Olivier DEMAZET
VOISINS DU CIEL
MONTAURIOL - Poésie
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Olivier DEMAZET
VOISINS du CIEL
Hors Textes : Henry Clairvaux
Préface : Jean-Jacques Hetzel
Montauriol-Poésie-Montauban
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DU MÊME AUTEUR :
- Pages Anthologiques dans diverses revues, (1963-1995).
- Foi d'Animal
Les Paragraphes littéraires de Paris - 1978.
- Histoire de Dire
Aquitaine-Expansion, Bordeaux 1982.
- Silhouettes
IMF Production 1984, (Préface de Gilbert Patout).
- Natures Vives
IMF Production 1985, (Préface de Jean Darwel).
- L'Enfance de l'Art
La nouvelle Pléiade, (Préface de Vital Heurtebize), 1987.
- La Vie de Poème
(Préface de Jacqueline Delpy)
IMF Production 1990.
- L'Amour de Vous
La Nouvelle Pléiade - Montauriol - Poésie 1990
(Préface de V. Heurtebize).
- Numéro Spécial 13
Montauriol - Poésie 1993
- L’Éclair de la Nuit
Frédéric Maire COREP Bordeaux.
Olivier DEMAZET 1995
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A ma mère
AVANT-PROPOS
J'ai voulu honorer la vieillesse quotidienne en termes
quotidiens, accessibles à nous tous qui serons vieux. Période de la
vie trop souvent méconnue, oubliée, ignorée. Il est délicat d'évoquer
la détresse, le désespoir, la rancœur par l'amour triste, par l'humour
noir. Il est agréable d'évoquer les plaisirs simples, la sagesse, la
confiance par l'amour serein, par l'amour simple. Il est poignant
d'évoquer les dernières années avec leurs souffrances, leurs
interrogations. Mais il est peut-être illégitime de les craindre. Ce qui
est sûr, c'est que la pensée des aînés réagit souvent aux problèmes
de la vie avec intensité.
La poésie va se nicher jusqu'au tréfonds de la vieillesse,
séquelle de la jeunesse, permanence de la vie.
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PRÉFACE
Olivier DEMAZET est un poète du quotidien et de l'humain,
observateur de la souffrance et des infimes joies de la vie. On
rencontre chez lui une communion avec les humbles.
Mais il est aussi artisan du langage, celui qui joue avec les
mots, les triturant ou en créant de nouveaux. Cela l'amène aussi à
chercher l'envers d'un concept, pratiquant ainsi ce qu'exprimait
Emmanuel Mounier lorsqu'il affirmait l'intérêt de "casser une idée
comme on casse une noix", pour voir ce qu'il y a dedans.
Avant lui, Ronsard, Joyce ou Boris Vian se sont livrés à ces
exercices révélateurs de sens.
Homme de culture, et un des derniers "honnêtes hommes", si
l'on s'en réfère à la conception de Montaigne ou de Molière, il observe
avec recul l'absurdité ou les incohérences de la "Comédie humaine",
jetant un œil lucide mais bienveillant sur la vie.
Sa poésie est inattendue où la forme colle au fond sans plan
préétabli, ni préjugé de pied ou de rime. Ne nous étonnons donc pas si
ce n'est pas une poésie qui marche au pas. Le rythme vient
naturellement quand le sens l'appelle.
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Ce recueil fait suite à une série déjà fort respectable de sept
autres répandus à travers l'hexagone et ailleurs.
Oserais-je révéler aussi qu'Olivier Demazet préside avec
maestria et autorité aux destinées d'une revue poétique, faisant office
de rédacteur en chef, d'éditorialiste, voire d'éditeur, drainant par là-
même une pépinière de jeunes poètes de 15 à 90 ans du Tarn-et-
Garonne à toutes les régions de France, et mettant au service de
créateurs moins chevronnés une expérience mûrement éprouvée, à la
fois de l'écriture et des milieux littéraires.
Je conclurai cette modeste présentation, à titre de
collaborateur et ami, en souhaitant bon vent et longue vie à ces
poèmes,
Jean-Jacques HETZEL
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Deux hors-textes de Henry Clairvaux
« Ombres se rendant au bal par une nuit d’hiver »
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MA MÉMOIRE Moi, vieille mère ...
Ma mémoire
est un trou noir.
Je n'entends plus
le temps.
Je n'amasse plus
l'espace.
Je ne sonne plus
personne.
Ma vie est un soir
fermoir.
Et pourtant,
chers enfants ...
Mes yeux de sentimence
foisonnent.
Les cieux de mes silences
raisonnent.
Et pourtant ...
Mon cœur vous aime tant !
Ô la solitude
de mon agitude !
Moi, vieille mère.
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CE SERAIT
La naissance
ce serait comme
la prise du billet de départ
La jeunesse
ce serait comme
la durée du voyage
La vieillesse
ce serait comme
le voyage de retour
La mort
ce serait comme
le jet du billet dans la corbeille.
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TOUT TOURNE
Notre Terre tourne autour du Soleil.
L'argent tourne autour de la terre
Le pays tourne autour de Paris
Le piéton tourne autour de l'agent
La ceinture tourne autour de la taille
Le grand vent tourne autour du clocher
Le coq fier tourne autour de la poule
Le gros loup tourne autour de l'agneau
Le corbeau tourne autour du cadavre
Le poivrot tourne autour de sa tête
Le valseur tourne autour de la valse
Le cadran tourne autour des aiguilles
Le pétale tourne autour de la rose
Et mon cœur tourne autour du bonheur
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SOLITUDE
Je suis un sauvage aveugle
et sans quiétude
Ô solitude impitoyable
immensément triste
et rude.
Je suis un sauvage aveugle
et sans quiétude.
Ô solitude interminable
démente sinistre
et si rude.
POURQUOI ?
Pourquoi ai-je pour vous
fait tant de sacrifices ?
Un jour éteindrez-vous
votre feu d'artifice ?
J'ai donné tous mes doigts
Vous me tuez plusieurs fois.
J'ai donné mes deux yeux,
ma tête est votre jeu.
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JOURNÉES
Journées trop longues
idées trop courtes
Journées trop courtes
idées trop longues
Aligner les journées
sur les idées
Aligner les idées
sur les journées
Des journées à idées ?
Des idées à journées ?
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DESSERT
Jour d'anniversaire
dessert supplémentaire
de neiges éternelles
pour la vie fraternelle.
CUEILLEZ !
Cueillez !
Cueillez
les roses de la vie !
Où sont les roses ?
où est la vie ?
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C'EST LE HIC
Hic multitechnique
prophète du fric.
C'est le fric
électronique informatique
télématique et bureautique.
C'est le hic
démagogique et illogique
politique étatique
Chomagique narcotique
inesthétique et frénétique.
c'est le hic spécifique
ou le hic crétinique.
C'est le hic érotique pour initiés.
C'est le hic cynique pour répudiés.
C'est le hic alchimique hermétique.
C'est le hic bien pratique mirifique
pour les citoyens-robots
pour les penseurs de robots.
Hic didactique
Hic dramatique
Hic apocalyptique.
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PROGRAMME
Soyons bien sages
en héritage
et en devis.
C'est bon la vie !
Et construisons
cette maison
avec raison
pour les saisons
de frondaison
de floraison.
Et la retraite
sera bien faite.
Un tour de main
un peu de vin
un bon gâteau
quel beau tableau !
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L'ENFER
Êtres du dernier âge
assoupis, presque morts
sur vos lits de douleurs !
Chers parents résignés
à vos jours désignés !
Doux vieillards allongés,
où se trouve votre âme ?
Pauvres vieux décharnés,
où est donc votre esprit ?
Sur la terre ou au ciel ?
Nul ne sait le dilemme,
mais votre cœur est là
qui, péniblement bat
pour tous ceux qui vous aiment
pour tous ceux qui vous laissent.
Je vois vos yeux qui pensent
à tout ce temps qui passe
pour souffrir sans mourir.
Je vois vos yeux qui pleurent
l'atrocité des jours,
l'énormité des nuits.
La parcelle de vie
que l'on vous attribue
sert encore de couronne
à votre dignité
mais de grâce, vivez
sur Terre comme au Ciel !
Finissent les supplices
de l'hôpital cruel !
Vienne la liberté
de vivre enfin sa mort,
cadeau de la Nature,
qui la donne en douceur.
- 16 -
MES ENNUIS
Moi, ton ami,
qui aime
tes thèmes,
j'ai suivi
ta thèse
à l'aise
et mes ennuis
de punaises
se taisent.
- 17 -
QUAND VOUS SEREZ
Quand vous serez bien vieille,
le soir, à la veillée,
je vous dirai, ma vieille,
vous avez trop veillé.
Quand vous serez bien vieille,
le soir, à la chandelle,
je vous dirai, ma vieille,
tenez-moi la chandelle.
- 18 -
OUTRE-BIERE
Vite arrêtez ce vacarme
de vos larmes.
Vos êtes bien plus belles
plus loin d'elles.
Vous êtes bien plus beaux
sans cette eau.
Jetez ces muguets de buis
c'est la nuit.
Épargnez l'eau bénite
les redites.
Et ne desserrez pas
sur un triste apparat,
vos petits cœurs intrinsèques
à coups secs.
Plus de regret social
impartial
sur l'avis du journal
si banal.
Demain sachez que la vie
vaut le coup
d'être vécue gravie
à grands coups
que la mort est sommeil
en éveil.
- 19 -
Il est mort le doux aïeul
en aimant.
Il est mort votre aïeul
en souriant
de votre vie recluse
O méduses.
Sur de riches souvenirs
à venir
allez boire une bière
comme hier.
A ta santé l'aïeul
sur ton seuil.
- 20 -
LES ANNÉES
Oui c'est dommage
que les années
aient mis
tant de ravages
sur votre visage.
Mais quel bonheur
que les années
aient mis
tant de chaleur
dans tout votre coeur.
- 21 -
LE DERNIER QUART D'HEURE
Il suffisait de tenir
le tout dernier quart d'heure.
Il suffisait de gémir
les dernières torpeurs.
Il suffisait de tarir
les dernières douleurs.
Il suffisait de mourir
dans l'avant-dernier heurt.
Il suffisait de bien vivre
à chaque bon quart d'heure.
Il suffisait de bien rire
un ultime quart d'heure.
- 22 -
AUX GRANDS HOMMES
Il fut diplômé
de sciences politiques
et devint
grand Commis de l’État.
Aux Grands Hommes
la Nation reconnaissante.
Il fut Diplômé
de sciences poétiques
et devint
Grand Démis de l’État.
Aux Grands Hommes
la Nation méconnaissante
LES MONDES
Il existe
le beau monde
le demi-monde
le mauvais monde
le tiers monde
le quart monde
dans le monde entier
jusqu'au bout du monde
jusqu'à la fin du monde
il y avait beaucoup de mondes
- 23 -
LE RÊVE
Ah ! Le rêve ?
On en crève !
Le bonheur ?
On en meurt !
Et la mort ?
on en vit !
- 24 -
LES COUPS
- Donne-moi un coup de main
- Je n'ai plus les mains libres
- Jette-moi un coup d'œil
- Je n'ai plus d'œil
- Lance-moi un coup de pied
- Je n'ai plus de pied
- Alors un coup de tête
- J'ai perdu la tête
- A force de prendre des coups,
on ne tient plus le coup.
EN DÉCOUDRE
- Je ne peux me résoudre aux foudres
de ma femme
- Enfuis-toi et prends donc la poudre
de ses flammes.
Puis tu vas les dissoudre
dans son âme.
C'est fini d'en découdre,
Tu le clames.
- 25 -
TEXTE DU BON CANCRE
HISTORIQUE
Au village, c'est la fête de l'Armistice. Les gendarmes et
les pompiers, décorés d'ifs, étaient entourés de colonels. Nous
fîmes le tour de la Place, tandis que la cloche nous
accompagnait. La musique entama son morceau. Ayant fini
de jouer, Monsieur le Maire sortit une feuille de sa poche et
nous fit son récit. Je fus touché à la pensée que je ne connus
pas mon grand-père qui, par sa bonne volonté, se fit tuer pour
la France.
1962 (C.E.P.)
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COMMERCES
Mouroirs
dernières chambres
des derniers âges.
Pompes funèbres
derniers voyages
des dernières années.
Commerces de la mort
derniers deniers
des dernières vies.
- 27 -
MOI
De moi tu ne veux plus
si fatiguée de moi !
J'ai trop donné de moi.
Oh ! mais je n'en peux plus !
JE VOUS
Oui je vous aime
car je vous aime
Oui je vous hais
car je vous hais
Oui je vous tue
car je me tue
Je ne sais plus
Je n'y suis plus
- 28 -
LA DOULEUR
La douleur seule est grande
le malheur seul est grand
Ces rendez-vous
font l'homme doux
prétendez-vous
par dessus tout.
Commencez donc par vous
Surtout oubliez-nous.
- 29 -
MON DIEU, MON VIEUX
Mon Dieu,
Mon Vieux
Sentinelle des Cieux
et Lunettes des Vieux.
Pour un rien
si tu veux bien
écoute nos prières
ne datant pas d'hier.
Arrête les forfaits.
Interdis les méfaits
des Seigneurs de la Guerre
des Marchands de Misère,
des Patrons de finances,
des Gérants de Souffrance.
Ils savent ce qu'ils font,
ce qu'ils défont à fond.
Pardonne-leur,
mais les malheurs,
ne permets pas.
Et n'oublie pas
ces moins que rien
si tu veux bien.
Mon Dieu,
Mon Vieux
Sentinelle des Cieux
et Lunette des Vieux.
- 30 -
LES FUMAILLONS
Dans le cabinet de toilette
de l'enfantine maisonnette
de leurs grands-parents innocents,
les deux impossibles garnements
se sont gâtés, se sont camés :
ils ont allumé
une brochette
de cigarettes.
Ils ont toussé, pauvres poucets.
Ils ont pleuré, sont défoncés.
Tous les deux enivrés
comme si c'était vrai.
Arrivent les parents
dans un calme apparent.
Ils sentent la fumée
et s'écrient : "ça promet !"
"Matamores déjà morts !
Quelle engeance vous absorba ?
C'est le tabac qui vous abat ?
Et le cancer, à quoi ça sert ?
Vous êtes à l'envers, tout verts !"
Les fumaillons fluets
baissent le nez, déjà muets.
Ils rougissent, ergotent.
Leurs deux genoux flottent.
La carence ne paie pas
pour franchir un grand pas ...
- 31 -
UN ROC
C'était un roc
au regard d'acier
au cœur de pierre
à la volonté de fer.
Ses mains d'or
faisaient de l'argent.
Il est mort des calculs
noyés dans sa tête
qui prenait l'eau.
- 32 -
CHANT D'APPARAT
Passent les temps qui courent !
On se fait dur, fat, sourd.
Essayez ce recours :
envisager un tour
Orné de poésie,
de féerie, courtoisie
pour apprécier ailleurs
un monde bien meilleur.
Mais, attention : danger !
Rétention des projets ...
Démodés, interdits,
C'est un édit redit.
Poésie légitime
te voilà synonyme
d'hérésie, ineptie,
frénésie, inertie.
Poètes anonymes
qui pleurez dans l'abîme
de folies arguties
et fausses prophéties :
On vous veut hermétiques,
obscurs, ésotériques.
On vous veut plats, sans fièvre,
ni souffle, mais mièvres.
- 33 -
On vous veut tous conformes
aux modèles, aux normes.
Sinon, l'indifférence
vous noie dans la navrance.
- 34 -
Alors chers troubadours,
ignorez les vautours.
persistez dans vos œuvres,
évitez les couleuvres.
Gardez vos espérances,
vos sources et vos transes.
Fidèles à vous-mêmes,
les amoureux vous aiment.
Par votre transfigure
éclatera l'envergure.
Puis la vie s'ouvrira
sur un chant d'apparat.
Passent les temps qui courent
et qui aiment d'amour !
- 35 -
QUE RESTE-T-IL
Il est las,
elle est lasse.
Est-ce le glas ?
Est-ce la glace ?
Il est muet,
elle est muette.
Est-ce d'excès ?
Est-ce la diète ?
Il est inquiet,
elle est inquiète.
Est-ce un décès ?
Est-ce les miettes ?
La fin du jour ?
Que reste-t-il de leur amour ?
Et goutte
et croûte
- 36 -
CEUX QUI
Ceux qui
ne m'aiment pas
ne me respectent pas
sont encore de ce monde.
Mais ils n'existent plus
car ils ne vivent plus.
Ceux qui m'ont aimé
m'ont respecté
ne sont plus de ce monde.
Mais ils existent toujours
car ils vivent toujours.
- 37 -
NOCES DE DIAMANT
Mon mari, mon copain
prends ma main
Ton cœur d'or prend essor
Ô ma Femme chérie
Tu souris
toi ma perle
qui déferles.
Jour diamant
gentil vent
Nobles noces
sans caresse
Soir divin
Feu du vin
Pain d'écrin
Eau-satin
Dure vie
qui gravit
Joie, qui rit
de féerie
Fin de vie
mais ravie
d'amour fort
sans retors
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DANS LE NOIR
- Que faites-vous ce soir dans le noir parmi vos idées
noires ?
Vous faites du marché noir ?
- Non, du travail noir à broyer du noir ...
- Mais c'est de l'humour noir ?
- Non, de la magie noire. Noire jusqu'à l'horizon noir du
monde noir.
Mais par ces termes noirs, il faut bien tout voir en noir :
c'était écrit au tableau noir.
- 39 -
LA SOUPE A L'AIL
- Pourquoi recules-tu quand je parle ?
- Il faut bien prendre parfois du recul.
- Pourquoi fais-tu la tête quand je parle ?
- Ce n'est pas un coup de tête.
- Pourquoi grimaces-tu dès que je parle ?
- Je n'en fais pas une soupe de grimaces.
- Alors tu ne peux pas me sentir ?
- Tu sens la soupe à l'ail !
- 40 -
A L'ENDROIT
Aurais-je fait un cauchemar
de canard de barbarie ?
Le lion donnait la viande au dompteur
le cheval montait sur le cavalier
le chien promenait son maître en laisse
le coq se déguisait en pendule à quartz
la souris dévorait le chat
la vache trayait la fermière
les soldats passaient les généraux en revue
les voleurs arrêtaient les gendarmes
les fautifs jugeaient les jurys
les élèves notaient leurs maîtres
l'orchestre dirigeait le chef
les ouvriers recevaient les patrons au bureau
les malades soignaient les médecins
les infirmières faisaient fortune
les morts ressuscitaient les vivants.
Je me sentais tout à l'envers
dans ce monde à l'endroit.
- 41 -
MÊME
Sur deux choses je louche
les gâteaux et ma couche.
Vivent les achats, vive la fuite
se dit toujours Mémé-Dynamite
qui pense au réveillon
à la bûche au rillons.
C'est tous les jours Noël.
Ma vie est une fête éternelle.
- 42 -
A MA MÈRE
Si tu savais, ma mère ...
Que tu peux être fière !
Tu m'as donné le souffle
de la vie
Tu m'as donné le souffle
poésie.
Je me suis fait poète
pour tes fêtes.
M'as-tu lu ?
Suis-je lu ?
Qu'importe
si fermées sont les portes.
Tes souffrances
m'ont donné l'espérance.
Même mort en ta tête un poète
est toujours en ton cœur un poète.
- 43 -
PIÈCES MONTÉES
- Ça y est !
Il est encore remonté
J'en suis tout démonté !
- C'est elle qui l'a remonté
Elle aime bien
les pièces montées.
GARAGE
- Alors, chéri,
la mécanique est usée ?
- Tu sais, chérie,
je suis sur la voie de garage.
- 44 -
VOS SILENCES
Vous qui écoulez vos vacances dans un petit coin de
France, que vous ai-je donc fait pour mériter tant de silence ? Que
vous ai-je donc fait pour être digne de votre indifférence ? Pourquoi
parcourir des pays inconnus au lieu de ressentir les souvenirs
communs ? Oublierez-vous le berceau du pays ?
Au bord, seriez-vous, d'un précipice tout noir, creuset de
l'infamie où morts sont les amis ? Un bandeau aveuglerait-il l'espace
de l'avenir jusqu'à ne plus sourire, d'un cœur ouvert, sans travers et
sans fardeau, à celui qui vous fît sans défi moins de mal que de bien
à celui qui vous aime pour un rien ?
- 45 -
LA BOULE
Mon vieux copain fait le fou ...
C’est le plus grand manitou
de la Pétéaénque dès qu’il joue.
Partoput, il fait des jaloux
en gagnant toutes les coupes,
désespérant ceux qui loupent.
A Toulouse et puis Marseille,
il s’éclate ou s’émerveille.
Il court, il crie, saute et rit :
la victoire est à ce prix.
Champion de boules bien né,
il doit toujours s’entraîner.
Sa vie ? C’est le boulailler :
boulailler, c’est travailler.
Admirable est son mérite,
car, par la boule, il médite.
Les travailleurs vont en foule,
loin des trésors de la boule :
Labeur ? Art de la férule
réservé aux pauvres mules !
Il vaut mieux coincer la bulle
hors de l’ennui qui pullule.
18/03/88
- 46 -
MALADIE D'AMOUR
Maladie d'amour
se guérit toujours
et partout
dans un petit trou
tranquille
fertile.
- 47 -
MA MÈRE, ELLE ...
Ma mère
elle naquit
dans les flonflons
la nuit
d’un quatorze juillet.
Ma ère
elle jaillit
à pleins poumons
au bruit
de la joie vanillée.
Ma mère
elle vécut
dans les saisons
de suie
d’une vie étrillée.
Ma mère
elle mourut
dans les ronrons
qui fuient, ...
un jour de juin mouillé.
- 48 -
L'ASPIC
L'aspic nous mord
l'aspic nous pique
l'aspic envenime
l'aspic assassine.
L'esprit si fort
l'esprit viatique
l'esprit nous ranime
l'esprit nous vaccine.
- 49 -
VIVRE !
Église silence
Hôpital silence
École silence
Avenue vacarme
HLM vacarme
Vidéo vacarme
Que choisir
Partir
dormir ?
Non vivre
Hors du silence
Hors du vacarme
- 50 -
BLINDE
Tu connais certes
le tank blindé
la voiture blindée
la porte blindée
le blockhaus blindé
le cœur blindé
le monde blindé
la vie blindée.
Eh bien sais-tu
que je suis aussi blindé
qu'un blindé
bien blindé ?
- 51 -
COEUR ET VENTRE
Certains ont
le ventre plein
et le cœur sec.
D'autres ont
le ventre creux
et le cœur gros.
Tout est question
de cœur
au ventre.
- 52 -
LE FAUX POETE
Le faux poète
que rien n’arrête
comptait les pieds
de son poème.
Il se méfiait
d’écrire même
des vers moulus
tout dissolus.
- 53 -
HAUT LES MAINS !
- Haut les mains, bonhomme !
Vieux, sois de ton somme !
- Je vous préviens :
je n’ai rien,
je ne suis rien.
Juste un homme !
Mais je suis bien !
- 54 -
BILLEVESÉES
Mais pourquoi tant de sang versé ?
Pourquoi tant de bile versée ?
Pourquoi ces larmes déversées ?
Pour tout ces billevesées
faites pour diviser,
désintégrer, bouleversa
et ainsi visser
un monde renversé.
- 55 -
EN CE MONDE
En ce monde qui berne,
il ne faudrait pas prendre
nombreuses gens de cœur
pour des enfants de cœur,
à qui l’on pourrait vendre
toutes les balivernes.
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ABSENCE ...
Qu'est-ce que l'éternité ?
l'absence de temps
Qu'est-ce que l'immensité ?
l'absence d'espace
Qu'est-ce que l'universalité ?
l'absence de monde
- 57 -
BIOGRAPHIE
Olivier DEMAZET
Instituteur honoraire né à Tours en 1930, qui a enseigné à Paris et
Montauban jusqu'en 1989 dans l'Enfance Handicapée.
Auteur de 9 recueils.
Président-Fondateur et Rédacteur de la Revue Association Montauriol-
Poésie (1990)
Membre de la Société des Gens de Lettres de France (1986).
Membre de la Compagnie des Écrivains de Tarn-et-Garonne (1993).
Membre Associé de l'Académie de Montauban (1993).
Participant à plusieurs autres Associations et Sociétés de Poésie.
La poésie d'Olivier Demazet a été présentée et dite dans plusieurs
émissions et récitals.
***
Dépôt légal à parution.
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S O M M A I R E
- AVANT-PROPOS 3
- PRÉFACE 4 et 5
MA MÉMOIRE 8
- CE SERAIT 9
- TOUT TOURNE 10
- SOLITUDE 11
- POURQUOI ? 11
- JOURNÉES 12
- DESSERT 13
- CUEILLEZ 13
- C’EST LE HIC 14
- PROGRAMME 15
- L’ENFER 16
- MES ENNUIS 17
- QUAND VOUS SEREZ 18
- OUTRE-BIERE 19
- 59 -
- LES ANNÉES 21
- LE DERNIER QUART D'HEURE 22
- AUX GRANDS HOMMES 23
- LES MONDES 23
- LE RÊVE 24
- LES COUPS 25
- EN DÉCOUDRE 25
- TEXTE DU BON CANCRE
HISTORIQUE 26
- COMMERCES 27
- MOI 28
- JE VOUS 28
- LA DOULEUR 29
- MON DIEU, MON VIEUX 30
- LES FUMAILLONS 31
- UN ROC 32
- CHANT D’APPARAT 33
- 60 -
- QUE RESTE-T-IL 35
- CEUX QUI 36
- NOCES DE DIAMANT 37
- DANS LE NOIR 38
- LA SOUPE A L’AIL 39
- A L’ENDROIT 40
- MÊME 41
- A MA MÈRE 42
- PIÈCES MONTÉES 43
- GARAGE 43
- VOS SILENCES 44
- LA BOULE 45
- MALADIE D’AMOUR 46
- MA MÈRE, ELLE ... 47
- L’ASPIC 48
- VIVRE ! 49
- BLINDE 50
- COEUR ET VENTRE 51
- 61 -
- LE FAUX POÈTE 52
- HAUT LES MAINS ! 53
- BILLEVESÉES 18
- EN CE MONDE 55
- ABSENCE ... 56
- BIOGRAPHIE 57