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  • 1Marchs & Innovations 2020 dans lArtisanat et le Commerce de proximit

    Marchs &Innovationsdans lArtisanat et le Commercede proximit

    MODE

    D EMPLOI

    Avec le soutien de la Direction Gnrale des Entreprises

  • Institut Suprieur des Mtiers mars 2015 ISBN 2-911042-44-1

  • 3Marchs & Innovations 2020 dans lArtisanat et le Commerce de proximit

    prface de Mme carOLe deLGaSecrtaire dtat charge du Commerce, de lArtisanat, de la Consommation et de lconomie Sociale et Solidaire

    Notre modle de croissance connat aujourdhui de profondes mutations, la fois cologique, numrique, conomique et thique, qui touchent les entreprises de lartisanat et du commerce de proximit. Cela les oblige sapproprier de nouvelles technologies et de nouvelles normes en vigueur, sadapter aux nouvelles formes de promotion, aux nouvelles manires de sorganiser, de fabriquer et de vendre. Aider ces entreprises souvent petites, et donc plus fragiles, innover en accdant des mthodes ou des techniques utilises dans dautres pans de lconomie, est un enjeu essentiel pour laction publique.

    Si les entreprises de ces secteurs sont souvent dtentrices dun savoir-faire traditionnel partici-pant leur succs commercial, elles doivent comme toutes les entreprises intgrer les innovations pour rester comptitives dans leur domaine et conqurir des marchs. Mais la notion dinnovation dans lartisanat et le commerce de proximit ne peut tre apprhende de manire identique celle communment admise pour le secteur industriel. Linnovation dans lartisanat et les TPE est trs prsente et vidente, - certaines entreprises sont plus que centenaires ! -, mais elle est souvent empirique et reste peu formalise par les chefs dentreprises et les sciences de gestion.

    Dans ce cadre, lInstitut Suprieur des Mtiers, en partenariat avec la Direction Gnrale des Entreprises, lUnion Professionnelle Artisanale et lAssemble Permanente des Chambres de Mtiers et de lArtisanat a recueilli auprs des acteurs du terrain des expriences et des bonnes pratiques partager avec lensemble des acteurs de lconomie.

    Les 71 articles rassembls dans cet ouvrage montrent clairement que les entreprises de lartisanat et du commerce de proximit ont toutes leur place dans nos socits et conomies en mutation, mais rvlent aussi ltendue des changements quelles ont oprer, aujourdhui et demain, pour rester comptitives et accder aux nouveaux marchs. Ces changements se manifestent sous toutes les formes de linnovation et touchent aux modes dorganisation, aux procds de fabri-cation, aux fonctionnalits et design des produits et services, et aux mthodes de commerciali-sation. Rdigs par ceux qui sont quotidiennement en relation directe avec les problmatiques des chefs dentreprises partout en France, ces articles ont lavantage doffrir la fois un pano-rama des dfis et des questions qui se posent, et dapporter des rponses pratiques, mailles de conseils, de points de vue et dexpriences russies.

    Par sa forme numrique, adapte aux attentes actuelles dimmdiatet et de disponibilit de lin-formation, et par la mthode collaborative qui a prsid son laboration, cet ouvrage participe de la promotion des valeurs de lartisanat et du commerce de proximit : le partage, la transmis-sion, la gnrosit, le savoir-faire et la proximit. La recherche de ces valeurs, particulirement forte dans le contexte actuel de crise, donne un caractre crucial ladaptation de ces secteurs. La mobilisation de tous est ncessaire, et ainsi les artisans et les commerants de proximit rcol-teront-ils le succs et la reconnaissance quils mritent largement !

  • 4SOMMaIre

    >> Les matriaux biosourcs : diversification des ressources dapprovisionnement dans les mtiers de lamnagement et de la finition ..........................................................................................14

    >> Construire en bois au XXIe sicle : le systme constructif panneaux de bois massif contrecoll ..........18>> La rcupration de chaleur sur eaux grises : une dmarche innovante de sobrit nergtique ........21>> Les opportunits de march du smart grid pour les artisans ........................................................24>> Les nouvelles opportunits du march de la rparation ...............................................................26

    Retour dexprience march de la rparation .................................................................................29>> Les consommateurs ont pris conscience du gaspillage inutile ......................................................29

    Rparer des objets : au-del de la symbolique, un modle dentreprise individuelle bien dans lair du temps ..31>> Lco-conception au service de la comptitivit des petites et moyennes entreprises ......................33

    Concevoir des produits plus innovants et responsables, en phase avec nos valeurs ..................................36

    Lco-conception : le respect de lenvironnement est implicite sur le march haut de gamme ......................38

    >> Le nouveau dynamisme de la proximit ....................................................................................40>> La consommation collaborative, quels enjeux pour lentreprise de proximit ? ................................43>> Le drive de produits locaux, un mode de commercialisation adapt lartisanat ...........................46

    La commande par internet, le choix et la qualit offerts, et laspect pratique sont de vrais atouts ! ............49>> Rpondre aux demandes de produits sant dans les mtiers de bouche .......................................50

    Adapter son offre de charcuterie aux attentes des consommateurs : produire sans additifs ou avec moins dadditifs ..............................................................................................................................53

    >> Innover, investir, dvelopper des activits dans la Silver Economie ..............................................56>> Impression 3D et entreprises de proximit, quels usages ? ...........................................................59

    Le dpannage 24/24 : un service client indispensable pour les artisans du btiment ...............................61

    >> Le slow made .......................................................................................................................64>> March touristique et artisanat dart : innover avec un lexique de formes ......................................67>> La mcatronique, une technique industrielle pour rpondre aux nouveaux besoins du march .............70

    Plus quune volution, cest une rvolution ..............................................................................74>> La fabrication additive, vers une nouvelle forme de production ....................................................76

    Sous-traitance industrielle : Mettre sa valeur ajoute dans le conseil apport aux clients .....................79>> De la matrise dun procd technologique la mise en place dun bureau dtudes dans le secteur de la sous-traitance industrielle. Cas du procd de la texturation laser ........................80

    >> Exporter demain : entre fondamentaux et nouveaux usages..........................................................83

    Prface de Mme CAROLE DELGA ................................................................................................. 3

    Introduction ........................................................................................................................... 7

    Le projet ditorial ................................................................................................................. 10

    1. Se positionner sur de nouveaux marchs 13Le march de lco-responsabilit ........................................................................................ 14

    Les marchs de la proximit ................................................................................................ 40

    Les marchs de niche .......................................................................................................... 64

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    >> Les nouvelles technologies doptimisation de la production : robotique, ralit augmente, maquette numrique ........................................................................................................ 114

    >> LInternet des objets au service de la gestion de la production et de la maintenance..................... 117>> Les technologies de la traabilit pour piloter sa production et rpondre aux questions des consommateurs .................................................................................................................. 120

    Unit de production de nougats Le systme de traabilit nous aide faire des produits de grande qualit ............................................................................................................... 123

    >> La maquette numrique ou BIM (Building Information Model) au service du dveloppement de lentreprise artisanale du btiment .................................................................................... 125

    >> Les technologies des rseaux sans fil dans la TPE ..................................................................... 128>> Passer au cloud computing pour gagner en flexibilit ............................................................... 131>> La communication unifie pour la TPE Garder le contact avec ses clients, ses prospects et ses collaborateurs, grce la convergence des moyens de communication ........................................ 134

    >> Trop dinformation pour travailler correctement ? Faire mieux avec moins ! ................................... 138

    2. Innover dans le marketing et la vente ................................................................................. 87

    3. Innover dans ses procds ................................................................................................. 113

    >> La stratgie Web dans les commerces de proximit de lalimentaire ..............................................88>> Comment fidliser le consommateur mobile ? .............................................................................92>> Repenser le point de vente et la relation client avec le digital.....................................................95>> Un rseau social, des rseaux sociaux ! Choisir et investir les rseaux sociaux vraiment utiles mon entreprise ..................................................................................................................97

    >> Un rfrencement pas si naturel pour mon entreprise .................................................................99

    >> Le point de vente : nouvel espace de jeu ? .............................................................................. 101>> Exploiter le potentiel commercial dune vitrine tactile .............................................................. 104

    Rpondre au besoin dinformation des clients avec un dispositif audiovisuel dans son point de vente, la solution propose par la CFBCT avec Cigale TV .......................................... 106

    >> La Dmonstration-Vente domicile , nouveau canal de vente pour les entreprises artisanales ? .. 108>> Boutiques phmres ou pop-up stores : entre solution de crise, concept marchand et outil de dveloppement local ........................................................................................................... 110

    Rpondre aux attentes du consommateur connect ................................................................. 88

    Offrir une exprience au client .......................................................................................... 101

    Optimiser ses procds de production grce aux technologies numriques ...............................114

    Intgrer les nouvelles technologies de communication et dinformation ..................................128

  • 6>> Linnovation dans les petites entreprises : quels dispositifs financiers publics ? ............................ 180>> Linnovation dans le domaine du financement .......................................................................... 185>> Le financement participatif : une nouvelle donne pour les projets dentreprises ............................ 188Renaissance dune boulangerie grce la finance participative ........................................................ 191

    >> Agneau Presto un concept pour modifier sa gamme de produits et rpondre aux attentes des consommateurs ............................................................................................................. 193

    >> Dfinir une stratgie gagnante en appliquant la mthodologie Ocan bleu ............................. 195Mthodologie Ocan Bleu Trouver un positionnement en rupture par rapport aux concurrents ............... 197

    >> Se faire accompagner : un moyen dacclrer et de scuriser sa dmarche dinnovation .................. 199>> Faire appel un designer pour renchanter son commerce de bouche ......................................... 202>> Les Fablabs, linnovation la porte de tous ........................................................................... 205

    >> Se lancer dans une certification QSE (Qualit, Scurit, Environnement) pour consolider et dvelopper son entreprise ................................................................................................. 142

    >> Gagner en comptitivit avec le management environnemental .................................................. 145>> La Responsabilit Socitale des Entreprises Artisanales (RSEA), vritable outil de dveloppement de lentreprise .............................................................................................. 150Rien nest plus proche de la dmarche Responsabilit Socitale des Entreprises que les valeurs de lentreprise artisanale ! ....................................................................................................... 153 Notre entreprise est plus rentable, notre travail est passionnant et nos clients sont satisfaits ! ........... 155

    >> Mobiliser son quipe avec lactionnariat salari ....................................................................... 158 Des investissements, des capitaux, de largent, de la stabilit dans leffectif .................................. 160

    >> La mobilit horizontale, un outil de flexibilit adapt lentreprise artisanale ...................... 161 Les salaris recruts pour une mission souhaitent souvent simpliquer au-del ................................ 163

    >> La prvention des risques, levier de performance des entreprises artisanales ................................ 165

    >> La cooprative, un modle de dveloppement conomique adapt aux entreprises artisanales ...... 167>> Le March du Funraire, un march porteur pour les artisans ..................................................... 170La cration de FUNEART, une cooprative de 7 artisans du Limousin ................................................. 172

    >> Sassocier entre artisans pour dvelopper son activit : cas de la marchalerie ............................. 174>> La stratgie collective dans les mtiers dart ........................................................................... 177

    >> Index des experts rdacteurs ................................................................................................ 208

    >> Index des entreprises .......................................................................................................... 211

    >> Index des mots cls............................................................................................................. 212

    5. Faire appel des appuis et ressources internes et externes ................................................ 179

    4. Innover dans son organisation et son management .............................................................. 141Engager une dmarche de certification .................................................................................142

    Amliorer la gestion de ses ressources humaines ................................................................. 158

    Se grouper et se mettre en rseau ...................................................................................... 167

    Trouver des ressources financires ...........................................................................................180

    Faire appel des comptences et ressources extrieures ......................................................... 193

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    INTrOdUcTION

    Un artisanat en plein renouveau

    On a longtemps pari sur la disparition des entreprises artisanales en raison dune incapacit suppose de ces entreprises se moderniser et sapproprier les nouvelles technologies. Les chiffres actuels dmentent ces prdictions : avec plus dun million dentreprises, lartisanat a maintenu ces trente dernires annes sa contri-bution la cration de valeur ajoute du secteur marchand (prs de 11 %) et son poids dans lemploi (un emploi sur dix). Le passage dans ce nouveau sicle a t marqu par une forte dynamique entrepreneuriale, tmoin de lattractivit des mtiers de lartisanat et de leur modernit retrouve.

    Un zoom arrire sur les sept dcennies passes convainc galement de lextraordinaire capacit dadaptation de ce monde de petites entreprises indpendantes. Lartisanat a tout dabord digr, la sortie de la seconde guerre mondiale, la mutation du monde rural qui a conduit la disparition de nombreux mtiers lis lco-nomie agricole (et de plus dune centaine de milliers dentreprises : les forgerons, les charrons, les bourre-liers). Cinquante ans aprs, la prsence de lartisanat reste forte en milieu rural (une entreprise artisanale sur quatre est localise en commune rurale), en mme temps quil progresse dans les grandes agglomrations. La desserte des principaux services la population est assure travers un maillage trs fin du territoire : la moiti des 36 000 communes franaises sont ainsi quipes dun maon, une sur trois dun coiffeur ou dune boulangerie. Pour les entreprises artisanales relevant de lconomie rsidentielle cest le cas de quatre entreprises artisanales sur cinq, cette proximit gographique avec le client est garante de proximit relation-nelle, de ractivit et constitue sans aucun doute un avantage comparatif essentiel. Quelle grande entreprise pourrait assurer aujourdhui une telle couverture territoriale ?

    Un artisanat de fabrication a de mme survcu aux diffrentes rvolutions industrielles et rsiste encore face aux contrecoups de la dsindustrialisation. On lignore souvent, mais les entreprises de lindustrie manufac-turire sont pour 80 % dentre elles des entreprises artisanales, elles assurent un emploi industriel sur dix. Comment ces entreprises ont-elles pu se maintenir, sinon en innovant dans leurs prestations ? Lexemple de lartisanat de sous-traitance industrielle est clairant : ces entreprises ont trouv leur place dans la chane de valeur industrielle, lappui de savoir-faire de spcialit. Comme dans dautres secteurs, cest leur capacit intervenir sur des petites sries ou des commandes spcifiques, proposer des solutions techniques, qui leur a permis et leur permet toujours de rester dans la course .

    Citons enfin ladaptation des mtiers de bouche face la massification de la distribution alimentaire domine par le modle de lhypermarch. Les boulangers, bouchers et autres professionnels nont pu maintenir des filires artisanales quen se modernisant eux-mmes (la rvolution du froid), en diversifiant leur offre de pro-duits et en adaptant leur modle dorganisation. Le maintien de lartisanat du btiment et des travaux publics au premier rang de lconomie de la construction est tout aussi remarquable (98 % des entreprises du bti-ment sont des TPE artisanales, ces dernires employant 60 % des effectifs du secteur).

  • 8Des innovations aux facettes multiples

    Comment expliquer ce caractre rsilient du secteur artisanal ? Selon les observateurs les plus critiques, cest principalement le renouvellement permanent du tissu dentreprises (prs dune entreprise sur deux cesse ses activits au bout de 5 ans) qui permet de rgnrer loffre de produits, de services. La capacit de reproduction et dessaimage de lartisanat notamment par le systme de lapprentissage alimente de fait une forte dyna-mique entrepreneuriale.

    Pass le cap des premires annes, les entreprises artisanales sont nanmoins confrontes, comme les plus grandes, la ncessit de sadapter en permanence pour prenniser leur activit. Les facettes de linnovation sont alors varies. Le plus souvent, le processus dinnovation est incrmental. Visible dans le renouvellement de loffre de produits, de services, il conduit lvolution des routines, des procds de fabrication ou de lorgani-sation, tout tant li dans le systme de lentreprise artisanale. Peu spectaculaire, peu coteuse, linnovation incrmentale permet lentreprise de maintenir une offre au got du jour et du march.

    Un autre levier important dinnovation provient de lacquisition de machines-quipements permettant un saut technologique ou de lintgration de nouveaux matriaux proposs par les fournisseurs. Dans ce scnario din-novation importe , lentreprise artisanale nest pas la source de linnovation, mais elle en est le vecteur de diffusion sur les territoires. Ce rle est essentiel et rend les entreprises artisanales incontournables, par exemple pour raliser les objectifs du plan defficacit nergtique. Ces derniers ne pourront tre atteints sans la mobi-lisation des entreprises artisanales du btiment et leur appropriation des nouveaux matriaux et modes dinter-vention associs.

    Les entreprises artisanales sont aussi la source de nombreuses innovations, souvent pour rpondre aux sol-licitations de clients (il sagit alors dinnovations sur mesure susceptibles dtre par la suite intgres dans lactivit routinire de lentreprise ou proposes dautres clients), ou en proposant une dmarche totalement innovante sur le march.(1)

    Concernant les ressources mobilises, les travaux mens par lInstitut Suprieur des Mtiers ont montr la sp-cificit de la dmarche dinnovation artisanale. Les indicateurs habituellement utiliss pour mesurer linnovation dans les moyennes et grandes entreprises (comme le nombre dingnieurs R&D, le dpt de brevets) sont ici ino-prants. La matire premire de lentreprise artisanale est avant tout la somme de ses comptences techniques, laquelle permet de faire voluer ses produits ou ses prestations au gr des opportunits de march ou lappui de nouvelles technologies. La taille de lentreprise et la proximit immdiate avec le client-consommateur sont dautres facilitateurs de linnovation, lartisan tant la fois son propre ingnieur-recherche et analyste-march , mme de rebondir immdiatement sur les opportunits.

    (1)VoircesujetlestravauxmensdanslecadreduRseauArtisanat-UniversitpilotparlInstitutSuprieurdesMtiers,notamment:BOLDRINIJean-ClaudeetCHENEEmmanuelComprendrelestrajectoiresdinnovationdesentreprisesartisanales.-in:SitedelAIMS,04/06/2010,19p.-EnlignesurlesitedelAIMS:http://www.strategie-aims.com/events/conferences/2-xixeme-conference-de-l-aims/communications_by_author?author=Boldrini+Jean-claude

    FOURCADEColetteetPOLGEMarionLartisan,leMonsieurJourdaindelinnovation?[enligne].-in:SiteAIREPME,29/10/2008,16p.-EnlignesurlesitedelAIREPME:http://web.hec.ca/airepme/images/File/2008/C19.pdf

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    La petite taille a aussi ses revers. Lentreprise artisanale a tout dabord une moindre surface financire. Or, cer-taines technologies de dernire gnration sont onreuses et peu accessibles. Par ailleurs, la mobilisation des fonds bancaires pour des projets de dveloppement immatriels reste difficile pour des TPE artisanales. Une autre difficult pour ces entreprises est de grer la phase de mise sur le march des innovations, au-del du contexte local de lentreprise. Pour ces raisons, de nombreux projets dinnovation restent dans les cartons (une enqute de lISM avait montr quune entreprise sur quatre avait ainsi renonc des projets dinnovation).(2)

    Et demain, une ardente obligation

    Le potentiel dinnovation des entreprises artisanales est donc bien rel quoique rgulirement sous-estim, y compris dailleurs par les artisans eux-mmes : la dmarche va de soi dans ces secteurs souvent rattachs lconomie crative (dcoration, mode et beaut, arts de la table, gastronomie, patrimoine bti, culture et loisirs, etc.). Selon les tudes de lInstitut Suprieur des Mtiers, une entreprise artisanale sur cinq a un souci rgulier dinnover, 3 5 % sont la source de conceptions totalement innovantes (il sagit l dentreprises fort poten-tiel de croissance).

    Dans le contexte de crise conomique qui frappe fortement les entreprises dans leur rentabilit depuis 2009, linnovation simpose, que ce soit pour minimiser les cots, se positionner sur de nouveaux marchs ou acqurir un avantage technologique. Lobjectif est de crer la diffrence et de renforcer la comptitivit immatrielle de lentreprise en combinant savoirs et savoir-faire, tradition et innovation, cration et fabrication/transformation.

    Quels sont les challenges ? Un rapide examen des thmes tudis au cours de louvrage montre que les enjeux ne sont plus tant technologiques. Les sources dinnovations proviennent de plus en plus des marchs, dont les orientations prsentent de nombreuses perspectives favorables lunivers de lentreprise artisanale : recherche accrue de produits personnaliss, de convivialit, regain pour le geste plutt que pour la marque, impor-tance donne la qualit et la traabilit des produits, au Made in France. Les entreprises artisanales sont galement associes limage de bien-tre et au savoir-vivre la franaise .

    Certains marchs sont investir massivement comme la rnovation nergtique, dj cite, ou la silver-cono-mie, dont toutes les entreprises artisanales seront potentiellement actrices, la fois pour ladaptation des loge-ments, le portage de repas adapts, les transports ou les soins domicile. La demande dco-responsabilit doit tre galement entendue par les professionnels de lartisanat, avec de multiples opportunits : les filires courtes sont ractiver, de mme que les activits de rparation qui avaient disparu avec la consommation de masse et lre du tout jetable .

    Pour rpondre ces dfis, lentreprise artisanale devra ou bien opter pour une hyper-spcialisation lui permet-tant de se positionner sur des marchs de niches, ou bien tre omnisciente dans la proximit, en proposant une offre de services globale. Dans le mme temps devra tre digre la nouvelle rvolution conomique en cours, celle du numrique. Les nombreuses contributions dexperts ci-aprs montrent en effet limpact global de ces technologies tant sur lorganisation, la gestion, la production et les modes de commercialisation des entreprises artisanales.

    (2)ISMDfinitiondindicateursdemesureetdobservationdesactivitsdesentreprisesartisanales-Paris:ISM,2008.-152p.-EnlignesurlesitedelISM:http://infometiers.org/ISM/content/download/2004/11619/version/1/file/indicateurs_artisanat.pdf

  • 10

    Le prOjeT dITOrIaL

    Le prsent ouvrage est un recueil darticles sur les marchs et les innovations lhorizon 2020 et de bonnes pratiques dentreprises de lartisanat et du commerce de proximit. Il est le rsultat dun travail collaboratif coordonn par lInstitut Suprieur des Mtiers (ISM), en partenariat avec les ples dinnovation pour lartisa-nat et les petites entreprises, lAssemble Permanente des Chambres de Mtiers et de lArtisanat (APCMA), lUnion Professionnelle Artisanale (UPA), et avec le soutien de la Direction Gnrale des Entreprises (DGE).

    Il a t rendu possible par la mobilisation enthousiaste dexperts de linnovation uvrant prioritairement au sein des rseaux de lartisanat (ingnieurs des ples dinnovation, agents des Chambres de mtiers et de larti-sanat, des organisations professionnelles, etc.).

    Il offre un panorama des marchs en croissance et des innovations produits/procds, organisationnelles ou commerciales intressantes investir par les entreprises car susceptibles de crer de la comptitivit et des leviers de linnovation. Les objectifs du projet ditorial qui ont servi son encadrement sont les suivants : Dtecter et dcrypter les opportunits de marchs et de cration de valeur dans lartisanat et le commerce de proximit. Reprer les innovations produits/procds, organisationnelles ou commerciales qui permettront aux entre-prises de gagner en comptitivit et de se positionner sur ces marchs. valuer la capacit des entreprises investir ces marchs et innovations. Mobiliser et sensibiliser les entreprises artisanales et leurs rseaux daccompagnement ces enjeux et leviers de dveloppement du tissu conomique.

    Les articles de fond et les interviews dentreprises du prsent recueil sont parus au fil de lanne 2014 dans le blog spcialement mis en place par lISM pour servir doutil de publication, de mutualisation, de partage et de mobilisation au sein de ces rseaux.http://blog.innovation-artisanat.fr/

    En complment de louvrageLa veille Innovation du Centre de documentation de lISMPour renforcer la diffusion de linnovation et soutenir les efforts de formalisation et de mutualisation des actions menes par les acteurs de terrain de laccompagnement du dveloppement conomique, dont ce recueil est un modle, le Centre de documentation de lISM ralise une veille ddie aux innovations dterminantes pour le dveloppement des entreprises de lartisanat accessible gratuitement sur le son site.http://veille.infometiers.org/

    Des confrences sur les marchs et linnovationPour prolonger lexprience mene avec cet ouvrage, lISM intervient, la demande et suivant diffrentes modalits, dans les colloques et confrences organiss lintention des artisans, des organisations de lartisanat et des collectivits territoriales pour prsenter les spcificits de linnovation dans lartisanat et les marchs et innovations dterminantes pour le dveloppement de ce secteur.http://ism.infometiers.org/ISM/Conferences

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    Remerciements

    Les plus chaleureux remerciements sont adresss aux auteurs des articles et aux chefs dentreprises ayant accept de partager leur exprience, grce auxquels le projet a t rendu possible.

    Comit de pilotage du projet plac sous la Prsidence de Mme Anne de Blignires-Lgeraud

    Assemble Permanente des Chambres de Mtiers et de lArtisanat (APCMA) M. Bernard DETREZ, Prsident de la Chambre Rgionale de Mtiers et de lArtisanat de Champagne-Ardenne Mme Christine URIBARRI, Charge de mission, nouveaux chantiers conomiques la Direction Gnrale Mme Sarah TRIPON, Charge dtudes, Service dappui aux tablissements du rseau

    Association des Rgions de France (ARF) M. Victor DAVET, Conseiller Technique pour le dveloppement conomique, la recherche, lenseignement suprieur et le numrique

    Association Ouvrire des Compagnons du Devoir du Tour de France (AOCDTF) M. Philippe BONNOT, Direction de la formation, des tudes et de la recherche

    Bpifrance Financement Mme Sylvie DUMARTINEIX, Responsable dtudes, Direction de lvaluation et des tudes

    Confdration de lArtisanat et des Petites Entreprises du Btiment (CAPEB) Mme Sophie GOURVENEC, Charge dtudes

    Confdration Gnrale de lAlimentation en Dtail (CGAD) Mme Sandrine BIZE, Chef du Dpartement hygine qualit environnement

    Direction Gnrale des Entreprises (DGE) M. Serge JARRAUD, Adjoint la Sous-directrice du Commerce, de lArtisanat et de la Restauration M. Jean Michel VERN, Chef du Bureau du Commerce M. Thibault CRUZET, Adjoint au Chef du Bureau des tudes sur le tourisme et les catgories dentreprise M. Pierre CARRELET, Charg dtudes sur le commerce

    Union Professionnelle Artisanale (UPA) Mme Nathalie ROy, Conseillre technique charge des affaires conomiques

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    LInstitut Suprieur des Mtiers (ISM) Alexis Govciyan, Directeur de la publication Catherine Elie, Directrice des tudes et du dveloppement conomique Mathilde Jacquemet, Chef de projet Rseau des Ples dinnovation pour lartisanat et les petites entreprises Isabelle Jacob, Responsable du Centre de documentation Marie-Bndicte Boutot, Documentaliste Anne-Thrse Guguen, Documentaliste Hlne Merceron, Documentaliste Sabine Galdemar, Graphiste

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    courts passages sur votre site ou blog, condition dy indiquer le nom de louvrage, celui de lditeur (ISM) et de lauteur.

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    1Se positionner sur de nouveaux marchs

    > Le march de lco-responsabilit p. 14

    > Les marchs de la proximit p. 40

    > Les marchs de niche p. 64

    Marchs & Innovations 2020 dans lArtisanat et le Commerce de proximit

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    Maud Mazzola-RossiInstitutdesmtiersdelamnagementetdelafinitionLesCompagnonsduDevoiretduTourdeFranceimaf@compagnons-du-devoir.comwww.compagnons-du-devoir.com

    V

    italez

    - Fo

    tolia

    L es habitations dhier taient construites et iso-les avec les matriaux accessibles locale-ment, pris dans le sol, la vgtation et sur le dos des animaux. Ces matriaux taient en grande par-tie biosourcs avant mme que le terme ne soit cr. Aujourdhui, les matriaux et produits utiliss dans la construction viennent du monde entier. Ils comptent beaucoup dnergie grise (somme des nergies nces-saires la production, la fabrication, lutilisation et enfin au recyclage des matriaux). Leur utilisa-tion est incompatible avec latteinte des objectifs du Grenelle de lenvironnement dans un contexte o les besoins en construction et en rnovation ne cessent daugmenter.

    Les produits biosourcs sont redevenus intres-sants car ils permettent datteindre des objectifs de dveloppement durable dans leur double dimen-sion, environnementale et sociale. Ils apportent une alternative lutilisation de matires premires non renouvelables. Leurs performances thermiques et hygromtriques sont reconnues. Ils permettent de crer des emplois non dlocalisables. Et enfin, ils redonnent aux territoires leurs spcificits rgionales en valorisant des matires premires locales.

    Distinguer les matriaux biosourcs

    Si le terme matriaux de construction biosourcs est sujet diverses interprtations, la dfinition rete-nue est celle apporte par le Centre Scientifique et Technique du Btiment (CSTB) : Lensemble des matriaux et produits dont une partie des matires premires est issue du monde du vivant (biomasse vgtale et animale incluant les matires recycles, fibres de bois comprises mais hors bois duvre) .Les matriaux retenus sont : chanvre, lin, ouate de cellulose, fibres de bois, paille, lige, fibres de coton

    recycles, plume de canard, laine de mouton et roseaux. Un matriau biosourc est issu de la bio-masse animale ou vgtale. Suite un mandat de la Commission Europenne, des travaux normatifs euro-pens ont vu le jour afin dlaborer des normes sur les produits biosourcs. Ils portent sur la terminolo-gie, les solvants biosourcs, le contenu en biosourcs, les critres de durabilit et lanalyse du cycle de vie, les outils de dclaration et de certification. Ces tra-vaux sont suivis en France par la commission gre par AFNOR et le BNPP (Bureau de Normalisation des Plastiques et de la Plasturgie).

    Dans le domaine de lamnagement et de la finition, la plupart des produits biosourcs sont des produits qui taient utiliss autrefois et sont tombs dans loubli cause dune utilisation trop rduite et de la perte des savoir-faire. Ces matriaux biosourcs ont des vertus pour les artisans qui les utilisent et pour les usagers finaux, les habitants des constructions dans lesquelles ils ont t mis en uvre : ils sont sains et leur composition est totalement transpa-rente, ce qui permet de prvenir les risques daller-gie notamment.

    Les matriaux biosourcs : diversification des ressources dapprovisionnement dans les mtiers de lamnagement et de la finition

    Paul-Emmanuel DEvillERsInstitutdesMtiersdelAmnagementetdelaFinitionLesCompagnonsduDevoiretduTourdeFranceimaf@compagnons-du-devoir.comwww.compagnons-du-devoir.com

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    1Se positionner sur de nouveaux marchs>>> Le march de lco-responsabilit

    Les sources dapprovisionnements en matriaux biosourcs

    Les produits disolation biosourcs sont distribus par les magasins de vente de matriaux bio-construc-tion . Les peintures, enduits et vernis biosourcs se trouvent chez les droguistes, chez certains fabricants spcialiss dans les produits de dcoration, de pig-ments, marchands dit de couleurs, de dcoration , de restauration de mobiliers Ces fabricants et dis-tributeurs se trouvent sur Internet.

    Pour les produits plus rares, la vente par correspon-dance est aussi une habitude des fabricants-reven-deurs. Il existe tout un rseau de partenaires en France pour se fournir en matriaux biosourcs.

    Lentrepreneur pourra crer son propre rseau de fabricants et de fournisseurs. Il lui revient de vrifier par lui-mme que lnergie grise nest pas trop impor-tante dans les produits quil utilise et dans la manire dont il en fait usage. Il devra aussi vrifier que le volet social et la philosophie du biosourc ont t respects par les producteurs. Dun bout lautre de la chane dutilisation de ces produits, les valeurs du biosourc doivent tre comprises et assures.

    Essor du march du biosourc dans la construction

    Face aux enjeux environnementaux dcrits par le pre-mier Grenelle de lEnvironnement (2007), le Ministre de lcologie, du Dveloppement Durable et de lner-gie (MEDDE) sest inscrit dans une dmarche dinci-tation au dveloppement des filires vertes parmi lesquelles les matriaux de construction biosourcs reprsentent un enjeu fort.

    Un plan daction national runissant de nombreux acteurs du biosourc et pilot par le MEDDE sest engag, partir de 2010, sur des thmatiques telles que : la formation, lanalyse de cycle de vie,

    la professionnalisation des acteurs, la certification des matriaux afin den accrotre lusage.

    En 2013, ltude ralise par le cabinet de conseil Nomadis la demande de la Direction gnrale de lamnagement, du logement et de la nature fait ressortir un accroissement significatif des volumes de ventes, malgr une conjoncture difficile, une pro-gression deux chiffres des volumes sur les trois der-nires annes et suprieure 20 % pour certains matriaux et produits.

    En 2014, Construction & Bioressources (C&B), princi-pale association des filires du biosourc, table sur une augmentation des besoins en matriaux de construc-tion de plus de 50 % dici 2050, et sur une crois-sance du secteur des matriaux biosourcs suprieure 10 %. Le biosourc reprsente 8 % du march de lisolation des btiments. Les filires du biosourc ont permis la cration de plus de 4 000 emplois directs et indirects sur les 6 dernires annes. Il a permis la cra-tion dactivits non dlocalisables et dans le secteur de linsertion. Il offre de nouveaux dbouchs pour lagriculture, la sylviculture et les matriaux recycls. Il est avr quil contribue une moindre pollution de lair intrieur des btiments, quil nentre pas en concurrence avec la vocation alimentaire des terres. Il est inscrit dans les logiques de lconomie circulaire.

    Les leviers du dploiement du biosourc dans la construction

    Les matriaux de construction biosourcs disposent dun potentiel dinnovation et de dveloppement lev. La filire biomasse matriaux a t iden-tifie par le Ministre du dveloppement productif comme lune des 18 filires industrielles stratgiques de lconomie verte en raison de son fort potentiel de dveloppement conomique et de son rle pour diminuer notre consommation de matires premires dorigine fossile, limiter les missions de gaz effet de serre et crer de nouvelles filires conomiques.

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    Grce laction des pouvoirs publics, et particulire-ment au plan dactions en faveur du biosourc pilot depuis 2010 par la Direction de lhabitat, de lurba-nisme et des paysages, les filires sont de plus en plus structures, et elles ont commenc rdiger ou achev dcrire leurs rgles professionnelles (chanvre et paille notamment). Celles-ci dcrivent lensemble des bonnes pratiques issues de retours dexprience et la mise en uvre des produits.

    Pour stimuler la mise en uvre de ces produits, un label Btiment biosourc a t cr par un arrt dat du 19 dcembre 2012 du Ministre de lgalit des Territoires et du Logement qui dfinit les ratios par dfaut pour estimer la masse de matire biosour-ce contenue dans les produits de construction bio-sourcs mis en uvre dans un btiment.

    Pour apprcier laptitude lemploi des produits et procds dans la construction, et ainsi aider les entre-prises dvelopper et vendre des produits biosour-cs, il existe plusieurs niveaux dvaluation technique. Cet aspect est essentiel car le dveloppement du biosourc passe par son dploiement plus grande chelle dans les chantiers en restauration comme dans le neuf. Pour acclrer cette dynamique de mise en route sur les marchs de la construction, les ser-vices publics ont un rle jouer, notamment dans laccompagnement de la ralisation de tests en labo-ratoire sur ces produits. La fluidification du dialogue entre les matres duvre, les matres douvrage, les chefs dentreprise, les applicateurs, les assurances est galement essentielle pour mieux faire connatre ces produits.

    La Rglementation thermique 2020 qui mise sur les nergies renouvelables, le label Btiment bio-sourc , le label RGE (Reconnu Garant de lEnvi-ronnement) rendu obligatoire le 1er juillet 2014 pour que les clients puissent bnficier des aides et sub-ventions de ltat, et les travaux de normalisation en cours, devraient favoriser un fort dveloppement du biosourc dans les prochaines annes.

    Prescrire lutilisation des matriaux biosourcs ses clients quand on est artisan

    Par rapport des produits et des marques bien ancrs sur le march, les produits biosourcs doivent tre expliqus pour tre accepts par les clients. En effet, il nexiste pas actuellement de qualification profession-nelle en lien avec les techniques et les savoir-faire du biosourc. Lartisan devra donc arriver convaincre ses donneurs dordre. Il pourra mettre en avant des attestations de formations (non qualifiantes) une technique particulire, et les certifications obtenues sur les produits quil entend mettre en uvre. Il devra prouver son exprience et la qualit de ses ralisa-tions. Le savoir-faire est en effet llment essentiel de la qualit des ouvrages.

    Il pourra galement expliquer les avantages environ-nementaux, sanitaires et sociaux du biosourc, et dmontrer la performance des produits : le caractre renouvelable de la matire premire, stockage de carbone atmosphrique, apport au dveloppement conomique des territoires, valorisation des spcifi-cits rgionales, cration de filires locales, mise en synergie des acteurs conomiques et privs avec les organisations territoriales, levier de cration de valeur et demplois non-dlocalisables.

    Recommandations aux entreprises : communication et formation

    Il conviendra dinscrire sa dmarche dans les objectifs du Grenelle de lenvironnement et dapporter son niveau sa pierre la structuration des filires et la normalisation des produits. Pour ce qui concerne le dveloppement de produits et leur mise sur le mar-ch, les petits industriels et les entreprises innovantes dans le domaine du biosourc auront intrt trouver des partenaires financiers et techniques pour obte-nir des certifications indispensables leur mise en uvre (ACERMI, CSTB, ATec, ATex, PassInnovation).

  • Marchs & Innovations 2020 dans lArtisanat et le Commerce de proximit 17

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    Lassociation Construction & Bioressources, et la Direction de lhabitat, de lurbanisme et des paysages ont mis en place un travail de dveloppement de bio-sourc sur les chantiers, ainsi que lorganisation de la filire biosourc.

    Pour la mise en uvre, les filires ont mis en place des formations en direction des matres duvre et des applicateurs. Pour lentreprise, proposer des produits et matriaux biosourcs impose une vraie dmarche de formation pour rapprendre tous les

    systmes constructifs et possibilits de mlanges de ces produits.

    Au-del de la connaissance, de la vente et de lutilisa-tion de ces produits, investir le march du biosourc dans la construction correspond, encore aujourdhui, pour lartisan et ses clients, une dmarche denga-gement la fois politique, cologique et humain.

    eN SavOIr pLUSConstruction & Bioressources (C&B)http://www.constructions-bioressources.org

    Article connexe > La RSE : Notre entreprise est plus rentable, notre travail est passionnant et nos clients sont satisfaits ! Interview de Christian et Michel Schmitt, dirigeants de lentreprise Peintures SCHMITT Hubert & Fils Sainte-Croix-en-Plaine (68) p. 155

    MotS clS

    Construction durable, Dveloppement durable, conomie circulaire, Label Btiment biosourc, Label RGE, Matriaux biosourcs, Transition cologique.

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    Julien lEcaRMEResponsabledelInstitutdelaCharpenteetConstructionBoisLesCompagnonsduDevoiretduTourdeFranceiccb@compagnons-du-devoir.com www.compagnons-du-devoir.com

    C

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    En France, en 2011, 70 % des missions de gaz effet de serre (GES) proviennent de la combus-tion des nergies fossiles. La France est parvenue entre 1990 et 2011 faire baisser ces missions de 13 %, mais cette baisse rsulte dvolutions contras-tes selon les secteurs, et la part de ces missions de gaz effet de serre revenant au secteur du btiment est reste stable. Une meilleure implication du secteur de la construction dans la baisse de ces missions est nanmoins prvisible avec les diffrentes volutions en cours : public et consommateurs plus soucieux de len-vironnement, poursuite de lentre en vigueur dans la construction de dispositions rglementaires favorables au respect de lenvironnement, et nouvelles tendances de lurbanisme.

    Ces volutions convergent vers la construction de loge-ments aux performances cologiques amliores, plus confortables, plus rapides construire et plus faciles entretenir. Lurbanisme actuel intgre les volutions technologiques qui feront natre les futures Smart cities . La construction bois a montr beaucoup datouts dans cette volution (1). Dans ce contexte, le panneau de bois lamell-crois, ou CLT (cross laminated timber), montre un fort potentiel de dveloppement.

    De quoi sagit-il ?

    Mis au point en 1947 par lingnieur franais Pierre Gauthier, et dvelopp industriellement durant les annes 1990, le systme constructif en panneaux de bois massif repose sur lutilisation de panneaux com-poss de planches de bois massif colles entre elles en couches croises (cross laminated timber se traduit par bois lamell-crois). Ces panneaux prfabriqus de grandes dimensions permettent la ralisation de murs et planchers avec un nombre rduit dlments puisque la hauteur peut atteindre un tage et la lon-gueur couramment 13 mtres.

    Au-del des considrations esthtiques propres au bois, ces panneaux offrent des avantages techniques et cologiques qui en font un matriau de construc-tion trs attractif.

    Des avantages techniques

    Grce cette disposition croise, les variations dimen-sionnelles sont considrablement rduites et les perfor-mances mcaniques, notamment la rigidit, accrues. En effet, utiliss en mur, les panneaux sont poss avec leurs plis extrieurs la verticale. Ils offrent ainsi une grande rsistance la compression, ainsi quau flambement. De plus, leffet coll/crois des plis offre aux panneaux une trs grande rsistance aux efforts horizontaux, par exemple ceux induits par le vent, les sismes, ou encore des dispositions architecturales particulires. Par ailleurs, pos plat en plancher ou en toiture, ces panneaux travaillent efficacement en flexion tout en crant un fort contreventement dans leur plan.

    Les panneaux CLT prsentent galement de nom-breux atouts physiques profitables au btiment : capacits hygroscopiques (rgulation de lhumidit), bonne isolation thermique pour un lment struc-turel (quinze fois plus isolant que le bton), fort dphasage (capacit de ralentir, voire empcher les phnomnes de surchauffe estivale), bonne effusivit (sensation de paroi froide, gnralement corrige par une lvation de la temprature de chauffage), ainsi

    Construire en bois au XXIe sicle : le systme constructif panneaux de bois massif contrecoll

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    1Se positionner sur de nouveaux marchs>>> Le march de lco-responsabilit

    quune bonne tanchit lair du panneau due aux plans de collage et la masse de bois.

    Des atouts environnementaux

    En tant que produit biosourc, le CLT a une empreinte carbone positive de 460 kg/m3 grce la forte quan-tit de matriau bois stocke (dans un btiment, lpaisseur des panneaux massifs varie gnralement entre 10 et 20 cm), l o le bton, ressource non renouvelable, en met autant, notamment en raison de lnergie ncessaire sa fabrication. Par ailleurs, lensemble des industriels prsents sur le march fran-ais du CLT sapprovisionnent dans des forts gres durablement.

    Un systme constructif fort potentiel de dveloppement

    Les diffrents systmes constructifs utiliss dans le btiment, en particulier le bton et les systmes mas-sifs (remplissage lourd et structurel) sont matriss par lensemble des concepteurs. Les systmes construc-tifs bois traditionnels, tels lossature bois dite plate-forme ou le poteau poutre, demandent une bonne connaissance dingnierie et de conception bois. Seuls les matres douvrage et matres duvre intresss et forms ces techniques sont capables de les utili-ser. Sur le plan de lingnierie par exemple, les temps de pr-dimensionnement sont considrablement plus longs en ossature bois quen structure bton.

    Les panneaux en bois massif multicouches ont lavan-tage de permettre une conception et une mise en uvre dune relative simplicit mme pour les matres duvre peu familiers de ce mode construc-tif. Au Royaume-Uni, le CLT est dailleurs surnomm le nouveau bton , car comme lui, il permet une conception massive et une modlisation rapide. Ses capacits structurelles ont permis la ralisation de grands ouvrages : par exemple des immeubles

    atteignant sept tages en France Saint-Di, dans les Vosges. Dernirement, la filire bois, travers le Comit stratgique de filire, a mme projet la construction de btiments en bois de trente tages. Le panneau massif dispose de toutes les qualits pour la ralisation de ces projets de moyenne et grande hauteur : une simplicit de mise en uvre, par empilements successifs de murs et de planchers, assembls gnralement par vissage et querres ; un impact faible sur les techniques traditionnelles des autres corps dtat lextrieur, une isolation continue (ITE), pas de contrainte de vture ; en int-rieur, pas de changement pour les plomberies, les passages dlectricit, les doublages, les chapes sur site, une fixation simplifie des ouvrages secon-daires par vissage direct dans le bois.

    En revanche, une organisation rigoureuse est nces-saire. Les panneaux tant taills en usine, toutes inter-faces doivent avoir t tudies et les rservations valides ds la commande. Cette problmatique de coordination des corps dtat est importante. Les vo-lutions dans ce secteur vers une modlisation com-plte du btiment (BIM) y sont une rponse favorable, dautant que le pas vers un modle BIM nest pas trop grand pour un charpentier constructeur bois, habitu tracer et modliser ses ouvrages.

    Un march en dveloppement

    Le secteur de la construction bois rsiste mieux que les autres la crise (2) que traverse le march de la construction, en particulier celui de lhabitat collectif, avec des prvisions de croissance de 7 %, notamment par le biais de la construction en milieu forte den-sit, souvent multi-niveaux, ainsi que celle de bti-ments tertiaires. Ces deux secteurs sont propices lutilisation du panneau massif et viendraient largir le domaine dintervention privilgi de la construction bois dont limage et lessentiel des parts de march reposent jusquici sur lhabitat individuel, aujourdhui

  • 20

    12 % des maisons individuelles, donc en secteur dif-fus, et prs de 20 % des extensions sont construites en bois.

    La rglementation accompagne le dveloppement du panneau massif : plusieurs industriels proposent des panneaux sous avis techniques permettant ainsi lassurance des ouvrages. Le programme RAGE (Rgle de lArt Grenelle Environnement) (3) saccom-pagne de ldition dun guide Panneaux massifs bois contrecolls.

    Le CLT commence sortir du march de niche . Pour accompagner et soutenir son dveloppement, deux axes principaux se dgagent : dune part, mettre

    en place et faire connatre une offre de formation adapte ce systme (conception, dimensionnement, mise en uvre) ; dautre part, effectuer un travail de sensibilisation auprs des architectes et des matres douvrage pour que le CLT saffirme comme une alter-native srieuse aux modes constructifs classiques.

    eN SavOIr pLUS(1) Rsultats de ltude ralise par Woodeumhttp://www.woodeum.com/wp-content/uploads/2014/04/Etude-Carbone-4-woodeum.pdf

    (2) Enqute nationale de la construction bois en 2012http://www.cndb.org/live/docs/EnqueteConstructionBois.pdf

    (3) Programme daccompagnement des profes-sionnels Rgles de lArt Grenelle Environnement 2012 http://www.reglesdelart-grenelle-environnement-2012.fr

    ArticleS connexeS > La maquette numrique ou BIM (Building Information Model) au service du dveloppement de lentreprise artisanale du btiment p. 125 > Les nouvelles technologies doptimisation de la production : robotique, ralit augmente, maquette numrique p. 114

    MotS clS

    BIM, Construction bois, Cross Laminated Timber (CLT), Dveloppement durable, Innovation mat-riaux, Matriaux biosourcs, Smart cities.

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    1Se positionner sur de nouveaux marchs>>> Le march de lco-responsabilit

    Frdric schwaRtzDirecteurgnraldeCOPROTECPledinnovationArtisanatetPetitesentreprises/[email protected] www.coprotec.net

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    az M

    etro

    L es nergies les moins chres sont celles quon ne consomme pas et celles qui sont gratuites . Cette tautologie est une rgle simple qui nest pourtant pas toujours mise en uvre dans la ralit. Aujourdhui, les nergies gratuites exploites sont principalement le rayonnement solaire grce aux vitrages, et la rcupration de chaleur araulique de lair vici grce aux changeurs haut rendement des VMC double flux.

    Ces optimisations visent principalement la rduction des consommations dnergie lies au chauffage. Alors pourquoi ne pas poursuivre cette rationalisation et lappliquer aux consommations deau chaude sani-taire ? Cest dans cette optique que sinscrit la rcup-ration de chaleur sur eaux grises (bains, douches, lave linge ). La rcupration de chaleur sur eaux grises sinscrit dans les innovations que les plombiers/chauf-fagistes devront matriser dans un avenir proche afin de se dmarquer et tre force de proposition.

    Principe de fonctionnement

    Le principe de fonctionnement de la rcupration de chaleur sur les eaux grises est assimilable la tech-nologie des changeurs contre-courant. Le systme a pour but de transmettre, par conduction, la cha-leur des eaux uses leau froide alimentant le bti-ment, et ainsi deffectuer un prchauffage de cette eau. La puissance totale change entre les deux fluides dpendra du dbit deau grise et de sa temp-rature dentre. Lefficacit des changeurs prsents aujourdhui sur le march est au minimum de 50 %.

    La condition premire pour linstallation dun tel sys-tme est davoir ou de prvoir une sparation entre les rseaux deaux grises et deaux noires.

    Les diffrentes technologies disponibles

    Aujourdhui, sur le march franais, il est possible de trouver diffrentes technologies de rcupration de chaleur sur eaux grises : changeurs verticaux, hori-zontaux, cuve Les industriels sont donc en mesure de proposer la technologie en adquation avec la typo-logie du btiment et les consommations deau chaude sy attenant. Ce qui signifie quil est possible dinstal-ler cette technologie dans tout type de btiment, de la maison individuelle aux collectivits telles que les hpitaux, htels, etc. La condition tant de consom-mer de leau chaude !

    Ces produits sont rcents et certains nexistaient pas il y a seulement quelques mois. Les spcifications don-nes par les fabricants ou les distributeurs permettent de conduire une efficacit minimale de 50 %. Certains les dpassent largement. Les produits dont les caractristiques relles sont certifies par un tiers indpendant, dont la comptence et la neutralit ne

    La rcupration de chaleur sur eaux grises : une dmarche innovante de sobrit nergtique

    Circuit de rcupration de la chaleur des eaux grises

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    peuvent pas tre remises en cause, devront tre large-ment privilgis. Les autres ne peuvent que laisser un doute srieux sur la ralit des prtentions affiches.

    Limpact sur la consommation nerg-tique

    Dans une dmarche de sobrit nergtique, il est trs intressant que la rcupration de chaleur sur les eaux grises puisse tre couple aisment avec dautres technologies hydroconomes.

    Dun point de vue primaire, la limitation mcanique du besoin deau, froide comme chaude, est le moyen le plus simple, le plus efficace et le moins cher pour raliser des conomies. Les appareils hydroconomes, qui assurent cette fonction, permettent de rduire la consommation deau de 30 50 %. Lorsquelle est chauffe, la consommation dnergie est rduite dans les mmes proportions. Les consquences sur le confort sont inexistantes puisque les divers pro-cds donnent le sentiment que rien na chang. Lconomie se fait linsu de lutilisateur qui peroit un confort identique ou suprieur celui quil ressen-tirait normalement.

    Les systmes de rcupration de chaleur sur eau grise ne ncessitent aucune source dnergie et fonctionnent sur un principe totalement passif. Le fait quils amliorent le confort devrait limiter les effets rebonds qui conduiraient consommer plus pour compenser un dfaut. Le fait quils permettent des conomies pourrait, par contre, avoir un rsultat inverse, en incitant consommer plus parce quil ny a que peu de frais la cl. Les deux doivent squilibrer pour permettre de raliser de srieuses conomies.

    Les conomies ralisables

    Suivant les habitudes de consommation deau, les carac-tristiques de lappareil install et ses performances

    certifies ou non, les conomies relles peuvent gran-dement varier. Pour illustrer les conomies thoriques ralisables, voici un exemple : Daprs les chiffres dEauFrance, une personne consomme 162 litres deau par jour. Ce qui qui-vaut 59 m3 sur lanne. Toujours selon EauFrance la consommation deau chaude est denviron 74 litres par jour et par personne, soit 27 m3 sur lanne. Nous avons vu que les matriels proposs ont une efficacit de lordre de 50 %, que les eaux grises arrivent avec une temprature denviron 38 C et que leau du rseau est environ 12 C. Lestimation du potentiel dnergie rcuprable gratuitement est denviron 16 kWh pour 1 000 litres deaux grises traits. En rapportant ceci sur la consommation annuelle dune personne, nous arrivons 405 kWh/an. Ce qui peut reprsenter jusqu 45 dconomie par an et par personne.

    Sur le terrain

    Les plombiers-chauffagistes sont les prescrip-teurs de technologies hydroconomes et sobres en consommations nergtiques, et ce titre, ils ont une forme de responsabilit dans lamlioration des btiments et dans latteinte des objectifs de rduction des consommations en eau et en nergie. Fondamentalement, limplantation dun tel systme ne prsente aucune difficult majeure pour les bti-ments neufs. Lintgration hydraulique peut savrer plus complexe en prsence dun btiment existant ou lors dune rnovation. Prendre en compte le sys-tme ds lorigine du projet ne peut que faciliter son implantation dans le rseau hydraulique globale existant.

    Dun point de vue financier, il est possible dinstaller un quipement complet dans une maison individuelle pour environ 700 1 000 TTC. La maintenance pr-ventive quant elle, pourra tre rduite zro pour

  • Marchs & Innovations 2020 dans lArtisanat et le Commerce de proximit 23

    1Se positionner sur de nouveaux marchs>>> Le march de lco-responsabilit

    les systmes les plus simples. Mais les technologies les plus pousses fonctionnent avec des filtres, des organes de rglages, des modules de rgulation, et un comptage pouvant ncessiter un contrle trimes-triel ou annuel.

    Et demain ?

    Depuis plusieurs annes, les administrations fixent des objectifs en matire dconomie dnergie et de

    sobrit nergtique ambitieux pour le pays. Les bti-ments tendront devenir passifs voire positifs . Dans un tel contexte, il est vident que les technolo-gies hydroconomes prendront une place importante dans nos btiments neufs, aussi bien quexistants.

    Limitation drastique de la consommation dnergie, apports gratuits et rcupration dnergie sont tous simultanment mettre en uvre pour optimiser les conomies, pour limiter la pollution et amliorer le confort.

    Article connexe > Les opportunits de march du smart grid pour les artisans p. 24

    MotS clS

    Chauffagistes, Dveloppement durable, Energies renouvelables, EnR, Plombiers, Sobrit, Transition nergtique.

  • 24

    sbastien lEFEbvRE ResponsabledelInstitutdesmtiersdellectricitLesCompagnonsduDevoiretduTourdeFranceime@compagnons-du-devoir.com www.compagnons-du-devoir.com

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    L e smart grid (1) dsigne un type de rseau de distri-bution dlectricit dit intelligent car il utilise des technologies de linformation et de la communi-cation de manire optimiser la production, la distri-bution et la consommation dnergie.

    La mise au point et le dploiement des smart grids visent lamlioration de lefficacit nergtique, le dveloppement des nergies renouvelables et la rduction des missions de gaz effet de serre. Ils font partie des priorits du Ministre de lcologie, du Dveloppement durable et de lnergie et sont inscrits dans la stratgie nationale de transition co-logique 2014-2020 qui fait suite au Grenelle de lenvi-ronnement, en tant quils sont porteurs dun nouveau modle nergtique. (2)

    Les smart grids concernent potentiellement tous les consommateurs dnergie, donc tous les secteurs dactivit. Les conomies dnergie peuvent se faire dans tous les milieux o lon consomme de llectri-cit. Cela englobe donc les particuliers dans leur vie de tous les jours, les services publics (clairage, trans-ports en commun, etc.), mais aussi tous les industriels contraints de prendre en compte le cot nergtique.

    Quest-ce que le smart grid ?

    Le principe de base du smart grid consiste tout sim-plement mesurer en permanence le besoin rel des consommateurs pour produire au plus prs lnergie dont ils ont besoin. Cest chercher ajus-ter en temps rel la production et la distribution dlectricit en hirarchisant les besoins, et donc faire voluer le consommateur en vritable acteur. Un rseau lectrique intelligent prend en compte toutes les donnes en provenance des diffrents acteurs du systme quil sagisse de production dnergie (centralise ou dcentralise), de trans-port, de distribution ou de consommation, et les met en interaction.

    Relis et interagissant, les rseaux lectriques intelli-gents forment un projet de grande ampleur. Ils per-mettront le dveloppement des smart cities (villes intelligentes) qui intgrent la multiplication des voi-tures lectriques, le dveloppement des nergies renouvelables (production intermittente), le stockage de lnergie, les btiments intelligents, la gestion des clairages publics, etc.

    Premire tape de diffusion de la tech-nologie : les Linky dERDF

    Les smart grids en sont leurs dbuts et devraient apporter une rvolution dans la manire de vivre au quotidien. Actuellement, les principaux axes de dveloppement des rseaux intelligents sont les parcs oliens en mer (offshore), les rseaux en continu, les coquartiers

    En terme dapplication, le rseau franais commence tre quip de compteurs Linky (compteurs intelli-gents dERDF). Ce compteur permet une meilleure communication entre le consommateur et le produc-teur dnergie. Linstallation de ces compteurs intel-ligents est la premire tape pour la mise en place ultrieure de smart grids. Pour lheure, les Linky se dploient essentiellement dans les grosses struc-tures, de type usines. Pour faire un parallle, voil plus de dix ans que les nergies renouvelables se dveloppent, notamment avec les oliennes et les champs de panneaux solaires : au dbut, seules les grosses PME ont investi dans ce domaine, puis, peu peu, certains artisans ont fait de mme plus petite

    Les opportunits de march du smart grid pour les artisans

  • Marchs & Innovations 2020 dans lArtisanat et le Commerce de proximit 25

    1Se positionner sur de nouveaux marchs>>> Le march de lco-responsabilit

    chelle. Le mme phnomne est en train de se pro-duire avec les smart grids.

    La maison intelligente, opportunit de march pour les artisans

    Lartisan ne trouve pas encore sa place dans ce contexte, mais il peut tre acteur son niveau en installant chez ses clients des solutions intelligentes via la domotique et les nergies renouvelables qui permettent dj des conomies dnergie. La maison intelligente est aujourdhui un sujet qui intresse les consommateurs du fait de laugmentation du cot de lnergie et de la diffusion dinformations sur le smart grid. Pour lartisan qui saura voluer, se former pour suivre ces mutations, le dveloppement du smart grid est source dopportunits. Toutes les technolo-gies qui permettront des conomies dnergie vont devenir les marchs porteurs de demain.

    Le Grenelle de lenvironnement jusquen 2012, relay aujourdhui par le programme Transition cologique, a prpar le terrain de leur diffusion notamment au plan rglementaire. Pour tre attractifs et rpondre aux besoins actuels de la socit, les promoteurs immobiliers et les coproprits ont pris le sujet en main. Aujourdhui, le consommateur, avant de louer ou dacheter un logement, savise de sa consomma-tion nergtique, et il est devenu plus facile de vendre ou de louer des logements qui consomment moins dnergie.

    Une technologie en exprimentation lchelle de quartiers

    Les collectivits locales sont dterminantes pour la mise en place de smart grids lors damnagements urbains ou la cration de nouveaux quartiers. Le Grenelle de lenvironnement a cr la notion de coproprit nergtique pour mutualiser les inves-tissements dans la production locale, en rendant possible les changes locaux dnergie entre les bti-ments nergie positive, etc. De gros chantiers dco-quartiers existent dj : la Clmentire Granville ou Issy-les-Moulineaux, le rseau de quartier intelligent Issygrid. Dsormais, collectivits locales, propri-taires, grants et locataires de btiments recherchent une offre de services permettant une optimisation environnementale et conomique de lefficacit ner-gtique, avec un enjeu central : le pilotage nergtique intelligent lchelle de lcoquartier , explique la Ville. Ce projet est conu comme un laboratoire gran-deur nature o sont mutualiss des systmes de pro-duction, de consommation, de stockage et de pilotage visant une optimisation nergtique. Il prfigure la smart city de demain et le dveloppement des oppor-tunits pour les artisans.

    eN SavOIr pLUS(1) Lexpression anglaise smart grid est inspire de power grid qui dsigne le rseau de distribution dlec-tricit, le terme smart insistant sur lintelligence appor-te par linformatique dans la gestion de ce rseau.(2) Ministre de lcologie, du dveloppement durable et de lnergiewww.developpement-durable.gouv.fr

    Article connexe > LInternet des objets au service de la gestion de la production et de la maintenance p. 117

    MotS clS

    Dveloppement durable, coquartier, Rseau de distribution dlectricit intelligent, Rseau lectrique intelligent, Smart city, Transition nergtique.

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    Fanny PotagnikConseillreScuritEnvironnementChambredeMtiersetdelArtisanatdelaHaute-Garonnefpotagnik@cm-toulouse.fr www.cm-toulouse.fr

    laura gaillaRDConseillreEnvironnementCNIDEP,Pledinnovationpourlartisanatetlespetitesentreprises/[email protected] www.cnidep.com

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    Les mtiers de la rparation reprsentent 20 % des mtiers de services (cordonnerie, couture, lectro-nique, etc.). Pour beaucoup de ces mtiers, les pers-pectives davenir sont rduites car loffre de service rparation na cess de perdre des parts de mar-ch avec le dveloppement de la socit de consom-mation. cet gard, lexemple des professions de rparation des matriels lectroniques, lectriques et lectromnagers qui subissent le discours des marques et de leurs distributeurs est loquent : On ne rpare plus les matriels lectroniques, lectrom-nagers, on remplace ! Les garanties et rparations proposes par les marques et la grande distribution sont onreuses parce quelles sont bases sur le rem-placement de modules entiers et non pas sur les composants. Cette situation incite le consommateur au rachat de matriel neuf. Or, le contexte offre de nouvelles opportunits aux mtiers de la rparation : une rparation qui nexcde pas 30 % de la valeur du matriel neuf est rentable, les nouvelles tendances de la consommation, la crise conomique, sociale et environnementale, les travaux rglementaires en cours, la dnonciation de lobsolescence programme mise en uvre par certaines industries depuis des dcennies crent un nouveau contexte, favorable ces activits de rparation.

    Un contexte favorable

    Nouvelles tendances de la consommationCes dernires annes, une prise de conscience par les consommateurs que leurs comportements dachats sont un moyen dagir sur lemploi et len-vironnement sest fait jour, se traduisant par une consommation du moins ou autrement , plus raisonne, un besoin daction, de sens et de coh-rence. Daprs une enqute dEthicity mene en 2013, 48 % des Franais dclarent avoir davantage privil-gi les produits plus durables ces 12 derniers mois, et 24 % (+ 4 points vs 2012) dclarent tre tout fait daccord sur le fait dagir au service de leur convic-

    tion via leurs achats. La crise conomique a impact le pouvoir dachat et conduit les consommateurs rechercher et privilgier les meilleurs quilibres entre le prix et limpact de leurs comportements. Cette vo-lution reprsente un enjeu vital pour les entreprises. Elles doivent dsormais proposer des produits attrac-tifs sur tous les plans (dont le prix) et inventer de nou-veaux services lis lusage.

    Le Grenelle de lenvironnementDepuis 2009, le Grenelle de lenvironnement privil-gie la prvention des dchets ou rduction la source, tout autre mode de valorisation des dchets. Il ins-taure lobligation de mise en place de plans locaux de prvention par les collectivits et fixe des objectifs nationaux de rduction de la production de dchets des mnages de 7 %. Ce sont donc les particuliers qui sont viss et qui ont d chercher des alternatives lachat de nouveaux produits.

    Le plan national de prvention des dchets

    Dans les annes venir, au vu des textes de loi en pr-vision et en particulier le Plan National de Prvention des Dchets 2014-2020, le secteur de la rparation a de belles perspectives devant lui.

    Dans le contexte de la directive-cadre europenne sur les dchets (directive 2008/98/CE du 19 novembre

    Les nouvelles opportunits du march de la rparation

  • Marchs & Innovations 2020 dans lArtisanat et le Commerce de proximit 27

    1Se positionner sur de nouveaux marchs>>> Le march de lco-responsabilit

    2008), le Ministre de lcologie, du Dveloppement durable et de lnergie a lanc ds 2012, en lien avec lADEME, des rflexions associant lensemble des parties prenantes concernes par la prvention des dchets (reprsentants de ltat et des collectivits territoriales, des entreprises, des acteurs du traite-ment de dchets, de lconomie sociale et solidaire, des associations de protection de lenvironnement et des consommateurs) afin dlaborer de manire concerte un Plan National de Prvention des Dchets pour la priode 2014-2020.

    Ce plan cible toutes les catgories de dchets (dchets minraux, dchets dangereux, dchets non dange-reux non minraux), de tous les acteurs conomiques (dchets des mnages, dchets des entreprises prives de biens et de services publics, dchets des adminis-trations publiques).

    Il se donne comme ambition de rompre progressi-vement le lien entre la croissance conomique et la production de dchets et il constitue un levier pour la mise en uvre de la transition nergtique et envi-ronnementale. Il sinscrit en effet pleinement dans la dmarche de lconomie circulaire en tant quoutil au service de lvolution de notre modle conomique vers un modle durable, non seulement au plan envi-ronnemental, mais aussi conomique et social.

    La lutte contre lobsolescence programme

    On peut aussi citer la loi Hamon de mars 2014 pour la lutte contre lobsolescence programme qui pr-voit lobligation dextension de garantie des produits de six mois deux ans et lobligation dinformation sur la disponibilit de pices dtaches pour la rpa-ration. Jusqu prsent, en cas de dfaillance dun produit survenu dans les six mois suivant lachat, le dfaut tait prsum exister. Ce dlai a t allong et passe deux ans. Cette mesure dallongement est complte par lobligation de communiquer au public, sur le lieu de vente, la dure pendant laquelle les pices dtaches indispensables lutilisation dun

    appareil seront disponibles. Ces obligations nentre-ront en vigueur que deux ans aprs la promulgation de la loi, mais la disponibilit de pices dtaches devrait offrir de nouvelles opportunits aux mtiers de la rparation.

    Comment dvelopper son activit de rparation ?

    Dans un tel contexte, lartisanat a des opportuni-ts de reconqute de marchs sacrifis la socit de consommation. Il faut pour cela quil adopte un positionnement marketing et un discours dentre-prise en phase avec les attentes des consommateurs. Les entreprises de rparation sont, pour la plupart, des petites structures (moins de 3 salaris) avec pour clientle majeure les particuliers. On les trouve dans de nombreux secteurs : cordonnerie maroquinerie ; couture ; coutellerie ; lectromnager ; horlogerie bijouterie ; informatique tlphonie ; matriel de jardinage, motoculture de plaisance ; rparation de cycle ; travail du bois, ameublement, quipement de la maison ; TV audiovisuel.

    Aujourdhui, les consommateurs attendent des entre-prises quelles les rassurent sur la qualit de leurs achats et sur leur valeur. Ils veulent tre srs de faire les bons choix. Pour rpondre ces attentes, les arti-sans doivent jouer la carte de la pdagogie du dve-loppement durable, donner envie de changer les comportements ou daccompagner leur changement en expliquant les bnfices dune consommation rai-sonne et responsable.

    La promotion de lacte de rparation auprs du grand public est ncessaire. On observe de plus en

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    plus dinitiatives allant dans ce sens. Par exemple, la marque rparacteurs cre en Aquitaine desti-ne promouvoir les artisans de la rparation. Cette marque est reprise au plan national par plusieurs Chambres de mtiers et de lartisanat.

    Ces oprations ont pour objectif : La rduction des dchets par la rparation des biens que le consommateur a lhabitude de jeter. Il sagit dinciter le particulier la rparation et non au remplacement. Le maintien dun tissu dentreprises locales de la rparation lchelle dune agglomration ou dune communaut de communes.

    Elles portent sur les axes suivants : Animations territoriales : actions menes dans le

    cadre de plans locaux de prvention, Plan Climat nergie Territorial et les Agenda 21 en partenariat avec les collectivits territoriales. Mobilisation des professionnels de la rparation et offre dune meilleure visibilit auprs du grand public par le biais dune identit visuelle, dun plan de communication et dun accompagnement sur le volet marketing.

    On peut aussi souligner lorganisation dune vingtaine de Repair caf en France. Ces initiatives, bases sur des exemples nerlandais, sont des lieux qui per-mettent aux particuliers de rparer leurs objets avec des artisans bnvoles ou des passionns et participe donc au changement des mentalits.

    retourS dexprience > Les consommateurs ont pris conscience du gaspillage inutile. Retour dexprience de lentreprise Atelier Pro Vido Interview de Daniel Sovran, chef dentreprise p. 29 > Rparer des objets : au-del de la symbolique, un modle dentreprise bien dans lair du temps Retour dexprience de lentreprise Peps Interview de Thierry Millet, artisan concepteur et rparateur de parapluies Paris p. 31

    ArticleS connexeS > Impression 3D et entreprises de proximit, quels usages ? p. 59 > La fabrication additive, vers une nouvelle forme de production p. 76

    MotS clS

    Circuits courts, Consommation durable, conomie circulaire, Obsolescence programme, Prvention des dchets, Recyclage, Recyclerie, Rparation, Ressourcerie, Seconde main.

  • Marchs & Innovations 2020 dans lArtisanat et le Commerce de proximit 29

    1Se positionner sur de nouveaux marchs>>> Le march de lco-responsabilit

    Interview de Daniel Sovran DirigeantdAPV(AtelierProVido)Colomiers(31),Midi-Pyrneswww.atelierprovideo.fr

    Au service des particuliers et des professionnels, depuis 18 ans, Atelier Pro Vido est spcialis dans la maintenance du matriel audiovisuel ainsi que linstallation et la rfection dantennes. Son dirigeant, Daniel Sovran, dfend la cause de la rparation contre le dommageable rflexe du jeter-remplacer.

    La conjoncture serait favorable la rparation, plutt quau remplacement des appareils mna-gers (tlvision et audiovisuel). Est-ce que de votre point de vue, cest la crise ou le souci envi-ronnemental qui sont moteurs ?D. S. : Certainement les deux, les consommateurs ont pris conscience du gaspillage inutile, ils ont lesprit de rduire le nombre des dchets. Je pense queffec-tivement en cette priode conomiquement difficile il est prfrable pour le consommateur de faire rparer sa tlvision plutt que den acheter une nouvelle.

    Est-ce que votre entreprise profite de cette conjonc-ture ? Est-ce vraiment sensible en terme de revenu ?D. S. : Pendant la priode du passage la TNT (de 2005 novembre 2011 passage au tout numrique pour notre rgion), les consommateurs ont achet de nouveaux tlviseurs pour suivre lvolution tech-nique et ont donc dsert nos ateliers de rparation. Aujourdhui, ces tlviseurs tombent en panne et une partie de ces consommateurs privilgient la rpa-ration plutt que le remplacement par un appareil neuf. Effectivement nous avons constat une hausse de la frquentation dans notre atelier. Le consom-mateur vient rechercher le conseil du professionnel pour savoir sil est toujours possible de rparer des tarifs raisonnables ou sil est prfrable de remplacer le produit. Dans la majorit des cas le client dcide de laisser le matriel en rparation.

    Comment voyez-vous la concurrence des repairCaf que lon voit fleurir un peu partout ?D. S. : Il ne sagit pas vritablement de concurrence car notre profession de technicien lectronicien en

    maintenance de produits dquipement grand public (tlvision, lcd, plasma, vido) demande une for-mation premire spcifique, une technicit trs poin-tue ainsi quun quipement spcialis trs sophistiqu et coteux. De plus, pour tre toujours performant, efficace et la pointe de la technologie, nous devons suivre des stages techniques constructeurs Samsung, LG, Philips, Sony (6 environ par an) organiss par FEDELEC (Fdration Nationale des Professionnels Indpendants de llectricit et de llectronique).

    Quels avantages ou menaces reprsentent-ils pour le dveloppement de votre activit ou celles de la rparation au sens large ?D. S. : Les interventions faites dans les RepairCaf ne peuvent tre que de premier niveau (changement de fusible, nettoyage, rglage, mauvaise utilisation du produit, etc.). En revanche dans notre atelier, nous privi-lgions la rparation chaque fois que cela est possible car elle est moins onreuse que lchange systma-tique des platines ou cartes lectroniques en cause.

    Est-ce que le dveloppement des ressourceries qui rcuprent des matriels doccasion et les vendent trs bas prix ont un effet sur votre activit de rparation ?D. S. : Actuellement, nous ne sommes pas impac-ts concernant la rparation mais il est difficile de le quantifier.

    Est-ce que vous pourriez faire le portrait-robot du client qui fait rparer ses quipements, plutt que de les remplacer ?D. S. : Cest un client qui souhaite conserver son appareil pour plusieurs raisons : il se mfie un peu de la socit de consommation, il refuse de jeter un appareil par principe, il a pris des habitudes avec les fonctionnalits offertes par le produit : tlcommande, menu, le design convient particulirement la dcoration intrieure de son habitat.

    retour dexprience march de la rparationLes consommateurs ont pris conscience du gaspillage inutile

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    Est-ce qu votre avis, limpression 3D jouera un rle dans la fabrication des pices dtaches terme ? Serez-vous concern ?D. S. : Vue la conception des tlvisions, ne seront impactes par limpression 3D que les pices de fixa-tion ou de dcoration (cache arrire, bnisterie). Ce qui pour linstant reviendrait trop cher. Les pices lectroniques pures telles que condensateurs, circuits intgrs, diodes transistors, etc. ne seront pas concer-nes car elles sont fabriques dans des usines spcia-lises en composants lectroniques.

    Est-ce que vous attendez de la loi Hamon qui entrera en vigueur dans deux ans des retombes en terme de volume daffaires ?D. S. : Si effectivement les constructeurs sen-gagent, pass le dlai de garantie de 2 ans, fournir les pices dtaches dorigine un prix rai-sonnable pendant plusieurs annes, les consom-mateurs seront incits faire rparer leur tlviseur ds quil sera en panne. Aujourdhui, le discours des grandes surfaces ou des magasins spcialiss indique aux clients on ne rpare plus les tlvi-seurs, on les remplace ou alors les rparations sont trs chres .

    Comment est rparti votre chiffre daffaires entre rparation et autres ?D. S. : Actuellement, notre chiffre daffaires se compose environ 50 % des rparations et 50 % dinterventions

    lextrieur (antenne, vente de tlviseur, rglages etc.). Mais, plusieurs entreprises dans notre rgion Midi-Pyrnes, ont pour unique activit la rparation.

    Craignez-vous quune fois la crise conomique passe, les nouveaux comportements (soucieux de lenvironnement, et tournant le dos la socit dhyper-consommation) disparaissent ?D. S. : Depuis le dbut de la cration de notre entreprise (1996), nous avons toujours rpar le matriel lectro-nique que les clients nous ont confi. Nous pensons que la crise passe, ces mmes clients continueront faire rparer leur produit dans les mmes proportions.

    Quelles sont les qualits dun chef dentreprise dans le secteur de la rparation ? Quest-ce qui fait quil se peut se distinguer des autres ?D. S. : La passion de llectronique, le perfection-nisme et son professionnalisme sont les qualits essentielles pour suivre lvolution technique et tre toujours performant dans la maintenance des pro-duits lectroniques grand public. Il est trs important pour le chef dentreprise de suivre les formations techniques sur les nouveaux produits pour apporter aux consommateurs un service de qualit.

    eN SavOIr pLUSAPV (Atelier Pro Vido) Spcialiste dans la maintenance du matriel audiovisuel, installation et la rfection dantenne/www.atelierprovideo.fr

    ArticleS connexeS > Les nouvelles opportunits du march de la rparation p. 26 > Rparer des objets : au-del de la symbolique, un modle dentreprise individuelle bien dans lair du temps p. 31

    MotS clS

    Consommation frugale, Consommation responsable, Dveloppement durable, conomie circulaire, conomie collaborative, Impression 3D.

  • Marchs & Innovations 2020 dans lArtisanat et le Commerce de proximit 31

    1Se positionner sur de nouveaux marchs>>> Le march de lco-responsabilit

    Interview de Thierry MILLETArtisanconcepteuretrparateurdeparapluiesPariswww.peps-paris.com

    Lactivit de PEPS est unique en France. Install depuis 1967 dans le quartier du Sentier de Paris, latelier a t repris au dbut des annes 2000 par Thierry Millet. Il y effectue chaque anne des milliers de rparations de parapluies provenant du monde entier, et propose un choix unique de parapluies, dombrelles et de cannes de haute qualit.

    Quand et comment vous tes-vous lanc dans la rparation de parapluie ?T. M. : Au dbut des annes 2000, javais derrire moi une carrire dans lentreprise en tant que cadre diri-geant dans le secteur du mobilier design. Les vne-ments de la vie ont fait que jai d, cinquante ans passs, minventer une nouvelle place dans le monde du travail. Jai utilis mes comptences manuelles, jai fait lcole Boulle dans ma jeunesse, et une opportu-nit, la reprise dune toute petite entreprise de rpa-ration de parapluies.

    Quelle analyse faisiez-vous alors du march de la rparation ?T. M. : Si je me focalise sur mon objet de prdilec-tion, le parapluie, les comptes sont rapidement faits : chacun achte et jette au moins 2 parapluies par an. La France importe chaque anne 12 15 millions de parapluies. Ils cassent tous plus ou moins sous la pre-mire forte pluie. Toutes les structures de parapluie sont chinoises. Il y a 400 sortes de parapluies, il en sort de nouveaux tous les 6 mois : la cration est fara-mineuse et de plus en plus de mauvaise qualit pour rduire les cots.

    Une aberration dun point de vue cologique ? Comment lutter ?T. M. : Faire des produits solides, durables. Privilgier ce type de consommation. Et faire rparer au lieu de jeter.

    Quels sont les obstacles ?T. M. : Jen vois au moins deux : la croyance que faire rparer cest plus cher que de racheter. Cest faux. la non-rentabilit lchelle industrielle du recy-clage des parapluies ! Ca ne peut marcher que si on travaille tout seul comme moi. Je rcupre les para-pluies casss que lon me donne spontanment. Je les dmonte et je rcupre les pices. Je recycle mes frais, ce qui me permet de rparer toutes sortes de modles. Jai 500 000 pices dtaches dans mon atelier. Il y a deux cents pices dans un parapluie chinois.

    Comment expliquez-vous la russite de votre entreprise ?T. M. : Mon savoir-faire nest pas unique. En revanche je suis le seul lexercer dans la rparation et je suis tout seul dans mon entreprise. Mon succs est bien sr li ma personnalit et ma capacit me faire connatre. Pour pouvoir vivre de la rparation, il faut en effet avoir des volumes, et l je ne connais pas la crise ! Des parapluies marrivent du monde entier. Tous les fabricants franais et europens me connaissent et renvoient vers moi les clients qui sou-haitent faire rparer leur parapluie.

    Est-ce que vous travaillez avec les recycleries et les repair cafs ?T. M. : Je suis connu de ces associations et je les connais. Mais rparer un parapluie a nest pas pos-sible pour elles. Il faut des pices dtaches et pouvoir y accder. Cela nest possible que dans mon atelier. Le dveloppement de ces associations est une bonne chose, car elles font la promotion du recyclage auprs des consommateurs.

    retour dexprience march de la rparationRparer des objets : au-del de la symbolique, un modle dentreprise individuelle bien dans lair du temps

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    La rparation dun seul type de produit dans une entreprise cest donc un modle qui marche ?T. M. : Oui, il nourrit son homme. Avec la crise co-nomique qui dure, les problmes environnementaux qui senlisent, la destruction de


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