21Partie 1 : repères hi"oriques et arti"iques
Les jardins
Quelques chiffres
Le domaine royal de Versailles comprend 8 000 he%ares jusqu’à la Révolution. Aujourd’hui,
sa super)cie e" de 830 he%ares, dont 77 he%ares de jardins (petit parc), 431 he%ares pour le grand
parc, 24 he%ares pour le grand canal et 96 he%ares pour le domaine de Trianon. 43 kilomètres
d’allées permettent d’arpenter ce va"e site. 300 "atues, bu"es et vases font de ces jardins
un véritable musée de plein air. 55 fontaines et bassins les agrémentent également, soit 620 jets
d’eau, le tout entretenu via 35 kilomètres de galerie souterraine. En 1990, la tempête a frappé plus
de 1 300 arbres. Celle de 1999 a été beaucoup plus déva"atrice encore, puisque ce sont 10 000
arbres qui ont été détruits, parmi les plus anciens. On dénombre par ailleurs 700 topiaires* taillés
de 67 formes di6érentes.
Un jardin à la française
Louis XIV fait appel au jardinier André Le Nôtre en 1661 pour créer les jardins de Versailles. Les travaux
durent 40 ans. André Le Nôtre va créer un jardin « à la française », c’e"-à-dire dans lequel la nature e"
maîtrisée pour former un ensemble régulier et symétrique. Au centre de ce jardin se trouve une allée de
pelouse : c’e" l’axe de la per<e%ive, qui conduit notre regard vers l’in)ni et l’horizon.
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Légende1 parterre d'eau2 parterre nord3 bosquet des trois fontaines4 bassin de Neptune5 bosquet des bains d'Apollon6 bosquet de l'Étoile7 bosquet du Dauphin8 bosquet de l'Obélisque9 bosquet de l'Encelade10 bosquet des Dômes11 bassin d'Apollon12 tapis vert13 bosquet de la Colonnade14 jardin du Roi15 bosquet de la Girandole16 bassin du Miroir17 bosquet de la Reine18 salle de Bal19 Orangerie20 bassin de Latone
24Cette allée centrale e" aussi appelée
le « tapis vert » et mesure 330 mètres ;
elle mène jusqu’au bassin du char d’Apollon.
De chaque côté se trouvent des allées,
des parterres et des bosquets. Le jardin de
Versailles a été conçu pour être contemplé
depuis les appartements.
Le pouvoir absolu
En créant ces jardins, Louis XIV fait
également passer un message : il veut
symboliser son pouvoir absolu. En e6et,
le roi e" en général représenté en Apollon,
dieu du soleil, dieu guerrier et en même
temps prote%eur des sciences et des arts.
Il représente l’harmonie et in"aure la paix.
L’emblème du soleil choisi par Louis XIV
illu"re sa puissance : c’e" le soleil
qui di%e au cosmos (au monde) ses règles.
Louis XIV aimera toute sa vie ses jardins.
Il rédigera même un guide intitulé Manière
de montrer les jardins de Versailles,
conseillant un « parcours de visite ».
À la )n de sa vie, il continuera de s’y
promener en « roulette » (chaise roulante).
Le bassin de Latone
Ce bassin représente Latone, qui e" la mère
d’Apollon (dieu du soleil) et de Diane (déesse de la chasse). Elle e" la maîtresse de Jupiter.
Après avoir été chassée par des paysans alors qu’elle se rafraîchissait au bord d’un étang,
elle demande à Jupiter de la venger. La scène à laquelle nous assistons représente
la transformation par Jupiter des paysans en grenouilles, tortues et lézards.
l'eau à versaillesVersailles est construit sur d’anciens marécages
et ses ressources en eau sont insuffisantes pour
alimenter les fontaines. De nombreux et
gigantesques travaux sont entrepris durant 50 ans,
sous le règne de Louis XIV, pour y remédier.
La Bièvre est détournée, un aqueduc* est construit
à Buc pour récupérer les eaux de pluie tombant
sur le plateau de Saclay, la machine de Marly est
construite pour capter l’eau de la Seine et des
réservoirs sont bâtis (à côté de l’opéra).
30 000 ouvriers travaillent sur ces chantiers,
6 000 mourront.
Les fontaines fonctionnent grâce à la force de la
gravitation. Les jets d’eau les plus élevés se
rencontrent donc dans la partie basse des jardins,
c’est-à-dire où la pression est la plus forte.
L’eau passe de fontaine en fontaine et finit sa course
dans le grand canal. De là, elle est réacheminée vers
les réservoirs grâce à une pompe immergée très
sophistiquée. Sous Louis XIV, le travail, effectué
de nos jours par cette pompe moderne, était réalisé
par des moulins à vent.
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Les sculptures des quatre continents (Asie, Afrique, Europe, Amérique)
L’Asie e" représentée par une femme portant un encensoir, qui symbolise les épices et les odeurs
variées et précieuses qui proviennent de ce continent. C’e" un moulage qui e" présenté ici, car
l’original a été endommagé par la tempête de 1990.
L’Afrique e" représentée par une jeune femme portant une dépouille d’éléphant sur la tête.
Un lion e" à ses pieds ; il symbolise l’importance et la variété des animaux présents sur ce continent.
L’Europe e" représentée comme une reine revêtue d’un manteau. Elle tient dans sa main
gauche un écu sur lequel e" représenté un cheval. À ses pieds se trouvent des trophées d’armes,
représentant l’habileté et la valeur des Européens.
L’Amérique e" représentée par un Indien coi6é de plumes et portant un arc et des Zèches,
qui servaient aux hommes comme aux femmes pour combattre l’ennemi. Un alligator se trouve
à ses pieds.
LEs bosquets
Le bosquet des Trois fontaines
Il e" conçu par André Le Nôtre entre 1677 et 1679. Comme son nom l’indique, il e" composé de trois
bassins répartis sur trois niveaux de terrasses alliant décors végétaux et jeux d’eau. Bien dissimulé par
les treillages, ce bosquet a été aménagé de manière à ce que le roi, atteint de goutte à l’âge de 39 ans,
puisse y venir en « roulette » et se déplacer sur les rampes d’accès en gazon. Au XVIIIe siècle, il e"
peu entretenu, puis laissé à l’abandon, avant de di<araître. Après de nombreuses études et années
de recherches, ce bosquet e" recréé notamment grâce à des gravures, tableaux et récits d’époque
retrouvés dans les archives. Les techniques anciennes ont également été retrouvées a)n de récréer
les bassins. Ainsi, depuis 2004, on peut voir la )nesse technique des 3 bassins :
- au bassin inférieur, les jets forment une
Zeur de lys ;
- au centre, des lances verticales et
une voûte d’eau ;
- en haut en)n, une colonne d’eau formée
de cent quarante jets ; c’e" d’ailleurs
cette colonne imposante qui alimente
les bassins inférieurs.
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Quatre bassins représentant les saisons se trouvent aux carrefours
du jardin bas. Les bassins marquent le temps
qui passe et la course du soleil. Les quatre
)gures regardent d’ailleurs vers le grand axe.
Le bassin de Cérès
Au nord-e", l’été e" représenté par Cérès,
la déesse des moissons. Cérès e" allongée sur
un lit d’épis de blé, elle e" entourée de petits
cupidons. Cérès rappelle que l’été e" la saison
des moissons et de la récolte du blé.
le bassin de Flore
Au nord-oue", le
printemps e" représenté
par Flore, la déesse des
Zeurs et du printemps.
Elle e" )gurée en jeune
)lle entourée de Zeurs
et de bourgeons.
Flore rappelle que le
printemps e" la saison de
la renaissance de la nature
et du retour des Zeurs.
Le bosquet de l’Encelade
Ce bosquet e" l’œuvre d’André Le Nôtre et le
végétal y e" dominant. Tout autour, on découvre
une galerie de treillage, des topiaires* en forme
d’amphore et des vasques de rocaille.
Au centre, se trouve l’Encelade, un géant qui
tente d’escalader l’Olympe pour détrôner les
dieux. Il e" alors frappé par Jupiter. La scène qui
e" représentée montre l’Encelade qui e" en train
de di<araître sous les rochers de lave.
qu'est-ce qu'un BOSQUET?Également appelés cabinets de verdure, ce sont des salons de plein air
que l’on ne découvre qu’une fois passé l’entrée. Chaque bosquet e" di6érent.
Ils sont de"inés à surprendre. Nombre de bosquets ont di<aru, comme
le labyrinthe, du fait de leur fragilité et d’un entretien coûteux.
Le bassin de Saturne
Au sud-oue", l’hiver e" représenté par Saturne,
le dieu du temps. L’hiver e" la dernière saison
de l’année, il symbolise la )n de la vie humaine.
C’e" pourquoi Saturne e" représenté en
vieillard frigori)é.
le bassin de Bacchus
Au sud-e", l’automne e" représenté par Bacchus,
le dieu du vin et de l’ivresse. Le lierre (plante
grimpante) et les grappes de raisin sont ses
emblèmes. Il évoque les plaisirs de la vie. Il e"
accompagné de petits satyres (personnages à
corps humain et pattes de boucs). Bacchus
rappelle que l’automne e" la saison des vendanges
et de la transformation du raisin en vin.
Le bosquet de la Salle de bal ou
bosquet des Rocailles
C’e" le dernier bosquet réalisé par André
Le Nôtre à son retour de voyage d’Italie.
Ce bosquet prend d’ailleurs la forme d’un
amphithéâtre romain. À l’origine, en 1685, ce
bosquet e" composé de gradins recouverts d’une pelouse comme aujourd’hui et d’une pi"e de
danse au centre. De l’autre côté des gradins, se trouve une cascade derrière laquelle s’in"allaient les
musiciens. Le décor rappelle le <e%acle :
sur les 4 vases placés à l’entrée )gurent des scènes de danse ; les torchères illu"rent les thèmes de la
musique et de la danse.
En 1707, la pi"e de danse e" retirée et le bosquet prend alors le nom de bosquet des Rocailles.
Ce terme de rocaille englobe l’ensemble des pierres meulières*, reliées entre elles par un )l
métallique, mais aussi les concrétions* de grès dont les formes sont naturelles, les coquillages
ramenés de la mer Rouge et de l’océan Indien et les lapis-lazuli, pierres semi précieuses de
couleur bleue.
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LES fêtes De nombreuses fêtes ont lieu dans les jardins de
Versailles comme Les plaisirs de l’île enchantée, en mai
1664. Cette fête, qui a duré 8 jours et 8 nuits, était donnée
en l’honneur de Louise de La Vallière, la favorite du roi
Louis XIV. 600 personnes ont assisté à des défilés
équestres, ballets, feux d’artifices, jeux, courses de
bagues… Trois pièces de Molière y sont également jouées,
ce qui a nécessité 4 mois de préparation. Cette fête était
réservée à la cour. Quelques années plus tard, en 1668,
Louis XIV donne un Grand divertissement, en l’honneur
de Madame de Montespan, fête ouverte au public,
ce qui a donné lieu à quelques débordements.
28L’Orangerie
L’orange e" un fruit rare et précieux. La passion pour les colle%ions d’orangers remonte en France
au XVIe siècle, c’e"-à-dire à la Renaissance. Avoir une orangerie à proximité de son château e" vite
devenu une tradition princière, signe de richesse et de luxe partout en Europe.
Le bâtiment e" conçu pour protéger les arbres exotiques (orangers, citronniers, grenadiers…) du
froid ; con"ruit au sud, donc face au soleil, il se situe en contrebas du château, ce qui le préserve
du vent. Les murs sont très épais. Dès l’automne et durant l'hiver, il abrite les deux mille caisses
d’arbres exotiques, dont environ 1 800 caisses d’orangers et 200 palmiers. Au printemps et en été,
les arbres sont sortis et di<osés sur le parterre prévu à cet e6et ainsi que dans le re"e des jardins.
Ce parterre devient un véritable petit jardin exotique lorsqu’on y place les arbu"es.
Le jardin de l'Orangerie e" con"itué de quatre plates-bandes en buis taillé autour d’un bassin central.
« Le bâtiment est conçu pour protéger les arbres exotiques du froid »