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Guide de
l’enseignant
Crédit image openclipart.org
La structure de l’entrevue
Document élaboré par Annik Gilbert (École secondaire
Cardinal-Roy), Nancy Harvey et Miriam Rodríguez
(Services éducatifs des jeunes)
2013-2014
1
Mode de discours : descriptif
Genre : l’entrevue
Compétence disciplinaire : communiquer oralement selon des modalités
variées
Intention : décrire pour faire connaitre une personnalité du passé
Table des matières
Liste des apprentissages ................................................................................................ 1
Première partie : la structure de l’entrevue ................................................................... 3
Deuxième partie : modelage pour la préparation d’une entrevue .............................. 6
Troisième partie : préparation d’une entrevue (situation d’évaluation, CD3) ......... 13
Document de préparation : l’entrevue ......................................................................... 14
Plan d’entrevue .............................................................................................................. 16
Six règles d’or pour réussir votre entrevue ................................................................. 18
1
Liste des apprentissages
Production d’une entrevue (jeu de rôle ou entrevue réelle) dans le but de faire connaitre un auteur, une personnalité, un
évènement
Analyser la situation et en tenir compte
1) Identifier l’énonciateur 1.1 Ses caractéristiques : sa renommée, sa connaissance du sujet
1.2 Son point de vue : neutre (ex. : article de dictionnaire), plutôt neutre (ex. : article de revue, compte rendu d’évènement, documentaire) ou plutôt subjectif (ex. : compte rendu d’un évènement, note critique, description d’un personnage)
2) Observer l’absence de marques énonciatives ou, s’il y a lieu, repérer les marques énonciatives qui désignent l’énonciateur
3) Se situer comme destinataire
3.1 Sa connaissance du sujet
3.2 Son intention : se représenter un élément du monde réel ou imaginaire pour apprendre, utiliser l’information dans des productions, prendre plaisir à lire, etc.
3.3 Utilisation de moyens pour manifester, verbalement ou non, son intérêt, sa compréhension : des phrases interrogatives, exclamatives, des gestes, le regard, etc.
Analyser la situation et en tenir compte
1) Se situer comme énonciateur
1.1 Décrire pour faire connaitre (ex. : article de revue, capsule d’information, compte rendu d’évènement, résumé); point de vue plutôt neutre
2) Prendre en compte son destinataire et les caractéristiques de ce dernier : son âge, son sexe, son statut social, sa connaissance du sujet, ses gouts
3) Indiquer ou non, par des marques énonciatives, la présence de l’énonciateur et du destinataire
Prendre en considération le contexte de réception et de production
1) Tenir compte du contexte de production de la description : date, lieu, support (ex. : Internet, journal, livre, revue, télévision)
2) Tenir compte des conditions de réalisation de la tâche (ex. : annotation de textes, prise de notes, temps alloué)
Reconnaitre ou utiliser des moyens textuels qui assurent la cohérence du texte
1) La reprise de l’information
Reconnaitre ou utiliser les moyens qui marquent l’organisation du texte
1) La division en paragraphes ou en parties à l’oral
2) Les organisateurs textuels : mots, groupes de mots ou phrases qui révèlent les articulations du texte
2.1 Introduction d’un ordre (ex. : d’abord, en dernier lieu , ensuite)
2.2 Apport d’informations nouvelles (ex. : de plus, sur le plan géographique)
Assurer la cohérence de l’entrevue
1) Utiliser les formules d’ouverture et de clôture (annonce, présentation, remerciement, salutation)
2) Diviser l’entrevue en parties par le regroupement de questions selon les aspects
3) Enchainer les propos par la reformulation, le rappel, la synthèse des réponses de l’interviewé et l’apport de questions nouvelles de l’intervieweur
Distinguer les différents énonciateurs des propos rapportés
1) Les énonciateurs (singulier ou collectif) sont désignés par leur nom, leur titre ou encore leur fonction
Attribuer à chacun des énonciateurs leurs propos respectifs
1) La reconnaissance du changement d’énonciateur dans le dialogue
1.1 Par les rôles respectifs des énonciateurs (ex. : l’intervieweur, l’interviewé)
Interpréter l’attitude de l’énonciateur (plutôt neutre, plutôt subjective) ou choisir de marquer ou non son attitude par rapport au propos rapporté ou à l’auteur du propos
1) La reprise rigoureuse ou la modification du sens initial des propos et du point de vue de leur énonciateur
2) La reconnaissance ou l’utilisation de certaines ressources de la langue
2
2.1 Le choix d’autres moyens de modalisation, tels certains adverbes, certains types et formes de phrases, certains modes et temps verbaux, une ponctuation expressive, la prosodie (ex. le ton)
Reconnaitre et utiliser, à l’oral, certaines marques de dialogue ou de citation
1) La présence des interlocuteurs et l’interaction verbale (ex. : alternance de questions et de réponses dans une entrevue)
2) La prosodie (ex. : l’intonation imitative, un ton ironique)
3) Le non-verbal
Reconnaitre les caractéristiques du discours indirect
1) La modification des propos rapportés au moyen de la reformulation, de la paraphrase, d’un terme équivalent, d’une nominalisation
3
Première partie : la structure de l’entrevue
Activité 1 : La structure de l’entrevue
Tu vas écouter une première entrevue dans le but de comprendre
comment on la structure. L’entrevue comprend habituellement trois
parties; sauras-tu les reconnaitre?
Entrevue avec Eugénie Bouchard
http://tva.canoe.ca/video/1811834141001
Notes de cours
Première partie : la phase d’ouverture
Contenu :
Présentation de la personne interviewée et du contexte de l’entrevue
Deuxième partie : la phase de questionnement
L’intervieweur salue l’interviewé
Il pose des questions selon un plan qui apporte des informations nouvelles et qui présente
différents aspects. L’interviewé répond aux questions.
Outils : les procédés de relance pour faire des liens entre les réponses et les questions
suivantes
1. reprendre un mot de la réponse de l’interviewé; 2. résumer ce qui vient d’être répondu; 3. demander des explications, des précisions au sujet de ce qui vient d’être dit; 4. demander le sens d’un mot inconnu; 5. enchainer sur ce qui vient d’être répondu pour inciter l’interviewé à en dire plus.
Troisième partie : la phase de clôture
Contenu : l’intervieweur clôt l’entrevue par une phase-résumé et des
remerciements, l’interviewé le remercie et le salue.
4
Activité 2 : identifier les procédés de relance
Maintenant que tu connais la structure de l’entrevue, tu vas approfondir particulièrement la
phase de questionnement en essayant de cerner le ou les aspects abordés. Tu devras aussi
repérer et identifier les procédés de relance utilisés par l’intervieweur.
Entrevue avec Luc Langevin
http://www.youtube.com/watch?v=3R8iTOcN_oQ
Jusqu’à 4 : 05 minutes
Intention : faire connaitre Luc Langevin
Support : télévision, émission « Alors on jase! »
Intervieweur : Joëlle Legendre
Interviewé : Luc Langevin
Phase d’ouverture (l’intervieweur présente la personne interviewée et le contexte de l’entrevue.
Vous savez, y’a pas d’âge pour rêver. Luc Langevin a cru en ses rêves et ça t’a rapporté. Donc on va
parler de ça avec toi.
Phase de questionnement (l’intervieweur pose des questions selon un plan qui apporte des
informations nouvelles et qui présente différents aspects. L’interviewé répond aux questions.
1. Depuis quand veux-tu être magicien?
2. Comment tes parents ont réagi à ça, quand un enfant dit : « J’veux être magicien? »
3. Mais t’avais quand même une carrière en science qui était bien amorcée?
4. Un doctorat en quoi, donc?
5. Mais, est-ce que tu te rappelles de la journée où tu as décidé de dire : « Ok, c’est fini pour moi
les sciences et là, vraiment, j’entre dans le monde de la magie; ça doit prendre un courage
incroyable?
6. Y’a pas tort non plus, parce qu’on en voit beaucoup aussi dans la rue qui font des petits tours,
t’sais, on n’imagine pas qu’ils peuvent gagner leur vie avec ça…
7. Ce que je retiens dans ce que tu viens de dire, c’est que, quand même, l’approbation de tes
parents semblait importante pour toi…
8. Comment ça se manifeste, est-ce que ton père est ton plus grand fan?
9. Donc, ils ont changé de discours…
5
Quel aspect l’intervieweur souhaitait-il approfondir lorsqu’il a préparé cette partie de l’entrevue?
Comment on décide de devenir magicien, devenir magicien, le choix de Luc…
Quels sous-aspects aborde-t-il?
Les choix de Luc /Le cheminement de Luc
La réaction de ses parents
*Notez que les deux sous-aspects mentionnés s’entrecroisent dans les questions.
Parmi les neuf questions de l’entrevue, on retrouve trois procédés de relance. Associe une
question aux procédés de relance suivants.
Procédé Questions
1. résumer ce qui vient d’être répondu
7
2. demander une précision demander des explications, des
précisions au sujet de ce qui vient d’être dit;
3
3. Enchainer sur ce qui vient d’être répondu pour inciter
l’interviewé à en dire plus.
6 et 9
6
Deuxième partie : modelage pour la préparation d’une entrevue
Activité 3 : Rédiger des questions d’entrevue
Lis la biographie suivante. Observe comment elle a été travaillée en vue de bâtir un
questionnaire d’entrevue.
MARIE CURIE
Je suis la première femme à avoir été enterrée au Panthéon et mon cercueil est bien plus lourd que celui des « grands hommes » qui sont mes voisins. Parce qu’il est plombé : simple mesure de protection contre mon corps irradié et radioactif... Et j’en connais un rayon... même mes carnets de notes, conservés à la Bibliothèque nationale de France, sont contaminés pour l’éternité. Me voilà un symbole, à jamais inoubliable. Et, en plus, j’ai prouvé qu’une femme peut être tout aussi ambitieuse que « ces messieurs ». J’ai un nom compliqué : Maria Salomea Sklodowska (c’est polonais), mais appelez-moi Marie. J’ai grandi à Varsovie dans une famille d’enseignants : Papa, c’est maths-physique, Maman est directrice d’école. Malheureusement, elle a la tuberculose et, comme c’est contagieux, elle ne peut pas nous toucher. Jamais de baisers... un peu comme moi plus tard : dangereuse à approcher. .. Sauf que je ne me doutais de rien lorsque j’étudiais la matière qui m’a irradiée. La suite est triste : ma mère meurt, puis c’est une de mes sœurs, contaminée par le typhus. Ajoutez à cela les ennuis que les Russes, qui occupent la Pologne, causent à mon père et la pauvreté qui s’ensuit, et vous comprendrez pourquoi je suis souvent angoissée. Alors, pour oublier, je plonge dans les études. Les instruments de physique du bureau de mon père, qui m’a communiqué sa foi dans le progrès, me fascinent. Et, je suis une sorte de phénomène en classe : première partout! Hélas, étudier la science est
Vérifier ce qu’est le
Panthéon.
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7
interdit aux femmes. Vous imaginez ça? Alors je deviens institutrice pour continuer à bûcher en secret... Et, heureusement, je suis déterminée. Je suis contre tout ce qui empêche les gens de vivre à leur guise. Je suis contre la religion, pour l’égalité des sexes, pour l’abolition des privilèges des riches, pour l’éducation du peuple... « Nous ne pouvons pas espérer construire un monde meilleur sans améliorer les individus... Notre devoir particulier étant d’aider ceux à qui nous pouvons être les plus utiles », tel est mon crédo! Je donne des cours gratuits aux ouvrières illettrées, aux enfants pauvres. J’y crois! En I89I, j’arrive à Paris, dont l’université accepte les femmes. Je vis quatre ans dans la misère, mais obstinée, j’étudie « mille fois plus » encore qu’auparavant. Me voilà la première femme de l’histoire à passer la licence de sciences physiques à la Sorbonne et, mieux, première reçue des trente candidats! C’est à Paris que j’ai rencontré mon amoureux, Pierre Curie, scientifique surdoué et modeste. Lui et moi, c’est pour la vie. Lorsque j’ai commencé à travailler sur la radioactivité de l’uranium dans mon laboratoire gelé, Pierre m’a rejointe et « c’est dans ce misérable vieux hangar que s’écoulèrent les meilleures et les plus heureuses années de notre vie, entièrement consacrées au travail ». Et ça fuse... je découvre le polonium (un nom en hommage à mon pays d’origine) et puis le radium... Pour en arriver là, je remue des tonnes de minerai radioactif, au milieu des émanations chimiques. Il y a tant de radiations dans le laboratoire que, la nuit, les objets émettent une lumière bleutée! Une tambouille inquiétante, mais nul encore ne sait combien c’est dangereux. Grâce à nos découvertes, c’est la gloire pour Pierre et moi : un prix NobeI partagé... Nous sommes épuisés, mais, grâce à nos recherches, des gens guérissent. En 1906, c’est terrible, mon Pierre meurt renversé par une voiture. Plus rien ne sera jamais pareil. Je travaille encore plus pour oublier mon chagrin et, forcément, je deviens une scientifique encore plus incontournable. Certains jaloux disent que c’est Pierre qui avait fait toutes les découvertes et que je ne bricole plus rien d’utile... Qu’ils causent, les perfides, moi, je continue à chercher, en m’entretenant secrètement avec lui, comme s’il était vivant. Et je poursuis ma route comme je l’entends. Ils peuvent toujours jaser… c’est un second prix Nobel qui m’attend! Le monde entier m’admire. Tout cela a un prix : victime des radiations, « la science dans le sang », en quelque sorte, je meurs d’anémie, de fatigue, à 67 ans. J’ai été enterrée aux côtés de Pierre : à nous deux, nous avions fait notre plus belle découverte, et pas du tout scientifique celle-ci : l’amour! Ce n’est pas aussi une belle idée de progrès, ça?
*Note des rédacteurs : Elle est épatante cette Marie, des diplômes, elle en raflera bien d’autres, et sera même toujours la
première femme à les décrocher. Cerise sur le gâteau, elle est le premier scientifique à obtenir deux fois le prix Nobel!
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L’entrevue suivante a été réalisée à partir de la biographie de Marie Curie. Remarque
comment les questions permettent de reprendre plusieurs idées du texte.
Dans la marge, identifie les trois phases de l’entrevue.
Dans chaque bulle, identifie le procédé de relance utilisé (réfère-toi à la page 3 de ton
document).
Repère les aspects abordés dans la phase de questionnement et note-les dans la marge.
Entrevue avec Marie Curie
Journaliste : Elle a remporté deux prix Nobel pour ses découvertes sur la radioactivité. Mais
derrière la scientifique se cache une femme de cœur déterminée. En cette journée internationale
de la femme, il me fait plaisir d’accueillir l’éminente Marie Curie.
Marie Curie, bienvenue à Tout le monde en pense quelque chose. Malgré votre grande notoriété,
peu de gens connaissent le monde dans lequel vous avez grandi. Parlez-nous de votre enfance.
Marie Curie : Je suis née en Pologne en 1867. Mon vrai prénom est Maria. Mon père était
enseignant de mathématique et de physique et ma mère était directrice d’école. L’éducation
était donc très valorisée chez nous.
Journaliste : Pourtant, vous n’avez pas eu facilement accès à l’éducation…
Marie Curie : En effet, malgré mon potentiel et mon travail acharné, je ne pouvais étudier à
l’université de Varsovie, ma ville. Être une femme, à cette époque, réduisait les possibilités
d’avenir; les sciences étaient hors de ma portée. Je suis donc devenue institutrice, mais je n’ai
jamais laissé tomber mes principes et mes rêves. Je me devais d’aider les autres.
Journaliste : Les aider comment?
Marie Curie : Pendant des années, par exemple, j’ai donné des cours gratuits à des ouvrières
illettrées et à des enfants pauvres pour tenter de leur assurer un meilleur avenir.
Journaliste : Votre travail vous a finalement permis d’amasser suffisamment d’argent pour aller
étudier en sciences physiques à Paris, dont l’université acceptait les femmes. Parlez-nous de ces
années d’études.
Marie Curie : Ces années ont été à la fois parmi les plus belles et les plus difficiles de ma vie. En
effet, j’atteignais enfin un rêve, celui d’étudier à l’université. Mais dans quelles conditions! Je
vivais dans la misère mais au bout de trois années de travail obstiné, je suis devenue la première
femme de l’histoire à passer la licence de science physique. Pour moi, c’est une double victoire.
Enchainer
sur ce qui a
été répondu
Demander une
précision
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Journaliste : Que voulez-vous dire par double victoire?
Marie Curie : C’est que j’ai toujours défendu des principes d’éducation pour tous et d’égalité
des sexes. J’ai donc prouvé qu’une femme, même issue d’un milieu socioéconomique modeste,
pouvait atteindre ses rêves.
Journaliste : Sur ces belles paroles, Madame Curie, nous vous remercions d’avoir bien voulu
répondre à nos questions. L’héritage que vous laissez derrière vous est une inspiration pour tous,
en particulier pour les femmes.
Questions sur le texte
1. Dans une entrevue, le point de vue est plutôt subjectif, c’est-à-dire que l’auditoire a
accès à l’opinion de l’intervieweur à travers ses questions. Surligne, dans le texte, les mots
qui traduisent le point de vue du journaliste à propos de Marie Curie. Cette opinion est-
elle favorable ou défavorable? Favorable
2. Dans l’entrevue, l’intervieweur utilise généralement l’interpellation (s’adresser
directement à l’interviewé en le nommant). Peux-tu encadrer les interpellations présentes
dans ce texte?
3. Souligne tous les mots ou groupes de mots que le journaliste utilise pour désigner Marie
Curie.
Pour préparer son entrevue, l’intervieweur doit faire un travail préalable de recherche sur
son invité. Il doit connaitre suffisamment d’aspects de sa personne pour ensuite choisir ce
qu’il souhaite approfondir lors de l’entrevue : enfance, famille, réalisations, réussites,
difficultés, vie amoureuse, vie publique, vie professionnelle, etc.
Demander une
précision
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Activité 4 : préparer une entrevue
Lis la biographie d’Albert Einstein. Surligne les informations que tu juges intéressantes
pour le faire connaitre.
ALBERT EINSTEIN
Vous savez, le vieux type bizarre avec plein de cheveux partout et qui tire la langue sur le poster punaisé dans l’entrée, eh bien, c’est Albert Einstein, un génie, un des plus grands physiciens de l’histoire, qui a découvert, entre autres, la relativité. Bon, d’accord, c’est aussi à cause de lui qu’on a fabriqué la bombe atomique, mais parlons d’autre chose. Quand il nait, à Ulm, en Allemagne, en 1879, dans une famille bourgeoise, il a déjà une grosse tête si difforme que ses parents croient qu’il est anormal. Les médecins ont beau les rassurer, ils restent inquiets, surtout que le gros Bébert, qu’on appelle « Père Ours », ne parle pas avant l’âge de trois ans (enfin, c’est ce qu’on dit), déteste faire des efforts et passe son temps à construire des châteaux de cartes. Très solitaire, il se laisse vivre. Se réveille, quand même, de temps en temps. Par exemple, à cinq ans, il semble fasciné par une boussole que son papa lui a donnée. Il ne rechigne pas non plus à apprendre le violon. Mais on sent déjà que la discipline et lui, ça fait deux. Quand, à sept ans, il voit passer l’armée allemande en train de défiler, il se met à crier « quand je serai grand, je ne souhaite pas être un de ces malheureux ». C’est comme l’école : « Les professeurs m’ont fait à l’école primaire l’effet de sergents, et au lycée de lieutenants. » D’ailleurs, là, c’est la catastrophe : on le trouve lent, car il réfléchit des heures avant de répondre à une question et ne parvient pas à apprendre par cœur. On le trouve pénible, parce que les règles, les ordres,
11
il ne comprend vraiment pas ce que ça veut dire. En plus, son manque total d’intérêt pour le sport le coupe de ses camarades. Cela dit, en regardant de plus près, on pourrait voir que ce bouboule adore les mathématiques et le latin, parce que c’est logique, tout simplement. Heureusement, chez lui, il y a plein de visites. Un oncle ingénieur, dont il boit les paroles, et Max Talmud, un étudiant en médecine, avec qui il discute de maths et de sciences. Dès l’âge de neuf ans, tout seul, il se plonge dans des ouvrages de biologie, de physique et de philosophie (c’est mieux que la gym). Deux ans plus tard, il découvre un dieu, celui de la géométrie, Euclide. Il est très content. Deux ans plus tard encore, il lit Kant. Essayez, vous verrez... Quand il a quinze ans, ses parents déménagent en Italie, du côté de Milan, pour monter un nouveau commerce. Et lui, il reste en Allemagne pour terminer le lycée er, horreur, se préparer, comme tous les garçons de son âge, au service militaire. Un vrai cauchemar. Question école, il passe toujours pour un grand étrange. En plus, il est juif, ce qui ne facilite pas les relations avec les Allemands du coin. Il déprime. Un de ses professeurs (vachement lucide, celui-là) lui dit qu’il n’arrivera jamais à rien et qu’il ferait mieux de quitter le lycée et de renoncer au bac. Ce que Bébert fait illico, allant rejoindre ses parents en Italie pour manger des nouilles. C’est donc, théoriquement, mal parti pour le prix Nobel... Son père n’est pas content que son fils ait abandonné ses études et arrive à le convaincre de devenir ingénieur. Pour cela, il choisit de préparer le concours de l’École polytechnique de Zürich. Albert s’y prépare tout seul et le rate. En gros, il a eu 20 en mathématiques et 2 dans toutes les autres matières. Mais un professeur l’a remarqué et lui conseille de repréparer le concours dans une jolie, petite et tranquille école, à Aarau. Et là, ça va mieux. On le laisse faire. On encourage ses passions. On l’écoute. Et, boum (si l’on peut dire), à dix-sept ans, il est cette fois reçu au concours de Polytechnique, section maths et physique, où, pareil, toujours étourdi et excentrique, ne supportant toujours pas l’autorité, de plus en plus rigoureux et je-m’en-foutiste à la fois, il ne fait que ce qui l’intéresse. « Vous êtes intelligent, Einstein, mais vous avez un défaut : vous n’admettez pas qu’on vous fasse une remarque! » Résultat : en fin d’études, on lui refuse du boulot alors que ses camarades sont nommés professeurs. Toujours pour les mêmes raisons. Aussi parce qu’il est d’ascendance juive. Ça commence à être pénible. Et puis, coup sur coup, deux bonnes nouvelles : il obtient la nationalité suisse (au revoir, les Allemands!) et est exempté du service militaire suisse pour cause de pieds plats (youpi!). Et, allez, pendant qu’on y est, une troisième : à vingt-trois ans, on lui donne du travail au bureau des Brevets de Berne. Un poste clé : le voilà devenu une sorte d’inspecteur des inventions! C’est parti. La réaction en chaine.
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Tu te prépares à interviewer Einstein. À partir des informations contenues dans sa
biographie…
1. Rédige une phase d’ouverture.
2. Rédige trois questions pour la phase de questionnement.
Question 1
Question 2
Question 3
3. Rédige une phase de clôture.
Exposé oral : entrevue
Pratique de l’oral
En équipe, jouez tour à tour le rôle de l’intervieweur et celui d’Einstein.
Posez-vous vos questions et tentez d’y répondre à l’aide des
informations que vous avez lues.
Êtes-vous un intervieweur habile? Si oui, vous devriez être en mesure de
glisser un procédé de relance dans votre pratique…
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Troisième partie : préparation d’une entrevue (situation d’évaluation, CD3)
Tâche
Dans une entrevue de trois minutes, interviewez un homme ou une femme du passé qui vous
inspire dans le but de le ou la faire connaitre.
Démarche
1. Déterminez qui vous présenterez et qui sera votre complice pour poser les questions.
Votre complice aura droit au texte en avant et ne sera pas évalué pour sa performance.
Quant à vous, vous aurez droit à des notes schématiques et, bien sûr, votre
communication sera évaluée.
2. Trouvez suffisamment de documentation pour bien faire connaitre la personne choisie.
Les informations divulguées doivent être en majorité nouvelles pour le public.
3. Planifiez votre exposé oral :
1. Trouvez deux biographies. Sélectionnez les informations importantes et prenez des
notes de lecture.
2. Rédigez votre entrevue. Exigences : présence des trois phases, cinq questions, au
moins deux procédés de relance différents.
3. Préparez des notes schématiques pour les réponses (mots-clés, organisateurs…).
Pas de texte suivi en avant!
4. Imaginez le contexte de l’entrevue, la façon de parler de l’interviewé, ses mimiques,
etc.
5. Si désiré, préparez un soutien visuel pour votre exposé (diaporama, séquences
vidéos, thème musical, etc.) Les fautes de français font perdre des points.
6. Pratiquez, pratiquez, pratiquez!
Pistes de travail
Quelle est l’histoire de cette personne? Qu’a-t-elle d’unique, de spécial, de fantastique…?
Quels sont les évènements marquants de sa vie? Comment ces évènements ont-ils
contribué à forger sa personnalité, sa vie, ses actions?
Quel est son apport dans son domaine? Comment marque-t-elle son époque? Pourquoi
se souviendra-t-on d’elle?
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Document de préparation : l’entrevue
Étape 1 : collecte de données sur la personne choisie
Aspects Notes
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Aspects Notes
Références bibliographiques :
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_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________
Étape 2 : préparation de l’entrevue
Qui est l’intervieweur : __________________________________________________ Qui est l’interviewé : ___________________________________________________ Quel est le contexte de l’entrevue : _______________________________________ Temps alloué : 3 minutes
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Le plan d’entrevue ainsi que la qualité et la variété des questions seront évalués !
Plan d’entrevue
Phase d’ouverture
Phase de questionnement
Question 1
Question 2
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Question 3
Question 4
Question 5
Phase de clôture
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Six règles d’or pour réussir votre entrevue
En phase de la préparation de l’entrevue
1. Faire un plan de la présentation : ce plan ne contient pas de texte suivi. On doit y
retrouver des mot-clés, des idées générales, etc.
2. Pratiquer à voix haute, chronométrer le temps de la présentation durant la pratique pour
s’ajuster aux exigences de la tâche.
Durant la présentation de l’entrevue
1. Ne pas lire.
2. Poser sa voix pour être naturel et spontané.
3. Éviter de parler trop vite
4. Employer des aides visuelles schématiques : plan de la présentation, fiches cartonnées
avec mot-clés, images, réseau de concepts…
Références bibliographiques
POUY, Jean-Bernard, BLOCH, Serge et BLANCHARD, Anne. L’Encyclopédie des cancres des rebelles
et autres génies, France : Gallimard Jeunesse, 2006, p.74-77.
BLANCHARD, Anne, MIZIO, Francis et BLOCH, Serge. L’encyclopédie des rebelles insoumis et autres
révolutionnaires, France : Gallimard jeunesse, 2009, p.78-81.