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Page 1: La lettre de Michèle RIVASI

1hiver 2012L ettre de Michèle RivasiActuAlités

lA trAnsformAtion écologique et sociAle Au cœur des enjeux de 2012Le printemps 2012 doit permettre de mettre fin à une funeste dérive de notre République où la casse des services publics et notamment ceux de la santé et de l’éducation, le culte de l’argent-roi et du “bling-bling”, la chasse aux étrangers, la relégation de l’urgence environnementale et climatique, la mise en concurrence des citoyens et des territoires les uns contre les autres sont devenus monnaie courante.Il faut mettre fin à l’ère de Nicolas Sarkozy qui, en guise de rupture, n’a entraîné que le divorce avec notre devise républicaine : liberté, égalité, fraternité.

Mais cette alternance doit aussi faire renaître l’espoir d’une autre gauche écologiste et sociale, réformiste et radicale.

Les citoyens ont trop souffert et sont aujourd’hui assommés par la crise systémique. Il faut absolu-ment réformer la fiscalité pour restaurer de la justice sociale et environnementale (application du prin-cipe pollueur-payeur).

Pour gagner et esquisser une nouvelle espérance, le rassemblement sera nécessaire. Celui des socialis-tes avec les écologistes et la gauche radicale et tous ceux qui croient qu’une alternative à la politique de Nicolas Sarkozy est possible.

Eva Joly sera pendant la campagne présidentielle notre porte voix. Elle portera les valeurs fondamen-tales de l’écologie politique : la solidarité, le paci-fisme, une nouvelle façon de faire de la politique, l’émergence d’un nouveau modèle de société fondé sur la sobriété, la relocalisation et la reconversion écologique de l’économie...

Elle portera un projet de civilisation pour rompre avec le libéral-productivisme et le mythe du “toujours plus” qui fonde trop souvent encore le “progrès”.

Voter pour Eva Joly sera une garantie que la transition énergétique, la sortie programmée du nucléaire, la fin du présidentialisme absolu et de la bipolarisation de la vie politique est en route.

Voter Eva Joly c’est donner une couleur à l’espoir.

Mais Eva Joly c’est aussi l’incarnation de l’éthique et de la probité. La République exemplaire que nous défendons est celle du Bien commun, de la probité, de la fin de l’influence occulte des lobbys et

des multinationales. Voter Eva Joly, c’est voter pour une autre République, transparente et citoyenne n’acceptant plus aucun privilège et combattant tout conflit d’intérêt, clientélisme...

Les écologistes montrent depuis des années dans les institutions locales et au Parlement européen qu’il est possible de modifier les politiques publi-ques et de changer de logiciel pour transformer nos villes, maintenir l’agriculture locale, le savoir faire des terroirs…

Si nous devons nous mobiliser pour sortir les sortants en France et le roi de l’esbrouffe médiatique, l’avenir de l’Union européenne est posée.

L’Europe a rendez-vous avec l’histoireLa crise des dettes étatiques que nous traversons montre bien qu’un virage de l’UE vers plus de fédé-ralisme est nécessaire.

Il faut sortir des vieux réflexes de repli protection-niste des vieux États Nation. L’Europe doit franchir le pas d’une harmonisation sociale par le haut et fiscale en protégeant les États et populations les plus fragilisés. Il faut augmenter considérablement le budget de l’Union européenne afin de lancer des chantiers de reconversion écologique des grands bassins industriels et afin de construire des infras-tructures de transports alternatifs à la voiture et à l’avion et un véritable réseau intégré de production d’énergie renouvelable.

Le chantier est colossal et un réveil citoyen d’une conscience européenne est fondamental.

sommaire

Michèle RIVASI

Lettre de Michèle RivasiDéputée européenne Europe Écologie Les Verts du grand Sud-Est

hiver 2012

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Michèle RIVaSI

[email protected]

bRuxelleS : David DRUI, Monica KERKoVE-LEUSSINKParlement européen - Bât. aSP 08G309 rue Wiertz 60, B-1047 Bruxelles+(32) 2 284 53 97

PARIS : Célia FoNtaINE, attachée de [email protected]

VAlence : Justine aRNaUD9, rue du Champ de Mars 26 000 Valence04 75 60 32 90 / 06 37 15 76 [email protected]

MARSeIlle : Ludivine aNDRIotL’Ecomotive, 2 place des Marseillaises13001 Marseille – 06 15 10 44 72

HOMMAGe À DAnIelle MITTeRRAnDUne grande dame s’en est allée…

Nous nous associons à la peine de ses proches, à celle de nos compa-gnons de route dans la lutte pour la reconnaissance du droit à l’Eau comme Bien commun universel de la fondation France Libertés, et à celle de tous ceux qui ont partagé ici et là ses combats, ses résistances, ses indignations, ses émotions.

Danielle Mitterrand que j’ai pu rencontrer à plusieurs reprises cette dernière année (à Marseille pour une opération des Porteurs d’Eau ; à Strasbourg pour un grand forum au Parlement européen sur l’Eau…) était une personnalité extrêmement attachante, à la générosité conta-gieuse et dotée d’une détermination de fer.

Danielle Mitterrand devait être à nos côtés au printemps prochain à Marseille pour dénoncer l’usurpation du Forum mondial de l’Eau, foire de marchands reléguant l’Eau au rang de marchandise.

Nous aurons à cœur de poursuivre ce combat qu’elle incarnait comme femme libre, volontaire, sensible et porteuse d’espérance.

Merci Danielle.Au revoir.

Michèle Rivasi

p.2-3 ActuAlités européennesp.4 urgence sAntép.5 gAz de shistep.6-7 région sud-estp.8 Brèves-AgendA

édito

« L’alternance est un impératif catégorique »

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Cts

Directrice de la publication Michèle rivAsi Rédacteur en chef sébastien BArles Aide rédaction david drui, ludivine Andriot, Monica KerKove, célia FontAine, Justine ArnAud photos : emma chAMArd, éric coquelin, (…) Conception-réalisation sylvie rivoire BrAndAo Reprographie imprimerie esMenJAud

Voir l’entretien-débat avec Danielle Mitterand et Jean-Luc Touly:http://dai.ly/EauBienCommun

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2 hiver 2012L ettre de Michèle RivasiActuAlités

à Cannes et à Nice début novembre 2011

Si la mobilisation altermondialiste fut quel-que peu décevante (environ 7 000 person-nes présentes), ceci peut s’expliquer par le climat de démobilisation et de sinistrose ambiant qui se traduit par une certaine forme de résignation face à la crise systémi-que que nous traversons. La psychose – les hordes sauvages ou “blacks blocks” devant tout saccager dans Nice – copieusement relayée par les médias locaux a également pu démobiliser certains autochtones.Plus de 2 500 gendarmes mobiles et CRS ont été mobilisés aux frais du contribuable pour encadrer la manifestation créant un climat de terreur et un certain agacement dans les quartiers populaires de l’est niçois ; les habitants ont été assignés à résidence tout ce bel après midi de toussaint.Signe positif : la manif était jeune et colorée et on sent un passage de témoin entre les mouvements altermondialistes traditionnels (ceux nés grossièrement à Seattle en 99 et qui s’essoufflent quelque peu de contre-sommet en contre-sommet) et la nouvelle génération des « Indignés » – assez forte-ment et diversement présents – plus enclins à la démocratie directe, à la mise en réseau et à l’ancrage au plus près des citoyens (quartiers, villes...) sur des revendications de démocratie réelle pointant directement la nécessaire régénération de la forme démocratique représentative classique.Europe écologie les Verts soutient l’appel à l’audit citoyen à la crise de la dette (qui doit payer ? quel rôle doit jouer l’Europe ? quelles sont les instances de régulation internatio-nales pertinentes ? comment éviter la casse des services publics et la privatisation des Biens Communs ?…) et la création de comi-tés locaux pluralistes. Nous allons initier la création locale de ces comités et organi-serons prochainement un grand débat sur l’avenir de l’Union européenne sur la base du mot d’ordre « Une autre Europe est possible : fédérale, sociale, écologique et démocratique ».

Voyage au Japon FukuSHIMA : Au JAPOn, ce n’eST PAS lA RADIOAcTIVITé MAIS lA DéSInFORMATIOn quI TueEn juin dernier je me suis rendue au Japon pour constater sur place la situation à laquelle était confrontée la population japo-naise, des paysans de Fukushima aux mères japonaises et médecins se mobilisant pour la protection de leurs enfants.Sans surprises, j’ai pu voir à quel point les Japonais pouvaient être désinformés et mis en danger par les autorités publiques. alors que la zone d’exclusion prioritaire consis-tait initialement à un périmètre de 20 km autour de la centrale, les autorités ont fina-

lement élargi ce périmètre à 30 km. Pour-tant, même les américains préconisaient un périmètre de 80 km.Des conférences scientifiques publiques sont organisées dans la préfecture de Fukushima pour rassurer la population et l’inciter à vivre sans changer ses comporte-ments alimentaires. Des spécialistes de la radioprotection tels que Shunichi Yamashi-ta affirment même que c’est la radiophobie qui affecte la santé des gens, que plus on sourit moins la radiation nous atteint et que ceci a même été démontré par des expé-rimentations animales. L’excès de zèle a même atteint Norikazu otsuka, un présenta-teur de journal télévisé qui consommait en direct des produits alimentaires venant de Fukushima pour démontrer leur innocuité. Résultat : il est aujourd’hui hospitalisé après avoir contracté une leucémie aiguë.C’est pour ces raisons que j’ai mis en rela-tion la CRIIRaD et des groupes de citoyens rencontrés sur place, afin de les informer et les équiper en matériel de contrôle de la radioactivité des aliments consommés. C’est un premier pas salutaire dans la lutte contre la désinformation. Ma visite coïnci-dait d’ailleurs avec la réalisation au Japon de Tous Cobayes ?, le prochain film de Jean-Paul Jaud qui traitera notamment du nucléaire.

Le nucléaire au Parlement européen

Euratom, déchets radioactifs, tests de résistance : les institutions européennes cautionnent l’illusion nucléaire

au Parlement européen, la majorité des décisions concernant le nucléaire sont votées dans la Commission Industrie, Recherche et Energie (ItRE) où siège une majorité pro-nucléaire. Par ailleurs, le Parlement n’est que “consulté” sur les questions nucléaires, sauf sur les questions budgétaires. En effet, le traité Euratom reste la base juridique de l’action de l’UE en matière de nucléaire et il n’y a donc pas de codécision avec le Conseil, comme c’est le cas sur la majorité des sujets depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Pour autant, il reste important que le Parlement ait une position forte face aux dérives nucléocrates du Conseil de l’UE. Cette année, trois sujets importants ont été débattus au Parlement : une directive sur les déchets radioactifs, le budget d’Euratom pour la période 2012-2013 et les fameux «stress tests» post-Fukushima voulus par la Commission.après une longue bataille, les Verts ont réus-si à convaincre les autres groupes politiques qu’il fallait interdire l’exportation de déchets radioactifs vers des pays tiers (notamment l’Ukraine et la Russie), puisque chaque pays doit rester responsable de sa produc-tion de déchets mais surtout pour éviter la prolifération nucléaire. L’application du prin-cipe pollueur-payeur est une obligation tant financière qu’éthique. Mais cette victoire au Parlement a malheu-reusement été sanctionnée par une décision inverse du Conseil, qui a voté pour l’autori-sation d’exportation des déchets en juillet dernier. Cette directive impose aussi aux États membres de présenter d’ici 2015 à la Commission européenne un programme détaillé fixant le calendrier et les modalités de construction de centres de stockage des déchets. Une solution que les Verts dénon-cent puisque le principe de réversibilité est loin de faire consensus.aussi, le Parlement s’est exprimé sur le budget du programme de recherche d’Eura-tom. Encore une fois, à défaut de supprimer le budget d’Euratom, j’ai souhaité amélio-rer le texte proposé par la Commission en réorientant ses crédits vers la recherche en matière de démantèlement, de transparen-ce de l’information et de radioprotection. Mais non, les feux du scientisme ont enco-re aveuglé les députés, prêts à se brûler les ailes dans le financement du projet de fusion nucléaire ItER.Enfin, les tests de résistance des centrales nucléaires suite à l’accident de Fukushima ont été très loin des attentes des citoyens et demandes des écologistes. En effet, dès le début les critères d’inspection retenus ont été ceux préconisés par les opérateurs puis repris par les régulateurs : les facteurs de risque internes (incendies, défaillances humaines et techniques, etc.) ne sont pas étudiés, ni même la possibilité d’un attentat. Ces tests réalisés par les autorités nationales – et non par des experts indépendants – ne sont qu’un simple alibi, un exercice de rela-tions publiques visant à renforcer la position de l’industrie nucléaire : aucune obligation de fermeture ne sera imposée si une centra-le échoue à ces tests.

g20/alter g20

nucléAire

[les photos de la visite de Michèle rivasi au Japon ont été prises pendant le tournage du prochain film de Jean-paul Jaud Tous cobayes]

Voir des vidéos d’intervention: http://dai.ly/ITER_ENVI, un entretien-débat sur ITER: http://dai.ly/ITER_Debat ou, sur les phénomènes de disruption: http://dai.ly/ITER_Disruption»

Minamisoma, à 35 km de la centrale de Fukushima Daï Chi

Voir un entretien au retour de Fukushima: http://dai.ly/retour_Japon et l’interpellation en commission ENVI: http://dai.ly/Fukushima_Sante

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3hiver 2012L ettre de Michèle RivasiActuAlités

Le 12 octobre 2011, nous avons organisé avec Gérard Bapt, député PS à l’assemblée nationale, une conférence au Parlement européen avec deux “lanceurs d’alerte” belges : Marianne Ewalenko, cardiologue, et Jean Malak, médecin généraliste. L’occasion d’appeler une fois de plus à la réfor-me de l’agence européenne du médicament.

Le scandale sanitaire du Médiator a mis en exergue la collu-sion qui existe entre industrie pharmaceutique, experts scientifiques et responsables d’agences sanitaires.

Nous avons les éléments démontrant que cette connivence a aussi existé en Belgique pour protéger l’Isoméride, produit cousin du Mediator, appartenant au laboratoire Servier.

Des lanceurs d’alerte ignorésDès 1991, ces deux médecins ont envoyé un signal de phar macovigilance après avoir constaté des valvulopathies

(anomalies cardiaques) chez quelques patientes prenant de la fenfluramine (Isoméride) pour leur surcharge pondérale.

Fin 1994, le docteur Xavier Kurz, du centre de pharmacovigi-lance belge, rédige un rapport dans lequel les alertes sur les risques de valvulopathies lancées par ces médecins belges sont minimisées et contestées. Et jusqu’en 1997, c’est le silence du côté du laboratoire Servier. L’Isoméride est finale-ment retiré du marché en France et aux Etats-Unis à la suite d’une alerte outre atlantique.

Si les notifications de ces lanceurs d’alerte belges avaient été sérieusement prises en considération, ces médicaments n’auraient pas été commercialisés aux Etats-Unis et le retrait de l’Isoméride et du Pondéral serait probablement survenu plus tôt en France. Des milliers de patients auraient pu être épargnés d’effets cardiovasculaires indésirables graves.

La problématique des conflits d’intérêts n’est pas stricte-ment un problème “franco-français”, elle se pose également

à l’agence européenne des médicaments, dont la vocation est de donner des avis scientifiques à la Commission Euro-péenne afin que celle-ci décide de délivrer, ou non, une autorisation de mise sur le marché à des médicaments.

L’OLAF saisiEn février 2011, j’ai saisi avec Eva Joly l’office européen de lutte anti-fraude (oLaF) pour que ce dernier enquête sur les soupçons de conflits d’intérêts qui pèsent sur l’agence. L’oLaF a ouvert une enquête interne le 22 juillet 2011 afin de vérifier ces allégations et une investigation interne est actuellement en cours. Je ne baisserai pas les bras sur ce sujet, et vous recommande la lecture du Livre noir du médi-cament de la journaliste Corinne Lalo paru en novembre 2011.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en mai 2011 les champs électromagnétiques de radiofréquence, en particulier ceux de la téléphonie mobile, dans la catégorie des cancérogènes possi-bles. Ce classement résulte de nombreuses études prouvant que l’exposition répétée aux ondes électromagnétiques entraîne des risques de cancers, surtout chez les enfants et les jeunes adultes.Le 11 octobre dernier, s’est tenu au Parle-ment européen l’atelier-débat « Signaux précoces : le cas du téléphone mobile et des tumeurs cérébrales », que j’ai co-orga-nisé avec mes collègues eurodéputés Frédé-rique Ries (aLDE) et Kriton arsenis (SD). Nous avons notamment invité Lennart Hardell, professeur d’oncologie à l’hôpital universitaire d’orebro (Suède), pour qui le risque de neurinomes acoustiques et de tumeurs cérébrales malignes augmente au fil des années et du temps passé au télé-phone mobile.

J’estime donc que nous sommes au-delà de la phase d’alerte concernant l’utilisation abusive de la téléphonie mobile. Doréna-vant, ce n’est plus le principe de précau-tion qui s’applique, mais le principe de prévention. Cela veut dire qu’il faut révi-ser les normes recommandées à l’échelle de l’Union, et qu’il convient parallèlement de développer la recherche sur les autres effets des ondes électromagnétiques sur le vivant. outre le cancer ou la leucémie infan-tile, certaines études voient en effet un lien entre l’exposition à ces ondes et la maladie d’alzheimer, des troubles du sommeil ou des problèmes psychologiques.Pour rappel, les limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques n’ont pas été modifiées en Europe depuis 1999. Soit à une époque où les appa-reils sans fil (GSM, téléphone DECt, WIFI) n’étaient pas encore un objet du quotidien. J’ai pu rappeler, lors de la conférence de la

Commission européenne du 16 novembre 2011, que l’industrie des télécoms envi-sage d’encore augmenter l’exposition aux ondes électromagnétiques en ajoutant de nouvelles sources de rayonnement telles que le réseau 4G (LtE) ou les compteurs électriques « intelligents ». De plus en plus de personnes deviennent électrosensibles ou intolérantes aux champs électromagné-tiques micro-ondes et très basses fréquen-ces. Dire désormais que ce trouble EHS est imaginaire et de nature psychosomatique est aujourd’hui mensonger.

C’est pourquoi j’invite, au premier trimes-tre 2012, élus, associations, scientifiques, opérateurs, à se réunir pour, ensemble, sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la question des ondes électromagnétiques des téléphones portables et des antennes relais.

SAuVOnS leS AbeIlleSLe Parlement européen a adopté le 15 novembre 2011 un rapport sur la santé des abeilles et les défis lancés au secteur apicole. Pour Michèle Rivasi et José Bové, ce rapport contient d’importantes lacu-nes concernant l’effet des pesticides et les effets sanitaires et économiques des oGM sur les abeilles et l’activité des apiculteurs.C’est pourquoi les députés Verts/aLE et GUE/GNL ont présenté une résolution alternative pour défendre ces aspects aux impacts très lourds pour le secteur apico-le et insuffisamment pris en compte dans ce rapport.Voir la conférence: http://bit.ly/VideoAbeilles

ATTenTIOn Aux JOueTS TOxIqueSEn cette période de Noël, il faut garder à l’esprit que diverses substances chimiques entrent dans la composition des jouets, comme les phtalates, les retardateurs de flammes bromés, le formaldéhyde ou encore le benzène. Le 16 novembre dernier, j’étais présente à l’opération organisée par le réseau d’oNG WECF (Women in Europe for a common future) à Paris, pour dénoncer la toxicité des jouets. L’occasion de rappeler que la directive 2009/48/CE relative à la sécurité des jouets ne va pas assez loin, il faut encore faire évoluer le texte.

l’Agence européenne du médicAment, vrAiment indépendAnte ?

le dAnger des ondes électromAgnétiques en bref

Voir l’entretien-débat sur le danger des ondes: http://dai.ly/Debat_Ondes

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4 hiver 2012L ettre de Michèle Rivasi

Fait historique, l’espérance de vie aux États-Unis a reculé selon une récente étude. Si les maladies liées au mode de développe-ment et à la sur-consommation sont stig-matisées avec les phénomènes afférents d’obésité, de maladies cardio-vasculaires et autres pathologies associées, il apparaît après analyse que c’est bien les inégalités d’accès au système de soins qui pénalisent une large part des citoyens américains et fait chuter l’espérance de vie.En France, si l’espérance de vie continue à croître grâce notamment aux progrès de la médecine, en revanche la durée de vie en bonne santé a reculé pour les femmes entre 2005 et 2008.Michèle Rivasi dans ses récentes inter-ventions au Parlement européen met en exergue l’opacité du système de mise sur le marché de médicaments inefficaces et dangereux comme l’affaire du Médiator le démontre. La règle de base des 4 P (pruden-ce, prévention, précaution, protection) n’est pas de mise en France.

Transparence et indépendance dans la mise sur le marché et l’évaluation des médicamentsLe manque d’indépendance des autorités sanitaires au niveau financier entraîne un manque d’indépendance au niveau de l’ex-pertise technique et c’est bien là le nœud du problème : 67% des experts sont liés aux laboratoires pharmaceutiques. Seule la revue Prescrire est totalement indépendante dans l’éclairage du personnel médical et les conflits d’intérêts sont légion dans ce système.Selon le directeur adjoint de la CNaM, il y aurait en France environ 25 000 visiteurs médicaux employés par les laboratoires contre seulement 2 500 praticiens conseil de l’assurance maladie et donc neutres.Pour sortir de ce cercle infernal, il faut doter l’aFSSaPS d’experts internes, statutaires de haut niveau et indépendants, détachés des universités et capables de prendre publi-quement la responsabilité de leurs déci-sions. Il convient de resserrer les mailles du filet de notre système de pharmacovigilance et de renforcer l’indépendance, la transpa-rence et l’impartialité des décisions ainsi

que d’améliorer la formation continue des médecins (98% de celle-ci est aujourd’hui financée par les labos).

Un usager de plus en plus enclin à l’automédication et à la surmédicationEn France, concernant les antibiotiques, la consommation est 2 à 2,5 fois plus impor-tante qu’en allemagne et 5 fois plus qu’au Royaume-Uni. Plus généralement et par personne, les français consomment 6 fois plus de médicaments que les hollandais.Chaque année, 8 000 morts sont dus à des interactions médicamenteuses ; chaque français consomme en moyenne 29 compri-més de psychotropes Face à cette surconsommation il faut propo-ser une vraie politique de prévention et une régulation des prescriptions en quantité et qualité grâce à une meilleure mise en réseau des professionnels de santé.Cette surmédication a des conséquences sur l’environnement. La revue Prescrire émet l’hypothèse selon laquelle la remise en circulation des eaux usées chargées en traces de médicaments aurait des influen-ces sur le changement de sexe observé chez les poissons, une accélération notable de notre capacité à résister aux antibioti-ques, la multiplication d’hermaphrodisme Il convient d’urgence d’organiser une filière de gestion des déchets médicamenteux.La politique de prévention concerne pour-tant seulement 3% du budget de santé publique et la loi HPSt conserve l’approche d’une politique de prévention assimilée au simple dépistage ou à l’éducation thérapeu-tique du patient.

Usager = vache à lait : vers la hausse des inégalités d’accès aux soinsLe gouvernement de droite depuis 2005 pratique une politique de dérembourse-ment de médicaments qui va crescendo :— 2005 = participation forfaitaire : chaque

acte est facturé un euro— 2006 = participation forfaitaire de 18 euros

pour les actes supérieurs à 91 euros

— depuis 2006 les déremboursements de médicaments ont coûté plus d’un milliard par an aux ménages (les médicaments anciennement remboursés à hauteur de 35% par la Sécu le sont désormais à hauteur de 15%).

— 2008 = mise en place de franchises médi-cales (0,50 centimes d’euro par boîte)

S’ajoute à cela l’explosion du forfait hospi-talier fixé depuis 2010 à 18 euros par jour en hôpital et qui s’ajoute au ticket modé-rateur.ainsi aujourd’hui ce sont les plus vulnéra-bles qui payent pour les riches. 64% des dépenses de santé se concentrent sur 14% de la population (personnes âgées et préca-risées).La politique gouvernementale actuelle nous éloigne des grands principes ayant fondé notre système de santé : un système soli-daire et transgénérationnel.Enfin, le gouvernement tente de sabrer la couverture maladie universelle dont 4 millions de personnes sont bénéficiaires alors qu’il y a 8 millions de compatriotes vivant sous le seuil de pauvreté.En 2011, la gratuité de l’aME pour les étran-gers sans titre de séjour est supprimée (il faut dorénavant payer 30 euros pour béné-ficier du système).

Des solutions existent pourtant :— il faut sanctionner les médecins refusant

les bénéficiaires de la CMU— il faut réguler l’installation des médecins

pour éviter les déserts médicaux— il faut supprimer le droit d’entrée à l’aMEaujourd’hui, 69% des français estiment payer trop cher l’accès aux soins ; 13% doivent se limiter en matière de soins médicaux ; 20% des étudiants n’ont pas de complémentaire santé ; 2,6 millions de français rencontrent des difficultés dans l’accès aux soins.Martin Hisrch a fait une proposition poli-tique que Michèle Rivasi soutient et qui correspond à nos valeurs républicaines : instaurer une participation des patients non pas seulement en fonction de leur besoin en soin mais aussi et surtout en fonction de leurs revenus. Mettre de l’équité dans un système pour le sauver et le rendre juste.

Enfin, un secteur est complètement délaissé : la médecine du travail. or, les déclarations maladie ont quadruplé ces dix dernières années. La précarisation des conditions de travail, l’atomisation du salariat entraînent une hausse des maladies liées au travail. Face à des médecins du travail de moins en moins nombreux et vieillissants, il convient de réinvestir ce domaine pour faire de la médecine du travail et du bien être une priorité s’imposant aux entreprises.

Quelles orientations dans la nouvelle réforme de la santé publique ?L’état de santé des Français est l’un des meilleurs au monde. Néanmoins notre système est très coûteux (2 à 3 points de plus de PIB que les autres pays de l’oCDE).À cela s’ajoute une casse du service public hospitalier avec 9 800 suppressions de postes en 2009 et une fermeture program-mée de dizaines d’hôpitaux sur le territoire.Pour sauvegarder notre système de soins, il faut :— augmenter les recettes de l’assurance

maladie.— Désengorger l’hôpital avec les premiers

secours administrés par des maisons médicales de proximité pluridisciplinaires et qui assurent la permanence des soins et permettent aux médecins libéraux de partager les frais d’installation

— Ne pas aligner les tarifs du privé et du public— Rationaliser les dépenses en investissant

dans la prévention.

dossier urgence sAntéQuand notre service public de santé boit la tasse, les citoyens trinQuent

En déplacement de campagne avec Eva Joly et Yannick Jadot Hopital Bichat à Paris

Conférence de sensibilisation des députés au dépistage du cancer de la peau.

en savoir plus: http://bit.ly/Crise_Sanitaire

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5hiver 2012L ettre de Michèle Rivasi

dossier gAz de shisteGaz de shiste, ni ici, ni ailleurs. un désastre environnemental et sanitaire !

Ce nouvel eldorado énergétique n’attend plus qu’à être exploité par les grands grou-pes énergétiques du CaC 40, tels total ou GDF-SUEZ. En récupérant ce gaz de schiste entre 2000 et 3000m de profondeur grâce à un forage horizontal et à la « fracturation hydraulique » de la roche, la France pourrait soit disant couvrir ses besoins en gaz pour les 80 ans à venir.

Mais à quel coût environnemental et sani-taire ? très élevé si l’on observe l’expérience américaine d’exploitation des gaz de schis-te. La France, via ces nombreux collectifs citoyens « Non au Gaz de schiste » refuse cette énergie fossile, émettrice de gaz à effet de serre, de produits toxiques dans l’air et menace réelle pour la pureté de nos nappes phréatiques et terres agricoles.

Le 1er mars 2010, Jean Louis Borloo, alors ministre de l’écologie, adopte dans l’opacité la plus totale, 3 permis de recherche, vala-bles 5 ans, pour une surface du territoire français équivalant à 10 000 km2.

Dès décembre 2010, une fois que les élus et les citoyens apprennent l’existence de ces permis, une forte mobilisation s’organise.

En cause, les dégâts environnementaux et sanitaires causés par la technique de frac-

turation hydraulique utilisée pour extraire le gaz ou le pétrole de schiste du sous-sol. Pollution des nappes phréatiques, remontée de produits chimiques toxiques lors de la récupération du gaz ou du pétrole et pollu-tion atmosphérique les riverains de puits de forage aux États-Unis développent toutes sortes de maladies (troubles respiratoires, du système digestif, du système immuni-taire, des reins, du cerveau et du système nerveux ) et ils ne peuvent plus ni boire ni se doucher avec l’eau de leur robinet. au delà de ces risques environnementaux et sanitaires, cette mobilisation, à laquelle j’ai beaucoup participé, symbolise la remise en cause d’un système énergétique fondé sur les énergies fossiles et le gaspillage, rejeté par une partie de nos concitoyens.avec la très forte mobilisation conte les gaz de schiste, notamment dans le sud de la France, la loi Jacob fut adoptée cet été. Interdisant la fracturation hydraulique, mais n’abrogeant pas l’ensemble des permis comme les écologistes le réclamaient, le gouvernement français a souhaité “casser” la mobilisation anti gaz de schiste, à moins d’un an de l’élection présidentielle. Cette loi imparfaite, qui “interdit” la fractu-ration hydraulique tout en prévoyant une

procédure dérogatoire permettant l’utili-sation de cette technique polluante à des fins “scientifiques”, a débouché sur l’abro-gation de trois permis dans le sud est de la France. Pour moi, cette décision est réjouissante ; après une mobilisation forte des citoyens, le gouvernement accède enfin à leur demande et à celle des élus mobilisés sur le terrain. C’est une victoire face à l’opacité dans laquelle ces permis avaient été adoptés. C’est une victoire pour nos régions, qui ne seront pas sacrifiées pour quelques gouttes de gaz. Mais cette abrogation ne s’est pas faite par hasard ; c’est autour des permis de Nant, Villeneuve-de-Berg et Montélimar que la mobilisation a été la plus forte, dès janvier 2011. Cependant, pour être cohérent, il faudrait que le gouvernement abroge l’ensemble des permis adoptés ou en cours d’instruc-tion sur le territoire français et en mer Médi-terranée ; ainsi, je reste mobilisée contre la course aux énergies fossiles au détriment de la ressource en eau et de la qualité de l’environnement, essentiel pour préserver la santé de tous. Et le combat est loin d’être terminé, car près de 60 permis restent en vigueur, et total attaque la décision d’abro-

gation du permis de Montélimar et cherche à gagner du temps, à améliorer sa commu-nication et développer son influence au niveau local pour améliorer l’acceptabilité sociale de la fracturation hydraulique.

au niveau européen, le débat sur les gaz de schiste fait rage : la présidence polonaise et les députés polonais organisent actuel-lement une véritable campagne de promo-tion de l’utilisation des gaz de schiste au sein des institutions européennes.

La Commission ENVI, dont je suis membre, a commandé (à la demande des Verts) un rapport sur les « Incidences de l’extraction des gaz et huile de schiste sur l’environne-ment et la santé humaine ». Entre les risques sanitaires trop nombreux et non maîtri-sables, mais aussi l’impact limité de cette ressource énergétique dans le mix européen, les conclusions sont sans appel et appellent à une réévaluation des avantages supposés de cette ressource non-conventionnelle. Les écologistes accorderont toute leur vigilance au respect des règles communautaires et s’autoriseront tous les recours européens pour lutter contre la folie destructrice de l’extraction des gaz de schiste.

Un noUvEl ElDoraDo énErgétiqUE sErait soUs nos PiEDs ? Mais à qUEl Coût EnvironnEMEntal Et sanitairE ?

En débat à Montélimar en janvier 2011

Manifestation devant l’assemblée nationale pour l’abrogation des permis

au Parlement, coordination européenne contre les gaz de schiste

Voir l’intervention du 27 janvier à Montélimar: http://dai.ly/Schiste_Ardeche et l’interpellation en session plénière: http://dai.ly/Schiste_UE

Page 6: La lettre de Michèle RIVASI

hiver 2012L ettre de Michèle Rivasirhône-Alpes

6

Durant plusieurs jours au mois de septembre, plusieurs EHS venant de la France entière se sont réunis en forêt de Saou dans la Drôme. Dans cet espace naturel sensible protégé par le conseil général de la Drôme, mais aussi “zone blanche”, c’est-à-dire exempte de toute onde électromagnétique, l’associa-tion « Une terre pour les EHS » a pu réitérer sa demande de création de zones blanches un peu partout en France, pour que les EHS puissent y vivre en bonne santé.

avec la création du CRIIREM en 2006, je m’intéressais déjà aux influences sanitaires des ondes électromagnétiques. Ces person-

nes sont les premières victimes collatérales et “déclarées” de notre société hypercon-nectée, où le WIFI, les antennes relais, et donc les ondes électromagnétiques sont omniprésentes.

Et, alors que l’oMS classe le téléphone portable comme « possiblement cancérigè-ne » et que dans une résolution du 6 juillet 2011, le Conseil de l’Europe appelle les États à mettre en place des zones blanches sur leur territoire, le ministère de la Santé et de l’Environnement, que j’ai interpellé, reste muet. Il en est de même pour l’hôpital Cochin, en charge de l’élaboration du proto-

cole de soins des personnes EHS, et qui œuvre dans la plus grande opacité, n’ayant pas répondu à mes interrogations.

tout en les soutenant, je les aide à accé-der à leur projet de création de zone blan-che. Dans les Hautes-alpes, le domaine de Durbon devrait être mis en vente par la Caisse d’allocations familiales des Bouches-du-Rhône. avec l’association « Une terre pour les EHS », nous allons rencontrer les propriétaires de ce domaine et tenter de créer ensemble une zone blanche, où les personnes EHS pourront prendre soin d’eux, loin des ondes électromagnétiques.

Pour pallier la fermeture de l’usine d’en-richissement Eurodif à proximité du site nucléaire du tricastin dont l’eau chaude était valorisée pendant de nombreuses années pour alimenter les serres agricoles, la Ferme aux crocodiles et une partie du parc de logements sociaux de la ville de Pierrelatte, un projet de chaufferie bois a été développé sur demande du Syndicat mixte d’aménage-ment rural de la Drôme, créé en 1971 par le conseil général et la chambre d’agriculture de la Drôme.avant même la fin de l’enquête publique, qui a abouti à un avis favorable, les travaux ont commencé et le permis d’exploitation n’avait pas encore été délivré.

Cette centrale pose de nombreuses ques-tions : aucun plan d’approvisionnement bois crédible n’est prévu, alors même que la centrale nécessitera 150 000 t de bois par an pour fonctionner, c’est-à-dire 22 camions semi-remorques par jour. Pour moi, ce projet constitue une véritable menace pour l’équilibre de la filière bois, encore fragile dans notre région et pour les autres projets de chaufferie de proximité, plus modestes. Elle rejettera dans l’air 250 000 t de Co2, ainsi que 14 tonnes de particules fines par an, alors que la France est en contentieux à la Cour de Justice européenne pour le non respect de la réglementation en matière de qualité de l’air.

Ce projet ne respecte pas non plus le sché-ma régional Climat air Énergie en construc-tion au niveau de la région Rhône-alpes. Il est clair que ce projet est sous tendu par des intérêts politiques et financiers ; il ne répond pas à la demande locale et va à l’en-contre d’une logique d’utilisation du bois comme ressource de proximité. Pour moi, il existe pourtant des alternatives crédibles à cette chaufferie surdimension-née : l’eau chaude des centrales nucléaires EDF voisines pourrait être réutilisée pour alimenter en chaleur les serres et les loge-ments, plutôt que d’être rejetée dans le Rhône et porter atteinte à la biodiversité.

Concernant les serristes, il serait plus adapté d’avoir un plan d’économie d’énergies, avec l’installation de turbines à gaz, plus renta-bles, et un système de captation de Co2.

n’oublions pAs les personnes électro hyper-sensibles

chAufferie bois à pierrelAtte : un projet surdimensionné et écologiquement AberrAnt

Focus

L’arrêt du Conseil d’État sur l’implantation des antennes relais dans les communesLe 26 octobre 2011, le Conseil d’État a pris une décision remettant en cause le pouvoir des maires de décider de l’implantation d’antennes relais sur leurs communes. En remettant en cause le principe de précau-tion et en déclarant que l’implantation de ces antennes serait gérée par l’aNFR, le Conseil d’État a retiré la compétence sani-taire du maire pour le donner à une agen-ce proche des opérateurs de téléphonie mobile.C’est un coup de poignard dans le dos des élus, mais nous ne nous laisse-rons pas faire, et nous continuerons à lutter contre l’implantation d’antennes à proximité de publics sensibles (écoles, hôpitaux…) et à demander l’abaissement de la puissance des antennes à 0,6 v/m, comme ceci est recommandé par les scientifiques indépen-dants experts des implications sanitaires que causent les ondes électromagnétiques.

Michèle rivasi a protesté contre le chantier de la future centrale biomasse qui a commencé avant l’autorisation d’exploitation

Page 7: La lettre de Michèle RIVASI

7hiver 2012L ettre de Michèle RivasipAcA

INCINÉRATEUR DE FOSlE sCanDalE ContinUE!après le combat acharné des opposants à l’incinérateur de Fos victimes d’un double déni : démocratique et sanitaire voilà que l’exploitant, qui a menti sur la capacité de volume de l’usine pour la méthanisation, souhaite augmenter le volume des déchets incinérés de 60 000 tonnes par an. Ce dossier de l’incinérateur de Fos est un véritable scandale écologique et une carica-ture de ce qu’il ne faut plus faire en matière de gestion raisonnée des déchets.L’enquête menée par le juge Duchaîne sur les marchés présumés truqués dans les Bouches du Rhône semble indiquer que le Président du Conseil général aurait pu freiner l’élaboration du Plan départemental d’élimi-nation des déchets ménagers pour laisser la CUM s’engager définitivement dans la voie de l’incinération, à laquelle J.-N. Guérini s’opposait officiellement. De même a-t-on appris que le dédit et les travaux de l’inci-nérateur auraient pu être surestimés par les avocats de la CUM en proie à des conflits d’intérêts patents.

Les FRALIBUnE viCtoirE ExEMPlairE En septembre, Michèle Rivasi et Eva Joly sont venues à Gémenos apporter leur soutien aux ouvriers en grève.Le combat des FRaLIB est une lutte exem-plaire contre les délocalisations intra-communautaires (le site de Gémenos doit être fermé pour être délocalisé en Pologne) dictées par des intérêts de court terme que permettent la construction européenne actuelle. Ce cas d’école montre bien la nécessité de construire une Europe sociale fondée sur une harmonisation par le haut.Les écologistes soutiennent le plan de reprise porté par les salariés via l’intersyn-dicale. Il s’agit d’un projet exemplaire de reconversion écologique d’une activité en valorisant un savoir faire ouvrier, en retrou-vant la maîtrise de l’ensemble de la filière de production des infusions l’Éléphant (des plantes, à leur transformation et à la distri-bution des produits finis en circuits courts – aMaP…).Les écologistes soutiennent la demande des salariés d’une cession gratuite par le groupe Unilever de la marque l’Éléphant pour permettre au plan de reprise de se faire dans une logique coopérative.

Populations Rroms à Marseille lEttrE oUvErtE aU PréFEt PoUr UnE taBlE ronDE sUr l’aCCUEil DE CEs PoPUlationsL’expérience de l’espace solidaire d’héber-gement mis en place par la Région en lien avec l’aMPIL montre que l’accompagne-ment social des familles, la scolarisation des enfants permet une bonne cohabita-tion avec les populations riveraines et offre les conditions d’un accès au logement et à l’emploi des populations rroms.Marseille ville d’accueil, de solidarité et de brassage, riche d’une histoire de plus de 2 600 ans de flux migratoires, ne peut offrir l’image d’une ville bafouant les droits fonda-mentaux les plus élémentaires en stigmati-sant une population déjà victime des pires discriminations en Europe orientale.

Il faut trouver la voie d’une politique d’ac-cueil des populations roms. Des moyens existent qui ne sont pas mobilisés pour aider à ce type de politique d’intégration à l’instar des fonds européens ad-hoc.Michèle Rivasi a demandé solennellement au préfet d’organiser la table ronde promise réunissant l’ensemble des acteurs locaux (élus, associations, collectivités locales) dans le but de trouver des solutions à voca-tion pérennes pour mettre fin à cette situa-tion indigne de notre République.

Pour la protection du hameau de la NerthelEttrE à la MinistrE DE l’éCologiE natHaliE KosCiUsKo-MorizEtLe Collectif se mobilise pour préserver ce lieu emblématique et remarquable situé au-dessus de l’Estaque dans les quartiers Nord de Marseille et menacé par la créa-tion d’un pôle conteneurs de Marseille sur 25 ha d’anciennes carrières Lafarge (il s’agit de stocker a minima 12 500 “boîtes” aux abords directs du hameau ce qui occa-sionnera un mouvement moyen de 1 000 camions/jour) ; condition sine qua non de réalisation de ce programme, il est prévu l’ouverture d’un échangeur autoroutier (Jas-de-Rhodes) pour l’accès direct au pôle ; se rajoute à cela le projet d’ouverture d’une installation de stockage de déchets inertes ; enfin, l’ouverture d’un centre de tri manuel et mécanique des déchets du BtP.Ces projets, inscrits pour certains au PaDD de la Ville de Marseille constituent une grave menace pour l’équilibre et la conti-nuité écologique du site. Ils portent atteinte au patrimoine naturel, culturel et historique de la zone. Ils sont incompatibles et incohé-rents avec les autres projets environnemen-taux concernant le massif de la Nerthe.Des alternatives sont possibles notamment en ce qui concerne le stockage des conteneurs du Grand port maritime de Marseille.

Fermeture de la raffinerie de Lyondell BaselvisitE DE soUtiEn aUx salariésUne délégation d’Europe écologie les Verts conduite par Michèle Rivasi a rendu une visite de soutien aux salariés de Lyondell Basel en grève en octobre suite à l’annonce de la fermeture brutale de la raffinerie de Berre.après un échange avec les salariés en lutte de l’intersyndicale, les écologistes ont apporté leur solidarité aux salariés et à leur famille frappés par une menace soudaine de licenciements et de chômage. Ils ont dénoncé cette délocalisation prise par le groupe texan qui ne repose que sur une logique court-termiste de profit : payer moins cher les salariés avec une réglemen-tation environnementale moins contrai-gnante. Les écologistes considèrent aussi que l’État et les acteurs publics locaux ont leur part de responsabilité en raison de leur aveuglement à ne pas envisager la société de l’après pétrole en mettant en place une stratégie industrielle de reconversion de la zone pétrochimique de l’Étang de Berre.Nous demandons solennellement aux décideurs locaux le lancement d’un chan-tier laboratoire de reconversion sur une décennie de la zone de l’Étang de Berre (un des sites les plus pollués d’Europe) en concertation avec l’ensemble des acteurs

locaux (entreprises, syndicats, riverains, élus locaux). Certaines régions françaises ont réussi ce type de transition énergétique en développant des pôles innovants de chimie verte par exemple comme la région Rhône alpes.

Parc national des CalanquesEt DévEloPPEMEnt DE l’éCo-toUrisME aUtoUr DE MarsEillEMichèle Rivasi a participé à l’enquête publi-que devant arrêter définitivement le périmè-tre et la charte du futur Parc en réaffirmant son soutien à la création de cet espace protégé de régulation des usages et expri-mer quelques réserves.Elle a réaffirmé une volonté ferme de voir naître le Parc, premier parc péri-urbain d’Eu-rope avec une double entrée (terrestre et

maritime) valorisant un patrimoine naturel et culturel exceptionnel et une conception d’un développement soutenable tourné vers la Méditerranée. Ce parc ne doit être pour nous ni un sanctuaire naturaliste prohibant toute activité, ni un parc d’attrac-tion à vocation commerciale. Il faut réguler les usages d’activités de plein air et prévoir les structures d’accueil et accès adéquats des randonneurs, plongeurs, escaladeurs Ce parc sera générateur d’emplois et d’at-tractivité touristique.

Michèle Rivasi a également exprimé ses craintes de voir naître un Parc au rabais, morcelé et au périmètre trop étroit et à la réglementation trop souple admettant des dérogations pour certains usagers. Une vigi-lance particulière est également mise sur la gouvernance du futur Parc qui doit repren-dre le modèle des collèges du Grenelle de l’Environnement pour éviter l’emprise des défenseurs d’intérêts particuliers.Le futur Parc national sera la récompense d’une longue mobilisation mais aussi la première ébauche d’un éco-développement sur l’aire marseillaise.

rencontre avec les associations à Callelongue

Michèle rivasi et Eva Joly avec Bruno Cocaigne en kayak à Callelongue

Page 8: La lettre de Michèle RIVASI

8 hiver 2012L ettre de Michèle Rivasi

brèvesla “feuille d’eau” de Philippe stark

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concertation publiQue sur la lGv en paca Michèle Rivasi a participé à un débat public en décembre sur la LGV Paca. L’occasion pour elle de réaffirmer notre opposition au tracé et à la philosophie classique de l’avion sur rail.

S’il y a nécessité de développer le transport ferroviaire sur la région provençale et de réaliser une ligne nouvelle littorale reliant les 3 grandes métropoles régionales afin de concurrencer le tout voiture, cette ligne doit d’abord être une ligne d’intérêt régio-nal. Elle se doit d’être maillée au réseau existant et d’être doublement mixte : fret – voyageurs et tER – grande vitesse.

traversées alpines

PEnsEr la PErCéE soUs lE MontgEnèvrE Et UnE altErnativE à la liaison aUtoroUtièrE grEnoBlE - sistEronMichèle Rivasi était présente le 5 Ïdécem-bre au-dessus de Briançon pour une rencontre entre élus des différentes régions alpines franco-italiennes.

Elle a, à cette occasion, réaffirmé son soutien plein et entier d’une inscription de la percée sous le Montgenèvre dans le schéma des transports trans-européens. Cette percée sous le Montgenèvre est capitale pour réaliser une liaison ferroviai-re Marseille-turin par le Val de Durance. Cela peut notamment être une piste pour libérer les camions de l’autoroute a8 déjà en état de saturation. C’est également un débouché important pour les marchan-dises arrivant au grand port maritime de Marseille et repartant vers l’Italie du Nord et l’Europe centrale.

semaine anti-coloniale à marseilleMichèle Rivasi participera fin février au rassemblement commémoratif de l’as-sassinat du jeune Ibrahim ali tué par des colleurs d’affiches du Front National et à un débat public sur les nouvelles formes de colonialisme en afrique avec notam-ment la spoliation des matières premières à l’instar des mines d’uranium exploitées par areva au Niger.

publication d’un ouvraGe sur la crise sanitaire du h1n1En janvier sortira un nouvel ouvrage publié par Nova presse de Michèle Rivasi consacré à la crise de la grippe H1N1 et à sa gestion par les autorités publiques. En vente dans toutes les bonnes librairies.

virus de la sharka

J’invitE DEs MEMBrEs DE la CoMMission EUroPéEnnE à rEnContrEr l’inra Et lEs agriCUltEUrs

Sensibles aux difficultés rencontrées durant de nombreuses années par ces arboricul-teurs, et tenant à constater par eux-mêmes les dégâts causés par le virus de la Sharka dans la Drôme, deux membres de l’unité « Santé des végétaux » de la Direction générale Santé et consommateurs de la Commission européenne, sont venus à Valence, dans la Drôme, le 2 décembre.

Forum alternatiF mondial de l’eau en marsEn mars prochain, Michèle Rivasi parti-cipera au Forum alternatif mondial de l’Eau organisé à Marseille dans le but de reconnaître le droit à l’Eau comme un droit fondamental et d’exiger une gestion publi-que de la ressource, qui ne peut en aucun cas être une source de profit. L’eau n’est pas une marchandise. L’occasion aussi de dénoncer la supercherie du Forum mondial de l’Eau, foire marchande, organi-sé par le Conseil mondial de l’Eau, cheval de troie des multinationales pour capter des marchés dans les pays du Sud et dont la présidence est assumée par le président de la Société des Eaux de Marseille.

Michèle Rivasi relancera à cette occa-sion sa proposition relayée depuis par Ricardo Petrella notamment de lancer la première initiative citoyenne européenne sur la question de la reconnaissance de l’Eau comme Bien commun exigeant une gestion. Cette nouvelle forme d’initiative citoyenne permise par le traité de Lisbon-ne exige la signature d’une pétition par un

million de citoyens européens issus d’au moins sept pays.

après l’accident industriel à marcoule

Un CliMat DE DoUtE Et DE MéFianCE PErsistE : JE soUtiEns la CriiraD Dans sa PlaintEL’exploitant de l’unité de fonderie de déchets nucléaires, Centraco, nous avait dit que les rejets radioactifs dans l’air étaient nuls…

La CRIIRaD porte plainte auprès du Procu-reur de la République contre la SoCoDEI, exploitant de l’installation CENtRaCo, du fait de la sous-évaluation de la radioacti-vité des déchets traités dans cette unité et afin d’obtenir toutes les pièces du dossier.

la bulGarie concernée par les hydrocarbures de schiste En octobre, je me suis rendue à Varna, en Bulgarie, à l’invitation de l’eurodéputé Kalfin : sensibles à leur santé et à la protec-tion de l’environnement, des citoyens bulgares organisent aussi des manifesta-tions

open daysJoël Roques, président de la CCI Drôme, me remet la 1re carte de membre du Club Europe en Sud-Rhône-alpes, un projet de structure d’aide aux porteurs de projets européens lors des open Days, 2 jours pour comprendre le fonction-nement des fonds européens (photo).

Il y a trois mois au cœur de l’été nous avons ouvert à Marseille un lieu vitrine idéalement situé aux pieds des escaliers monu-mentaux de la gare Saint-Char-les. Eva Joly, Michèle Rivasi, Karima Delli et François Alfonsi étaient présents le 9 septembre, entourés de 500 personnes, pour l’inauguration.

Cet espace est géré sous forme associative et est ouvert tous les jours de la semaine de 11h à 21h. Il couvre une surface de 200 m2 avec une terrasse de 30 m2. Il comprend deux étages et trois espaces identifiés : un bar avec les journaux à disposition ; un espace centre de ressources (mise à disposition de revues écologistes, d’ouvrages théo-riques sur l’écologie – édition marseillaise Wildproject et bien-tôt Les Petits Matins… –, de pros-pectus du réseau de l’écononmie sociale et solidaire…) et activités ludiques pour les enfants ; à l’éta-ge se trouvent les bureaux de

permanence des deux eurodé-putés François Alfonsi et Michèle Rivasi et une grande salle de réunion pouvant accueillir une petite centaine de personnes et équipée pour des formations (CEDIS ou autres) et des projec-tions débats.

En un trimestre, l’Ecomotive a fait plus de 700 adhésions indivi-duelles et a tissé des partenariats avec le réseau écologiste local : Greenpeace se réunit chaque mois dans notre nouvel antre ; 2 AMAP se réunissent en soirée chaque semaine ; la Vélorution fait une étape apéro d’avant manif tous les premiers vendredi du mois ; le mercredi des ateliers d’éveil musical et de fabrication de produits ménagers écolos se déroulent dans nos murs ; des collectifs prennent racine à l’Ecomotive à l’instar des soutiens aux Fralib ou du collec-tif mis en place pour l’organisa-tion de la Semaine anti-coloniale ; un marché de Noël bio-équita-

ble sera organisé en décembre ; l’asso Proxi-Pouce – vélos-taxi – est, chaque mercredi après-midi, devant notre terrasse…

Ce projet est le fruit d’une véri-table démarche coopérative.4 soirs par semaine des initiati-ves fleurissent (venant le plus souvent de l’extérieur). L’Eco-motive a accueilli aussi un festi-val d’Arts de la rue en octobre et les acteurs culturels sont porteurs d’un bon nombre de projets dans la perspective de Marseille, capitale européenne de la culture 2013.

Des semaines thématiques sont en préparation sur les thèmes de la lutte anti coloniale fin février, du Forum alternatif mondial de l’Eau en mars, des dérives sécuritaires et liberticides des politiques municipales et gouver-nementales en mai…

L’Ecomotive a déjà eu droit aux honneurs de la presse cultu-relle et même de Elle recon-

naissant dans notre projet un « lieu branché, insolite et “in” de Marseille ».

L’Ecomotive est une illustration de ce que nous appelions de nos voeux lors du congrés fondateur d’EELV : l’émergence de Maisons de l’écologie.

Le chantier est encore vaste pour améliorer la gouvernance, la communication et l’anima-tion du lieu, mais ces premiers mois sont prometteurs. L’hybri-dation entre ce que nous appe-lons vulgairement “le peuple de l’écologie” et notre mouvement politique prend et ces croise-ments nous permettent d’agir aujourd’hui sur des mobilisa-tions locales et des luttes et peut-être demain sur des chantiers communs de transformation de l’espace urbain dans la perspec-tive des échéances de 2014.

Puisse ce type de projet fleurir dans d’autres grandes villes de France.

a G e n d a• Convention nationale EELV sur la

transition énergétique, avec Eva Joly : Lyon, 10 mars 2012

• Nucléaire et sous-traitance : Montéli-mar 11 février 2012

• Grande chaine humaine nucléaire de Lyon à avignon : 11 mars 2012.Contact : http://www.chainehumaie.org/spip/

inauGuration de l’ecomotive Ou l’exPéRIence D’un lIeu lAbORATOIRe De l’écOlOGIe POlITIque À MARSeIlle

Michèle aux open days

l’investiture d’Eva Joly

inauguration de l’Ecomotive

En savoir plus sur cette visite: http://bit.ly/Sharka

Lire la tribune adressée aux Bulgares: http://bit.ly/Tribune_Bulgarie


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