets de
l Académie
en
ces
termes :
Mes chers Confrères,
Le 28 septembre
dernier
est
décédé,
dans
les
environs
de Bruxelles,
notre membre
associé
étranger,
Henri-Clément-Gaston
Grégoire.
Né
le
21
mars
1881
à
Huy,
dans
la
province
de
Liège,
il
fit
des
études classiques sous la direction de maîtres belges comme Léon
Parmentier
et Charles Michel.
Il
se rendit ensuite en Allemagne,
pour
suivre des cours de Wilamowitz
et
de Krumbacher. Enfin,
il passa trois
années à Athènes, comme membre
étranger
de l École
française sous
la
direction
de Maurice
Holleaux, et il
fut élève de
l École
des
Hautes-Études et
aussi (pour
le syriaque),
de l Institut
Catholique
de
Paris.
Dès son retour en Belgique, en 1909,
il
fut nommé chargé de cours
à une
chaire
de philologie grecque, à l'Université libre de
Bruxelles.
Cette chaire devait rester
la
sienne jusqu à
sa retraite. Mais son
enseignement,
que
petit
à
petit
il
centra
sur
la
philologie
byzantine
et
grecque
moderne,
n a pris de l ampleur
qu à
partir de 1923, année
du
Congrès international
des
Études byzantines tenu
à Bruxelles,
et dans le cadre duquel Henri Grégoire avait organisé une
section
byzantine.
Son enseignement à Bruxelles
fut
interrompu deux
fois
: en
1925-
1927, il
accepta la
charge
de
doyen
de la Faculté des Lettres du
Caire,
patronnée
par le roi
Fouad. Mais Grégoire fut heureux de
revenir
à
Bruxelles,
où,
de
1929
à
1932, il
fut
doyen
de la
Faculté
des
Lettres de l Université
libre.
La
seconde interruption a
été plus longue : ce fut
pendant
la
deuxième
guerre
mondiale.
Henri
Grégoire
quitta
alors la
Belgique
et l Europe
et se fixa aux États-Unis.
Il
y enseigna dans plusieurs
universités
et, installé à New York, y
fonda
l École libre des Hautes-
Études
de New York. Sous sa présidence, ce foyer de culture
française
fut très actif
pendant
et après
la
guerre.
Henri
Grégoire a été
notre correspondant
depuis
1936.
Il fut élu
associé étranger le 25 mai
1951 en
remplacement du R.P. Paul
Peeters. Depuis 1931, il faisait partie de l Académie Royale de
Belgique.
D autres académies et
sociétés
savantes, dans le
monde
entier,
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ÉLOGE FUNÈBRE DE M. HENRI GRÉGOIRE 289
le
comptaient
parmi ses membres
; plusieurs
universités lui avaient
décerné le
titre de
docteur honoris causa.
Ses
élèves, collègues et
admirateurs ont
célébré
à
plusieurs reprises l œuvre de Henri
Grégoire,
par
des
manifestations
diverses et
en
publiant
quatre
volumes de
Mélanges.
Henri
Grégoire devair ces
distinctions et une très
grande^
Tépir^
tation de
byzantiniste
brillant,
voire génial,
à ses dons
ex eptionnels des
langues,
à son
intelligence
rapide
servie par une
mémoire
remarquable
et à
son
goût
de la recherche qu il appliquait
à
des
sujets
très différents, voire
à des
domaines d études très
éloignés
les uns
des
autres.
Perspicace, il
lui est arrivé
maintes
fois
de
faire
des «
découvertes
», c'est-à-dire
des constatations
qui réhabilitaient,
ou, au contraire, rejetaient dans l'ombre des textes et des
personnages
corrigeaient
des
erreurs
invétérées,
ouvraient
des
horizons
nouveaux.
Ce
sont les conclusions de ce genre, qui
modifiaient
sur
tel point, souvent
important, une opinion courante,
qui ont
rendu
célèbres bien
des
études de Henri Grégoire. Pendant près d un demi-
siècle,
il a
été
le
byzantiniste le plus
original, le
plus
inventif, le
plus
ouvert
aux
problèmes
nouveaux,
dans
plusieurs
domaines
de
recherches
possibles.
Henri
Grégoire
sentait toujours le besoin de fixer très rapidement,
par une
publication,
le
fruit de
ses
recherches
et
de
ses
études.
C'est
ce qui en
fit le
fondateur
et
le
rédacteur
de
journaux et
de
revues,
dans tous
les genres,
y compris des périodiques
de caractère
politique
comme
Le Flambeau,
ou
de
vulgarisation
scientifique,
comme
La Nouvelle Clio
(1946),
avec ce sous-titre découvertes historiques.
Mais
il
fonda
aussi la revue scientifique de Byzantion (1924) et les
Annuaires de
l'Institut
de Philologie et de l'Histoire orientale et
slave, de l'Université libre de Bruxelles (1932). Le même goût
pour une
communication rapide
avec un
auditoire
important fit
de Grégoire l'un
des
animateurs des
Congrès
des
Études byzantines,
qui
débutèrent
en
1924 et
se
succédèrent
depuis
à un
rythme rapide
(sauf
pendant
les
années
de la
seconde
guerre mondiale). H.
Grégoire
aimait ces réunions,
savantes
et
amicales,
et y trouvait un auditoire
fidèle,
qu il savait gagner à ses vues. Henri Grégoire vivait une
vie intense
et
nerveuse,
et
son
activité scientifique était conduite
de la même façon, avec
un débit
très rapide,
trop
rapide parfois,
d où
l'insuccès
de
quelques-unes
de ses hypothèses
lancées
au
passage,
et
l absence de
grands
ouvrages de
base qu on
pouvait
espérer de
lui.
Il
ne saurait être question ni d analyser ici ni même d'énumérer
les six cents
et
quelques mémoires
et articles scientifiques
publiés
par
Henri
Grégoire, entre 1900
et 1964.
La tâche serait d autant
plus difficile
que
Grégoire était à
la fois helléniste
classique, byzan-
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290
COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE
DES INSCRIPTIONS
tiniste,
slavisant, mythologue,
historien
et
philologue, historien
des
religions.
Des bibliographies
de
Henri Grégoire ont été publiées
d ailleurs dans ses Mélanges. Nous nous
bornerons donc
à
relever
un certain nombre
de ses
travaux
parus
les plus
connus.
Henri
Grégoire a
été avant tout un helléniste,
et
c'est ce que Paul
Mazon, qui l avait présenté à l Académie, a souligné avec force.
Il
a mis en valeur ses connaissances parfaites du grec classique,
la
sûreté
de ses méthodes
et
l excellence des éditions d Euripide
que
Henri Grégoire avait
données
à
la
Collection
des Universités
de
France, ainsi
que le grand
intérêt de
ses commentaires
à
la Vie de
Porphyre de Gaza, par Marc le
Diacre (1930).
On devrait se
rappeler aussi, en
pensant aux études de Henri
Grégoire relatives
à l'Antiquité,
ses
travaux
consacrés
à l époque
constantinienne.
Un essai
brillant
sur
l'origine
du terme
labarum
et surtout
ses études sur la
Vie
de Constantin
attribuée
à Eusèbe, et
à
la
conversion de Constantin ont fait époque. Le passage de Henri
Grégoire par les études
constantiniennes
y a laissé
un sillon
profond.
C'est à
une institution
à la
fois romaine et byzantine,
les Dèmes
du
Cirque, que
Henri Grégoire
a
consacré d'autres études qui eurent
un retentissement
considérable. Partant
d'un essai
de
l'historien
croate Manojlovic, Henri Grégoire a pu montrer
que
les Verts
et
les Bleus,
à
Byzance, gardaient le
caractère
de partis
politiques
et
se distinguaient aussi du point de vue religieux
(les
Verts ayant
tendance au monophysisme, tandis que les
Bleus restaient
généralement
orthodoxes).
On
doit
à Henri Grégoire des études
nouvelles sur la dynastie
amorienne
qui régna
à Constantinople
au
ixe siècle,
et
c'est par
ses
soins que Michel in
dit
l'Ivrogne, calomnié
par les historiens
byzantins qui écrivaient
sous
les Macédoniens,
fut
réhabilité,
et
l importance de son règne établie d'une
façon
définitive.
Évoquons encore les articles
retentissants
de
Henri Grégoire,
dans
le
Byzantion,
et
sa monographie en grec
moderne,
consacrés
à Digenis Akritas
et
l'épopée byzantine. A aucun
autre problème
d'histoire et
de
philologie, Henri
Grégoire n a
consacré
plus de
temps
et
de peine. On lui doit d avoir montré la priorité des chants épiques
populaires
sur
le
«
grand poème
»
de
Digenis
;
on
lui
doit
aussi
les
meilleures
explications, complètes
et
cohérentes, de
l'arrière-plan
géographique
et
historique des
diverses
versions du poème.
Enfin,
rappelons
que Henri
Grégoire
a contribué activement
à
l'histoire des hérésies byzantines et
para-byzantines,
— à l'histoire
des Cathares,
des Pauliciens, des
monophysites, — et qu il a fait
de
nombreuses incursions dans le domaine de l'histoire des peuples
voisins
de
Byzance,
Arméniens, Khazars,
Russes,
Bulgares, Serbes,
Roumains.
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UNE
NOUVELLE
INSCRIPTION
MYCÉNIENNE A
THÈBES
291
Philhellène convaincu, Henri Grégoire comptait beaucoup d amis
en
Grèce et dans la plupart des
pays de
l Europe orientale ou
«
byzantine
»,
où
ses
travaux
continueront
à
être
admirés
et
parfois
discutés avec
vivacité.
Henri Grégoire a été
un grand
animateur,
dans bien de domaines de la byzantinologie (exception faite de
l'art), et
partout les
byzantinistes
se
rendent
compte aujourd4mir
du vide
que
sa
mort
a
créé
dans leurs rangs.
M. Robert Bossuat
entretient
l Académie de Dagobert, héros
de romans du Moyen
Age.
L Académie
décide
de retenir
cette communication
pour être
lue à la
séance
publique
annuelle
de l Académie, le
20
novembre.
M.
Michel Lejeune
communique une nouvelle inscription
mycénienne
de
Thèbes.
COMMUNICATION
UNE NOUVELLE
INSCRIPTION MYCÉNIENNE A THÈBES,
PAR
M. MICHEL LEJEUNE, MEMBRE
DE
L'ACADÉMIE.
1. L usage,
à Thèbes, du
linéaire
B
pour
noter du grec
est, depuis
longtemps, établi par quelques brèves inscriptions peintes sur
vases,
fournissant notamment
des
anthroponymes
tels que 'Apsipiivrçç
(aremene), EuSôcjjioç (eudamo),
Asuxoç
(au génitif : reukojo),
etc.
Ces poteries, tant
du
point
de vue archéologique
que
du
point
de
vue
épigraphique,
feront
l objet
d'une étude
d ensemble
que
prépare
présentement
Jacques
Raison ; il les
date du xme
siècle.
Ce
matériel épigraphique se
trouve
désormais accru par la récente
découverte de dix
fragments
de tablettes,
attestant
l'existence, à
Thèbes, d'une
comptabilité
palatiale sur argile, analogue à celles
que
nous connaissons déjà pour Cnossos, Pylos
et My
cènes. Dès
lors, on peut raisonnablement espérer
que
des fouilles
ultérieures
nous apporteront
des
textes
en nombre
et
en importance plus
considérables.
C'est
à
l automne 1963
que des excavations,
destinées
aux
fondat ions
d'immeubles
nouveaux,
ont
amené, dans
le
quartier
du
Cad-
meion, la découverte1 de
constructions
mycéniennes, en deux
points
distincts, rue Antigone
et
rue Pélopidas. La première
construction
(rue Antigone)
se
trouvait contenir une
abondante
collection
d objets précieux en or, en lapis-lazuli, en agate et en
verre ;
1.
Les
indications données ici reposent
sur
le
très
bref rapport
préliminaire
d'Evi
Touloupa, publié (avec
9
photographies
hors
texte)
au
fascicule III.l
(1964)
de la revue
Kadmos
Berlin),
p.
25-27.
La
tablette
ici étudiée
est
celle que
représente
la pi.
9.
Dans
le
même
fascicule
: une note complètement
erronée)
de
K.
Ktistopoulos sur la
lecture
de la tablette
(p. 28)
;
une
note
pertinente)
de
A.
Falkenstein
(p.
108-109) sur
quelques-
uns des
sceaux
sémitiques du trésor.
1964 20