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L’atelier : Revue d’architecture de l’ASAR Association des étudiants de la Section d’ARchitecture.L’atelier est votre journal et il a besoin de vous! Pour participer à la parution de mai 2011, ayant pour thème La Ville, envoyez-nous vos articles à: [email protected] Retrouvez-nous aussi sur facebook.com (Revue l’Atelier)Reproduction autorisée à la condition de respecter l’avis de la rédaction et de citer. Merci de nous contacter.

4 ASAR Association des étudiants de la Section d’ARchitecture

Présentation de l’association et de ses commissionsConférence «Le rythme»Voyage à paris

6 SAR - La première année

Dieter Dietz, nouveau souffle à l’EPFLInterview d’étudiants

L’affaire atelier maquette

12 REGION - La vie après l’EPFL

Le diplôme, ça c’est fait ! et après...Un collectif et deux jeunes architectes nous racontent.

16 ESSAIS

Instinct.Pensée.Expression.Architecture« Notre instinct est bien plus sage (que la raison), sans rien savoir; c’est par lui que l’enfant suce le téton de sa nourrice sans connaître qu’il forme un vide dans sa bouche, et que ce vide force le lait de la mamelle à descendre dans son estomac: toutes ses actions sont de l’instinct»

Voltaire, Dialogue d’Evhémère, 5eme dialogueL’intérêt d’un retournementLittérature et architecture«En littérature française contemporaine, l’auteur n’est généralement plus engagé politiquement mais impliqué dans une destinée architecturale, urbaine, ou géo-politique. Cette implication bouleverse les points de vue sur le monde. Pour l’architecte, la littérature pourrait être aujourd’hui le creuset où s’expriment les expériences de l’espace pluriel et dynamique du contemporain.»

Sophie Deramond

18 LUDIQUELes coups de gueules

Conférences et expositions

Architecture et cinéma

20 L’INVITÉ - Barbara PollaPremier colloque de l’architecture émotionelle

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Le premier cri du bébé, le premier jour d’école, le premier baiser, la première journée de ski, le premier voyage, le premier projet, le premier chantier, etc. Autant de première fois qui forgent l’architecte qu’on est, ou qu’on est en train de devenir à force d’expériences et de découvertes.

Les premières fois et les autres.

Que ce soit au sujet de la manière d’enseigner (cf p 6 à 9, Section SAR), de la façon de gérer un chantier ou un collectif (cf p 12 à 15, Section Région) ou de la manière d’aborder la page blanche d’un projet (p 16), la première fois n’est jamais anodine, et elle ne se fait jamais tout seul ni hors d’un contexte défini. Conscient des projets qui l’ont précédé (BeSAR, Pin oep), l’atelier se veut un lieu de rencontre entre l’école, sa ville et sa région. Autrement dit, le lieu du regard critique du monde de l’école d’architecture sur la société qui l’entoure.

La première fois de l’atelier

Certain disent que l’homme est la somme de ses actions, à l’atelier, nous pensons que l’architecte se doit non seulement d’être un acteur, mais qu’il doit être un acteur conscient. Ses actions se doivent donc d’être l’application d’une pensée construite et cohérente. Quel meilleur endroit que l’école d’architecture pour forger sa vision du monde dans lequel chacun de nous est ou sera amené à exercer. Chaque étape de notre vie nous permet d’élaborer notre conscience propre, ce journal ambitionne d’être un lieu d’échange et de recherche, la construction physique de la pensée de ses membres. Le débat actuel sur les horaires d’ouverture de l’atelier maquette (voir pages 11 et 18) sont le symbole de ce besoin de dialogue et d’affirmation d’une vsion construite de l’éducation, de l’architecture et de la société. L’atelier, c’est pour l’instant des étudiants de toutes les années de l’école, mais les portes de la rédaction sont ouvertes aux professeurs, assistants et différents acteurs de l’école afin d’alimenter une recherche qui nous touche tous. Vous avez dans les mains le premier numéro de l’atelier, notre première fois qui est aussi la votre. La première fois que vous tenez le journal dans vos mains et que vous esquisser un sourire en pensant à toutes vos premières fois passées et à celle à venir. Toute la rédaction de l’atelier vous souhaite un bonne première lecture et attend vos premières réactions avec impatience.

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Mise en page : Ayer Patrick, le Fran-çois des Courtis, Hêche AlexandreRelecture : Pierre des CourtisImpression : Reproduction EPFL

Rédaction : Ayer Patrick, Bellmann Théo, Boggian Stefania, Clément Augustin, le François des Courtis Pierre, Hêche Alexandre, Ievoli Marco, Kosenko Anna, Oberli Marlène, Yang Sizhou

Sponsor : CMO Construction

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Ces premières fois qui nous forgentPierre des Courtis

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L’association est créée en février 2009 sous l’impulsion de deux groupes d’étudiants : l’un voulant faire un bal d’architecture et l’autre désirant organiser des conférences, expositions ainsi que la publication des projets de master. Anciennement, une association nommée STARC pour STudents in ARChitecture avait perduré quelques années, avant de s’arrêter suite au départ de ses membres. La nouvelle association prend le nom de ASAR et se développe à grande vitesse depuis lors.

Dans ses statuts, il est défini que tout étudiant intéressé par l’architecture peut y adhérer, moyennant l’adhésion annuelle de 5 francs. Ce montant est symbolique et cherche simplement à sensibiliser l’étudiant au fait que son adhésion n’est pas due mais une démarche volontaire. Depuis sa création, ASAR a fait aboutir de nombreux projets, parfois difficilement financés, mais souvent réalisés malgré les difficultés.

ExpositionsCes expositions proposent une vision plurielle de l’architecture, par le biais d’un panel d’optiques photographiques, analysant diverses formes de cette discipline, en s’axant sur les aspects sociaux environnementaux et contextuels dont dépendent la forme et la raison d’être de la construction architecturale. La photographie étant un domaine qui touche un large public, ces expositions pourraient susciter l’intérêt des étudiants d’autres sections, soulignant ainsi l’ouverture culturelle de la section Architecture.

Conférences«C’est sans doute cela le rythme : la manière particulière qu’a chacun d’entre nous d’habiter l‘espace»

Pour cette première conférence du cycle «en parallèle» (demain mardi 8 mars à 19h00 Cinéma Oblò, Avenue de France 9, Lausanne) nous allons réunir différents artistes qui nous donnerons leur propre interprétation du rythme, en architecture, en danse et en musique. L’occasion de faire le lien avec d’autres arts, de créer un débat et de boire un petit apéro pour finir cette belle soirée.

In situVoir l’architecture à l’échelle 1:1, c’est-à-dire voir une réalisation dans son environnement, sans prise de

vue imposée ou d’échelle réduite à la taille d’une image de magazine, afin de pouvoir se déplacer, voir, sentir et apprécier l’espace. Les étudiants ont la possibilité de choisir différents types de visites : des visites de chantiers dans la région lausannoise, des visites culturelles d’oeuvres architecturales importantes en Suisse (ou près de la frontière) et des entretiens avec un architecte local sur quelques-unes de ses réalisations. Ces visites sont toutes présentées par des professionnels : un architecte, un ingénieur, un professeur ou un assistant de

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Association des étudiants de la Section d’ARchitecturePrésentation de l’association et de ses commissions

Théo Bellmann, d’après le dossier de présentation de l’association

C y c l e « e n p a r a l l è l e »4

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régulièrement des voyages afin de visiter des villes ou des événements. Vivre l’architecture in situ semble être aujourd’hui plus important que jamais au vu de l’importance que prennent les images dans notre pratique. Un voyage a été réalisé avec succès en 2010 à Venise; 70 étudiants sont partis visiter la Biennale.

La Maison de l’Architectureest un projet d’architecture à échelle réelle à but tant didactique que pratique. Il s’agit de la construction d’une réalisation architecturale au sein même de l’école, dans nos locaux, répondant à des besoins et apportant des solutions pour les étudiants de la section d’architecture. Une équipe de 13 étudiants a pour charge tant la phase conceptuelle, de projet, administrative et de réalisation. C’est l’occasion pour ces étudiants de participer à une réalisation échelle 1 :1 de A à Z, se confrontant aux problèmes inhérents des autorisations, règlements, normes et goûts des autorités. Le projet est en route, si tout va bien il pourrait voir le jour dès la rentrée 2012... affaire à suivre.

Voyage à Paris. 18-20 février 2010Jeudi 17 au soir, une trentaine d’étudiants embarquaient dans un car pour montrer à ces parigots de quel bois se chauffaient les étudiants architectes lausannois. Une dizaine d’heures plus tard ils arrivaient donc à Paris. Le planning des visites conseillées ayant

l’EPFL. A travers ces visites, In Situ souhaite offrir aux étudiants un regard moins académique et plus sensible de l’architecture et permettre la rencontre avec les principaux intervenants du métier et de bénéficier ainsi d’un partage de savoir et d’expérience avec des professionnels, ceci dans le but de rendre tangible la réalité du métier d’architecte.

PDMLa publication est un véritable livre dont le contenu principal est la présentation de chaque travail de master en architecture de l’année académique. Il contient environ 150 pages couleurs. Chaque projet occupe deux pages. Il est illustré à l’aide d’images, de dessins ou de schémas et est accompagné par un texte sommaire en français. Tous les documents sont choisis et fournis par le(s) étudiant(s) concerné(s) par l’élaboration du travail.

BeSARLe bal d’architecture a été relancé il y a deux ans, après avoir été un évènement majeur du campus. Déjà à l’Eglise Anglaise, dans les anciens bâtiments de l’Ecole d’Architecture, le ‘Bal d’Archi’ était réputé pour son ambiance et sa décoration. Désormais sous le nom de ‘beSAR’, l’événement se veut dans la continuité des autres années abordant des thèmes à forte identité visuelle, entraînant ainsi les étudiants à être archis le temps d’une soirée.

EvénementsLa commission évenements a pour but d’animer la vie éstudiantine de la section. Cette année, elle se divise en deux projets majeurs.

Les VoyagesLa commission organise

été, au préalable, établi avec l’aide de J. Lucan, ils savaient donc ce qu’il leur restait à voir. Au programme : visites de la défense, du centre Pompidou, bibliothèque François Mitterrand, Institut du Monde Arabe, Cité des Sciences, Montmartre, Opéra, bibliothèque Sainte-Geneviève et j’en passe. Comme lors de chaque voyage organisé, plusieurs méthodes de séjour purent être soulignées : La technique du Je-veux-réussir-mon-année-moi-alors-je-visite-tout-quitte-à-ne-pas-manger-et-à-dormir-une-demi-heure adoptée principalement par des étudiants de première année complètement flippés et/ou par les extrémistes de la photo désireux d’immortaliser chaque bas-relief du Château de Versailles. Une autre recette, celle du ouais-ben-on-marche-quand-on-voit-un-truc-cool-entre-deux-pauses-clopes-on-s’arrête-et-on-fait-un-croquis , plus nonchalante, vous en conviendrez, destinée à ceux qui tiennent à maintenir leur rythme vacancier coûte que coûte. Enfin, celle du bon-on-est-à-Paris-alors-on-visite-tout-…-oh!-regarde-un-bar-sympa-on-s’arrête?-bonjour-8Martinis-s’il-vous-plait-oui-on-est-deux-et-alors ? préconisée par votre serviteur, vous l’aurez deviné. Enfin, si ce sont des manières très diverses d’aborder un voyage, elles apportent toutes leur lot d’avantages. Ainsi après trois jours de marche/visites/soirées/vin rouge/remarche/revisite, c’est une horde de zombies que l’on vit rentrer le lundi suivant à Lausanne. Lessivés, mais la tête pleine.

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Cela fait déjà un semestre que Dieter Dietz est devenu le nouveau professeur de première année en Architecture à l’EPFL, et de nombreux étudiants, comme nous-mêmes, ne le connaissent pas vraiment (à l’exception de ceux à qui vous avez enseigné en deuxième année). Après plusieurs années passées à enseigner en deuxième année, M. Dietz a maintenant la lourde responsabilité de faire découvrir l‘architecture pour la première fois aux futurs architectes. La majorité des étudiants actuels ant découvert l’architecture avec Luca Ortelli ou Vincent Mangeat, et pouvent observer d’une certaine manière une discontinuité dans la pédagogie de la première année. Nous sommes aller rencontrer Dieter Dietz pour mieux comprendre les changement en cours.

Dieter Dietz l’étudiant:

1. Comment était votre première année en tant qu’étudiant d’architecture à l’EPFZ? Quelles étaient vos premières impressions et appréhensions?DD: Ce sont de bons souvenirs. Un des aspects les plus importants était cette introduction à une communauté de personnes et encore aujourd’hui j’ai conservé des amis de cette époque. Le programme de cette première année était déjà bien rodé, et je pense que c’est encore le cas maintenant. Ma première année dans la façon dont elle a été enseignée se situe dans une période de changements, pour moi les années suivantes ont été donc plus importantes. Je pense que l’élément le plus important du système suisse c’est d’avoir l’opportunité de voir différents enseignements et que finalement l’on acquière une éducation construite par différentes couches de formation. Cela signifie que même si pour des raisons

personnelles ou autres, une partie de cette formation ne vous convient pas, ce n’est pas, disons, un problème majeur dans l’ensemble de son éducation. C’est fondamentalement ce que nous avons ici à l’EPFL, mais aussi de manière analogue à l’EPFZ.

2. Vous souvenez vous de votre toute première critique?DD: J’étais très nerveux, et j’étais en même temps un peu déçu parce que ma première critique était en première année dans une volée très nombreuse (autour des 200) et dirigée par le professeur Krammel. Cela n’avait duré que deux minutes. Je dois avouer que j’étais très déçu car après avoir fourni autant d’effort, recevoir si peu de retour était pour le moins décevant. Mais en même temps, à travers cette structure, j’ai pu entrer en contact avec d’autres personnes. Donc les critiques les plus importantes viennent plus tard, lorsque j’ai commencé à m’impliquer plus personnellement. En première année j’étais encore un peu distant, je ne m’impliquait pas tellement, mais cela changea complètement en deuxième année. Et bien sûr on devient aussi plus vulnérable, et par conséquence la nervosité aussi augmente parallèlement à la diminution de la distance par rapport au projet, dans un sens c’est devenu plus personnel.

3. Qui était votre premier professeur? Quelle influence a-t-il eu sur votre architecture et vos méthodes pédagogiques?DD: Mon premier professeur était Herbert Krammel à l’EPFZ mais il ne m’a pas marqué. Mon professeur de deuxième année, Flora Ruchat, une architecte tessinoise renommée était décisive pour mon éducation. Et bien sûr mes études à New York à la Cooper Union ont été très importantes aussi pour ma carrière.

4. Si nous retournons à votre première année, quelles aptitudes et méthodes avez vous acquis?DD: En première année? Pas grand

choses d’important je crois, vraiment! [rires]. Nous n’avons pas appris à travailler avec les maquettes car nous n’utilisions des feuilles-carton très fins que nous coupions aux ciseaux. Fabriquer des boîtes à partir de ces feuilles-carton n’implique pas le caractère physique de la production d’une maquette, ce qui est une caractéristique intrinsèque qui a un impact direct sur le travail d’une maquette.

5. Vous nous avez parlé de vos études à la Cooper Union. Les étudiant de l’EPFL ont aussi la possibilité de faire des études à l’étranger. Quel était l’impact de cette expérience? Qu’est-ce que vous avez découvert? Le recommanderiez-vous aux étudiants?DD: Au moins une fois dans votre cursus de bachelor/master, fréquenter une autre école permet de comprendre qu’il existe d’autres mondes. Même si à l’EPFL où il existe différents points de vue, ce qui vous apporte déjà une certaine ouverture d’esprit, il est impossible de faire découvrir le temps d’un semestre un environnement et une atmosphère, la façon dont fonctionne une autre ville.

Dieter Dietz le professeur:

1. Où et quand est-ce que vous avez enseigné pour la première fois?DD: Ma première fois en tant qu’enseignant était avec le professeur Marc Angélil bien qu’auparavant j’avais aussi été critique plusieurs fois. C’est peut-être de là que vient ma fascination pour les premières années car à cette époque, j’étais confronté à la même situation que mon équipe aujourd’hui. J’avais 24 étudiants dés le premier jour, c’était très intense, une très forte expérience et un grand challenge.

2. Qu’est-ce que vous avez ressenti lorsque vous êtes passé d’étudiant à professeur?DD: Je n’ai pas tout de suite enseigné. Je voulais d’abord obtenir de l’expérience professionnelle, en

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La première annéeDieter Dietz, nouveau souffle à l’EPFL

Anna KosenkoMarco IevoliSizhou Yang

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fondant mon propre bureau mais aussi en tant que freelance. Je ne voulais pas retourner tout de suite à l’école pour enseigner, j’ai finalement attendu cinq ans avant d’y retourner. Cette phase de transition était bien sûr très importante pour ma façon d’aborder l’architecture. Actuellement je suis vraiment intéressé par ces deux domaines, la pratique architecturale et l’enseignement qui possède l’avantage d’avoir un aspect expérimental. En effet je ne crois pas que ce sont seulement les étudiants qui apprennent de leurs professeurs, mais j’ai aussi envie d’apprendre des étudiants. Dans un certain sens, mes responsabilités ont changées: en tant qu’étudiant, vous n’êtes responsables que de vous-même, alors que lorsque vous enseignez vous devenez tout de suite responsable d’un groupe de personnes.

3. Nous avons lu dans les différents sites internet de votre atelier que la méthode se base sur l’enseignement d’un processus. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de l’enseignement de la première année?DD: Tout à fait! La question du processus est primordiale. En première année, nos étudiants sortent du gymnase où l’enseignement se base sur les problèmes à résolution linéaire. La plupart des critères de notations sont très rigides lorsqu’il s’agit de matière où il y a un problème déterminé à résoudre. Alors que dans le processus du design, il n’existe pas seulement une seule manière. C’est ce que nous rencontrons aujourd’hui non seulement en tant qu’architecte mais dans l’humanité entière car beaucoup de questions que nous nous posons sont au-delà de la compréhension humaine, et avec les outils donnés nous ne sommes pas toujours capables de donner des réponses. Cela signifie que je dois parfois prendre une décision pour avancer dans le design sans savoir encore si cela va résoudre ou non mes porblèmes. Je ne peux pas me poser à une table et penser. J’ai besoin de faire des choses, je dois dessiner, je dois faire des diagrammes conceptuels, je dois faire des maquettes pour tester certaines conditions et chaque objet individuel que je produis de cette façon me donnera plus d’informations à propos du résultat possible.

Ainsi tout ce que je produis produira à nouveau de nouvelles problématiques, tout en donnant de nouveaux éléments de réponse. Et tout cela, je ne peux pas les anticiper simplement en réfléchissant.C’est pourquoi nous croyons à une approche parallèle par laquelle nous devons exploiter tous les outils mis à disposition de l’architecte, et fondamentalement, les outils classiques.

Le passage de Luca Ortelli à moi-même, je ne le vois pas comme seulement une rupture, mais plutôt comme un processus dans l’école entière. Pour les jeunes étudiants qui ne connaissent encore auncun des outils que utilisons, c’est un challenge car nous croyons beaucoup au “learning by doing”.

Cela requière beaucoup de courage pour se dire “ok, je me lance! c’est pas réussi mais je dois le faire.” C’est beaucoup mieux de le faire le plus tôt possible car on ne peut pas retarder éternellement ce moment. Pour développer un projet de cette manière signifie passer par le dessin, la maquette, les programmes 3D et ce, dés le départ. Nous essayons de nous débarasser de cette tradition du petit croquis dont on parle pendant longtemps et de penser que c’est une bonne idée, et de faire le dessin noir blanc à l’encre ou à l’ordinateur et lorsque le dessin est fait, on ne s’en occupe plus. Ce n’est pas du processus. C’est une des idées clefs, nous essayons d’utiliser tous ces outils à la fois pour explorer une première compréhension de l’espace.

Alors comment peut-on comprendre l’espace? Est-ce quelque chose qui se rapporte à nous autre en tant que personne? Cela signifie qu’à un niveau physique, comment je me relationne avec tout ce qui m’entoure, et comment je me sens et comment je le perçois et le vois. Comment tout ça génère des interactions humaines, quel type d’espace permet quel type de rencontre. Et bien sûr aussi comment les gens se déplacent dans ces espaces.

Par exemple il était très intéressant de voir avec les étudiants, cette année ils ont commencé à travailler avec les patios du Learning Center. Quasimment tous les étudiants de première année pensaient qu’ils les comprennaient déjà, ce qui est naturel. Généralement on pense que ce n’est pas compliqué, mais en vérité ce n’est pas aussi simple. Plusieurs centaines de personnes ont travaillé sur le Learning Center pendant plusieurs années. Amener finalement les étudiants à admettre qu’ils n’imaginaient pas que cela allait être un travail aussi complexe, c’est déjà une grande réussite pour nous. C’est une première étape pour eux vers une compréhension de l’architecture et du programme généré.

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4. Une autre question nous tient à cœur. Comment avez-vous changé votre programme d’enseignement de celui de la deuxième année à celle de première ?DD: Il y a certains aspects similaires, comme l’idée du processus. Nous tentions en deuxième année de passer d’un projet architectural vers une construction à petite échelle où les étudiants ont l’occasion de contruire de leur propres main ce qu’ils ont projeté. Ils doivent donc dessiner les plans nécessaires à la construction, faire les maquettes test. Ils faisaient vraiment tout pour construire. Et là encore je pense que c’est une approche qui se rapporte beaucoup à cette idée que vous devez construire des objets pour comprendre comment ils fonctionnent.Dans le domain de l’intelligence artificielle il y a eu un changement de paradigme quinze ans auparavant, lorsqu’on démontra qu’en se basant seulement sur le calcul il est impossible de comprendre l’intelligence. On a alors commencé à construire des robots capables d’apprendre à interagir avec les autres. Cette interaction avec la réalité physique est en vérité un test pour vérifier si ces intelligences artificielles fonctionnent ou non. Je crois qu’ils appellent cela l’approche synthétique. La question est comment une intelligence est-elle capable de synthétiser des perceptions et des interactions avec l’environnement en tant que comportement, et nous croyons beaucoup en cela.

En deuxième année nous essayions d’amener cette idée d’interaction avec des matériaux physiques mais aussi des situations réelles. Nous avions travaillé sur des sites où il y aurait des passants qui puissent venir interagir avec l’architecture, créant des situations particulières influencées par l’architecture.

En première année, nous avons bien sûr différentes missions, et l’une des principales est d’enseigner les fondements. Les outils dont je parlais avant sont bien sûr extrêmement importants et ce que nous essayons d’accomplir actuellement, spécialement lors du second semestre, c’est de proposer un programme. Ils vont devoir travailler

sur des parties verticales de la ville, construites à partir des parcelles verticales, où ils doivent apprendre à interagir avec les autres. Vous avez votre propre projet, mais en même temps vous devez négocier avec les autres. Je pense que c’est un aspect très important qui permet de comprendre sa propre architecture, construit à partir d’éléments mis en contexte avec les autres. Donc littéralement, comment la communauté construit une ville, quelles sont les responsabilités des partenaires. D’une certaine manière, la communauté actuelle de l’atelier est un aspect important du programme. Je suis persuadé que la capacité de communiquer au sein de la communauté est une caractéristique intrinsèque à la profession d’architecte.Donc ensemble, avec les fondements acquis à travers le projet, nous allons commencer avec un programme de logement qui sera ancré dans des condition plus publiques. Nous avons à nouveau plusieurs couches de programmes, partant depuis l’environnement intime vers l’espace public qui rassemble.Nous essayons donc de passer des outils vers le programme, à travers le projet architectural.

5. A travers nos années d’études, très souvent les professeurs nous demandent de rechercher des références durant l’élaboration du projet. Est-ce que vous avez, en tant que professeur, des références pour votre enseignement ?DD: Oui, la Cooper Union a été très

importante pour moi, spécialement dans ce que je viens de dire à propos du processus, où Diller et Scofidio m’ont beaucoup influencé. Ils étaient des professeurs très exigeants [rires]. Mon background est aussi à souligner, notamment avec mes partenaires de UNDEND qui eux aussi enseignent. Ils ont tous étudié comme moi à la Cooper Union. Nous essayons d’incorporer ce que nous avions appris là-bas, avec bien sûr notre base suisse. J’ai aussi comme référence Marc Angélil, avec qui j’ai appris comment structurer l’enseignement, comment introduire certains thèmes et problématiques.

C’est finalement plus une expérience que j’ai construit moi-même, ensemble avec les autres. Tout cet aspect d’interaction a été essentiel. C’est fantastique ce que nous avons ici à l’EPFL car nous avons d’excellents professeurs théoriques et les étudiants en tirent une formation très solide. D’autant plus que les ateliers de l’écoles sont aussi très bons, rythmés par des conférences théoriques.

6. Nous savons que vous aviez été professeur assistant à l’EPFZ sous la direction du professeur Marc Angélil, comme vous nous l’aviez dit précédemment. Comment cela vous a-t-il influencé ?DD: Dans l’enseignement de Marc, au lieu de donner un programme dés le début et d’attendre de voir les résultats des travaux des étudiants, il proposait une série d’exercices qui suivent une

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certaine logique. Finalement, c’est engager un processus que l’étudiant comprend petit à petit durant le second semestre et surtout durant le reste de ses études. C’est là que souvent les étudiants se disent : « C’est ça que je voulais faire il y a un an ! ». En première année, ce n’est pas possible d’expliquer tout en même temps, mais au lieu de cela, nous préparons le terrain, Mon enseignement est donc très influencée par celle de Marc Angélil, mais s’en diffère aussi beaucoup. Mais sa manière de structurer les exercices qui sont en même temps autonomes et connectés est une similitude indéniable.

7. Nous avons entendu de la part des étudiants que vous leur demandiez de maîtriser des programmes de dessin informatique dés le début, ne pensez-vous pas que cela mène à l’abandon du dessin à la main ? Ne perdons nous pas ainsi la liberté de la main ?DD: Cela n’est que partiellement vrai. Je crois beaucoup en une approche parallèle. C’est vrai que c’est tôt pour commencer avec l’ordinateur, mais en même temps nous observons que le savoir technologique devient indispensable. Nous voudrions que les étudiants trouvent leur propre façon d’utiliser l’ordinateur, pour qu’il devienne un outil et non pas quelque chose qui dicte sa façon de dessiner.

Je suis conscient que pour certains c’est très difficile mais je pense que la plupart en tire beaucoup d’avantage. C’est toujours un problème au début des études mais il ne le sera plus par la suite.

En même temps il ne faut pas oublier la maquette et la précision en matière de construction de maquette, être capable de travailler avec ses mains et il est vrai que l’ordinateur empiète sur cela. Si vous ne construisez pas de maquette et que vous restiez seulement devant l’ordinateur, cela devient problématique. Nous essayons d’empêcher cela. L’expérience physique est primordiale, que ce soit avec la maquette ou avec le dessin à la main.

8. L’utilisation de la 3D a été révolutionnaire en architecture, mais cela conditionne aussi une manière

de dessiner. Sur le blog d’ALICE nous avons observer une grande complexité géométrique de la part des travaux d’étudiants. Nous savons que vous leur demandez d’utiliser des programmes de modélisation 3D. Quel est votre point de vue par rapport à l’utilisation de la 3D et des maquettes? Quel pourrait être selon vous l’équilibre parfait?DD: Les programmes 3D mettent en évidence les problèmes car ils ne sont pas tellement compliqués à utiliser mais impliquent très rapidement des géométries complexes que l’étudiant normalement ne comprend pas. Un de mes assistants a dit:”Si vous leur donnez une Ferrari et qu’ils ne savent pas la conduire, vous avez un problème!”

Par conséquent, je pense que l’année prochaine nous mettrons plus l’accent sur les dessin 2D classiques. Actuellement au second semestre, nous nous concentrons sur les plans et sections 2D et les étudiants ne peuvent utiliser la 3D seulement s’ls s’appuient parallèlement sur des dessins 2D. Je suis donc très critique par rapport à l’usage de la 3D, mais si on l’utilise de manière intelligente, elle offre un potentiel en terme d’outil analytique. C’est donc véritablement la question de comment trouver l’équilibre. Cependant ce serait vraiment forcé que de bannir la 3D, car elle existe bel et bien. Je ne pense pas qu’on puisse la bannir, comme des parents pourraient bannir la télévision. Ce qui est plus important c’est d’enseigner une manière de l’utiliser avec responsabilité..

L’équilibre parfait serait je pense quelque chose de parallèle, même si l’on ne croit pas à l’un ou à l’autre, c’est toujours bien de travailler avec les deux. Idéalement, même si cela concerne directement les ressources financières d’un bureau qui pondèrent cet équilibre, c’est toujours très important de construire la maquette avec ses mains. Je dirais qu’il faut vraiment essayer de les utiliser un maximum en parallèle. Mais je ne peux pas vous donner un chiffre exact, cela serait absurde car chaque projet est différent. Il faut vraiment essayer de travailler avec tous les outils à disposition pour investir chaque problème avec le bon outil.

9. Comment résumeriez-vous votre premier semestre en tant que professeur de première année?DD: Excitant! Très très excitant! Je me réjouis du prochain semestre. C’est vraiment un énorme challenge et une très grande responsabilité, c’est aussi une énergie incroyable apporté par les étudiants qui travaillent ensemble, c’est simplement fantastique.

10. ALICE est aussi principalement un laboratoire de recherche de l’EPFL qui a eu l’occasion de gagner de nombreux prix et est connu pour ces travaux comme Overflow, Evolver, Out_there. Le dernier travail en date est le pavillon pour TILT. Est-ce que vous pourriez nous parler rapidement des objectifs et obsessions d’ALICE?DD: Une des passions d’ALICE est très certainement de créer des situations qui sortent du cadre de l’enseignement. L’exemple de Evolver est fantastique car chaque fois que nous y allions, il y avait des enfants qui couraient autour et des curieux (pas toujours contents d’ailleurs!). Ce genre d’interaction avec les personnes est extrêmement important pour nous. Si nous parlons de projets urbains développés dans le cadre de projet de master, ou de projets de première année, ou encore d’un projet que nous essayons de lancer avec des étudiants de Pékin, pour nous ce qu’il y a de plus important c’est l’interaction entre les personnes et c’est notre plus grande obsession.

11. Pour vous l’architecture c’est...DD: Architecture is a place to live [ndlr: Parfois il ne faut pas tout traduire!].

12. Quel conseil donneriez-vous aux étudiants et jeunes architectes?DD: Rester ouvert d’esprit. Les défis qui existent sont énormes et aucun parmis nous peut avoir toutes les réponses, donc nous devons rester ouvert d’esprit.

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Directement concernés par l’enseignement prodigué par D. Dietz, ses étudiants. Ils sont trois à avoir été interrogés, et, sus à la langue de bois, ils nous délivrent leur avis, leurs critiques et leur appréhensions sans emphase aucune. Leurs critiques peuvent sembler sévères ou timorées, elles n’en sont pas moins authentiques et sont sans doute le reflet aussi polychromique et varié qu’on est en droit d’attendre d’étudiants architectes. Léa, Azadeh et Chris répondent aux questions de l’Atelier.

L’atelier : Quelles étaient tes attentes en arrivant en architecture, face à ta première critique et par rapport à l’enseignement reçu ?Léa : J’imaginais pouvoir apprendre à manipuler les matériaux, les espaces et créer les habitations qui seraient utiles aux gens. Sachant que ça ne se fait pas immédiatement je pensais apprendre à manipuler dans un premier temps des outils, pour ensuite réellement découvrir ce qu’est l’architecture. Je savais que c’était quelque chose de très dense, de très rigoureux et qui demandait énormément de travail.

Azadeh : Sachant ce que je venais chercher en architecture, je n’ai pas été déçue. Evidemment, j’ai été surprise par la quantité de travail car, quoi qu’on entende, on est jamais préparé à ce rythme de travail avant de l’avoir vécu. En ce qui concerne l’enseignement, étant redoublante, je voyais cette année comme un complément de mon année passée et j’étais ravie d’apprendre que je changerait de professeur afin de ne pas refaire les mêmes projets, mais je ne suis pas sûre que ce changement ait réellement porté ses fruits.

Que penses-tu des techniques utilisées en première année ?Chris : L’avantage, c’est que l’on

arrive très vite a se lancer dans un projet, on a une très bonne vision en 3D grâce à l’informatique. Par contre, on apprend énormément grâce au dessin et des conventions graphiques, et lorsque l’on sait que les années suivantes on utilisera principalement l’ordinateur, ne pas savoir utiliser un crayon pourrait nous faire partir avec un grand handicap. Au final on risque plus d’accumuler du retard si l’ordinateur nous mâche tout le travail, au lieu de voir ça comme un outil qui nous ferait gagner du temps.

L : Je pense que c’est une bonne idée car dans la mesure où personne ne sait utiliser les programmes, on est tous logés à la même enseigne. Et à partir du moment où le dessin à la main n’est pas interdit, on pouvait se permettre d’en ajouter. Par contre le grand problème lié au dessin informatique est son coût.

A : Après un semestre personne ne sait dessiner correctement un plan et j’ai l’impression que beaucoup de bases manquent. En revanche, conceptuellement c’est beaucoup plus riche. Lorsque l’année passée, on travaillait beaucoup sur les aspects constructifs et de justesse dans le dessin alors que cette année c’est énormément conceptuel.

L’A : Que penses-tu du cours théorique du jeudi matin ?C : J’ai l’impression que ces cours nous montrent sa vision de l’architecture, et je ne sais pas si c’est partagé par beaucoup d’architectes. Voir un bâtiment comme une sculpture est une chose mais je pense qu’il faudrait creuser ça plus tard dans le cursus. Il y a à mon avis, des bases plus primordiales à voir en premier année. Sinon beaucoup de ces cours étaient en rapport avec l’informatique et je pense que ce sont des méthodes que l’on doit entraîner seul. L : Au niveau du contenu, je trouve juste qu’il nous montre des sculpteurs, des peintres, car on n’en voit assez peu pendant les autres

cours. Alors que des architectes on en voit, notamment en THA, et si l’on est là, c’est qu’on s’est un minimum intéressé à l’architecture avant, donc des architectes, on en connaît.

A : J’aurais aimé plus de références architecturales. Les séminaires étaient courts et avaient au final très peu de liens avec nos projets. D’un autre coté, Dietz a sans doute raison de nous montrer que l’architecture est liée à tous les arts. Mais je pense que pour une première année, on devrait se recentrer sur l’architecture, avoir des bases plus terre-à-terre.

L’A : Au final ton premier semestre correspond-il à ta vision de l’architecture ?A : Lors du dernier projet oui, par contre au début non. Les premiers projets, sur la vision étaient trop exagérés et l’apport architectural assez faible. Evidemment, j’ai appris des choses, mais pas autant que je l’avais espéré.

C : L’avantage que je peux avoir par rapport aux autres étudiants c’est que j’ai pu voir deux visions de l’architecture. Si je n’avais eu que cet enseignement là, je me serais cru dans une école d’art. Alors que l’art est une partie de l’architecture, mais ce n’est pas tout, c’est peut-être une vision un peu trop optimiste de l’architecture, car il nous fait croire que l’on pourra faire ce qu’on veut dans le monde professionnel, alors que je pense pas que ça ne sera le cas.

L : Pas complètement, parce que je n’ai pas la même vision de l’architecture que Dietz. J’ai vraiment l’impression que l’architecture doit être au service de ceux qui l’habitent. Et pendant ce premier semestre je me suis souvent posé la question à quoi ça sert ?. Et c’est quelque chose que je reproche à ce premier semestre.

SAR

Anna KosenkoMarco IevoliSizhou Yang

La première annéeDe l’autre côté de la barrière...3 étudiants nous répondent.

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Le 21 décembre restera dans les annales comme étant le 11 septembre des étudiants d’archi de l’EPFL.

Souviens-toi l’hiver passé! Ce jour là tu étais en train de t’arracher les cheveux tout en suant pour finir ton rendu à temps, consommant tout produit susceptible de t’aider à rester éveillé bien que n’ayant aucun effet sur l’augmentation du rayon de tes cernes. Bref, t’étais charrette !

Soudain, la réception d’un e-mail inattendu perturba notre douce tranquillité : Mesures de Sécurité et santé au travail dans les locaux d’architecture: restrictions d’accès aux locaux. Quelle ne fut pas notre fureur lorsque nous apprenions que le SHE décide de fermer l’atelier maquette les nuits d’avant-rendu (qui diable donc connaissais le Service Sécurité, Hygiène et Environnement?). Si Mitch et Antoine ne s’étaient pas portés volontaires pour passer la nuit à l’atelier maquette, bon nombre d’entre nous aurions risqué d’échouer en projet le semestre passé. Nous tenons à saluer ce beau geste de la part nos chers maquettistes.

Comment quelques « mégots de cigarette trouvés dans différents contenants et sur le sol » ont-ils pu enflammer les autorités académiques et justifier cette décision tyrannique ? Remontons un peu dans le temps. Le 10 septembre 2010, le rapport d’audit de la SECO (Secrétariat d’Etat à l’Economie de la confédération helvétique) souligne les problèmes de sécurité et d’hygiène observés dans les ateliers et dans l’atelier maquette. Les point relevés bien que sévères ne

sont pas infondés, et ne datent pas d’hier. L’EPFL réagit au moyen du SHE à travers la publication d’un autre rapport faisant état des problèmes de sécurité encore plus sévèrement, sans pour autant provoquer de réaction au sein de la petite famille de la direction d’architecture. Le SHE s’estime alors obligé de réveiller ce beau petit monde avec cette terrible décision, une opération éclair qui frappa là où ça fait le plus mal.

La suite nous la connaissons tous. L’annonce par le Doyen Marc Parlange de la fermeture définitive de l’accès nocturne à l’atelier maquette devient presque logique dans cet engrenage infernal. Les étudiants, enfin au courant des véritables intentions de la direction EPFL, se mobilisent à travers facebook et le combat farouche que mène l’ASAR. C’est le début de la guérilla.

La réunion du vendredi 25 février nous semble déjà lointaine. Le beau temps semblait dissiper les nuages sombres qui planent au-dessus de la section. Un sandwich dans une main, une feuille communicant les décisions prises par le doyen et le service académique dans l’autre, nous étions plusieurs centaines d’étudiants, professeurs et assistants sur les tribunes du forum du Learning Center. La conférence donnait la parole à la direction ENAC représentée par Marc Parlange, le service académique représenté par le vice-président Philippe Gillet, la direction SAR avec Inès Lamunière et Laure Palluel, Mitch représentant l’atelier maquette et les membres de l’ASAR qui étaient à l’origine de l’organisation de cette réunion (Olivier et Youri).

Armé de son powerpoint, Marc Parlange débuta les hostilités par un discours rempli de bonne foi et de paternité. Ces mêmes propos tenus par M. Gillet nous semblaient étrangement moins crédibles.

Engagé seulement le 1er avril 2010, M. Gillet n’a vraisemblablement jamais trainé ses pieds immaculés sur le sol d’un atelier, comment serait-il alors possible qu’il nous comprenne, nous ses propres “enfants”? M. Gillet prenait donc des décisions à l’encontre des intérêts de ses propres “enfants”. En n’apportant pas de réelle solution au problème, la volonté de réduction drastique des horaires d’ouvertures de l’atelier maquette était alors peu compréhensible

Lorsque Olivier et Youri présentairent leur collection de statistiques et camemberts, nous voyions bien que MM. Parlange et Gillet étaient mal à l’aise et se chuchotaient stratégiquement des idées de répliques. La suite, nous la connaissons tous: l’impossibilité de M. Gillet de prendre ses distances avec les problèmes de «responsabilité», les interventions juridiques de Youri, le sang-froid d’Olivier, la colère des étudiants, la fureur héroïque de Luca Conti, l’intervention salutaire de M. Ortelli, et le silence étonnant (ou même l’absence!) de Mme Lamunière. Finalement, M. Gillet fut contraint d’accepter une renégociation qui, nous l’espèrons cette fois, incluira les étudiants dans les décisions.

Heureusement que le powerpoint de formation de Mitch vint conclure la séance de manière enrichissante et divertissante! «Where are my fingers?»

Dans un futur proche seront prises des décision qui bouleverseront la section. Cependant les étudiants d’architecture semblent bien faibles lorsque la direction de la section semble plus soucieuse de régler ses problèmes internes que de préserver la fragile qualité d’une institution historique.

Pierre des CourtisSizhou Yang

SAR

- ACT

UALI

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Fermeture de l’atelier maquetteL’empire contre attaque !

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© ASAR

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Le Collectif z00 _ De la cage du SG au «Parc du Daim blanc»1

Un crocodile, un lion, une panthère, un ours, une souris, une girafe et un singe qui se rencontrent dans le grand parc animalier qu’est l’EPFL, ils étudient tous l’art de se construire un nid. Ils partagent certaines années d’études ensemble puis se retrouvent dans la même cage pour projeter leur dernier projet d’étude, le diplôme. Ils ressortent content de cette expérience mais à la sortie il faut tout même trouver un travail pour se payer ses cacahuètes et c’est ainsi que les chemins se séparent et chacun retourne dans sa brousse là ou le gibier est le plus friand. Mais les liens du zoo de l’EPFL est trop fort et la hiérarchie du règne animal

dans la vrai vie du travail est rude. Exécuter les ordres du chef pour que seul celui qui règne reçoive la plus bel part du gibier est souvent la dure loi de la nature même humaine... Les sept compères décident donc de se retrouver et de créer un nouveau parc animalier, un nouveau zoo, un nouvel espace ou ils pourront chasser de nouvelles proies et en récolter eux-même les meilleures parties. Ils pourront exprimer leurs propres instincts et ainsi faire évoluer leur vie quotidienne en menant des projets

du début à la fin. Dans ce zoo «on peut s’éclater et faire se qu’on a envie de faire» aime à dire le crocodile. Avenue de la harpe 23 à Lausanne, la cage donne sur la rue avec une grande baie vitrée à travers laquelle les passant peuvent observer les activités des animaux. Les places de travail ne sont pas définies, les rôles s’échangent, la hiérarchie animale disparait, la société d’humains se construit et s’organise, chacun met sa main à l’ouvrage et les projets prennent forme.1 Série télévisée «les animaux du bois d’Quat sous»

REGI

ONLa vie après l’EPFLCréer un collectif

Marlène OberliThéo Bellmann

le  z00  vous  invite  à  son  inauguration  et  au  vernissage  de  l’exposition  ‘série  architecture’  de  marc  gerber

le  samedi  26  juin  de  14h  à  22h  (  exposition  du  26  juin  au  28  août  )  au  23  avenue  de  la  harpe  à  lausanne

a.noël   |   m.zimmermann   |   d.andrey   |   m.barthassat   |   m.desaules   |   x.apotheker   |   n.jost   |   p.michonz00                            |                            23  avenue  de  la  harpe                          |                          1007  lausanne                          |                          [email protected]                          |                          www.z00.ch

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La chasseLe 26 juin dernier, ils inauguraient leur espace avec une exposition du photographe lausannois Mark Gerber qui pose un regard «dérangeant» sur la ville d’aujourd’hui. Comme tout les animaux, ceux du z00 aussi portent un intérêt important à l’environnement qui les entoure et ils tentent de le comprendre et c’est souvent à travers le regard d’un autre que l’on trouve des réponses à nos interrogations. La deuxième exposition était consacrée à Tinatina qui a exposé ses sac et à proposé une fraîcheur digne des plus belles femelles dans l’espace 100% mâle du parc animalier. Ils ont aussi participé à un concours d’architecture, pour La mugra à Crans-Montana, une belle expérience malheureusement sans résultat primé mais une première expérience d’un travail en collectif très enrichissante.

Les instincts Ce z00 est ouvert sur rue, il s’expose au regard des autres tout en portant un regard sur ce qui l’entoure, cet instinct animal est très positif est promet des projets riches pour le futur, on pense que les animaux se cherchent encore des instincts forts capable de guider le troupeau mais la base est bien présente et l’envie ne

manque pas «nous avons du plaisir à organiser des expositions de tout genre, et nous apprenons beaucoup avec ces projets concrets». Les animaux sont se sont donc bien lancé dans l’aventure et vont aller à la rencontre d’autre activités créatrices qui croiseront leur chemin et qui sait si un jour ils trouveront se fameux «Parc du Daim Blanc» où les animaux vivent en société et en paix...

Z00 en Chiffres :23 Av. de la Harpe, Lausanne

Création : 26 Juin 2010. Markus Zimmermann, David Andrey, Manuel Barthassat, Mickael Desaules, Xavier Apotheker, Nicolas Jost, Pascal micho.

Site web: z00.ch (z.zéro.zéro.ch) avec heures d’ouvertures, événements, repas des animaux.

infos: [email protected]

Expositions : Photographe Mark Gerber, Juin 2010 - Tinatina bags, Décembre 2010, www.tinatina.ch

Tinatina bags, Décembre 2010www.tinatina.ch

Inauguration du Zoo, 26 juin 2010

Série d’architecturePhotographe Mark Gerber, Juin 2010

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Germain et Nicolas sont deux jeunes architectes fraîchement diplomés, travaillant aujourd’hui dans la région lausannoise et ayant tout deux effectué une partie de leur cursus scolaire à l’EPFL. Ils ont acceptés de partager avec nous leur premiers pas dans le monde professionel et plus particulièrement le déroulement de leur premier chantier.

L’atelier : Premier entretien ?Nicolas : Mon premier entretien était à Genève et j’habitais à Lausanne à l’époque. Je n’avais pas du tout réalisé qu’il me fallait presque une heure pour y aller, du coup je suis arrivé presque une heure en retard et transpirant car j’avais couru pour arriver plus vite. Mais finalement ça c’est bien passé, j’étais assez détendu en raison de ma course. J’ai surtout eut l’impression que les entretiens dans les bureaux d’architectes sont quand même un peu plus détendu que dans d’autres entreprises où j’aurais immédiatement été renvoyé chez moi.

Germain : Mon premier entretien c’est passé dans un bureau à Ecublens, et contrairement à Nicolas, j’étais arrivé au moins vingt minutes en avance, ce qui m’a permis de me rendre compte du vide qu’il y avait à Ecublens autour de ce bureau. Pendant que je patientais dans la salle d’attente, j’ai eut tout le loisir d’observer le cadre de travail et je me suis vite rendus compte que je n’avais pas du tout envie de travailler dans ce bureau et encore moins de manger seul à la Migros d’Ecublens à midi. Ce que je fais d’ailleurs maintenant puisque mon chantier actuel est juste à côté.

L’A : Premier jour de travail ?G: Je me souviens d’avoir été vraiment épuisé, j’avais l’impression d’avoir passé ma journée à faire semblant d’être intelligent. En effet, je m’étais creusé la tête toute la journée

à trouver des réponses intéressantes et des remarques pertinantes à tout ce que l’on me demandait.

N : Pareil, la première semaine j’ai tout fais pour que les gens qui m’avaient engagé pensent que j’étais quelqu’un de valable et qu’ils avaient fait le bon choix. J’essayais toujours d’intervenir dans les réunions et de placer un mot intelligent pour avoir l’air intéressant. C’est assez bête quand j’y repense car je me mettais la pression pour rien.

L’A : Premier ordre donné ?N : Dans une séance de chantier. J’étais complétement incertain de ce que je disais, mais je pensais qu’en ayant l’air sûr de moi je paraîtrais plus crédible. J’ai d’ailleurs parfois dis de grosses bêtises que j’ai dû rattraper par la suite. Mais en général les gens savent que tu n’as pas beaucoup d’expérience et se montrent compréhensifs.

L’A : Vous faites savoir aux gens que vous n’avez pas trop d’expérience ?N : Pas à tous, mais en général ils finissent par comprendre. Cela dépend un peu des cas, tu n’as pas vraiment le choix, parfois tu as meilleur temps de prendre un air assuré, en d’autre occasions il vaut mieux être honnête. Finalement, je dirais que les premiers ordres ne sont pas vraiment des ordres, c’est plutôt des questions.

G : Dans un premier temps, j’ai surtout eu à faire aux stagiaires. J’ai assez vite dû apprendre à déléguer mon travail et je me suis rendu compte que ça prenait beaucoup de temps en explication. Parfois tu te demandes si ça n’aurait pas été plus rapide de le faire toi même, mais au final le dialogue autour du travail est souvent très enrichissant, et c’est une des choses qui fait partie de l’apprentissage du métier.

L’A : Première faute commise ?G : J’avais fait un dessin de principe pour un meuble de réception.

Lorsque le menuisier m’a renvoyé le plan d’atelier, je l’ai vérifié en gros sans trop regarder en détail. Lors de la livraison il s’est trouvé que le desk était beaucoup trop haut et donc inutilisable. On a donc été obligé de le renvoyer à l’atelier, mais comme le constructeur n’avait pas vraiment respecté mes plans la responsabilité était un peu partagée.

N : J’ai dis à une entreprise que je ne m’y connaissais pas du tout dans leur dommaine et du coup, ils ont profité de la situation pour augmenter leur prix !

L’A : Premier salaire dépensé ?N : je me suis acheté un appareil photo qu’on m’a volé au « Bourg » la semaine passée…

G : Je l’ai utilisé pour rembourser mes parents, qui m’avaient avancé pas mal d’argent pour mes études.

L’A : Premier chantier ?N : Pour moi c’est un immeuble d’une dizaine de logement dans la région Lausannoise, sur lequel on a travaillé à plusieurs. Le chantier en est actuellement à l’étape du gros œuvre. J’ai participé à ce projet dès le début par la mise à l’enquête et les appels d’offres. Ensuite, J’ai dû me pencher sur la phase du dessin des détails et de l’exécution.

L’A : Combien de fois par semaine tu te rends sur le chantier ?N : Au minimum trois fois, voir pratiquement tous les jours. L’avantage c’est que c’est un chantier qui n’est pas très loin de notre bureau et c’est donc facile d’y aller. Après c’est aussi une volonté de ma part d’y aller un maximum, vu que c’est mon premier chantier des fois juste pour voir comment les choses se passent.Et c’est vraiment enrichissant, en particulier au début, à chaque fois j’étais étonné de voir comme les choses se faisaient et des nouveaux éléments qui apparaissaient. Et puis petit à petit on voit les étages qui s’empilent et l’immeuble qui

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ONLa vie après l’EPFLTravailler dans un bureau

Stéfania BoggianPatrick Ayer

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commence à prendre forme.Le fait d’y aller régulièrement permet également de créer des contacts avec les entreprises et les ouvriers, de discuter avec eux de leur travail. Au final on apprend beaucoup plus en étant un architecte impliqué et intéressé qu’en étant celui qui dessine juste des plans et qui après n’en a plus rien à faire. C’est un plaisir pour moi d’être sur un chantier.

L’A : Qu’est-ce qui t’as le plus frappé les premières fois que tu y as été ?N : C’est l’emprise des choses. Par exemple pour le terrassement du bâtiment, ça m’a vraiment paru énorme, ça fait presque peur. Au début je pense que c’est surtout ça le plus choquant. Ensuite il y a aussi la première sensation de se trouver dans un espace que tu as dessiné, de les voir se matérialiser. C’est assez grisant.

L’A : Ça t’es arrivé d’avoir peur ?N : Il y a eu des moments oui. Le côté fini des choses qui fait très peur, avant de bétonner une dalle ou de remblayer par exemple. Tu réalises que une fois que c’est fait, on ne peut pas retourner en arrière. Un dessin peut toujours se changer mais sur le chantier « control–Z » ca n’existe pas. En même temps si tu fais quelque chose de faux tu trouves toujours un moyen de t’en sortir et en général tu peux compter sur les entreprises pour t’aider dans ces situations.

G : Moi mon premier chantier c’etait une transformation pour surface de bureau, donc du second œuvre uniquement. Comme Nicolas je n’ai pas participé à l’élaboration du projet, mais j’ai eu à traiter les appels d’offres, les adjudications et les plans d’exécutions. C’était un petit chantier avec un petit budget, sur trois mois, mais qui m’a vraiment permis de voir une grande partie des bases du second œuvre.

L’A : Et toi combien de fois par semaine tu te rendais sur le chantier ?G : Comme c’était des travaux de bases et qu’on connaissair bien les entreprises, au début une à deux fois par semaine. Par contre les dernières semaine, je les ai pratiquement passées sur le chantier. A la fin on était un peu serrés sur le timing et je me rappelle avoir passé le dernier

jour de 8h à 18h sur place.

L’A : Est-ce que parfois ça t’as semblé ennuyant ?G : Non jamais. Tu te rends compte assez vite que tu ne connais absolument rien en construction et que tu n’as aucune idée de comment les choses se font. Donc à chaque fois c’est la découverte.

L’A : Et est-ce que ça ça fait peur ?G : Moins que dans le cas de Nicolas je pense, car dans le second œuvre ce sont des choses un peu moins importantes qui peuvent être corrigées plus facilement. Mais ce qui peut être inquiétant, c’est que comme tu ne maîtrises pas vraiment ton sujet, les entreprises peuvent faire ce qu’elles veulent.

N : C’est clair qu’au niveau technique, tu découvres toujours des choses nouvelles et ça je pense que c’est inévitable, même après dix ans d’expérience. L’autre nouveauté que tu n’apprends pas forcément à l’école c’est tous l’aspect collaboratif avec les gens et comment gérer un chantier. Il y a un enjeux énorme dans le fait d’arriver à dialoguer avec les gens.

L’A : Justement comment vous placez vous au niveau hiérarchique vis à vis des autres ?G : C’est un peu toute la difficulté quand tu es un jeune architecte. Les entreprises savent pertinament que tu ne t’y connais pas dans leur domaine, mais tu dois tout de même être capable de pouvoir donner certains ordres et de prendre des décisions même si tu n’en es pas sur. Mais au final tu as tout avantage à te positionner dans la collaboration, car arriver et faire le despote ça n’amène absolument rien.

N : Le but c’est de réussir à créer une relation de confiance avec les personnes que ça soit au travers du

dialogue ou du travail qu’on fournit. Les entreprises savent ce qu’elles font en général et il faut savoir se reposer sur elles. Après c’est clair qu’on est jamais à l’abri de gens qui essayent de profiter de la situation pour t’arnaquer. Mais dans tous les cas arriver et faire comme si tu savais tout ne mènes à rien.

L’A : Il y a eu des moments où vous trouviez que les gens vous manquaient de respect ?G : Moi personnellement pas.N : J’ai eu une sale expérience avec un contremaître maçon (la personne qui gère toute l’équipe des maçons sur un chantier). Il m’a fait comprendre que je n’avais aucune remarque à lui faire car je n’avais aucune expérience. Et la je n’ai pas vraiment eu le choix, j’ai du monter le ton et aller à la confrontation. C’est un milieu qui n’est pas toujours facile et des fois il faut réussir à être celui qui gueule le plus fort si tu veux te faire respecter, même si ça n’est pas forcément agréable.

L’A : Une anecdote particulière ?G : Le projet sur lequel j’ai travaillé est un centre médico-social, où on a refait pratiquement tous les locaux sauf les toilettes. Et le jours de l’inauguration, les gens ne parlaient que des toilettes auxquelles on avait quasiment rien touché.

N : Un jour où on a du pomper l’eau qui stagnait au fond d’une fouille et normalement l’eau était censée être déversée dans les canalisations de la ville. Mais la personne qui était chargée de ça s’est trompée dans les connections et l’a déversé dans la cave de l’immeuble d’à côté.

L’A :Pour finir on aimerait savoir si vous avez des conseils à donner aux étudiants?N : Allez voir des chantiers le plus possible, passez par-dessus les barrières si il le faut et allez voir ce qu’il se passe derrière. Et mettez un casque si vous voulez passer inaperçu… et pour votre protection bien sûr.

G : Restez humble, il ne faut jamais croire qu’on sait mieux que les entreprises, on a beaucoup à apprendre de leur expérience.

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© Nicolas

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En cinq ans d’études, nous développons des projets, nous dessinons des plans, des coupes, nous esquissons des détails constructifs, nous ne réalisons jamais un projet (sauf un habit en carton...) mais ce que nous faisons tout les trois mois c’est commencer un projet. Angoisse ou pur plaisir, cela dépend des gens. Mais c’est toujours un moment important, et nous nous posons toujours la question: par quoi je commence?

« (…) Non que je sache quelque chose, mais parce que je sais que je ne sais rien. »

Le Corbusier, Vers une architecture p.252

Les animaux ne se posent pas cette question, le serpent laisse une trace lorsqu’il glisse, le chien aboie, les oiseaux se fabriquent des nids. Ils ne pensent pas, ils font. Et dit autrement, le serpent dessine, le chien chante, l’oiseau construit. Ces actions expriment leurs divers instincts, ceux de défense ou de survie par exemple. Ils ne réfléchissent pas à pourquoi ils agissent de telle ou telle manière, ils le font car le résultat est concluant. Les animaux ont de l’instinct et pour survivre et se développer ils doivent l’exprimer, ainsi, l’expression chez les animaux, devance la pensée.

Alors qu’en est-il chez l’Humain? L’Homo sapiens criait, émettait des sons, laissait des traces sur les pierres, se protégeait et s’organisait pour survivre. Dit autrement il parlait, communiquait, dessinait

ou construisait. Comme un animal, il exprimait ses instincts. Lorsque l’Homo sapiens a compris qu’il pouvait planter une graine pour avoir une plante qui le nourrirait, lorsqu’il a compris qu’il pouvait planter des arbres et les couper pour se construire une maison, c’est que les instincts d’animaux s’étaient transformés en pensées. La pensée est alors l’évolution de l’instinct. Comme l’être humain est un animal, il est donc primordial d’exprimer son instinct pour survivre, et de ce fait exprimer sa pensée. Instinct et pensée ont besoin d’être exprimés pour exister.

« Si nous rencontrons dans une forêt un tertre en forme pyramidale de six pieds de long, trois pieds de large, tassé avec une pelle, nous nous arrêtons et une voix grave nous dit : quelqu’un est enterré là. Voilà ce qu’est l’architecture »

Adolf Loos, Loos (P.Tournikiotis) p.22

Les types d’expression dans la nature sont nombreux car ils correspondent aux multiples instincts des animaux. On trouve donc la musique chez les oiseaux, le graphisme chez le serpents, et chez tous les animaux, l’architecture. L’être humain a expérimenté ces modes d’expressions puis les a observés, et à travers le temps les a compris et plus ou moins maîtrisés. L’architecture ne fait pas exception, c’est l’expression d’un instinct qui est celui de se protéger de nuisances diverses. Après avoir exprimé son instinct en squattant des grottes, puis en construisant des cabanes, l’être humain, petit à petit a commencé

à maîtriser son instinct et ensuite à porter un regard critique sur ce qu’il faisait, c’est à dire à le penser. Nous pensons sur ce qui existe.

Alors quel impact porte la pensée sur l’instinct? À l’origine du projet la pensée ne brouille-t-elle pas les pistes? La pensée de vouloir inventer des constructions nouvelles, la pensée de la crainte de faire une erreur, la pensée du regard des autres, la pensée de vouloir faire mieux que l’autre. La pensée ne fait-elle pas entrave à la créativité?

«Je me suis lancé dans l’encre de chine, (...) A ce moment là je reprend quand même de l’instinct. J’ai les deux armes en ce moment: le crayon et l’encre de chine pour devenir de plus en plus instinctif. Je me suis même entraîné, à faire des petits dessins, où j’essaie de ne pas penser.»

Claude Parent, Une conversation avec Claude Parent, nov.2009

Est-il donc possible pour l’être humain de s’exprimer sans penser? Cela revient à exprimer spontanément son instinct. Lorsque l’on est enfant nous le faisons couramment, l’enfant réagit à son environnement de manière instinctive, c’est à dire sans penser. Alors comme un enfant au commencement d’un projet écoutons notre instinct puis nous pourrons commencer à penser.

ESSA

ISInstinct.Pensée.Expression.Architecture« Notre instinct est bien plus sage (que la raison), sans rien savoir; c’est par lui que l’enfant suce le téton de sa nourrice sans connaître qu’il forme un vide dans sa bouche, et que ce vide force le lait de la mamelle à descendre dans son estomac: toutes ses actions sont de l’instinct»

Voltaire, Dialogue d’Evhémère, 5eme dialogue

Théo Bellmann

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La démonstration d’un fait ou d’une idée en une page reste un exercice improbable. C’est pourquoi il est préférable que cet article soit une ouverture. Il s’agit d’exposer les liens qui relient l’architecture et la littérature et dans quelle mesure l’une peut-être une source d’inspiration pour la seconde et vice-versa. Plus précisément, il paraît intéressant de se focaliser sur la science-fiction, née en même temps que l’industrialisation. La raison principale de ce choix tient à la capacité de la SF à renseigner l’architecture sur les développements possibles de la société par l’inscription du récit dans des univers fortement détaillés. L’architecture actuelle ne s’embarrassant plus d’utopie, la SF dans sa dimension dystopique des années 80 me paraît apte à nourrir cette première.

En littérature française contemporaine, l’auteur n’est généralement plus engagé politiquement mais impliqué dans une destinée architecturale, urbaine, ou géo-politique. Cette implication bouleverse les points de vue sur le monde. Pour l’architecte, la littérature pourrait être aujourd’hui le creuset où s’expriment les expériences de l’espace pluriel et dynamique du contemporain.1

S. Deramond

L’architecture à besoin d’un cadre de pensée pour s’exercer. Que ce soit sur la vie, le réel, ce cadre peut prendre des formes diverses, qu’elles soient littéraires, schématiques, filmographiques mathématiques, etc. Chacune révèle une part du monde dans un cadre de pensée théorique, mythologique dont nous ne pouvons pas faire l’économie. Mais dans le cas qui nous préoccupe, le cadre dépasse les questions de représentation de Dieu. En effet, alors qu’autrefois l’homme croyait en une certaine destinée, garante d’une pyramide sociale stable, il en va différemment aujourd’hui. La société victime d’un

retournement de valeurs2, se retrouve en quête du sur-humain3, son mode de référencement ne pouvant plus se faire sur le passé, elle se concentre dans une fuite en avant dont elle mythologise les avenirs possibles. La projection devient un art de Aldous Huxley à M. G. Dantec4, les extrémités des logiques fonctionnelles et marchandes se rassemblent et développent dans ces récits toute leur emphase.

C’est cette littérature d’anticipation, seule à avoir cherché à comprendre plus profondément certains des mécanismes de la société occidentale connectée, qui est en mesure de renseigner sur notre contexte social. Le but n’étant pas de tirer des images hallucinées d’un avenir possible, mais plutôt de se plonger dans une réalité potentielle et de réfléchir à la place que l’architecture peut encore occuper.

Ces questionnements de l’intégra-tion des technologies dans nos socié-tés ainsi que leurs implications phi-losophiques, sociales et culturelles, produisent le cadre littéraire propre à refléter un contexte à architecturer. C’est le courant Cyberpunk et ses successeurs qui intègre cette capaci-té à poser des questions de fond par leur l’exacerbation des troubles de la société hypertexte5. Celles-ci trouvent une résonance dans la pratique ar-chitecturale quand elle se veut le sup-port de représentation philosophique, religieuse et mythologique. Car ce triptyque insécable se trouve être à travers l’histoire humaine le véhicule des valeurs morales supportant les liens communautaires.

Plus tard installé sur un balcon pour manger le chien, le Dr. Robert Laing réflé-chit aux événements insolites qui s’étaient déroulés à l’intérieur de la gigantesque tour d’habitation au cours des trois der-niers mois. Maintenant que les choses avaient repris leur cours normal, il consta-tait avec surprise l’absence d’un début manifeste [...].

I.G.H - J. G. Ballard

En guise d’exemple, l’écrivain J. G. Ballard cherche par son récit à révé-ler les limites sociales qu’impliquent la poursuite de logiques marchandes dans les conceptions architecturales de grande ampleur. Celle de l’im-meuble comme une ville dans la ville ou plutôt dans ce cas un morceau de ville rapporté à la verticale s’ex-trayant de l’ordre social qui prévaut à l’horizontal, laissant libre court à une barbarie humaine. Le récit pousse l’architecture et son incarnation dans le personnage de l’architecte au paroxysme de la barbarie humaine. Ainsi de la poursuite, à l’extension et aux implications des logiques d’ordre technologiques et marchandes, l’his-toire exacerbe les travers de nos so-ciétés occidentales. Électrochoc né-cessaire face au déclin d’une société aseptisée.

En conclusion, l’architecture au sein de cette société hypertexte est soumise à un choix oscillant entre la réalisation des différents mandats par un pragmatisme technique ou à l’injection d’altérité à travers une poétique des dispositifs architecturaux.

Plongés dans leur univers habituel d’acier, de verre et de signaux, les visiteurs retrouvent aussitôt la démarche rapide, le regard fonctionnel et orienté qui correspondent à l’environnement proposé.6

M. Houellebecq

Alexandre Hêche

ESSA

IS

Abigail ReynoldsWoodsmen (2008)

17.5 x 14 cmCut and tiled book plates

1 Deramond Sophie, L’architecture révélée par la fiction: mutations de l’espace contemporain in ARCHITECTURE ET LITTÉRATURE : UNE INTERACTION EN QUESTION, Centre CulturelInternational de Cerisy, 1-8 septembre 2009.2 Sous la direction de Aubert Nicole, L’individu hypermoderne, Erès, 2004.3 Nietzche Friedrich, Ainsi parlait Zarathoustra, Éditions Flammarion, 2006.4 Dos Santos Pierre, Le prophétisme littéraire chez Michel Houellebecq et Maurice G. Dantec, http://www.surlering.com/, 26.10.2010.5 Terme emprunter à François Asher in L’Age des métapoles, L’Aube, 2009.6 Houellebecq Michel, Intervention 2 - l’architecture contemporaine comme vecteur d’accélération des déplacements, Traces, Paris, Éditions Flammarion, 2009.

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L’intérêt d’un retournementLittérature et architecture

Page 18: Première fois

“Urgent! Etudiant recherche chambre en colocation.” Je crois que cette phrase résonne comme un leitmotiv pour chacun d’entre nous qui n’avons pas la chance d’habiter la belle ville de Lausanne avant d’avoir commencé nos études à l’EPFL. Genève a le grand honneur de trôner en première place des villes connaissant le plus faible taux de logement vacant au monde, mais Lausanne est au coude à coude, se plaçant au troisième rang. À chaque rentrée, c’est la galère pour des centaines, voire des milliers d’étudiants lorsqu’il s’agit de se trouver un toit pour s’abriter. Heureux sont ceux qui ont le luxe de savoir qu’ils vont étudier à Lausanne un an à l’avance, car pour les autres il est impossible d’obtenir une chambre dans les différentes résidences étudiantes. Et si en dernier recours, les étudiants sont poussés à louer un studio au risque de passer au rouge financier, il faut passer à travers le filtre des dossiers des régies immobilières. En quelques années, les agents de ces régies semblent être devenus encore plus puissants que les membres du G20. Pour que son dossier soit retenu, le must est de connaître un ami qui pourrait éventuellement glisser un petit mot à untel de la régie! Sinon il faut avoir un garant résidant en Suisse qui ait un revenu mensuel à 5 chiffres, sans oublier perdre une semaine pour faire toutes les paperasse administratives. Et les Erasmus dans tous ça? Pas grave, au pire ils logent plusieurs mois dans une auberge de jeunesse à Evian, ce n’est pas la fin du monde! Mais je crois que ce qui m’a le plus retenu l’attention, c’est l’attitude des régies lausannoises, je ne citerai sûrement pas la pire d’entre elles dont le nom commence par un “F”.

Voici une anecdote qui sonne tragiquement familier. Robert est au comble du bonheur lorsque Juliette lui annonce qu’elle va lui passer son

bail. La régie F reçoit les papiers de Juliette et de Robert. Robert impatient appelle le jour suivant, mais la régie lui répond placidement qu’ils sont en train d’examiner le dossier et qu’il devrait rappeler la semaine suivante. Une semaine plus tard, Robert rappelle, mais la régie F n’a toujours pas pu prendre de décision. Robert s’interroge mais reste confiant car il n’a aucun concurrent et ses papiers sont plus qu’en ordre. La semaine suivante, toujours rien. Ainsi s’écoulent paisiblements huit semaines. Robert n’aura finalement jamais reçu aucune réponse. Mais quelle était donc la raison de ce silence? Son nom de famille serait-il trop exotique? Probablement.

La morale de l’histoire c’est que finalement, il est sûrement plus facile de diplômer de l’EPFL que de se trouver un logement à Lausanne. La confédération perdra probablement de nombreux cerveaux que tout l’or du monde ne pourrait pas racheter du moment que l’impassible cruauté de la sphère immobilière continuera son holocauste. Et la direction? Elle semble fermer innocemment les yeux. Non erreur! Le campus est capable de loger 1% de ses étudiants.

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Marco Ievoli

Euh, non, désolé, les machines sont en train d’être lavées. Une phrase qui provoque une réaction teintée de haine et de déception. Une phrase si terriblement définitive qu’elle en est insoutenable. Une phrase qui signifie qu’au lieu d’une douce et chaude pause, il va falloir se contenter d’un froid et plastique verre d’eau. Une phrase comme une écharpe pourrie sous le sapin à noël. Une phrase qui ne sonne pas seulement comme une impossibilité, une phrase qui exprime une fin, profonde et irrévocable. Et tout ça pourquoi ? Parce que le Giacometti ferme à 18heures et qu’une machine à café, ça prend du temps à s’auto-nettoyer. On est en 2011, on regarde

la télé sur nos téléphones, mais on peut toujours pas faire que cette machine se nettoie toute seule après la fermeture, il n’y a que moi qui sente l’écart technologique ? Pour palier, pour bien faire, en fait, la phrase couperet est accompagnée d’un Mais par contre tu peux prendre un Coca. En 1789, on aurait dit Qu’on leur donne de la brioche. Révoltant.

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Théo Bellmann :

Les cours théoriques : les oubliés de l’affaire de l’atelier maquette...

Dans cette affaire sécurité contre architectes, une chose empêche que tout le monde soit content: le temps. Alors qu’est ce qui nous vole ce temps précieux et de ce fait repousse le travail de la maquette à plus tard? Réponse trouvée lors de la séance du 25 février, la présence aux cours théoriques, et le travail qu’ils demandent. (Travaille qui plus est souvent bâclé.)

La maquette est essentielle dans le projet mais alors pourquoi se fait-elle le soir ou la nuit? La fatigue empêche la réflexion et réduit celle-ci à un objet d’orfèvrerie. Alors la direction a-t-elle imaginé alléger les horaires de cours au bénéfice de temps pour travailler la maquette ? C’est à la section d’assumer l’importance de la maquette et de nous donner du temps pour la faire, car compter sur la nuit de ses travailleurs n’est certainement pas légal, pour rester dans le code du travail... Luca Conti nous parle d’un atelier comme lieu de repos idyllique; oui c’est vrai, mais si je pouvais quand j’en ai marre de mon projet aller boire une bière en ville ou faire du sport, se serait pas mal aussi pour ma santé… car le rythme imposé aux étudiants qui rime avec stress, mauvaise alimentation, surcharge de travail, est bien plus néfaste aux étudiants que ne l’est notre cher atelier maquette, alors peut-être dans cette affaire faudrait-il redresser le tir avant de prendre des décisions illogiques…

LUDI

QUE

Les coups de gueules

Sizhou Yang

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Page 19: Première fois

Pierre des Courtis

08 mars 2011Conférence ASAR «en parrallèle», «le rythme» - Cinéma Oblo, 19h00

14 mars 2011 Rendu du concours photo avec le Festi-val Feculehttp://photo.epfl.ch/Concours

17 mars 2011 Cardboard Bridge contestEPFL

04 - 18 mars 2011, ETH Zürich, Hall central28 mars - 13 Avril, ETH Zürich, ArchENAExposition: «Umsicht - Regars - Sguardi 2011»

18 mars 2011Thomas Hirschhorn : «Faire de l’art politiquement : Qu’est-ce que cela veut dire ? »18 h, Auditoire IKEAwww.ecal.ch

02 octobre 2010 au 13 mars 2011Exposition. «Frank O.Gehry» Vitra design museum, Charles-Eames-Str.1, D- 79576 Weil am Rhein, Bâ[email protected]

11 février au 13 mars 2011Béatrice Durandard.Océane DelainAURA/Projet et objets (design)Saint-Valentin,Espace d’Arts Présents.www.saint-valentin.li

19 février au 13 mars 2011Concours Equipements sportifs à la TuilièreForum d’architecture, Lausannewww.archi-far.ch

03 mars au 14 avril 2011Actualiser le passé. L’Antiquité entre Moyen Âge et modernitéPalais de Rumine, Entrée librewww.sortir.ch

Dans un futur proche, des jeunes jouent à un jeu de réalité virtuelle interdit nommé Avalon. Il entraine une forte dépendance et peut causer la mort cérébrale des joueurs perdant. Avalon où le phénomène Warcraft revu et corrigé par Mamoru Oshii.

Un cinéma sans concessions comme le cinéma japonais nous en offre souvent. Dans ce film diffusé au festival de Cannes 2001, Mamoru Oshii (Ghost in the Shell) nous immerge dans son récit par le rendu de l’image, accompagnée d’une musique envoutante de Kenji Kawai. Les plans sont serrés, les images quasiment toutes retouchées (plutôt rare pour un film tourné en 2001..) et en dehors de rares dialogues, la

bande son se résume bien souvent aux sons émis par les objets filmés. Armes, couteau tranchant les légumes et autres bruits de bouche ou de portes sont ainsi exaltés. En utilisant à outrance de ce «silence bruyant», en lien avec des plans longs, Oshii exalte la différence entre un monde réel quelconque en opposition à l’éxaltement du monde artificiel du jeu. Un film où l’architecture se résume bien souvent à des ruines ou des usines désafectées (dans le jeu) ou à des mornes couloirs au béton suintant et des rues vidées de toute vie publique (le monde réel). En l’absence de visions à la distance, les personnages se détachent de leur contexte, soit par leur ombre, soit par leur côté lumineux. Vous

l’aurez compris : les contrastes sont omniprésents. La ville est ici rendue en tons sépias et ce, jusqu’à ce qu’on entre enfin dans le niveau secret du jeu, où l’on découvre enfin la couleur des yeux de l’actrice, où le métro n’est plus occupé par des ombres mais par des gens normaux et où le ciel se montre enfin.

Une jeune femme vivant dans un monde triste et sans saveur qui à travers le jeu, découvre à travers le niveau «Class A» un monde auquel le spéctateur peu enfin s’identifier. Comme quoi, la complexité d’un film peut être une qualité.

04 mars - 23 avril 2011Exposition : «Work place Studio Mumbai»EPFL, Archizoom

07 mars, 2011Conférence de Stefan Sagmeister 18h, ECAL, Auditoire IKEA, www.ecal.ch

LUDI

QUE

Conférences et expositions

Avalon - Mamoru Oshii - 2001Architecture et cinéma

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L’invité : Barbara PollaPremier Colloque international

et multidisciplinaire d’Architecture émotionnelle, Genève, janvier 2011 : c’est la première fois qu’un colloque est consacré à ce thème - même si Mathias Goeritz avait rédigé son Manifeste d’architecture émotionnelle en 1953 déjà - et la première fois surtout, qu’on colloque réunit d’une part des historiens de l’architecture et des architectes praticiens et d’autres part des spécialistes des neurosciences, des sciences affectives, des sciences de l’émotion. Et si les architectes depuis longtemps parlent d’émotions, les universitaires spécialistes des émotions, eux, n’avaient pas encore abordé de front cette science de l’espace vivant qu’est l’architecture. D’où des rencontres étonnantes, comme le sont toujours les premières rencontres qui laissent des traces désordonnées, ambiguës mais définitives dans les sillons plus profonds qui se veulent tracés par la connaissance.« Je ne suis pas un intellectuel »,

dit l’architecte praticien. « Je veux une approche plus scientifique », répond le scientifique de l’émotion. L’architecte praticien séduit, par le verbe comme la forme. Le scientifique étonne, par la rigueur qu’il exige, dans l’étude de ce qui semble impalpable. L’historien, lui, critique l’absence de Freud et exige que la science convoque aussi ceux qui se sont, premiers peut-être, penchés sur l’inconscient et qui ont raconté au monde, à défaut d’expliquer, que c’est de ces profondeurs-là que naissent à la fois la forme créative et ces émotions qui nous font vivre.

Les premières rencontres sont parfois de l’ordre du coup de foudre. La passion - oui la passion - qu’a suscitée ce colloque chez certains était de l’ordre du coup de foudre. Les premières rencontres sont le plus souvent de l’ordre du malentendu. Le malentendu, de sous-jacent qu’il était avant le colloque - l’architecture émotionnelle, qu’est-ce que c’est ? - n’en fut que plus éclatant après.

L’architecture émotionnelle ? C’est toute l’architecture en fait. Pas d’architecture qui ne génère des émotions : qu’elles soient « positives », ou « négatives ». Comment les sciences de l’émotion peuvent-elles rendre l’architecture plus consciente des émotions qu’elle génère ? Les premiers éléments de réponse ne sont pas attendus avant le Deuxième Colloque international et multidisciplinaire d’Architecture émotionnelle. En janvier 2013. La deuxième fois sera la bonne et nous descendrons du nuage dans lequel nous avions choisi d’habiter, pour la première fois.

Médecin, galériste et écrivain - Initiatrice et coordinatrice du colloque

Cloud © Andreas Angelidakis

© Stefania

voir : http://archiemo.wordpress.com/ et «Architecture émotionelle, matière à penser» Paul Ardenne et Barbara Polla


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