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Page 1: Histoplasmose révélatrice de l’infection à VIH

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tome 35 > n°12 > décembre 2006 > cahier 1

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Presse Med. 2006; 35: 1849-50© 2006. Elsevier Masson SASTous droits réservés

Une femme de 32 ans, d’origine Camerounaise, sans antécédent, était hospitaliséepour une fièvre au long cours. L’histoire de la maladie débutait par des douleurs épi-gastriques 2 mois auparavant. La patiente se plaignait depuis 3 semaines de douleursdes genoux d’horaire mixte avec des pics fébriles à 40 °C, et avait remarqué depuis15 jours une éruption de la face et des épaules.L’examen clinique trouvait une micropolyadénopathie, une hépatomégalie et une érup-tion maculopapuleuse discrètement ombiliquée du visage, du tronc et des membressupérieurs (figure 1).L’hémogramme trouvait une anémie à 6,6 g/dL, une lymphopénie à 0,42 g/L et unethrombopénie à 70 g/L. Les LDH étaient augmentées à 2000 U/L (5 N).Une infection par le VIH, évoquée devant la polyadénopathie avec lymphopénie, étaitconfirmée par un test rapide (CD4 6/mm3). L’association des lésions cutanées, d’unefièvre et d’un probable syndrome d’activation macrophagique biologique faisait évo-quer une histoplasmose disséminée.Des parasites intramacrophagiques étaient vus sur le myélogramme. La biopsie cuta-née montrait la présence d’histoplasmes sans granulome associé (figure 2), la miseen culture a permis d’isoler Histoplasma capsulatum, également trouvé à la myélo-culture. La sérologie de l’histoplasmose était négative.L’évolution a été rapidement favorable avec un traitement par amphotéricine B stan-dard puis liposomale. Le relais par l’itraconazole oral a eu lieu à J16. Un traitement anti-rétroviral par lopinavir, AZT et 3TC a été débuté à J30.

Histoplasmose révélatrice de l’infection à VIH

Vincent Peigne1, Olivier Lidove1, Maria Chauchard1, Antoine Rousseau1, Laurence Choudat2,Aurélie Fabre2, Sandrine Houzé3, Jean-Pierre Trinh-Khac1, Sylvia Males4, Sophie Matheron4,Thomas Papo1

1. Service de médecine interne, 2. Laboratoire d’anatomo-pathologie, 3. Laboratoire de parasitologie-mycologie, 4. Service des maladies infectieuses et tropicales A, Hôpital Bichat, Paris (75)

Correspondance :Olivier Lidove, Service de médecine interne, Hôpital Bichat, 46 rue HenriHuchard, 75018 [email protected]

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tome 35 > n°12 > décembre 2006 > cahier 1

Peigne V, Lidove O, Chauchard M, Rousseau A, Choudat L, Fabre A et al.

Commentaires

L’histoplasmose disséminée est unemycose systémique fréquente enAmérique du Sud et en Afrique sub-saha-rienne. C’est depuis 1987 une maladiedéfinissant le SIDA.Cette observation souligne certains traitsde l’histoplasmose disséminée au coursdu SIDA. Ainsi, une éruption maculopa-puleuse disséminée fébrile avec des élé-ments ombiliqués doit faire évoquer ce

diagnostic, surtout en cas d’immunodé-pression avérée ou suspectée. Des signesbiologiques d’hémophagocytose (ané-mie, augmentation de la ferritine et desLDH) sont également évocateurs [1]. Ellesurvient au cours d’une forte immunodé-pression [2], limitant l’apport de la séro-logie de l’histoplasmose [1], comme danscette observation. Les facteurs pronos-tiques péjoratifs sont l’existence d’une

1 Tobon AM, Agudelo CA, Rosero DS, Ochoa JE, DeBedout C, Zuluaga A et al. Disseminated histo-plasmosis: a comparative study betweenpatients with acquired immunodeficiency syn-drome and non-human immunodeficiencyvirus-infected individuals. Am J Trop Med Hyg.2005; 73: 576-82.

2 Gutierrez ME, Canton A, Sosa N, Puga E,Talavera L. Disseminated histoplasmosis in

patients with AIDS in Panama: a review of 104cases. Clin Infect Dis. 2005; 40: 1199-202.

3 Couppie P, Sobesky M, Aznar C, Bichat S, Clyti E,Bissuel F et al. Histoplasmosis and acquiredimmunodeficiency syndrome: a study of pro-gnostic factors. Clin Infect Dis. 2004; 38: 134-8.

4 Johnson PC, Wheat LJ, Cloud GA, Goldman M,Lancaster D, Bamberger DM et al. Safety andefficacy of liposomal amphotericin B compared

with conventional amphotericin B for inductiontherapy of histoplasmosis in patients with AIDS.Ann Intern Med. 2002; 137: 105-9.

5 Breton G, Adle-Biassette H, Therby A,Ramanoelina J, Choudat L, Bissuel F et al.Immune reconstitution inflammatory syndromein HIV-infected patients with disseminated his-toplasmosis. AIDS. 2006; 20: 119-21.

F igure 2Biopsie cutanée de l’avant-bras gauchea : coloration de Grocott, grossissement x 100 ; b : coloration HPS grossissement x

100. Les flèches indiquent des levures bourgeonnantes.

Références

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F igure 1Front de la patiente à J2 de la prise en charge

dyspnée, une thrombopénie inférieure à100 g/L et des LDH supérieures à deuxfois la normale [3]. Depuis l’apparition del’amphotéricine B liposomale, qui semblesupérieure à l’amphotéricine B [4], et destrithérapies anti-VIH, le pronostic s’estamélioré. L’introduction d’un traitementantirétroviral au cours d’une histoplas-mose disséminée peut entraîner un syn-drome de restauration immune [5].

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