INVENTAIRE SOMMAIRE
DES
ARCHIVES HOSPITALIÈRES
ANTÉRIEURES A 1790
RÉDIGÉ PAR MM. AUGUSTE PETIT & GEORGES MATHIEU, ARCHIVISTES
CORRÈZE
HÔPITAUX DE TULLE, BRIVE, USSEL, ARGENTAT, TREIGNAC, MEYMAC.
SÉRIE H SUPPLÉMENT
TULLE
IMPRIMERIE ADMINISTRATIVE & COMMERCIALE LOUIS MOLES
1911
Avant-propos
Voici enfin terminé le volume d’inventaire consacré aux archives hospitalières du
département ; il est, pour la plus grande part, l’œuvre de M. Aug. Petit, qui a analysé, pièce
par pièce, avec une science et une conscience méritoires, les fonds considérables des hôpitaux
de Tulle et de Brive ; il n’a laissé de côté aucun document qui lui a paru offrir un intérêt
quelconque ; il a pensé avec juste raison, qu’il fallait déroger à la concision habituelle, pour
les documents de cette espèce qui sont, pour diverses raisons, très malaisément accessibles
(M. Stein a raconté les difficultés qu’il avait eues naguère, à pénétrer dans certains dépôts
d’hôpitaux, malgré son titre et des autorisations oflicielles (Cf. Bibliographe moderne, 1907.
pp. 139-141)).
J’ai analysé le fonds de l’hôpital d’Ussel, sensiblement moins riche que les précédents,
et quelques articles relatifs aux hospices d’Argentat, de Treignac et de Meymac.
Il y a eu des disparitions regrettables dans les richesses hospitalières de la Corrèze : les
fonds de Beaulieu, Donzenac et Uzerche n’existent plus ; et pourtant, ils étaient représentés
par un nombre assez considérable de pièces, si l’on en juge par les états qu’en dressa M. O.
Lacombe vers 1860, et par les notes d’inspection des Archivistes.
Le fonds d’Uzerche ŕ le plus intéressant, il comprenait : 32 articles ŕ aurait été
détruit dans un incendie.
Quoi qu’il en soit, et malgré ses lacunes, le présent inventaire offre un intérêt
considérable : il suffît, pour s’en convaincre, de lire l’analyse du fonds le plus complet, celui
de Tulle.
L’hôpital de Tulle a passé comme tous ceux de la région et même de France, par
plusieurs phases : la direction exclusivement ecclésiastique au Moyen-Age, a laissé la place,
au début du XVIe siècle, à une administration où les laïques, sont représentés ; mais ce
changement, très net pour Limoges (Cf. Alf. Leroux, Invent, sommaire des archives de la
Haute-Vienne, série H supplément ; introduction, pp. XII, XIX, XXIII.), très visible aussi
pour l’hôtel-Dieu de Paris (Cf. Camille Bloch, Invent, sommaire... de la collection Joly de
Fleury dans Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. IXIX, pp. 63 et suiv.) ou celui d’Orléans
(Cf. Pierre Bouvier, dans Positions des thèses... pour obtenir le diplôme d’Archiviste-
paléographe (1909), une étude sur l’hôtel-Dieu d’Orléans ; en 1528, le chapitre reconnaît aux
échevins et aux habitants, le droit de participer au gouvernement de l’hôpital.), l’est moins
pour Tulle ; les documents font défaut pour la période médiévale ; au XVIe siècle, au
contraire, on perçoit précisément ce que l’on peut appeler la semi-laïcisation des services de
l’hôpital : c’est ainsi que le 25 juin 1576, un arrêt du Parlement de Bordeaux, ordonne la
formation à l’hôpital de Tulle, d’un bureau des pauvres dont feront partie un des officiers du
roi, un des chanoines et un des consuls de la ville (Invent. p. 245.) ; en 1620, un règlement de
ce bureau, prescrit la nomination de deux syndics, dont l’un ecclésiastique, par les maire et
consuls (Invent. p. 133 ; (voy. aussi E. 7)) ; mais le texte essentiel sur l’organisation de
l’hôtel-Dieu, émane de Louis XIV ; ce roi, par ses lettres patentes de décembre 1670,
prescrivit l’établissement d’un hôpital général à Tulle (Pp. 2 et suiv.) ; d’habitude, ce but était
atteint par la fusion de tous les hôpitaux et confréries charitables, disséminés dans une ville ;
c’est ce qui eut lieu, notamment à Limoges (Leroux, op. cit., p. XII.) ; en 1670, le roi constate
que, malgré l’absence à Tulle d’« aucune maladrerie, léproserie, maison-Dieu, hospice ny
autres lieux destinez pour les pauvres », l’initiative et la générosité privées, ont permis
néanmoins d’aboutir ; l’évêque, en particulier, « a fait un fonds considérable pour la
nourriture et entretien des pauvres, par le moyen de l’union des aumônes générales, tant de
luy que de son chapitre ».
Un hôpital général était essentiellement destiné à renfermer les pauvres d’une ville et
de sa banlieue et à les forcer à travailler : c’était, selon l’expression de l’époque, un hôpital de
manufacture ; cela ressort nettement du préambule des lettres patentes de 1670 [Inv. p. 2] le
nouvel établissement doit « loger, enfermer et nourir les pauvres mandians invalides natifs des
lieux ou qui y auront demeuré pendant un an, comme aussy les enfants orphelins ou nais de
parens mandians, pour y estre tous lesdits pauvres instruits à la piété et religion chrétienne, et
aux métiers dont ils pourront se rendre capables, sans qu’il leur soit permis de vaguer, sous
quelque prétexte que ce soit ». [Cf. aussi, p. 5, l’ordonnance du lieutenant général au siège
présidial de Tulle, du 4 septembre 1753].
En principe, donc, l’hôpital général était distinct de l’hôtel-Dieu et ils fonctionnèrent
parallèlement pendant quelques années, après la fondation de l’hôpital général ; cependant ils
étaient installés dans les nouveaux bâtiments du couvent de Saint-Benoit ; la maison de la rue
de la Barrière, dite l’hôtel-Dieu, fut affermée, quelques années après 1670, à diverses
personnes (G. Melon de Pradou, Bulletin de Tulle, 1882, p. 473.).
D’autre part, en 1750, nous savons par l’inventaire (p. 233) que les bâtiments de
l’hôpital se composaient de 3 corps de logis ayant plusieurs salles ou chambres et 5
infirmeries dont 2 pour les femmes malades, une 3e pour celles en couche et 2 pour les
hommes.
D’une délibération de. 1701 (p. 140) il résulte qu’on songeait à cette époque, pour
diverses raisons, à revenir à l’ancien hôtel-Dieu, projet qui ne fut pas exécuté, d’ailleurs ; en
1679, nous lisons (p. 136) un règlement concernant les honneurs funèbres à rendre aux
directeurs et autres officiers de l’hôpital général ; si nous consultons les reg. de comptabilité
(pp. 172 et 173, etc.), nous voyons que jusqu’en 1671, il est question des trésoriers de l’hôtel-
Dieu, et qu’après 1674, ils sont dénommés trésoriers de l’hôpital général ; on peut faire une
remarque analogue pour les inventaires du mobilier qui sont qualifiés, selon leur date, de
l’hôtel-Dieu ou de l’hôpital ; enfin à partir de 1677 (p. 233) les reg. d’entrée et de sortie
mentionnent à la fois les pauvres et les malades.
Il semble bien résulter de ces différentes remarques que la distinction entre l’hôtel-Dieu
proprement dit et l’hôpital de manufacture, créé pour abriter et amender les pauvres par le
travail et les exercices religieux, est plus apparente que réelle et qu’en tout cas à partir de
1675 environ l’hôtel-Dieu et l’hôpital-général ne font qu’un, ce qui ne signifie pas que les
malades et les pauvres étaient confondus pêle-mêle ; en tout cas, dès 1674, ils étaient logés
l’un et l’autre dans les nouveaux bâtiments de St-Benoît.
M. Melon de Pradou signale d’ailleurs (Bin de Tulle, 1883, p. 69) des lettres patentes
de mars 1675 par lesquelles le roi, en confirmant l’établissement de 1670 « unit et incorpora »
les revenus de l’hôtel-Dieu de Tulle à l’hôpital-général pour être lesdits revenus administrés
parles directeurs de l’hôpital.
Il semble donc bien résulter des textes que l’hôpital général fut la continuation de
l’ancien hôtel-Dieu ; ou, si l’on préfère qu’à l’hôpital de manufacture spécialement créé en
1670, s’ajoutèrent les services hospitaliers proprement dits.
Voici maintenant les principales clauses de ces lettres patentes de 1670 :
Après avoir interdit la mendicité sous peine de châtiments sévères, le roi énumère les
privilèges qu’il accorde à l’hôpital ; beaucoup de ces libéralités étaient de style dans les lettres
patentes du même genre ; il lui attribue les dons et legs faits aux pauvres dans le ressort du
présidial de Tulle, dont l’emploi n’aurait pas été encore fait ; toutes les adjudications
d’amendes et d’aumônes applicables aux pauvres ; le monopole des inhumations, c’est-à-dire
le droit de fournir les tentures et autres accessoires des obsèques ; on sera obligé de. se servir
des pauvres de l’hôpital, pour porter les torches et flambeaux (Cf. Leroux, op. cit., p. XXII).
Le roi permet, en outre, aux directeurs de faire mettre des troncs, boîtes et bassines
dans toutes les églises et chapelles et de faire quêter aux diverses cérémonies du culte et
« généralement partout où la charité pourra être exercée ».
Tous les officiers, tant de judicature que de finance, même les avocats, procureurs,
notaires, sergents, etc., ne pourront être installés sans avoir donné à l’hôpital une somme qui
sera fixée par leurs compagnies ; les marchands, hôteliers, pâtissiers et cabaretiers, seront
taxés par le Lieutenant général ; enfin le roi autorise le fonctionnement d’une manufacture
dans l’hôpital et permet d’en vendre les produits au dehors, sans payer de droits.
C’est, on le voit, le cas de répéter avec M. Leroux (Op. cit. p. XXII) qu’ « au XVIIe
siècle, une institution se croyait d’autant plus forte, qu’elle avait obtenu plus de privilèges et
qu’elle sortait davantage du droit commun ».
La direction spirituelle appartient à l’Evêque et à son grand vicaire, la direction
temporelle à six directeurs, dont quatre laïques ; les agents secondaires (receveur, secrétaire,
sergents, etc.) sont révoqués par les directeurs, à la pluralité des voix.
Le personnel de l’hôpital comprenait, en outre un aumônier, des médecins, des soeurs,
un homme d’affaires, des gens de service, etc., sur lesquels on trouvera dans l’inventaire
d’intéressants détails (Cf. deux substantielles études sur l’hôpital, dans le Bulletin… de Tulle,
1882 et 1883, par M. Melon de Pradou ; on peut y lire, notamment, la liste des directeurs de
1670 à 1792. (Bulletin de 1883, pp. 81 et suiv.)les fonctions de soeurs étaient remplies par des
jeunes filles de bonnes familles, qui servaient les pauvres par pur dévouement ; c’est ainsi
qu’en 1661 (P. 241.), les syndics font un traité avec Dlle Jeanne de Peyrelade, fille d’un
ancien receveur des décimes au diocèse de Tulle ; elle veut continuer à soigner les pauvres,
« sans prétandre aulcune récompanse des hommes, mais de Dieu seul, ne demandant autre
chose dans le dit hôpital, qu’un logement convenable. » En 1707 (P. 142 ; l’hôpital de Brive
était aussi servi par des sœurs de Nevers : p. 274.), deux sœurs de la Charité chrétienne,
Marceline Pauper et Juliette Bernard, sont nommées supérieure et économe de l’hôpital ; en
1792, de nombreux citoyens signèrent une pétition contre les « ci-devant sœurs de Nevers »
(P. 156.) ; pendant longtemps, les médecins ne touchèrent pas d’honoraires ; en 1609, il est
cependant question des gages du Sr Vachot, chirurgien ; plus tard, les Srs Vachot père et fils
touchent 9 ll. par an (Pp. 169 et 243. Voy. une étude du dr P. Morély sur L’exercice de la
médecine à Tulle, à la fin du XVIIe s., ap. Bulletin... de Tulle, 1904, pp. 167 et suiv).
Les ressources de l’hôpital étaient, à première vue, immenses : nous avons déjà vu les
avantages pécuniaires que lui concédaient les lettres patentes de 1670 : droits d’établissement,
d’installation, de lèvement de boutique (V. pp. 57 et 58.), etc, et l’important monopole des
inhumations et draps de baptême (V. 173.) : « L’hôpital fournit aux funérailles qui se font en
lad. ville de Tulle, les ravesches, tapis et autres tanitures (sic) noires ; pour raison de quoy, on
donne à l’hôpital 4 den. pour chacune aulne de ravesche, 2 s. des grands tapis, 21 d. des
moindres, et 1 s. 6 d. des courtibautz... led. hospital fait aller les pauvres, avec leur croix, aux
mortuaires, lorsqu’ils sont invités, auxquels on donne de léguat, pour le moins, 30 ll. » (V. p.
216 (E. 65)). On apprend dans le même registre de comptabilité que l’hôpital demande, pour
la fourniture des toilettes de baptême, 5 s. aux personnes de condition et moitié moins aux
autres.
La charité privée était une des sources les plus considérables de revenus pour l’hôpital ;
les nombreux testaments et legs de la série B en témoignent : tel, entre mille autres, le legs de
600 ll. fait par Ch. de La Fagerdie, infirmier de l’église Cathédrale de Tulle (Cf. Aug. Petit,
Ch. de la Fagerdie et les jeux de l’Eglantine à Tulle, ap. annuaire limousin pour la Corrèze
(Ducourtieux, 1902) ; certaines de ces générosités concernent les pauvres honteux, c’est-à-
dire dépourvus de vêtements ; les plus touchantes sont celles qui émanent de gens de
condition modeste : tel le testament de Jeanne Constant, qui lègue à l’hôpital « la quantité de
20 aulnes de toiles, moitié grosse et l’autre fine », plus deux écuelles et trois cuilliers d’étain
(V. p. 15, et aussi p. 17, le testament de Fr. Laporte, dit lou Soudar ; parfois, mais rarement,
l’hôpital faisait des prêts à intérêt. (V. p. 52, B 48). Un don est intéressant à signaler : il se
compose de deux sommes de 10000 ll., la première léguée à l’hôpital par la femme de
l’intendant des princes de Conti, en faveur d’un hôpital général à Tulle, ou, sinon, d’un
séminaire ; la seconde, donnée par la princesse de Conti, pour servir, en partie, à payer la
maison des filles de St-Benoît vendue 6000 ll. aux pauvres, afin d’y établir l’hôpital,
conformément à l’arrêt de la Cour du 1 juillet 1673 (V. p. 62, B 60.). C’est dans ce couvent,
en effet, sur l’emplacement aujourd’hui occupé par les Carmélites que s’installa dès 1674,
l’hôtel-Dieu, qui avait occupé jusque là une maison sise rue de la Barrière (V. p. 79, l’accord
intervenu entre les administrateurs et les anciennes religieuses de St-Benoit : v. aussi ibid., le
procès-verbal de l’entrée en possession du couvent de St-Benoît, par les directeurs de l’hôpital
(1 août 1673) ; un incendie éclata dans la nuit du 4 au 5 mai 1775 et fit subir des dégâts
énormes aux bâtiments (v. p. 228).).
La fortune de l’hôpital se composait d’autres éléments, en particulier de nombreux
bénéfices et biens-fonds : les principaux sont, en suivant l’inventaire : le poids de la ville, qui,
d’après une délibération de 1627, n’était « joui et tenu par les d. pouvres et hostel-Dieu,
seulement que par ypothèque » (V. p. 54.) ; en 1633, la boutique et poids de la ville, sont
adjugés à Jean Darluc, pour 3 ans, au prix annuel de 105 ll. et sous certaines conditions ;
l’office de commissaire des taillés de Tulle et paroisses d’icelle, appartenait aussi aux
pauvres, qui en jouissaient, « aux droits de 12 d. par livre de tous les deniers de la taille,
taillon et creues... » (V. pp. 54 et 55.). L’hôpital avait aussi une part sur les amendes
judiciaires ; les curés qui négligeaient de tenir leurs registres paroissiaux « dans les formes
prescrites par les ordonnances », étaient condamnés à une indemnité envers lui (V. p. 56.).
On trouvera la liste des biens-fonds de l’hôpital dans l’inventaire (Pp. 58 et suiv.) : ils
se composaient essentiellement de terres ou maisons dans les paroisses voisines (Bar, St-
Hilaire-Foissac, St-Martial-de-Gimel, St-Mexant, Treignac, etc.) ; et d’immeubles dans le
faubourg de la Barrière, à Tulle ; de plus, en 1576 (Pp. 64 et suiv.), l’évêque et vicomte de
Tulle, Louis de Genoulhac, autorise les pauvres à construire un four « de telle grandeur et
contenance que bon leur semblera, pour y faire cuire le pain tant bis que blanc des habitants...
et y faire sécher les grains destinés à la cuisson » ; la ferme de ce four sera mise aux enchères,
et le fermier sera tenu de porter à l’hôpital, tous les jours que le four chauffera, deux pleins
bassins de braise vive, pour les pauvres.
Une curieuse requête est adressée au bureau, en juillet 1631 (Pp. 66 et suiv.), par le
fermier du four, qui demande un rabais, « à cauze des malladyes contagieuses qui affligent le
melheure partye du royaulme » ; les adjudications s’élèvent à des prix variant entre 205 et 250
ll. pour le four à cuire le pain, 45 et 70 ll. pour le four à sécher le grain (de 1633 à 1669). En
mars 1687 (P. 68.), les directeurs de l’hôpital acquièrent pour 451 ll., le moulin de la Barrière
et ses dépendances ; en 1724, la ferme de ce moulin est donnée pour 5 années, moyennant une
redevance de 40 setiers de seigle, et la mouture sans frais de tous les grains nécessaires à
l’hôpital.
En 1651, le pré de l’hôpital, au faubourg de la Barrière, est loué pour trois ans à raison
de 4 ll. par an (P. 69.), « pour y tenir jeu de quilles », à charge d’entourer d’épines les saules
plantés le long de la muraille, d’entretenir le mur en bon état et de combler le fossé.
En 1622, les syndics ont l’idée de faire construire un jeu de paume et une maison y
attenante, dans le pré dit, de l’hôpital (Pp. 69 et suiv.) ; la location de ce jeu et des bâtiments
contigüs, était une des ressources de l’hôpital ; en 1622, elle est consentie pour 3 ans, à raison
de 240 ll. par an. Les lettres patentes de 1670, avaient confirmé la réunion à l’hôpital du
bénéfice de l’infirmerie, qui consistait surtout en dîmes sur les paroisses de Sainte-Fortunade,
Naves, Laguenne et Chanac ; de plus l’évêque, le grand-prévôt de Naves, le grand cellerier,
l’aumônier, le trésorier, le chambrier de l’église cathédrale, devaient à l’hôtel-Dieu des
redevances annuelles en nature. Les évêques ne mirent pas toujours l’empressement charitable
qu’ils auraient dû, à payer aux pauvres les 400 setiers, la nappe et la somme d’argent qu’ils
leur devaient chaque année. L’hôpital lutta longuement contre certains prélats réfractaires,
notamment contre Mgrs de Genoulhac, de Rechignevoisin et Ancelin (V. procédures contre
les évêques de Tulle: pp. 97 et suiv. (B. 102-104), et Bulletin de Tulle, 1883, pp. 71 et suiv).
Les successeurs de ce dernier dédommagèrent par leurs libéralités les directeurs de l’hôpital,
en particulier Mgr de Beaumont d’Autichamp, qui fut pour les pauvres un véritable
bienfaiteur (V. pp. 28 et suiv., la succession Beaumont d’Autichamp (B. 26-34).
Si l’hôpital avait de nombreuses ressources (Parmi lesquelles il faut compter aussi les
rentes constituées et les sommes dues par contrat (B. 40-47), et l’on voit que certaines lui
étaient contestées, il avait aussi de lourdes charges : les comptes très détaillés des receveurs,
montrent la difficulté qu’il y avait pour eux, à équilibrer le budget de la maison (En 1755,
l’hôpital de Brive est dans l’aisance : il a, au dire d’un de ses directeurs, plus de revenus qu’il
n’en peut dépenser pour ses pensionnaires : cette prospérité fut, d’ailleurs, éphémère (p. 333).
Le plus clair des revenus était absorbé par les charges normales et permanentes de
l’établissement : entretien des soeurs, honoraires de l’aumônier, du corps médical, d’un
homme d’affaires, des gens de service et archers, réparations et mise en état des bâtiments,
nourriture, chauffage, médicamentation des malades et des pauvres de l’hôpital ; à quoi il faut
ajouter l’hospitalisation de soldats de S. M., qui venaient y achever leur convalescence ou
guérir leurs blessures ; les distributions d’argent aux malades, aux passants, aux pauvres de la
ville nécessiteux ou honteux ; les dépense de sépulture ; la nourriture d’enfants élevés au-
dehors ; la « passade » aux pauvres étrangers, l’achat de matières premières pour la
manufacture, etc. (Sans parler des frais de procédure, de la mise en apprentissage d’enfants
élevés dans l’hôpital : de la taille, capitation, décimes, des charges résultant du bénéfice de
l’infirmerie, etc. (E. 14-E. 80). Il ressort de ces comptes que les hôtes de l’hôtel-Dieu étaient
bien traités (Une délibération du bureau, en date du 4 octobre 1739 (p. 97), stipule que
jusqu’au 1 avril, on ne donnera aux pauvres valides, que trois repas far jour ! : on y voit
couramment des achats de pain, vin, mouton, chevreau, œufs, lait, beurre, fruits, etc. Il faut
noter, au nombre des recettes, le produit du travail des pauvres et des enfants, la paye des
soldats malades et un don important du roi, par malheur très intermittent: on ne l’observe
guère qu’entre 1725 et 1734 ; il cesse ensuite ; les frais causés par la guerre d’Allemagne
eurent cette fâcheuse répercussion ; n’oublions pas, enfin, parmi les ressources de l’hôpital,
les nombreuses quêtes, permises ou recommandées par les lettres de 1670 (P. 216.) : le bureau
faisait quêter pour les pauvres par deux habitants de la ville, tous les dimanches ; par deux de
ses valets, en ville, tous les jours de la. semaine : les lundi et mardi au faubourg de la
Barrière ; le mercredi au faubourg du Trech ; le jeudi à celui d’Alverge ; le vendredi dans le
quartier de la Barussie et le samedi dans l’enclos de la ville ; de plus, tous les jours deux
pauvres allaient, avec un grand pot de cuivre blanchi, chercher le potage aux maisons
religieuses de la ville ; enfin, des quêtes étaient faites, tous les dimanches et jours fériés dans
les églises de la ville et des troncs installés à la cathédrale, à Saint-Julien et à l’hôpital ; le
produit du tronc de saint Pierre, était laissé aux dames de la charité, pour les pauvres honteux.
A côté des malades proprement dits, incurables ou non, vieux ou jeunes, il y avait dans
les hôpitaux généraux des indigents qui n’y faisaient que passer, et qu’on appelait les
mendiants, les pauvres (C’était pour eux spécialement, nous l’avons vu, que les hôpitaux
généraux avaient été créés.) ; un hôpital de cette époque tenait donc lieu, dans une certaine
mesure, de nos hospices et dépôts de mendicité modernes ; ces malheureux, hôtes temporaires
des établissements charitables, étaient nombreux à Tulle : de 120 à 150 en moyenne ; (P. 224.)
en 1750, ils étaient 145 de valides ; en 1770, 400, et l’on est obligé d’emprunter des sommes
importantes pour les nourrir ; (P. 150 ; V. aussi p. 233.) il est évident que ce dernier chiffre
comprend aussi les personnes en traitement ; on imagine sans peine combien les règles de
l’hygiène devaient être violées dans ces conditions : en 1770, on fait coucher ces pauvres gens
quatre à quatre dans le même lit, « ce qui a occasionné une maladie contagieuse » ; cette
même année, où la misère sévit partout, le bureau général de charité voulut que l’hôpital prît à
sa charge la nourriture de tous les pauvres de la ville et de la banlieue ; il mettait, à ces fins,
une somme mensuelle de 3000 ll. à sa disposition ; le bureau fit quelque résistance à cette
proposition qui le grevait de tous les « pauvres externes » ; il finit cependant par décider à
l’unanimité, le 18 juin, qu’il nourrirait « les pauvres du dehors qui sont naturalisés dans cette
ville seulement », jusqu’au 15 août suivant (P. 150.).
La promiscuité des sexes présentait d’autres inconvénients : en 1746, on remarque qu’il
« résultait des abus contre les bonnes mœurs, de ce que les deux sexes étaient mêlés ensemble
dans les promenades que l’on permettait aux pauvres dud. hôpital, comme aussi de ce que les
hommes, sous différents prétextes, se trouvaient quelquefois dans les chambres où travaillent
les femmes et filles », et on décide qu’à l’avenir, les deux sexes seront séparés (P. 161.).
La discipline de tous ces misérables n’était pas aisée : en 1628, l’assemblée des
habitants de Tulle, prend des mesures énergiques contre l’envahissement de la ville par des
« vagabonds et gens de néant » (P. 57.) ; en 1751, le bureau est obligé de se défendre contre
l’affluence des « pauvres passants », qui, après avoir mendié en ville, viennent demander le
soir asile à l’hôpital (la couchée comme on disait alors), ou un secours soit en numéraire, soit
en nature, que l’on appelait la passade (P. 146.).
On faisait travaillera la manufacture les pauvres de l’hôpital ; à la fin du XVIIe siècle,
on donnait 10 s. par mois à deux d’entre eux, qui apprenaient à leurs camarades à faire des bas
(P. 217.) ; le 28 mars 1688 (P. 234.), la sœur Anne de Laporte, est admise à l’hôpital « pour
faire travailler les pauvres ». La mendicité et le paupérisme préoccupaient alors très vivement
les pouvoirs publics ; ils donnaient aux autorités des moyens efficaces, quoiqu’un peu
brutaux, de les combattre : dès 1587, un arrêt du Parlement de Bordeaux, défend aux pauvres
de sortir pour aller mendier, et enjoint aux maire et jurats de les nourrir « et à ces fins,
contraindre les bien aizés de leurs d. villes (P. 218.) » ; cette idée ingénieuse et que l’on
croirait d’aujourd’hui, de taxer les riches d’une sorte de capitation charitable, d’une manière
d’impôt d’assistance sur le revenu, se retrouve ailleurs : en 1598 (P. 248.), dans une
assemblée présidée par le Lieutenant particulier, on décide que les habitants fortunés, paieront
18 d. par jour et par pauvre jusqu’à la saint Jean ; l’évêque et autres ecclésiastiques, donneront
cent écus « afin de nourrir les pauvres malades qui se retireront dans led. hôtel-Dieu et donner
la passade (En pain ou en argent ; dans ce dernier cas, on donnait, en général, 2 s. à chacun ; à
l’hôpital de Brive la passade va, en 1631, jusqu’à 50 sols et même davantage (p. 316).) aux
pauvres étrangers qui se présenteront aux entrées de la présent ville (Une taxation analogue a
lieu, en 1691, à Corrèze : (pp. 21 et 25) : il faut nourrir 170 pauvres ou environ : le prieur
donnera tant: le conseiller Plasse, tant : le duc de Ventadour, tant, etc.) ».
Autrement sévères étaient les lettres patentes de 1670, qui donnaient tous pouvoirs aux
directeurs pour châtier les pauvres : ils pouvaient avoir dans l’hôpital, des « prisons, poteaux
et carcans », et fouetter les coupables ; quant aux « pauvres passants », les administrateurs ont
toute latitude pour les enfermer, aussi longtemps qu’il leur plaira, dans les geôles de la
maison ; il est défendu expressément de faire l’aumône et de loger les mendiants ; enfin, les
directeurs peuvent employer des archers revêtus d’un uniforme, à la police des pauvres ; les
syndics ont usé de ce droit ; le 22 mai 1688 (P. 234.), ils reçoivent Annet, de Sr Bonnet-
Elvert, pour chasser les pauvres ; le 5 avril 1689 (P. 242.), ils passent un contrat avec un
certain Jean Dumond, de Saint-Clément, par lequel il est convenu « qu’il servira à l’hôpital en
qualité de valet, pour chasser les pauvres qui se trouveront dans les rues de la présent ville, où
quoy que soit, les conduire à l’hôpital » ; il touchera 100 ll. par an, aura une casaque rouge et
une hallebarde.
En 1750, le bureau constate, toutefois, « qu’il n’y a ni prison ni refuge pour la
correction des pauvres » (P. 224.) ; on est obligé d’employer pour cet usage, une chambre peu
sûre, au rez-de-chaussée.
Deux questions intéressantes peuvent se poser à propos du personnel hospitalisé : celle
des filles publiques et des enfants trouvés. Quand l’hôpital général de Limoges ouvrit ses
portes, en 1661, (Leroux, op.-cit., p. XXV.) « les filles de mauvaise vie y furent admises pêle-
mêle avec les autres misères » ; en 1683, grâce à de généreux bienfaiteurs, on les logea dans
deux maisons contiguës, près de l’hôpital. Il en alla à peu près de même à Tulle : plusieurs
délibérations du bureau, portent à croire que ces filles n’étaient pas isolées, ce qui présentait
des dangers de diverses natures (A l’hôpital de Brive, (p. 312), il y avait pour elles une salle
spéciale, en 1627 ; cf aussi, p. 331, 1744-45.) ; c’est ainsi que le 14 juillet 1738 (P. 97.), les
directeurs prennent la résolution d’exclure de l’hôpital, à l’avenir, celles de ces femmes, « qui,
par leurs fréquentes rechutes, seront devenues un sujet d’escandales, à moins que, depuis leurs
crimes, elles n’eussent donné, pendant longtemps, des preuves certaines d’une meilleure
conduite et d’une vie exempte de reproches (Cf. p. 138 l’intéressante résolution prise en 1694,
pour les porter au travail et les amender) » ; la même année, le commandant de la compagnie
en quartier d’hiver à Tulle (P. 250.), somme les syndics de tenir enfermée dans l’hôpital, la
nommée Bellct « femme à Chanut, menuizier », qui a des relations avec ses hommes. Enfin,
en 1750, on a l’espoir de pouvoir créer une annexe, pour cette catégorie un peu spéciale de
pensionnaires ; messire J.-Fr. du Soulier, Sr du Peyrou lègue, en effet, une somme de 12.000
ll. à l’hôtel-Dieu, pour « bâtir une maison de force... afin d’y loger, nourrir et entretenir les
filles de mauvaise vie et les insensés de la ville et banlieue de Tulle (P. 17 ; sur les déments,
cf. Leroux, op. cit., p. XXIV : on enfermait les fous dangereux dans des loges spéciales, où on
leur appliquait, sans doute, des traitements barbares.) » ; sa volonté n’était pas encore
exécutée en 1786, puisque le bureau décide, le 19 juin, qu’il faudrait remplir les conditions du
testament de M. du Soulier, en construisant « un bâtiment destiné à placer les filles de
mauvaise vie ou les gens qui ont perdu la raison » ; on ne trouve plus trace de ce projet dans
les archives anciennes de l’hôpital.
La question des enfants est complexe : l’hôpital recevait des enfants, naturels ou non, et
se chargeait de leur éducation, moyennant rétribution : le 18 août 1783, il admet un enfant
illégitime, âgé de trois ans, le père s’étant engagé à payer une somme de 200 ll. (P. 154.) ; la
même année, le 19 septembre, « il est délibéré qu’on ne rendrait pas les enfants à leurs
parents, avant l’âge de seize ans, afin de permettre à l’hôpital de se dédommager par leur
travail des avances faites pour les élever » ; à Limoges, les enfants étaient réintégrés après
l’âge de 7 ans, si les nourrices ne voulaient pas les garder (Cf. Leroux, op. cit., p. ХХХШ.) ;
dans tous ces cas, il s’agit donc d’enfants simplement confiés à la maison par leurs parents,
quels qu’ils fussent.
D’autre part, l’hôpital payait les frais de nourrice des enfants dont la mère était en
traitement, ou qui étaient orphelins ; il se chargeait aussi lorsqu’une femme avait accouché de
deux jumeaux, de l’un des deux, si la mère allaitait l’autre (Délibération du 31 octobre 1723,
p. 97 ; l’hôpital faisait donc, en partie au moins, office de maternité).
Enfin l’hôtel-Dieu recevait les enfants abandonnés proprement dits (En ce cas, il jouait
le rôle de notre Assistance publique.) ; plusieurs délibérations les concernent : le 21 mars
1679, un des Directeurs annonce à ses collègues, qu’il a déposé une plainte au siège présidial,
contre des inconnus qui ont laissé devant la porte de la maison une fillette de trois à quatre
ans, et « là l’ont exposée à la mercy des loups qui vont rôder autour d’icelluy (hôtel-Dieu),
pendant tout l’hiver, et à celle d’un dogue servant de garde, principalement pendant la nuit...
(P. 251.) » Le 3 janvier 1696 (P. 236.), une fillette d’un mois et demi environ, est exposée à
côté de la croix qui était devant la porte de l’hôpital.
Les directeurs furent déchargés, au moins en théorie, à partir de 1700 de l’entretien de
ces petits malheureux : un arrêt du Conseil privé, du 26 avril 1700, condamna l’évêque
Ancelin (P. 99 (B. 104)), à se charger des enfants exposés dans l’étendue de la haute justice et
à rembourser à l’hôpital les sommes avancées pour cet objet, depuis sa prise de possession de
l’évêché ; l’affaire remontait en réalité beaucoup plus haut, puisque, par sentence du 20
décembre 1695, le Lieutenant général de la Sénéchaussée, ordonne que l’évêque de Tulle,
comme seigneur haut justicier, sera tenu d’acquitter aux nourrices les sommes qui leur sont
dues ; enfin, l’hôpital s’intéressait aux enfants dont les parents étaient en prison (V. requête
des administrateurs au Lieutenant général pour être remboursés (29 juillet 1765, p. 251.).
Les lettres patentes de 1670, autorisaient la création dans l’hôpital d’une manufacture et
permettaient la vente au dehors, des objets qui y seraient fabriqués, sans, pour ce, payer de
droits. M. Leroux voit dans les clauses de ce genre l’inspiration de Colbert, et il ajoute « qu’il
ne s’agissait nullement d’organiser dans les hôpitaux la grande industrie à travail collectif, qui
suppose des capitaux, de l’espace et des débouchés certains (Leroux, op. cit., p. XXVI) ».
Ceci est encore plus vrai pour l’hôpital de Tulle que pour celui de Limoges (Le but
moralisateur de ces créations, est très nettement indiqué dans les lettres patentes données en
1679, à l’hôpital de Brive (p. 270).) ; sa manufacture a passé par un certain nombre de
transformations qu’il convient de résumer en peu de mots : en décembre 1684 (P. 137.), des
conventions sont passées entre les directeurs et Pierre Dumond, sergier à Tulle, pour une
durée de trois ans ; il est surtout question des apprentis qu’il aura parmi les pauvres ; il
touchera 10 ll. pour chacun d’eux ; un contrat analogue est conclu le 4 fév. 1686 avec Jean
Chastan, sergier, et Jean Chavarliages, son employé.
C’est donc sous les espèces d’un atelier de fabrication de serge que débuta la
manufacture ; il fonctionna jusqu’en 1706 ; il ne paraît pas que les filles aient jamais travaillé
à la manufacture ; on ne peut guère tirer cette conséquence de la délibération de février 1694,
où il est seulement question des services qu’elles pouvaient rendre « soit aux valides, soit aux
malades (P. 138 : à Limoges il en était de m’me ; il ne paraît pas que les filles du rei’uge aient
jamais été forcées de travailler à la manufacture. (Leroux, op. cit., p. XXVI) » ; en revanche,
tous les pauvres bien portants devaient se rendre, à l’issue de la messe, « au lieu destiné pour
le travail (P. 139 : des avantages spéciaux et importants étaient conférés, à Brive, aux artisans
qui avaient professé 6 ans à la manufacture, et aux pauvres leurs élèves (p. 273).) ».
Tout change en 1706 ; en août, le bureau traite avec le Sr Jean Pichard qui est nommé
directeur de la manufacture, « pour aprandre à filer à la roue aux pauvres, à brocher des baz,
des calottes, vestes et autres ouvrages qu’il conviendra faire à l’esgulhe, et pour les aprandre à
draper lesd. ouvrages et autres estoffes (P 141.) » ; on lui fournira la laine et tout le matériel
nécessaire ; cet atelier de bonneterie devait durer jusqu’en 1742 ; un registre de comptabilité
(P. 217 ; E. 65 (1676-1723).), nous renseigne sur l’activité de la manufacture : « on travaille
dans l’hôpital général, à filer à la roue, à carder la laine, à faire des bas, bonnets et autres
ouvrages à la broche ».
En 1708 et 1709, de nouvelles conventions sont passées avec Paul Michel, de Soissons,
mre
drapier de bas et mre
bonnetier ; le 31 décembre 1708, l’on décide que, désormais, la
supérieure et le sr Michel tiendront chacun registre de tous les ouvrages qui entreront et
sortiront de l’hôpital et du produit de leur vente (P. 142 et 143.).
Cet atelier fonctionna jusqu’en 1742 : des observations sur les pauvres écrites en 1750
(P. 224 (E. 78), mentionnent, en effet, une « manufacture établie dans l’hôpital, depuis le 1er
juin 1742, dans laquelle il ne se fabrique que des étoffes en laine, qu’on appelle raz et
camelots, lesquelles étoffes sont si légères qu’elles ne peuvent être employées qu’a des
doublures d’habits ». En 1750 et 1751, des tisserands (Pp. 146 et 147.) J.-J. Murat, et Léonard
Teyssier traitent avec le bureau ; en juin 1752, Jean Espinat « se charge de travailler de son
métier de sargetier dans le dit hôpital... pendant un an » (P. 148 ; à Brive (pp. 336 et 337), les
petites filles travaillaient à l’atelier de coton, sous la direction d’une sœur, et les petits garçons
à celui de la laine.) ; à la même époque, J.-J. Murat prend de nouveaux apprentis ; il semble
donc bien qu’il y avait, à ce moment-là, deux ateliers qui fonctionnaient concurremment pour
la fabrication de serges et d’étoffes.
En novembre 1752, Murat est nommé pour 9 ans, directeur de la manufacture (P. 148) ;
il s’engage à fournir trois métiers de sargetier et à les entretenir à ses frais ; les délibérations
du bureau donnent une foule de détails curieux sur l’apprentissage des pauvres, les uns en
qualité de sargetiers, les autres comme peigneurs de laine ou tisserands.
Une délibération de 1777 (P. 152.), parle de « conventions identiques aux précédentes,
faites avec Jean Viellefon, mre
sargetier, chargé depuis près de 4 ans, de diriger la
manufacture des étoffes en laine, établie dans l’hôpital ». Il semblerait donc que celle-ci
subsistât seule vers cette époque ; d’ailleurs, aux environs de 1780, on ne voit plus que des
mises en apprentissage comme tisserands ou peigneurs de laine. Le plus grave débat relatif à
la manufac ture, eut lieu le 19 janvier 1783 (P. 153.) ; le bureau avait fait faire une enquête sur
les pertes considérables qu’elle avait subies ; le résultat en fut peu flatteur pour les trésoriers
qui « avaient sans doute, dans les besoins pressants, confondu les fonds de la manufacture
avec ceux de l’hôpital » ; mais les vraies raisons de cette décadence, sont ou bien « qu’on
volait de la laine, ce qui est presque inévitable ou... que n’ayant point de fonds, on était obligé
d’acheter la laine plus cher, de délivrer les étoffes à meilleur compte et de les vendre avant
qu’elles ne fussent faites » ; il est alors décidé que jusqu’à nouvel ordre, « on travaillerait pour
le compte et sur la laine des particuliers ou fabricants de la ville ou banlieue, que l’homme
d’affaires chercherait l’ouvrage pour la manufacture, que Mme la Supérieure le recevrait du
dehors et en serait responsable à l’égard des particuliers qui le fourniraient (Cf. p. 210 : reçu
pour le montant du travail que les pauvres ont fait pour plusieurs fabricants de Tulle, en filant,
103 11. 10 s. (1784).)
Cette nouvelle transformation fut de courte durée puisqu’une délibération de Juin 1786
(P. 154.) parle d’une manufacture de coton établie depuis peu dans l’hôpital.
Ajoutons qu’en mai 1772, un tailleur d’habits François Cussac (P. 151.), fut engagé par
le bureau pour couper, coudre et rapiécer les vêtements des pauvres ; enfin plusieurs jeunes
gens, garçons et filles, furent mis en apprentissage par l’hôpital, chez des habitants de la ville
(Cf. p. 251, le contrat passé entre la mère de Jacques Mongaufié et Jean Rigal, mre
sergier à
Tulle ; p. 148, une maîtresse tailleuse de Tulle, prend en apprentissage deux filles de l’hôpital
(1752 et 1754), etc.).
Quelque bref et incomplet que soit cet aperçu des questions essentielles qui ont trait au
fonctionnement de l’hôpital, on peut toutefois se rendre compte de l’intérêt qui se dégage de
la mise au jour de ses archives ; on voit la tâche immense, au-dessus des forces humaines,
semble-t-il, qui était dévolue aux établissements hospitaliers, sous l’ancien régime; ils étaient
seuls pour secourir les misères de tout genre qui foisonnaient alors, encore plus que de nos
jours; à eux seuls, ils tenaient lieu des nombreuses institutions de bienfaisance créées au cours
du XIXe siècle, par l’initiative privée ou publique ; on ne saurait donc trop louer les hommes
charitables qui acceptaient bénévolement les fonctions absorbantes d’administrateurs des
hôtels-Dieu ; peut-on leur reprocher d’avoir été parfois débordés et impuissants, quand ils
voyaient « tout pressé, tout pressant, tout à faire à la fois », pour le soulagement des
souffrances contemporaines ? Aussi doit-on savoir gré à M. Auguste Petit du zèle éclairé et
consciencieux qu’il a apporté au dépouillement de ces documents.
Et que dire de tous les renseignements d’ordres divers qui fourmillent dans son
inventaire ? Données nombreuses sur les prix des denrées, des objets de première nécessité ou
de luxe, si utiles pour connaître l’état économique d’une époque : coutumes, légendes, traits
de mœurs, qui apportent une contribution importante au folklore du Bas-Limousin ; c’est
surtout la série B qu’il est utile de consulter à cet égard : on y trouve de tout un peu, depuis la
valeur des étoffes, jusqu’il l’énumération des drogues et remèdes en vogue, sans compter de
précieuses notions sur les mesures de capacité et le fermage aux environs de Tulle.
N’oublions pas le très curieux livre de raison de l’abbé Courtet (Pp. 19 et suiv. (1632-61).),
digne de ceux publiés naguère par M. Louis Guibert, et où sont consignées avec des
commentaires savoureux, les moindres dépenses de ce digne homme.
J’ajoute, pour finir, que le lecteur prendra autant de plaisir et de profit à l’inventaire de
l’hôpital de Brive et qu’il trouvera peut-être quelques détails intéressants dans la fin du
volume.
GEORGES MATHIEU.
Table des séries
Hôpital d’Argentat ................................................................................................................. 13
Série A .................................................................................................................................. 14
Série B .................................................................................................................................. 15
Série E .................................................................................................................................. 17
Série G .................................................................................................................................. 19
Hôpital de Brive ...................................................................................................................... 21
Série A .................................................................................................................................. 22
Série B .................................................................................................................................. 36
Série C .................................................................................................................................. 63
Série D .................................................................................................................................. 65
Série E .................................................................................................................................. 68
Série F ................................................................................................................................ 105
Série G ................................................................................................................................ 111
Série H ................................................................................................................................ 114
Hôpital de Meymac .............................................................................................................. 118
Série B ................................................................................................................................ 119
Série E ................................................................................................................................ 120
Hôpital de Treignac .............................................................................................................. 121
Série E ................................................................................................................................ 122
Hôpital de Tulle .................................................................................................................... 125
Série A ................................................................................................................................ 126
Série B ................................................................................................................................ 132
Série C ................................................................................................................................ 243
Série D ................................................................................................................................ 251
Série E ................................................................................................................................ 260
Série F ................................................................................................................................ 361
Série G ................................................................................................................................ 373
Série H ................................................................................................................................ 385
Série E (complément) ......................................................................................................... 392
Délibérations. ................................................................................................................. 392
Hôpital d’Ussel ...................................................................................................................... 395
Série A ................................................................................................................................ 396
Série B ................................................................................................................................ 398
Série C ................................................................................................................................ 409
Série D ................................................................................................................................ 410
Série E ................................................................................................................................ 411
Série F ................................................................................................................................ 416
Série G ................................................................................................................................ 418
Série H ................................................................................................................................ 419
Hôpital d’Argentat
Série A
Actes de fondation de l’établissement. — Diplômes et privilèges émanés des
papes, rois, évêques, seigneurs. — Cartulaires. — Ordonnances, décisions et
autres actes relatifs à l’établissement émanés des diverses autorités.
A1. (Liasse). ŕ 2 pièces, papier
1768-1771 ŕ Copie des lettres patentes qui permettent l’établissement d’un hospice à
Argentat : « ...L’hôpital le plus voisin est celui de la ville de Tulle... en sorte que les pauvres
et les malades d’Argentat et de tous les lieux circonvoisins... sont exposés à périr, parce que
l’éloignement de la ville de Tulle ne permet pas de les y transporter... des particuliers [ont]
légué par testament des sommes assez considérables, ainsi que des rentes et des biens-fonds,
pour doter ledit établissement ŕ Nous... permettons l’établissement d’un hôpital dans ladite
ville d’Argentat... voulant... qu’il soit administré par un bureau composé du curé de la ville,
qui y présidera... et de quatre principaux habitans... voulons, en outre, que lesdits quatre
habitans remplissent chacun pendant deux années les fonctions d’administrateurs et ne soient
changés qu’alternativement » (février 1768). ŕ Lettres patentes autorisant le syndic
d’Argentat à acquérir une maison sise dans les faubourgs de la ville, pour y transférer
l’hôpital (mars 1771).
Série B
Titres de propriétés : donations, échanges, acquisitions. — Terres, maisons,
cens, rentes. — Registres concernant les biens, les revenus, les droits utiles
de l’établissement, baux. — Pièces de procédure, mémoire, etc.
B1. (Liasse). ŕ 2 pièces, parchemin ; 13 pièces, papier
1747-1790 ŕ Legs et donations. ŕ Extrait du testament mystique de Marie-Anne Descars,
marquise de Saint-Chamant, alors « résidente au monastère des dames religieuses de Sainte-
Claire de la ville d’Argentat » : « ...Je donne et lègue la somme de 4.000 ll. une fois payée, à
l’hôpital de la ville d’Argentat, à condition qu’il y aura deux lits pour deux pauvres de la terre
de Saint-Chamans, qui y seront nourris et soignés... l’hôpital d’Argentat n’y pourra rien
prétendre qu’aux conditions qu’ils prendront lesd. deux pauvres, comme il est expliqué... »
(30 mai 1747). ŕ Testament mystique de Jeanne Vaurette, d’Argentat, contenant plusieurs
legs en faveur des pauvres : 1° La somme de 450 ll. au curé d’Argentat, « pour les distribuer
auxdits pauvres » le lendemain de son décès ; « et si pour lors, il y a un hôpital ou un hôtel-
Dieu établi pour les pauvres en la présente ville, je veux que ledit legs de 450 ll. appartienne
audit hôpital... » 2° Elle lègue un champ à sa cousine Marie Labrousse, « à condition qu’elle
sera tenue de payer la somme de 300 ll. » aux pauvres mendiants de la ville. 3° Legs d’un
jardin sis au faubourg de Les Condaraines près Argentat, à la dite Marie Labrousse, « et au
cas qu’elle décède sans enfans légitimes, je veux que ledit jardin appartienne, à l’hôpital de
cette ville, ou aux pauvres d’icello, si ledit hôpital n’était pas établi alors et se trouvait
incapable de recevoir le legs dudit jardin. » 4° Legs à Jeanne Pourty d’une vigne au tènement
de Rageau, « .., et au cas que ladite Pourty n’aye point d’enfants légilimes lors de son décès,
je veux que ladite vigne de Rageau appartienne audit hôpital ou aux pauvres de celle ville. »
5° Legs à Marianne Pourty de 200 ll., réversibles sur l’hôpital, si elle meurt sans enfants
légitimes. 6° Au cas où l’héritier général et universel, Pierre Pourty de Lavialette, mourrait
sans enfants, elle veut que « son hérédité en entier soit dévolue et appartienne... audit hôpital
de celte villa... » (13 juin 1753). ŕ Copie du précédent testament. ŕ Donation « pure et
simple, entre vifs », aux pauvres de l’hôpital et pour contribuer à leur subsistance, d’un
certain nombre de fonds, par Mr Pierre Pourty Delisle, curé d’Argenlat ; ces fonds
comprennent : une pièce de terre et une vigne, sises aux environs d’Argentat ; les
administrateurs « pourront en prendre au nom et profit dudit hôpital, la possession réelle,
actuelle et corporelle quand bon leur semblera, et led. sr curé ne les tiendra désormais que
précairement... » (5 mai-1773). ŕ Copie de la précédente donation. ŕ Extrait du testament
« mystique et clos » de Pierre Pourty : ... « Je donne et lègue aux pauvres de l’hôtel-Dieu de
cette ville, les ¾ des biens qui me reviennent de la succession de feue Dlle Jeanne Vaurelle,
ma cousine... suivant son testament du 13 juin 1753 dans lequel elle a substitué led. hôpital...
laquelle substitution ne pouvait cependant s’étendiv que pour le quart desd. biens, suivant les
édits et déclarations... je donne et lègue, de plus, aux pauvres dud. hôtel-Dieu, tout ce qui se
trouvera m’être dû en créances actives... » (27 octobre 1773). ŕ Copie du précédent
testament. ŕ Extrait du testament de Pierre Pourty de l’Isle, curé d’Argentat : 1° Il donne et
lègue aux pauvres de l’hôtel-Dieu la propriété de la maison que Pierre Navaliêr habite, au lieu
du Bastier « avec tous lès meubles meublans » ; le jardin et la grange sis au même endroit ;
plusieurs pièces de terre ou prés aux environs du môme lieu. 2° Plus les biens-fonds, sis près
du village de Croisy et qui lui viennent de son titre clérical. 3° Plus, la somme da 300 ll., qui
lui est due par M Chabrignac, avocat à Tulle, et celle de 150 ll., due par Antoinette Marcilhac.
4° Plus, la somme de l0 ll., « à condition que llesd. pauvres do l’hôpital] assisteront avec leurs
croix à mon enterrement ». 5° Plus, « je donne et lègue aux pauvres de celle ville la somme de
33 ll. pour leur être distribuée le jour de mon enterrement... » (16 may 1777). ŕ Copie du
précédent testament. ŕ Extrait du testament mystique de Jeanne Pourty, fait « dans une
chambre de la maison appartenante à l’hôpital de celte ville » ; « Je donne et lègue à l’hôpital
de celte ville la terre des Custillons, située au lieu du Bastier, pour en jouir après le décès
d’Anne Dufaure de Lavialette, ma belle-sœur... je donne et lègue pareillement uud. hôpital,
tous les meubles meublans et autres dont madite belle-sœur a droit de jouir pendant sa vic.de
plus, je donne et lègue aud. hôpital tous mes meubles meublans que j’ai, comme armoires,
linge, lit, étaing, cuivre, etc…plus, toutes les provisions de bouche que j’aurai dans lad.
maison que j’habite... » (23 octobre 179)). ŕ Copie du précédent testament. ŕ Procédure au
sujet du testament de feu Cirice Loches, curé de St-Julien-le-Pèlerin : Quoiqu’en règle
généralle, les pauvres d’une paroisse puissent être institués héritiers, cependant la
jurisprudence attribue souvent : ., une pareille institution à l’hôpital général du lieu le plus
près, parce que c’est véritablement dans les hôpitaux que résident les pauvres... l’hôpital
d’Argentat se trouve à la vérité, dans des circonstances très favorables ; c’est un hôpital
naissant qui n’a point encore de fonds considérables... (18 mars 1781) ; Opposition des
administrateurs et trésoriers de l’hôpital d’Argentat « à ce que les exécuteurs testamentaires
fassent aucune distribution des biens délaissés par le feu Mr Cirice Loches, relativement à son
testament du 20 fév. dernier ; que par justice en soit autrement ordonné » (20 mars 1781).
Série E
Administration de l’établissement. — Délibérations, nominations,
règlements. — Budgets et comptes, états des recettes et dépenses. —
Économat, fournitures, entretien des bâtiments. — Inventaires de
mobiliers, livres de caisse, etc.
E1. (Cahier). ŕ In-4°, 60 feuillets, papier
1773-1793 ŕ Comptabilité. ŕ « Sur ce cayer, est couché le débourcé que mre
Préside,
trésorier de l’hôpital, a fait depuis le 5 may 1773 : le cinq may 1773, ledit mre
Préside, a
donné et payé à Monsieur Pourty de La Vietelle, ou au sr Aujou, du consentement de m
re les
administrateurs, la somme de 433 ll. » (5 mai 1773). ŕ « Le 5 mai 1785, du consentement de
Mrs les administrateurs, j’ay pretté à m
re Dubac de Lachapelle, la somme de 600 ll., dont il a
créé une rente constituée de 30 ll. pour le dit capital »... (5 mai 1785). ŕ « Le22 décembre
1789, j’ay donné au sr Meilhac, fermier de la terre de Servières, la somme de 349 ll., qui avec
celle de 300 ll. que lui avois donné cy-devant, font le montant de 190 quartes de blé de seigle
qu’il a délivrées cy-devant en ce jourd’huy, aux pauvres dud. hôpital, à raison de 6 ll. 6 s. le
setier, et 3 ll. pour le boire des bouviers » (22 déc. 1789).
E2. (Liasse). ŕ 1 pièce, papier, en très mauvais état
1774 ŕ Inventaire des meubles garnissant les maisons et biens ruraux laissés à l’hospice par
le sr Pourty de La Vialette, et qui devaient faire retour à l’hospice, après le décès des
usufruitiers (24 janvier).
E3. (Liasse). ŕ 1 pièce, papier
1773 ŕ Nomination. ŕ « En la ville d’Argentat, Bas-Limouzin, l’an 1773, le second de
mars, environ les 4 heures du soir, par devant nous, notaire royal soussigné, et à la réquisition
de messire Pierre Pourty... curé et coseigneur de la présente ville... les principaux habitants,
scavoir mr Jacques Louis de Pesteil, chevallier, seigneur de La Chapelle-aux-Plats... ; Henry
Dufaure... gouverneur pour le roy en la présente ville, Mr Pierre Murulhac... chevalier., de St-
Louis ; Mr Pierre Pourty, bourgeois ; M
r Pierre Lachau s
r de Lamarque, dr en médecine ; M
r
Pierre Dufaure, sr de La Condamine ; M
r Et. Gratereau, s
r de Negraval ; M
r Pierre Lestourgie,
d’en médecine ; sr Jean Testut, bourgeois ; M
r Et. Deredenat, not. royal ; M
rs J.-B. Jourde, not.
royal et juge de Lavigerie ; mre
Pierre Monteil, procureur ; sr Jean Dufaure ; le s
r François
Morély, second du nom, bourgeois, se sont assemblés en état de commun, dans la salle de la
maison curialle de lad. présente ville... led. sr curé, pour parvenir à l’exécution desd. lettres
patentes, et procurer aux pauvres le secours qu’ils ont à espérer de l’établissement dud.
hôpital, a sommé lesd. habitans composant lad. assemblée, de procéder tout présentement à
l’élection de quatre principaux desd. habitans, pour faire l’office d’administrateurs dud.
hôpital, l’un desquels, au choix des autres, faira la fonction de trésorier, si mieux ils n’ayment
en élire un 5°, du nombre des habitans pour remplir cet objet, lequel trésorier sera en seul
chargé tant dud. détail des fournitures, pour la nourriture et entretien des pauvres, que de
l’amélioration des fonds ; des réparations des bâtiments et du recouvrement des rentes et
autres revenus dud. hôpital... lesd. sr autres habitans, composant lad. assemblée, ont
unanimement nommé comme ils nomment par ces présentes, 1° pour administrateurs dud.
hôpital, led. sr Dufaure de Saint-Martial, le s
r Lachau de Lamarque, le s
r de Lestourgie, et le s
r
Testut. 2° et pour trésorier aussy dud. hôpital, led. sr Jourde, lesquels s
r administrateurs et
trésorier, conjointement avec led. sr curé et led. s
r Deredenat, et le s
r procureur d’office en
leurs dittes qualités, composeront le bureau d’administrateurs dud. hôpital ; et, de plus, led. sr
Lestourgie est nommé médecin dud. hôpitel... lesquelles nominations subsisteront pendant
trois années prochaines et consécutives à compter de ce jour ; les assemblées dud. bureau
demeurent fixées au 1e dimanche de chaque mois, à compter aussy de ce jour et à l’endroict
cy-dessus indiqué » (2 mars 1773).
Série G
Papiers et registres des institutions succursales de l’établissement. —
Ancien bureau des pauvres ; mendicité ; tutelle des enfants trouvés et
orphelins ; écoles, salles d’asile ; sages-femmes, vaccine, etc.
G1. (Liasse). ŕ 51 pièces, papier
1791-1818 ŕ Enfants trouvés. ŕ Lettre du procureur-syndic du district de Tulle aux
administrateurs de l’hôpital, leur prescrivant de tenir un état des frais qu’ils feront pour un
enfant trouvé de la municipalité de Haute-Fage (22 juin 1791). ŕ Lettre de l’administration
municipale du canton d’Argentat aux mêmes, leur annonçant l’envoi d’un arrêté du
Département, disposant que les enfants abandonnés seront, à l’avenir, confiés aux hospices
(17 pluviôse an V). ŕ Lettre de l’administration centrale du Département aux mêmes, les
autorisant à traiter de gré à gré avec les gardiennes des orphelins (4 ventôse an V). ŕ Copie
de la lettre adressée par l’administration centrale, à l’administration du canton d’Argentat,
pour lui annoncer l’envoi d’un mandat de 200 ll. délivré à l’hospice d’Argentat « pour être
réparti entre toutes les nourrices des orphelins de la patrie » (20 nivôse an V). ŕ Lettre de
l’administration municipale du canton d’Argentat aux directeurs de l’hospice, pour leur
demander leur avis sur le taux des mois de nourrice des enfants abandonnés (30 prairial an V).
ŕ Lettres de l’administration centrale aux directeurs de l’hospice : « ... Nous vous fesons
passer un modèle du tableau que le ministre de l’Intérieur vient de-nous envoyer, pour y
classer les enfants abandonnés dans les étals que vous transmettrez à l’avenir à
l’administration centrale ; toutes les colonnes de ce tableau seront remplies entièrement et
sans lacune ; il devra en être rédigé un pour chaque trimestre... » (24 messidor an V) ; ŕ autre
lettre réclamant un état nominatif de tous les individus malades de l’hospice, avec le nombre
des orphelins de la patrie et des nourrices auxquelles ils sont confiés (7 frimaire an VI). ŕ
Envoi à l’hospice de la liste des orphelins de la patrie par les administrations des cantons de
Servières, Saint-Chamant et Argentat (nivôse an VI). ŕ Lettre de l’administration centrale au
conseil de l’hospice... « Les besoins pressans de l’hospice que vous administrés, les
réclamations journalières des nourrices en souffrance pour leurs payemens, vous fournissent
des motifs trop impérieux pour ne pas accélérer l’envoi de la reddition de vos comptes... » (11
prairial an VI). ŕ Lettre du juge de paix du canton d’Argentat aux administrateurs de
l’hospice... « Vous me marqués que, pour découvrir les auteurs de l’exposition d’un enfant
qui a été remis à l’hospice d’Argentat... il n’y aurait pas d’autre moyen que de faire
représenter à toutes les filles qui ont fait leur déclaration, le fruit dont elles se sont accouché ;
mais, comme cette représentation serait très difficile à exécuter,... je vous invite à me faire
part des personnes que vous soupçonnez être mère de l’enfant qui a été exposé (29 ventôse an
VIII). ŕ Arrêté du Préfet de la Corrèze : Art. 1e : ne seront admis ou considérés comme
enfans abandonnés et à la charge des hospices que ceux qui, délaissés par leurs pères et mères,
ont été déposés à un hospice civil... art. 6 : à compter de nivôse prochain, le salaire des
nourrices et gardiennes, demeurera fixé comme suit : jusqu’à 3 ans accomplis, 5 fr. par mois
pour la nourriture et 1 fr. pour la layette ; de 3 ans à 7 ans accomplis, 7 fr. 50 par mois, layette
comprise ; pendant les 8e et 9
e années, il sera payé 5 fr. par mois pour la nourriture, et 1 fr.
pour la layette ; pendant les 10e et 11
e années, il sera payé 3 fr. par mois, layette comprise ;
après 11 ans jusques à 12 ans, il ne sera payé qu’un franc par mois ; passé cet âge, tout salaire
cessera... signé : Verneilh, Préfet (2 frimaire an IX). ŕ Lettre du Ministre de l’Intérieur au
Préfet : « ... De toutes les institutions, la plus utile, peut-être, est celle qui accorde des secours
et un asile aux enfants abandonnés... depuis 10 ans, le nombre des enfants abandonnés a fait
plus que doubler dans nos hospices ; il s’élève actuellement à 63.000 ; cette progression
effrayante a sans doute pour cause principale la dépravation des mœurs, suite nécessaire du
trop long interrègne des lois de l’ordre et de la morale publique... Vous prescrirez aux
administrateurs de ne conserver à la charge delà Nation que les enfans deparens inconnus...
vous veillerez encore à ce que les nourrices aient pour ces êtres interessans, tous les égards
qu’on doit à la faiblesse et au malheur...à compter du 1 germinal, le Gouvernement n’accorde
plus aucune indemnité pour les filles-mères (23 ventôse an 9). ŕ Lettre du Préfet de la
Corrèze au maire d’Argentat... « Je vois avec bien de la peine que les états du trimestre de
vendémiaire ne me sont pas encore parvenus, et qu’on retarde ainsi, par une coupable
négligence, la distribution des fonds que le Gouvernement met à ma disposition pour le salaire
des nourrices... » (5 pluviôse an X). ŕ Arrêté du Préfet Camille Périer : ... » Les dépenses des
enfants trouvés, abandonnés et orphelins pauvres, sont divisées en deux parties
essentiellement distinctes par leur nature... : 1e les fournitures de layettes et vôtures, les
dépenses intérieures relatives à la nourriture et à l’éducation des enfans, et, par une
conséquence naturelle, les dépenses des nourrices sédentaires et les frais de séjour.des
meneurs et des nourrices extérieures : ces dépenses sont, à compter du 1e janvier 1811 , une
charge ordinaire à laquelle les hospices ont à pourvoir ; 2° les mois de nourrice et pensions à
payer pour les enfans trouvés, et les rétributions allouées par les lois aux per sonnes chargées
d’enfans abandonnés ; ces dernières dépenses sont les seules auxquelles il devra être pourvu
sur les fonds du Gouvernement... » (6 déc. 1811). ŕ Lettre du Préfet au maire d’Argentat :
« L’intention de S. M., est de faire successivement concourir les enfans recueillis par les
hospices, au recrutement du régiment des pupilles de la garde... ces enfants se divisent en 3
classes : 1e les enfants trouvés... 2° les enfants abandonnés... 3° les orphelins pauvres... Vous
aurez à me faire représenter le registre sur lequel a dû se faire l’inscription des enfans
appartenant à l’une des classes indiquées plus haut, recueillis par l’hospice depuis le 1 janvier
1788... (14 janvier 1812).
Hôpital de Brive
Série A
Actes de fondation de l’établissement. — Diplômes et privilèges émanés des
papes, rois, évêques, seigneurs. — Cartulaires. — Ordonnances, décisions et
autres actes relatifs à l’établissement émanés des diverses autorités.
A1. (Liasse). ŕ 3 pièces, papier
1385-1745 ŕ Hôpital Notre-Dame Majeur. ŕ Copie d’une bulle du pape Clément vu
autorisant Jean Brossard à fonder un hôpital de pauvres dans sa maison et à y faire construire
une chapelle (2 mai 1385). ŕ Copies de la donation faite en faveur des consuls de Brive, par
Jean Brossard, bourgeois, 1° de sa maison paternelle appelée Brossarc (Deux des quatre
copies conservées donnent Brossarc et les deux autres Brossau et Brochard), sise près du
couvent des Frères mineurs, devant la maison de Raymond Château, une rue entre-deux, 2° de
tous ses biens à l’exception de la borie d’Estavel située sur la route de Brive à Larche, entre la
borie de Lassartie et le manse d’Estavel, et de deux vignes sises aux territoires de Vialemur et
Gignac ; en vue de fonder dans la dite maison un nouvel hôpital et d’y ériger une chapelle, le
tout aux conditions suivantes : les consuls seront les patrons de l’hôpital et en auront la
collation, mais devront nommer un prêtre qui ne tienne aucun office des coseigneurs de la
ville ; le recteur ou gouverneur de l’hôpital sera tenu, le premier de chaque mois et le jour
anniversaire de la mort du donateur, de visiter sa sépulture, revêtu de vêtements sacerdotaux
blancs, avec un clerc, la croix et l’eau bénite, et d’y faire l’absoute ; le recteur sera exempt de
gardes, tailles et autres charges ou contributions dues à la ville ; lu grande salle de l’hôpital
devra toujours être réservée pour le service des prêtres pauvres et aussi pour celui des femmes
honnêtes qui éprouveraient le désir, ou le besoin à l’occasion de leurs couches, de s’y reposer,
s’y retirer et y coucher, quod caméra major dicti hospitalis retineatur per dictum rectorem et
perpctuo, ad senitium et explectum pauperum presbyterorum et mulierum honestarum, quœ
ibi vellent, aut alias indigerent occasione partus liberorum, quietare, reduci ac recubi ; les
consuls, après la mort du donateur, conféreront l’hôpital à Jacques Brossard, son fils naturel,
surnommé Nebot, quem Nepotem nommant, si toutefois ce dernier les en requiert et à
condition qu’il ait été promu aux ordres ; comme les biens du dit Brossard pourraient ne pas
suffire a la fondation d’un hôpital, vraiment utile, les consuls, s’il leur plaît, uniront au nouvel
établissement les biens de l’hôpital de la ville, dont la maison est défectueuse, peu solide et
menaçant ruine, cam bona ejusdeni non forsan sufficereni ad fundandum bonurn hospitale et
sit mehus et honcstius unum bonum hospitale et utile pro Christi pauperibus habere quam duo
minus utilia deservire, quod dicti domini consules, pro se et nomine dictae villae, si placeat et
visum fuerit peragendi, de bonis ipsius hospitalis dictae villae, cujus domus est inepta, debilis
et ruinosa, niagis utilibus innuant et conférant dicto suo novo hospitali, ad dictum Dei
senitium exercendum et Christi pauperum refugium ; parce que la construction de la chapelle
et la licence à obtenir pour cela en cour de Rome entraîneront de grands frais, les consuls
voudront bien payer 60 francs d’or et deviendront ainsi participants à la fondation ; le dit
Brossard, donateur, ayant déclaré sa volonté de servir Dieu et les pauvres, les consuls lui
concèdent, sa vie durant, le gouvernement du nouvel hôpital. Acte fait en assemblée de
consulat où se trouvaient Pierre Roche le vieux, Pierre Brun (de Bruno), Pierre de Aziis (?) et
Raymond Lacalm, consuls ; Raymond Chargier, bourgeois, Gerald de Rochefort (de Rupe
forti), chevalier, Pierre Jaffe, Jean Bar, Gerald Fabre (de Fabro), Gerald Custel, alias la
Rebière, Guillaume Sol (ou Dusol, de Solo), Pierre Régis, fils de Martin, Raymond dal
Soulier, Jean Reynaud, bourgeois, Jean Mercier, Hugues Reynaud, bourgeois, Bernard Malier,
Bernard lou Rous, Guillaume d’Antissac, Aymeric de Cossnras, Jean de Gibardel, Pierre
Angier et Pierre Roche, habitants do la ville (11 avril 1388). ŕ Ordonnance de Jean-Gilles du
Coëtlosquet, évêque de Limoges : « Vu le mauvais état où est l’autel de la chapelle de
l’ancien hôpital de la ville de Brive, et dûment informés des indécences et scandales qui s’y
commettent, nous ordonnons... que le dit autel sera démoli, en présence du sieur curé de
Saint-Martin de Brive, qne nous commettons à cet effet pour recueillir les reliques qui
pouroient s’y trouver » (31 mai 1745).
A2. (Registre). ŕ In-f°, 1 pièce, parchemin, et 7 pièces, papier, réunies sous une meme
couverture
1385-1762 ŕ Hôpital Notre-Dame Majeur. ŕ Autres copies de la bulle de Clément vu et de
la donation de Brossard (1385-1388). ŕ Hôpital général. ŕ Lettres patentes du roi Louis xiv
concernant l’établissement de l’hôpital général de la ville de Brive : « ... La divine Providence
aiant fait voir qu’il ne luy est rien impossible et que, par une police réglée sur les maximes de
l’Evangile, l’on pouvoit remédier à la vie scandaleuse et au libertinage de la pluspart des
pauvres mandians, et les tirer des désordres que leur causent l’oisiveté et la fainéantise, et
empescher que désormais ils ne courent comme des vagabonds par les provinces et dans les
rues des villes, et ne rendent plus d’imporlunité dans les églises, en les enfermant en des (Ce
document a été rongé à sa partie supérieure. Le texte des citations qui suivent a donc du être
complété, sur quelques points, au moyen d’emprunts faits aux copies cotées A 3) lieux où ils
soient non seulement logés, nourris et entretenus, mais encores instruits dans les mistères de
la religion, et y apprennent un mestier pour gagner leurs vies ; et comme ce renfermement a
esté fait avec grand succès dans nostre bonne ville de Limoges et dans plusieurs autres villes
de nostre royaume, à l’instar de celuy de nostre bonne ville de Paris, à cet exemple les
habitans de nostre ville de Brives en Bas-Limousin, portés d’un mouvement de piété envers
les pauvres qui sont en grand nombre dans lad. province, auroient par un acte de délibération
fait entr’eux, le 4 juillet 1674, en présence du sieur Bidé de la Grandville, nostre conseiller,
maistre des requestes ordinaire de nostre hôtel, lors commissaire par nous départy en la
généralité de Limoges, résolu etarresté, sous nostre bon plaisir, de faire bastir un hospital
général dans la place du Puyblanc de lad. ville de Brives, et de prendre pour cet effet un jeu de
paulme, en ruyne et abandonné, dépendant de l’hospital Nostre-Dame Majeure de lad. ville, et
auroient [confié] le soin dud. bastiment à mre
Jean Verlhat, official d’icelle, lequel par sa
bonne conduite, aydé des charités des gens de bien, auroit conduit cet ouvrage presque dans sa
perfection, y aiant desjà asses de bastimens pour loger plus de cent pauvres, et aiant espérance
que par la charité et les biensfaits de ceux qui ont du zèle pour la gloire de Dieu, il y aura
fonds suffisant, non seulement pour conduire cet ouvrage au point où il doit estre, mais encore
pour la subsistance des pauvres qui y seront enfermés, en y unissant led. hospital Nostae-
Dame Majeure de lad. ville... ensemble les biens et revenus des confrairies dont l’application
ne se fait pas en œuvres de piété, les biens et revenus qui ont été usurpés sur led. hospital
Nostre-Dame, qui se trouveront retenus au préjudice des pauvres par telles personnes que ce
soit ou puisse estre, ensemble toutes les aumosnes générales et particulières qui se font ou
doivent faire dans lad. ville et aux environs... et généralement tous dons, legs et libéralités qui
ont esté faits dans lad. ville et aux environs en faveur et considération des pauvres, pourveu
que de nostre part nous agréons de contribuer à une si dévote et pieuse entreprise, de nostre
autorité et protection. A ces causes, de l’advisde nostre Conseil... nous avons, parées pré entes
signées de nostre main, dit, statué et ordonné, disons, statuons et ordonnons, voulons et nous
plaist que tous les pauvres mandians, valides ou invalides, de lad. ville et fauxbourgs de
Brives, et parroisses de St-Sarnin et St-Martin en dépendantes, soient enfermés dans la maison
et hospital, qui a esté basty pour cet effet dans la place du Puyblanc de lad. ville, pour la
commodité et perfection duquel bospital, nous permettons aux administrateurs d’iceluy, de
l’estendre dans lad. place du Puyblanc, ainsy qu’ils aviseront, à la charge d y laisser un
chemin et passage suffisant pour la commodité publique, et de faire former de murailles tant
le jardin dud. hospital que possessions voisines que les anciens scindics dud. hospital ancien
ont acquises à ce dessein ; auquel hôpital, les pauvres seront emploies aux manufactures et
autres ouvrages de travail, selon l’ordre et manière qu’il sera jugé à propos parlcsd.
administrateurs ou ceux ausquels la direction dud. hospital est commise. Voulons que lad.
maison soit nommée à l’avenir Hospital général de Brives, que l’inscription en soit mise, avec
l’écusson de nos armes sur le portail de lad. maison, duquel hospital général nous voulons
estre le protecteur et conservateur, sans qu’il dépende en façon quelconque de nostre grand
aumosnier ny d’aucuns de nos officiers... Voulons que l’administration et gouvernement dud.
hospital général, tant pour l’instruction, nourriture, entretien et correction des pauvres
enfermés que pour le soin des manufactures des ouvrages et généralement de tout ce qui
concerne le bien dud. hospital général, soit entièrement confié à l’avenir à six notables
habitans, choisis et éleus de tous les corps et compagnies de lad. ville, entre lesquels sera
nommé deux ecclésiastiques. Voulons que les premiers administrateurs dud hospital soient
led. mre
Jean Verlhac, prestre official dud. Brives, mre
Philbert de Léonard de la Jugie, prestre
et chanoine, Cristofle-François du Mas de Neuville, ancien président au présidial de Brives,
Antoine de Fieux, lieutenant particulier aud. siège, et Me Hiérôme Lescot, advocat, et Jean
Noiret, marchand de lad. ville ; laquelle administration durera seulement quatre ans, sans que,
pendant led. temps, ils puissent estre changés, sinon en cas de mort, absence, ou autre
empeschement, ou cause légitime d’aucuns d’iceux, auquel car il leur en sera su-Drojré
d’autres, en leur lieu et place, qui seront nommés par le corps de ville, a la pluralité des voix...
Voulons que, de deux en deux ans que sera faite la nomination après lesd. quatre ans expirés,
qui sera le quinzième novembre, il soit nommé trois nouveaux administrateurs qui entreront
en charge au premier janvier ensuivant, avec trois anciens qui seront réservés, et ainsy
continueront lesd. nominations et réserves de deux en deux ans ; et pour le gouvernement
spirituel dud. hospital, il y sera pourveu par led. sieur évesque de Limoges... Pourra assister au
bureau et assemblées, le sieur lieutenant général en la séneschaussée et siège présidial dud.
Brives, lequel y aura voix délibérative, toutes fois et quantes que bon luy semblera de s’y
trouver. Y pourra aussi assister le substitut de nostre procureur général aud. siège, pour y
requérir, dans le besoin, ce qu’il jugera à propos pour nostre service, bien des pauvres et
avantage dud. hospital général. Faisons défenses à toutes personnes de quelque qualité et
condition qu’elles soient, valides ou invalides, de mandier dans les églises ou par les rues,
publiquement ou en secret, à peine de prison pour la première fois, et pour la seconde, d’estre
razés et bannis ; que, si aucuns pauvres vont mandier dans les maisons, enjoignons aux
propriétaires ou locataires, leurs domestiques ou autres, de les retenir, jusqu’à ce que lesd.
administrateurs en soient advertís pour faire constituer prisonniers par leurs officiers. Faisons
pareillement défenses à toutes personnes, de quelque qualité qu’elles puissent estre, de faire
aucune quests... sous quelque prétexte que ce soit, sinon par permission des administrateurs
dud. hospital général, dans lesquelles défenses n’entendons comprendre les questes des
religieux mandiants, Quinze-Vingts et prisonniers. Nous donnons et attribuons auxd.
administrateurs et à leurs successeurs tout le pouvoir, autorité, direction, correction et
châtiment sur lesd. pauvres enfermés, et pour cet effet, leur permettons avoir dans lad. maison
de l’hospital général, poteaux, carcans et prisons... Et quant aux pauvres qui seront trouvés
mandier par les rues, églises, fauxbourgs et parroisses de lad. ville, pourront lesd.
administrateurs les faire constituer prisonniers ès prisons dud. hospital ou en celles de lad.
ville, pour tel temps.qu’ils aviseront. Défendons à toutes personnes, de quelque qualité et
condition qu’elles puissent estre, de donner l’aumosne aux pauvres mandians... à peine de
trois livres d’amande applicable au profit dud. hospital général... Défendons pareillement aux
propriétaires, locataires et à tous autres, de loger et retirer ny retenir ches eux, après la
publication des présentes, les pauvres mandians et tous vagabonds, à peine de cent livres
d’amande pour la première fois et de trois cens livres pour la seconde et de plus grande en cas
de rescidive, le tout applicable aud. hospital... Et pour empescher lesd. pauvres de
mandier,permettons ausd. administrateurs d’eslire tel nombre d’archers qu’ils jugeront
nécessaire, ausquels archers donnons pouvoir de publier et signifier, par la ville et parroisses
susd., tous mandemens et ordonnances du bureau dud. hospital, donner assignations et faire
exploits de commandemens de payer les deniers et choses qui seront légués et aumosnés,
recevoir les pauvres pas-sans qui se présenteront aux portes de lad. ville et faux-bourgs, les
conduire et leur faire donner la passade. Permettons ausd. administrateurs de mettre ausd.
portes, un ou deux archers, qui seront maintenus par les bourgeois et habitans de lad. ville et
fcuxbourgs d’icelle les plus proches des portes, pour, en cas de violence de la part des pauvres
passans, leur estre donné ayde et assistance, à peine de trente sols d’aumosne contre les
refusans, applicable and. hospital général... Enjoignons ausd. habitans de prester main-forte
ausd. archers, lorsque les pauvres feront résistance ou qu’ils seront empesehés de les conduire
par quelque personne que ce soit. Auront lesd. archers des casaques avec des croix ou autres
marques particulières, afin qu’ils puissent estre connus, et leur permettons de porter épées et
hallebardes pour leur défense, s’il est jugé nécessaire par les administrateurs, nonobstant les
défenses portées par nos ordonnances. Enjoignons ausd. archers d’faire une exacte
perquisition de tous les pauvres mandions, à peine d’estre chassés... Voulons qu’il soit fait
visite, au moins de trois en trois mois, en lad. ville, fauxbourgs, et parroisses d’icelle, et autres
lieux où les pauvres et vagabonds ont accoutumé do se retirer et loger, par les consuls de lad.
ville ou administrateurs dud. hospital, qui se feront accompagner des habitants des lieux qu’ils
visiteront, pour en chasser lesd. pauvres, vagabonds et gens sans aveu, ou les faire constituer
prisonniers, si ce sont gens de mauvaise vie, pour leur estre fait le procès par led. lieutenant
criminel, à la requête de nostre procureur, suivant la rigueur des ordonnances... Et d’autant
qu’il faut un fond considérable pour cet establissement, nous avons uny et incorporé aud.
hospital général, led. hospital de Nostre-Dame Majeure..., ensemble les biens et revenus des
confrairies dont l’application ne se fait pas en œuvres de piété..., ensemble toutes les
aumosnes générales et particulières qui se font ou doivent se faire... et généralement tous
dons, legs et libéralités qui ont été faites dans lad. ville ou environs, en faveur et considération
des pauvres, par contrat, testament et dispositions... Permettons ausd. administrateurs de
mettre troncs, bassins et petites boëtes, en toutes les églises, carrefours et lieux publics de lad.
ville et faux-baurgs de Brives, et qu’ils puissent mettre lesd. boëtes aux magasins et boutiques
des marchands, aux hostelleries et marchés publics, halles et foires, et en tous lieux où l’on
peut estre excité à faire la charité, mesme aux occasions de baptesmes, mariages, convois,
enterrements, services et autres de cette qualité. Voulons aussi que tous les officiers de
jud