ASPECTS DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE EN AFRIQUE FRANCOPHONE. ESQUISSE DE LORGANISATION JURIDIQUE DE LA PARTICIPATION LOCALE, AU BENIN, AU BURKINA FASO ET AU MALI.
Article soumis par
Ladislas NZE BEKALEDoctorant en droit, universit Pierre Mends France, Grenoble (France)Ancien lve de lENA, Administrateur civil (Mairie de Libreville, Gabon)Email : [email protected]
Mots cls : Dcentralisation, dmocratie participative, Bnin, Burkina Faso, Mali.
Cet article se propose danalyser lorganisation par le droit, de la dmocratie participative,
dans trois pays dAfrique francophone, savoir, le Bnin, le Burkina Faso et le Mali. La
participation locale a t introduite par les politiques de dcentralisation et la bonne
gouvernance, inities au dbut des annes 90, sous limpulsion des bailleurs de fonds
internationaux. Ce mimtisme, sans prendre en compte les subtilits locales, organise la
dmocratie participative au sein du village et du quartier o se concentre la participation
citoyenne aux affaires locales. Elle est mise en difficult par des pesanteurs socitales,
notamment linstrumentalisation des organes de participation locale par des autorits
traditionnelles.
IntroductionLes injonctions de dmocratisation, de la communaut internationale envers les pays
dAfrique francophone, ont eu pour consquences la construction dune dmocratie
reprsentative et participative au Bnin, au Burkina Faso et au Mali, et dans dautres pays du
continent. En effet, ces pressions se sont traduites par la conditionnalit qui constitue un
ensemble de modalits mettre en uvre, en vue de bnficier de laide au dveloppement.
Par le biais des confrences nationales et par la volont mettre en uvre la dmocratie
politique et la bonne gouvernance (I), les Etats dAfrique francophone ont t amens
introduire la dmocratie participative dans le dispositif des rformes institutionnelles. La
modernisation de lEtat sous entendait lintroduction, dans le nouveau paysage institutionnel
de la dcentralisation territoriale. A partir du modle franais, qui accorde une place
importante la participation citoyenne, quont t inities ces politiques de dcentralisation.
De ce fait, ladaptation de la loi franaise en Afrique francophone introduisait tacitement la
dmocratie participative dans les lois de dcentralisation du Bnin, du Burkina Faso et du
Mali. Ainsi, le droit des collectivits territoriales de ces Etats organise la dmocratie
participative (II) partir du village et du quartier qui sont les lieux dancrage de la
participation citoyenne aux affaires locales. Aussi, cette dmocratie participative, a t largie
aux mcanismes classiques de participation locale que sont le droit linformation, la
consultation, la concertation etc. Bien queffective, elle se trouve confronte quelques
difficults (III) parmi lesquelles linsuffisance de la participation et linstrumentalisation des
organes de la participation locale en zone rurale.
I- Le contexte dintroduction de la dmocratie participative au niveau local en
Afrique francophone
Lavnement de la dmocratie en Afrique francophone est li aux bouleversements
politiques qui ont eu lieu en Europe de lEst et, qui ont t un prtexte pour les bailleurs de
fonds internationaux pour exiger la dmocratisation du continent africain. A la suite cette
reconnaissance de la ncessit du pluralisme politique, les Etats dAfrique, notamment le
Bnin et le Mali ont respectivement organiss une confrence nationale pour prparer le cadre
juridique et institutionnel de la dmocratie, alors que le Burkina organisait plusieurs runions
pour le mme objectif. Ladoption de la dmocratie politique comme mode de fonctionnement
de lEtat ncessite une rforme en profondeur. LEtat unitaire ayant t consacr dans ces
pays, son adoption implique une dcentralisation territoriale (B), qui peut induire quant elle
la mise en uvre de la dmocratie locale et participative (A), pour permettre aux populations
de choisir les conseils et leurs excutifs, mais aussi pour favoriser une participation aux
affaires locales.
A- La conditionnalit lorigine de la dmocratie participative au niveau local en
Afrique francophone
La dmocratie et le libralisme conomique se sont imposs au monde comme des
principes de lmancipation politique et conomique des peuples la fin des annes 80. Pour
les bailleurs de fonds internationaux, la prtention laide au dveloppement est dsormais
conditionne par la volont de libraliser lconomie et de mettre en uvre la dmocratie. Ces
pralables sont des agrments de la bonne gouvernance (1) qui est galement un engagement,
exig par les bailleurs de fonds, dans le cadre des politiques de rforme et de modernisation
de lEtat. Ces dernires ont pour objectif, une refonte de la gestion de lEtat pour
lamlioration de son fonctionnement et enrayer la mauvaise gestion qui mine les pays
dAfrique francophone, la fin des annes 80. Dans ce dispositif de rforme de lEtat, la
dcentralisation territoriale (2) tient une place essentielle.
1- La bonne gouvernance comme vecteur de la rforme de lEtat en Afrique francophone
A la suite des recompositions politiques que le monde a connu au cours des annes 90, la
communaut internationale, notamment les bailleurs de fonds, adoptent un discours visant
rformer les modalits de gestion de lEtat dans les pays en crise. Dans cette perspective, la
conditionnalit est propose, cest un Principe selon lequel, dans le systme international,
loctroi davantages par les bailleurs de fonds et les organisations internationales (ex. :
lligibilit un programme, lobtention dun prt, ladhsion un organisme) peuvent tre
subordonns des critres conomiques, financiers, politiques ou environnementaux1. Ainsi,
elle introduit une exigence de bonne gouvernance parmi les critres politiques. La
gouvernance dsigne le plus souvent les formes contemporaines de rgulation collective qui
se dveloppent sur la base de relations entre acteurs publics et privs, et dans des cadres
institutionnels et territoriaux pluriels2. Cette reconfiguration interactive, entre les
structures gouvernementales, les acteurs sociaux, privs et la socit civile, dont le but est un
meilleur fonctionnement de lEtat tous les niveaux, impose une refonte de lorganisation
globale de lEtat en Afrique francophone. En effet, la bonne gouvernance se veut dlargir la
participation des acteurs au processus de dveloppement politique et conomique. Elle semble
1NAY (O.). (dir.), Lexique de science politique, Paris : Dalloz, 2008, p84 2 Idem, p230
sappuyer sur trois concepts cls: dcentralisation, transparence et responsabilit3. Dans
ce contexte, la mise en uvre dune politique de bonne gouvernance dans les pays dAfrique
francophone, ncessite une reforme profonde de lEtat, car ce dernier est excessivement
centralis jusquau dbut des annes 90, particulirement au Bnin, au Burkina Faso et au
Mali. Les exigences de la communaut internationale pour ladoption de la bonne
gouvernance par les pays en crise auront un cho favorable en Afrique francophone,
particulirement au Bnin, au Burkina Faso et au Mali. Ce choix impose non seulement la
cration de nouvelles normes de gestion de lEtat en favorisant la participation de lensemble
des acteurs de la vie de lEtat, mais aussi lintroduction de la dcentralisation territoriale,
cadre dorganisation de la dmocratie participative au niveau local.
2- Rforme de lEtat et introduction de la dcentralisation territoriale en Afrique francophone
La rforme de lEtat peut se dfinir comme tant la La transformation des institutions
politiques afin den amliorer le fonctionnement4. Le dbat sur la rforme de lEtat a t
initi par les confrences nationales, au Bnin et au Mali, alors que le Burkina Faso choisissait
une option autre. La confrence nationale sest prsente comme un vaste forum de toutes
les forces vives de la nation permettant de dbattre de la crise de lEtat et dy remdier,
notamment par la restauration de la dmocratie pluraliste et la mise en place dun Etat de
droit5. La dmocratisation tant acquise, elle fait de llection, du pluralisme politique et de
lEtat de droit, les fondements du fonctionnement politique et institutionnel de lEtat mettre
en place. Les confrences nationales, du Bnin et du Mali, ont opt pour lEtat unitaire, mme
le Burkina qui navait tenu de confrence nationale aussi choisi ce modle. Le choix de lEtat
unitaire implique ncessairement la dcentralisation territoriale, tant donn la difficult de
grer un Etat moderne partir dun centre unique et lloignement du lieu de dcision des
administrs [qui] nuit tant linformation du pouvoir sur les problmes rels des citoyens
qu ladquation entre ces problmes et les dcisions qui seront prises. Do lexistence de
modalits dorganisation de lEtat unitaire: la dconcentration et la dcentralisation6. Sur
cette base, la gouvernance locale sous langle de la dcentralisation et la gestion
territoriale7 ont constitus des axes prioritaires de la rforme et de la modernisation de lEtat
en Afrique francophone. La dcentralisation est une organisation de lEtat qui confre aux 3 DAHOU (K.), La bonne gouvernance selon la Banque mondiale : au-del de lhabillage juridique, in TOTTE (M.), DAHOU (T.), BILLAZ (R.), (dir.). La dcentralisation en Afrique de louest : entre politique et dveloppement. Paris : Karthala. 2003, p574NAY (O.), (dir.) Op. Cit. p454 5KAMTO (M.), Les confrences nationales africaines ou la cration rvolutionnaire des constitutions, in DARBON (D.), DUBOIS DE GAUDUSSON (J.) (dir.), La cration du droit en Afrique, Paris : Karthala, 1997, p177. 6JACQUE (J.P.), Droit constitutionnel et institutions politiques, 2me Ed. Paris : Dalloz, 1996, p10 7MAE, lAction de la DGCID en matire de gouvernance dmocratique (2006-2006), Paris, 2007, p2
collectivits territoriales la personnalit juridique, caractrise par une autonomie de gestion.
Cette libre administration est base sur llection des conseils et des organes excutifs, cest
donc une possibilit de choisir ses lus locaux par le biais de la dmocratie locale. Dans ce
contexte de dmocratisation et de modernisation des systmes de gestion de lEtat, le Bnin,
le Burkina Faso et le Mali ont fait le choix de mettre en uvre la dcentralisation territoriale,
la suite de ladoption de lEtat unitaire. En outre, la gouvernance locale est aussi un objectif
de la dcentralisation en cours. Elle implique linstauration dune autre manire dexercer le
pouvoir local, fonde sur des principes tels que la participation, la transparence et la
responsabilit8. La participation du plus grand nombre dacteurs comme mcanisme de
rgulation des relations entre gouvernants et citoyens est au cur des nouvelles politiques de
dcentralisation en Afrique francophone.
B- Lintroduction de la dcentralisation territoriale en Afrique francophone par le
mode mimtique comme dynamique de la dmocratie participative
La dcentralisation est une politique, de modernisation de lEtat, exige par les bailleurs
de fonds internationaux. Alors que les Etats dAfrique francophone que sont le Bnin, le
Burkina Faso et le Mali taient jusque l excessivement centraliss, compte tenu de
limprieuse ncessit de dcentraliser, se pose le problme du modle qui servira de cadre de
conception. Au regard de la proximit du droit franais et de celui de ces Etats et, en raison de
lactivisme particulier de la coopration franaise en matire de dveloppement sur la partie
francophone du continent, le Bnin, le Burkina Faso et dautres pays dAfrique francophone
se sont orients vers une dcentralisation mimtique (1) partir du modle franais. Ainsi, le
fonctionnement des collectivits territoriales dans ces pays sinspire profondment du droit
franais. Lintroduction de la dmocratie participative (2) dans les lois de dcentralisation de
ces Etats obit au mme schma.
1- La construction de la dcentralisation, au Mali, Bnin et au Burkina Faso,
partir du modle franais
La dcentralisation est un Processus par lequel lEtat central confie des comptences et
des moyens daction publique aux collectivits [territoriales] jouissant dune lgitimit
dmocratique9. Les collectivits territoriales sont des structures administratives franaises,
distinctes de ladministration de lEtat, qui doivent prendre en charge les intrts de la
population dun territoire prcis10. Elles peuvent se dfinir par trois caractristiques : elles sont
8C.E. Appui la dcentralisation et la gouvernance locale, dans les pays tiers, Bruxelles : Collections outils et mthodes, 2007, p7 9NAY (O.), (dir.) Op. Cit. p120 10BUF (J-L), MAGNAN (M.), Les collectivits territoriales et la dcentralisation, Paris : La documentation franaise, 2008, p7
dotes de la personnalit morale et, dispose dun budget et dun personnel propre; elles
disposent de comptences propres; enfin elles exercent un pouvoir de dcision par
dlibration au sein des assembles lues. A la suite de la rvision constitutionnelle de 2003,
aux termes de larticle 72, Les collectivits territoriales de la Rpublique sont les communes,
les dpartements, les rgions, les collectivits statut particulier. Cette organisation a
influenc larchitecture de la dcentralisation territoriale en Afrique francophone. De ce fait
au Mali, au regard des dispositions de la loi 93-008 AN-RM du 11 fvrier 1993, les
collectivits territoriales de la Rpublique du Mali sont : les rgions, le district de Bamako, les
cercles, les communes urbaines et les communes rurales. Elles sont dotes de la personnalit
morale et de lautonomie financire. Elles sadministrent librement par des assembles ou
conseils lus. Chaque collectivit dispose dun budget et des ressources propres. Mme si la
loi malienne ne fait mention de comptences, elle prcise tout de mme que Chaque
collectivit territoriale rgle par dlibration ses affaires propres (art.4). Cela pour
affirmer lexistence de comptences, condition essentielle pour leffectivit de la
dcentralisation.
Bien que le Bnin ait choisi la commune comme unique niveau de dcentralisation, ses
principes dorganisation sont aussi inspirs du droit franais. La loi 97-029 du 15 janvier 1999
portant organisation des communes dispose que La commune est une collectivit territoriale
dote de la personnalit juridique et de lautonomie financire. Elle sadministre librement
par un conseil lu (art.4). La commune dispose de comptences qui lui sont propres en
tant que collectivit territoriale dcentralise (art.82). Pour la mise en uvre de son
autonomie financire et laccomplissement de sa mission de dveloppement, la commune est
dote dun budget11.
Au Burkina Faso, La collectivit territoriale est une subdivision du territoire dote de la
personnalit juridique et de lautonomie financire. Elle constitue une entit dorganisation
et de coordination du dveloppement. Les collectivits sont la rgion et la commune12. Les
collectivits territoriales sadministrent librement dans le respect strict de lintgrit
territoriale et de lunit nationale, de lidentit et de lautonomie de chaque collectivit.
[Elles] sont diriges par des conseils lus qui rglent les affaires locales par des
dlibrations13. Les collectivits territoriales exercent leurs comptences propres dans le
respect des sujtions imposes par la dfense nationale14. Et elles disposent dun budget
11Article 2 Loi 98-007 du 15 janvier 1999 portant rgime financier des communes en Rpublique du Bnin, J.O., n9 du 1er mai 1999 12Article 8 Loi 55-2004 portant Code Gnral des Collectivits Territoriales, J.O. n2 du 20 avril 200513Article 14 Idem 14Article 43 Ibid.
propre15. Si le droit franais a inspir de la dcentralisation au plan institutionnel et
fonctionnel, on peut imaginer que ce mimtisme ne se limite pas aux seuls aspects que nous
avons dvelopp jusque l. En effet, des lois de dcentralisation franaise rcentes, ont
dvelopp de nouvelles conditions de participation des citoyens la vie publique locale,
amliorant ainsi la dmocratie participative au niveau local, cette nouveaut a galement
influenc les pays dAfrique francophone. Cest dans cette perspective que nous envisageons
dterminer lorganisation de la participation locale par le droit franais, puis ses effets sur les
lois du Bnin, du Mali et du Burkina Faso.
2- Lvolution vers une dmocratie participative par mimtisme en Afrique
francophone
La dmocratie participative est une forme particulire de rgime ou de procdures
dmocratiques qui reposent sur des dispositifs de dlibration et/ou de consultation
permettant une participation plus directe des citoyens la dcision16. La dmocratie
participative recouvre des mcanismes trs divers, qui vont du budget participatif aux conseils
de quartiers, en passant par des rfrendums consultatifs sur des enjeux limits17. Les lois
franaises sont en adquation avec cette multitude de mcanismes dexpression de la
dmocratie participative, la loi du 6 fvrier 1992 consacre le droit linformation des citoyens
pour les actes les plus importants des autorits locales. De cette loi dcoule lobligation de
publier les actes rglementaires pris par les conseils ou excutifs locaux. La mme loi
organise la participation des habitants et des usagers la vie des services publics locaux, elle
est complte en cela par le texte du 27 fvrier 2002 qui introduit cette participation toutes
les collectivits territoriales. La consultation est aussi un dispositif de la dmocratie
participative dans le droit franais, la loi prvoit la possibilit pour chaque conseil municipal
de crer des comits consultatifs sur tout problme dintrt communal. A cet effet, le la loi
du 27 novembre 1996 indique que chaque comit est prsid par un membre du conseil
municipal dsign par le maire. La consultation concerne toute question ou projet intressant
les services publics et quipement de proximit et ils peuvent transmettre toute proposition
concernant tout problme dintrt communal18. On observe que dans cette organisation de la
dmocratie participative, le quartier est le lieu dexpression de cette participation. La loi du 27
fvrier 2002 organise cette mise en forme politique des quartiers dans les communes de plus
15Article 106 Ibidem 16NAY (O.), (dir.) Op. Cit. p130 17Idem 18Article L.2143-2 CGCT
de 80000 habitants. Les quartiers sont organiss en comits, leurs comptences sont
exclusivement consultatives, ils disposent dun pouvoir de proposition et le maire peut le
consulter.
Etant donn que les politiques de dcentralisation dAfrique francophone ont t
profondment inspires par le droit franais, on ne pouvait imaginer dans ce contexte que la
dmocratie participative ne fut pas introduite dans les dispositifs relatifs la libre
administration des collectivits territoriales. Cest partir des lois et de lexprience franaise
que le Bnin, le Burkina Faso et le Mali ont mis en uvre la participation locale, dont les
lieux dexpression sont le village et le quartier pour tous ces pays. Au Bnin, La commune
constitue le cadre institutionnel pour lexercice de la dmocratie la base. Elle est
lexpression de la dcentralisation et le lieu privilgi de la participation des citoyens la
gestion des affaires publiques locales19. La commune est divise en arrondissements.
Larrondissement est divis en quartiers de villes dans les zones urbaines ou en villages dans
les zones rurales20. Chaque village ou quartier de ville est administr par un chef dsign
par le conseil de village ou de quartier de ville en son sein21. Le conseil est lorgane
dexercice de la dmocratie participative au niveau local, au Bnin. Alors quau Mali La
commune urbaine se compose essentiellement de quartiers. La commune rurale se compose
essentiellement de villages et/ou fractions22. Chaque village, fraction ou quartier est
administr par un chef assist dun conseil23. En ce qui concerne le Bnin et le Mali le conseil
de quartier, de village ou de fraction sont les lieux dorganisation de la dmocratie
participative. Au Burkina Faso, La commune est la collectivit territoriale de base. Le
territoire de la commune est organis en secteur et/ou villages24. Ainsi, Dans les villages
des communes rurales et dans les villages rattachs aux communes urbaines, il est institu un
conseil villageois de dveloppement (CVD). Le conseil municipal supervise la mise en place
des CVD dans les villages25. En milieu urbain, le secteur communal est une subdivision de la
commune, il est administr par un responsable administratif, il est lu par le conseil de secteur
en son sein.
Le quartier et le village sont donc les lieux dexercice et dexpression de la participation
locale dans ces pays dAfrique francophone, il est donc ncessaire de dfinir non seulement
19Article 2 Loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en Rpublique du Bnin, J.O. n3 bis, numro spcial du 1er fvrier 1999 20Article 4 Idem 21Article 6 Ibid. 22Article 2 Loi 95-034 du 12 avril 1995 portant code des collectivits territoriales en Rpublique du Mali23Article 7 Loi 06-023 du 28 juin 2006 relative la cration et ladministration des villages, fractions et quartiers, J.O. du 31 aot 2006 24Article 17 Loi 55-2004 25Article 1 Dcret 2007-032/PRES/PM/MATD portant organisation et fonctionnement des Conseils Villageois de Dveloppement.
les modalits de cette participation, mais les autres mcanismes prvues les lois de
dcentralisation du Bnin, Burkina Faso et du Mali.
II- Lorganisation par le droit de la participation locale en Afrique francophone, au
Bnin, Burkina Faso et au Mali.
Les lois de dcentralisation du Bnin, du Burkina Faso et du Mali ont effectivement pris en
compte la participation locale, dont lexercice se droule dans les quartiers en milieu urbain et
dans les villages en zone rurale (A). A travers le conseil qui est la structure dadministration
du quartier et du village, mais aussi le lieu o les citoyens participent au processus de dcision
sur les affaires du quartier, du village et de la commune. En outre, cette dmocratie
participative, fait appel divers mcanismes que les pays dAfrique francophone ont
effectivement inscrits dans leurs lois de dcentralisation. A la lumire de celles-ci, nous
dfinir llargissement de la dmocratie participative par ces autres mcanismes de
participation (B).
A- Le quartier et le village : lieux dexpression de la dmocratie participative
La dmocratie participative recouvre des mcanismes trs divers, notamment les conseils
de quartier. On distingue ainsi les initiatives issues des pouvoirs locaux et celles issues des
habitants eux-mmes, individuellement ou collectivement26. Dans ce cas de figure en France,
de nombreuses villes disposent de comits consultatifs, des conseils de quartier etc. Ces
structures ont pour objectif de faire participer les citoyens et dautres acteurs en apportant une
parole particulire dune catgorie de citoyens et, une confrontation des actions aux acteurs de
la vie publique locale. La participation des habitants dans les quartiers est indispensable.
Tous les habitants sont experts de leur quartier. Le conseil nest pas une chambre
denregistrement mais a besoin de la participation de tous27. Cette vision certainement
oriente les pays dAfrique francophone dont il question ici, savoir, le Bnin, le Burkina
Faso et le Mali. Car on remarque que lorganisation de la participation repose sur des conseils
de village et de quartier. Lanalyse des lois de dcentralisation permettra de dfinir les
modalits de la participation locale au Bnin (1), mais aussi au Burkina Faso (2) qui dispose
dune structure qui se distingue des conseils de village et de quartier classique, que lon
retrouve au Mali (3).
1- Les missions du conseil de quartier et de village au Bnin
26LE GALIC (M.), La dmocratie participative : Le cas nantais, Paris: lHarmattan, 2004, p16 27La Rencontre Mondiale Dmocratie participative pour quel dveloppement ? Rhne-Alpes 2007, document final, p7
Le village ou le quartier de ville est dot dun organe consultatif compos des
reprsentants du village ou du quartier de ville. Cet organe est dnomm conseil de village ou
de quartier de ville et est dirig par un chef de village ou de quartier de ville28. Le conseil de
quartier est compos de cinq membres au moins et de quinze membres au plus29. Les
membres du conseil de village ou de quartier sont dsigns par consultation dmocratique
pour une priode de cinq ans renouvelable. Prennent part cette consultation dmocratique,
les personnes rgulirement inscrites sur la liste lectorale du village ou de quartier de
ville30. Cet organe se runit au moins une fois tous les deux moins, sur convocation du
chef de village ou de quartier de ville [] Le conseil de village ou de quartier peut se runir
la demande des 2/3 des membres ou du chef darrondissement31. Il se prononce sur les
affaires pour lesquelles il est requis par le conseil darrondissement. Il fait des propositions
relatives la bonne administration du village ou quartier de ville32. Il peut adresser des
questions crites au conseil darrondissement sur toute affaire intressant le village ou le
quartier de ville. Le conseil peut en informer le conseil communal qui en dlibre le cas
chant33. Le conseil de quartier et de village au Bnin a des prrogatives, assez larges sur
les affaires du quartier ou du village, selon la loi. Cette dernire tablit ainsi les conditions de
la dmocratie participative dans ce pays.
2- Le conseil de dveloppement villageois au Burkina Faso: le dveloppement
communautaire comme priorit
La structure de participation est diffrente de celle du Bnin o le conseil de village et de
quartier est comptent pour les questions dont il est saisi. Au Burkina Faso, Dans les
villages des communes rurales et dans les villages rattachs aux communes urbaines, il est
institu un conseil villageois de dveloppement (CVD). Le conseil municipal supervise la
mise en place des CVD dans les villages34. Le CVD est le regroupement de l'ensemble des
forces vives du village. Il est dot d'une instance qui est l'assemble gnrale et d'un organe de
direction qui est son bureau. L'assemble gnrale du CVD met en place un bureau35. A cet
effet, L'assemble gnrale de mise en place du CVD est convoque par le Maire. Les
28Article 134 Loi 97-029 du 15 janvier 1999 29Article 135 Idem 30Article 137 Loi 98-006 du 9 mars 2000 portant rgime lectoral municipal en Rpublique du Bnin.31Article 103 Loi 97-029 du 15 janvier 1999 32Article 138 Idem 33Article 139 Ibid. 34Article 1er Dcret 2007-032/PR/PM/MATD 35Article 3 Idem Le bureau du CVD est compos dun prsident; un vice-prsident; un secrtaire; un secrtaire adjoint; un trsorier; un trsorier adjoint; deux responsables chargs de la promotion fminine; deux responsables chargs de la promotion paysanne; deux responsables chargs de la promotion de la jeunesse.
membres du bureau du CVD sont dsigns par consensus ou faute de consensus, par voie
d'lection36. Le bureau du Conseil Villageois de Dveloppement se runit une fois par
mois sur convocation de son prsident. Il peut chaque fois que de besoin, tenir des runions
extraordinaires sur convocation de son prsident ou la demande des deux tiers de ses
membres. Les dlibrations sont portes la connaissance de la population par tous les
moyens37. Le mandat du bureau du CVD est de trois (3) ans renouvelable deux (2) fois38. Le
Conseil Villageois de Dveloppement est charg sous l'autorit du prsident du Conseil
Municipal de contribuer : l'laboration et la mise en uvre des plans communaux de
dveloppement; la promotion du dveloppement local dans le village; participer
l'animation des diffrentes commissions spcifiques mises en place par le conseil municipal
pour la gestion et la promotion du dveloppement local39. Comme nous lavons prcis avant,
lorganisation de la participation locale par le biais du CVD au Burkina Faso a une orientation
particulire, dans la mesure o les missions de cet organe sont orientes vers les actions de
dveloppement, ce qui semble limiter le champ daction de la participation ce niveau, si on
devait faire une comparaison avec le Bnin dont le conseil de quartier et de village peuvent se
prononcer sur les affaires requises, de faon globale.
3- Le conseil de village, fraction et de quartier comme base de la dmocratie
participative au Mali
Au Mali, Le village est la communaut de base en milieu rural sdentaire. La fraction
est la communaut de base en milieu nomade. Le quartier est la communaut de base en
milieu urbain40. Le village, la fraction et le quartier sont administr par un chef de village, de
fraction ou de quartier investi par la communaut concern41. Le chef de village, de fraction
et de quartier participent llaboration et la mise en uvre des actions de dveloppement
en direction de leur communaut. A cet effet ils expriment auprs du maire les besoins de leur
communaut, les solutions et les objectifs prconiss par celle-ci et les modalits de sa
participation aux actions projetes42. Le chef de quartier est aid dans lexercice de ses
fonctions par des conseillers dont le nombre ne peut excder cinq [] Le chef de village est
assist dans lexercice de ses fonctions par un conseil de cinq sept membres. Les conseillers
de village ou de fraction sont lus en assemble gnrale des lecteurs du village ou de la
36Article 5 Ibid. 37Article 14 Ibidem 38Article 4 Ibidem 39Article 9 Ibidem 40Article 60 Loi 95-034 41Article 61 Idem 42Article 64 Ibid.
fraction prside par un reprsentant de lEtat au niveau de la commune rurale43. Les
conseillers de village, de fraction et de quartier peuvent formuler des recommandations sur
toutes mesures quils jugent utiles de voir mettre en uvre par le maire. Ils donnent leur avis
toutes les fois quil est requis par les lois et rglements ou quil est demand par lautorit
administrative44. Le conseil se runit sur convocation du chef de village, de fraction ou de
quartier pour dbattre des questions qui lui sont soumises45. Si le conseil de quartier, de
village et de dveloppement villageois constituent un espace privilgi de dbat sur les
affaires publiques au niveau local, il faut dire que les lois de dcentralisation dAfrique
francophone ont prvu dautres mcanismes de participation pour les citoyens, afin dtablir
une dmocratie participative qui se veut inclusive.
B- Llargissement de la dmocratie participative dautres mcanismes en Afrique
francophone
La mise en uvre de la dmocratie participative serait donc un ensemble de dmarches,
potentiellement issues du haut comme du bas, des lus comme des citoyens, et dont les
principes seraient damnager globalement le fonctionnement des institutions politiques et
administratives afin dassocier au processus de prise de dcision les intresss-citoyens,
administrs-ou leurs reprsentants [] tout en crant des modes dorganisation destins
mettre en uvre une dmocratie de proximit, c'est--dire faire entrer la participation des
citoyens dans le dbat quotidien46. Cest ainsi que lon peut dfinir la participation des
citoyens quatre niveaux, dabord laccs linformation (1) qui est inscrit dans les lois de
dcentralisation, la consultation (2), la concertation (3) et la participation tant les autres
modalits de la dmocratie participative en Afrique francophone, notamment au Bnin,
Burkina Faso et au Mali.
1-Le droit linformation en Afrique francophone
Linformation est le premier degr de la citoyennet et de la participation, [elle] permet
aux lus de mieux valuer les attentes locales-information ascendante-et de faire connatre
aux habitants le contenu des dcisions prises-information descendante47. En ce qui nous
concerne, cest la participation des citoyens qui est au centre de cette recherche. A cet effet
Le droit des habitants de la commune tre informs des affaires de celle-ci et tre
43Article 70 Ibidem 44Article 72 Ibidem 45Article 34 Loi 06-023 46LE GALIC (M.), Op. Cit. p17 47Idem
consults sur les dcisions qui les concernent, indissociable de la libre administration des
collectivits territoriales, est un principe essentiel de la dmocratie locale48. Cette doctrine
a incontestablement orient lintroduction de ce principe dans les lois des Etats dAfrique
francophone, dabord au Bnin, o Toute personne a le droit de consulter sur place le
procs verbal et/ou le compte rendu des dlibrations du conseil communal, les divers actes
communaux et den prendre copie ses frais49. Mais aussi, chaque conseil communal
Un relev des dcisions sign du maire et du secrtaire est affich la mairie lendroit
destin linformation du public50. Cette volont de susciter la participation des citoyens
par le droit linformation est galement lie laccessibilit aux runions du conseil, Les
sances du conseil communal sont publiques. Toutefois, le conseil communal dlibre huis
clos dans les cas suivants: lexamen des dossiers disciplinaires des lus; lexamen des
questions lies la scurit et au maintien de lordre public, sur saisine de lautorit de
tutelle51, le droit linformation est garanti par la loi pour le citoyen bninois.
Au Burkina Faso, selon larticle 11 de loi 55-2004 portant CGCT Les habitants de la
collectivit territoriale ont droit linformation sur la gestion des affaires locales. Ce droit
sexerce par [] la mise la disposition des personnes physiques ou morales du budget et
des comptes des collectivits territoriales; laccs du public aux sances des conseils des
collectivits territoriales, lexception de celles tenues huis clos; la publication des
dlibrations du conseil et des actes des autorits locales relatives au budget, la cration
des tablissements publics locaux, aux emprunts, la coopration dcentralise, aux accords
passs avec lEtat ou avec des partenaires extrieurs, lacceptation des dons et legs et la
prise de participation dans toute socit; toute personne peut obtenir ses frais, copies
desdits documents auprs du prsident du conseil de la collectivit ou de tout service public
habilit. Il faut galement dire que Les dlibrations du conseil municipal sont portes la
connaissance du public par voie daffichage dans les locaux de la mairie et en tout autre lieu
appropri52. Le droit linformation des habitants sur les affaires locales sexerce sous
rserve des dispositions en vigueur relatives notamment la publicit des actes des autorits
locales et la libert daccs aux documents administratifs53.
Au Mali ce droit est garanti par la loi, tant donn que Tout habitant ou contribuable de
la commune a le droit de demander communication ses frais ou consultation sur place la
48 Article L.2141-1 CGCT49Article 34 Loi 97-029 50 Article 33 Idem51Article 30 Ibid. 52Article 247 Loi 55-2004 53Article 11 Idem
mairie des documents ci-aprs: les procs-verbaux et les dlibrations du conseil communal;
les budgets et comptes de la commune; les arrts communaux54. Les sances du conseil
sont publiques moins que les trois quarts des membres en dcident autrement. Les sances
sont toutefois obligatoirement publiques lorsque les dlibrations portent sur les programmes
de dveloppement, les moyens de leur ralisation, les dons et legs, les discussions du budget
et des comptes communaux. Les sances ne sont en aucun cas publiques lorsque les
dlibrations mettent en cause des membres du conseil. Le prsident de sance prononce le
huis clos pour la dure des dlibrations affrentes ces questions55. Aprs chaque session du
conseil communal, il est rdig un compte-rendu qui sera affich dans les huit jours au sige
de la commune ou port la connaissance des habitants de la commune par tout moyen de
communication et dinformation appropri notamment des assembles gnrales de villages,
de quartiers et de fractions56.
A travers lomniprsence du droit linformation au profit des populations, la dmocratie
participative se trouve consolide au Bnin, au Burkina Faso et au Mali. Cependant,
leffectivit de celle-ci se mesure galement par la prsence dans le dispositif lgislatif
dautres procds notamment la consultation.
2-La consultation
Elle constitue une des modalits dexercice de la dmocratie participative, elle peut tre
lgalement obligatoire ou non, quelle soit difie par les pouvoirs locaux ou quelle
simpose delle-mme. La comptence des habitants tant considre comme une ressource,
le pouvoir recueille un avis dont il tient ou non compte, mais qui de toute faon doit en
principe clairer sa dcision57. La consultation peut galement seffectuer sous forme
denqutes qualificatives ou quantitatives58. Ainsi, Les lecteurs de la commune peuvent tre
consults sur les dcisions que les autorits municipales sont appeles prendre pour rgler
les affaires de la comptence de la commune. La consultation peut ne concerner que les
lecteurs dune partie du territoire de la commune pour des affaires intressant spcialement
cette partie de la commune59. Dans cette perspective, au Bnin selon les dispositions de la loi
97-029, le conseil de village ou de quartier de ville est un organe consultatif. Ce rle lui
54Article 33 Loi 95-034 55Article 26 Idem 56Article 30 Ibid.57LE GALIC (M.), Op. Cit. p18 58HARTEREAU (A.), Communication publique territoriale et dmocratie participative, Voiron : Ed. La lettre du cadre territorial, 2002, p77 59Article L.2142-1 CGCT
confre la possibilit dtre consult pour donner un avis ou de le formuler de faon spontane
sur toute question concernant le village ou le quartier de ville. Dailleurs Le conseil de
village ou de quartier se prononce sur les affaires pour lesquelles il est requis par le conseil
darrondissement. Il fait des propositions relatives la bonne administration du village ou du
quartier de ville60.
Au Burkina Faso, globalement, Les habitants de la collectivit territoriale ont droit
linformation sur la gestion des affaires locales. Ce droit sexerce par une animation de
dbats publics sur les projets et programmes locaux de dveloppement et sur les grandes
orientations du budget local61. Ces dbats peuvent tre considrs comme des espaces de
concertation entre habitants et entre autorits et ces derniers. Alors quau niveau du village,
Le Conseil Villageois de Dveloppement assure la gestion quotidienne des activits du
village. A ce titre il examine et met des avis crits et motivs sur les projets et programmes
de dveloppement concernant le village [] mettre des recommandations circonstancies,
notamment dans les domaines suivants [de] la prservation de la paix sociale dans le
village; la mobilisation des populations autour des actions socio-conomiques du village; la
protection de l'environnement62.
Au Mali, Le conseil communal peut entendre, titre consultatif, toute personne dont
lavis peut lui tre utile63. Et les conseillers de village, de fraction ou de quartier sont
obligatoirement consults sur lorganisation des activits agricoles, pastorales, sylvicoles,
halieutiques, cyngtiques; limplantation des quipements collectifs; llaboration et la mise
en uvre des schmas damnagement et des plans doccupation des sols; la protection de
lenvironnement et la gestion des ressources naturelles; les litiges domaniaux et fonciers; la
partie du programme de dveloppement concernant le village, la fraction ou le quartier64.
Comme pour les dispositions prcdentes relatives la participation locale en Afrique
francophone, la consultation est consacr par toutes les lois des pays de notre champ de
recherche, cette tendance devrait tre la mme pour la concertation qui est aussi un
mcanisme de la dmocratie participative.
3-La concertation
La concertation est le niveau suprieur [de la dmocratie participative]. Elle implique
lintervention de non dcideurs [Les habitants ou leurs reprsentants], tout au long de la
60Article 138 Loi 97-029 61Article 11-1 Loi 55-2004 62Article 11 Dcret 2007-032 63Article 36 Loi 95-034 64Article 72 Idem
constitution dun dossier, soit des structures prennes, sectorielles ou territoriales, soit dans
des structures ad hoc, plus limites dans le temps65. Lautorit locale reconnat aux habitants
un pouvoir dexpertise pour des questions qui les concernent. Le but est denrichir
lapproche des thmes et de permettre aux lus de dcider en meilleure connaissance de
cause66. Dans cette perspective au Bnin, Le conseil de village ou de quartier de ville se
prononce sur les affaires pour lesquelles il est requis67. Cette disposition suppose
naturellement une concertation pralable, en vue de dgager une position commune comme
tenant lieu de consensus, dont le fruit dune concertation. Cest dans cette logique que Le
conseil de village ou de quartier de ville peut adresser des questions crites au conseil
darrondissement sur toutes les affaires intressant le village ou le quartier de ville68. La
concertation est ainsi prsente tant sur le plan interne du conseil, qui suppose la prise du point
de vue des habitants en assemble gnrale, mais aussi celui des membres du conseil. Sur le
plan externe, le conseil darrondissement peut se concerter avec le conseil de village ou de
quartier sur une question le concernant.
Au Burkina Faso, les dispositions les lois prvoient plusieurs possibilits de concertation
au sein du CVD, mais aussi entre celui-ci et les autorits communales. Le CVD labore et met
en uvre les plans communaux de dveloppement69. Cela exige une concertation interne
au conseil, avec les villageois dans le cadre des assembles gnrales, et avec les autorits
locales. Aussi, le CVD est particulirement charg dlaborer des programmes annuels
d'investissement du village qui sont soumis l'approbation du conseil municipal sur la base
des orientations du plan communal de dveloppement70. Une fois de plus des initiatives de
cette nature sont indiscutablement le fruit dune concertation au sein du CVD, au sein de son
bureau, avec les villageois en assemble gnrale et avec le conseil municipal. La
concertation entre le conseil municipal et le CVD, mais aussi au sein de ce dernier, est
vidente dans la mesure o il peut participer lanimation des diffrentes commissions
spcifiques mises en place par le conseil municipal pour la gestion et la promotion du
dveloppement local71. Dans cette dynamique de concertation, le CVD peut mettre des
recommandations circonstancies dans des domaines spcifiques, des initiatives de cette
65LE GALIC (M.), Op. Cit 66Idem 67Article 138 Loi 97-029 68Article 139 Idem 69Article 9 Dcret 2007-032 70Article 10 Idem 71Article 9 Ibid.
envergure tant naturellement soumises une concertation aussi bien du bureau du CVD
quavec les populations et les autorits locales.
Au Mali, la concertation a t intgre dans le dispositif de la dmocratie participative, car
Les conseillers de village, de fraction et de quartier peuvent formuler des recommandations
sur toutes mesures quils jugent utiles de voir mettre en uvre par le maire72. La
formulation de recommandations ncessite indispensablement une concertation au pralable,
le point de vue du conseil et des habitants en assemble gnrale semblent tre des tapes
indispensables dans ce cas de figure. De mme que La dsignation du chef de village, de
fraction ou de quartier [] sur proposition du conseil de village, fraction ou de
quartier73. On relve que le conseil propose aux autorits la nomination du chef, il est
donc vident quune telle dcision est le rsultat dune concertation au sein du conseil voir du
village, de la fraction ou du quartier.
La dmocratie participative tant un ensemble de procds qui impliquent la contribution
de tous les acteurs de la vie publique locale, elle est plus effective lorsquelle associe la
prsence de tous travers la participation ou au mieux limplication. Ces dernires tant les
niveaux ultimes de la participation locale.
4- La participation et limplication
La participation proprement dite peut parfois aller jusqu la dlgation donne par les lus
une autre structure pour agir leur place74. La participation aboutit en principe un partage
de pouvoir, notamment dans le cadre de la gestion de budgtaire de projet de quartier etc.
Alors que Limplication constitue le niveau suprieur de participation. Dans cette phase,
une partie de la population est amene participer directement la prise de dcision ou au
portage dune action. Limplication se retrouve souvent sous forme de dlgation, de
contractualisation avec la vie associative75. Au Bnin, la participation et limplication sont
effectives, on a pu les mesurer dans le cadre de llaboration du plan de dveloppement
communal (PDC)76, par le biais du projet ADECOI77 dont la mthode a repos sur un
systme dinformation et communication lchelle communale et un systme de
planification participative78. Cette dernire implique indispensablement les populations,
72Article 72 Loi 95-034 73Article 8 Loi 06-23 74LE GALIC (M.), Op. Cit. p18 75HARTEREAU (A.), Op. Cit. p78 76Selon les dispositions de larticle 84 de la Loi 97-029, la commune labore et adopte son plan de dveloppement. Elle veille son excution en harmonie avec les orientations nationales en vue dassurer les meilleures conditions de vie lensemble de la population 77Appui au Dveloppement Communal et aux initiatives locales 78FOURNIER (Ch.) (dir.), Capitalisation des expriences des projets dappui en dveloppement local et dcentralisation en Afrique de louest : le cas du Bnin, FENU Dakar 2006, p47
les acteurs de la socit civile etc. Qui sont invits donner leur avis les besoins de la
communaut et les valuer. Dailleurs, Le processus a vis la mise en place et
linstitutionnalisation dune planification locale, ancre sur linstitution communale et fonde
sur une approche participative79. On peut rappeler que les relais de la commune sont
principalement les conseils de village et de quartier qui sont mis en place pour permettre la
participation citoyenne la gestion des affaires locales et, ce projet a permis aux populations
de se prononcer sur leurs besoins dquipement collectif par lentremise de ces conseils. Il
est prvu que la commune veille crer les meilleurs conditions dexpression des besoins des
populations locales dans le cadre du dispositif organisationnel et institutionnel de
planification locale, de consultations sur les choix dfinitifs des projets dvaluation des
rsultats des diffrents programmes80. Le processus dlaboration des outils de
planification de dveloppement, tel que mis en uvre par le projet ADECOI, a ncessit
limplication active de tous les acteurs : autorits communales, organisation de la socit
civile, populations [notamment travers les conseils de village et de quartier qui sont des
organes de collaboration entre les autorits locales et les populations], services dconcentrs,
prestataires de service et partenaires au dveloppement. A lissue du processus, chacune des
sept communes partenaires du projet stait dote des trois outils ci-aprs: le plan de
dveloppement communal (PDC) horizon cinq ans; le plan dinvestissement communal (PIC)
horizon trois ans; et le plan annuel dinvestissement (PAI) horizon un an81.
Le Burkina Faso aussi a mis en place des instruments de participation, on peut le voir
dans le cadre de la prparation des certains plans de dveloppement, travers le systme
planification local participatif. Dans ce cadre deux projetsse sont attels promouvoir la
nouvelle approche adopte qui vise la promotion dun dveloppement local associant les
actions de renforcement des capacits de planification, dans le cadre dune programmation
pluriannuelle labore avec les principaux acteurs locaux82. Le processus de planification
locale est pluriannuel, concert et vritablement port par les structures villageoises []et
inter villageoises [] dotes dexcutifs lus et dorganes de gestion ayant lobligation de
rendre compte rgulirement de la gestion des affaires locales83. Il est vident que cette
participation sinscrit aujourdhui dans le cadre des conseils villageois de dveloppement qui
sont des structures qui organisent la dmocratie participative la base et cooprent avec les
79FOURNIER (Ch.) (dir.), Op. Cit. p48 80Idem, p45 81Ibid. p48 82 FOURNIER (Ch.) (dir.), Capitalisation des expriences des projets dappui en dveloppement local et dcentralisation en Afrique de louest : le cas du Burkina Faso, FENU Dakar, 2006, p4183Idem
autorits et organes communaux. Pour llaboration de ces plans [] Plusieurs formations
ont t dispenses [] et ont permis [] la conduite du systme de planification et de
programmation qui, au niveau des deux projets est sanctionn par llaboration de trois types
de documents: un plan de dveloppement local (PDL) de 5 ans; un programme pluriannuel
dinvestissement (PPI) de 3 ans et un programme annuel dinvestissement (PAI)84.
En outre, le budget participatif semble avoir cr une mulation dans ce pays, car pour
lappropriation du principe de la participation budgtaire85, la participation permet de
responsabiliser, de mobiliser, dengager et dauto discipliner lensemble des citoyens de la
commune86. Au niveau de la commune de Hound, il a t soulign que sans la participation il
n ya pas de budget consquent. Les populations doivent participer pour sinformer et se
former. Ce faisant, elles contribuent au dveloppement de la commune87. En prenant part au
processus dlaboration du budget, les populations peuvent dfinir les dpenses et les
investissements prioritaires et suivre non seulement lexcution du budget, mais aussi
lvolution des investissements programms. La participation permet aussi aux contribuables
de comprendre les enjeux relatifs au recouvrement des impts qui alimentent le budget.
Au Mali, dans le cadre des projets dappui aux communes rurales (PACR), on observe
une participation et une implication travers le processus de planification participatif en ce
sens que toutes les composantes de la communes (les villages, les fractions et les
organisations diverses) sont consultes par les autorits communales88. Cette approche
implique tous les acteurs censs jouer un rle dans le dveloppement local, savoir les
services techniques dconcentrs, les prestataires privs et les acteurs de la socit civile. Les
activits de communication soutiennent la participation des populations aux initiatives
engages par les collectivits territoriales89. Dans ce cadre, les interlocuteurs de la commune
sont effectivement leurs dmembrements, savoir les villages, fractions et quartiers dirigs
par les conseils qui sont des organes de collaboration avec les autorits locales. La
participation et limplication concernent aussi le budget participatif, notamment dans la
commune de Madiama, o le budget communal est labor par les membres du conseil
communal qui sont en grande partie composs dagents dagriculture et des enseignants.
Aprs laboration, il est prsent aux reprsentants des villages qui sont gnralement des
84Ibid. 85SISSOKO (M.) (dir.), Rapport de synthse : Dcentralisation et gouvernance locale en Afrique : tude comparative sur lappropriation de la rforme par les communauts rurales au Mali et au Burkina Faso, 2005, p1886Idem 87Ibid. 88FOURNIER (Ch.), (dir.), Capitalisation des expriences des projets dappui en dveloppement local et dcentralisation en Afrique de louest : le cas du Mali, FENU Dakar, 2006, p37 89Idem, p34
chefs de village ou leurs reprsentants90. Toutes les dpenses sont dcides en conseil
municipal et le rapport du maire est port la connaissance du conseil. Tous les quinze jours
se tient une runion pour rendre compte de lvolution du budget. Une rencontre est
galement organise tous les trimestres avec les autorits coutumires et la jeunesse pour leur
faire part de lvolution du budget et des difficults rencontres. Des journes de
sensibilisation sont organises dans les villages au profit des populations dans les langues de
leur choix91. Au niveau de la commune de Kalabancoro, avant llaboration du budget, on
procde dabord une consultation villageoise, un dbat public et enfin un projet de
budget primitif. Cest aprs tout ce travail que le budget sera approuv avec une dcision par
la tutelle. Au cours de la consultation villageoise, le maire donne des explications sur les
recettes de fonctionnement et les recettes dinvestissements qui servent construire des
maisons et des routes92. Cest la participation qui alimente le budget de la commune, qui doit
tre laffaire de tous les citoyens. La participation peut tre multiforme. Elle peut tre
financire, physique ou morale. Le budget est un bien commun, aliment par les contributions
des citoyens. Par consquent chacun dentre eux doit se sentir concern. Sans une bonne
information de la population, on ne peut esprer un niveau de participation apprciable93.
La dmocratie participative est effective en Afrique francophone, notamment au Bnin,
au Burkina Faso et au Mali, elle sexprime par divers mcanismes que nous avons dvelopps
avant. Bien que quelle soit relle, il nen demeure pas moins quelle est confronte
certaines difficults quil convient danalyser par la suite.
III- Les incertitudes de la dmocratie participative en Afrique francophone
La dmocratie participative bien queffective en Afrique francophone, rencontre des
difficults, notamment la problmatique de la participation qui nest pas suffisante (A) en
raison de lanalphabtisme et des pesanteurs sociologiques. Aussi, les organes de la
participation locale se retrouvent contrler (B) par les autorits traditionnelles qui en usent
selon leur volont.
A- Une participation insuffisante
Si la dmocratie participative est effective, elle nest pas pleinement exerce par les
populations, compte tenu de lignorance et de lanalphabtisme qui les confinent dans une
situation qui empche leur implication dans la gestion des affaires locales, notamment en
90SISSOKO (M.) (dir.), Op. Cit. p14 91Idem, p16 92Ibid. p19 93Ibidem
sinformant. Ainsi, Les populations ntant pas conscientes de leur droit linformation,
certaines autorits profitent de leur ignorance pour dissimuler certaines informations
relatives aux dpenses effectues. Ce qui ne favorise pas la transparence de la gestion94.
Dans cette situation, il revient en principe aux habitants de suivre la gestion budgtaire par le
principe du droit linformation, compte tenu de lignorance des populations, les lus peuvent
dissimuler des informations95. Une autre raison lie linsuffisance de la participation est le
poids de la chefferie qui constitue un pouvoir local susceptible de gner laction des conseils
municipaux ainsi que par le poids des habitudes de gestion solitaire, de non transparence et
de refus de rendre compte qui ont caractris la gestion antrieure96. Ces difficults
touchent galement les lus locaux, notamment linexprience des conseillers et leur faible
niveau constituent un facteur ngatif pour lappropriation97 des enjeux relatifs la
dmocratie participative. Le niveau de participation au processus budgtaire demeure
insuffisant dans lensemble. Cette participation se manifeste, entre autres, travers la
participation des conseillers municipaux aux sessions municipales, aux runions et les
questions poses. Mais les enquts admettent quelle nest pas encore suffisante. De plus, la
population na pas pris lhabitude de participer aux sessions municipales98. On peut aussi
relever le climat de suspicion qui rgne dans la commune de Ziniar au Burkina Faso o il est
difficile de participer au conseil communal, car, si cest une runion dinformation, cest
possible [pour les habitants de participer aux sessions du conseil], sinon quel titre
quelquun peut participer aux runions du conseil ? On te prendrait pour un espion. Ce nest
pas possible99. Malgr le droit pour les populations participer aux activits locales, les
politiques, voir les lus pratiquent lintimidation pour dcourager les citoyens pour grer les
affaires locales sans le contrle des populations. Au Mali Les dispositions de la loi
lectorale en ce qui concerne la dtermination des circonscriptions lectorales et le mode de
scrutin ne sont pas de nature favoriser la reprsentation dun grand nombre de villages,
fractions et quartiers au sein du conseil communal...100. Les organes non reprsents peuvent
juger inutile de participer aux activits du conseil communal, dans la mesure o ils nont
aucune reprsentation dans le conseil concern. La participation est dautant plus insuffisante
quapparat lincivisme fiscal, le taux de recouvrement [des taxes] dcroit danne en anne, 94Ibidem p15 95Cet exemple concerne la commune de Madiama au Mali dont il question dans le rapport que nous avons dj cit plusieurs fois. 96 SISSOKO (M.) (dir.), Op. Cit. p1597Idem, p17 98Ibid. p19 99SEBAHARA (P.), SINDOGO (F.), Dcentralisation et citoyennet communale. Rflexions sur la construction de lespace public municipal, in LAURENT (P.-L.), NYAMBA (A.), DASSETTO (F.), OUEDRAGO (A.), SEBAHARA (P.) (dir.), Dcentralisation et citoyennet au Burkina Faso : le cas de Ziniar, Paris : LHarmattan, 2004, p374100Haut Conseil des Collectivits du Mali, Mise en uvre de la dcentralisation au Mali : Bilan et perspectives, p4
ce qui traduit le degr dincivisme des acteurs101. Cette situation est dailleurs valable pour
la commune de Hound au Burkina Faso, o le civisme demeure insuffisant et la
participation reste encore timide. Les populations nont pas encore pris lhabitude de
participer aux runions et dassister au conseil municipalCependant le fort taux
danalphabtisme, linsuffisance de linformation et de la transparence, le jeu politicien et le
manque de moyens ne permettent pas toujours une participation satisfaisante de la
population102.
B- Linstrumentalisation des organes de participation
Le processus de dcentralisation na pas remis en question lorganisation villageoise. Cest
ainsi que les villages constituant les communes sont dirigs par un chef de village entour des
conseillers de village et dont lautorit est reconnue par tous103. La chefferie peut tre
alternativement exerce par diffrentes familles comme cest le cas [dans le village de Kk
au Mali] o quatre grandes familles se succdent alternativement la chefferie de village104.
Forts de leur statut dans la hirarchie sociale [les membres du conseil et le chef] interfrent
dans la mise en place du conseil communal, en finanant les campagnes, en recommandant ou
mme en plaant leurs hommes sur les listes des partis politiques lors des lections105. Si les
conseils de village arrivent contrler les conseils communaux en y introduisant des
personnes qui leurs sont favorables, le conseil de village et de quartier peuvent de la mme
manire contrler les populations quant leur participation ou leur point de vue sur une
question dintrt locale. Le but insouponn que visent ces manuvres est de tenir les
institutions et organes locaux, on voit donc que le conseil [de village] concentre entre ses
mains la totalit du pouvoir traditionnel et une grande partie du pouvoir municipal. On peut
mme parler de superpositions des deux pouvoirs106. Le conseil de village est consult sur
toutes les questionsIl donne son avis qui est gnralement suivi107. Il existe une relation
troite entre le conseil communal et les chefferies locales. Dailleurs, certains informateurs
pensent que le bureau communal nest en fait que le reflet du conseil de village (cas de
Madiama [au Mali]). Pour comprendre cette relation entre les deux structures, il suffit
dcouter le maire de la commune : Pour ltablissement des listes de candidature, cest le
chef de village qui a donn nos noms et pour la place du maire que joccupe actuellement,
101SISSOKO (M.) (dir.), Op. Cit. p13102Idem p20 103Ibid. p4 104Ibidem 105Ibidem p5 106Ibidem 107Ibidem
cest encore lui qui mavait dsign de commun accord avec tous les autres chefs de village
de la commune. Le chef de village de Madiama ajoute de son ct : Le pouvoir ne pourra
pas nous chapper puisque ce sont nos enfants qui sont la mairie. On assiste dans
beaucoup de cas une vritable mainmise des autorits traditionnelles sur le conseil
communal108. Ainsi, Les conseillers municipaux hsitent sadresser directement la population
et dvelopper des initiatives sans passer par lautorit traditionnelle qui, de surcrot exerce un
pouvoir local dautant plus puissant quelle cumule la fonction de responsable local du parti
majoritaire109.
Les raisons de linsuffisance de lappropriation des [principes de la participation locale]
les communes tudies sont nombreuses et tiennent pour lessentiel linsuffisance de la
formation, au manque de moyens, lanalphabtisme et au faible niveau des lus, au dficit
de sensibilisation et de communication envers la population110.
Conclusion
La dmocratie participative est effective en Afrique francophone, notamment au Bnin, au
Burkina Faso et au Mali. Elle a t instaure sous la pression des bailleurs de fonds
internationaux, par le biais de la dcentralisation et la gouvernance locale qui taient inscrit
dans la conditionnalit. Introduite par les politiques de dcentralisation, la commune qui est
divise en village ou quartier, est le principal champ dexercice de la participation locale. Les
conseils de village et de quartier qui dirigent et animent la participation citoyenne aux affaires
locales, notamment celles qui concernent le village ou le quartier. Cette participation sinscrit
dans un cadre gnral au Bnin et au Mali, alors quau Burkina Faso elle est essentiellement
oriente vers les actions de dveloppement local, au niveau du village, alors quen milieu
urbain, la situation du secteur urbain nest pas encore clarifie, probablement en raison de
ladoption du nouveau code gnral des collectivits territoriales dans ce pays. Si la
dmocratie participative est effective dans ces pays, il faut cependant dire quelle fait face
certaines difficults qui entravent son efficacit et la participation des populations. A cet effet,
on relve que la participation est insuffisante du fait de lanalphabtisme avec comme
corollaire lignorance, notamment celle des lois relatives la participation locale. Cette
situation est aussi bien valable pour les populations que les lus locaux. On remarque aussi
une thsaurisation de linformation de la part de ceux qui connaissent sa valeur et sa teneur.
108Ibidem 109Ibidem p21 110Ibidem p22
Les organes de la dmocratie participative semblent instrumentaliss par les autorits
traditionnelles qui contrlent, notamment le conseil de villSage qui est particulirement
concern par cette situation. En dfinitive, ce sont les chefs de village et les membres du
conseil qui tiennent la vie politique et les activits locales, particulirement le conseil
communal, ils peuvent leur guise orienter les dcisions du conseil de village et mme du
conseil communal qui est souvent compos des personnes qui ont t lues avec leur
importante participation.
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