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Longtemps, on a cru que les malades devaient surtout se reposer. Aujourd’hui, on sait que l’activitĂ© physique leur est aussi bĂ©nĂ©fique.

“BOUGEZ !”

En collaboration avec

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2 COLLECTION MIEUX VIVRE

“BOUGEZ !”

Le niveau d’activitĂ© physique des personnes touchĂ©es par le cancer est infĂ©rieur Ă  celui de la population gĂ©nĂ©rale (1). Selon l’étude VICAN2 (2), sur dix personnes ayant une activitĂ© physique rĂ©guliĂšre, six l’ont modifiĂ©e au mo-ment du diagnostic : une pour l’arrĂȘter, quatre pour la rĂ©duire et une seule pour l’augmenter. D’autres Ă©tudes indiquent Ă©galement que les patients rĂ©duisent leur pratique pendant les traitements et qu’une fois la prise en charge terminĂ©e, le niveau d’activitĂ© physique n’est pas retrouvé (1) Blanchard CM et al. Do adults change their lifestyle behaviors after a cancer diagnosis? Am J Health Behav. 2003.(2) La vie deux ans aprĂšs un diagnostic de cancer. De l’annonce Ă  l’aprĂšs-cancer, collection Études et enquĂȘtes, INCa. juin 2014.

LE DIAGNOSTIC, UN CHOC ÉMOTIONNEL L’annonce de la maladie provoque un vĂ©ritable choc Ă©motionnel et psychologique. L’anxiĂ©tĂ© et l’état dĂ©pressif qui peuvent en dĂ©couler en-traĂźnent alors un repli sur soi et une plus grande difficultĂ© Ă  s’engager et Ă  s’épanouir dans une activitĂ© physique.

Être ACTIF, pas toujours facile
Manque de temps ou de motivation, peur de se blesser, de se fatiguer et de diminuer ses chances de guĂ©rison
 Le combat contre la maladie est une Ă©preuve, se (re)mettre en mouvement peut l’ĂȘtre aussi.

“Aprùs quatre mois d’hos-

pitalisation alitĂ©e, j’avais

perdu prĂšs de 6 kg. Mes

muscles avaient fondu, j’avais tout le

temps des crampes dans les mollets

et des tressautements musculaires.

Monter les escaliers Ă©tait une torture

et une fois chez moi, j’étais tellement

faible que je ne pouvais porter ni les

sacs de courses, ni le panier Ă  linge.

Malgré cela, les médecins me par-

laient de me remettre au sport. J’étais

réticente
 Et puis un matin plus

« ensoleillĂ© Â» qu’un autre, j’ai trouvĂ©

l’énergie d’enfiler mes baskets. J’ai

couru une dizaine de minutes et j’ai

terminĂ© en marchant. J’étais contente

d’ĂȘtre parvenue Ă  remettre mon corps

en mouvement et de le sentir capable

de supporter l’effort.

LYDIA, 25 ANS.

« Mes muscles avaient fondu
 »

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3COLLECTION MIEUX VIVRE

“BOUGEZ !”

UN CORPS MIS À RUDE ÉPREUVE Les traitements nĂ©cessitent parfois la pose d’une chambre implantable, d’une stomie ou d’une prothĂšse. Par ailleurs, ils sont souvent Ă  l’origine de troubles digestifs, d’une anĂ©-mie, du syndrome mains-pieds
 Les appa-reillages mĂ©dicaux, comme les effets secon-daires, sont handicapants, voire douloureux et viennent s’ajouter Ă  d’autres transformations corporelles telles qu’une prise ou une perte de poids, une fonte musculaire ou encore des difficultĂ©s respiratoires. Ainsi, quel que soit le patient, le rapport au corps change et la

Selon le type de

cancer, 25 Ă  100 % des patients se plaignent d’ĂȘtre fatiguĂ©s dĂšs le dĂ©but de la prise en charge, mais aussi de nombreux mois aprĂšs la fin des traitements. Cette sensation les pousse Ă  limiter progressivement l’activitĂ© physique pour ne pas augmenter leur fatigue. Or, le repos n’est pas la solution car dans la majoritĂ© des cas, la fatigue est aggravĂ©e par le dĂ©conditionnement physique. Cette dĂ©sadaptation Ă  l’effort rĂ©sulte directement de

l’inactivitĂ© occasionnĂ©e par la prise en charge thĂ©rapeutique (congĂ© maladie, alitement, traitements
). Le risque alors, c’est d’entrer dans un cercle vicieux : la baisse des capacitĂ©s fonctionnelles et du niveau de condition physique entraĂźne une perte de confiance, une anxiĂ©tĂ©, de la fatigue
 qui rĂ©duisent Ă  leur tour l’envie de bouger et la tolĂ©rance Ă  toute forme d’activitĂ© physique. Au final, ce dĂ©conditionnement atteint l’estime de soi et peut accroĂźtre les risques de dĂ©pression. ■

* Psychiatre, chef du dĂ©partement des soins de supports (DISSPO) et de l’UnitĂ© de psycho-oncologie (UPO) Ă  Gustave Roussy (Villejuif).

AVIS D’EXPERT DR SARAH DAUCHY*

confiance en ses aptitudes aussi. Mon corps est-il encore celui que j’avais avant la maladie ? Et s’il ne rĂ©pondait plus comme avant ?

LA FATIGUE AU RENDEZ-VOUS Depuis le diagnostic et pendant toute la du-rĂ©e des traitements, la gestion de la fatigue physique et psychique peut ĂȘtre complexe. Se « lancer » dans une activitĂ© physique peut alors paraĂźtre insurmontable et l’on craint par-fois d’aggraver la situation : cela ne va-t-il pas me fatiguer davantage ? ■

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4 COLLECTION MIEUX VIVRE

“BOUGEZ !”

Bouger, c’est vital !

ments peuvent affecter le systĂšme cardio-vas-culaire. Que le programme d’activitĂ© physique soit initiĂ© au dĂ©but des traitements ou plus tard, l’essentiel est qu’il soit rĂ©gulier et d’intensitĂ© modĂ©rĂ©e Ă  Ă©levĂ©e. En effet, plus l’entrainement est rĂ©gulier, plus le cƓur se dĂ©veloppe et gagne en puissance.

MOINS DE FATIGUE L’activitĂ© physique rĂ©duit de 36 % en moyenne la fatigue induite par les traitements(1), quels que soient le moment oĂč le patient se situe dans son traitement et le stade de la maladie.

(1) Cramp F, Daniel J; Exercise for the management of cancer-related fatigue in adults; Cochrane Database Syst Rev.; 2008 / 2012

Si l’on sait que la pratique d’une activitĂ© phy-sique contribue Ă  prĂ©venir le dĂ©veloppement de certains cancers, son bĂ©nĂ©fice pendant et aprĂšs la maladie est moins connu. « Et pourtant, elle dĂ©veloppe les capacitĂ©s corporelles des personnes malades, et renforce leur aptitude Ă  supporter les Ă©preuves en leur permettant d’ĂȘtre actifs dans leur parcours de soin », sou-ligne Jean-Marc Descotes, cofondateur de la FĂ©dĂ©ration CAMI Sport et Cancer.

DES EFFETS SECONDAIRES ATTÉNUÉS En favorisant un maintien ou une augmentation de la masse musculaire, en amĂ©liorant la force et l’endurance des muscles, l’activitĂ© physique attĂ©nue, voire prĂ©vient, les troubles muscu-lo-squelettiques, les douleurs ostĂ©o-articulaires et les problĂšmes cardio-vasculaires qui sont des consĂ©quences frĂ©quentes des traitements an-ti-cancĂ©reux. Elle rĂ©duit Ă©galement les risques d’autres pathologies graves comme le diabĂšte et l’ostĂ©oporose, qui ne peuvent qu’aggraver l’état de santĂ© du patient.

UN CƒUR PLUS RÉSISTANT On a tous besoin de conforter ses capacitĂ©s cardio-respiratoires. Ceci est d’autant plus vrai pour les malades de cancer, dont les traite-

La pratique d’une activitĂ© physique soutenue et rĂ©guliĂšre aide Ă  surmonter les effets secondaires des traitements – physiques et psychologiques –, amĂ©liore la qualitĂ© de vie des patients et diminue les risques de rĂ©cidive.

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5COLLECTION MIEUX VIVRE

“BOUGEZ !”

UN RISQUE DE RÉCIDIVE DIMINUÉ Dans le cas du cancer du sein, on sait que la pra-tique d’une activitĂ© physique aprĂšs le diagnos-tic diminue de 24 % le risque de rĂ©cidive aprĂšs les traitements(2). Les Ă©tudes se multiplient et des effets similaires ont Ă©tĂ© montrĂ©s notam-ment chez les patients atteints d’un cancer colorectal et de la prostate. (2) Ibrahim et al ; Physical activity and survival after breast cancer diagno-sis : meta-analysis of published studies; Med Oncol. 2011.

UNE SURVIE AUGMENTÉE Des mĂ©ta-analyses montrent que chez les pa-tients atteints de cancer du sein, de la prostate ou colorectal, les plus actifs pouvaient voir leur risque de mortalitĂ© diminuer de 37 % par rapport aux moins actifs(3). En ce qui concerne le seul cancer colorec-tal, le risque de dĂ©cĂšs est par exemple rĂ©duit de 39 %(4). (3) Friedenreich ; Physical activity and cancer outcomes ; Clinical Cancer Research. 2016. (4) Schmid et al; Association between physical activity and mortality among breast cancer and colorectal cancer survivors : a systematic review and meta-analysis ; Annals of Oncology. 2014.

UN MIEUX-ÊTRE La pratique d’une activitĂ© physique diminue la fatigue, les troubles du sommeil et de la concentration. De plus, elle provoque la libĂ©ra-tion d’endorphines dans le cerveau, en quantitĂ© jusqu’à cinq fois supĂ©rieure Ă  la normale. Outre

le fait que ces endorphines rĂ©duisent la sensation de douleur, elles amplifient celle de plaisir et peuvent mĂȘme ĂȘtre Ă  l’origine d’une lĂ©gĂšre euphorie. Par

ailleurs, maintenir son attention sur une pratique physique – quelle qu’en

soit le niveau – peut aider le malade Ă  porter un regard positif sur son corps mais aussi Ă  mieux gĂ©rer son anxiĂ©tĂ©.

LE SPORT POUR CRÉER DES LIENS PratiquĂ©e en groupe, l’activitĂ© physique favo-rise les relations avec les autres ; elle joue un rĂŽle important dans la socialisation et rĂ©duit l’isolement crĂ©Ă© par la maladie. ■

SACHEZ-LE !SE SENTIR

MIEUX PENDANT LA MALADIE FACILITE

LA PRISE DES TRAITEMENTS.

Pour comprendre

l’action du sport chez un patient atteint de cancer, il est intĂ©ressant de se pencher sur le rĂŽle de certaines cytokines. Ces protĂ©ines sont sĂ©crĂ©tĂ©es par les cellules inflammatoires qui s’accumulent autour de la tumeur et par les cellules de la graisse intra-abdominale. Elles favorisent la fonte des muscles, agissent au niveau du cerveau en entraĂźnant fatigue, troubles du sommeil et de la mĂ©moire, et perturbent l’assimilation du glucose dans l’organisme. Le sport, en jouant son rĂŽle d’anti-inflammatoire et de brĂ»leur de graisse, limite la production

des cytokines et leur action. Des Ă©tudes montrent ainsi que 30 minutes de sport abaissent la production de cytokines pendant 72 heures. L’idĂ©al est donc de pratiquer une activitĂ© physique suffisamment intense au moins tous les trois jours. Par ailleurs, on constate aussi que l’effort physique entraĂźne la production d’une protĂ©ine (l’interleukine 6) qui stimule le systĂšme immunitaire. Cette stimulation contribuerait Ă  mieux « armer » l’organisme des patients face Ă  la maladie. ■

* CancĂ©rologue Ă  l’hĂŽpital Avicenne (Bobigny), prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration nationale CAMI Sport et Cancer.

AVIS D’EXPERT DR THIERRY BOUILLET*

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À CHAQUE ACTIVITÉ SA DÉPENSE ÉNERGÉTIQUE

L’Organisation mondiale de la SantĂ© (OMS) dĂ©finit l’activitĂ© physique comme « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques (mucles attachĂ©s au squelette qui assurent les mouvements du corps) qui entraĂźne une augmentation de la dĂ©pense Ă©nergĂ©tique par rapport Ă  la dĂ©pense Ă©nergĂ©tique de repos. » Elle ne se rĂ©duit donc pas au sport, mais concerne de trĂšs nombreuses activitĂ©s de la vie quotidienne. En France, c’est le Programme national nutrition santĂ© (PNNS), lancĂ© en 2001 puis complĂ©tĂ© par les recomman-

ACTIVITÉ PHYSIQUE : de quoi on parle ?

dations de l’Institut national du cancer et du rĂ©seau NACRe (RĂ©seau national alimentation cancer recherche), qui a pointĂ© l’importance de la nutrition (dans laquelle s’intĂšgre l’activi-tĂ© physique) dans la prĂ©vention des cancers. L’activitĂ© physique a mĂȘme Ă©tĂ© reconnue comme une thĂ©rapeutique non mĂ©dicamenteuse par la Haute AutoritĂ© de santĂ© (HAS) en 2011. En fĂ©vrier 2016, l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environ-nement et du travail (Anses) a actualisĂ© les indications du PNNS afin d’encourager la rĂ©duction des comportements

INTENSITÉ EXEMPLE

FAIBLE - Marche Ă  moins de 5km/h

- Promener son chien

MODÉRÉE - Marche de 5 à 6,5 km/h

- MontĂ©e d’escaliers Ă  vitesse lente

- Nage de loisir

- VĂ©lo Ă  15km/h

ÉLEVÉE - MontĂ©e rapide d’escaliers

- Course de 8 Ă  9 km/h

- Marche Ă  5km/h sur une pente Ă  12%

- VĂ©lo Ă  20km/h

TRÈS ÉLEVÉE - Course de 9 à 16km/h

- VĂ©lo Ă  plus de 25 km/h

“BOUGEZ !”

sĂ©dentaires et la pratique d’activitĂ©s physiques, dans tous les contextes de vie et Ă  tous les Ăąges.

LES DIFFÉRENTS TYPES D’ACTIVITÉS PHYSIQUESL’Anses recense quatre grandes familles d’activitĂ©s, selon les fonctions physiolo-giques sollicitĂ©es :‱ L’endurance. Elle augmente les capacitĂ©s cardio-res-piratoires qui permettent de maintenir des exercices de plus en plus prolongĂ©s. Exemples : marche rapide, running, marche nordique, cyclisme, natation, ski de fond. Passer l’aspirateur, tondre la pelouse ou encore tailler ses arbres en font aussi partie.‱ Le renforcement musculaire. Il dĂ©veloppe les fonctions musculaires (force et puis-sance). Entre autres activitĂ©s, citons : le vĂ©lo, la danse, la gymnastique, mais aussi les montĂ©es et descentes d’esca-liers, le port de charges
 ‱ Les activitĂ©s d’équilibre. Elles renforcent ou dĂ©ve-loppent la proprioception et sont particuliĂšrement importantes chez les sujets ĂągĂ©s. Exemples : vĂ©lo, danse,

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7COLLECTION MIEUX VIVRE

et une frĂ©quence, soit pour un adulte :‱ 30 min d’activitĂ© physique cardio-respiratoire d’intensitĂ© modĂ©rĂ©e Ă  Ă©levĂ©e au moins 5 jours/semaine, en Ă©vitant de rester 2 jours consĂ©cutifs sans pratiquer.‱ 1 Ă  2 fois/semaine, du renfor-cement musculaire, avec une in-tensitĂ© permettant la rĂ©pĂ©tition sans douleur des mouvements et 1 Ă  2 jour(s) de rĂ©cupĂ©ration

entre deux sĂ©ances.‱ 2 Ă  3 fois/semaine, des exer-cices d’assouplissement et de mobilitĂ© articulaire.‱ Une rĂ©duction du temps total passĂ© en position assise ou allongĂ©e (en dehors des temps de sommeil), avec l’introduction, toutes les 90 Ă  120 min, d’une pĂ©riode d’ac-tivitĂ© physique de quelques minutes. ■

marche, mais aussi faire de la trottinette
‱ Les activitĂ©s de souplesse. Elles dĂ©veloppent l’agilitĂ© et la mobilitĂ© articulaire. Exemples : tai-chi, golf, yoga, mais aussi travaux mĂ©nagers.

LES OCCASIONS DE PRATIQUER Les activitĂ©s physiques peuvent avoir lieu dans tous les contextes de la vie quotidienne : ‱ À la maison, quand on effec-tue ses tĂąches mĂ©nagĂšres.‱ Au cours des dĂ©placements qui requiĂšrent un effort mus-culaire : se rendre Ă  son travail, accompagner les enfants, faire des courses... ‱ Au travail, surtout si la profession exercĂ©e est physi-quement exigeante : ouvriers du BTP, pompiers, Ă©boueurs, agriculteurs
‱ Pendant les loisirs, en faisant du sport, du jardinage ou du bricolage. LES RECOMMANDATIONS POUR LA POPULATION GÉNÉRALELa bonne pratique est officiellement dĂ©terminĂ©e par une durĂ©e, une intensitĂ©

> Pour auto-évaluer son niveau de sédentarité, les questionnaires de

Marshall, de Baecke, ou de Ricci et Gagnon peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s

sur Internet. N’hĂ©sitez pas Ă  en parler avec votre mĂ©decin traitant.

P E N S E Z - Y

Attention Ă  ne pas confondre inactivitĂ© physique et sĂ©denta-ritĂ© ! On est considĂ©rĂ© comme physique-ment inactif, dĂšs lors que le niveau d’activitĂ© physique est infĂ©rieur aux recommandations officielles en termes de durĂ©e, d’intensitĂ© et de frĂ©quence. La sĂ©dentaritĂ©, elle, correspond au temps que l’on passe assis pendant la pĂ©riode d’éveil : lors des dĂ©placements, au travail, Ă  la maison,

durant certains loisirs
 Les Ă©tudes montrent que la sĂ©dentaritĂ© est un facteur de morta-litĂ© prĂ©coce et de dĂ©veloppement de maladies chroniques, mĂȘme si la personne pratique une activitĂ© physique de loisirs. Une des prioritĂ©s est donc de trouver des solutions pour ĂȘtre moins sĂ©dentaire et moins inactif. La vie quotidienne regorge de mauvaises habitudes qu’on peut modifier ! Une fois

que l’on est recon-ditionnĂ© Ă  un mode de vie quotidien plus actif (prendre les escaliers plutĂŽt que l’ascenseur, diminuer le temps devant les Ă©crans, se rendre Ă  son tra-vail Ă  pied ou Ă  vĂ©lo), il est possible d’envi-sager de pratiquer une activitĂ© physique un peu plus structurĂ©e. ■* Physiologiste et endocrinologue, CHU Clermont-Ferrand , et directrice scientifique de l’Observatoire national de l’activitĂ© physique et de la sĂ©dentaritĂ©.

« Trouver des solutions pour ĂȘtre moins sĂ©dentaire et moins inactif Â»

AVIS D’EXPERT PR MARTINE DUCLOS*

“BOUGEZ !”

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8 COLLECTION MIEUX VIVRE

“BOUGEZ !”

COMMENT se mettre en MOUVEMENTIl ne suffit pas d’ĂȘtre convaincu
 La reprise d’une activitĂ© physique nĂ©cessite d’ĂȘtre informĂ© des dispositifs spĂ©cifiques proposĂ©s Ă  l’hĂŽpital ou en ville.

> Gym’AprĂšs Cancer Quoi ? Deux fois par semaine en salle, les patients sont invitĂ©s Ă  pratiquer de la gymnastique douce et de la relaxation. Une fois par semaine en extĂ©rieur, ils se retrouvent pour une sĂ©ance de marche collective.   OĂč ? Dans des structures de la FĂ©dĂ©ration française d’éducation physique et de gymnastique volontaire (sport-sante.fr).Pour qui ? Tous les patients Ă 

diffĂ©rents stades de la maladie.Pour quoi ? AmĂ©liorer la motricitĂ© gĂ©nĂ©rale, renforcer l’aptitude cardio-respiratoire et la force musculaire, retrouver de l’équilibre et de la souplesse.> Le programme d’activitĂ©s physiques « Programme Activ’» Quoi ? AprĂšs un bilan individuel d’1h en dĂ©but de ce programme, 12 sĂ©ances collectives d’1h d’APA sont programmĂ©es, ainsi que trois ateliers diĂ©tĂ©tiques de 2h.

Un nouveau bilan individuel clĂŽt ce programme, co-construit avec l’association Siel bleu (sielbleu.org).OĂč ? À l’Institut Curie (Paris).Pour qui ? Les patientes de l’Institut Curie ayant Ă©tĂ© traitĂ©es depuis moins de 5 ans pour un cancer du sein localisĂ©.Pour quoi ? Pour retrouver l’envie de bouger en pratiquant une activitĂ© physique de façon progressive.

En mars 2017, l’Institut national du cancer a publiĂ© un rapport qui fait l’état des lieux des connaissances sur les bĂ©nĂ©fices de l’activitĂ© physique pendant et aprĂšs cancer. Il fournit des repĂšres pratiques pour aider les professionnels de santĂ© Ă  lutter contre la sĂ©dentaritĂ© de leurs patients et promouvoir la pratique d’activitĂ© physique adaptĂ©e. Il prĂ©conise de mettre en place une pratique d’activitĂ© physique adaptĂ©e Ă  la situation du patient, qui tienne compte du niveau habituel de la pratique, de la situation cli-nique et des motivations ou freins Ă  la pratique, et lorsque c’est possible, de tendre autant que possible vers les objectifs de la population gĂ©-nĂ©rale. Ce rapport signale les contre-indications et situations qui demandent une vigilance par-

L’APA : QUELQUES EXEMPLES

ticuliĂšre, ainsi que les spĂ©cificitĂ©s des patients atteints d’hĂ©mopathies malignes, et des enfants, adolescents et jeunes adultes atteints de cancer.

ENVISAGEZ L’ACTVITÉ PHYSIQUE ADAPTÉE (APA) 

L’APA permet aux personnes atteintes d’un cancer, en cours ou aprĂšs les traitements, de reprendre une activitĂ© physique ajustĂ©e Ă  leurs besoins et leurs capacitĂ©s. Depuis le 1er mars 2017, cette pratique peut faire l’objet d’une pres-cription mĂ©dicale. ConsidĂ©rĂ©e comme un soin de support, au mĂȘme titre que l’acupuncture ou la socio-esthĂ©tique, l’APA est dispensĂ©e par des enseignants qui ont suivi une formation uni-

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“BOUGEZ !”

versitaire spĂ©cifique (spĂ©cialisation de la filiĂšre Staps). Ils peuvent intervenir aussi bien au sein de l’hĂŽpital qu’en ville, dans le cadre d’associations.La prise en charge en APA commence systĂ©ma-tiquement par un entretien entre le patient et l’enseignant. AprĂšs Ă©valuation de ses capaci-tĂ©s, le patient se voit proposer un programme personnalisĂ© comprenant une (ou plusieurs) activitĂ©(s) physique(s). « Notre prise en charge diffĂšre en fonction des retours des patients sur leurs sĂ©ances, prĂ©cise LoĂŻc Faivre, ensei-gnant en APA Ă  l’Institut de cancĂ©rologie de l’Ouest (Angers). On s’adapte Ă  leur Ă©tat, leurs

> Le MĂ©diĂ©tĂ© Quoi ? Il s’agit d’un programme de gymnastique adaptĂ©e qui emprunte Ă  plusieurs disciplines (arts martiaux, danse).OĂč ? Le MĂ©diĂ©tĂ© est dispensĂ© dans une vingtaine de dĂ©parte-ments, en ville ou Ă  l’hĂŽpital, par des praticiens en thĂ©rapie spor-tive (renseignez-vous auprĂšs de la CAMI la plus proche de chez vous ou sur sportetcancer.com). Pour qui ? Tout patient en traite-

ment ou en rĂ©mission qui souhaite pratiquer une activitĂ© physique sĂ©curisĂ©e, ludique et efficace. Pour quoi ? Pour dĂ©nouer les tensions, retrouver une mobilitĂ©, une tonicitĂ©, amĂ©liorer la respira-tion et la posture globale.> Boxe’lib Quoi ? PratiquĂ©es en groupes, les sĂ©ances (2 x 50 min par semaine pendant six mois) prĂ©voient des enchaĂźnements de mouvements et de coups portĂ©s contre un

mannequin de mousse.OĂč ? Au centre rĂ©gional de lutte contre le cancer Paul Strauss (Strasbourg).Pour qui ? Les patients hommes et femmes du centre Paul Strauss, en cours de traitement par chimiothĂ©rapie.Pour quoi ? Pour renforcer la motricitĂ© aprĂšs une opĂ©ration, travailler la concentration, libĂ©rer les Ă©motions, dĂ©velopper la mĂ©morisation.

Pendant trĂšs

longtemps, les mĂ©decins ont majoritairement dĂ©conseillĂ© l’activitĂ© physique. Ils recommandaient mĂȘme Ă  leurs patients d’éviter tout effort. Aujourd’hui, on sait au contraire que l’oncologue doit parler le plus tĂŽt possible Ă  ses malades de l’importance de maintenir ou de dĂ©buter une activitĂ© physique dĂšs le dĂ©but de la prise en charge. À nous de mettre en avant les avantages de l’activitĂ© physique adaptĂ©e et de lever

les peurs des patients ou de l’entourage. Notre rĂŽle est de rassurer les malades en leur prĂ©sentant le type de programme individualisĂ© qui leur convient, de leur rappeler que l’activitĂ© physique adaptĂ©e tient compte de leurs capacitĂ©s physiques, de leurs prĂ©fĂ©rences en matiĂšre d’exercices, de leur Ă©tat psychologique et bien sĂ»r du stade de leur maladie. ■

* Oncologue, hĂŽpital Saint-Louis (Paris). A initiĂ© depuis 2012 un programme d’activitĂ©s physiques destinĂ©es aux patientes suivies au Centre des maladies du sein de l’hĂŽpital Saint-Louis.

AVIS D’EXPERT DR CAROLINE CUVIER*

ressentis. L’objectif est de les amener progressi-vement Ă  une participation active, puis Ă  l’intĂ©-gration d’une activitĂ© physique rĂ©guliĂšre dans leurs habitudes de vie. » Plus d’infos sur maladesdesport.fr

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10 COLLECTION MIEUX VIVRE

“BOUGEZ !”

Les mĂ©decins m’avaient plutĂŽt conseillĂ© de lever le pied, jugeant la pratique du bad-

minton trop intense. MalgrĂ© tout, j’ai continuĂ© Ă  m’entraĂźner rĂ©guliĂšrement pendant

mon traitement, tout en réduisant le rythme des compétitions à une fois par mois.

J’avais beaucoup de difficultĂ©s Ă  respirer, parfois des vertiges. Je sentais mon corps moins

tonique et moins résistant, mais quel gain de vitalité aprÚs une séance ! Et quel soulagement de

sortir de la maladie, de conserver une vie sociale. Tout le monde au club Ă©tait au courant.

Depuis la fin de mes traitements, j’ai retrouvĂ© ma condition physique. D’autant que le sport

m’a permis de conserver un peu d’appĂ©tit, donc de ne pas perdre

beaucoup de poids et de maintenir ma masse musculaire.

Avant, je faisais du vélo, mais pen-

dant mon cancer, je n’avais pas envie

d’une activitĂ© physique solitaire. J’ai

entendu parler de l’Aviron SantĂ©, une discipline

relevant de l’activitĂ© physique adaptĂ©e, et

j’ai dĂ©cidĂ© de pousser la porte du Rowing

Club Strasbourg. Au dĂ©but, je n’ai pas aimĂ©

l’ambiance des vestiaires : on n’y parlait que de

la maladie. Et puis peu Ă  peu, j’ai trouvĂ© plutĂŽt

positif d’ĂȘtre entourĂ©e de personnes qui avaient

traversé des moments similaires aux miens

car dans un sport d’équipe comme l’aviron, la

cohésion est trÚs importante. Nous devons tous

ramer en mĂȘme temps. ParallĂšlement, ce travail

collectif s’appuie aussi sur un programme

d’entraĂźnement personnalisĂ© sur rameur que le

coach définit en fonction des capacités de cha-

cun. J’ai rapidement vu les bĂ©nĂ©fices physiques

de cette activitĂ© et j’ai aussi retrouvĂ© un Ă©quilibre

de vie : ça m’a permis de me dĂ©penser, d’évacuer

le stress, de renouer avec la sensation de faim

et une meilleure qualité de sommeil. Seul hic :

depuis que j’ai repris le travail, je ne peux suivre

qu’une seule sĂ©ance et ça me manque.

“

MAGALI, 40 ANS. 

« L’aviron m’a aidĂ©e Ă  rĂ©cupĂ©rer un Ă©quilibre de vie »

MAINTENEZ LE MOUVEMENT ! Vous vous ĂȘtes lancĂ© dans une activitĂ© physique Ă  l’occasion de votre prise en charge ? Votre challenge est maintenant de garder le rythme ! Tant que vous ĂȘtes en ALD (Affection de longue durĂ©e), vous pouvez bĂ©nĂ©ficier de sĂ©ances d’ac-tivitĂ© physique adaptĂ©e. Mais vous pouvez aussi prĂ©fĂ©rer une activitĂ© physique « classique », pra-tiquĂ©e hors du contexte de la maladie. En parler avec votre oncologue, mĂ©decin traitant et, le cas Ă©chĂ©ant, votre coach en APA est alors important. Ils sauront vous accompagner. Enfin, sachez que pour « accrocher » Ă  une activitĂ© physique, celle-ci doit VOUS correspondre : ‱ Le plaisir avant tout : l’activitĂ© physique qui vous sĂ©duit le plus est-elle celle de vos sĂ©ances d’APA, celle que vous pratiquiez avant la maladie, une nouvelle qui vous a toujours attirĂ©(e) ? ‱ Un effort suffisant : l’intensitĂ© et la frĂ©quence de l’activitĂ© physique choisie doivent vous assurer un effort adaptĂ© ; ni trop intense ni trop faible, progressif et rĂ©gulier. ‱ Une organisation simple : proximitĂ© gĂ©ogra-phique et horaires « pratiques » se rĂ©vĂšlent ĂȘtre de prĂ©cieux critĂšres pour pratiquer plusieurs fois par semaine et rester assidu(e). ‱ Une activitĂ© individuelle ou collective : prati-quĂ©e seule, l’activitĂ© sportive est souvent plus facile Ă  organiser et permet de se recentrer sur soi. En groupe, elle devient l’occasion de s’ouvrir aux autres et d’entretenir sa motivation. ■

ANDREA, 26 ANS,

“« J’ai continuĂ© la compĂ©tition »

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11COLLECTION MIEUX VIVRE

“BOUGEZ !”

J’ignorais tout de l’activitĂ©

physique adaptée - aucun

mĂ©decin ne m’en avait

jamais parlĂ© ! – jusqu’à ce que je voie

un reportage Ă  la tĂ©lĂ©vision. Je n’étais

pas du tout sportive mais j’ai pensĂ©

que cela m’aiderait Ă  rĂ©cupĂ©rer un

peu de mobilitĂ© dans mon bras. J’ai

choisi l’escrime et la marche nordique.

Les sĂ©ances d’escrime sont encadrĂ©es

par une maĂźtre d’arme spĂ©cialement

formĂ©e. C’est rassurant pour moi,

comme le fait que nous soyons toutes

des femmes opĂ©rĂ©es d’un cancer

du sein. On comprend mieux nos

difficultés respectives. En tout cas,

je n’aurais jamais imaginĂ© meilleure

rééducation. Avant, je ne pouvais

plus enfiler mon manteau sans me

contorsionner. Trùs vite, j’ai vu les

changements. Et j’ai aussi rĂ©cupĂ©rĂ©

mes capacités de concentration et de

coordination. Maintenant, j’aimerais

bien intégrer un club classique.

Le sport s’est imposĂ© Ă  moi dĂšs le

plus jeune Ăąge : basket, tennis de

table, cross, hand-ball, escalade,

arts martiaux, trail
 Aucune recherche de

performance, juste une hygiĂšne corporelle

et mentale. AprĂšs le diagnostic et une

premiĂšre opĂ©ration d’exploration en juillet

2014, je me suis mis Ă  la marche simple et

en escalier pour augmenter mon rythme

cardiaque. Chaque mardi, commençait

un nouveau cycle de chimiothérapie qui

durait deux jours. Je reprenais la marche

le samedi ou le dimanche, doucement. Le

chirurgien m’y avait d’ailleurs encoura-

gé, en prévision des lourds traitements

que j’allais encore subir. J’ai maintenu

ce rythme avec une idĂ©e en tĂȘte : partir

marcher en montagne Ă  la fin des

traitements. DĂšs l’étĂ© 2015, j’y Ă©tais. À

l’automne, aprĂšs le rĂ©tablissement

de mon iléostomie (déviation de

l’intestin grĂȘle Ă  l’abdomen) et la

reprise du travail Ă  mi-temps, je

suis retourné à la salle de gym.

Progressivement, j’ai retrouvĂ© mon

niveau d’avant la maladie. Aujourd’hui,

ma « mĂ©dication » pour activer mes dĂ©-

fenses immunitaires, c’est de pratiquer

tous les jours (gym couplée à du vélo/

footing/escalade selon la

saison) à faible intensité et

avec plaisir.

“

“

CORINNE, 50 ANS,

ALAIN, 62 ANS,

« Je n’aurais jamais imaginĂ© meilleure rĂ©Ă©ducation »

« Le chirurgien m’a encouragĂ© Ă  la marche »

CE DOCUMENT A ÉTÉ RÉALISÉ AVEC LE CONCOURS DE L’ÉQUIPE DE COORDINATION DU RÉSEAU NATIONAL

ALIMENTATION CANCER RECHERCHE.

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