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EST-IL DÉJÀ LÀ ?LE FUTUR

L’HOMME BIONIQUE EST PARMI NOUS

CLONAGE L’UNIVERS DES POSSIBLES

JEUNESSE ÉTERNELLELA QUÊTE DU GRAAL

MAISON 2.0L’INTELLIGENCEÀ DOMICILE

LA RÉVOLUTION ALIMENTAIRE

Les documents de

Comprendre un monde qui changeN°8 ‱ OCTOBRE 2013 ‱ DIRECTEUR DE PUBLICATION ABDELMOUNAIM DILAMI

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ÉDITO

LES DOCUMENTS DE L’ECONOMISTE

Président Directeur Général & Directeur de Publication

AbdelmoumaĂŻn DILAMI

Directeur Général Khalid BELYAZID

Directeur des RĂ©dactions Nadia SALAH

Directeur Stratégie & Développement Muriel FLORIN

RĂ©dacteur en Chef Mohamed BENABID

Secrétaire Générale de Rédaction Meriem OUDGHIRI

JournalistesKarim Dronet / Faiçal Faquihi / Radia Lahlou / Jad Masdar / Amin Rboub / Laureline Savoye / Landry Benoit /

Charlotte Simonart / Jérémie Bourut

RĂ©visionBahija Rhouli / Mohamed El Bekri

Direction Commerciale & Marketing

Sandrine SALVAGNAC

Directeurs de ClientĂšleLoubna Abdelhafid / Nawal

Benchekroun / Thierry del Valle Amal Cherkaoui / Mouna El

Ouattassi / Imane El Azdi / Khalid El Jaï / Adberraouff Jaafari / Fayçal

Liraki / BenaĂŻssa Benamar / Hfaiedh Zeramdini /Mohamed Hamdaoui

Direction artistiqueRachid A. Liber

Photos : AFP / FOTOLIA / L'ECONOMISTE

Les Documents de L’Economiste Octobre 2013

DépÎt légal : 100/1991

Impression : IDEALE

Diffusion : 25 000 exemplaires

70, Bd Massira Khadra, Casablanca TĂ©l. : 05.22.95.36.00 (LG) -

Fax RĂ©daction : 05.22.36.59.26 Commercial : 05.22.36.46.32

QUEL MONDE POUR DEMAIN ?

Parfois l’avenir de l’espĂšce humaine nous semble incertain tant les prĂ©dictions sont pessimistes. Heureusement, l’HumanitĂ© reste imaginative. Depuis toujours, la fabuleuse capacitĂ© de l’homme Ă  inventer le futur a ouvert le champ de tous les possibles. Jules Verne n’avait-il pas imaginĂ© le sous-marin et les voyages sur la lune un siĂšcle avant que cela ne fĂ»t envisageable ?

Kubrick, la vie dans l’espace ? Et combien d’autres gĂ©nies visionnaires ont anticipĂ© les rĂ©alitĂ©s d’aujourd’hui. Mais, comment vivront les 9 milliards de Terriens que comptera la planĂšte en 2050 ? Comment l’homme s’apprĂȘte-t-il Ă  relever les dĂ©fi s d’une planĂšte pas si inusable que cela ? Comment notre mode de vie est-il dĂ©jĂ  bouleversĂ© ? Les avancĂ©es de la science et de la technologie, mises au service de l’homme, nous promettent un monde meilleur. Demain, peut-ĂȘtre, nous ne serons plus malades (ou presque), nos capacitĂ©s physiques et mentales seront dĂ©cuplĂ©es, la science nous permettra d’envisager, sinon l’immortalitĂ©, la jeunesse Ă©ter-nelle, de remplacer nos organes usĂ©s par des tout neufs issus de nos propres gĂšnes. Demain, encore, nous vivrons sur des Ăźles fl ottantes, dans des maisons intelligentes avec des robots infatigables pour satisfaire nos moindres dĂ©sirs.Les aveugles pourront voir, les travailleurs seront virtuels, nous passerons nos vacances dans l’espace et nos voitures voleront. En revanche, nous mangerons, paraĂźt-il, des insectes. Alors le meilleur des mondes serait-il celui de demain ? n

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SOMMAIRE

30MODE DE VIE

Habiter une autre planĂšte. Possible...

dans quelques siĂšcles !

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GRAND ANGLE L’HOMME, CE GENIE VISIONNAIRE 6

MEDECINE L’HOMME BIONIQUE EST PARMI NOUS! 10JEUNESSE ÉTERNELLE, LA QUÊTE DU GRAAL 14CLONAGE, L’UNIVERS DES POSSIBLES 18MERVEILLEUSE MÉDECINE CHINOISE
 MÉDECINE D’AVENIR ? 22

MODE DE VIE TRANSPORTS DU FUTUR, C’EST DÉJÀ UNE RÉALITÉ 24HABITER UNE AUTRE PLANÈTE POSSIBLE... DANS QUELQUES SIÈCLES 30TOURISME SPATIAL, L’ODYSÉE PREND VIE 34VIVRE AUTREMENT
 LES VILLES DU FUTUR 38MAISON 2.0
 L’INTELLIGENCE À DOMICILE 42LA RÉVOLUTION EST DANS NOS ASSIETTES 46

SCIENCES & TECHNO LA TECHNO DANS TOUS SES ÉTATS 50LA GUERRE DES ÉTOILES AURA-T-ELLE LIEU ? 54CRYOGÉNISATION, LES CLÉS DE L’IMMORTALITÉ ? 58

RESSOURCES CES NOUVELLES ÉNERGIES QUI VONT FAIRE PARLER D’ELLES 60

LEXIQUE LE FUTUROLOGUE DICO 64

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46Obtobre 2013 5

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L’HOMME, CE GENIE VISIONNAIRELĂ©onard de Vinci, Jules Vernes, Gutenberg, Stanley Kubrick, Edison
 Ecrivains, cinĂ©astes ou chercheurs de gĂ©nie, tous ont dĂ©montrĂ© une formidable capacitĂ© Ă  inventer l’avenir. Tous sont

morts sans jamais savoir que leur imaginaire bouillonnant a donné maissance aux plus grandes innovations technologiques du monde de demain.

PAR KARIM DRONET

Si le nom de l’homme qui a inventĂ© la roue s’est perdu dans la nuit des temps, il faut reconnaĂźtre que, sans cette invention rĂ©volutionnaire, le monde aurait Ă©vo-luĂ© d’une maniĂšre totalement diff Ă©rente. L’invention de la roue a non seulement rĂ©volutionnĂ© l’avenir des transports et du dĂ©placement des personnes, mais

aussi elle a contribuĂ© Ă  l’émergence de la rĂ©volution industrielle, avec notamment la cĂ©lĂšbre roue dentĂ©e servant de base aux en-grenages. La roue est une invention trĂšs ancienne qui date de 3500 avant JĂ©sus-Christ Ă  Summer, en MĂ©sopotamie. Toutefois, son origine prĂ©cise demeure encore assez fl oue. Le pot de Brono-cice, dĂ©couvert en Pologne, prĂ©sente ainsi un pictogramme gravĂ© semblant ĂȘtre la reprĂ©sentation d’un chariot. Cette dĂ©couverte remettrait ainsi en cause l’origine mĂ©sopatamienne de la roue. En tout cas, elle constitue assurĂ©ment un fondement de nos tech-nologies du transport. Elle a ainsi permis de dĂ©placer sur terre des charges importantes, en rĂ©duisant les forces de frottement. Elle est dĂ©sormais indispensable dans la plupart des moyens de transports terrestres.

DE LA RENAISSANCE AU SIÈCLE DES LUMIÈRESAu siĂšcle de la Renaissance, vers l’an 1400, le gĂ©nie humain s’est fortement illustrĂ© avec, notamment, LĂ©onard de Vinci. Ce Flo-rentin fut un homme d’esprit universel, Ă  la fois artiste, scien-tifi que, ingĂ©nieur, inventeur, anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, poĂšte, philosophe et Ă©crivain. Comme ingĂ©nieur et inventeur, LĂ©onard de Vinci a dĂ©-veloppĂ© des idĂ©es trĂšs en avance sur son temps, comme l’avion, l’hĂ©licoptĂšre, le sous-marin et mĂȘme jusqu’à l’automobile. TrĂšs peu de ses projets furent rĂ©alisĂ©s ou mĂȘme seulement rĂ©alisables lors de son vivant, mais certaines de ses plus petites inventions comme une machine pour mesurer la limite Ă©lastique d’un cĂąble sont entrĂ©es dans le monde de la manufacture. En tant que scien-tifi que, LĂ©onard de Vinci a beaucoup fait progresser la connais-sance dans les domaines de l’anatomie, du gĂ©nie civil, de l’optique

et de l’hydrodynamique. A la mĂȘme pĂ©riode, il y a eu l’invention gĂ©niale de Johannes Gutenberg, un imprimeur allemand dont l’invention des caractĂšres mĂ©talliques mobiles a Ă©tĂ© dĂ©terminante dans la diff usion des textes et du savoir. L’imprimerie, aurait se-lon les Ă©conomistes permit la premiĂšre rĂ©volution industrielle. Le gĂ©nie humain connut aussi son apogĂ©e au siĂšcle des LumiĂšres. Comme son nom l’indique bien, cette pĂ©riode Ă©clairĂ©e a mis Ă  jour de nombreuses inventions qui ont rĂ©volutionnĂ© la vie des hommes et surtout leur rapport avec les choses. Le siĂšcle des LumiĂšres est un mouvement intellectuel initiĂ© en Europe du XVIIIe siĂšcle, dont le but Ă©tait de dĂ©passer l’obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des architectes intellectuels ont ainsi encouragĂ© la science et l’échange intellec-tuel, en s’opposant Ă  la superstition, l’intolĂ©rance et les abus de l’Église et de l’État. Cette pĂ©riode fut donc propice au fourmille-ment des idĂ©es. Parmi les inventions les plus notables de cette pĂ©riode, on rappellera tout d’abord le 25 avril 1783, le premier vol d’un ballon Ă  air chaud : la Montgolfi Ăšre rĂ©alisĂ©e par Joseph et Étienne Montgolfi er. Dans ce siĂšcle des LumiĂšres, Benjamin Franklin est Ă©galement particuliĂšrement cĂ©lĂšbre pour ses travaux dans le domaine de l’électricitĂ©, notamment ses expĂ©riences sur la foudre. En 1752, il fi t une expĂ©rience cĂ©lĂšbre sur la foudre en attachant une clef Ă  un cerf-volant. Ceci mena Ă  l’invention du para-tonnerre. A la mĂȘme Ă©poque les travaux de Lavoisier ont eu une grande importance dans l’histoire de la chimie comme par exemple ses travaux sur la combustion, l’analyse de l’air et l’identi-

L’INVENTEUR DE LA ROUE, 3500 ANS AVANT JÉSUS-CHRIST, N’AURAIT JAMAIS IMAGINÉ QU’IL POSERAIT LA BASE DES TRANSPORTS ET DE LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE

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GRAND ANGLE

6 Octobre 2013

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fi cation de l’oxygĂšne et de l’azote, ses travaux sur le diamant et l’établissement de la composition du gaz carbonique. Toujours en France, Nico-las Appert fut lui le premier Ă  mettre au point une mĂ©thode de conservation des aliments en les stĂ©rilisant par la chaleur dans des conte-nants hermĂ©tiques (bouteilles en verre, puis des boĂźtes mĂ©talliques en fer-blanc). Il crĂ©a ainsi la premiĂšre usine de conserves dans le monde. Dans le domaine de la mĂ©decine et de la biolo-gie, on enregistre aussi des progrĂšs notables. En 1764, la facultĂ© de Paris approuva notamment l’innoculation de la variole pour immuniser un patient. Le vaccin sera dĂ©fi nitivement prĂȘt Ă  la fi n du siĂšcle. En 1769, l’ingĂ©nieur Cugnot construisit un lourd fardier Ă  vapeur, ancĂȘtre de la locomotive et de l’automobile. Pendant ce temps, en Angleterre, Newcomen dĂ©veloppa sa machine Ă  vapeur avec son associĂ© Th omas Sa-very en 1712. En 1732, Newcomen mit au point une pompe Ă  eau pour les mines fonctionnant Ă  la vapeur. En 1780, toujours en Angleterre, James Watt perfectionna les systĂšmes existants,

et il inventa sa machine Ă  vapeur. Enfi n, on ne peut pas parler de la nourriture de l’esprit sans celle du corps. En 1762, le Britannique John Montagu, 4e Comte de Sandwich a donnĂ© son nom au plat, le sandwich. John Montagu Ă©tait un grand joueur et, un jour, lancĂ© dans une de ses parties de cartes interminables, un serveur lui apporta deux tranches de pain garnies de viande froide et de fromage. Aujourd’hui, des millions de personnes, et notamment les Bri-tanniques, se restaurent Ă  l’heure du dĂ©jeuner de sandwiches riches et variĂ©s.

DE JULES VERNE À STEVE JOBS EN PASSANT PAR EDISON.Au fi l du temps, l’homme n’a cessĂ© d’innover et de perfectionner ces dĂ©couvertes scientifi ques et technologiques. La fĂ©e Ă©lectricitĂ© et le roi PĂ©-trole ont assurĂ©ment contribuĂ© Ă  façonner notre monde moderne. Certains, dans l’Histoire des hommes, se sont distinguĂ©s par leur vision du monde futur. C’est notamment le cas du cĂ©lĂšbre Ă©crivain nantais, Jules Verne et de son roman

«De la Terre Ă  la Lune». LĂ  oĂč Jules Verne a Ă©tĂ© un visionnaire, c’est lorsqu’il a considĂ©rĂ©, dĂšs 1860, que ce serait les AmĂ©ricains qui iraient en premier sur la Lune et que cette conquĂȘte viendrait de la guerre. A l’époque, Jules Verne estimait que la guerre de SĂ©cession ferait faire un bond en avant Ă  la recherche balistique. Or, il se trouve, primo, que ce sont bien les AmĂ©ricains qui ont beaucoup investi dans la recherche techno-scientifi que militaire, et ont eff ectivement acquis, par la mĂȘme, les moyens technologiques pour voyager sur la Lune, mĂȘme s’ils s’y sont intĂ©ressĂ©s tardivement. Se-condo, c’est bien la Seconde Guerre mondiale qui a dĂ©clenchĂ© une course Ă  l’armement et aux missiles intercontinentaux. De Jules Verne, on retiendra aussi le cĂ©lĂšbre Nautilus du capitaine NĂ©mo, ancĂȘtre des sous-marins modernes, ou encore les faisceaux lasers dĂ©crits dans « L’üle mystĂ©rieuse » pour chasser les naufragĂ©s indis-crets. La liste de ces visionnaires ne s’arrĂȘtent Ă©videmment pas lĂ . Dans le monde du cinĂ©ma, quelques auteurs cĂ©lĂšbres nous ont dĂ©jĂ  donnĂ© un avant-goĂ»t de notre futur comme George Lucas dans « La Guerre des Etoiles » ou Stan-ley Kubrick dans «2001, l’OdyssĂ©e de l’Espace». Mais aujourd’hui, la rĂ©volution numĂ©rique et informatique enclenchĂ©e Ă  la fi n du XXe siĂšcle a visiblement bouleversĂ© la face du monde. De Jack Kilby et Robert Noyce, gĂ©niaux inventeurs des premiers circuits imprimĂ©s, Ă  Steve Jobs, fondateur d’Apple et inventeur de l’i-Phone, en passant par Bill Gates, rĂ©volutionnaire de la mi-cro-informatique pour tous avec Microsoft , ou Mark Zuckerberg, fondateur du premier rĂ©seau social mondial Facebook, l’histoire de l’huma-nitĂ© est assurĂ©ment façonnĂ©e par des hommes exceptionnels pour des hommes et des femmes, tout aussi, exceptionnels. n

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LÉONARD DE VINCI AVAIT DÉVELOPPÉ DES IDÉES TRÈS EN AVANCE SUR SON TEMPS, COMME L’AVION, L’HÉLICOPTÈRE ET MÊME L’AUTOMOBILE

GUTENBERG SAVAIT-IL QUE SON INVENTION DES CARACTÈRES MÉTALLIQUES MOBILES SERAIT DÉTERMINANTE DANS LA DIFFUSION DES TEXTES ET DU SAVOIR ?

GRAND ANGLE

Jules Vernes, pĂšre de la fusĂ©e spatiale, du sous-marin et des faisceaux lasers plus d’un siĂšcle avant leur avĂšnement.

8 Septembre 2013

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L’HOMME BIONIQUE EST PARMI NOUS!

Steve Austin, l’homme qui valait trois milliards, n’est peut-ĂȘtre plus un simple hĂ©ros de sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Depuis des annĂ©es, les greff es d’organes bioniques se multiplient

et les progrĂšs rĂ©alisĂ©s en biotechnologie devraient ouvrir le champ Ă  la conception d’organes humains en grand nombre. En fĂ©vrier dernier, les scientifi ques ont prĂ©sentĂ© Rex,

le premier homme entiĂšrement bionique.PAR KARIM DRONET

Rex est aff ublĂ© d’un rein, d’un pancrĂ©as, d’une trachĂ©e et d’une rate. Il possĂšde un systĂšme de circulation sanguine, des membres et mĂȘme un visage. FinancĂ©e par une association caritative, la construction de Rex a coĂ»tĂ© la modique somme d’un million de dollars. Aucun tissu humain n’a Ă©tĂ© utilisĂ© pour le concevoir

et pourtant, il apparaĂźt plus vrai que nature. Rex est ainsi le fruit d’un travail de dĂ©monstration eff ectuĂ© par une Ă©quipe d’experts en robotique qui ont rĂ©alisĂ© un assemblage d’innovations techno-logiques dĂ©jĂ  existantes. Pour le socio-psychologue suisse Bertolt Meyer, lui-mĂȘme Ă©quipĂ© d’une prothĂšse articulĂ©e remplaçant sa main gauche, Rex est incontestablement une merveille de tech-nologies assemblĂ©es : «Soudain, on en arrive Ă  un point oĂč on est capable de fabriquer un corps qui est gĂ©nial et beau, Ă  sa façon», a-t-il notamment dĂ©clarĂ©. Depuis des annĂ©es, la recherche en biotechnologie travaille ar-demment pour dĂ©velopper des solutions capables de se substi-tuer Ă  des membres endommagĂ©s ou amputĂ©s. Fini le temps des jambes de bois et des bras en cire inerte. Mains, bras, jambes, yeux ont dĂ©jĂ  fait l’objet de greff es rĂ©ussies. Des chercheurs fran-çais ont mĂȘme mis au point un cƓur artifi ciel complet dont la greff e permettrait de sauver la vie de patients en insuffi sance car-diaque pour lesquels la transplantation n’est pas possible. (Voir encadrĂ©)Plusieurs entreprises ont rĂ©ussi Ă  Ă©laborer des prothĂšses de der-niĂšre gĂ©nĂ©ration dont les matĂ©riaux sont extrĂȘmement lĂ©gers, rĂ©sistants et trĂšs maniables grĂące Ă  la mise en place d’un systĂšme hydraulique au niveau des articulations. Mais la rĂ©volution bio-

nique rĂ©side dans la rĂ©alisation de nombreux mouvements com-mandĂ©s aujourd’hui par
 le cerveau.Depuis 2001, une vĂ©ritable avancĂ©e s’est produite dans ce do-maine et elle vient des Etats-Unis. Un Ă©lectricien, Jesse Sullivan, avait perdu ses deux bras suite Ă  un accident du travail. L’Institut de rĂ©habilitation de Chicago lui a greff Ă© deux bras bioniques qu’il peut contrĂŽler grĂące Ă  des signaux Ă©lectriques envoyĂ©s par son cerveau. Il commande ainsi ses bras artifi ciels par la pensĂ©e.

UN BRAS QUI OBÉIT AU DOIGT ET À L’OEILLors d’une confĂ©rence de presse Ă  Washington en 2006, Claudia Mitchell, totalement amputĂ©e du bras gauche suite Ă  un accident de moto, a pu montrer qu’avec sa nouvelle prothĂšse, elle pouvait saisir une tasse et la porter Ă  sa bouche ou encore tourner les pages d’un livre
 Tous ses gestes familiers, elle peut les com-mander, comme son ancien membre disparu, par la pensĂ©e. Les moteurs Ă©lectriques de la prothĂšse sont impulsĂ©s par des signaux myoĂ©lectriques envoyĂ©s par le cerveau aux muscles restant au-dessus du membre amputĂ©.

OBJECTIF : REMPLACER LES ORGANES DÉFICIENTS ET ÉLARGIR LES CAPACITÉS HUMAINES.

MÉDECINE

10 Octobre 2013

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FLORIAN, L’HOMME À LA MAIN BIONIQUE

Cet employĂ© municipal français, handi-capĂ© aprĂšs la perte de trois doigts, n’en revient toujours pas. Il a pu retrouver son travail grĂące Ă  sa prothĂšse high-tech. Il est ainsi le premier en France Ă  avoir Ă©tĂ© appareillĂ© avec cette mer-veille technologique. La prothĂšse fonc-tionne avec les pulsions musculaires du patient. RĂ©alisĂ©e en silicone sur mesure et adaptĂ©e au moignon de Flo-rian Lopes, elle compte deux Ă©lectrodes et deux batteries en lithium. Les Ă©lec-trodes transforment la pulsion gĂ©nĂ©rĂ©e par les muscles de Florian en Ă©nergie Ă©lectrique. S’il lĂšve le poignet, la main s’ouvre. S’il le rabat, elle se ferme. RĂ©sultat : une pression de 17 kg dans chaque doigt, ou 60 kilos dans la main ! Cette prothĂšse myoĂ©lectrique a coĂ»tĂ©

27000 euros au lieu de 42.000 €. La so-ciĂ©tĂ© Touch Bionics ayant consenti un effort important sur le prix initial pour cette premiĂšre en France. En 4 ans, plus de 500 prothĂšses de ce type ont Ă©tĂ© vendues dans le monde, mais toujours posĂ©es en Ecosse ou aux Etats-Unis. MĂȘme si le montant reste important, par rapport Ă  toute une vie, ce n’est fi -nalement pas grand-chose.

En juin 2013, le jeune Florian Lopes a eu la main gauche greffée avec une main bionique. Il a deux doigts à lui et trois doigts artifi ciels qui fonctionnent grùce à des électrodes activées par le cerveau.

Pour permettre au patient d’exĂ©cuter plusieurs mouvements Ă  la fois, Ă  une vitesse rapide, le Rehabilitation Institute of Chicago a ici aussi fait preuve d’ingĂ©niositĂ©. Les terminaisons nerveuses coupĂ©es qui innervaient le bras ont ainsi Ă©tĂ© dĂ©rivĂ©es vers le thorax et rattachĂ©es aux muscles. A cet endroit, les scientifi ques apposent tout un mĂ©canisme de capteurs, no-tamment des Ă©lectrodes, qui vont enregistrer les infl ux nerveux Ă©mis par le cortex moteur, le centre de la motricitĂ© de notre cerveau, vers ces terminaisons des nerfs du bras disparu. Le membre artifi ciel est ainsi capable de distin-guer les informations Ă©mises par le cerveau et de savoir s’il faut tourner le poignet ou encore contracter tel ou tel muscle. Une puce Ă©lectro-nique analyse ainsi une centaine de signaux Ă©lectriques et commande 22 mouvements possibles de la prothĂšse. La prochaine avancĂ©e technologique devrait permettre de crĂ©er une interface entre la prothĂšse et le reste du corps humain afi n de permettre Ă  la personne am-putĂ©e d’éprouver Ă  nouveau de vĂ©ritables sen-sations humaines, comme la tempĂ©rature ou

Rex, premier «homme bionique» qui préfi gure les transplantations du futur, montre ce que la science peut réaliser dans un avenir trÚs proche.

«SOUDAIN, ON EN ARRIVE À UN POINT OÙ ON EST CAPABLE DE FABRIQUER UN CORPS QUI EST GÉNIAL ET BEAU»

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UN CƒUR POUR TOUSLe cƓur artifi ciel «Carmat» est le premier coeur artifi ciel français, pro-totype mis au point par le Pr. Alain Carpentier et la sociĂ©tĂ© EADS. Le prin-cipe du coeur artifi ciel totalement implantable est d’offrir au patient la mĂȘme libertĂ© qu’avec un vrai coeur, sans ĂȘtre reliĂ© Ă  une grosse machine externe pour faire fonctionner la pompe. Normalement, plusieurs pa-thologies comme l’hypertension artĂ©-rielle, le diabĂšte ou une hĂ©patite em-pĂȘchent la transplantation cardiaque mais le cƓur artifi ciel a un Ă©norme avantage : il ne peut pas provoquer de rejet et ne nĂ©cessite pas la prise de traitements immunosuppresseurs pour Ă©viter les rejets.

UNE OREILLE BIONIQUE À PARTIR D’UNE IMPRIMANTE 3D

Une Ă©quipe de chercheurs de Princeton dirigĂ©e par Michael McAlpine a rĂ©ussi l’impression 3D d’une oreille bionique fonctionnelle qui devrait pouvoir res-taurer une Ă©ventuelle ouĂŻe dĂ©fi ciente, voire l’amĂ©liorer pour entendre au-delĂ  des frĂ©quences humainement normales. ComposĂ©e d’un tissu entremĂȘlant cel-lules et nanoparticules, l’oreille a Ă©tĂ© fa-çonnĂ©e par une imprimante 3D avant de subir une phase de culture cellulaire pour construire une petite antenne de car-tilage. Si l’on entend dĂ©sormais rĂ©guliĂš-rement parler d’impression 3D d’organes, c’est la premiĂšre fois que cette technique est utilisĂ©e en entrelaçant tissus cellu-laires et composĂ©s Ă©lectroniques. Bien que l’équipe annonce qu’une batterie de tests soient encore nĂ©cessaires, l’oreille devrait pouvoir se brancher au systĂšme nerveux humain. Les sons sont captĂ©s par l’antenne reliĂ©e Ă  des Ă©lectrodes et pourrait donc se connecter comme un kit audio pour personnes malentendantes.

LA RÉVOLUTION BIONIQUE RÉSIDE DANS LA RÉALISATION DE MOUVEMENTS COMMANDÉS PAR LE CERVEAU

la pression. Des Ă©tudes sont Ă©galement menĂ©es pour doter aujourd’hui les futures prothĂšses de capacitĂ©s supĂ©rieures Ă  celles des hommes. Des concepts d’exo-squelettes capables de soulever des charges trois fois supĂ©rieures Ă  celles que portent aujourd’hui des ĂȘtres humains ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s par des laboratoires de recherches. AprĂšs Steve Austin, Bio man et Iron Man pour-raient bientĂŽt ĂȘtre parmi nous !

UN OEIL BIONIQUE POUR LES AVEUGLESArgus 2, le premier Ɠil bionique amĂ©ricain, a Ă©tĂ© greff Ă© chez une soixantaine d’aveugles dans le monde qui ont pu ainsi retrouver une vision partielle. Il est composĂ© d’électrodes im-plantĂ©es dans la rĂ©tine et de lunettes Ă©quipĂ©es d’une camĂ©ra miniaturisĂ©e. DĂ©jĂ  approuvĂ© par les autoritĂ©s europĂ©ennes, cet Ɠil bionique est le premier au monde Ă  ĂȘtre commercialisĂ© et bĂ©nĂ©fi cie aux personnes souff rant d’une rĂ©tino-pathie pigmentaire, une maladie gĂ©nĂ©tique rare qui entraĂźne une dĂ©gĂ©nĂ©rescence des photorĂ©-cepteurs de la rĂ©tine. Le procĂ©dĂ© permet Ă  l’Ɠil

de capter la lumiĂšre et des rĂ©cepteurs la conver-tissent en signaux Ă©lectro-chimiques qui sont transmis au cerveau par le nerf optique. Les essais cliniques avaient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s sur 30 per-sonnes de 28 Ă  77 ans totalement aveugles. Ces patients ont gĂ©nĂ©ralement retrouvĂ© une acuitĂ© de 0,17/10e qui leur permet de distinguer des formes en noir et blanc, comme des ombres sans pour autant pouvoir reconnaĂźtre le vi-sage. Certains ont mĂȘme pu lire les gros titres des journaux, d’autres ont pu voir en couleur. Argus 2 serait disponible dans plusieurs pays europĂ©ens pour 73.000 euros.En 2002 dĂ©jĂ , le docteur Mark Humayun avait rĂ©ussi Ă  implanter un premier dispositif de ce genre Ă  six patients atteints de rĂ©tinopathie pigmentaire. Une minuscule camĂ©ra placĂ©e sur des lunettes et reliĂ©e Ă  un processeur qui transmet des signaux Ă©lectriques Ă  une puce placĂ©e sur la rĂ©tine. Cette puce stimulant le nerf optique donne un semblant de vision, avec des images en noir et blanc dont la rĂ©so-lution augmente avec le nombre d’électrodes prĂ©sentes sur la puce. n

MÉDECINE

En novembre dernier, Zac Vawter, un Américain, avait grimpé en 53 minutes et 9 secondes les 103 étages (442 m) de la Willis Tower à Chicago, grùce à une jambe bionique contrÎlée par des nerfs repositionnés sur sa cuisse pour améliorer la transmission des signaux.

Ph. D

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MEDECINE

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Des octogĂ©naires aux allures de trentenaires
 Si les promesses de jeunesse Ă©ternelle des scientifi ques devaient se rĂ©aliser, c’est un peu le genre d’hybrides que nous deviendrions

dans les annĂ©es Ă  venir. NĂ©anmoins, les avancĂ©es de la mĂ©decine gĂ©nĂ©tique sont considĂ©rables. MĂ©decine rĂ©gĂ©nĂ©ratrice, biologie molĂ©culaire
 Un premier pas vers l’immortalitĂ© ?

PAR RADIA LAHLOU

La quĂȘte de la fontaine de jouvence est perpĂ©tuelle, mais jamais tota-lement aboutie, un peu comme le mythe de Sisyphe, condamnĂ© pour l’éternitĂ© Ă  rouler un rocher jusqu’au sommet d’une mon-

tagne
 Pourtant une avancĂ©e certaine, dans le domaine de la biologie cellulaire, opĂ©rĂ©e par des scientifi ques français ouvre la porte Ă  tous les espoirs: le vieillissement des cel-lules ne serait plus irrĂ©versible grĂące Ă  la dĂ©-couverte de l’équipe de recherche du CNRS, de l’Inserm et de l’UniversitĂ© de Montpellier. Ces scientifi ques ont pu rajeunir des cellules vieilles d’une centaine d’annĂ©es en les ren-dant des cellules souches pluripotentes ca-pables de donner tous les types cellulaires. En d’autres termes, ils leur ont fait rĂ©ac-quĂ©rir leurs caractĂ©ristiques originelles de cellules souches embryonnaires rĂ©ussissant Ă  eff acer les traces de vieillissement. Des cellules qui ont la capacitĂ© de donner nais-sance Ă  plusieurs types de cellules (osseuses, cardiaques, neuronales..). Des mĂ©thodes de reprogrammation permettent aussi de crĂ©er de nouvelles cellules souches qui pourraient amĂ©liorer les capacitĂ©s de rĂ©paration ou de rĂ©gĂ©nĂ©ration des tissus endommagĂ©s. Une dĂ©couverte qui porte de nombreux espoirs thĂ©rapeutiques, mĂȘme si certains

semblent hors de portĂ©e
 du moins pour l’instant. TrĂšs rĂ©cemment, la trĂšs sĂ©rieuse sociĂ©tĂ© Cel-lectis, pionniĂšre et leader dans l’ingĂ©nierie du gĂ©nome, annonçait une autre premiĂšre mondiale, le lancement d’une banque de donnĂ©es gĂ©nĂ©tique permettant de conserver son ADN afi n d’avoir accĂšs Ă  la mĂ©decine rĂ©gĂ©nĂ©ratrice de demain. Une sauvegarde faite des cellules en pleine forme, qui aprĂšs avoir bĂ©nĂ©fi ciĂ© de la technologie IPS (Fa-brication de cellules pluripotentes induites) pourraient Ă  la demande ĂȘtre rediff Ă©renciĂ©s et utilisĂ©es pour rĂ©parer les organes endom-magĂ©s ou dĂ©velopper des mĂ©dications per-sonnalisĂ©es. Chacun, ou tout au moins dans un premier temps les plus riches d’entre nous (l’accĂšs au service est de 47.000 €, puis 400 € par mois), pourrait ainsi constituer sa propre banque de « cellules mĂ©dicaments » afi n de se « rĂ©initialiser ». Le mode opĂ©ra-toire assez simple : un prĂ©lĂšvement de peau de quelques millimĂštres de diamĂštre eff ec-

tuĂ© chez un dermatologue agrĂ©Ă©. Les cellules du derme sont ensuite traitĂ©es et cryogĂ©ni-sĂ©es pour ĂȘtre conservĂ©es. Une partie d’entre elles est aussi reprogrammĂ©e pour donner naissance aux fameuses IPS, qui ont l’ADN de leur propriĂ©taire mais ont retrouvĂ© toutes les caractĂ©ristiques de cellules souches em-bryonnaires et peuvent donc muter Ă  la de-mande en cellules de peau, de sang, des os ou de cerveau. Retrouver la peau, les yeux, les os ou les neu-rones de ses vingt ans serait donc Ă  terme possible. PrĂ©server son capital jeunesse et lutter contre les maladies dĂ©gĂ©nĂ©rescentes de la vieillesse aussi. En eff et, l’on considĂšre que le vieillissement est une dĂ©gradation ac-cĂ©lĂ©rĂ©e des fonctions cellulaires qui conduit Ă  diverses maladies puis Ă  la mort, et ce pour toutes les espĂšces. Il rĂ©sulterait de la dĂ©tĂ©rio-ration progressive des protĂ©ines, liĂ©e Ă  l’oxy-dation. Les protĂ©ger de cette oxydation per-mettrait de vieillir moins vite et de rester en bonne santĂ©. La recherche scientifi que tra-

JEUNESSE ÉTERNELLE, LA QUÊTE DU GRAAL

RETROUVER LA PEAU, LES YEUX, LES OS OU LES NEURONES DE SES VINGT ANS SERAIT DONC À TERME POSSIBLE

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HeLa, pour Henrietta Lacks. Une jeune femme noire amĂ©ricaine morte dans la misĂšre en 1951, mais connue des laboratoires du monde entier pour l’hĂ©ritage inestimable qu’elle Ă  lĂ©guĂ© Ă  son insu Ă  la science : Les premiĂšres et uniques cellules humaines immortelles au monde ! Beaucoup de vaccins et de mĂ©dicaments ont Ă©tĂ© testĂ©s et des milliers d’essais thĂ©rapeutiques eff ectuĂ©s Ă  partir des cellules d’Henrietta Lacks, dĂ©cĂ©dĂ©e Ă  31 ans d’un cancer du col de l’utĂ©rus. Elles ont Ă©tĂ© envoyĂ©es dans l’espace, exposĂ©es aux radiations atomiques, ont contribuĂ© Ă  la mise au point de vaccins, favorisĂ© le clo-nage, la thĂ©rapie gĂ©nĂ©tique, la lutte contre le VIH et aidĂ© Ă  comprendre les processus de cancĂ©risation et la fonction de nombreux gĂšnes. Ses cellules, prĂ©levĂ©es quelques mois avant sa mort n’ont depuis lors cessĂ© de se multiplier, une gĂ©nĂ©ration nouvelle apparait toutes les 24 heures. « AlignĂ©es bout Ă  bout, les cellules HeLa produites depuis le dĂ©but de leur mise en culture, feraient au moins trois fois le tour de la Terre, s’étirant sur plus de cent mille km. Impressionnant pour un petit bout de femme d’un mĂštre cinquante » Ă©cri-vait Rebecca Skloot. Les cellules HeLa - c’est sous ces deux syllabes que les scientifi ques dĂ©signent ce matĂ©riel biolo-gique - ont prospĂ©rĂ© de maniĂšre fulgurante au point d’ĂȘtre, encore aujourd’hui, diff usĂ©es dans tous les laboratoires de la planĂšte. Une contribution inestimable pour la communautĂ© scientifi que qui lui voue une reconnaissance Ă©ternelle. Nous aussi. Merci Henrietta. n

HELA, LES CELLULES IMMORTELLES

L’incroyable histoire Henrietta Lacks a fait l’objet d’un roman « La vie immortelle d’ Henrietta Lacks » par Rebecca Skoot (Calman-Levy, 2011). Un fi lm sera bientĂŽt tirĂ© de cette biographie.

vaille actuellement sur la production d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’antioxydants inspirĂ©e de ceux de microorganismes robustes qui rĂ©-sistent Ă  des conditions extrĂȘmes. Ils ne rem-placent pas leurs cellules mais les rĂ©gĂ©nĂšrent en rĂ©parant leurs protĂ©ines et leur ADN. La fabrication de cocktails antioxydants de ce type, ingĂ©rĂ©s assez tĂŽt, permettrait de prĂ©ve-nir les maladies et jeunesse. Pris plus tard, ils enclencheraient mĂȘme peut-ĂȘtre un certain rajeunissement de l’organisme par la rĂ©gĂ©nĂ©-ration molĂ©culaire des cellules.

IMPITOYABLE MIROIRSi aucune potion magique n’est en mesure d’augmenter l’espĂ©rance de vie au-delĂ  d’un siĂšcle, ni d’amĂ©liorer l’apparence physique (les outrages du temps sont irrĂ©mĂ©diables et le miroir impitoyable), en attendant de pouvoir bĂ©nĂ©fi cier des multiples applica-tions off ertes par la biogĂ©nĂ©tique, d’autres avancĂ©es de la mĂ©decine conjuguĂ©es Ă  des techniques de mĂ©decine esthĂ©tique de plus en plus sophistiquĂ©es peuvent permettre de gagner le pari du rajeunissement physique. ParaĂźtre moins que son Ăąge, mĂȘme si cer-taines techniques sont coĂ»teuses, est actuel-lement Ă  la portĂ©e du plus grand nombre. S’il y a quelques annĂ©es, dans le top ten du palmarĂšs fi gurait la chirurgie esthĂ©tique, moyen radical mais parfois dangereux, au-jourd’hui on parle d’une nouvelle mĂ©decine esthĂ©tique avec moins de bistouri Ă  la clef. On se «botoxe», on « s’injecte » de l’acide, on se « lazerise ».Parce que cette mĂ©decine de la beautĂ© dispose de plus de trente ans de recul et d’expĂ©rience, elle propose dĂ©sormais un maximum de rĂ©sultats avec un minimum d’inconvĂ©nients, les produits injectĂ©s Ă©tant naturellement Ă©liminĂ©s par l’organisme et les ratages rĂ©versibles. Les techniques sont si

PRÉSERVER SON CAPITAL JEUNESSE ET LUTTER CONTRE LES MALADIES DÉGÉNÉRESCENTES DE LA VIEILLESSE

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RADIOFRÉQUENCE Les lasers de type radiofrĂ©quence pour raf-fermir la peau et stimuler la synthĂšse du collagĂšne. C’est l’eff et « skin tightening » dont on rĂȘve, en alternative au lift ing. L’ajout d’une vi-bration qui permet de diminuer la douleur et de rendre le traitement plus agrĂ©able diff Ă©rencie ce soin nouvelle gĂ©nĂ©ration (sorti en 2010) des anciens. Mais Ă  prendre avec prudence car les rĂ©sultats du Th er-mage restent dĂ©cevants indiquent des spĂ©cialistes. Tous les patients ne sont pas rĂ©pondeurs, et on ne sait pas encore bien les sĂ©lectionner. Quand ça marche, on obtient une amĂ©lioration de 35 % Ă  50 % sur la texture de la peau et les ridules. Mais le traitement est trĂšs coĂ»teux.

SELPHYLÂź OU LIFTING DU VAMPIRE Le traitement SelphylÂź vise Ă  combler les rides et les dĂ©pressions cutanĂ©es, dont les pattes-d’oie et les creux sous les yeux. Sa particularitĂ©? Le recours Ă  des fac-teurs de croissance humains Ă©laborĂ©s Ă  partir de notre propre sang, dont une petite quantitĂ© est prĂ©levĂ©e. Le sang est ensuite placĂ© dans une centrifugeuse, qui eff ectue la sĂ©paration des globules blancs et des globules rouges du plasma, Ă  l’intĂ©rieur duquel se trouvent les plaquettes. Puis les plaquettes intactes sont rĂ©injectĂ©es dans l’orga-nisme.

BODYTITE C’est un appareil de liposuccion qui bouleverse toutes les pratiques en cours. Cette technique utilise la radiofrĂ©quence afi n de stimuler le collagĂšne, faire fondre le gras et coaguler les vais-

seaux sanguins, ce qui Ă©vite les ecchymoses tout en raff ermissant les parties traitĂ©es. Comme pour la liposuccion traditionnelle, la pro-cĂ©dure comporte quelques minutes d’inconfort, mais cela demeure supportable grĂące Ă  l’anesthĂ©sie locale.

FRAXEL LASER RESURFACING CO2 Plus performant que les lasers prĂ©cĂ©dents, il accomplit sensiblement la mĂȘme chose, mais avec plus de rapiditĂ© et moins de risques d’eff ets secondaires. Une heure avant le traitement, on applique sur la peau un anesthĂ©sique local, qui rend la procĂ©dure trĂšs supportable.

LE BOTOX EN CRÈME Des crĂšmes Ă  l’eff et «Botox like», se dĂ©ve-loppent aux États-Unis et pourraient mĂȘme remplacer les injections. Pour l’heure, elles sont destinĂ©es aux pattes-d’oie, et l’application se fera en cabinet mĂ©dical.

LE TRAITEMENT PAR LE FROID Ce traitement s’eff ectue avec un appareil qui rĂ©frigĂšre le nerf frontal. AutorisĂ©e par la FDA agrĂ©ment FDA, cette pratique devait arriver en France en 2013.

DES INJECTIONS ANTI-DOUBLE MENTON Les laboratoires Bayer ont mis au point un agent injectable (ATX-101, à base de déoxycholate) qui permettrait de dissoudre les petits amas graisseux situés sous le menton. Les études sont encore en cours. n

RÉVOLUTIONNAIRES, MAIS PAS ENCORE PROUVÉES
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La nouvelle mĂ©decine esthĂ©tique : Botox, acide, laser. Un maximum de rĂ©sultats avec un minimum d’inconvĂ©nients.

performantes que certains actes de chirur-gie ont purement et simplement disparu, comme le lift ing frontal, supplantĂ© par la toxine botulique. Elle permet aujourd’hui de lisser, «dĂ©friper», restructurer la peau en profondeur grĂące Ă  certains lasers, gommer les vergetures grĂące aux appareils Ă©mettant des lumiĂšres diode
Pas de cicatrice, pas d’anesthĂ©sie et trĂšs peu d’eff ets secondaires. Peu de femmes et d’hommes hĂ©sitent aujourd’hui Ă  sauter le pas. Et demain ? Les spĂ©cialistes estiment que l’off re d’acide hyaluronique continuera de s’étendre vers des produits encore plus effi caces, plus durables tout en Ă©tant rĂ©sor-bables bien sĂ»r. Il en va de mĂȘme pour les technologies laser qui seront encore plus performantes dans les techniques anti-Ăąge... la mĂ©decine de la beautĂ© continue de peau-fi ner son credo, le risque zĂ©ro mille fois plus vendeur que la chirurgie esthĂ©tique. En attendant ces fameuses cellules souches capables de nous rendre notre jeunesse
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CLONAGE, DE LA BREBIS À L’HOMME, L’UNIVERS

DES POSSIBLESDepuis la naissance de la brebis Dolly en 1996, les expérimentations sur le clonage repoussent

plus loin les limites du possible. Le premier humain ne serait plus qu’une question d’annĂ©es, si ce n’est pas dĂ©jĂ  secrĂštement fait. Au-delĂ  du dĂ©bat scientifi que, une bataille musclĂ©e se joue entre

les dĂ©fenseurs de la libertĂ© de la recherche et les garants de l’éthique et de la moralitĂ©.PAR AMIN RBOUB

Peut-on cloner des humains ? La possibilitĂ© du clonage humain enfl amme depuis toujours l’imaginaire. DĂ©jĂ  en 1810, Frankenstein sorti de l’imagination de la romanciĂšre Mary Shel-ley Ă©tait l’Ɠuvre d’un savant (fou ?) soucieux de donner vie Ă  une crĂ©ature Ă  partir de son image.

La question ne se pose plus en fait depuis le clonage de la brebis Dolly. De l’animal Ă  l’humain, il n’y a qu’un pas que la science peut franchir, mais que la morale rĂ©prouve. Au-delĂ  du caractĂšre surrĂ©aliste et des capacitĂ©s scientifi ques, le dĂ©bat Ă©thique sur le clonage humain soulĂšve l’ire des dĂ©-fenseurs de la moralitĂ© qui prĂŽnent l’intĂ©gritĂ© de l’ĂȘtre hu-main et appellent Ă  l’encadrement, voire le contrĂŽle du bon usage des recherches. Sans oublier le discours des religieux qui rejettent catĂ©goriquement l’idĂ©e mĂȘme d’un dĂ©bat jugĂ© «blasphĂ©matoire». En mĂȘme temps, ce sujet passionne les dĂ©fenseurs «de l’impĂ©ratif de la libertĂ© de la recherche». La communautĂ© scientifi que en quĂȘte d’avancĂ©es rapides est dĂ©terminĂ©e Ă  pousser plus loin les limites du possible et de l’interdit. D’ailleurs, depuis ce dĂ©but du siĂšcle, le rythme d’ex-pĂ©rimentations et de dĂ©couvertes scientifi ques va crescendo. Du coup, des idĂ©es et des concepts, relevant il y a encore quelques annĂ©es de l’univers de la science-fi ction devien-nent des sujets rĂ©els de recherche. Panayiotis Zavos, mĂ©de-cin d’origine chypriote, assure mordicus que le premier bĂ©bĂ© clonĂ© pourrait naĂźtre dans quelques annĂ©es! Selon le profes-seur Zavos, «cela ne fait pas le moindre doute, le bĂ©bĂ© clonĂ©

arrive. Il est absolument impossible que cela n’arrive pas». En fait, c’est lui qui est allĂ© plus loin que les expĂ©riences passĂ©es, brisant des tabous, en crĂ©ant des embryons hybrides spĂ©cia-lement dĂ©diĂ©s Ă  la reproduction humaine, mais uniquement Ă  des fi ns de recherche. Il y a 4 ans, le Dr Zavos a affi rmĂ© avoir clonĂ© 14 embryons humains, dont 11 ont Ă©tĂ© implantĂ©s sans succĂšs dans l’utĂ©rus de femmes dĂ©sireuses d’avoir un en-fant. Des embryons hybrides humain-vache crĂ©Ă©s Ă  partir des cellules de trois personnes dĂ©cĂ©dĂ©es. En mai 2013, ce qui est vĂ©ritablement le premier clonage hu-main est presque passĂ© totalement inaperçu. Mais la dĂ©cou-verte, aprĂšs sa publication dans la revue scientifi que « Cell » a rapidement fait le tour du monde. Une Ă©quipe de chercheurs, Masahito Tachibana et son Ă©quipe en Oregon aux Etats-Unis, ont rĂ©ussi ce que plusieurs avaient tentĂ© sans succĂšs aupara-vant : produire une cellule souche embryonnaire Ă  partir d’un ovule et d’une cellule de peau humains. La technique utilisĂ©e, le transfert du noyau d’une cellule somatique Ă  un ovule, est en fait la mĂȘme technique qui a permis le clonage de la brebis Dolly et d’autres animaux par la suite.

LE PRIX NOBEL DE MÉDECINE 2012, JOHN GURDON, AFFIRME QUE LE CLONAGE HUMAIN SERAIT POSSIBLE D’ICI 50 ANS!

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DU CLONAGE DE L’ANIMAL À L’HUMAIN, IL N’Y A QU’UN PAS QUE LA SCIENCE PEUT FRANCHIR, MAIS QUE LA MORALE RÉPROUVE

LA RÉVOLUTION DOLLY La naissance en 1996 d’une brebis clonĂ©e, conçue sans cellules embryonnaires, dĂ©-clencha un vif dĂ©bat de sociĂ©tĂ©. Le clonage humain serait proche... La polĂ©mique autour de la manipulation du vivant fait passer au second plan une premiĂšre scientifi que. La brebis Dolly de Ian Welmut a Ă©tĂ© «crĂ©Ă©e» sur la base d’un animal adulte. Une rĂ©volution qui a eu l’eff et d’une bombe Ă  l’époque, ou-vrant tous les champs des possibles. MenĂ©es dans la discrĂ©tion, voire la clandestinitĂ© dans des laboratoires tenus secrets, les recherches sur le clonage humain se sont depuis cette date intensifi Ă©es. DĂšs 1998, la mĂ©thode du scientifi que Ă©cossais, Ian Welmut, est reprise par des chercheurs amĂ©ricains qui rĂ©ussis-sent la toute premiĂšre mise en culture de cellules souches humaines prĂ©levĂ©es sur un embryon. Depuis, de nombreux chercheurs biomĂ©dicaux se sont lancĂ©s dans le clonage expĂ©rimental, plus communĂ©ment appelĂ© «thĂ©rapeutique». Ils s’appuient sur la tech-nique du clonage pour obtenir des cellules

souches embryonnaires destinĂ©es Ă  la re-cherche et Ă  des fi ns thĂ©rapeutiques. Mais comme la notion «thĂ©rapeutique » a une connotation positive et suggĂšre des appli-cations bĂ©nĂ©fi ques, les instances de contrĂŽle ont recommandĂ© aux scientifi ques d’utiliser une terminologie plus neutre, Ă  savoir «le clonage Ă  des fi ns de recherche». Mais c’est surtout la caution scientifi que du prix Nobel 2012 qui vient confi rmer la possibilitĂ© du clonage humain: «La technologie du clonage humain pourrait apparaĂźtre au cours d’un demi-siĂšcle», a annoncĂ© le biologiste molĂ©-culaire britannique John Gurdon, prix No-bel de physiologie et de mĂ©decine en 2012. «Le mĂ©canisme du clonage est trĂšs simple, estime Gurdon. «Il s’agit d’un clonage de ce que la nature a dĂ©jĂ  créé». BÉBÉS SUR MESURE !Une chose est sĂ»re, tout prĂȘte Ă  croire que les techniques et expĂ©rimentations de clonage humain seront rĂ©solues avec le temps. Si l’ob-jectif des chercheurs est de toute Ă©vidence

thĂ©rapeutique et non reproductif, sauf que la technique est la mĂȘme, certains voient la production d’embryons clonĂ©s dans les labo-ratoires comme Ă©tant une Ă©tape vers le clo-nage reproductif et appellent Ă  l’instauration d’une loi aux États-Unis interdisant ce type de clonage (60 autres pays l’ont dĂ©jĂ  banni). On pourrait craindre des dĂ©rives surtout si les dons d’ovules ne sont pas vraiment des dons, mais qu’il y a transaction monĂ©taire. Cela Ă©tant, de nombreuses questions restent en suspens: le clonage ne ferait-il pas l’objet de manipulations au service de couples stĂ©-riles ou homosexuels qui veulent une des-cendance biologique. L’enfant mis au monde par reproduction asexuĂ©e serait-il un indi-vidu unique ou un prisonnier gĂ©nĂ©tique ? D’autres pensent qu’un enfant clonĂ© ne pour-ra ĂȘtre que le jumeau de son donneur gĂ©nĂ©-tique, mais avec un dĂ©calage dans le temps et l’espace. Le clonage risque aussi de donner la possibilitĂ© aux « parents » de composer les caractĂ©ristiques de leur futur enfant
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LEVISTO ALPHA Z, mĂ©daillĂ© au championnat 2013 de Belgique, est un pur produit du clonage d’équidĂ©. Si le 1er cheval clonĂ© est nĂ© en 2003, aujourd’hui, le clonage d’équidĂ©s est sans doute, d’un point de vue commercial et Ă©conomique, l’un des plus actifs qui soit dans le monde. Produire un cheval identique Ă  son modĂšle est le rĂȘve de celui qui espĂšre obtenir un champion en utilisant la copie gĂ©nĂ©tique de son performer.

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DOLLY, UN CLONE DEVENU STAREn fĂ©vrier 1997, tĂ©lĂ©visions, journaux et magazines du monde entier n’ont

d’yeux que pour Dolly, une jeune agnelle nĂ©e sept mois plus tĂŽt, le 5 juillet 1996, dans les locaux de l’institut Roslin, prĂšs de la ville Ă©cossaise d’Édim-

bourg. Et pour cause : l’animal n’est pas le fruit de l’accouplement d’une brebis et d’un mouton, ni mĂȘme de la fĂ©condation in vitro. Elle n’a pas de pĂšre, elle est la copie gĂ©nĂ©tique de sa mĂšre, autrement dit son clone !L’annonce de l’évĂ©nement dĂ©clenche immĂ©diatement une violente polĂ©mique. Le dĂ©bat se concentre sur le clonage humain, prĂ©sentĂ© comme imminent. Scien-tifi ques, philosophes, politiques, reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile, et mĂȘme hommes d’Église prennent position sur le clonage humain. Les comitĂ©s d’éthique en France, en Angleterre, aux États-Unis, ainsi que ceux du Conseil de l’Europe, de l’Unesco et de l’ONU se prononcent pour l’interdiction, au moins provisoire, de toute recherche sur le clonage humain. Que des chercheurs manipulent le vi-vant et parviennent Ă  rĂ©aliser des animaux autrement que par la reproduction sexuĂ©e fait peur. L’importance scientifi que de Dolly passe au second plan.Au dĂ©part, nombre de biologistes sont sceptiques. Ian Wilmut et ses collĂšgues analysent les gĂ©nomes de Dolly et de sa mĂšre Finn Dorset, et montrent qu’ils sont identiques : l’agnelle est bien son clone issu d’une cellule diff Ă©renciĂ©e. Un point alors diffi cile Ă  admettre puisqu’il bouscule l’un des dogmes de la biologie, celui de l’irrĂ©versibilitĂ© du temps biologique. On pensait qu’une fois une cellule diff Ă©renciĂ©e, tout retour en arriĂšre Ă©tait impossible. Or Dolly apporte la preuve que, transplantĂ© dans une cellule sexuelle, le noyau d’une cellule adulte peut ĂȘtre reprogrammĂ© et retrouver sa pluripotence. Un exploit donc qui soulĂšve bien des questions, l’existence de cellules souches dans les tissus n’étant alors pas confi rmĂ©e. Les 277 fusions rĂ©alisĂ©es n’ont donnĂ© que 29 embryons, dont un seul a survĂ©cu, celui de Dolly. Atteinte d’arthrite et d’une maladie pulmonaire Ă©volutive, la brebis est euthanasiĂ©e le 14 fĂ©vrier 2003 aprĂšs avoir donnĂ© naissance Ă  quatre brebis par reproduction sexuĂ©e, preuve qu’un animal clonĂ© n’est pas stĂ©rile. n

tant de questions et d’hypothĂšses qui prĂ©oc-cupent certains scientifi ques, lesquels voient dans le clonage une mise en danger de l’iden-titĂ© humaine. Face Ă  ces prĂ©occupations et compte tenu du fl ot de dĂ©couvertes, le clonage fait l’objet d’examens et de contrĂŽles d’instances inter-nationales. A leur tĂȘte fi gurent l’OMS et des organisations des Nations unies (notamment l’Unesco). Objectif : parer aux dĂ©rives par la mise en place d’un cadre Ă©thique et juridique international. D’ailleurs, au lendemain de la naissance de Dolly en 1997, l’AssemblĂ©e de l’Organisation mondiale de la SantĂ© s’est em-pressĂ©e de prendre des rĂ©solutions Ă  travers lesquelles elle a affi rmĂ© que : «Le clonage pour la reproduction d’ĂȘtres humains est inacceptable sur le plan Ă©thique et contraire Ă  la dignitĂ© et Ă  l’intĂ©gritĂ© de la personne humaine». Mais est-ce que les enjeux de la science sont Ă©thiques ? De l’avis des experts, au-delĂ  des dĂ©bats sur la rĂ©glementation des techniques de clonage, les recherches de reproduction Ă©branlent la signifi cation mĂȘme de «la vie». La notion de la vie, les valeurs et principes ainsi que les rĂšgles sĂ©culaires Ă©tablies dans les sociĂ©tĂ©s sont ancrĂ©s dans la culture, les traditions et les principes religieux. En mĂȘme temps, les fondamentaux du progrĂšs scientifi que et de la recherche transcendent les frontiĂšres na-tionales et font souvent fi des valeurs. C’est dire l’urgence face Ă  ce dilemme de parvenir Ă  des rĂšglementations internationales dans le domaine du clonage humain. Ceci Ă©tant dit, il y a un dogme. Celui de la valeur fonda-mentale de la dignitĂ© humaine. n

L’OBJECTIF DES CHERCHEURS EST DE TOUTE ÉVIDENCE THÉRAPEUTIQUE ET NON REPRODUCTIF. SAUF QUE LA TECHNIQUE EST LA MÊME

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MERVEILLEUSE MÉDECINE CHINOISE


MÉDECINE D’AVENIR ?

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Ah ! La célÚbre et millénaire médecine chinoise ! Ne guérit-elle pas tout ?! Sans eff ort, sans investissement ... Millénaire ? Multimillénaire
 Mais quel ùge a-t-elle donc ?

C’est là que le bñt blesse, elle n’a pas d’ñge parce que
 parce qu’elle n’en a pas. PAR NADIA SALAH

C’est une invention rĂ©cente, peut-ĂȘtre pas plus ancienne que Mao lui-mĂȘme. En fait, tout repose sur un Ă©norme quiproquo, qui vient d’ĂȘtre identifi Ă© Ă  l’UniversitĂ© de Berlin, par une Ă©quipe de sinologues et de cher-cheurs en histoire des sciences. Leurs tra-

vaux croisent ceux de chercheurs amĂ©ricains et aussi ceux de l’UniversitĂ© de Lille en France.Qui donc s’est amusĂ© Ă  mystifi er ainsi des milliers de gens de ce cĂŽtĂ©-ci de la planĂšte pour leur faire croire qu’il y avait une merveilleuse mĂ©decine chinoise traditionnelle, et leur vendre toute une panoplie de remĂšdes rares et bien chers? En fait, personne. C’est un malentendu. Et voici la vraie histoire. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, les autoritĂ©s chinoises tentent de lutter contre un art mĂ©dical transmis oralement pour l’essentiel et que rien n’a jamais Ă©tayĂ© sur le plan scientifi que. La lutte s’expliquait par les risques encourus par la population. Puis l’histoire chinoise a fourni d’autres soucis que la moder-nisation mĂ©dicale. C’est Mao qui relance le travail. Autori-taire certainement, mais pas assez naĂŻf pour comprendre que son rĂ©gime ne devait pas heurter frontalement les croyances de ses ouailles en matiĂšre mĂ©dicale. Donc il y va mais lente-ment
 et malicieusement.

La propagande offi cielle est chargĂ©e de mener le combat. Elle dit et rĂ©pĂšte Ă  des milliards d’exemplaires, la taille de la com-munication moyenne en Chine, qu’on valorise la mĂ©decine traditionnelle. Et sous couvert de cette valorisation, on ar-rache discrĂštement les pratiques les plus dangereuses.LĂ -dessus, la Chine commence Ă  s’entre-ouvrir, sĂ©lection-nant ses visiteurs, lesquels dĂ©couvrent la « mise en valeur

de la mĂ©decine traditionnelle », dont ils n’avaient aucune raison de douter
 et voilĂ , le tour fut jouĂ©, le coup est parti. Trop tard pour des explications. Et puis qui y aurait cru, alors que la lĂ©gende est si magnifi que
 Et qu’elle commence Ă  enrichir quelques praticiens qui aiment Ă  engager leur foi dans tout ce qui peut atti-rer la clientĂšle.L’aff aire n’aurait aucun intĂ©rĂȘt si elle ne dĂ©-gĂ©nĂ©rait pas aujourd’hui en un problĂšme

dĂ©licat. La demande mondiale en poudre de perlimpinpin Ă©puise des ressources animales rares. Celle qui fait le plus rĂȘ-ver pour ses vertus aphrodisiaques est la corne de rhinocĂ©ros. Et puis, la Chine est en train de devenir une grande puis-sance scientifi que
 C’est vexant d’avoir l’image d’ignares plus ou moins charlatans, Ă  cause de ces bĂȘtises de mĂ©decine traditionnelle.Ah, vous connaissez quelqu’un chez qui ça marche ? Surtout ne lui dites rien de cet historique quiproquo. Laissez placebo agir. n

VOUS CONNAISSEZ QUELQU’UN CHEZ QUI ÇA MARCHE ?

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TRANSPORTS DU FUTUR, C’EST DÉJÀ

UNE RÉALITEEncombrement du trafi c, pĂ©nurie de pĂ©trole, pollution, croissance dĂ©mographique


Les ingĂ©nieurs rivalisent d’ingĂ©niositĂ© pour rĂ©soudre une des Ă©quations les plus complexes de notre temps. Comment allons-nous voyager demain ? De nombreuses prouesses technolo-giques sont nĂ©es ou en passe de l’ĂȘtre et prĂ©fi gurent dĂ©jĂ  ce que seront les transports du futur.

Voyageurs ou marchandises, que vous optiez pour la voie des airs, des mers ou de la terre, demain c’est dĂ©jĂ  aujourd’hui. Embarquement immĂ©diat !

PAR JAD MASDAR

MODE DE VIE

24 Octobre 2013

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DĂ©rive en U, ailes incurvĂ©es, structure bio-nique, moteurs intĂ©grĂ©s au fuselage
 Un rĂȘve d’ingĂ©nieur, et de passager, qui pour-rait embarquer en prĂ©sentant simplement la paume de sa main. Dans cet avion de 2050, imaginĂ© par Airbus, la cabine serait Ă©gale-ment transformĂ©e. Le passager prendrait place sur un « siĂšge vitalisant » qui s’adapte

DĂ©but mai, le «Flying Test Bed», le 1er avion civil pilotĂ© depuis le sol, a eff ectuĂ© son vol initial dans le ciel britannique. Il prĂ©fi gure ce que pourrait ĂȘtre, d’ici quelques dĂ©cennies, le transport aĂ©rien mondial : l’automatisation totale du systĂšme, appareils et trajectoires. Une solution qui prĂ©senterait d’énormes avantages en termes d’optimisation du trafi c (plus de saturation) et de sĂ©curitĂ© (le facteur humain Ă©tant Ă©liminĂ©). Les avions seraient capables de dĂ©coller et atterrir sans interven-tion humaine Ă  bord, pourraient prendre des dĂ©cisions par eux-mĂȘmes et communiquer entre eux en cas de changement de trajectoire ou d’incident de vol.Y’a-t-il un pilote dans l’avion, la rĂ©ponse sera donc trĂšs bientĂŽt dĂ©-fi nitivement non !

Ă  sa morphologie, propose des boissons s’il sent que son occupant est dĂ©shydratĂ©, voire transforme l’énergie qu’il dĂ©gage en Ă©lectri-citĂ©. La membrane biopolymĂšre de l’appareil laisserait passer la lumiĂšre naturelle et per-mettrait de voir le paysage. Un espace central permettrait de tenir des visioconfĂ©rences ou de jouer au golf
 Virtuellement, bien sĂ»r.

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LE CONCEPT PLANE UN VOL 5 ÉTOILES

FLYING TEST BED L’AVION SANS PILOTE

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Issu de la collaboration entre Boeing et la NASA, ce gĂ©ant des airs d’une envergure de 80m, peut transporter 1000 passagers et dispose d’un rayon d’action de 16.300 km Ă  1.046 km/h. En adoptant la forme d’aile volante, Boeing veut crĂ©er un avion avec une portance accrue et d’un poids infĂ©rieur Ă  celui de l’Airbus A380, ce qui permettrait d’ac-croĂźtre les performances en diminuant la consommation de carburant. Avec l’augmentation croissante du trafi c, les super-gĂ©ants des airs pourraient trĂšs bien devenir indis-pensables pour Ă©viter l’encombrement de l’espace aĂ©rien.

Totalement silencieux, extrĂȘmement stable, le Fanwing surpasse les hĂ©licoptĂšres en pou-vant soulever avec une puissance Ă©quivalente des charges 4 Ă  5 fois supĂ©rieures. IdĂ©al pour les missions de surveillance urbaine ou mili-taire, de secours en montagne ou mer et plus effi cace que les avions pour la lutte contre les incendies de forĂȘts ou l’épandage agricole. Sa capacitĂ© de dĂ©collage avec trĂšs peu d’élan et son faible coĂ»t en fait aussi une vĂ©ritable al-ternative pour les transports urbains. De 2 Ă  20 places, il pourrait vous permettre de vous rendre Ă  votre bureau en tournant Ă  droite aprĂšs le 3e nuage. Alors oubliez votre voiture ou le bus et prenez l’avion !

GrĂące Ă  deux moteurs essence associĂ©s Ă  deux batteries Ă©lectriques, ces dirigeables du futur dĂ©jĂ  en activitĂ© atteignent les 280 km/h. Leur consommation de carburant est infĂ©rieure de 50% Ă  celle des avions pour une capacitĂ© Ă©qui-valente. Ils n’ont, de plus, pas besoin d’aĂ©ro-ports pour dĂ©coller, peuvent faire du surplace et ne produisent aucune nuisances sonore.

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TrĂšs stables et rĂ©sistants aux intempĂ©ries, ils fonctionne Ă  l’hĂ©lium, un gaz parfaitement inoff ensif et ininfl ammable (il est mĂȘme uti-lisĂ© pour Ă©teindre les incendies !). Demandant trĂšs peu de maintenance et off rant une grande autonomie (24 heures de vol ou 4450 km), ces gĂ©ants des airs sont une belle alternative aux Boeing ou Airbus pour les moyens courriers.

L’AILE VOLANTE B797LE GÉANT EN FORME D’AILE VOLANTE

LE FANWING LE TRANSPORT URBAIN DE DEMAIN

LES AÉROSTATSLES DIRIGEABLES HAUTES PERFORMANCES

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26 Septembre 2013

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TERRE

AprĂšs les Google-cars, ces voitures sans pilote, high-tech, bardĂ©es de capteurs, camĂ©ras, lasers et radars en tout genre, de vrais constructeurs se lancent Ă  leur tour : Toyota et Audi ont prĂ©-sentĂ© rĂ©cemment des prototypes de voitures qui se conduisent toutes seules. Nissan travaille sur un systĂšme de voitures communicantes Ă  gestion subsidiaire de l’énergie. Le conducteur est non seulement informĂ© en permanence de la distance qui le sĂ©pare des bornes les plus proches mais il sait Ă©galement en temps rĂ©el si ces bornes sont libres. Ford va tester des voitures communicantes, capables d’interagir

Plus rapide que le TGV, le Magnetic Levita-tion Train (Maglev), propulsĂ© par sustentation magnĂ©tique, fait donc de la lĂ©vitation. La rĂ©-sistance avec les rails rĂ©duite Ă  zĂ©ro augmente l’effi cacitĂ© Ă©nergĂ©tique. Sa consommation ne reprĂ©sente qu’un tiers de celle d’un avion. Sa vi-tesse de pointe est de 500 km / heure. Le proto-type avait mĂȘme atteint lors des essais de 2011 plus de 580 Km/heure. Jusqu’à prĂ©sent utilisĂ© pour le transport de marchandises, la nouvelle version, testĂ©e fi n aoĂ»t, pourra dĂšs 2017 trans-porter plus de 1.000 passagers et relier Tokyo Ă  Osaka en moins de 40 minutes au lieu des 4h habituellement nĂ©cessaires.

entre elles et avec les infrastructures routiĂšres afi n d’amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© et le confort de conduite des conducteurs. En cas d’accident, elles envoient automatiquement un signal d’alerte aux services de secours et aux vĂ©hi-cules suivants, indiquent Ă©galement en perma-nence le meilleur itinĂ©raire pour arriver Ă  des-tination et, cerise sur le gĂąteau, vous rĂ©servent, en fonction de votre heure probable d’arrivĂ©e, une place de parking et la rĂšglent automatique-ment. Les voitures seront aussi de plus en plus connectĂ©es : l’équipementier Visteon imagine pour 2020 une voiture bardĂ©e d’électronique. Il

est mĂȘme possible de faire son shopping de-puis un Ă©cran situĂ© sur le volant. Les voitures s’inspireront des Smartphones. Qualcomm, spĂ©cialiste de la tĂ©lĂ©phonie mobile, imagine des voitures Ă©lectriques qui se rechargent par induction, comme certains Smartphones rĂ©-cents. Plus besoin de prise Ă©lectrique, il suffi t de se garer pour que la voiture fasse le plein. En matiĂšre de vĂ©hicules propres (voitures Ă©lectriques, voitures Ă  hydrogĂšne, hybrides), tous les grands constructeurs nippons, Mit-subishi, Nissan, Toyota, rĂ©fl Ă©chissent aussi Ă  de nouveaux concepts pour accĂ©lĂ©rer l’utili-sation des voitures 0 pollution. Et pour fi nir, si vous en avez marre d’ĂȘtre coincĂ© dans les bouchons, l’arrivĂ©e de a voiture volante est Ă©minente. Le Pal-v, un vĂ©hicule hybride au design unique Ă  3 roues, permet de voler (Ă  une hauteur de 4 000 pieds) ou de rouler (Ă  plus de 120 km) suivant l’envie. Le «TF-X» de l’amĂ©ricain Terrafugia est aussi un hybride es-sence-Ă©lectrique qui permet de rouler Ă  terre mĂȘme aprĂšs avoir Ă©puisĂ© la rĂ©serve de carbu-rant. DotĂ© d’un moteur de 300 chevaux et de propulseurs de 600 chevaux pour assurer le dĂ©collage, il atteint une vitesse de croisiĂšre maximale de plus de 300 km / H. Ses ailes fl exibles lui permette de rentrer aisĂ©ment dans votre garage. Le modĂšle Transition, dĂ©veloppĂ© par le mĂȘme constructeur, a dĂ©jĂ  reçu l’agrĂ©ment de la Federal Motor Vahicule Safety. Il est autorisĂ© Ă  rouler sur l’ensemble du rĂ©seau et Ă  atterrir ou dĂ©coller de plus de 5.000 aĂ©roports publics aux États-Unis. Com-mercialisĂ© dĂšs 2015 au prix de 211 000 €.

LES VOITURES DU 3E MILLÉNAIRE AUTONOMES, CONNECTÉES, VOLANTES ET PROPRES

MAGLEVLE TRAIN VOLANT JAPONAIS

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28 Octobre 2013

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Un mĂ©tro qui pourrait relier Los Angeles Ă  San Francisco en seulement 30 minutes ? C’est pos-sible ! Et peut-ĂȘtre pour bientĂŽt. L’Hyperloop off rira la possibilitĂ© de voyager Ă  la mĂȘme vi-tesse qu’un avion de chasse pour un coĂ»t et une dĂ©pense d’énergie minimes. A son bord, une vingtaine de passagers prendront place dans des capsules posĂ©es sur des coussins d’air pres-surisĂ©, qui voyageront Ă  une vitesse de 1.200 km/h, dans des gros tubes Ă  basse pression. Toute force de frottement pouvant ralentir le vĂ©hicule Ă©tant Ă©liminĂ©e, on se retrouve avec des conditions de dĂ©placement proches de celles qu’on trouve en orbite. De plus, les capsules in-sĂ©rĂ©es et propulsĂ©es dans le tube Ă  la demande permettraient aux voyageurs de partir Ă  tout moment sans horaire imposĂ© comme pour le train ou l’avion. Bienvenue Ă  bord du 5e moyen de transport !

VĂ©ritable sous-marin de luxe personnel de 460 m2, 65 mĂštres de long, 1.500 tonnes, le Phoenix 1000 peut plonger jusqu’à 700 m de profondeur et fonctionne en surface comme un super yacht. Sa vitesse de croisiĂšre est de 30 km/h et de 17 km/h sous l’eau. DotĂ©e d’une coque entiĂšrement en aluminium de 50 mm d’épaisseur, (Ă  l’instar des sous-marins mili-taires), le PhƓnix 1000, vĂ©ritable bijou de technologie, dispose de tous les Ă©quipements Ă  la pointe : GPS, sonar haute rĂ©solution, radar, traceurs, dispositifs vidĂ©o. Les communications sont assurĂ©es par satellite et frĂ©-quences radio. En bonus, un mini-submersible, arrimĂ© au pont arriĂšre, pour les excursions sous-marines. Niveau de sĂ©curitĂ© maximum assurĂ© par une rĂ©serve de 30 jours d’oxygĂšne, doublĂ©e d’une rĂ©serve de secours de 10 jours. Un systĂšme d’air conditionnĂ© reliĂ© Ă  la surface est prĂ©vu sĂ©parĂ©ment. MĂȘmes prĂ©cautions concernant les incendies, un accident redoutĂ© par les sous-mariniers. Un bouton permet d’isoler automatique-ment une partie du submersible qui aurait pris feu. Un joyau de 65 mil-lions d’euros tout de mĂȘme.

Ou plus prĂ©cisĂ©ment le BGV (Bateau Ă  grande vitesse), ce nouveau concept est en passe de rĂ©volutionner le transport maritime. Disponibles en 4 tailles de 137 Ă  263 m de long, les BGV sont dĂ©jĂ  en circulation. No-tamment le BGV C160 qui assure la liaison entre Boulogne et Drammen (en NorvĂšge). Il mesure 160 m de long et 51 m de large, et atteint Ă  pleine charge les 60 km/h. Un record, pour un bateau de ce gabarit, qui permet d’assurer la traversĂ©e entre les 2 ports (1.230 km) en 21 heures au lieu des 42 en temps normal. EquipĂ© d’un moteur diesel qui fonctionne au fuel lourd et ne demande qu’un minimum d’entretien, sa consommation est remarquablement faible (180 g de diesel/kWh, soit moitiĂ© moins qu’une petite voiture !). Une liaison vers Casablanca pourrait bientĂŽt voir le jour, pour acheminer des produits de la mer et des fruits et lĂ©gumes. Pour cette liaison, c’est le C230 qui serait alors utilisĂ©. Un gĂ©ant des mers de 263 m de long qui peut embarquer 176 Ă  230 containers, soit 6.300 tonnes de marchandises.

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HYPERLOOPLE MÉTRO SUBSONIQUE

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LE TGV DES MERS

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HABITER UNE AUTRE PLANÈTE POSSIBLE... DANS

QUELQUES SIÈCLES !Les annonces rĂ©centes de la dĂ©couverte de trois planĂštes situĂ©es dans la «zone d’habitabilité»,

(presque) tout prĂšs de la Terre, font fantasmer. Elles relancent les chances de rĂ©vĂ©ler, un jour peut-ĂȘtre, l’existence d’un monde comparable Ă  celui de la Terre.

Mythe ou réalité lointaine ? PAR LANDRY BENOIT

L’idĂ©e que l’ĂȘtre humain puisse un jour se rendre sur une autre pla-nĂšte relĂšve de moins en moins de l’utopie. Si les premiers scĂ©-narios de l’homme colonisant l’espace ont Ă©mergĂ© de l’esprit fĂ©-

cond des Ă©crivains de science-fi ction du XXe siĂšcle, les images de la planĂšte Mars que nous renvoie aujourd’hui en direct le robot Curio-sity sont bien rĂ©elles. Au vu des connaissances et moyens technologiques actuels, Mars reste la cible numĂ©ro 1 des programmes spatiaux mais l’exploration de la planĂšte rouge ne fait que com-mencer. Plusieurs missions y sont programmĂ©es d’ici 2020 avant que les premiers vols habitĂ©s ne soient envisagĂ©s. Les conditions qui doivent ĂȘtre rĂ©unies pour qu’une planĂšte soit «habitable» par l’homme sont connues : une taille et une atmos-phĂšre similaire Ă  celle de la Terre, la prĂ©sence d’eau sous forme liquide, une bonne distance entre la planĂšte et son Ă©toile ou son soleil.

AU-DELÀ DE NOTRE SYSTÈME SOLAIREL’univers compte selon les scientifi ques plus de mille milliards d’étoiles. Plusieurs mil-liards de planĂštes seraient donc potentielle-ment habitables Ă  travers l’espace, bien que les moyens technologiques actuels ne per-mettent pas d’étudier ce qui se passe au-delĂ  de notre galaxie, la Voie lactĂ©e.

Les astronomes auraient donc dĂ©couvert trois nouvelles planĂštes habitables au-delĂ  de notre systĂšme solaire, Gliese 667C c, Gliese 667C f et Gliese 667C e. Des exo-planĂštes qui semblent avoir les mĂȘmes caractĂ©ristiques que la Terre (atmosphĂšre, tempĂ©rature, taille, etc.) mais qui sont situĂ©es bien trop loin pour ĂȘtre explorĂ©es : la plus proche se trouve Ă  20,5 annĂ©es-lumiĂšres de la Terre, soit 200 000 mil-liards de kilomĂštres ! Il faudrait donc attendre pour en avoir confi rmation.

MARS, EUROPE ET TITANAu sein de notre systĂšme solaire, les choses sont relativement plus «faciles». La plupart des planĂštes ne remplissent pas les conditions nĂ©cessaires : trop proches ou trop Ă©loignĂ©es du soleil, planĂštes gazeuses, etc.Seuls trois planĂštes ou satellites ont retenu l’attention des scientifi ques : Titan, un satellite de Saturne Ă  l’atmosphĂšre intĂ©ressante (azote, mĂ©thane, hydrogĂšne). Une sonde amĂ©ricano-europĂ©enne (Cassini–Huygens) y a atterri en 2004 aprĂšs un voyage de 7 ans, afi n d’étudier Saturne et ses satellites. Ensuite « Europe », un

NOTRE GALAXIE CONTIENDRAIT PLUS DE 60 MILLIARDS D’EXOPLANÈTES HABITABLES

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satellite de Jupiter qui pourrait disposer d’un immense ocĂ©an d’eau liquide sous son sol.Mais c’est bien Mars, la planĂšte rouge, qui sus-cite le plus d’intĂ©rĂȘt au vu de ses caractĂ©ristiques. Les premiĂšres sondes Viking ont Ă©tĂ© lancĂ©es par la Nasa, l’agence spatiale amĂ©ricaine, dĂšs 1975 afi n d’analyser l’atmosphĂšre de la planĂšte. Aujourd’hui, le Programme d’Exploration de Mars (MEP), lancĂ© en 1993, regroupe les diff Ă©-rentes missions d’exploration qui se succĂšdent sur Mars, comme celle du robot Curiosity, qui a atterri en aoĂ»t 2012 et qui retransmet en direct des images de la planĂšte rouge.Ce programme de la Nasa a quatre objectifs globaux : dĂ©terminer si la vie a existĂ© sur Mars, Ă©tudier le climat, Ă©tudier la gĂ©ologie puis prĂ©pa-rer l’exploration humaine de la planĂšte.

LA NASA, VICTIME DE LA CRISE En 2004, le prĂ©sident amĂ©ricain de l’époque, George W. Bush s’était montrĂ© particuliĂšre-ment ambitieux en annonçant un premier vol habitĂ© pour Mars vers 2015. Il faut dire que les donnĂ©es rĂ©cupĂ©rĂ©es par les robots et sondes sur place lors de la premiĂšre exploration gĂ©o-

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EN 2004, GEORGE W. BUSH S’ÉTAIT MONTRÉ PARTICULIÈREMENT AMBITIEUX EN ANNONÇANT UN PREMIER VOL HABITÉ POUR MARS VERS 2015

logique (dont la mission Rover, lancĂ©e en 2003) ont permis de franchir une Ă©tape importante en rĂ©vĂ©lant des traces d’eau sur la planĂšte rouge remontant Ă  prĂšs de 3 milliards d’annĂ©es.Mais les moyens colossaux que nĂ©cessite la recherche spatiale constituent un frein cer-tain, notamment depuis la crise de 2008. Sur l’exercice fi scal 2013, la Nasa a vu son bud-get fondre de 40% ! ConsĂ©quence : le projet «Mars Orbiter» prĂ©vu en 2016 a Ă©tĂ© annulĂ©. La prochaine mission de la Nasa, annoncĂ©e en dĂ©cembre dernier, pourrait n’avoir lieu qu’en 2020 et ne prĂ©voit pas encore de vol habitĂ© : il s’agirait d’une simple dĂ©clinaison du robot Curiosity. Un nouveau plan de dĂ©-veloppement couvrant les prochaines dĂ©cen-nies est actuellement en cours d’élaboration par la Nasa.AprĂšs les explorations gĂ©ologiques, l’agence spatiale europĂ©enne (ESA) prĂ©voit de son cĂŽtĂ© une premiĂšre mission astro-biologique en 2016 (mission ExoMars) afi n d’étudier la composition chimique de la planĂšte rouge. Ce n’est qu’ensuite que les premiers vols habi-tĂ©s pourraient ĂȘtre envisagĂ©s.La Nasa et l’ESA collaborent par ailleurs sur un projet commun qui consiste Ă  ramener sur Terre un Ă©chantillon du sol de Mars. Le projet est estimĂ© Ă  5 milliards de dollars et prendrait prĂšs de 10 ans.

Que de rĂȘves entretenus depuis le ler pas de l’homme sur la Lune en 1969. Neil Amstrong, le chef de la mission Apollo XI (dĂ©cĂ©dĂ© en 2012), dĂ©clarait alors : « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanitĂ© ». Les 3,5 milliards de terriens de l’époque se projetaient dĂ©jĂ  dans la galaxie.

TRANSFORMER MARS POUR LA RENDRE HABITABLE ?«Aller sur Mars signifi e rester sur Mars», ex-pliquait l’ancien astronaute amĂ©ricain Buzz Aldrin dans une tribune du New York Times en juin dernier. L’objectif Ă  travers les diff Ă©-rentes missions d’exploration est bien Ă  terme

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LA VIE SUR MARS, SIMULÉE À ERFOUDAprĂšs le dĂ©sert de Mojave, au sud de la Californie, c’est dans le Sahara, plus prĂ©-cisĂ©ment Ă  Erfoud, que la Nasa a lancĂ© en fĂ©vrier dernier l’un de ses programmes les plus ambitieux d’expĂ©rimentations et simulations d’activitĂ©s martiennes. Une expĂ©rience scientifi que de grande envergure menĂ©e par le Forum autri-chien de l’espace, en partenariat avec le Centre Ibn Battuta de Marrakech dans le cadre du programme de recherche PolAres. Cette mission de simulation martienne sur site servira Ă  la prĂ©paration de futures missions martiennes habitĂ©es. La zone Ă  proximitĂ© d’Erfoud a Ă©tĂ© retenue pour ses importantes similitudes avec les diffĂ©rents types caractĂ©ristiques gĂ©olo-giques martiennes ainsi que sa grande diversitĂ© de signatures microbiologiques provenant de l’Ere PalĂ©olithique. Elle prĂ©sente par ailleurs une topographie simi-laire aux dĂ©serts martiens et, du fait de sa surface importante, permet une trĂšs grande variĂ©tĂ© d’expĂ©rimentation. Une centaine de scientifi ques, venus du monde entier, ont ainsi pu tester des instruments scientifi ques, des concepts d’interaction Homme/Robot et rĂ©aliser des essais opĂ©rationnels.

d’installer une colonie humaine sur la planĂšte rouge. Mais si de l’eau coulait sur Mars il y a 3 milliards d’annĂ©es, aujourd’hui la planĂšte est inhabitable : la tempĂ©rature de surface reste en moyenne bien en dessous de zĂ©ro, la pression de l’atmosphĂšre est faible et la planĂšte ne dis-pose pas d’une couche d’ozone pour fi ltrer les rayons ultraviolets du soleil. Les scientifi ques parlent donc depuis quelques annĂ©es de «terraformage», qui consiste Ă  mo-difi er les caractĂ©ristiques de la planĂšte pour la rendre habitable par l’homme. Mais Ă  ce stade, et en attendant les rĂ©sultats des prochaines mis-sions d’exploration, nous sommes encore dans la science-fi ction... n

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TOURISME SPATIALL’ODYSÉE PREND VIE

Boire un thé glacé dans la galaxie et observer 16 couchers de soleil en moins de 24h sera bientÎt possible ! Le premier hÎtel spatial verra le jour dans 3 ans. En attendant, réserver son billet pour

faire un tour dans l’espace n’est plus de la science-fi ction. EnquĂȘte. PAR LANDRY BENOIT

Le tourisme spatial n’est plus un mythe. Si l’on est encore loin de sa banalisation et du tourisme de masse, c’est grĂące Ă  l’initiative des responsables du programme spatial russe, alors Ă  la recherche de nouvelles sources de fi nancement, au lendemain de la rĂ©cession Ă©conomique russe des annĂ©es 90,

que s’ouvrait alors l’ùre du tourisme spatial. Quelques richis-simes tycoons eff ectuĂšrent un sĂ©jour de quelques jours dans la station spatiale internationale (ISS), entre 2001 et 2009 pour une coquette somme comprise entre 20 et 35 millions de dol-lars. Mais depuis, la crise est passĂ©e par lĂ  et les entreprises privĂ©es ont changĂ© la donne. Tout commence vĂ©ritablement en juillet 2011. Quelques jours aprĂšs l’arrĂȘt du programme des navettes par le gouvernement amĂ©ricain, la Nasa dĂ©cide de sous-traiter le transport de l’es-pace. Une brĂšche est alors ouverte. Dix mois plus tard, le 22 mai 2012, pour la premiĂšre fois de l’histoire, une fusĂ©e d’une sociĂ©tĂ© privĂ©e, SpaceX, dĂ©colle de Cap Canaveral pour convoyer la cap-sule de fret vers la Station spatiale internationale. Et comme du transport de fret au transport de voyageurs, il n’y a qu’un tout petit pas, une dizaine de sociĂ©tĂ©s privĂ©es Ă  travers le monde se sont lancĂ©es dans l’aventure avec un seul objectif en tĂȘte : ĂȘtre la premiĂšre Ă  envoyer des touristes dans l’espace Ă  prix « low cost ». Leur credo : dĂ©montrer qu’une maĂźtrise technologique et un pouvoir fi nancier suffi sent Ă  rĂ©volution-ner le voyage de demain. Parmi elles, deux font fi gure de favo-ris : Virgin Galactic, menĂ©e par le pugnace Richard Branson, qui a mis au point dĂšs 2010, un vaisseau touristique spatial, SpaceShipTwo, pour un premier vrai vol habitĂ© et XCOR. SpaceX semble en revanche abandonner son vƓu d’ouvrir l’espace au commun des mortels pour se concentrer sur l’envoi de capsules de fret.

VIRGIN GALACTIC VS XCOR, OBJECTIF 2014Il existe deux points communs Ă  ces deux sociĂ©tĂ©s. Le pre-mier, elles sont amĂ©ricaines. Le deuxiĂšme, elles se situent au mĂȘme endroit : le dĂ©sert de Mojave, en Californie (États-Unis). Mais Virgin Galactic et XCOR sont deux rivaux aux approches bien diff Ă©rentes. Virgin Galactic a fait le choix de miser sur la communication. Une stratĂ©gie bien connue de son fondateur le milliardaire britannique Richard Bran-son. XCOR de son cĂŽtĂ© a choisi de rester Ă  l’abri des regards. Choix payant ? Les prochains mois le diront. C’est en 2014 que les deux entreprises prĂ©voient d’envoyer leurs premiers touristes dans l’espace.Chez Virgin Galactic, prĂšs de 600 personnes ont dĂ©jĂ  rĂ©servĂ© leurs billets, parmi lesquelles Tom Hanks, Paris Hilton ou le physicien Stephen Hawking. 200 tĂ©mĂ©raires ont optĂ© pour XCOR. Et pour chacune des deux compagnies, le voyage dans l’espace sera diff Ă©rent.Virgin vous proposera de vous faire grimper jusqu’à 100 km au-dessus de la Terre - soit Ă  la porte de l’espace – Ă  bord d’une fusĂ©e ailĂ©e. Celle-ci sera placĂ©e sous les ailes d’un avion puis larguĂ©e une fois la stratosphĂšre atteinte. Vous pourrez alors vivre quatre minutes d’apesanteur avant un retour en vol planĂ© sur Terre. Prix de vol : 200 000 dollars. XCOR de son cĂŽtĂ© vous suggĂ©ra son vaisseau nommĂ© le Lynx. Son prix est beaucoup plus attractif - 95 000 dollars - et ses promo-

EN 2001, LE MILLIARDAIRE AMÉRICAIN FUT LE PREMIER À S’OFFRIR POUR 20 MILLIONS DE DOLLARS UNE SEMAINE DANS L’ESPACE

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teurs ne cessent de vanter les avantages de leur systĂšme. Le Lynx est composĂ© de quatre moteurs-fusĂ©es d’un nouveau type qui peu-vent ĂȘtre Ă©teints et rĂ©enclenchĂ©s Ă  souhait en vol. Un atout en cas de dĂ©faillance. Pendant que chez Virgin, on essuie quelques revers et complications. Un accident dans l’usine d’assemblage a fait trois morts en 2007 et le seul vol ayant fonctionnĂ© jusque lĂ  a durĂ© 16 secondes. C’était au mois d’avril !

RUSSES ET EUROPÉENS CONTRE-ATTAQUENTLes AmĂ©ricains ne sont pas les seuls Ă  se mettre au tourisme spatial. D’autres concur-rents, principalement europĂ©ens, se sont immiscĂ©s dans la course : les Suisses de S3, associĂ©s au français Dassault, ou encore As-trium, constructeur de satellites et concep-teur d’Ariane. Mais il leur sera diffi cile d’en-visager de dĂ©coller avant 2020.Astrium, numĂ©ro un europĂ©en de l’indus-trie spatiale, a imaginĂ© – comme XCOR - un vaisseau Ă  peine plus gros qu’un jet d’aff aires qui partira de n’importe quel grand aĂ©roport du monde, avec une capacitĂ© de vol quasi quotidienne.De leurs cĂŽtĂ©s, les Russes ambitionnent de

dĂ©passer le simple voyage et de proposer des sĂ©jours dans l’espace. La sociĂ©tĂ© Orbital Technologie, spĂ©cialisĂ©e dans le dĂ©veloppe-ment des systĂšmes et infrastructures spa-tiales, dĂ©sireuse d’ouvrir l’espace au marchĂ© global et aux entreprises privĂ©es, vient de dĂ©voiler la premiĂšre station spatiale en or-bite basse Ă  vocation commerciale. Un hĂŽ-tel de 4 chambre pouvant accueillir jusqu’à 7 personnes, dont l’ouverture est prĂ©vue en 2016. BaptisĂ© HĂŽtel du Paradis, cet hĂŽtel de l’espace off re tout le confort d’un 5 Ă©toiles : repas gastro prĂ©parĂ©s sur terre et rĂ©chauff Ă©s au micro-onde, thĂ© glacĂ©, cocktail de fruits, tĂ©lĂ© par satellite ou encore Wi-Fi
 Enfi n presque, puisqu’il faudra dormir en position verticale et n’en parlons mĂȘme pas pour la douche
 Que ce soit pour une Lune de miel ou un luxueux voyage Ă  350 km d’altitude au dessus de la Terre, vous pourrez moyennant 574 000 € le voyage et 115 000 € supplĂ©men-taires pour un sĂ©jour de 5 jours, vous off rir l’inoubliable : Un tour de la terre en 90 mi-nutes pendant 24 heures, afi n d’observer 16 couchers et 16 levers de soleil. Attention, pour espĂ©rer passer quelques jours Ă  bord de cet hĂŽtel de l’espace, il faudra au minimum 3 mois de prĂ©paration physique.

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LA MONNAIE INTERGALACTIQUE BIENTÔT DISPONIBLE

Son nom est peu connu : Elon Musk est l’inventeur du premier programme de paiement en ligne et co-fondateur du site Paypal. Le milliardaire sud-africain compte cette fois dĂ©passer les frontiĂšres d’Internet pour celles de l’espace. Il vient d’annoncer que son cĂ©lĂšbre site de paiement plan-chait sur la crĂ©ation d’une monnaie intergalactique. « Les astronautes qui vivent dans la Station spatiale inter-nationale doivent payer des factures, mĂȘme s’il ne s’agit que de livres ou de musique numĂ©rique. Les touristes seront deux fois plus dĂ©pensiers ! » affi rme-t-il. D’oĂč l’idĂ©e d’une monnaie utilisable dans l’espace. PayPal est en train de faire Ă©quipe avec le SETI Institute, la Space Tourism Society et l’astronaute d’Apollo 11 Buzz Aldrin pour lancer ce projet. Elon Musk a bien la tĂȘte dans les Ă©toiles. C’est aussi le patron de SpaceX.

Pour 2014, Virgin Galactic propose le vol Ă  bord du vaisseau SpaceShipTwo + promenade en apesanteur Ă  200 000 dollars.

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UN MARCHÉ ATYPIQUELe tourisme spatial est donc Ă  portĂ© de main, mais pas pour tous les porte-feuilles. L’an dernier, une analyse du consultant Tauri Group estimait Ă  8 000 le nombre de Terriens prĂȘts Ă  aller dĂ©crocher leurs ailes d’astronautes. L’étude prenait en compte les personnes riches d’au moins cinq millions de dollars. Une autre Ă©tude en 2001 Ă©valuait Ă  20 000 le nombre de clients possibles.Au total, le secteur pourrait gĂ©nĂ©rer sur dix ans des revenus allant de 600 millions Ă  1,6 milliard de dollars. Certains observateurs craignent que ces sociĂ©tĂ©s privĂ©es qui vi-vent uniquement parce qu’elles se trouvent sous perfusion fi nanciĂšre d’un seul mĂ©cĂšne, tel Richard Branson avec Virgin Galactic ne puissent de ce fait survivre aux crises fi -nanciĂšres. En 2010, la sociĂ©tĂ© Rocketplane a d’ailleurs Ă©tĂ© contrainte de fermer faute d’at-tirer peu d’investisseurs. Il n’est cependant

Cet hĂŽtel de l’espace amenĂ© Ă  devenir une destination touristique de luxe pourra Ă©galement ĂȘtre une escale pour les voyages habitĂ©s au delĂ  de l’orbite terrestre. Il off rira aussi de nombreuses possibilitĂ©s, cette fois pour les scientifi ques, telles que l’étude de la micro-gravitĂ© ou le dĂ©veloppement de produits en environnement spatial.

SINON IL Y A TOUJOURS L’HÔTEL SPATIAL... À BARCELONE

Imaginez un complexe hĂŽtelier de 300 mĂštres de haut reliĂ© Ă  la Terre par une passerelle. A l’intĂ©rieur, les visiteurs y trouveraient une souffl erie verticale permettant de s’exercer Ă  la chute libre et d’un spa Ă  zĂ©ro-gravitĂ©. C’est le projet fou qu’un promoteur immo-bilier souhaite faire construire au large de Barcelone. L’entreprise amĂ©-ricaine Mobilona est prĂȘte Ă  mettre 1,5 milliard d’euros sur la table. Le complexe proposerait 2.000 suites. Il faudrait dĂ©bourser entre 300 et 1.500 euros par nuit. Chaque mur de l’hĂŽ-tel proposera une vue sur l’espace en 3D. ProblĂšme : le maire actuel de Barcelone y est opposĂ©. Il faudra donc patienter...

LES RUSSES AMBITIONNENT DE DÉPASSER LE SIMPLE VOYAGE ET OFFRENT DÈS 2016 DES SÉJOURS DANS L’ESPACE, À L’HÔTEL DU PARADIS, POUR 680 000 EUROS

MODE DE VIE

pas Ă  exclure que les potentialitĂ©s off ertes attirent dans le futur les gros fonds d’inves-tissement.MĂȘme si Virgin peut se rĂ©jouir d’une par-ticipation du Fonds AABAR d’Abu Dhabi –400 millions de dollars investis – Richard Branson a compris qu’il ne fallait pas uni-quement miser sur le tourisme spatial. Il a ainsi fait le choix de se diversifi er et de dĂ©velopper des avions-fusĂ©es pour des re-cherches en microgravitĂ©, voire pour lancer des satellites. Virgin Galactic vient d’annon-cer le dĂ©veloppement du modĂšle Launcher One destinĂ©, dĂšs 2016, Ă  mettre des engins robotisĂ©s en orbite basse pour 10 millions de dollars seulement. Une stratĂ©gie dĂ©jĂ  initiĂ©e par le sud-africain Elon Musk, co-fondateur de Paypal et patron de SpaceX. Au dĂ©but du mois d’aoĂ»t, le gouvernement allemand lui a passĂ© commande pour trois satellites de reconnaissance radar Sarah. n

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MODE DE VIEPh

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VIVRE AUTREMENT
Imaginer et construire des villes souterraines ou fl ottantes. Si l’idĂ©e n’est pas nouvelle, elle est

d’une actualitĂ© impĂ©rieuse face aux enjeux dĂ©mographiques, climatiques et Ă©nergĂ©tiques. D’ici Ă  2050, les deux tiers des 9 milliards d’habitants vivront en ville.

Les urbanistes se tournent vers le sous-sol ou misent sur l’étendu des ocĂ©ans pour imaginer la ville de demain. Des solutions innovantes, Ă©cologiques et autosuffi santes en Ă©nergie.

Alors oĂč vivra-t-on en 2030 ? PAR FAIÇAL FAQUIHI

LILYPAD, LE PROJET D’ÎLE FLOTTANTE

POURRAIT ACCEUILLIR 50 000 PERSONNES

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Achaque Ă©poque, ses dĂ©fi s. Les nĂŽtres sont multiples. Le spectre d’un changement cli-matique dangereux, brandi par le rapport mondial sur le dĂ©veloppement humain, est

une rĂ©alitĂ© suprĂȘme de notre temps, les scien-tifi ques prĂ©voient une montĂ©e du niveau des ocĂ©ans, due aux dĂ©rĂšglements climatiques, qui devrait provoquer d’ici la fi n du siĂšcle l’exode de millions de personnes. En matiĂšre dĂ©mographique, la croissance de la planĂšte en est une autre. La population mondiale pas-sera, selon les prĂ©visions des Nations unies, de 7,2 milliards Ă  8,1 milliards en 2025 et Ă  9,6 milliards en 2050. D’ici lĂ , les deux tiers des habitants de la terre vont vivre en ville.Une problĂ©matique que l’Union europĂ©enne synthĂ©tise Ă  sa maniĂšre dans une projection du «Monde en 2025»1. Il est question de tensions entre le mode actuel de production, de consommation et la disponibilitĂ© des res-sources. Mais aussi de tensions entre proxi-mitĂ© spatiale dans le contexte d’une urbanisa-tion accĂ©lĂ©rĂ©e
 Une grande transition est en marche: «Profi ter des dĂ©fi s Ă©cologiques et dĂ©mographiques pour inventer un nouveau modĂšle de dĂ©veloppe-ment», pronostique l’étude de la Commission europĂ©enne. C’est un nouveau monde qui est en train (et qui doit ĂȘtre) rĂ©inventĂ©. Urba-nistes, architectes, ingĂ©nieurs, sociologues
 rĂ©fl Ă©chissent sur des nouveaux modes de vie: Investir les sous-sols ou les ocĂ©ans afi n d’y bĂą-tir les zones urbaines du futur.

MODE DE VIE

EARTHSCRAPER, APRÈS LES GRATTE-CIEL, LES GRATTE-TERRE!UA Mexico, pour faire face Ă  la pĂ©nurie du foncier tout en prĂ©servant le centre historique, protĂ©gĂ©, une agence d’urbanisme et d’architecture a imaginĂ© un nouveau concept de building inversĂ© « Earthscraper ». Il se prĂ©sente sous la forme d’une pyramide inversĂ©e disposant de 65 Ă©tages et plongeant Ă  plus de 300 mĂštres sous la surface du sol. Au centre de l’infrastructure, on trouve un puits de jour ouvert permettant aux usagers de l’Earthscraper de bĂ©nĂ©fi cier de la lumiĂšre du soleil et d’une ventilation naturelle. A l’intĂ©rieur de cette structure creusĂ©e sous terre, des ponts s’entendent vers le centre pour admirer ce qui se passe plus bas. Sous son plafond de verre, la pyramide abriterait un musĂ©e, des bureaux, des com-merces et des appartements. «Une ville entiĂšre sous la surface du sol», selon les architectes Christophe de Wallambras et Guillaume Beaufi ls.

VILLES SOUTERRAINES, NOUVEL ELDORADO DES ARCHITECTES ?L’homme n’a pas attendu le 21e siĂšcle pour utiliser les sous-sols comme habitat. C’était mĂȘme dans certaines rĂ©gions du globe, les lieux de vie privilĂ©giĂ©s des habitants de l’époque. Cappadoce en Turquie, recensait il y a plus de 100.000 ans, plus de 200 villes souterraines. Des citĂ©s englouties, construites sur plusieurs niveaux avec systĂšme d’aĂ©ration, d’assainissement, escaliers et ruelles, qui au-raient abritĂ© plus de 200.000 Ăąmes.Au moyen-Ăąge, les sous-sols faisaient offi ce de catacombes. Plus tard, ils ont servi pour les rĂ©seaux d’évacuation des eaux. En 1836, le 1er mĂ©tro au monde s’implanta dans les sous-sols londoniens. Mais c’est vĂ©ritablement Ă  partir des annĂ©es 30 que sous l’impulsion de l’architecte visionnaire Edouard Utudjian les sous-sols s’urbanisent totalement et devien-nent un peu partout dans le monde des voies ferroviaires et routiĂšres, des parkings, des entrepĂŽts, des usines, des tunnels, des bases militaires (souvent secrĂštes), des salles d’ex-position... La vie souterraine contemporaine s’organise dans ce qui fut alors appelĂ© la 3e di-

mension. Celle-ci prĂ©sentant d’innombrables atouts : Ă©conomie de matĂ©riaux, propriĂ©tĂ©s thermiques grĂące Ă  un environnement clima-tique constant, rĂ©sistance aux sĂ©ismes
 Une nouvelle alternative est nĂ©e. DĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1960, certains se sont lancĂ©s dans la construction de vĂ©ri-tables villes souterraines. MontrĂ©al a creusĂ© sous ses Ă©glises des buildings pour crĂ©er ce qu’on appelle «la ville intĂ©rieure». 1.500 lo-gements mais surtout des restaurants et des commerces. Aujourd’hui, cette ville souter-raine couvre 12 km2 et accueille chaque jour 500.000 personnes. L’exemple a Ă©tĂ© suivi a New York, Helsinki ou Tokyo comme par-tout dans le monde, le sous-sol est devenu une mine de projets urbains. Mais plus en-core, une ressource stratĂ©gique, car d’ici Ă  2050, les deux tiers des 9 milliards d’habitants vivront en ville.

LES CITÉS FLOTTANTES DU FUTURSi comme le craint le GIEC 2, le niveau des ocĂ©ans monte de 20 Ă  90 cm au cours du XXIe, beaucoup de villes seront anĂ©anties et des mil-lions de personnes devront ĂȘtre relogĂ©es.

LES SCIENTIFIQUES PRÉVOIENT UNE MONTÉE DU NIVEAU DES OCÉANS, QUI DEVRAIT PROVOQUER D’ICI À LA FIN DU SIÈCLE L’EXODE DE MILLIONS DE PERSONNES

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citĂ© fl ottante bĂątie dans les eaux chaudes des mers Ă©quatoriales. D’une hauteur de 1.000 m, elle s’étend sur 3 km de diamĂštre et peut accueillir dĂšs 2025 plus de 40.000 personnes. SurmontĂ©es d’entonnoirs qui rĂ©gulent la chaleur, Ă©quipĂ©e d’une tour, sorte de ferme gĂ©ante produisant la nourriture nĂ©cessaire pour l’üle, elle est autosuffi sante en Ă©nergie et ne rejette aucun dĂ©chet. Plusieurs citĂ©s pour-raient ĂȘtre regroupĂ©es et formĂ©es ainsi que des Etats fl ottants.ImaginĂ© par l’architecte Vincent Callebaut en 2009, Lilypad, autre vĂ©ritable Ăźle fl ottante de 500.000 mÂČ pourra accueillir 50.000 ha-bitants en 2050. Cette Ă©co-pole en forme de nĂ©nuphar gĂ©ant est organisĂ©e en trois mon-tagnes dĂ©diĂ©es au travail, au commerce et aux loisirs. Les logements, bĂątis sur les fl ancs des montagnes sont agrĂ©mentĂ©s de potagers bios. Eoliennes, hydroliennes, photovoltaĂŻque et biomasse fournissent l’énergie nĂ©cessaire. La structure en polyester et dioxyde absorbe la pollution atmosphĂ©rique extĂ©rieure et intĂ©-rieure. La partie immergĂ©e est vĂ©gĂ©talisĂ©e afi n de faciliter la fi xation de la fl ore et de la faune sous-marine et favoriser la pĂšche. Un lagon central rĂ©cupĂšre et fi ltre l’eau de pluie. Une vĂ©ritable prouesse archĂ©ologique. n

1 Commission europĂ©enne, Direction gĂ©nĂ©rale de la recherche, «Le Monde en 2025: La montĂ©e en puissance de l’Asie et la tran-sition Ă©cologique»2 Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution climatique

PROFITER DES DÉFIS ÉCOLOGIQUES ET DÉMOGRAPHIQUES POUR INVENTER UN NOUVEAU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

Le cas de Bangkok est assez rĂ©vĂ©lateur. Construite sur des terrains marĂ©cageux, la ville est, selon l’ONU, une des plus menacĂ©es par les inondations cĂŽtiĂšres dans le monde. Un cabinet d’architecture a imaginĂ© un projet de ville fl ottante, baptisĂ©e «Wetropolis» pour pallier l’enlisement progressif de la capitale thaĂŻlandaise. BĂątie il y a 300 ans, la ville s’en-foncerait d’1 Ă  2 centimĂštres chaque annĂ©e, ce qui pourrait amener Ă  un enlisement total d’ici Ă  2050. MĂȘme si les spĂ©cialistes ne sont pas tous d’accord sur les dates, ils s’accordent cependant pour dire que la ville qui compte plus de 10 millions d’habitants serait, Ă  terme, submergĂ©e. Et Bangkok ne serait pas la seule ville mena-cĂ©e. C’est pourquoi architectes, urbanistes, ingĂ©nieurs ont imaginĂ© des solutions in-novantes, Ă©cologiques et autosuffi santes en Ă©nergie. De vĂ©ritables villes fl ottantes. L’idĂ©e nous rappelle le roman fantastique de Jules Verne portant le mĂȘme nom et paru en 1871. Deux siĂšcles plus tard, les Pays-Bas se jettent

Ă  l’eau. Un quartier rĂ©sidentiel d’Amsterdam a Ă©tĂ© entiĂšrement bĂąti sur l’eau. IJburg est la mer intĂ©rieure sur laquelle a Ă©tĂ© construit un quartier rĂ©sidentiel fl ottant. ComposĂ© de quatre Ăźles artifi cielles, il abrite quelques 16.000 personnes. A Waterbuurt, un de ses quartiers, les habitants vivent dans des mai-sons fl ottant sur une mer intĂ©rieure. Green Float, le projet de l’entreprise japonaise Shimizu est nĂ© avant le tsunami de 2011. Une

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MASDAR, LA VILLE VERTE AU PAYS DE L’OR NOIR

CrĂ©er une ville de toutes piĂšces en plein milieu du dĂ©sert. Une ville qui hĂ©bergerait 50.000 personnes de maniĂšre totalement Ă©cologique. Une ville qui recyclerait tous ses dĂ©chets et qui fonctionnerait entiĂšrement aux Ă©nergies renouvelables. Ce projet fou de la taille d’un grand quartier de Casablanca (7 km2), initiĂ© par le Sultan Ahmed Al Jaber et confi Ă© au ca-binet d’architecture britannique Foster and Partners en 2008, nĂ©cessite un budget pharao-nique de 10 milliards de dollars. Masdar (source en arabe) est une expĂ©rience unique, gĂ©ante qui requiert les compĂ©tences des meilleurs scientifi ques du monde. L’économie circulaire est mise en avant Ă  tous les niveaux. Elle abritera la plus grande ferme photovoltaĂŻque au monde et un systĂšme de recyclage des eaux ultra-sophisti-quĂ©. Dans le premier quartier Ă©rigĂ©, les bĂątiments de l’Institut de Science et de technologie (Masdar Institute), spĂ©cialisĂ© dans les Ă©nergies renouvelables, sont disposĂ©s de façon trĂšs resserrĂ©e pour crĂ©er de l’ombre. Une tour en acier recyclĂ© de 45 mĂštres de haut, sur le modĂšle des tours Ă  vent locales, permet, grĂące Ă  un systĂšme de clapets et Ă  un brumisateur, de climatiser natu-rellement cours et rues. Les Ă©clairages naturels sont privilĂ©giĂ©s, les façades recouvertes d’une superposition de revĂȘtements destinĂ©s Ă  rejeter la lumiĂšre, et le placement des persiennes est calculĂ© selon les points et durĂ©es d’ensoleillement. Une centrale solaire de 22 hectares pouvant produire jusqu’à 10 MW d’électri-citĂ© en plein rendement est construite Ă  proximitĂ©.On y circule en PRT (transport rapide et personnel), vĂ©hicule original autoguidĂ© qui fonctionne au solaire, et 2013 devrait y voir l’ouverture de l’une des plus grosses centrales solaires ther-miques au monde.

En plein cƓur du DĂ©sert d’Abu Dhabi, Masdar un modĂšle Ă©cologique unique qui devrait permettre au pays de l’or noir de prĂ©parer l’aprĂšs-pĂ©trole.

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MODE DE VIE

MAISON 2.0
 L’INTELLIGENCE

À DOMICILEElles parlent, allument le four en votre absence, servent votre

tasse de cafĂ© avant mĂȘme que vous n’ouvriez l’Ɠil. Aux frontiĂšres de l’irrĂ©el, les maisons du futur, pensĂ©es pour vous obĂ©ir au doigt et Ă  l’Ɠil, anticiper vos dĂ©sirs et faciliter votre confort, tout en vous gratifi ant d’aimables Ă©conomies

d’énergie, se plient Ă  vos exigences et vos envies
 Visite guidĂ©e d’une rĂ©alitĂ© pas si lointaine.

PAR CHARLOTTE SIMONART

Imaginez. Il est 7 heures du matin. Un jour de semaine. Encore transportĂ© par vos rĂȘves, les volets de votre chambre s’ouvrent doucement. La lumiĂšre du jour caresse votre visage. Vous ouvrez un Ɠil. Les lampes de votre chambre s’allument

petit Ă  petit, comme la radio branchĂ©e sur votre chaĂźne prĂ©fĂ©rĂ©e. De quoi vous lever d’un bon pied. La salle de bains est dĂ©jĂ  chauff Ă©e pour vous accueillir. Sous la douche, un simple geste sur l’écran tactile faisant offi ce de rideau de douche vous permet de sĂ©lectionner votre musique ou mĂȘme de regarder la tĂ©lĂ©vision... tout en vous savonnant. Le temps de vous sĂ©-cher et de vous habiller que l’odeur du cafĂ© frais Ă©moustille dĂ©jĂ  vos papilles. Il ne vous reste qu’à mettre les pieds sous la table sans avoir fait le moindre eff ort. Bonheur absolu, n’est-ce pas ? Eh bien, rĂ©jouissez-vous, c’est le rĂ©veil matin du futur
 un futur pas si lointain.

DE LA SCIENCE-FICTION AU RÉELLes robots Ă©lectromĂ©nagers, toujours plus per-formants, toujours plus « tendance » sont dĂ©-

sormais programmables et communicants... presque intelligents. Pour peu, on se croirait dans « Intelligence Artifi cielle », ce fi lm de Ste-ven Spielberg oĂč les robots s’attĂšllent Ă  toutes les tĂąches mĂ©nagĂšres et services du quotidien. De la science-fi ction ? Non. Une rĂ©alitĂ© baptisĂ©e Domotique. Une technologie rĂ©volutionnaire permettant de contrĂŽler Ă  distance des appa-reils Ă©lectriques, mais aussi de les automatiser en fonction de vos besoins, tout cela Ă  partir de votre ordinateur, de votre tablette ou mĂȘme

LES SERVICES «INTELLIGENTS» QUE POURRAIT NOUS RENDRE APRÈS-DEMAIN UNE «SMART HOME » SONT MULTIPLES Ph

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MODE DE VIE

Les tablettes tactiles en mettant le contrĂŽle de votre maison Ă  portĂ©e de doigt ont fortement contribuĂ© Ă  l’essor de la domotique et l’on rendu fi nanciĂšrement plus abordable.

D’ICI 2017, 90 MILLIONS DE RÉSIDENCES SERONT ÉQUIPÉES DE TECHNOLOGIE DOMOTIQUE DANS LE MONDE

de votre Smartphone. Comment ? GrĂące Ă  une installation cĂąblĂ©e ou par ondes radio. Les tĂ©-lĂ©commandes au placard, la domotique fait le reste. Ainsi, votre futur frigo aura commandĂ© dans la journĂ©e ce qu’il vous manque. À votre retour d’une dure journĂ©e de labeur, votre bain sera dĂ©jĂ  coulĂ© pour un moment de pure dĂ©tente. Votre four se mettra en marche dĂšs que votre pied se posera sur le paillasson. Des gestes du quotidien sans intervention humaine. Et plus besoin de lire des manuels d’utilisation aussi complexes qu’interminables. Tout est de-venu naturel. La nouvelle gĂ©nĂ©ration d’enfants, celle du high-tech et des nouvelles technolo-gies, ne s’étonne mĂȘme plus de cette « magie technologique ». La maison de demain pourra ainsi, sitĂŽt aprĂšs avoir mĂ©morisĂ© vos habitudes de compor-tement, se charger de rĂ©gler toute seule le chauff age en fonction des prĂ©visions mĂ©tĂ©o, le couper avant que vous ne sortiez et le rĂ©acti-ver avant votre retour, boucler les entrĂ©es Ă  l’ap-proche de tout inconnu, dĂ©tecter la moindre fuite de gaz ou d’eau et en avertira qui de droit par mail ou SMS, appeler le rĂ©parateur en cas de panne d’un appareil Ă©lectromĂ©nager, affi -cher des menus light sur l’écran du rĂ©frigĂ©ra-teur quand le pĂšse-personne lui aura signalĂ© une prise de poids prĂ©occupante... Comptez

aussi sur elle pour conformer l’ambiance lumi-neuse Ă  vos humeurs. Les capteurs sauront in-terprĂ©ter, analyser et prendre des dĂ©cisions. Ils Ă©teindront une lampe aprĂšs s’ĂȘtre assurĂ©s qu’il n’y a plus personne dans la piĂšce, contrĂŽleront la teneur en CO2 et ouvriront les fenĂȘtres pour aĂ©rer, vous alerteront si l’un de vos enfants s’approche trop prĂšs d’une plaque de cuisson
 Il ne s’agira plus de monotechniciens “bĂȘtes et mĂ©chants”. Ils dialogueront non-stop entre eux, via des liaisons sans fi l. »

UNE RÉPONSE AUX DÉFIS ÉNERGÉTIQUES
Longtemps considĂ©rĂ©e comme un gadget pour geeks confi rmĂ©s, la domotique rĂ©pond au-jourd’hui Ă  l’un des enjeux majeurs du 21Ăšme siĂšcle : la maĂźtrise de la consommation d’éner-gie. Selon le dernier rapport de l’Agence Inter-nationale de l’Energie, la consommation Ă©lec-trique mondiale augmentera de 70 % d’ici 2035. L’habitat fait fi gure d’ogre Ă©nergĂ©tique. Le dĂ©fi est Ă©norme. La domotique se pose ainsi comme une des solutions Ă  mettre en Ɠuvre pour opti-miser sa consommation. Les exemples parlent d’eux-mĂȘmes. Ainsi, la rĂ©gulation du chauf-fage est possible piĂšce par piĂšce, des capteurs permettent de l’arrĂȘter lorsque vous ouvrez une fenĂȘtre, la tempĂ©rature se rĂ©duit automa-

tiquement lorsque vous quittez votre domicile. Toujours dans la mĂȘme optique, les fenĂȘtres deviennent plus ou moins opaques en fonc-tion de la puissance des rayons du soleil. MĂȘme principe pour l’éclairage : la lumiĂšre s’éteint et s’allume selon ce que les capteurs de prĂ©sence lui indiquent. RĂ©sultat : jusqu’à 30% d’écono-mie d’énergie estimĂ©e par an.


 ET SÉCURITAIREL’autre atout de la domotique, qui sĂ©duit de plus en plus de foyers, c’est la sĂ©curitĂ©. Surveiller votre maison Ă  distance devient un jeu d’enfant. Une camĂ©ra vidĂ©o placĂ©e dans chaque piĂšce et vous voilĂ  maĂźtre de ce qui se passe chez vous pendant votre absence
 depuis votre ordina-teur, voire votre tĂ©lĂ©phone portable. D’autres fonctions permettent de simuler une prĂ©sence en cas de mouvement dĂ©tectĂ© aux alentours de la maison, comme une lumiĂšre qui s’allume au salon par exemple. Il vous est Ă©galement pos-sible de communiquer avec votre domicile. Un appel tĂ©lĂ©phonique automatique peut ĂȘtre programmĂ© afi n de contacter le propriĂ©taire ou une entreprise de sĂ©curitĂ© en cas d’intrusion. Sans parler des sirĂšnes hurlantes qui peuvent s’activer Ă  tout moment. De quoi faire dĂ©guer-pir les curieux et convaincre les plus sceptiques d’installer ces bijoux technologiques.

UN MARCHÉ EN PLEINE EXPANSIOND’ici 2017, 90 millions de rĂ©sidences seront Ă©quipĂ©es de technologie domotique dans le monde, selon une Ă©tude publiĂ©e en mai dernier par l’agence ABI Research, spĂ©cialisĂ©e dans la prĂ©diction de tendances. Cela reprĂ©sente une hausse de 60% de la demande en systĂšmes do-motiques par rapport Ă  aujourd’hui, toujours selon cette Ă©tude. Une croissance qui s’explique notamment par l’expansion du marchĂ© des Smartphones. Il s’en est vendu 225 millions dans le monde au deuxiĂšme trimestre de cette annĂ©e, dĂ©passant pour la premiĂšre fois la vente des portables classiques, selon le cabinet Gar-tner. Les Smartphones s’accaparent dĂ©sormais 51,8% des ventes d’appareils de tĂ©lĂ©phonie mo-bile. Rien de plus simple, dĂšs lors, que d’adop-ter la domotique. Si le prix de ces installations reste Ă©levĂ© (entre 4 et 10% du prix de vente d’une maison neuve), celles-ci seront de plus en plus abordables Ă  mesure que la demande augmente.

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MAROC TELECOM, RÉSOLUMENT FUTURISTE

Le nouveau siĂšge de Maroc Telecom, inaugurĂ© en juin dernier, est totalement prĂ©curseur en matiĂšre de construction intelligente. D’une hauteur de 91 m et d’une superfi cie de 5 hectares, le site est rĂ©solument tournĂ© vers le futur. Sa conception architecturale singuliĂšre harmonise avec perfection l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur. Moderne et Ă©cologique, le projet rĂ©alisĂ© par l’architecte Jean-Paul Viguier en collaboration avec Omar KobbitĂ©, in-tĂšgre toutes les technologies permet-tant une meilleure effi cacitĂ© Ă©nergĂ©-tique. RĂ©duction de la consommation d’énergie, gestion optimale de l’eau, confort acoustique et thermique et sĂ©-curitĂ© sont les principaux points obser-vĂ©s dans la conception de cet imposant building. Ainsi, des dĂ©tecteurs de prĂ©sence dans les salles de rĂ©union ont Ă©tĂ© mis en place pour limiter les besoins en climatisation. Pour rĂ©duire la facture Ă©nergĂ©tique, Maroc Telecom a optĂ© pour un Ă©clairage naturel grĂące aux vitrages et l’utilisation des Ă©nergies renouvelables pour la production d’eau chaude. Projet Ă©co-responsable et citoyen, source de technologie et d’innovation, la Tour Maroc Telecom a reçu la mention spĂ©ciale du jury pour le «Grand Prix des bĂątiments de trĂšs grande hauteur» au forum Ecobuilding Ă  Paris.

DOMOTIQUE ET INTELLIGENCE ARCHITECTURALE, LA RÉVOLUTION MAROCAINELes entreprises immobiliĂšres du Royaume ont dĂ©jĂ  bien compris le potentiel que reprĂ©sente la domotique. Certaines misent dĂ©jĂ  sur cette technologie pour attirer de nouveaux clients. C’est le cas notamment de la Compagnie GĂ©-nĂ©rale ImmobiliĂšre Ă  travers le projet « Casa Green Town ». Une premiĂšre tranche de 600 villas et d’une centaine d’appartements Ă©qui-pĂ©s en domotique, avec les Ă©clairages extĂ©-rieurs s’allumant progressivement au moment du coucher du soleil et s’éteignant au lever du jour. Le groupe Palmeraie DĂ©veloppement s’engouff re Ă©galement dans la brĂšche avec le « California Golf Resort ». Des rĂ©sidences 2.0 dans la banlieue de Casablanca munies d’un systĂšme de simulation de prĂ©sence en cas d’absence prolongĂ©e des propriĂ©taires. Alors, comment rĂ©sister au confort high-tech ? Seule ombre au tableau : le prix. Il faut dĂ©bourser au minimum 4,5 millions de dirhams pour l’une de ces villas et 1,8 million de dirhams pour un appartement. La domotique n’est pas encore Ă  la portĂ©e de tous.A cĂŽtĂ© de la domotique qui fait ses premiers pas dans le pays, une autre rĂ©volution est en marche dans le secteur du bĂątiment : l’architec-ture intelligente. Ainsi, Casablanca verra dans quelques annĂ©es pousser d’immenses tours vĂ©-gĂ©tales de 16 Ă©tages au milieu d’un parc. Une premiĂšre dans le Royaume. Allier architecture et nature, c’est le pari fou que s’est lancĂ© l’archi-tecte français Edouard François, prĂ©curseur en matiĂšre d’écologie, en partenariat avec Yasmine Immobilier. D’ici 2016, il s’agit de transformer 50.000 mĂštres carrĂ©s en un gigantesque espace vert au cƓur du futur quartier Anfa Club, sur le site de l’ancien aĂ©roport. La chasse au bĂ©ton est donc lancĂ©e. Ici, les façades seront ornĂ©es de bougainvilliers blancs, un arbuste grimpant trĂšs rĂ©sistant qui apprivoisera la structure du bĂątiment et lui donnera une allure Ă©lĂ©gante et organique.

L’intelligence architecturale rĂ©side ici Ă  trois niveaux. PremiĂšrement, une intĂ©gration indĂ©-niable dans l’environnement qui l’entoure. L’im-meuble, en vrai camĂ©lĂ©on, se fondra dans ce dĂ©cor de verdure. Un parc dans le parc. « Une attitude symbiotique », expliquait Edouard François lors du lancement du projet en juin dernier. L’autre intĂ©rĂȘt est Ă©cologique. Les plantes absorbent le CO2 dans l’air pour se dĂ©-velopper et rejettent ensuite de l’oxygĂšne. VoilĂ  qui rendra ce lieu davantage agrĂ©able pour ses rĂ©sidents et visiteurs de passage. AlliĂ© contre la pollution par excellence, particuliĂšrement intĂ©ressant dans les grandes villes comme Ca-sablanca. Enfi n, la faune et la fl ore y trouveront Ă©galement leur compte pour s’y dĂ©velopper dans une capitale Ă©conomique oĂč les espaces verts se font rares.Un projet qui allie donc dĂ©veloppement dĂ©mographique et Ă©cologie. Deux enjeux ĂŽ combien actuels
 c’est ça aussi l’intelligence architecturale. n

LE MAROC N’ÉCHAPPE PAS À LA VAGUE DOMOTIQUE

Les bonnes fées high-tech, jouant philanthropiquement des bras et des pattes, astiqueront les vitres aprÚs un orage, transporteront les courses du coff re de la voiture au frigo, repasseront le linge, sortiront le chien
 sans jamais se plaindre !

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En 2050, la planĂšte comptera 9 milliards d’individus et pas assez de matiĂšres premiĂšres pour les nourrir tous. Les spĂ©cialistes de l’agro-alimentaire et de la nutrition planchent

sur les nouvelles possibilitĂ©s off ertes par la science. De la cuisine molĂ©culaire Ă  la bio-gĂ©nĂ©tique, en passant par les OGM ou l’élevage intensif d’insectes,

la gastronomie vit dĂ©jĂ  aujourd’hui sa propre rĂ©volution. PAR KARIM DRONET

Le cinĂ©ma nous a dĂ©jĂ  donnĂ© plu-sieurs aperçus sur ce que pourrait ĂȘtre l’alimentation des gĂ©nĂ©rations futures. Dans «Le CinquiĂšme Ă©lĂ©-ment» de Luc Besson, Leeloo, l’ĂȘtre suprĂȘme, verse dans son assiette

quelques gĂ©lules, puis aprĂšs un passage dans une sorte de micro-ondes du futur en sort un plat garni de poulet rĂŽti et son accompagne-ment de lĂ©gumes. Dans « L’aile ou la cuisse », Louis de FunĂšs et Coluche dĂ©noncent la cui-sine express du gĂ©ant de la restauration sur autoroute, Tricatel, oĂč les aliments Ă©laborĂ©s Ă  base de formule chimique et de pĂ©trole sor-tent des chaĂźnes de fabrication d’une usine ul-tra-moderne. Aujourd’hui, la rĂ©alitĂ© est sans doute en train de rattraper, voire de dĂ©passer la fi ction.Il n’en demeure pas moins que le sujet reste grave. Comment nourrir les 9 milliards d’indi-vidus que comptera la planĂšte en 2050 ?

DES PROTÉINES À BASE D’INSECTESPendant les prochaines dĂ©cennies, pour nour-rir des milliards d’ĂȘtres humains, l’industrie agro-alimentaire devra revoir ses modes de fonctionnement pour produire plus et mieux. Un troupeau de bƓufs d’élevage consomme d’énormes quantitĂ©s de fourrages et d’herbe tout en rejetant dans l’atmosphĂšre de grandes

quantitĂ©s de mĂ©thane, aggravant ainsi le trou dans la couche d’ozone. Ces Ă©levages produi-sent aussi une grande quantitĂ© d’ammoniac (NH3) responsable de l’acidifi cation et de la nitrifi cation des sols. De plus, Ă  l’horizon 2050, les surfaces agricoles risquent d’ĂȘtre insuffi -santes pour nourrir plus de 9 milliards d’ĂȘtres humains. Pour pouvoir fournir Ă  l’humanitĂ© les protĂ©ines dont elle aura besoin demain, de nombreuses expĂ©riences sont aujourd’hui me-nĂ©es en Afrique, notamment Ă  Madagascar, ou en Asie, pour substituer Ă  la protĂ©ine d’origine animale celle des insectes. Des fermes de cri-quets ou autres vers fournissent, une fois dĂ©s-hydratĂ©s, moulus et parfois mĂȘme aromatisĂ©s, les protĂ©ines nĂ©cessaires Ă  l’organisme humain. D’aprĂšs des Ă©tudes scientifi ques, le taux de pro-tĂ©ines des insectes comestibles est supĂ©rieur Ă  celui des vĂ©gĂ©taux ainsi qu’à celui des viandes, Ɠufs et volailles vendus dans le commerce. Il peut atteindre 75% sur extrait sec. Produire un kilo de vers de farine entraine l’émission de 10 Ă  100 fois moins de gaz Ă  eff et de serre que

produire un kilo de viande de porc. A poids Ă©gal, le cochon produit 8 Ă  12 fois plus d’am-moniac que les criquets et jusqu’à 50 fois plus que les sauterelles. Enfi n, autre avantage, et non des moindres, de ces protĂ©ines Ă  base d’in-sectes, c’est aussi leur sĂ©curitĂ© alimentaire. Il y a moins de risques de consommer des insectes que de la viande animale. Il suffi t notamment de se rappeler des Ă©pidĂ©mies de vache folle, de grippe porcine, etc. Plusieurs Ă©tudes scienti-fi ques ont aussi permis de mettre en Ă©vidence des liens entre l’entomophagie et le maintien de la biodiversitĂ©. Au Malawi, la consomma-tion et la rĂ©colte contrĂŽlĂ©e d’une espĂšce de chenille ont permis la sauvegarde de leur arbre hĂŽte et ainsi la prĂ©servation de la chenille.

VOUS REPRENDREZ BIEN UNE PETITE SAUTERELLE !La consommation d’insectes ne date pas d’au-jourd’hui. On trouve en eff et des traces de cette pratique depuis l’AntiquitĂ©. Le philosophe grec Aristote (384-322 av. J.-C.) faisait dĂ©jĂ 

LA RÉVOLUTION EST DANS NOS ASSIETTES

EN 2050, LES SURFACES AGRICOLES SERONT INSUFFISANTES POUR NOURRIR PLUS DE 9 MILLIARDS D’ÊTRES HUMAINS

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IL Y A MOINS DE RISQUES DE CONSOMMER DES INSECTES QUE DE LA VIANDE ANIMALE

l’éloge des nymphes de cigales en les dĂ©crivant comme ayant une saveur exquise. Les Romains se dĂ©lectaient des larves de scarabĂ©es. La Bible et le Saint Coran mentionnent Ă©galement la consommation d’insectes. Au 18e siĂšcle, on estimait que la consommation de certains in-sectes avait des vertus mĂ©dicinales. Et surtout n’ayez pas cette moue de dĂ©goĂ»t : les insectes peuvent en rĂ©alitĂ© rĂ©inventer la cuisine de de-main. Fourmis, termites, grillons, criquets, che-nilles et sauterelles sont par exemple des mets de choix dans de nombreux pays. Les insectes peuvent ĂȘtre dĂ©clinĂ©s Ă  toutes les sauces : vivant, nature, frits ou bouillies, caramĂ©lisĂ©s, seuls ou accompagnĂ©s. On leur associe des goĂ»ts trĂšs diversifi Ă©s, allant de la noix pour les vers de farine au gorgonzola pour les nĂšpes. Dans le nord-est de la Th aĂŻlande, une Ă©tude rĂ©vĂšle que 75% des personnes interrogĂ©es invoquent le goĂ»t comme principales raisons de manger des insectes. De la fourmi minuscule Ă  la punaise d’eau gĂ©ante, la taille et la forme des insectes comestibles est d’une richesse incomparable.

Seule l’imagination peut limiter les combi-naisons de goĂ»t et de formes qui peuvent ĂȘtre crĂ©Ă©es. IngrĂ©dients dans de nombreux plats, les insectes comestibles se retrouvent comme condiments, en apĂ©ritifs, en plats principaux ou en dessert. Dans l’üle de BornĂ©o, des fourmis sont mĂ©langĂ©s avec du chili et du sel pour ĂȘtre utilisĂ©es comme condiments de certains plats.

LES CELLULES SOUCHES, UNE VOIE D’AVENIR ? Le premier hamburger « in vitro» produit en laboratoire Ă  partir de cellules souches est nĂ©. PrĂ©sentĂ© cet Ă©tĂ© Ă  Londres par son crĂ©ateur, le scientifi que nĂ©erlandais Mark Post, ce « Labburger » pesait quelques 250 grammes et, d’aprĂšs les personnes qui ont eu le privilĂšge de le goĂ»ter, il est relativement goĂ»teux mais pas suffi samment juteux. En revanche, sa fabrica-tion a tout de mĂȘme coĂ»tĂ© la juteuse somme de 250 000 euros. Selon Mark Post, « nous utilisons 70% de nos capacitĂ©s agricoles Ă  la production de viande.

Il va falloir trouver des alternatives. Si nous ne faisons rien, la viande va devenir un pro-duit de luxe. La plupart des gens ne rĂ©alisent pas que la production de viande classique est Ă  son maximum et qu’on ne pourra pas four-nir suffi samment de viande pour rĂ©pondre Ă  la demande croissante dans les 40 prochaines an-nĂ©es ». Dans le cas de ce Labburger, l’élabora-tion s’est faite Ă  partir de la culture des muscles de squelettes de bovins dans du sĂ©rum fƓtal de veau. La chair produite prĂ©sente les mĂȘmes qualitĂ©s nutritives que la viande de consom-mation courante, mais sans un gramme de

Outre le fait qu’ils prolifĂšrent, les insectes sont source de fer, d’acides aminĂ©s et de vitamines. Une nourriture potentielle abondante et peu onĂ©reuse, diĂ©tĂ©tique, idĂ©ale en temps de crise alimentaire. Vous laisseriez-vous tentez par un souffl Ă© Ă  la crĂšme de fourmi ?

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Les Organismes gĂ©nĂ©tiquement modifi Ă©s (OGM) sont encore souvent considĂ©rĂ©s comme l’un des moyens les plus prometteurs pour rĂ©soudre les problĂšmes de la faim et de la malnu-trition dans le tiers-monde en permettant aux agriculteurs d’accroĂźtre leurs rendements. Mais lorsque l’on sait que l’innovation est structurĂ©e autour de grandes fi rmes, l’on est en droit de se poser la question. IntĂ©rĂȘt collectif ou intĂ©rĂȘt particulier ?L’essentiel des recherches sur les biotechnologies agricoles est menĂ© par le secteur privĂ©. De grands groupes, souvent constituĂ©s autour de l’industrie chimique des pesticides y voient de possibles dĂ©bouchĂ©s en matiĂšre de protection des plantes. 90% des OGM commercialisĂ©s sont produits par Monsanto. A ses cĂŽtĂ©s, cinq autres groupes dominent l’innovation dans ce do-maine : Dupont-Pioneer et Dow, pour les Etats-Unis ; Syngenta, Bayer et BASF, pour l’Europe. Ensemble, ces six multinationales totalisent prĂšs de 80% des ventes de pesticides. Le principal intĂ©rĂȘt des OGM serait en fait de diminuer les coĂ»ts de production et non d’accroĂźtre la pro-ductivitĂ© Ă  l’hectare. En outre, leurs cultures bĂ©nĂ©fi cient essentiellement aux clientĂšles des pays riches. Un peu plus de la moitiĂ© des surfaces cultivĂ©es se situe aux Etats-Unis et au Canada. La seconde moitiĂ© est localisĂ©e dans les pays en dĂ©veloppement (PED) mais destinĂ©e Ă  l’ex-portation : culture de soja pour l’alimentation animale en Argentine, au BrĂ©sil et au Paraguay; culture de coton en Inde, en Chine et en Afrique du Sud, dont l’usage est, par dĂ©fi nition, non alimentaire.Si rien n’indique que les OGM ne constituent pas une clĂ© essentielle pour garantir la sĂ©curitĂ© alimentaire de demain, pourquoi dĂšs lors pose-t-on si (trop) souvent la question de leur intĂ©rĂȘt pour nourrir le monde ?

BIO-AGRICULTURE, LA RIPOSTE S’ORGANISEL’éternel dĂ©bat entre partisans de l’utilisation des pesticides et dĂ©fenseurs de la bio-agriculture se poursuit. En attendant, de nombreux agriculteurs ont renoncĂ© Ă  l’utilisation de ces insecti-cides et pesticides dont les coĂ»ts indirects colossaux - pollution, Ă©nergie et santĂ© publique - ne sont jamais pris en compte. Pluriculture au Mexique ou au Japon, agroforesterie au Malawi, mĂ©thode du push-pull au Kenya - des plantes repoussent herbes et insectes nuisibles au maĂŻs, quand d’autres les attirent... Les bĂ©nĂ©fi ces seraient multiples : lutte contre l’érosion, la pollution et les Ă©missions de gaz Ă  eff et de serre, fertilisation des sols, mais aussi rendements nettement accrus au fi l des annĂ©es. Tous plaident et s’organisent pour l’autosuffi sance et la souverainetĂ© alimentaire, Ă  travers des circuits courts, tandis que se dessine une nouvelle alliance entre producteurs et consommateurs. De leur cĂŽtĂ©, les experts insistent : l’agroĂ©cologie de demain devra mĂȘler savoir-faire paysan et savantes innovations dans cette rĂ©volution nĂ©cessaire pour nourrir la planĂšte. n

PEUT-ON NOURRIR LE MONDE AVEC LES OGM ?

graisse. Le procĂ©dĂ© aurait de plus le mĂ©rite d’éviter la consommation excessive d’eau et de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales nĂ©cessaires Ă  l’élevage animalier. Une rĂ©ponse crĂ©dible Ă  la problĂ©-matique environnementale de la consom-mation de viande et l’hĂ©catombe animale provoquĂ©e par l’élevage industriel ? Selon des chercheurs de l’universitĂ© d’Oxford, la viande synthĂ©tique nĂ©cessite 99% moins de terre que la viande de bĂ©tail. Une prouesse dont la production conduirait Ă  des rĂ©duc-tions d’émissions de gaz Ă  eff et de serre os-cillant entre 78 et 95%Les cellules souches seraient-elles alors une façon Ă©thique et Ă©cologique de produire de la viande ? A suivre


DE LA CHIMIE DANS NOTRE CUISINEDepuis longtemps, les besoins essentiels Ă  la survie de l’homme, les aliments et la cuisine en gĂ©nĂ©ral, ont focalisĂ© l’attention des cher-cheurs et des scientifi ques en tous genres. A l’époque pharaonique, des papyrus illustrent que les Egyptiens Ă©tudiaient dĂ©jĂ  le principe de la fermentation des viandes, certaine-ment dans un souci de conserver au mieux les aliments. Plus tard, en 1789, le biologiste français Antoine Lavoisier se pencha sur l’étude du bouillon de bƓuf. Puis vinrent les premiĂšres approches de l’art culinaire, consistant notamment Ă  transformer les pro-duits alimentaires de base pour leur donner de nouvelles saveurs. Le cĂ©lĂšbre Parmentier rĂ©volutionna, en son temps, la façon de dĂ©-guster la pomme de terre. Plus rĂ©cemment, la cuisine molĂ©culaire a donnĂ© une approche plus scientifi que Ă  notre maniĂšre de cuisi-ner. Le terme «gastronomie molĂ©culaire et physique» a Ă©tĂ© proposĂ© en 1988 par Nicho-las Kurti, physicien d’Oxford, et HervĂ© Th is,

LA GASTRONOMIE MOLÉCULAIRE CONTRIBUERAIT À RENFORCER LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

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physico-chimiste français, aujourd’hui cher-cheur Ă  AgroParisTech. La gastronomie molĂ©-culaire a de nombreuses applications. Elle mo-dĂ©lise les rĂ©actions chimiques spĂ©cifi ques de la cuisine, ainsi d’ailleurs que divers phĂ©nomĂšnes physiques qui interviennent dans l’émulsion, la fl oculation, la cuisson Ă  cƓur, la convection, les eff ets tensio-actifs
 Par exemple l’Ɠuf est un aliment intĂ©ressant au niveau physico-chi-mique : il prĂ©sente un pouvoir Ă©mulsifi ant, moussant et coagulant. Dans la prĂ©paration d’un fl an, l’Ɠuf est un coagulant qui peut ĂȘtre substituĂ© par de l’agar-agar, une substance mu-cilagineuse extraite de certaines algues rouges, car il prĂ©sente des propriĂ©tĂ©s comparables. La gastronomie molĂ©culaire permet de chercher des substituts adĂ©quats Ă  partir de l’étude des propriĂ©tĂ©s physico-chimiques des aliments. Dans le cas de l’Ɠuf, Ă  l’origine de 40% des cas de salmonellose en Europe, l’usage de la gas-tronomie molĂ©culaire contribue ainsi Ă  renfor-cer la sĂ©curitĂ© alimentaire. n

Mark Post, l’inventeur du hamburger «éprouvette» estime arriver Ă  une production industrielle dans 15 ans. Si cette rĂ©volution bio-gĂ©nĂ©tique pose question, elle ouvre nĂ©amoins d’étonnantes perspectives


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DANS TOUS SES ÉTATSLA TECHNO

Robotique, nanotechnologie, domotique
 la révolution technologique est en marche et nous off re des merveilles qui vont radicalement transformer notre mode de vie. Si certaines, encore

en gestation dans les labos, ne seront commercialisées que dans quelques années, la plupart sont déjà sur le marché. Préparez-vous à entrer dans la 5Úme dimension !

PAR LANDRY BENOIT & JAD MASDAR

Les Google Glass est le projet actuel le plus prometteur de la fi rme de Mountain Wiew. L’innovation introduite est telle qu’il en est mĂȘme trĂšs diffi cile d’en apprĂ©hender, dĂšs maintenant, tous les usages potentiels. Elles intĂšgrent un appareil photo, une camĂ©ra, un haut-parleur, deux microphones, un accĂ©-lĂ©romĂštre, un gyroscope, un compas et un systĂšme Bluetooth vous permettant d’ĂȘtre connectĂ© Ă  Internet via votre smartphone ou directement Ă  un spot wi-fi . Bien plus qu’un accessoire, elles vous permettront d’interagir avec votre environnement et vous connecte-ront en direct non seulement Ă  un ensemble de donnĂ©es mais aussi Ă  vos proches. Les in-

DES LUNETTES QUI MONTRENT, ÉCOUTENT ET VOIENT

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formations seront affi chĂ©es en surimpression de ce que vous voyez rĂ©ellement, appel d’un correspondant, guidage GPS, traduction si-multanĂ©e, informations sur les objets et per-sonnes qui vous entourent, envois de textos et tweets en parlant, sans oublier prises de photos, enregistrement vidĂ©o et connexion par webcam en direct. Les Google Glass vous permettront de voir la vie de vos proches en simultanĂ©s Ă  travers leurs yeux ! La rĂ©alitĂ© va ainsi ĂȘtre « augmentĂ©e ». Les informations, la communication sera instantanĂ©e. De quoi vous rendre dĂ©pendant ? CommercialisĂ©es dĂšs 2014, elles en auront mĂȘme droit Ă  leur App Store. Leur prix : 1.300 euros.

SCIENCES & TECHNO

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Si vous ĂȘtes fan de cinĂ©ma, vous vous souvenez sans doute des hologrammes apparus dans Star Wars ou Star Trek. Ce qui Ă©tait hier encore de la science-fi ction est depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ  une rĂ©alitĂ©. Les aĂ©roports amĂ©ricains, britanniques ou français proposent les services d’hĂŽtesses virtuelles qui vous renseigne sur les horaires, ou contrĂŽle vos tickets d’embarquement. Infati-gables, toujours souriantes et aimables ces charmantes crĂ©atures qui peuvent assurĂ©ment trouver leur place dans les magasins ou autres lieux d’accueil intĂ©ressent de plus en plus de secteurs. En eff et, leurs nombreuses qualitĂ©s, notamment celles de ne rĂ©clamer aucune rĂ©tribution ni d’avoir de rĂ©criminations d’aucune sorte, de n’ĂȘtre jamais ĂȘtre absentes et de ne pas faire grĂšve, pourraient en faire le travailleur idĂ©al de demain. La technologie utilisĂ©e permet-tant aux hologrammes de reproduire Ă  l’identique n’importe quel physique, on peut aussi imaginer dans le futur qu’ils pourraient nous permettre de nous dĂ©multiplier. L’hologramme au bureau et nous Ă  la plage. GĂ©nialissime !

DES HOLOGRAMMES À VOTRE SERVICE !

DÉJÀ LÀ

Il existe des mĂ©thodes pour acquĂ©rir des supers pouvoirs qui n’in-cluent pas de mutations gĂ©nĂ©tiques. Vous vous rĂȘvez en Musclor capable, malgrĂ© votre silhouette « Taillefi ne » de soulever des mon-tagnes ou comme Asterix dopĂ© Ă  la potion magique, de pulvĂ©riser le quidam qui vous ennuie (heu
 non ça dĂ©ontologiquement, ce n’est pas prĂ©vu !). Et bien, c’est possible, grĂące Ă  l’exosquelette, version grand public de l’armure d’Iron Man. DĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ©s par les mi-litaires et l’industrie, ces exosquelettes biomĂ©caniques ou motorisĂ©s vous permettront trĂšs prochainement de dĂ©cupler vos forces. Que ce soit Hercule, dĂ©veloppĂ© en France, ou Power Jacket MK3, conçu au Japon, ils vous permettront de soulever jusqu’à 100 kg de charge ou de courir sans eff ort ! Leur prix : 20.000 € pour le modĂšle français et 95.000 € pour son concurrent japonais.

L’EXOSQUELETTE, 100 KG AU BOUT DU PETIT DOIGT !

2015

Tupac Shakur récussité lors du concert de Coachela en 2012. Son hologramme avait fait sensation en interprétant en direct 2 titres avec le chanteur Snoop. Une nouvelle Úre est ouverte pour les artistes qui pourront maintenant se produire virtuellement.

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Ils existent dĂ©jĂ  pour de nombreux jeux vidĂ©o. Parmi de nombreux modĂšles permettant de contrĂŽler les jeux par la pensĂ©e, L’Oculus Rift est aujourd’hui le modĂšle le plus dĂ©veloppĂ©. L’illusion 3D est crĂ©Ă©e en projetant deux images diff Ă©rentes, l’une sur la lentille de gauche, l’autre sur celle de droite. En bougeant la tĂȘte, le joueur dirige le regard et oriente ainsi la camĂ©ra. L’im-mersion est totale. On pourrait imaginer de-main une extension de la technologie Ă  d’autres applications : allumer la tĂ©lĂ©, dĂ©crocher son tĂ©-lĂ©phone, ouvrir la porte du garage


LES SMARTPHONES PLIABLES

LE CASQUE DE RÉALITÉ VIRTUELLE

FIN 2013

DÉJÀ LÀSi le monde attend avec impatience les « Goo-gle Glass », certains travaillent dĂ©jĂ  Ă  leurs remplaçants
 Dont le principal concurrent de la fi rme amĂ©ricaine : Samsung ! Le conglo-mĂ©rat sud-corĂ©en, en collaboration avec plu-sieurs universitĂ©s dans le monde, a prĂ©sentĂ© en dĂ©but d’annĂ©e un prototype de lentilles connectĂ©es qui permettront Ă  terme d’affi cher des informations de gĂ©olocalisation, de navi-gation ou de messagerie au sein mĂȘme de la lentille. Pour l’instant, le processus ne permet cependant pas d’affi cher plus d’un pixel de donnĂ©es dans la lentille. Mais il sera trĂšs pro-chainement possible de recevoir et de lire tous types d’informations et surtout, de permettre la circulation d’informations entre ces lentilles et votre smartphone. Il vous faudra cependant attendre 2018, date de sortie estimĂ©e, pour lire vos SMS sur votre rĂ©tine !

LES LENTILLES DE CONTACT

CAPTEURS

2018

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On en parle depuis des annĂ©es, Samsung et LG l’ont fait. Ils auraient dĂ©jĂ  dĂ©butĂ© la production en masse des Ă©crans fl exibles qui devraient ĂȘtre commercialisĂ©s trĂšs bien-tĂŽt. Paradoxalement, les premiers Ă©crans fl exibles ne pourront pas se plier et se dĂ©-plier Ă  volontĂ©, comme le laissaient le sug-gĂ©rer les premiĂšres images de prototypes. Ce n’est donc pas encore demain que vous pourrez rouler votre tĂ©lĂ©phone autour de l’oreille, mais en revanche, grĂące Ă  la tech-nologie OLED, vous pourrez disposer de terminaux plus rĂ©sistants, et surtout beau-coup plus autonomes. Fini les pleurs quand votre smartphone derniĂšre gĂ©nĂ©ration vous Ă©chappe des mains.

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Un petit bijou de haute technologie qui permet, tenez-vous bien, de reproduire une multitude de choses en 3 dimensions, objets, aliments et mĂȘme des organes vivants. Comment ? Par succession de couches de n’importe quelle ma-tiĂšre jusqu’à ce que le produit souhaitĂ© prenne forme. Vous pourrez ainsi fabriquer chez vous en quelques clics n’importe quel objet Ă  partir d’un modĂšle numĂ©rique. Et si vous ne disposez

L’inventeur des Google Glass prĂ©voit aus-si de faire parler les chiens. Une Ă©quipe du Georgia Institute of Technology, com-portant parmi ses Ă©minents membres, Th ad Charner, le directeur technique du projet Google Glass, travaille sur des technologies intĂ©grĂ©es aux vĂȘtements (wearables technologies) pour chiens qui

L’IMPRIMANTE 3D FABRIQUE TOUT À LA DEMANDE

ET GOOGLE FIT
 PARLER LES ANIMAUX

DÉJÀ LÀ

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pas de votre propre imprimante, vous pourrez toujours vous rendre dans des boutiques de fabrication numĂ©rique. D’ici 10 ans, les « Fab Lab » seront aussi banals que les Copy-shop d’aujourd’hui. Une rĂ©volution en passe de bou-leverser totalement la production industrielle existante. Mais mieux encore, ses applications dans le domaine mĂ©dical sont prodigieuses. Dents, os, tissus, muscles
 tous les organes peuvent ĂȘtre reproduits par les nouvelles gĂ©-nĂ©rations de ces petites merveilles. On attend aussi avec impatience celle qui reproduira des lingots d’or !

Parce qu’ils ont une composition qui leur per-met de rĂ©agir Ă  une stimulation externe afi n de produire un eff et particulier, ces textiles intel-ligents vous font maigrir, vous protĂšge des UV, analyse votre pouls et vous permettent mĂȘme avec l’intĂ©gration d’un clavier numĂ©rique sur une partie d’un vĂȘtement, d’utiliser votre smartphone en mode «vraiment» mains libre. D’autres, Ă©quipĂ©s de microcapsules libĂšrent du parfum en cas de mauvaise odeur corporelle, diff use progressivement des mĂ©dicaments ou emmagasinent la chaleur pour vous la res-tituer quand la tempĂ©rature se refroidit. Les bios textiles pourraient off rir une utilisation encore plus prometteuse : crĂ©er des membres artifi ciels. Les tissus mailles (tricots) servent dĂ©jĂ  Ă  fabriquer des artĂšres artifi cielles qui sont implantĂ©es dans des ĂȘtres humains. Le textile Ă©lectronique utilisĂ© dans le domaine militaire permet de savoir si un soldat est blessĂ©, de connaĂźtre la gravitĂ© de son Ă©tat et, grĂące Ă  un repĂ©rage GPS, de le localiser. Il peut appeler la police en cas d’agression et mĂȘme envoyer une dĂ©charge Ă©lectrique Ă  votre agresseur. La recherche travaille sur les textiles de l’avenir qui pourraient notamment permettre de rĂ©a-liser des tenues de camoufl age intĂ©gral qui nous rendraient presque invisibles. À quand ceux qui pourraient Ă©galement accomplir des tĂąches utilitaires, nous distraire et soigner nos Ă©tats d’ñme ? Pas plus tard que demain! L’ùre des textiles interactifs est arrivĂ©e.

LES TEXTILES INTELLIGENTS

DÉJÀ LÀ

leur permettraient de communiquer avec l’Homme. Le chien Ă©quipĂ© d’un harnais et d’un mors comportant des capteurs pourrait en les activant envoyer des si-gnaux Ă  un humain, lui-mĂȘme Ă©quipĂ© de sa propre wearable technologie qui les dĂ©-crypterait. Les premiers utilisateurs visĂ©s seraient les chiens d’aveugles ou policiers. Mais Ă  long terme, si la technique fonc-tionne, elle pourrait permettre Ă  tous les chiens (et autres animaux Ă  4 pattes) de communiquer avec leurs maĂźtres. Vous avez dit miaou ?

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LA GUERREAURA-T-EL

De tout temps, l’armĂ©e a Ă©tĂ© Ă  la pointe de la recherche et trĂšs souvent prĂ©curseur d’innovations technologiques qui ont rĂ©volutionnĂ© la science. Des catapultes des lĂ©gions romaines Ă  la nais-sance d’Internet, en passant par le dĂ©veloppement des armes nuclĂ©aires, chimiques et biolo-

giques, les Ă©tats-majors des armĂ©es du monde ont toujours Ă©tĂ© Ă  la recherche de l’arme qui leur donnerait la suprĂ©matie sur leurs adversaires. Aujourd’hui, dans les laboratoires secrets des

militaires, on développe déjà les armes de demain. PAR KARIM DRONET

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DES ÉTOILES LLE LIEU ?

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LES ITALIENS ONT INVENTÉ UN GILET QUI RÉAGIT À L’IMPACT DES BALLES EN SE GONFLANT INSTANTANÉMENT POUR STOPPER L’HÉMORRAGIE

La course aux armements a connu cette derniĂšre dĂ©cennie un net ra-lentissement. Crise Ă©conomique oblige, les gouvernements n’hĂ©sitent plus aujourd’hui Ă  puiser sur les budgets de la dĂ©fense, dont le taux

de croissance s’est rĂ©duit de maniĂšre drastique dans certains pays. A l’exception de la Chine, de la Russie et des Etats-Unis, la prolifĂ©ration des conventions internationales, la fi n de la Guerre froide et la crise Ă©conomique ont contribuĂ© Ă  la rĂ©duction des budgets de la dĂ©fense dans les pays europĂ©ens. A titre d’exemple, en France, en valeur absolue, le budget de la dĂ©fense est passĂ© d’un plus de 36 milliards d’euros en 1991 Ă  un plus de 29 milliards en 2002, pour remonter Ă  environ 32 milliards en 2010, soit le budget de 1981. En valeur relative, la dĂ©fense est passĂ©e de 14 % du budget de l’État français en 1981 Ă  9,5 % en 2010 et de 3,3 % du PIB Ă  1,7 %. Il faut dire aussi qu’en termes d’armes de destruction massive, les Ă©tats-majors disposent aujourd’hui d’un armement considĂ©rable, capable de ba-layer toute vie sur terre. DĂ©sormais, les Ă©tudes militaires se penchent davantage sur le dĂ©veloppement d’outils et d’in-novations permettant d’amĂ©liorer l’effi cacitĂ© des armĂ©es sur le champ de bataille. Michel Asencio, un ancien gĂ©nĂ©ral de corps d’armĂ©e aĂ©rien et chercheur associĂ© Ă  la Fondation pour la recherche stratĂ©gique, dĂ©clarait rĂ©cemment que les Ă©tats-majors ont dĂ©jĂ  Ă  leur disposition des armes trĂšs sophistiquĂ©es, parfaitement lĂ©-tales : « un simple fantassin peut aujourd’hui indiquer en toute simplicitĂ© une cible qui sera frappĂ©e dans les deux minutes par un avion, un hĂ©licoptĂšre ou une piĂšce d’artillerie. La prĂ©ci-sion atteint un niveau inĂ©galĂ© : il peut localiser un bĂątiment, un Ă©tage ou une fenĂȘtre Ă  prendre pour cible. Parmi les eff orts de recherche, il y a beaucoup d’aspects dĂ©fensifs. La dĂ©tection des engins explosifs improvisĂ©s reste une prioritĂ©. La dĂ©fense des hĂ©licoptĂšres contre les armes lĂ©-gĂšres en est une autre. La logistique reprĂ©sente aussi une discipline dans laquelle beaucoup de progrĂšs peuvent ĂȘtre eff ectuĂ©s : la piĂšce de re-change, la munition, le carburant pourraient arriver plus facilement auprĂšs du combattant ».Dans cet entretien, cet ancien haut gradĂ© de l’armĂ©e française rĂ©vĂšle aussi l’apparition des premiers camoufl ages intelligents dans les armĂ©es occidentales. La tenue du militaire

s’adapte et change de couleur, selon le terrain dans lequel il Ă©volue. Les Italiens ont mĂȘme inventĂ© un gilet qui rĂ©agit en cas de blessure. Si une balle touche le soldat qui le porte, il se gonfl e instantanĂ©ment pour stopper l’hĂ©mora-gie, en attendant les premiers secours. De leur cĂŽtĂ©, les AmĂ©ricains cherchent aujourd’hui Ă  dĂ©velopper des munitions intelligentes qui tou-chent Ă  coup sĂ»r leur cible. Mais plus que ces dĂ©veloppement intelligent des armements, la rĂ©fl exion des Ă©tats-majors s’oriente aujourd’hui vers l’intelligence artifi cielle.

QUAND LA RÉALITÉ REJOINT LA SCIENCE-FICTIONLes robots vont-ils demain envahir le champ de bataille ? La question ne date pas d’aujourd’hui, mais au fi l des annĂ©es, elle s’affi rme de plus en plus comme une possibilitĂ©. DĂ©jĂ  lorsque Do-nald Rumsfel Ă©tait secrĂ©taire d’Etat Ă  la dĂ©fense, en pleine guerre du Golfe, l’armĂ©e amĂ©ricaine

semblait avoir opter pour une guerre totale-ment technologique. Aujourd’hui, les AmĂ©ri-cains utilisent ainsi des drones armĂ©s capables de tirer sur une cible situĂ©e au Pakistan alors que l’engin est pilotĂ© depuis les Etats-Unis. Les drones commencent Ă  apparaĂźtre dans les autres secteurs. De premiers navires sans pi-lotes apparaissent. Des sous-marins aussi. En logistique aussi, l’automatisation fait son che-min.Les puces Ă©lectroniques envahissent Ă©gale-ment, de plus en plus, les Ă©quipements mili-taires. MĂȘme si les machines restent encore moins effi caces que les hommes au combat, les coĂ»ts imposĂ©s par l’entretien des Ă©quipements militaires obligent aujourd’hui les Ă©tats-majors Ă  revoir leurs prioritĂ©s. Selon un spĂ©cialiste amĂ©ricain des questions d’armement, au vu de l’évolution des dĂ©penses militaires, l’armĂ©e de l’Oncle Sam n’aura plus les moyens de payer les coĂ»ts d’entretien de ses avions en 2050. Il

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LS3, le robot de l’armĂ©e amĂ©ricaine, possĂšde des caractĂ©ristiques trĂšs intĂ©ressantes. D’une extrĂȘme prĂ©cision et bardĂ© de capteurs, il obĂ©it aux ordres vocaux de son leader, dĂ©cide seul de la meilleure trajectoire et peut se relever pour se remettre en marche. IdĂ©al pour les missions d’infi ltrations ou de dĂ©minage. En plus il ne saigne pas !

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faut ainsi savoir, Ă  titre d’exemple, que le coĂ»t de maintien en condition opĂ©rationnelle a Ă©tĂ© multipliĂ© par quatre entre le F-15 et le F-22 Raptor. Cet avion coĂ»te 60.000 euros par heure de vol. En France, le coĂ»t de l’heure de vol est passĂ© de 5.000 euros pour un Mirage 2000 Ă  10.000 euros pour un Rafale. Michel Asencio affi rme ainsi que « le combat de demain, c’est d’ĂȘtre capable de contenir les coĂ»ts de dĂ©velop-pement et surtout de soutien de ces matĂ©riels ».

L’INFORMATION, LE 4E POUVOIR DES MILITAIRESDans le futur, les enjeux de la guerre repose-ront certainement ainsi sur un recourt accru aux rĂ©seaux de tĂ©lĂ©communications. Les AmĂ©-ricains, plus que les EuropĂ©ens, dĂ©fendent une robotisation massive. DĂ©jĂ  la Russie construit aujourd’hui le plus grand polygone numĂ©rique du monde Ă  l’intention des unitĂ©s et sections des troupes terrestres et aĂ©roportĂ©es. Ce po-lygone permettra l’entraĂźnement simultanĂ© de 4.500 militaires. Ce champ de bataille vir-tuel pour l’infanterie, les forces de missiles, les blindĂ©s et les troupes aĂ©roportĂ©es, sera situĂ© dans la rĂ©gion de Nijni Novgorod sur une su-perfi cie de 100.000 hectares. Cet Ă©quipement comprend des appareils d’exercice, des classes informatisĂ©es, ainsi que des simulateurs de tir laser. Les simulateurs les plus rĂ©cents imitant les armes les plus modernes permettent ainsi de simuler, comme si vous y Ă©tiez, une vĂ©ri-table bataille terrestre. Les stratĂšges militaires mettent aujourd’hui l’accent sur la prĂ©paration des troupes au combat en milieu urbain. De-puis 2007, la population mondiale a dĂ©passĂ© 50% de citadins et les mĂ©galopoles de plus de 10 millions d’habitants vont se multiplier. Dans ces zones, oĂč s’enchevĂȘtrent les ruelles exiguĂ«s, les habitations de plusieurs Ă©tages, la libertĂ© de manƓuvres des militaires et leur effi cacitĂ© est restreinte. L’usage de la force doit ĂȘtre ciblĂ©e car

LA RÉFLEXION DES ÉTATS-MAJORS S’ORIENTE AUJOURD’HUI VERS L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

il n’est plus question aujourd’hui de raser des villes entiĂšres comme cela fut le cas pendant la Seconde Guerre mondiale. Les armĂ©es de de-main doivent donc se doter des Ă©quipements et des hommes capables de circonscrire une guĂ©rilla urbaine. L’espace, aussi, est un enjeu du futur. Les ca-pacitĂ©s des armĂ©es doivent dans ce domaine passer du stratĂ©gique au tactique. MĂȘme si les AmĂ©ricains semblent aujourd’hui avoir aban-donnĂ© l’idĂ©e d’un bouclier anti-missile spatial.

L’Initiative de dĂ©fense stratĂ©gique (IDS), dite aussi Guerre des Ă©toiles, fut un projet lancĂ© le 23 mars 1983 par le prĂ©sident Ronald Reagan durant la Guerre froide. Il s’agissait de rĂ©seaux de satellites dont le rĂŽle devait ĂȘtre la dĂ©tection et la destruction de missiles balistiques lancĂ©s contre les Etats-Unis, notamment par l’ennemi notoire de l’époque, l’empire soviĂ©tique. Un projet qui a dĂ©couragĂ© l’ennemi au point que lui-mĂȘme s’est transformĂ© : l’URSS n’ayant pas Ă  l’époque la puissance Ă©conomique nĂ©cessaire

pour tenir la distance. Elle a essayĂ© de se rĂ©for-mer par la cĂ©lĂšbre peresroika qui a entrainnĂ© sa disparition en tant que telle.En revanche, la bataille du renseignement, via satellite, bat son plein. L’objectif est dĂ©sormais d’apporter le maximum d’informations fi ables, en un minimum de temps, aux combattants dĂ©ployĂ©s sur le champ de bataille. Si prĂ©venir, c’est guĂ©rir, dans le domaine militaire l’antici-pation est considĂ©rĂ©e comme un atout stratĂ©-gique pour remporter la bataille. Dans sa lutte

contre le terrorisme, Washington s’est ainsi ap-puyĂ© sur les prĂ©cieuses informations recueillies par l’Agence amĂ©ricaine du renseignement, la NSA, pour localiser et espionner les rĂ©seaux terroristes. MĂȘme si les rĂ©vĂ©lations de l’agent Snowden ont mis quelque peu Ă  mal l’image de l’AmĂ©rique, espionne du monde, Big Brother a encore de beaux jours devant lui car celui qui dĂ©tient l’information, dĂ©tient non seulement le 4e pouvoir, mais aussi les clĂ©s de la victoire. n

LES AMÉRICAINS UTILISENT DES DRONES ARMÉS CAPABLES DE TIRER SUR UNE CIBLE SITUÉE AU PAKISTAN ALORS QUE L’ENGIN EST PILOTÉ DEPUIS LES ETATS-UNIS

Les lasers de combat sont prĂȘts Ă  entrer en action. Le canon laser Ă©quipera dĂšs 2014 l’USS Ponce. Economique -moins d’1 € le tir- puisqu’il fonctionne avec une source d’énergie trĂšs faible, le laser se propage Ă  la vitesse de la lumiĂšre et son action est immĂ©diate. Plus besoin de calculs, il suffi t de viser la cible et de la suivre jusqu’à destruction.

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CRYOGÉNISATION, LES CLÉS DE L’IMMORTALITÉ ?

L’ espoir de la vie Ă©ternelle pousserait certains Ă  opter pour un congĂ©lateur comme cercueil. PersuadĂ©s que s’il est dĂ©sormais possible de congeler du sperme, des ovules ou des embryons

et de les maintenir en vie, les progrĂšs de la science permettront de le faire avec un corps entier. Ces adeptes de la cryogĂ©nisation dont d’éminents scientifi ques programment, au nom de

découvertes encore incertaines, leur réveil
 au 25e siÚcle ! PAR LAURELINE SAVOYE

I l Ă©tait une fois la Belle au Bois Dormant
 TombĂ©e dans un profond sommeil, elle ne se rĂ©veilla que quelques annĂ©es plus tard sans rien n’avoir perdu de sa beautĂ© et de sa jeunesse. Ce conte de Charles Per-rault en a fait rĂȘvĂ© plus d’un, et notamment de nom-breux crybiologistes qui espĂšrent ressusciter un corps

dĂšs que les progrĂšs technologiques nĂ©cessaires auront Ă©tĂ© accomplis. Les plus ambitieux espĂšrent que la mĂ©decine sera en mesure d’assurer la vie Ă©ternelle.Ironie de l’histoire, Walt Disney, qui avait adaptĂ© Ă  l’écran le cĂ©lĂšbre conte, a demandĂ© Ă  ĂȘtre cryogĂ©nisĂ© aprĂšs sa mort


UN RÊVE
 POUR L’INSTANT ESSENTIELLEMENT AMÉRICAIN Aujourd’hui, 150 AmĂ©ricains dĂ©cĂ©dĂ©s ont confi Ă© leur corps Ă  quatre instituts de cryogĂ©nisation. La mĂ©thode : les corps sont maintenus, tĂȘte en bas, dans de l’azote liquide Ă  – 196 degrĂ©s aprĂšs que des antigels ont Ă©tĂ© injectĂ©s. Le principe re-pose sur certaines lois scientifi ques observĂ©es dans le monde animal. Durant l’hiver, certains animaux n’hĂ©sitent pas Ă  se laisser congeler entiĂšrement et se rĂ©veillent au moment du dĂ©gel. C’est le cas de certaines espĂšces de grenouille ainsi qu’une race de salamandre vivant en SibĂ©rie. En 1964, un AmĂ©ricain, Robert Eltinger, a pensĂ© que cette technique de conservation pouvait ĂȘtre appliquĂ©e aux ĂȘtres humains. Dans son livre « l’Homme est-il immortel ? », il est le pre-mier Ă  employer le terme de « cryogĂ©nisation ». Depuis, des sociĂ©tĂ©s en ont fait leur business. Parmi elles, l’Alcor Life Extension Foundation, crĂ©Ă©e en 1972, se targue d’avoir dĂ©jĂ 

congelĂ© 117 patients et de compter prĂšs de 1.000 membres prĂȘts Ă  rejoindre le programme; une fois passĂ©e la grande faucheuse.James Bedford fut le premier patient Ă  faire le grand saut cryogĂ©nique. AmĂ©ricain professeur de psychologie, il est congelĂ© quand un cancer l’emporte en 1967. Depuis, sans parler d’engouement, plusieurs ont dĂ©cidĂ© de tenter l’aven-ture, Ă  leur mort ! Actuellement, l’ancienne star du baseball, Ted williams, est en suspension.En juin dernier, trois Ă©minents chercheurs de l’UniversitĂ© d’Oxford, Nick Bostrom, Anders Sandberg et Stuart Arms-trong, ont prĂ©vu de se faire cryogĂ©niser Ă  leur mort dans l’espoir de ressusciter lorsque les progrĂšs de la science le per-mettront. Deux d’entre eux confi eront uniquement leur tĂȘte Ă  la science, l’option de la neuroconservation Ă©tant moins coĂ»teuse. Anders Sandberg est persuadĂ© que les prochaines gĂ©nĂ©rations dĂ©velopperont des techniques capables de lui rat-tacher un nouveau corps, et de « tĂ©lĂ©charger » ses souvenirs et sa personnalitĂ©... Une Ă©ventuelle rĂ©surrection mais Ă  quel prix ? Stuart Armstrong affi rme que cette congĂ©lation future lui coĂ»te 30 euros par mois pour couvrir les frais de cryocon-servation. Au total, globalement, le coĂ»t varie entre 20.000 et 150.000 euros, une somme versĂ©e ad vitam aeternam.

LA CRYOGÉNISATION COÛTERAIT ENTRE 20.000 ET 150.000 EUROS

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AU-DELÀ DES CONSIDÉRATIONS SCIENTIFIQUES, SE POSE LA QUESTION ÉTHIQUE

TROIS ÉMINENTS CHERCHEURS D’OXFORD, ONT PRÉVU DE SE FAIRE CRYOGÉNISER À LEUR MORT, DANS L’ESPOIR DE RESSUSCITER LORSQUE LA SCIENCE LE PERMETTRAFROZEN OR NOT FROZEN, THAT IS THE QUESTION?Tous ces adeptes de la cryogĂ©nisation ont Ă©tĂ© congelĂ©s quand leurs certifi cats de dĂ©cĂšs ont Ă©tĂ© signĂ©s, parfois rongĂ©s par la maladie. Comment donc espĂ©rer rĂ©veiller un ĂȘtre dĂ©-clarĂ© cliniquement mort et lui assurer que sa nouvelle vie ne comportera aucunes sĂ©-quelles de ce passage Ă  la glace? Si la science parvient Ă  trouver les moyens de maintenir les cellules du corps humain intactes mal-grĂ© la congĂ©lation et la dĂ©congĂ©lation, si des techniques comme le clonage ou la nano-technologie permettent la rĂ©gĂ©nĂ©ration des tissus endommagĂ©s, reste qu’il est diffi cile de concevoir que le mort puisse renaĂźtre parmi les vivants. Le seul Ă  l’avoir fait est Ă©rigĂ© au rang de Dieu par les chrĂ©tiens
 Et si la congĂ©lation n’était lĂ  qu’un nouveau rite funĂ©raire? AprĂšs l’inhumation, l’incinĂ©ration, voici la cryogĂ©nisation. Les Pharaons Ă©taient bien embaumĂ©s. Durant l’Egypte antique, on considĂ©rait que personne ne pouvait accĂ©der Ă  la vie Ă©ternelle si le corps n’était pas conservĂ©. Le frigo devient donc un nouveau tombeau qui permettra aux corps de traverser intacts les millĂ©naires, Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre le lit d’hibernation vers des lendemains plus radieux.Au-delĂ  des considĂ©rations scientifi ques, se pose la question Ă©thique. La cryogĂ©nisa-tion et sa fi nalitĂ©, la vie Ă©ternelle, sont-elles souhaitables ? Comment garantir que la mĂ©-moire du crypatient sera intacte ? Comment savoir de quelle façon son cerveau rĂ©agira au rĂ©veil ? Comment prĂ©voir sa rĂ©action Ă  un environnement inconnu ? Qui peut assu-rer que derriĂšre l’excitation de l’immortalitĂ©

ne se cache pas l’angoisse d’avoir contredit les lois de la nature que sont la mort et le rapport gĂ©nĂ©rationnel ?Des questionnements qui continuent d’ali-menter les fantasmes, inspirant le cinĂ©ma. Forever Young avec Mel Gibson, Abre los ojos de Alejandro Amenabar (dont Came-

ron Crowe a fait un remake intitulé Vanilla Sky) abordent le sujet de la cryonie. Selon les rumeurs, Britney Spears et Paris Hilton auraient émis le souhait de se faire cryogéniser. Les détracteurs du procédé ont là un nouvel argument : le futur aura-t-il réellement besoin de leurs talents ! n

L’ Alcor Life Extension Foundation, fondĂ©e en 1972, se targue d’avoir dĂ©jĂ  congelĂ© 117 patients et de compter prĂšs de 1.000 membres prĂȘts Ă  rejoindre le programme, une fois passĂ©e la grande faucheuse !

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CES NOUVELLES ÉNERGIES QUI VONT FAIRE PARLER D’ELLES

AnnoncĂ©e depuis des dĂ©cennies, la fi n des Ă©nergies fossiles se prĂ©cise, alors que la demande mondiale ne cesse d’augmenter. Quelles seront les alternatives pour demain ?

Solaire, éolien, biomasse, géothermie, gaz de schiste
 Les puissances mondiales et la communauté scientifi que poussent les recherches mais les avis divergent. Un futur plus

lointain nous rĂ©serve aussi d’autres surprises. Tour d’horizon. PAR KARIM DRONET

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Dans cette course Ă  l’énergie, ac-cĂ©lĂ©rĂ©e par l’épuisement annon-cĂ© des Ă©nergies fossiles, dans au maximum une quarantaine d’annĂ©es, les biocarburants et l’exploitation du gaz de schiste

sont aujourd’hui au cƓur des rĂ©fl exions de la communautĂ© scientifi que et des dĂ©cideurs de la planĂšte. Ainsi, pour contribuer Ă  diver-sifi er les sources d’énergie, notamment dans les transports qui dĂ©pendent Ă  97 % du pĂ©-trole, et rĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă  eff et de serre, les biocarburants, c’est-Ă -dire ces carburants d’origine vĂ©gĂ©tale, off rent un rĂ©el potentiel. Ces biocarburants, de 1re gĂ©nĂ©ra-tion, sont produits Ă  partir de sources agri-coles variĂ©es. Betterave, cĂ©rĂ©ales, colza, tour-nesol, palme, soja. Le biodiesel, (pour les moteurs diesel) est issu de la transformation chimique de plantes contenant de l’huile (colza, tournesol, soja, palme). L’éthanol, pour les vĂ©hicules Ă  essence, est un alcool produit par fermentation du sucre issu de plantes (betteraves, cannes Ă  sucre), ou de l’amidon extrait de cĂ©rĂ©ales (blĂ©, maĂŻs).Mais, si des biocarburants de premiĂšre gĂ©-nĂ©ration Ă  ceux du futur, les fi liĂšres sont nombreuses, leurs bilans Ă©nergĂ©tique et en-vironnemental font, cependant, aujourd’hui l’objet de nombreux dĂ©bats. Seuls les biocar-burants compatibles avec un dĂ©veloppement durable devraient ĂȘtre ainsi promus. Par exemple, la fabrication de biodiesel Ă  partir d’huile de palme permet, certes, de rĂ©duire de façon importante les Ă©missions de CO2 par rapport aux ressources fossiles. Mais si les palmiers sont cultivĂ©s sur des terres ar-rachĂ©es Ă  la forĂȘt tropicale, le bilan devient alors trĂšs nĂ©gatif. A l’heure actuelle, les chercheurs mettent au point une deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration de biocarburants qui utilisent une matiĂšre vĂ©gĂ©tale diff Ă©rente de la 1re gĂ©-nĂ©ration : vĂ©gĂ©taux non alimentaires comme les rĂ©sidus agricoles, les dĂ©chets forestiers, la paille, etc. Enfi n, des biocarburants de 3me gĂ©nĂ©ration sont aussi Ă  l’étude au niveau de la recherche en laboratoire. Il s’agit de

la production de biodiesel Ă  partir d’algues lipidiques qui produisent naturellement des lipides (huiles). C’est aujourd’hui la fi liĂšre prĂ©sentant le plus d’intĂ©rĂȘt. Leur teneur en huile pouvant aller jusqu’à 80 % de la ma-tiĂšre sĂšche et leur croissance nĂ©cessitant aussi d’importantes quantitĂ©s de CO2 per-mettrait Ă©galement de recycler le CO2 Ă©mis par des usines ou des centrales thermiques. Les rĂ©sultats obtenus laissent Ă©galement es-pĂ©rer une productivitĂ© Ă©levĂ©e estimĂ©e entre 20 et 80 tonnes d’huile par hectare, contre deux Ă  peine pour le colza ou le tournesol. Enfi n, les algues se dĂ©veloppent beaucoup plus rapidement que les plantes terrestres et sur des surfaces qui n’entrent pas, ou peu, en compĂ©tition avec les surfaces agricoles.

LE GAZ DE SCHISTE, LE DÉBAT FAIT RAGEAlertĂ© par les dĂ©gats environnementaux provoquĂ©s par l’exploitation du gaz de schiste au Dakota du Nord, les mouvements Ă©cologistes fustigent le recours au gaz de schiste pour pallier l’extinction programmĂ©e des Ă©nergies fossiles traditionnelles comme le pĂ©trole. En France, si les fervents partisans de la com-pĂ©titivitĂ© et de l’énergie Ă  tout prix sont en train de mener un lobbying d’enfer pour que la fracturation hydraulique soit autorisĂ©e et que l’on exploite cette «manne (soi-disant) providentielle»: le gaz de schiste, le pays balance entre espoir Ă©nĂ©rgĂ©tique et prin-

LE GAZ DE SCHISTE UNE RESSOURCE MIRACLE POUR LES UNS, UN CAUCHEMAR ÉCOLOGIQUE POUR LES AUTRES

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cipe de prĂ©caution. Et mĂȘme si, aujourd’hui, les Etats-Unis visent l’indĂ©pendance Ă©nergĂ©tique grĂące Ă  l’exploitation du gaz de schiste, beaucoup d’autres pays semblent y renoncer tant l’impact sur l’environnement et les populations locales est considĂ©rable. Cette industrie utilise, en eff et, la technolo-gie de la fracturation hydraulique qui contamine les nappes phrĂ©atiques et fait courir aussi aux habitants des risques de maladies graves. L’exploitation du sable de schiste dans la rĂ©-gion canadienne d’Alberta a notamment mis en lumiĂšre les ravages provoquĂ©s par cette industrie. Pour exploiter le gaz de schiste, il faut ainsi injecter une grande quantitĂ© d’eau (15 Ă  35 millions de litres par cycle de fracturation) sous de fortes pressions avec du sable et des produits chimiques (entre 500 et 600 produits chimiques), dont plus de trente sont haute-ment toxiques et cancĂ©rigĂšnes. Une technologie remise en question car elle encourage le gaspillage d’eau au moment oĂč la pression sur les ressources d’eau ne cesse d’augmenter en raison de la croissance de la population mondiale. «Actuel-lement, nous constatons que plusieurs rĂ©gions connaissent dĂ©jĂ  une pression sur les ressources en eau Ă  cause de l’ex-plosion dĂ©mographique mondiale», a soulignĂ© Stephan Sin-ger, responsable des politiques Ă©nergies au Fonds mondial pour la nature (WWF). Le Maroc n’échappera pas lui aussi

au dĂ©fi cit hydrique. Selon le Plan bleu, il devrait aff ronter une pĂ©nurie d’eau Ă  l’horizon 2025. De-vant les inquiĂ©tudes suscitĂ©es par le lan-cement de projets d’exploration de gaz

de schiste au Maroc, le ministre de l’Energie et des Mines, Fouad Douiri, a tentĂ© de rassurer l’opinion publique sur cette question : «Nous sommes loin de l’exploration et de l’exploi-tation du gaz de schiste. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase des Ă©tudes gĂ©ologiques. Ces Ă©tudes nous permet-tront d’évaluer les potentialitĂ©s nationales dans ce domaine». Vu le danger reprĂ©sentĂ© par les gaz de schiste, plusieurs pays comme l’Allemagne, la Suisse, la SuĂšde, le QuĂ©bec, l’État de New York ont interdit son exploitation sur leur territoire. En France, le prĂ©sident François Hollande a Ă©galement dĂ©clarĂ©, lors de sa confĂ©rence de presse Ă  l’occasion de la FĂȘte nationale du 14 juillet dernier : «Tant que je suis prĂ©sident, il n’y aura pas d’exploration de gaz de schistes». Aujourd’hui, les rĂ©serves sont pourtant estimĂ©es Ă  environ 5.000 milliards de mĂštres cubes dans l’Hexagone et entre 380.000 et 920.000 dans le monde. A contrario, d’aprĂšs la British Petroleum Statistical Review, la durĂ©e des rĂ©serves des Ă©nergies fossiles rĂ©pertoriĂ©es Ă  ce jour s’amenuise. Elle serait de 42 ans pour le pĂ©trole et de 62 ans pour le gaz naturel. La question du gaz de schiste continuera donc d’animer les dĂ©bats pendant encore quelques temps.n

LE MAROC N’ÉCHAPPERA PAS LUI AUSSI AU DÉFICIT HYDRIQUE

RESSOURCES

DES ARBRES LAMPADAIRES POUR ÉCLAIRER LES RUESL’éclairage public reprĂ©senterait 8% de la consommation Ă©lectrique mon-diale. Des Ă©tudiants de l’UniversitĂ© de Cambridge ont imaginĂ© le remplace-ment des lampadaires par... des arbres lumineux. Ils ont rĂ©ussi Ă  introduire dans le gĂ©nome d’une cellule un gĂšne issu de la luciole ou d’une bactĂ©rie sous-marine, capable de restituer de la lumiĂšre. D’aprĂšs leurs calculs, un arbre ne consommerait ainsi que 0,02% de l’énergie qu’il absorbe par photosynthĂšse pour Ă©mettre suffi samment de lumiĂšre afi n d’éclairer une rue. Le projet a remportĂ© le premier prix de la compĂ©tition IGEM 2010, qui rĂ©compense les meilleures innovations en gĂ©nie gĂ©nĂ©tique.

UNE MINI-CENTRALE NUCLÉAIRE À DOMICILEL’énergie nuclĂ©aire est Ă  l’heure actuelle rĂ©servĂ©e Ă  la production de grande ampleur. La puissance d’une centrale classique s’élĂšve ainsi Ă  plus de 1.000 mĂ©gawatts et sa construction se chiffre en milliards d’euros. D’oĂč l’idĂ©e de dĂ©velopper des «mini-centrales», adaptĂ©es Ă  une production dĂ©centralisĂ©e ou mĂȘme rĂ©servĂ©es Ă  des groupes privĂ©s. La sociĂ©tĂ© amĂ©-ricaine Babcock & Wilcox Nuclear Energy a ainsi mis au point un modĂšle compact de rĂ©acteur (150 MW), dont la commercialisation pourrait dĂ©bu-ter avant 2020. Il serait aussi possible de mettre en rĂ©seau ces rĂ©acteurs pour fabriquer une centrale en «kit» et rĂ©duire ainsi considĂ©rablement les coĂ»ts de construction. En 2050, le nuclĂ©aire sera-t-il Ă  portĂ©e de tous ? Possible !

LA CENTRALE SOLAIRE SPATIALE EST DÉJÀ SUR LES RAILSDDans l’espace, le rayonnement solaire est 8 Ă  10 fois plus important que sur Terre. De plus il n’est occultĂ© ni par l’atmosphĂšre ni par les nuages et garantit un ensoleillement constant. D’oĂč l’idĂ©e de dĂ©ployer des panneaux solaires dans l’espace. L’énergie gĂ©nĂ©rĂ©e serait transformĂ©e en faisceau laser ou micro-ondes pour ĂȘtre acheminĂ©e vers la Terre, oĂč elle serait cap-tĂ©e par une antenne parabolique. Deux projets sont en cours : il s’agit d’un projet amĂ©ricain et de celui de l’Agence spatiale japonaise (Ajax) dĂ©velop-pĂ© en collaboration avec Mitsubishi Heavy Industries (MHI). Cette derniĂšre table sur une premiĂšre entrĂ©e en service en 2030 et chiffre son coĂ»t Ă  21 milliards de dollars. Le principal problĂšme n’est pas technique mais celui de l’encombrement de l’orbite gĂ©ostationnaire. Il convient ainsi de rĂ©gler la problĂ©matique des nombreux satellites gravitant dans l’espace.

LA FUSION NUCLÉAIRE, LE GRAAL DU SECTEUR ÉNERGÉTIQUEUne source d’énergie presque inĂ©puisable, sans dĂ©chets et sans gaz Ă  effet de serre, c’est le graal de la fusion nuclĂ©aire. Et il se trouve en France, Ă  Cadarache, oĂč se conçoit le plus grand rĂ©acteur de fusion du monde : ITER, qui devrait entrer en service en 2018. Dans une enceinte en forme d’anneau mise sous ultravide, les particules seront chauffĂ©es Ă  environ 1 million de degrĂ©s et chargĂ©es de plasma. Elles entreront alors en fusion, libĂ©rant de l’énergie. Si le processus de fusion arrive Ă  ĂȘtre stabilisĂ©, la phase de pro-duction pourra ĂȘtre envisagĂ©e. Les scientifi ques d’ITER estiment possible la commercialisation d’électricitĂ© issue de la fusion dĂšs 2040.

LES PISTES FUTURISTES

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LES SCÉNARIOS PROPOSÉS PAR LA FRANCE L’ÉNERGIE DE DEMAIN

NuclĂ©aire, gaz de schiste, Ă©nergies renouvelables ou rĂ©-duction de la consommation : le Conseil français du dĂ©-bat sur la transition Ă©nergĂ©tique a explorĂ© quatre scĂ©na-rios de transition Ă©nergĂ©tique d’ici Ă  2050.

R Ă©unis le 23 mai dernier Ă  Paris, les 50 membres du groupe de travail chargĂ© d’étudier «les trajectoires pour atteindre le mix Ă©nergĂ©tique en 2025» ont

certes affi ché leurs désaccords et leurs divergences mais ont aussi trouvé plusieurs points de consensus et sont ainsi par-venus à défi nir quatre hypothÚses de transition énergétique. Bien diff érenciées par la place accordée au nucléaire, mais aussi par la vision que les uns et les autres peuvent avoir des changements de société dans les quarante prochaines an-nées.

LE SCÉNARIO «DÉCARBONATATION »Soutenu par l’UFE et les distributeurs d’électricitĂ©, ce scĂ©-nario s’appuie d’abord sur l’hypothĂšse que la rĂ©novation de l’habitat est modĂ©rĂ©e et tempĂšre seulement les besoins de chauff age. Les vĂ©hicules Ă©lectriques et les transports en commun couvrent 40 % des besoins en mobilitĂ©. Dans ce cadre, la demande en Ă©lectricitĂ© double ! Pour rĂ©pondre Ă  ces besoins, la production s’appuie sur un doublement du parc nuclĂ©aire qui garde ainsi son hĂ©gĂ©monie, une crois-sance limitĂ©e des Ă©nergies renouvelables et une stabilitĂ© de la consommation de pĂ©trole, gaz et charbon. Les gaz de schiste sont Ă©videmment exploitĂ©s.

LE SCÉNARIO «DIVERSIFICATION »Cette hypothĂšse dĂ©veloppĂ©e par l’Alliance nationale de coor-dination de la recherche sur l’énergie et RĂ©seau de trans-port de l’électricitĂ© (RTE) table sur une croissance modĂ©rĂ©e, un prix de l’énergie Ă©levĂ© et l’introduction d’une fi scalitĂ© du type taxe carbone. Dans ce scĂ©nario, 70 % du parc immobi-lier sont rĂ©novĂ©s en 2050. En matiĂšre de chauff age, le fuel et le gaz sont remplacĂ©s par le bois et les rĂ©seaux de cha-leur. Les besoins de dĂ©placement des personnes augmentent faiblement mais le transport de marchandises double. Les

véhicules de 2 litres au cent kilomÚtres se généralisent dÚs 2030 et un quart des voitures sont électriques. En matiÚre de production, les investissements sont trÚs importants dans les énergies renouvelables et les réseaux de distribution de cette énergie. Le parc nucléaire est partiellement renouvelé.

LE SCÉNARIO « EFFICACITÉ »Ce scĂ©nario portĂ© par l’ADEME et en partie par l’ANCRE utilise les mĂȘmes paramĂštres de croissance Ă©conomique que la «diversifi cation» mais accentue les politiques de rĂ©duction des consommations d’énergie. Ainsi, l’étalement urbain est maĂźtrisĂ©, le programme de rĂ©novation des bĂątiments est plus ambitieux et la diff usion des appareils Ă©lectriques peu gour-mands amĂšne Ă  rĂ©duire de moitiĂ© la demande des mĂ©nages et du tertiaire tandis que le dĂ©veloppement des transports en commun rĂ©duit l’utilisation de la voiture individuelle. L’usage de l’électricitĂ© se dĂ©veloppe pour reprĂ©senter 40 % du bilan Ă©nergĂ©tique (notamment par l’essor du vĂ©hicule Ă©lec-trique). La part accordĂ©e aux Ă©nergies renouvelables devient prĂ©pondĂ©rante, la proportion du nuclĂ©aire est rĂ©duite et le recours aux Ă©nergies fossiles diminue signifi cativement.

LE SCÉNARIO « SOBRIÉTÉ »C’est l’hypothĂšse portĂ©e par les ONG environnementales. C’est celle qui pousse le plus loin les logiques de transition Ă©nergĂ©tique  : sobriĂ©tĂ© de la consommation fi nale en biens et services, dĂ©veloppement de l’agriculture biologique et des circuits courts, arrĂȘt progressif de l’étalement urbain. Ce scĂ©-nario s’appuie beaucoup sur la volontĂ© de changement des individus, nettement moins marquĂ©e dans les autres scĂ©na-rios. La volontĂ© de sobriĂ©tĂ© est autant individuelle que col-lective : rĂ©duction des vitesses des voitures, biens durables, urbanisme dense, dĂ©veloppement du recyclage et de l’éco-logie industrielle, relocalisation des productions, rĂ©novation lourde de tous les bĂątiments. C’est Ă©videmment le schĂ©ma le plus radical de sortie du nuclĂ©aire (possible dĂšs 2034 selon Negawatt avec une pĂ©riode de transition assurĂ©e par le gaz). Les Ă©nergies renouvelables assurent la grande part de la pro-duction d’électricitĂ©. n

Obtobre 2013 63

Ph. D

R

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DUALSUN C’est un nom commercial pour dĂ©signer un panneau solaire hybride photo-voltaĂŻque et thermique en mĂȘme temps. Il permet de produire Ă  la fois de l’électricitĂ© et de l’eau chaude. Conçu et commercialisĂ© par la sociĂ©tĂ© Solaire 2G, cette technologie breve-tĂ©e est promise Ă  un bel avenir.

BIONIQUE Etude des systĂšmes biologiques chez les ĂȘtres vivants visant Ă  dĂ©velopper des technologies adaptables Ă  l’organisme. Les premiers yeux bioniques greff Ă©s sur des aveugles leur ont permis de retrouver partiel-lement la vue.

TWITTER Envoyer des tweets avec Twitter. Traduit en français ou en arabe (gazouillis), ça ne fait pas du tout sĂ©rieux
 surtout quand des tĂȘtes de linottes s’amusent avec (cĂ©lĂšbre aff aire des deux amies du prĂ©sident Hollande).

SOLAR IMPULSE Nom commercial de l’avion fonctionnant sans carburant. PropulsĂ©

par l’énergie solaire, il est capable de voler de jour comme de nuit. Il Ă©tait de passage au Maroc en juin 2012. On le voit ici avec ses deux pilotes, sur la gauche en costume, Mus-tapha Bakkouri de Masen. Un tour du monde est prĂ©vu en 2015 .

ORDINATEUR QUANTIQUE C’est une su-per-machine avec des capacitĂ©s de calcul non encore imaginables, mais qui sera toute petite.

LEXIQUE

LE FUTUROLOGUE DICOLe futur a aussi ses mots. Pour faire face à ces néologismes linguistiques et rester « on touch »,

voici un fl orilùge des mots de demain. PAR JÉRÉMIE BOURRUT

DRONALISTE Journaliste qui utilise un drone pour eff ectuer ses reportages. Le nom a Ă©tĂ© of-fi cialisĂ© au printemps 2013 Ă  Paris par l’associa-tion professionnelle Global Editors Network.

POWERPOINTITE Maladie contagieuse, dont le virus est prĂ©sent dans les salles de rĂ©u-nion et de confĂ©rence. Elle se dĂ©clare quand l’orateur fait un usage immodĂ©rĂ© et addictif de son PowerPoint.

NANOTECHNOLOGIE Technologie dont la taille caractĂ©ristique est extrĂȘmement petite : elle se mesure en nanomĂštre, soit 0,000.000.001 mĂštre, soit 10.000 fois plus petit qu’un cheveu. A Rabat, il y a une pĂ©piniĂšre, aidĂ©e par la CDG et le ministĂšre de l’Industrie, pour les start-up de ce domaine tout Ă  fait nouveau. On s’en sert dĂ©jĂ  pour enrichir des cosmĂ©tiques et des pom-mades mĂ©dicales. On pense que les nanoparti-cules pourront par exemple dĂ©truire un virus en l’attaquant physiquement. En attendant, on lira avec des frissons de dĂ©lice le roman de Mi-chael Crichton «La proie», chez Pocket.

BLACK-OUT Le cauchemar des techni-ciens! C’est quand plus rien ne fonctionne : on ne peut pas recourir Ă  la technologie pour rĂ©soudre le problĂšme technologique
 A l’heure oĂč nous mettions sous presse, le plus gros black-out est celui de la compagnie de tĂ©lĂ©com française, Orange: c’était le blocage total, y compris pour des organes de sĂ©curitĂ©, si bien que le gouvernement lui-mĂȘme a dĂ» se fendre d’une dĂ©claration.

Ph. L

’Eco

nom

iste

SCUPIDITÉ MĂ©lange de cupiditĂ© et de stupiditĂ© qui aboutit Ă  la bĂȘtise collective. Pas encore entrĂ© dans le dictionnaire, mais pourtant trĂšs usitĂ© dans les milieux politiques. Est certainement Ă  l’origine de la crise fi nanciĂšre mondiale.

uuu

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HASHTAGS : Apparu avec les rĂ©seaux so-ciaux, le hashtag est un marqueur (en bon français « la marque du hachage»  ce qui ne veut rien dire !), commençant par le symbole # (Ă  ne pas confondre avec le signe musical «diĂšse», qui s’écrit penchĂ©). # s’emploie pour signaler qu’en appuyant lĂ -dessus, on aura des infos supplĂ©mentaires. COGNITIQUE DĂ©fi ni en 1983 par Jean-Mi-chel Truong Ă  partir des termes « connais-sance » et « automatique », la cognitique dĂ©signe « la science du traitement automa-tique de la connaissance et des relations entre l’Homme et les technologies de l’information et de la communication ». Une curiositĂ©: bien qu’une Ă©cole d’ingĂ©nieur française de Bor-deaux en ait fait sa spĂ©cialitĂ©, la cognitique n’est toujours pas dans le dictionnaire!

CRYOGÉNIE DĂ©signe l’étude des cryo-tempĂ©ratures, tempĂ©ratures infĂ©rieures Ă  153°C, afi n d’en comprendre les phĂ©nomĂšnes physiques. Outre ses applications actuelles dans le domaine de la supraconductivitĂ© ou du stockage de gaz liquĂ©fi Ă©s, la cryogĂ©nie permet Ă©galement de ralentir les rĂ©actions chimiques. Et il y a des gens assez malins pour vendre, trĂšs cher, des places surgelĂ©es, avec la promesse de rĂ©chauff er l’acheteur dans un siĂšcle


TÉLÉPORTATION Moyen de transport permettant de faire disparaĂźtre une personne ou une chose pour la transporter instantanĂ©-ment ailleurs. Pour l’instant, la tĂ©lĂ©portation est rĂ©servĂ©e aux photons, des particules lumi-neuses, infi niment petites.

ALUNIR Se poser sur le sol de la Lune. La Lune est privilĂ©giĂ©e, puisque ni l’acadĂ©mie française, ni le dictionnaire ne reconnaissent le terme «amarsissage» pour la planĂšte Mars. Pourtant il y a eu des tas d’amarsissages: les sondes Curiosity, Phoenix


HOLOGRAMME Selon le Larousse, l’ho-logramme est un « clichĂ© photographique transparent ayant enregistrĂ© un phĂ©nomĂšne de diff raction de la lumiĂšre au contact d’un ob-jet Ă  trois dimensions, et qui, illuminĂ© sous un certain angle par un faisceau de lumiĂšre, resti-tue une image en relief de l’objet photographiĂ©.

» Vous aurez bien Ă©videmment devinĂ© qu’il s’agit en fait d’une image en trois dimensions, fl ottant dans l’air, tout simplement !

EXOPLANÈTE PlanĂšte, hors de notre sys-tĂšme solaire, en orbite autour d’une Ă©toile autre que le soleil. De toute façon c’est trop loin.

PICOPROJECTEUR VidĂ©oprojecteur de trĂšs petite taille, pouvant tenir dans la main. GrĂące Ă  la course Ă  la miniaturisation, ces picoprojec-teurs pourront ĂȘtre intĂ©grĂ©s directement dans vos Smartphones pour en partager le contenu.

INTERSIDÉRAL Du latin sideralis, «relatif aux astres» donc, intersidĂ©ral signifi e entre deux astres ! Pour mĂ©moire, le verbe sidĂ©rer et le nom sidĂ©rurgie ont la mĂȘme origine, qui vient de mĂ©tĂ©ores tombĂ©s sur terre et qui Ă©taient Ă  certains endroits la seule source de mĂ©tal
 On dit mĂȘme qu’en tombant sur la tĂȘte des gens, ces mĂ©tĂ©ores les frappaient de
 sidĂ©ration ! Non, ça c’est faux ; c’est sim-plement parce ces mĂ©tĂ©ores tombaient d’entre les Ă©toiles.

HUMANOÏDE De forme humaine. De P1 (1993) Ă  Nao (2006) en passant par Asimo (2005), les robots humanoĂŻdes se multiplient et deviennent de plus en plus intelligents. DĂ©-sormais capables de vous reconnaĂźtre lorsque vous rentrez chez vous ou bien de vous don-ner la mĂ©tĂ©o, ils seront d’une vĂ©ritable aide au

quotidien. En attendant de prendre le pou-voir sur les vrais humains, ils donnent des sujets infi nis pour les romans et les fi lms de science-fi ction.

GOOGLER Faire des recherches avec Google, le plus célÚbre des moteurs de re-cherche sur internet. On parle aussi de Google-mania pour les addicts.

DOMOTIQUE C’est pour faire fonctionner la maison Ă  distance : fermer les volets, mettre le cafĂ© en route, brancher les camĂ©ras de sur-veillance. On ne sait pas encore si on pourra caresser le chat aussi.

RÉALITÉ AUGMENTÉE Environnement gĂ©nĂ©rĂ© par ordinateur dans lequel cohabitent des Ă©lĂ©ments virtuels avec le monde qui nous entoure.

3D Technologie permettant de prendre en compte les trois dimensions : hauteur, largeur et profondeur. De plus en plus utilisĂ©e dans l’indus-trie cinĂ©matographique : regarder des vidĂ©os en 3D au cinĂ©ma ou mĂȘme devant votre tĂ©lĂ©viseur.

4D UtilisĂ©e dans le vocabulaire cinĂ©matogra-phique, la quatriĂšme dimension consiste Ă  ajouter la dimension sensorielle Ă  la 3D. En raison du coup de production de telle salle de cinĂ©ma, la 4D est principalement utilisĂ©e dans les parcs d’attraction.

SI ON NE PEUT PAS PRÉDIRE LE FUTUR, ON PEUT L’INVENTER. LES MÉTIERS DU FUTUR EN SONT LA PREUVE.

ENVERDEUR IntĂ©griste de l’écologie qui critique en permanence les pratiques pas assez vertes de ses prochesÉPOLLINFOTEUR Professionnel de l’élimination des informations virtuelles qui s’affi chent dans notre quotidien NOMADEUR SpĂ©cialiste des ressources humaines, chargĂ© de gĂ©rer le travail Ă  dis-tance des salariĂ©s.NOMOPHOBEUR Praticien spĂ©cialisĂ© dans le traitement de la nosophobie, ou la peur d’ĂȘtre sĂ©parĂ© de son mobile ou de tout outil connectĂ©.NUMÉROPHATE Praticien qui observe, analyse et soigne les dommages commis par l’abus du numĂ©riqueD’autres mĂ©tiers paraissent encore relever d’un avenir plus lointain, c’est le cas du lĂ©gisboteur, spĂ©cialiste du droit des robots, ou de l’eaubaniste, «urbaniste spĂ©cia-lisĂ© dans l’engloutissement des villes» qui, espĂ©rons-le, n’aura pas trop de travail.

LEXIQUE

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