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http://www.osezlefeminisme.fr - n°9 - septembre 2010

Après la trêve estivale bien méritée, de gros chantiers nous attendent en cette rentrée pour la défense des droits des femmes.

Rangeons nos tongs au placard et sortons les tennis pour battre le pavé. Les raisons de se mobiliser ne manquent pas : les centres IVG continuent de fermer dans plusieurs villes. Quant à la réforme des retraites, elle est en passe d’être entérinée, promettant d’aggraver encore l’écart entre les pensions des femmes et des hommes. Rappelons que la différence atteint à ce jour 40%

et que près d’un tiers des salariées attendent 65 ans pour prendre leur retraite.

Deux grandes dates de manifestation sont donc à retenir : le 7 septembre, pour la défense des retraites, puis le 6 novembre, un rendez-vous national à Paris pour

défendre le droit à l’avortement.

Alors que nous luttons ici pour défendre notre modèle social, des militantes et des militants se battent partout ailleurs pour l’émancipation, notamment pour les droits des femmes.

Ce mois-ci, nous avons décidé de nous attarder sur la situation des femmes dans le monde et sur le caractère universel du féminisme. A cette occasion, nous nous doutions que le tableau ne serait pas glorieux : féminicide en Asie, Code de la famille régressif en Algérie, assassinats impunis en Afghanistan… Le combat féministe est plus que jamais d’actualité. Et pour cause : aux quatre coins du globe, nombreuses sont celles qui se battent pour faire avancer l’égalité et réaffirmer que les droits des femmes ne sont en rien culturels. Ils sont universels. Comme la volonté permanente de les remettre en cause.

AgendaAgendaAgendaAgenda >> Journée nationale de mobilisation >> Journée nationale de mobilisation >> Journée nationale de mobilisation >> Journée nationale de mobilisation pour la défense des retraitespour la défense des retraitespour la défense des retraitespour la défense des retraites Des points fixes ou cortèges féministes sont

prévus dans les différentes villes Mardi 7 septembre

>> Mobilisation nationale pour la >> Mobilisation nationale pour la >> Mobilisation nationale pour la >> Mobilisation nationale pour la défense du droit à l’avortementdéfense du droit à l’avortementdéfense du droit à l’avortementdéfense du droit à l’avortement

à l’initiative de l’A.N.C.I.C., de la C.A.D.A.C., et du Planning Familial

Samedi 6 novembre à Paris

>> Congrès international féministe>> Congrès international féministe>> Congrès international féministe>> Congrès international féministe Plus d’informations prochainement sur

Re-belles.over-blog.com

Les 3, 4 et 5 décembre à Paris

EditoEditoEditoEdito

LLLLEEEE PAVÉPAVÉPAVÉPAVÉ NOUSNOUSNOUSNOUS BATTRONSBATTRONSBATTRONSBATTRONS

Qui sommes nous ?

Qui sommes nous ?

Qui sommes nous ?

Qui sommes nous ?

Parce que nous considérons que l'émancipation de toutes et tous passe par

l'égalité, nous nous rassemblons, femmes et hommes, militantes et militants

aux expériences diverses, pour prendre part au combat féministe. Violences,

discriminations, dominations, oppressions, nous en avons assez. Nous

affirmons les valeurs universelles portées par le féminisme, combat

progressiste pour l’égalité et la laïcité.

ISSN 2107-0202 - [email protected] - www.osezlefeminisme.fr

27 ans après la première loi sur l’égalité professionnelle entre femmes et hommes, Osez le féminisme ! a inauguré en juillet un

blog de témoignages : www.viedemeuf.fr L’objectif : faire apparaître la réalité des inégalités professionnelles et du sexisme au travail. A diffuser et alimenter sans modération !

VIE DE MEUF VIE DE MEUF VIE DE MEUF VIE DE MEUF Le blog des Le blog des Le blog des Le blog des

inégalités au travailinégalités au travailinégalités au travailinégalités au travail

Illustration : www.arts-gazelle.com

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Nationalité : un combat Nationalité : un combat Nationalité : un combat Nationalité : un combat des femmes libanaises des femmes libanaises des femmes libanaises des femmes libanaises Au Liban, une loi de 1925 interdit aux femmes de transmettre leur nationalité à leur enfant et mari . Un enfant né de mère libanaise et de père étranger doit se procurer un permis de séjour même s’il est né sur le sol libanais. Une femme veuve ou dont le mari ne reconnaît pas l'enfant n'a aucun recours devant la justice pour qu'il obtienne la nationalité libanaise, il ne possèdera qu'un laissez-passer avec la mention « non libanais». Cette injustice mobilise la population et les ONG avec une campagne « La nationalité, un droit pour ma famille et pour moi ».

Anna Mardoc

Brèves

2 - Osez le féminisme - Septembre 2010 - www.osezlefeminisme.fr

« « « « Femmes exilées, Femmes exilées, Femmes exilées, Femmes exilées, femmes engagées femmes engagées femmes engagées femmes engagées »»»»

Ce prix, créé en 2001 par Alba Viotto, distingue chaque année des femmes exilées de tous âges et de toutes nationalités qui poursuivent avec conviction leur combat dans leur pays d’accueil, la Suisse. Femmes et immigrées, deux statuts avec lesquels chacune doit composer face à l’hostilité sociale et adminis-trative. Quand la société choisit d'ignorer leurs compétences pro fess i onne l l es e t l eu r expérience de l'exil, ces femmes répondent par l’entraide et l’engagement.

Magali De Haas

Codes de la familleCodes de la familleCodes de la familleCodes de la famille : régression pour les femmes: régression pour les femmes: régression pour les femmes: régression pour les femmes En 1984, l’Algérie a mis en place le code de la famille, inspiré de la charia. Les femmes ont alors perdu de nombreux droits. Au programme : pour se marier, autorisation nécessaire du tuteur légal, hiérarchisation des rapports de couple au profit du mari, expulsion du domicile conjugal en cas de divorce, tutelle parentale accordée uniquement au père… L’objectif : nier l’égalité juridique entre les sexes. Au Maroc, où un code de la famille existe également, ce dernier a été intégralement revisité en 2004. Les révisions effectuées ont rendu possibles des améliorations pour les droits des femmes. Les Marocaines peuvent ainsi demander le divorce plus facilement et récupérer des biens acquis pendant le mariage. En revanche, la polygamie est toujours autorisée dans les deux pays !

Linda Ramoul et Fatima-Ezzahra Benomar

«««« Il existe aussi des Il existe aussi des Il existe aussi des Il existe aussi des sociétés matriarcalessociétés matriarcalessociétés matriarcalessociétés matriarcales »»»»

Lorsqu'on évoque le patriarcat, la réplique ne tarde jamais : "Tu sais, il existe aussi des sociétés matriarcales". Or, les sciences sociales nous apprennent que le matriarcat n'existe pas. C'est le constat qu'a fait l'anthropologue Françoise Héritier après avoir passé des années à étudier la place des femmes et des hommes dans des sociétés très diverses. Partout, elle a constaté l’exclusion des femmes des lieux de décision. Le patriarcat désigne un système social dans lequel les hommes en général cumulent tous les pouvoirs : politique, économique, patrimonial et familial. Dans certaines sociétés, les femmes disposent en effet de certains droits : la transmission du nom et de l’héritage de la mère à ses enfants (la matrilinéarité), le fait que ce soit l'époux qui parte vivre dans le foyer de son épouse et non l’inverse (la matrilocalité), ou encore la place centrale occupée par la mère au foyer en l’absence du père (matrifocalité). En aucun cas, on ne peut parler d’un matriarcat, défini comme l’équivalent féminin du patriarcat. Cette hypothèse vient surtout relativiser l’injustice du patriarcat, sous-entendant que ce ne serait là qu’un système parmi d’autres. Or, les féministes ne souhaitent pas le remplacer par une gynécocratie (domination des femmes sur les hommes) mais parvenir à l’égalité des droits et au partage des responsabilités.

Aude Lemoussu et Julie Muret

Marche Mondiale des Femmes : Marche Mondiale des Femmes : Marche Mondiale des Femmes : Marche Mondiale des Femmes : prochaine étape, le Congo !prochaine étape, le Congo !prochaine étape, le Congo !prochaine étape, le Congo ! Le 30 juin dernier, plus de 5000 féministes des quatre coins de l’Europe se sont rassemblées à Istanbul, étape européenne de la Marche Mondiale des Femmes. Armées de banderoles aux couleurs de leurs pays, de slogans de solidarité et d’amitié, elles ont arpenté les rues turques pour défendre les droits des femmes. La prochaine étape de cette Marche Mondiale aura lieu le 17 octobre 2010 au Congo, dans la Région des Grands Lacs.

Linda Ramoul

Lounis Dahmani - dahmani.canalblog.com

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L’ampleur du déficit de femmes en Asie traduit l’existence de sociétés qui considèrent les filles comme des « poids » dont il faut se débarrasser. Avec des autorités publiques impuissantes à enrayer le phénomène ou qui préfèrent fermer les yeux. Un phénomène de grande ampleur De tout temps, dans tous les pays, il naît 105 garçons pour 100 filles : c’est une constance biologique immuable de l’espèce humaine. Mais le continent asiatique fait exception, avec un rapport de masculinité à la naissance dépassant 115 garçons pour 100 filles en Corée du Sud, en Chine, dans certaines régions de l’Inde et dans les pays du Caucase. Autre originalité asiatique : alors qu’il existe dans le monde une surmortalité des petits garçons, rétablissant un équilibre entre garçons et filles, dans tous ces pays, la mortalité infantile est plus forte chez les petites filles :

elle est 7% supérieure en Inde, 28% en Chine.

Les filles synonymes de fardeaux Les filles sont considérées comme des fardeaux, à tous points de

vue. Economiquement, du fait de l’existence de la dot, des faibles taux d’emploi des femmes et de la transmission masculine du patrimoine. Socialement, une femme n’arrivant pas à accoucher d’un fils étant

considérée comme une « mauvaise épouse » souvent battue, brûlée ou répudiée. Dans ce contexte, la pression exercée sur les femmes est immense. Les moyens pour se débarrasser des petites filles sont nombreux. Avant la naissance d’abord, avec le développement des appareils d’échographie dans les campagnes, les familles pouvant désormais connaître le sexe du fœtus. De nombreuses cliniques privées en font un business très lucratif, en

proposant des « packages écho-graphie plus avortement » quand le fœtus est féminin ; et les autorités publiques n’ont pas les moyens de contrôler cette pratique pourtant illégale. Après la naissance, la maltraitance des petites filles est généralisée : elles sont moins alimentées, moins soignées, parfois empoisonnées. Autre conséquence de ce phénomène, l’exploitation sexuelle explose. Les femmes, en minorité, sont parfois prostituées par leurs maris, pour leurs frères, cousins, voisins, etc.

Agir pour protéger les femmes Plusieurs actions politiques doivent être mises en œuvre : la lutte contre la marchandisation des femmes, cette dernière incitant à exiger un « retour sur investi-ssement », le développement de l’accès à l’éducation et à l’emploi des femmes et enfin, comme toujours, la sensibilisation à l’égalité dès le plus jeune âge pour changer les mentalités de manière durable.

Thalia Breton Source

Le livre noir de la condition des

femmes, Les femmes manquantes

en Asie, Isabelle Attané, Points.

www.osezlefeminisme.fr - Septembre 2010 - Osez le féminisme - 3

A lireA lireA lireA lire

Quand les femmes auront Quand les femmes auront Quand les femmes auront Quand les femmes auront disparudisparudisparudisparu

Voici un livre sociologique et politique qui décrit avec justesse l’élimination de masse des filles en Asie, ses facteurs sociaux, culturels et économiques et ses conséquences à moyen et long termes. L’auteure nous livre également des pistes pour agir et améliorer concrètement la situation. A mettre entre toutes les mains !

Quand les femmes auront disparu, l’élimination des filles en Inde et en Asie, Bénédicte Manier, La Découverte, 2008.

Il manquerait entre 90 et 100 millions de femmes en Asie. A l’origine de ce décalage ? La place réduite des femmes sur ce continent induit des féminicides, des avortements sélectifs d’embryons féminins, de fortes discriminations entraînant une surmortalité importante des petites filles, des femmes « à marier » vendues puis violentées. Il s’agit d’une manifestation extrême du système de domination masculine, à laquelle sont confrontées, de près ou de loin, 40% des femmes de la planète.

«««« Les moyens Les moyens Les moyens Les moyens pour se pour se pour se pour se

débarrasser des débarrasser des débarrasser des débarrasser des petites filles sont petites filles sont petites filles sont petites filles sont

nombreux »nombreux »nombreux »nombreux »

Actus

Féminicide en Asie : il manque Féminicide en Asie : il manque Féminicide en Asie : il manque Féminicide en Asie : il manque 100 millions de femmes !100 millions de femmes !100 millions de femmes !100 millions de femmes !

Image : Mana Atashfaraz

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LLLLEEEE FÉMINISMEFÉMINISMEFÉMINISMEFÉMINISME, , , , UNEUNEUNEUNE LUBIELUBIELUBIELUBIE DEDEDEDE LLLL’O’O’O’OCCIDENTCCIDENTCCIDENTCCIDENT ? ? ? ? Aux quatre coins du globe, des femmes et des hommes se battent pour l’égalité entre les sexes. Le féminisme revendique un caractère universaliste : l’idée que les droits des femmes ne sauraient être à géométrie variable au nom de prétendues spécificités culturelles. Pourtant, en France comme ailleurs, le mouvement de libération des femmes est souvent caractérisé comme un phénomène occidental, argument utilisé pour le dénigrer.

Le féminisme est universaliste parce qu’il renvoie à l’universalisme des droits humains : l’idée selon laquelle tous les êtres humains ont des droits inaliénables, sans distinction de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion, d'origine, de fortune, de naissance ou de toute autre raison. Caroline Fourest parle d’utopie commune : ces droits dépassent l’organisation de chaque société, ils sont inhérents à l’être humain. Toutefois, au delà de sa portée philosophique, cette idée nécessite un ancrage social pour ne pas rester un vœu pieu.

Le mouvement de libération des femmes des années 70 s’est appuyé sur l’universalisme pour affirmer que femmes et hommes sont égaux en droits. Ainsi, ils ne peuvent se voir attribuer des rôles sociaux prédéterminés par la société. D’autre part, puisque les droits des femmes sont universels, toutes les femmes, quel que soit leur milieu social ou culturel, sont concernées par ces droits.

La confusion volontaire entre universalisme et impérialisme

40 ans après le mouvement de libération des femmes, le féminisme est parfois caractérisé comme un mouvement bourgeois et occidental. Les tenants de cette théorie mettent d’ailleurs souvent dans le même sac « droits de l’homme » et « droits des femmes », présentés comme un produit de l’occident. Cette théorie n’est pas

neutre. Elle prétend que chaque groupe, chaque nation peut trouver dans sa culture les ressources de sa propre conception des droits. Nous appelons cela le relativisme culturel.

L’occident – entendre les Etats-Unis et l’Europe – ayant pour caractéristique d’avoir développé un impérialisme politique et économique au service de ses intérêts, il devient aisé, lorsqu’on considère la Déclaration Universelle

des Droits Humains (DUDH) - adoptée par les Nations Unies en 1948 - comme occidentale, de tracer un trait d’union entre impérialisme et droits humains. Ce que s’empressent de faire les fondamentalistes de tous poils cherchant à remettre en cause ces droits fondamentaux. Aidés en cela par les grandes puissances qui s’abritent souvent derrière les droits humains pour justifier des actions à visée purement écono-mique ou de domination politique.

Or, l’histoire a montré que la bataille pour les droits humains n’est l’apanage de personne ni d’aucun pays. Il suffit, pour le constater, de penser à certaines pratiques des grandes puissances occidentales : détention de prisonniers en dehors de tout cadre légal, ventes d’armes à des pays en guerre… La liste est longue. La lutte pour la défense des droits humains va souvent à l’encontre des intérêts financiers qui s’appuient sur l’exploitation des humains à tous les coins du globe.

L’argument d’une production occidentale des droits humains ne tient donc pas. En réalité, cette théorie est utilisée par les tenants du relativisme culturel car l’universalité des droits remet en cause la façon dont ils exercent le pouvoir au sein de leur société. Dans bien des cas, cela se fait au détriment des droits des femmes. Les spécificités culturelles ou religieuses sont mises en avant pour justifier la domination fondée sur le sexe. La négation de l’universalité des droits a donc des visées politiques, dont celle de maintenir les femmes sous le joug de la domination masculine. Cela va la plupart du temps de pair avec un violent rejet de l’homosexualité. Défendre une culture au nom du droit des peuples est une chose, mais cela n’a plus rien à voir lorsque l’on nie les droits d’une partie de la population au nom de cette même culture.

Ces libertés qui n’en sont pas : prendre en compte le poids des contraintes socioculturelles

La question de l’universalisme des droits des femmes ne revêt pas qu’une dimension internationale. Il marque depuis des années les débats politiques des sociétés occidentales. Le principal enjeu autour duquel se sont cristallisés les débats en France fut et reste celui du foulard islamique. Ce voile qui, d’après ses défenseurs, ne serait en rien incompatible avec les droits des femmes et qui, puisque choisi par certaines, n’a rien d’oppressif. L’ONU l’a reconnu dans un débat récent autour de la

Dossier

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Image : AFP

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prostitution : sans nier le fait que des femmes acceptent leur situation, l’argument du consen-tement ne peut être entendu lorsqu’on se penche sur des situations d’oppression ou d’ex-ploitation.

Geneviève Fraisse le rappelle également, le consentement est une notion à manier avec vigilance. Pour l’illustrer, prenons un exemple de notre quotidien. Les femmes « consentent » aujourd’hui en France à réaliser 80% des tâches ménagères. Alors que personne, ni aucune loi ne les oblige. Sont-elles libres pour autant ? Faut-il s’en satisfaire et passer son chemin ? Le caractère oppressif d’une tradition ou d’une situation ne peut être pensé par le biais unique de l’assentiment des personnes qui la vivent. Les contraintes sociales, culturelles, économiques et psychologiques influent considéra-blement sur les choix individuels, même lorsqu’ils sont consentis. Ces contraintes, qui relèvent de la façon dont se sont construites les sociétés (lois, religion, culture…) ne peuvent être ignorées. C’est même un des points fondamen-taux du combat féministe : les comprendre et les remettre en cause.

L’universalisme laïc et républicain est parfois taxé de xénophobie et d’intolérance. Dénoncer des pratiques sexistes au sein de communautés serait donc raciste. C’est au contraire lorsque l’on considère que l’excision, le voile ou la prostitution ne seraient pas graves parce qu’ils seraient prati-qués par des gens « différents » que l’on s’approche du racisme.

Rappelons qu’il y a encore 20 ans, l’excision était considérée par beaucoup comme une pratique traditionnelle de nombreux pays d’Afrique et que quiconque dénonçait cette « coutume » était taxé de racisme. A force de travail de terrain des ONG, de pression sur les Etats - y compris français - pour une évolution de leur législation, l’argument du relativisme culturel et du respect des coutumes a perdu de sa résonance. Pour les féministes, l’universalisme des droits des femmes n’est pas négociable.

Le féminisme, un combat contre toutes les formes d’oppression

Dans ce combat, les alliés se font rares. Le combat pour l’émanci-pation est pris entre deux feux. D’un côté, les fondamentalistes religieux cherchent tous les moyens de théoriser que l’oppression des femmes qu’ils mettent en œuvre n’est qu’une « vue de l’esprit occidental ». De l’autre, le système libéral. En effet, lorsque le Fonds Monétaire International met en place des « plans d’ajustements structurels » - jolie formule pour désigner des coupes

franches dans les services publics - en contrepartie d’aides financières, c’est l’accès à l’éducation, à la santé, à la mobilité qui recule. Lorsque les protections collectives disparaissent, ce sont les

plus précaires qui en payent le prix, donc les femmes.

En réalité, ces deux pendants de l’ordre établi (l’ordre moral et l’ordre économique) sont des alliés subjectifs voire objectifs. Se révolter à la fois contre le fondamentalisme religieux et contre le capitalisme pousse les féministes à construire un projet de société radicalement différent de celui dans lequel nous évoluons aujourd’hui.

Ce projet repose sur la défense de l’égalité et de la laïcité comme leviers de l’émancipation. Nous ne sommes pas dupes. Dans un pays dont l’histoire a été marquée par l’oppression de nombreux peuples sur différents continents et où l’on observe par ailleurs un racisme toujours très ancré dans les mentalités, la voie n’est pas aisée. Mais elle est accessible, à condition que le mouvement féministe continue à avancer dans sa réflexion sur la double oppression - sexisme et racisme - que subissent les femmes immigrées. Dans le combat pour l’émancipation des femmes, nous sommes convaincues qu’il est nécessaire d’allier la défense de l’universalisme des droits, la remise en cause du libéralisme économique et le combat antiraciste.

Face à celles et ceux qui nous exhortent à accepter l’oppression, la marchandisation ou l’enfer-mement des corps au nom de la liberté ou de la culture, nous voulons tenir bon. Comme le questionnait en 2004 Wassyla Tamzali dans sa lettre ouverte aux Européens désabusés : si nous cédons sur le terrain des droits des femmes ici, comment pourront-ils progresser ailleurs ?

Magali De Haas

Dossier

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Suède, pays le plus féministe du monde ?Suède, pays le plus féministe du monde ?Suède, pays le plus féministe du monde ?Suède, pays le plus féministe du monde ? Dès les années 60, les Suédoises ont investi massivement le marché du travail, avant les autres pays. Depuis 1974 existe un congé parental de 480 jours à répartir : au moins 60 jours pour la mère et 60 pour le père. En 1985, la loi affirme que tout enfant de plus de 18 mois doit avoir accès à une crèche puis à l’école maternelle. Un programme pédagogique national a même été mis sur pied en 1998 pour lutter contre les rôles sexués dès l'école maternelle.

Et ça marche ! Avec 43,6% de femmes au Parlement, 85% des pères qui prennent le congé parental, seules 15% des femmes qui se sentent obligées de choisir entre maternité et travail, la Suède semble sur la bonne voie.

Malgré tout, les inégalités de genre persistent. Dans la ligne de mire du parti féministe : la lutte pour l'égalité salariale. Car les femmes suédoises perçoivent un salaire de 15% inférieur à celui des hommes. Ce qui fait d’elles, notons-le, les moins mal loties d'Europe. Et on constate également une spécialisation encore forte des métiers en fonction du sexe.

En résumé, la Suède a réalisé beaucoup d'avancées dans la sphère publique et éducative, mais à la maison et au travail, l’égalité a encore du chemin à faire !

Marie-Anne Bachelerie, avec l’aide de Mÿliam Grodan

«««« Il y a encore 20 Il y a encore 20 Il y a encore 20 Il y a encore 20 ans, l’excision était ans, l’excision était ans, l’excision était ans, l’excision était considérée comme considérée comme considérée comme considérée comme

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Suite à la chute du régime des talibans en 2001, l’association NEGAR* pour les droits des femmes afghanes avait rédigé une « Déclaration des droits fondamen-taux de la femme afghane », qui revendiquait des droits élémentaires comme l’égalité femmes-hommes, le droit à l’éducation ou le droit de circuler librement. Tout semblait alors se diriger vers l’égalité. Mais aujourd’hui, plusieurs associa-tions dénoncent les négociations du gouvernement afghan avec les talibans dit "modérés" et craignent le retour vers un régime qui ne garantirait plus les droits des femmes durement négociés depuis 2001. En effet, le Président Hamid Karzaï a obtenu des 70 pays de la communauté internationale la

validation d’un plan qui prévoit la réinsertion des Talibans dits « modérés » et la tenue d’une Loya Jirga (Grande Assemblée) à laquelle ces talibans seront conviés. Le Comité sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimi-nation Contre les Femmes de l’ONU a regretté l’exclusion des femmes des plus hauts niveaux de décision de ce plan et s’est inquiété de l’absence de stratégies claires de protection des droits des femmes lors des négociations avec les talibans. Plus de 200 associations afghanes se sont vivement opposées à ces conditions. Une des principales inquiétudes : la Loya Jirga a le pouvoir de modifier la constitution.

Si les Talibans y participent, ils ne manqueront pas d’attaquer de nouveau les droits des femmes. Le président Karzaï n’a d’ailleurs pas hésité à faire adopter une modification constitutionnelle concernant les femmes chiites, légalisant le viol conjugal et restreignant leur liberté de mouvement. Moussada Jalal, ancienne ministre de la Condition féminine, rappelle que le mollah Omar, chef taliban, a récemment ordonné que les femmes qui habitent sur le territoire contrôlé par les insurgés ne sortent qu’accompagnées par un homme de leur famille. Par ailleurs, « Human Rights Watch » dénonce ce gouvernement qui n'a toujours pas traduit en justice les assassins de plusieurs femmes qui jouaient un rôle important dans la vie publique. La Présidente de NEGAR, Shoukria Haïdar, a alerté en janvier 2010 l’opinion publique française sur les dangers du plan Karzaï. Pour elle, les droits des femmes ne doivent pas être bradés dans le processus de paix et la communauté internationale peut agir en ce sens.

Fatima-Ezzahra Benomar * www.negar-afghanwomen.org

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Sources / BibliographieSources / BibliographieSources / BibliographieSources / Bibliographie

• La dernière utopie, Caroline Fourest, Grasset, 2009

• Féminisme(s)Recompositions et mutations, coordonné par D. Fougeyrollas-Schwebel et E. Varikas, L’Harmattan, Cahiers du Genre, 2006

• Du consentement, Geneviève Fraisse, Seuil, 2007

• Une femme en colère. Lettre d’Alger aux Européens désabusés, Wassyla Tamzali, Gallimard, 2004

• Intervention de Janine Booth, (membre de l’Alliance for Workers Liberty) retranscrite sur www.prochoix.org, 2007

Dossier

Le microLe microLe microLe micro----créditcréditcréditcrédit : un outil de : un outil de : un outil de : un outil de développement… individueldéveloppement… individueldéveloppement… individueldéveloppement… individuel !!!! La majorité des bénéficiaires de microcrédit dans le monde est constituée de femmes. Le prêt - d’un faible montant - permet de créer ou de développer une activité rentable par l'acquisition d'un bien de production (machine à coudre, vélo, stock à vendre sur un marché...). Par ces prêts et par l’activité qu’ils entraînent, les femmes acquièrent des responsabilités et une reconnaissance qu'elles n'avaient pas. Elles gagnent en autonomie et en liberté. D'après CARE (ONG française financeur de microcrédit dans les pays en développement) les femmes ayant eu recours à un microcrédit « présentent une plus grande indépendance, une influence plus importante dans les décisions familiales, davantage de contrôle sur les ressources et d’équité au sein du foyer. »

Cependant si, à l’échelle individuelle, le microcrédit a des effets bénéfiques, il existe peu d’études mesurant ses effets sur la collectivité. Deux évaluations ont été menées aux Philippines et en Inde montrant qu’à moyen terme (18 mois après l’emprunt), on n’observe pas de transformation profonde de la vie de ces familles.

Le microcrédit n’est donc pas la solution miracle. Il montre la nécessité de chercher des solutions collectives (notamment par des services publics) au-delà des solutions individuelles.

Claire Piot

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Image : Hanif Shoaei

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OLF : Quelle est la situation des femmes en Iran aujourd’hui ?

La situation des femmes en Iran s’est aggravée après la révolution islamique de 1979. Les lois iraniennes considèrent les femmes comme le deuxième sexe et les discriminent. Dès 9 ans, les filles son t cons idé rées comme juridiquement responsables – les garçons le deviennent à 15 ans. Une fille peut être mariée par son père, même avant 13 ans. Les hommes peuvent épouser plusieurs femmes et les répudier à leur guise. Les femmes des couches populaires ou des minorités sont encore plus discriminées.

Pourtant, les femmes sont plus de 60% à être admises à l’université. Les lois devraient suivre les normes culturelles et s’adapter

aux évolutions de la société ; en Iran, elles restent bloquées en-deçà de la réalité socioculturelle des femmes.

Comment sont organisées les féministes iraniennes ?

Il y a peu d’ONG en Iran en raison de l ’ ab sence de l i be r t é d’expression. Dès qu’on parle de droits des femmes, on est traitée en opposante politique. Les principaux supports du féminisme sont internet et les réunions privées. C’est ainsi qu’est née en 2006 l’idée d’une campagne pour faire avancer les droits des femmes en Iran, la « campagne du million de signatures », qui a obtenu le prix Simone de Beauvoir en 2009. Les revendications de cette campagne sont un socle de demandes communes de la part des mouvements féministes ou des associations qui œuvrent pour

les femmes. L’objectif n’est pas seulement de collecter des s igna tu res , ma i s su r tou t d’informer les gens de différentes couches de la société iranienne.

Y a-t-il un lien entre cette action et le mouvement vert ?

Il y a eu beaucoup d’espoir pour l’amélioration de la situation avant les élections présidentielle de juin 2009, mais le coup d’Etat électoral en faveur d’Ahmadinejad a été suivi d’une répression générale en Iran. C’est à ce moment que la plupart des activistes et militants du mouvement féministe se sont engagés dans le mouvement vert pour la liberté et démocratie en Iran, dont l’égalité femmes-hommes est une revendication centrale.

De nombreuses activistes ont été arrêtées et beaucoup sont parties d’Iran afin de poursuivre leurs activités. En ce moment, 22 prisonnières politiques sont emprisonnées. Cela oblige le mouvement changer de stratégie et à utiliser d’autres moyens militants. La principale question est de savoir comment soutenir les activistes iraniennes et mettre la pression sur le gouvernement pour qu’elles soient relâchées.

Propos recueillis par M. De Haas

Interview

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www.osezlefeminisme.fr - Septembre 2010 - Osez le féminisme - 7

Initiative

Créé en 1988, à Jérusalem, à l’initiative d’une pacifiste israélienne, le mouvement des Femmes en Noir est un réseau informel qui existe aujourd’hui partout dans le monde ; il regroupe des femmes qui manifestent régulièrement contre l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie. En Israël, le groupe comprend aussi bien des femmes israéliennes que palestiniennes. Dans tous les groupes de Femmes en Noir, les manifesta-tions prennent la forme de rassemblements appelés “vigies” :

les manifestantes se tiennent en silence et vêtues de noir à leur point de rendez-vous habituel avec une banderole demandant la fin de l’Occupation et des photos des territoires occupés. Pacifiste et féministe, le mouve-ment s’inscrit dans la lignée des Folles de la place de Mai en Argentine. Pourquoi lier pacifisme et féminisme ? Parce que la guerre s’inscrivant dans le cadre d’un système patriarcal, les femmes, comme civiles, en sont souvent les premières victimes.

Un homme peut-il participer aux Femmes en Noir ? A Paris, où le collectif a été créé en 2002, la question ne s’est jamais posée, mais elle donnerait sûrement lieu à une discussion entre les membres du groupe, car la ré-ponse ne va pas de soi.

Céline Mouzon

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Pour aller plus loin :

www.womeninblack.org

Soudeh Rad est militante féministe iranienne et doctorante à l’Université Paris II. Nous l’avons interrogée sur la situation des femmes en Iran, où une femme compte pour la moitié d’un homme.

Image : www.YairGil.com

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Ça a l'air d’une petite question anecdotique qu’on se pose le matin, les bras ballants, devant sa penderie. Mais l'enjeu est moins futile qu'il n'en a l'air. Sachez que ce droit de choisir entre une jupe - quelle que soit sa longueur - et un pantalon, laissant plus ou moins deviner ses formes, est un droit obtenu de haute lutte.

Mais, horreur ! Savez-vous qu’à Paris, le port du pantalon est toujours interdit aux femmes ? Cette ordonnance de police de 1799 visait à éviter le travestissement des femmes qui auraient pu ainsi usurper leur identité sexuelle… voire monter à la tribune. Si nulle ne risque d'être verbalisée pour ce motif à

ce jour, la loi n'a toujours pas été abrogée, malgré une proposition de loi de députés de gauche en avril dernier.

Aujourd'hui encore, le port de la jupe est obligatoire dans certains métiers pour les femmes. L'obli-gation de porter une jupe pour les hôtesses de l'air d'Air France n'a été retirée qu'en 2005 au moment du renouvellement des uniformes, dessinés par Christian Lacroix, laissant aux femmes le choix de la jupe ou du pantalon.

Ces anecdotes font sourire. Le sujet est pourtant sérieux dans plusieurs pays. En 2008, au Soudan, Lubna Ahmed Al Hussein a été menacée de 40 coups de fouet selon le code inspiré de la

charia pour avoir porté un pantalon dans la rue. En 2005, une Turque a été tuée par son frère pour avoir porté un pantalon. A Jérusalem, des groupes militants ultra orthodoxes circulent et rappellent à l'ordre celles qui osent braver cet interdit. Les fondamentalistes religieux ont toujours été hostiles au port du pantalon pour les femmes, début d’un mélange des genres intolérable à leurs yeux.

Si des femmes se battent aujourd’hui pour porter un pantalon, d’autres exigent à juste titre le droit de porter une jupe et d'être traitée dignement, ce qui apparemment ne va pas toujours de pair. Comme quoi, au final, au-delà du dilemme « jupe ou pantalon », il est surtout question de la façon dont on considère le corps des femmes.

Julie Muret

Le Planning Familial développe ses activités bien au-delà des frontières hexagonales. Dans les pays en voie de développement, les femmes sont particulièrement exposées à des risques sani-taires : une femme sur 65 risque de mourir suite à une complication de grossesse, à un accouchement ou à un avortement clandestin. Dans les pays développés, ce taux est d’une femme sur 2 185. L’objectif du Planning : favoriser une plus grande autonomie des femmes et la reconnaissance de leurs droits. A ce titre, un programme « Réduction des

Risques Sexuels » a été monté au Burkina-Faso. Il a permis à ce jour de sensibiliser près de 20 000 femmes sur des thèmes comme la contraception, les modes de transmission, de prévention et de traitement du Sida, la négociation du port du préservatif dans le couple ou encore la ménopause. Une attention particulière a été portée au préservatif féminin. Des femmes ont pu le découvrir et l’essayer. La planification familiale reste néanmoins encore trop chère pour beaucoup de femmes et les moyens de contraception fiables et légaux sont encore peu

utilisés au Burkina-Faso. Des actions de formation des personnels médiaux, sociaux et d’enseignement ont également lieu en Pologne, seul pays européen avec l’Irlande, le Portugal et Malte, où le droit à l’avortement n’est toujours pas reconnu.

Lucie Groussin

Chroniques du sexisme ordinaire

Du côté du Planning

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Editrice : Osez le féminisme !

Directrice de publication : Julie Muret

Imprimé par Imprimerie Grenier - 115

av. Raspail 94250 Gentilly

Dépôt légal : Bibliothèque Nationale de

France—ISSN 2107-0202

Abonnement sur internet, 30€ par an

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8 - Osez le féminisme - Septembre 2010 - www.osezlefeminisme.fr

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