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Patrick ChardenetDirecteur délégué

« Langue et communication scientifique en français »Maître de conférences em sciences du langage

Laboratoire de Sémiolinguistique, Didactique et Informatique (Université de Franche Comté)

CEDISCOR (Centre de recherches sur les discours ordinaires et spécialisés)/SYLED (Systèmes Linguistiques, Enonciation et Discursivité), UPRES 2290.

« MONDIALISATION ET COMMERCE DES LANGUES"

http://www.auf.org

[email protected]

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1. Problématique globale : état des lieux paradoxal, configuration du capital linguistique mondial

2. Description : dynamiques de pôles et de flux

3. Quelques situations : Afrique du Sud, Corée du Sud, Amérique du Sud

« MONDIALISATION ET COMMERCE DES LANGUES"

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Problématique globale :

jamais les contacts de langues n’ont été aussi amples et intenses;

jamais quelques langues n’ont été autant en mesure de dominer les autres de manière aussi ample et intense.

Conséquences conjuguées des deux phénomènes :

Pour la première fois dans l’histoire du monde, depuis les années 1950, le rapport entre le nombre de langues qui se créent et le nombre de langues qui ne sont plus actives, est déficitaire.

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État des lieux paradoxal

POTENTIEL D’EXCLUSION : d’un côté la mondialisation tend à hiérarchiser les langues (renforçant les dominantes : 5% des langues sont parlées par 95% des locuteurs comme langues premières) =

POTENTIEL D’EXPOSITION : de l’autre, elle tend à rendre accessible au monde n’importe quelle langue (les 95% des langues des 6000 langues du monde parlées par 5% de la population mondiale )

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Deux points de vue

Point de vue optimiste :

-l’obligation du contact de langues peut amener la création de nouvelles langues

- le marché des langues n’est pas figé et les langues dominantes d’une époque peuvent changer de position à une autre époque

Point de vue pessimiste :

- l’obligation du contact de langues se fait au profit de quelques unes mais de toute façon pas de toutes

- les fondements du marché des langues reposent sur des dynamiques d’exclusion plutôt que d’inclusion

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Quelles politiques linguistiques ?

Se pose la question de savoir quelles langues proposer et quelle langue enseigner / apprendre / équiper et comment le faire ?

C’est-à-dire quels buts se fixent les États et les entités supra-étatiques, pour quelles finalités de politiques linguistiques (éducatives, scientifique,

culturelle, économique …) ?

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Configurations complexes du capital linguistique mondial : rapports entre les statuts (collectifs, individuels) et les corpus (démolinguistiques) :

langues autochtones / langues importées langue hyperdominante mondiale langues superdominantes internationales langues dominantes régionales transnationales langues nationales (Etats) langues officielles (Etats, entités supranationales, organisations internationales) langues communautaires des diasporas langues d’adoption langues de la communication électronique (internet)

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Une description dynamique en flux et en pôles : contextes démolinguistique

Cette dynamique a toujours existé

Le premier marqueur du poids des langues, c'est la démographie de leurs locuteurs (démolinguistique globale des locuteurs de langue première et démolinguistique spécifiée pour les locuteurs occasionnels et/ou à compétences partielles.

Cette démolinguistique a toujours été en mouvement (il n'y a pas

d'emprunts sans mouvement des locuteurs).

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Ce qui change et qui la rend plus active et plus visible, c'est sa dimension planétaire et les effets de sa rapidité.

Ouverture des frontières de sortie pour les populations (vs

fermeture des entrées), pour les marchandises, les capitaux et le savoir; accroissement (non fini) de la masse d´informations sous forme électronique (stable et instable) : les idées, les notions, les concepts circulent plus vite, plus loin avec un potentiel d'exposition aux langues, élargi.

Les problématiques se globalisent et les horloges intellectuelles se synchronisent. Les conditions de production du savoir deviennent plus collectives, les écoles de pensée hier stabilisées pour plusieurs décennies, sont sans cesse remises en question, les langues de production, de diffusion et d'enseignement des connaissances jouent un rôle au moins aussi important que les langues de l'économie.

Quelques flux et pôles déterminants ...

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Flux et pôles migratoires

Les hommes n'ont jamais été aussi mobiles :

En 1965, il y avait environ 45 millions de personnes qui vivaient hors de leur pays de naissance. En 2002, ils étaient 150 millions; en 2006, environ 180 millions.

Or les flux migratoires sont en croissance spectaculaire (1% de la population mondiale il y a un siècle, 3% aujourd'hui):

- 48 millions d'hispanophones aux Etats-Unis;

- poids de l'indianité dans l'espace anglo-saxon;

- poids potentiel du chinois (chinois, anglais);

- retrait du russe...

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Flux et pôles de réfugiés

30 millions de réfugiés en 2009 . Peut-être 50 millions dans 30 ans (sous l'effet des : modifications climatiques, catastrophes naturelles, conflits sociaux, ethniques, religieux, politiques, militaires ...)

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Flux et pôles touristiques

Le tourisme est devenu de masse au niveau mondial (1950 = 25 millions de touristes internationaux, 2007 = 897 millions).

La croissance des flux et des pôles de populations en mouvement est énorme (même si elle ne représente qu'une petite partie des 6 milliards d'habitants de la planète. Les contacts interculturels et interlinguistiques dus au tourisme sont devenus déterminants dans quasiment toutes économies.

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Flux et pôles de délocalisation de services de santé

Interactions culturelles et linguistiques dans les services de santé : origines et destinations variables (plusieurs millions de malades d'Europe, d'Amérique du Nord et du Sud, d'Australie, des pays du Golfe, et à moindre échelle, d'Asie et d'Afrique, partent chaque année pour des chirurgies, des soins, vers l'Inde, l'Afrique du Sud, Cuba et certains pays d'Europe centrale La Thaïlande a reçu 30.000 canadiens en 2006.

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Pôles d'études internationalisés et flux d'étudiants

Il y a 325.000 étudiants chinois aux Etats-Unis ( 68.000 étudiants de pays latino-americains). Etudiants chinois en Amérique latine : México : 12.800 Brasil : 8.000 Colombia : 8.000 Argentina : 3.600 Perú : 3.400 Source : Institute of International Education of the United States (IEI), 2001.

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Pôles d'études internationalisés et flux d'étudiants

En France, la part des étudiants étrangers s'accroît depuis 1998 pour atteindre 11 % en 2003 : plus de la moitié des étudiants étrangers inscrits dans les universités sont originaires des pays francophones d'Afrique ; 6 % d'entre eux sont chinois (multiplié par huit entre 1998 et 2003).

En 2001, 37 500 Français étudient à l'étranger, pour la plupart dans les pays de l'Union européenne.

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Pôles et flux sur l'Internet : inégalités, distribution des locuteurs et des langues

La mesure du poids des pôles d'usagers de l'Internet ne permet pas encore d'identifier les langues utilisées dans les forums et les courriels mais l'observation d'échanges dans les réseaux sociaux, montre que de nombreuses langues s'y rencontrent.

Echanges endolingues dans une langue officielle du pays des interlocuteurs.

Echanges endolingues entre interlocuteurs se trouvant dans des pays différents.

Echanges exolingues entre interlocteurs dans un même pays.

Echanges exolingues entre interlocteurs de pays différents.

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Flux et pôles de langues dans la communication hors sol

Le nombre d'usagers par langue est un indicateur global intéressant mais il ne permet pas de distinguer l'usager plurilingue de l'usager monolingue.

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Flux et pôles de communication scientifique

Il faut à la fois considérer la communication scientifique noramalisée (ouvrages, revues, colloques) et les échanges entre chercheurs.

si les positions éditoriales dominantes créent une boucle d'auto-renforcement des flux de langue vers le monilinguisme

les langues dans les échanges entre chercheurs dépendent de nombreux facteurs (participation à des projets dans des réseaux multilatéraux, rencontres personnelles réelles ou virtuelles).

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Pôles des langues d'éducation (L1 ou Ls)

Répartition des élèves et des étudiants par langues en 2007

Ces chiffres restent pertinents tant que l'éducation se déroule dans une langue première ou une langue officielle.

Il faudrait pouvoir ajouter :

- ceux des étudiants étrangers éduqués ou formés dans une langue différentes de leur langue première;

- ceux des offres de cours dans une langue différente de la langue officielle du pays (filières bilingues)

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Le choix d’une deuxième langue qui semblait encore ouvert il y a une dizaine d’années, à tendance aujourd’hui à se conformer à l’apparition sur le marché, de langues candidates à la contestation de la suprématie de l’anglais.

Comme l’espagnol qui progresse en Europe, en Amérique du Nord, au Brésil et en Asie (17,8 millions d’élèves en 2008 ), et le mandarin qui partant d’une position très faible a fait un bond en avant depuis ces cinq dernières années (38 millions en 2008 et peut-être 100 millions en 2011).

La place de chacune de ces trois langues, s’appuie sur un scénario différent.

Pôles des langues dans l’éducation (L2)

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La position hyperdominante de l’anglais s’est construite en quatre phases dont chacune a été plus courte que la précédente :

la formation de l’Empire britannique;

les effets de l’industrialisation au XIXe siècle ;

les effets de la domination politique à la suite de la deuxième guerre mondiale.

les effets de l’ouverture des marché dans le cadre de la mondialisation des échanges.

Le long processus de l’anglais

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La position dominante de l’espagnol est un cas d’école en matière de politique linguistique.

Quels mécanismes conduisent des millions de personnes à étudier l'espagnol alors que :

le rayonnement culturel et économique de l'Espagne n'est pas plus important que celui d'autres pays;

que paradoxalement, le statut de cette langue a été quelque peu réduit dans son pays source avec la Constitution espagnole de 1978 qui reconnaît aux Communautés autonomes le droit d'affirmer leur caractère distinct, notamment en Catalogne, au Pays basque, au Pays valencien, en Galice et aux îles Baléares ?

L’espagnol dans un nouveau Nouveau Monde : une langue continentale

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Parmi les raisons :

Un double mouvement démographique La dynamique démolinguistique globale (deuxième langue du monde pour les natifs

avec 332 millions de locuteurs, tout de suite après le chinois (885 millions), mais avant l'anglais (322 millions), l'arabe (200 millions), le portugais (170 millions), le russe (170 millions) et le français (72 millions).

La révolution démographique nord-américaine, avec 48, 4 millions, la population hispanique continue d’être la plus forte croissance communautaire (3,1% en 2009), une nouvelle vague débordant des États du sud et du sud ouest sur l’ensemble du pays, fait apparaître des formes émergentes de territorialité dépendant à la fois de stratégies migratoires individuelles et collectives, d’identités transnationales en recomposition, de nouvelles pratiques d’appropriation l’espace économique, politique et culturel local.

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Une reconfiguration de valeurs globales. Renforcement de valeurs positives latino-américaines

avec les effets de la stabilisation politique et du gain macro-économique corollaire.

L’Argentine atteint 5% de croissance, le Brésil 7%, le Pérou plus de 6%, l’Uruguay 5,7 %, le Paraguay 5,3 %, et le Chili, malgré les dégâts importants du séisme en début d’année, pourra s'attendre à une croissance d’environ 5 %.

L'espagnol est parlé par 94,6 % de la population des pays dont il est une langue officielle (pourcentage nettement supérieur au français, avec 34,6 %, et à l'anglais, avec 27,6 %).

Sur cette double vague dans les Amériques, l’Espagne surfe comme fournisseur de services et comme tête de pont pour l’Europe.

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L’irruption du mandarin est plus massive, plus rapide, plus percutante.

Avec son poids économique de deuxième puissance mondiale gagné en seulement 10 ans, la Chine impose sa légitimité au monde. Pourtant, là où l’anglais et l’espagnol bénéficiaient d’une dispersion pluricontinentale coloniale, le mandarin ne peut s’appuyer que sur des diasporas dispersées (qui se renforcent mais ne peuvent faire de leur langue d’intercommunication interne, une langue officielle d’autres pays).

Le mandarin : quand le marché s’affole … quand le marché s’affole

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En général, les changements s’opéraient rapidement jusqu’ici, là où les systèmes éducatifs ont la capacité d’être réactifs au marché. C’est dans les pays où ces systèmes sont les moins structurés ou cadrés par des règles et des lois, que l’adaptation au marché est la plus rapide, ce n’est pas le cas en France par exemple, où il est très difficile de provoquer des changements d’offre dans un système contraint par de nombreuses règles et lois (ce qui explique que la croissance de l’espagnol et la chute de l’allemand y soit régulière mais relativement faible année par année).

Les signes de l’affolement

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En affolant les systèmes, l’irruption du mandarin bouscule les blocages. La montée en puissance de l’espagnol s’est faite progressivement sur une vingtaine d’années , mais l’attrait du chinois affole le marché de l’enseignement (les individus et les systèmes, tendent à y réagir de façon frénétique, anticipant le besoin et provoquant la demande).

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Signal institutionnel donné en France dès 2006 par le ministère de l’Éducation nationale avec la nomination pour la première fois de son histoire, d’un Inspecteur général de chinois . Il n’y avait pourtant pas urgence, le nombre d’apprenants de chinois en France est encore relativement faible (5e langue la plus étudiée) par rapport à l’anglais et à l’espagnol mais il a été multiplié par 20 en 10 ans. Environ 44 000 élèves apprennent aujourd'hui le chinois en France (ils étaient 2 400 à la fin des années 1990). En 2010, des lieux d'enseignement ont été établis dans les 26 académies du territoire métropolitain.

Des exemples de l’affolement

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Alors qu’aucune langue étrangère n’est obligatoire pour justifier d’une fin d’éducation secondaire en Grande Bretagne, le gouvernements britannique a récemment décider de proposer une offre pédagogique de chinois dès l’enseignement secondaire. Ce qu’a également fait le gouvernement néerlandais.

A Princeton University dans le New Jersey, comme à Stanford University en Californie, le nombre d’étudiants de chinois rivalise avec celui des étudiants d’espagnol pour la première place des langues étudiées, devant le français et l’allemand. Dans la région new-yorkaise, les filières anglais-chinois se hissent à la 2ème place

des filières bilingues, après les classes anglais-espagnol.

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En Afrique du Sud en 2006, deux universités et vingt établissements scolaires proposaient des cours de mandarin à 8000 élèves. Depuis il a été décidé que 50 universités offriront un enseignement de chinois. Au Cameroun, le chinois est enseigné depuis 2009 à l’Université de Maroua comme matière obligatoire au département de communication interculturelle et interprétation, et dans les Universités de Yaoundé I et II comme seconde langue, en cours optionnel. En Égypte,trois universités (du Caire, d’Al-Azhar et d’Ain Shams), ont constitué chacune un département de chinois avec plus de 1000 étudiants). Le chinois va jusqu’à supplanter le français comme langue de spécialité dans certaines universités italiennes.

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Jusqu’ici, la position dominante de l’anglais s’appuie sur les représentations fortes que se font les acteurs économiques, de l'importance des langues. La question qui se pose aujourd’hui, est de savoir si la frénésie pour le mandarin aura rapidement ou non, une répercussion sur la demande des entreprises et sur leur politique linguistique, ce qui en général produit des rétroactions sur les systèmes universitaires ?

Le mandarin va -t-il contribuer à débloquer le monolinguisme des acteurs économiques, ou simplement enfermer l’offre dans le couple anglais / chinois ?

Parmi les effets possibles …

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Le jeu à court terme de la globalisation linguistique semble maintenant se jouer à trois. Mais ces exemples montrent que rien ne permet de dire avec précision aujourd’hui, ce que sera le paysage des langues :

dans les sociétés d’ici une cinquantaine d’années;

dans les systèmes éducatifs et universitaires d’ici une vingtaine d’années;

dans les systèmes économiques d’ici une dizaine d’années.

Nous manquons de travaux sur les effets réels de l’appropriation des langues (apprentissage et acquisition), dans les différents espaces géolinguistiques, dans les différents contextes économiques, politiques et sociaux.

Mais nous savons déjà isoler certaines variables qui influent sur les relations entre les langues.

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Des locuteurs en contact, des langues en contact et en mouvement

L'ensemble des dynamiques globales et locales entre pôles et flux modifie plus rapidement et plus massivement qu'hier les relations entre les langues.

Que ce soit dans le triangle d'internationalisation.

Que ce soit dans les espaces inter-régionaux (ki-swahili au Burundi, portugais/espagnol en Amérique du Sud...)

Que ce soit dans des espaces communautaires localisés ou dispersés (chiac au Nouveau Brunswick, espagnol/japonais au Pérou, arménien sur la Toile, spanglish aux États-Unis...).

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Des locuteurs en contact dans des espaces d'interlocution plastiques

Le triangle de l'internationalisation est activé par les espaces d'interlocution dépendant ou non de territoires :

sur sol, hors sol.

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La dynamique démographique globale comme facteur d'amplification

Les études prospectives en matière démographiques :

permettent de situer dans le passé, le moment de rupture de stabilité avec l'explosion démographique (XIXe siècle);

de corréler ce facteur avec la rupture de l'équilibre entre création de langues et disparition de langues (années 1950).

L'accélération continue peut être considérée :

- soit comme un élément d'imposition autoritaire d'une langue unique,

- soit comme un accélérateur des mélanges et des fusions de langues.

(Source : ONU, 2004)

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Des outils pour l’observation des langues

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Des variables pour observer les dynamiques L’entropie est une fonction qui

permet de quantifier le « désordre ». Elle a été utilisée à l’origine en thermodynamique, puis a trouvé des applications en théorie de l’information et plus récemment en linguistique.

Ici elle différencie une langue parlée dans un seul pays d’une langue parlée dans plusieurs pays, (calcule de la proportion des locuteurs d’une langue donnée vivant dans les pays concernés).

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Hiérarchie base 1 pour toutes les variables

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Hiérarchie base différente pour les variables

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Hiérarchie comparée

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Outre la question de l’utilisation de l’anglais ou de l’afrikaans comme langues d’instruction dans les universités jadis réservées aux Blancs, l’enseignement des langues étrangères comme majeurs fait l’objet d’un débat, à cause du conflit entre :

les besoins concernant l’usage des 11 langues sud-africaines officielles,

l’enseignement des langues étrangères qui ne sont pas d’usage courant dans le pays.

Études de cas : en Afrique du Sud

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Mais le retour du pays sur la scène internationale; a joué un rôle important sur un continent africain dont 21 des 51 pays, font usage du français comme leur seule langue officielle ou la langue officielle prédominante.

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Bien que les langues coréennes et chinoises ne soient pas apparentées en terme de structure grammaticale, plus de 50 % du vocabulaire coréen dérive de mots chinois empruntés, un reflet de la domination culturelle de la Chine de plus de deux millénaires. La langue coréenne peut être écrite en utilisant un mélange d’idéogrammes chinois et un alphabet coréen d’origine connu. Après 1945, l’influence des Etats-Unis s’est réfléchie dans un nombre de mots anglais qui ont été absorbés par le coréen.

Études de cas : en Corée du Sud

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L’enseignement des langues étrangères en Corée remonte à la fin du XIXe siècle, époque à laquelle apparurent de nombreux établissements scolaires étrangers qui permirent aux Coréens d’apprendre l’anglais, le japonais, le chinois, le russe et l’allemand. Le français n’y est pas une langue historiquement installée. Dans le contexte national, les besoins sociaux se sont focalisés sur la traduction. Université Hankuk des études étrangères a été fondée en 1954 pour dispenser un enseignement centré sur les langues et c’est en son sein que fut créée, en 1979, la première École des hautes études d’interprétation et de traduction. Aujourd’hui 11 établissements proposent un master en traduction.

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Dans les années 1980, la Corée est devenue le premier pays francophone d’Asie après le Vietnam, par son nombre d’apprenants et d’enseignants. Aujourd’hui, 320 000 lycéens et 22 000 étudiants dans une soixantaine de départements, apprennent le français, ce qui le place au second rang des langues étudiées à l’Université après l’anglais, devant l’allemand et le japonais. Mais il semble que l’engouement inattendu des années 1980 qui a créé cette dynamique, retombe quelque peu (les départements de français des universités auraient perdu près du quart de leurs effectifs depuis les années 80).

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Dans le contexte des Amériques, la problématique peut être en partie régionalisée eu égard à la relative unité linguistique romane de l’espace latino-américain. Le matelas sociolinguistique s’établit ainsi pour les langues premières internationales. Sur 927 millions d’habitants (354 millions en Amérique du Nord /population d’âge scolaire 80 millions ; 573 millions en Amérique Latine et Caraïbe/ population scolaire 195 millions) : près de 40% de la population est hispanophone; près de 38% de la population est anglophone; près de 20% de la population est lusophone ; environ 2% de la population est francophone.

Études de cas : en Amérique du Sud

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En Amérique du Sud, où se côtoient 938 langues amérindiennes parlées par 25 millions de locuteurs, le français qui était la première ou la deuxième langue étrangère dans les systèmes éducatifs depuis le XIXe siècle, a été progressivement réduite dans l’offre, ce qui s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs dus à l’évolution des sociétés depuis les années 1980 selon une dynamique complexe :

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un accroissement des taux de scolarisation et d’alphabétisation qui fait que l’élargissement de la base sociale se répercute sur le choix des langues (le lien entre langue et culture élitiste qui bénéficiait à la langue française s’est estompé au profit des langues utiles à l’ascension sociale (anglais) et à l’identification communautaire (langues autochtones) ;un mouvement culturel d’américanisation des sociétés largement provoqué par l’ouverture économique et qui se manifeste par des références culturelles dominantes;des émigrations massives vers les Etats-Unis et le Canada qui tissent des liens transculturels entre familles et qui bénéficient à l’anglais et dans une moindre mesure au français;des réformes éducatives qui expriment brutalement les pressions des enjeux politiques et des marchés dans la gouvernance et les programmes (décentralisation budgétaire; entrée du marché des langues).

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