ROMS ACTIONqu’est-ce qu’on fait demain ?
information trimestrielle de l’association Roms Action
N°7 PRINTEMPS 2017
ROMS ACTIONqu’est-ce qu’on fait demain ?
SOMMAIRE N°7 PRINTEMPS 2017
EDITO
3 le mot de l’équipe
HEBERGEMENT
PARTICIPATION
5 Situation en Isère
7 Etats généraux des migrations
VIE DE L’ASSOCIATION
9 Anne, nouvelle salariée
ROUMANIE
14 Esclavage des Roms7 Colloque médiation sanitaire
8 Intervention à Lille (apprentissage du français)
9 Terrain Gérard Philippe à Fontaine
10 1ère visite de terrain pour des bénévoles
11 L’accueil du jeudi
12 Projet camion
13 Témoignage de Rosalia; en France depuis 2010
15 Les Roms, un peuple européen
AGENDA
5 Public suivi par l’association
4 Electrion présidentielle
Le mot de l’équipe
La Newsletter de Roms Action de ce printemps 2017 s’inscrit dans
un contexte local et national bien mouvementé. Nous sommes dans
l’attente des résultats de l’élection présidentielle qui peut changer
bien des choses avec cette montée des populismes que l’on observe
non seulement en Europe mais quasiment dans le monde entier.
Le camp de Grande Synthe qui était une référence en matière d’ac-
cueil de migrants vient de brûler. Nous sommes à la fin de la trêve
hivernale et les expulsions ont déjà commencé et ça va continuer
malgré les rappels que nous avons faits au Préfet et au Sous Préfet
concernant les expulsions (ne pas expulser en période solaire pour
ne pas briser les scolarités, concerter avec les associations avant
d’expulser, prévoir le relogement avant expulsion).
L’Etat n’a plus le sou, la Région se désintéresse du sujet du mal loge-
ment, le Département se désengage de bien de ses domaines d’inter-
vention déstabilisant par là même complètement les équilibres des
associations qui oeuvrent dans le social, la Métropole grenobloise ne
répond pas aux sollicitations des acteurs ou si peu et seulement 2 ou
3 communes (sur les 49 de l’agglomération) ont répondu en propo-
sant un terrain pour 3 ans seulement selon les souhaits de la Metro.
Du côté de la société civile il y a beaucoup plus d’espoir car des ini-
tiatives citoyennes foisonnent, de logements solidaires, de collectifs
qui se créent pour accueillir les migrants, de bénévoles qui se mobi-
lisent pour aider les populations déplacées et dans le besoin.
Dans ce contexte mouvementé, nous préparons notre Assemblée
Générale qui se tiendra le 16 mai à la MJC des Eaux Claires à 18h et
nous invitons tous les adhérents et non adhérents à venir discuter et
participer à ce grand moment.
Nous présenterons les orientations et les projets qui témoignent de
notre certitude que nous pouvons, non seulement améliorer la vie
quotidienne des Roms, mais aussi faire disparaître les bidonvilles,
squats et lieux indignes et ainsi dire notre certitude que nous pou-
vons tous vivre dans une agglomération en bonne «liberté, égalité,
fraternité».
3
4
Election présidentielleLe Collectif National des Droits de l’Homme Romeurope dont Roms Action est membre interpèle les candi-dats.Suite à la publication de son rapport «20 propositions pour une politique d’inclusion des personnes vivant en bidonvilles et squats», le CNDH Romeurope a interpellé les candidats à la présidentielle par courrier. Jean-Luc Mélenchon , Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et maintenant Benoit Hamon ont répondu et vous pouvez lire leur courrier sur le site internet : http://www.romeurope.org/reponse-candidats-a-presiden-tielle-2017/Le CNDH Romeurope attend toujours une réponse des autres candidats.Emmanuel Macron n’a pas répondu à nos questions mais il a pris position sur la question de la scolarisation des enfants des bidonvilles. Après un échange en face à face avec Anina Ciuciu (voir la vidéo ici), Anne Lebreton (ajointe au maire à Paris) et Alain Régnier (ancien DIHAL) se sont exprimés au nom d’Emmanuel Macron dans une tribune intitulée : «Pour Emmanuel Macron, l’école doit être une réalité pour tous les enfants» (à lire ici).
www.huffingtonpost.fr/anne-lebreton/anne-lebreton/en-france-lecole-doit-etre-une-realite-pour-tous-les-enfants/
Situation de l’hébergement en Isère
5
La situation de l’hébergement pour les populations en grande
précarité est alarmante en Isère. D’une part, l’offre de logement et
d’hébergement est très inférieure à la demande. Très souvent, elle
laisse à la rue des personnes fragiles ayant des droits. Elle est main-
tenant complétée par une offre significative d’hébergement solidaire
d’environ 250 places, les citoyens engagés se substituant aux ca-
rences des institutions.
D’autre part, la puissance publique se restreint le plus souvent à pro-
poser un hébergement seul et non un logement avec accompagne-
ment social.
On peut estimer la population totale en attente d’un toit à 6500 per-
sonnes. Ce chiffre est une borne minimum, qui ne tient pas compte
des enfants, des mineurs isolés étrangers, des demandeurs d’asile
en procédure Dublin, et de nombre de personnes aux droits minorés
qui ont abandonné l’idée de se faire connaître. L’offre totale pérenne
est environ de 3050 places. Il manque donc environ 3500 places pé-
rennes adultes pour satisfaire le droit au logement.
Ce nombre a augmenté d’environ 1000 personnes depuis notre der-
nier bilan fin 2015. Cette augmentation est due à plusieurs facteurs.
D’une part, très certainement, l’évaluation de 2015 était largement
sous-estimée surtout en ce qui concerne la demande d’asile qui a
augmenté (30%) en 2016 alors que les « sorties » ne sont pas effec-
tives et que le nombre de personnes placées en procédure Dublin
a explosé. L’autre composante qui a beaucoup augmenté est celle
des SDF.
Le total des personnes ayant appelé le 115 est d’environ 6900, et on
sait que le taux de prise en compte instantané est d’environ 5%, et
que le taux de prise compte lissé sur l’année est d’environ 20%, ce qui
fait que plus de 5500 personnes n’ont pas obtenu de prise en charge.
Cette situation a des conséquences multiples et un coût pour la so-
ciété. Le surcoût des initiatives improvisées (logement hôtelier) est
important. La nécessité d’en appeler à la justice pour faire respec-
ter les droits engorge le Tribunal administratif qui refuse maintenant
l’argument de l’urgence.
L’absence de logement est génératrice d’un rejet social, lui-même
générateur de marginalisation et de désocialisation qui peut être cri-
minogène. Les solutions temporaires de fortune ne permettent pas
aux enfants de s’établir et rend difficile une scolarisation effective.
Source Collectif AUI-Alerte, février 2017
Décision positive du TGI de Montpellier - 16 mars 2017
Le juge des référés du Tribunal de Grande Instance de Montpellier a décidé d’appliquer le principe de proportionnalité et de ne pas prononcer l'expulsion d'un bidonville de per-sonnes roumaines vivant dans des caravanes car aucune mesure appropriée d'accompagne-ment ou de relogement n’est prévue, et qu’ac-tuellement des enfants sont scolarisés, qu’il y a des efforts d'insertion et un accompagne-ment associatif.
6
Public suivi par l’associationPlus de 600 personnes (305 adultes et 312 enfants) sont accom-
pagnées par
notre association qui apporte ses compétences pour un soutien
dans leurs parcours de vie.
Un énorme chantier qui se décline de la survie à l’intégration, englo-
bant accès aux droits, à l’hébergement, la santé, l’apprentissage du
français, la formation, la scolarisation, le travail.
Melissa, l’assistante sociale de Roms Action accompagne les familles
de la MOUS(Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale) qui sont hébergées
dans le Dispositif d’insertion par l’Emploi et l’hébergement soit 41
personnes dans 10 appartements ou maisons. Elle n’accompagne
donc aucune famille vivant en squat et bidonville.
Ce sont les 3 chargées de missions (Solène - Parentalité, Simina-
Médiation sanitaire et Anne-insertion pro) qui interviennent sur les
squats et bidonvilles de l’agglomération.
7
Premiers Etats Généraux des migrations
Romsaction est une des 14 associations du collectif Migrants en
Isère, à l’initiative de ces premiers états généraux des migrations qui
se sont déroulés à la MC2 à Grenoble début décembre.
Plusieurs mois de préparation pour une manifestation qui n’a pu ac-
cueillir tout le public par manque de place dans l’amphi (900 places).
Un séminaire avait regroupé auparavant 150 personnes pour discu-
ter d’hébergement, de santé, de scolarisation, de droit au travail, du
droit d’asile accordé à une minorité de migrants, des titres de séjour
difficiles à obtenir.., de la traite humaine.
Il s’agit de mieux comprendre les migrations d’aujourd’hui et leurs
origines, et de construire des propositions en lien avec les élus et les
collectivités territoriales de l’Isère, avec les citoyens
pour accueillir mieux les migrants d’aujourd’hui comme nous avons
su le faire dans le passé. Des intervenants sur la même longueur
d’onde
Pourquoi les migrants quittent-ils leur pays ? Les migrants, des pro-
fiteurs ? La France et l’Europe sont-elles encore des terres d’accueil ?
Comment construire ensemble une société diverse et solidaire ? Ou
bien encore qu’en est-il des perspectives locales ? Autant de thèmes
et d’interrogations qui ont été abordés au cours de quatre tables
rondes animées par des spécialistes
Un grand nombre d’intervenants donc, tous plus ou moins sur la
même longueur d’onde – à savoir l’accueil inconditionnel des mi-
grants –, mais aussi l’occasion, pour le public, d’écouter la parole
des premiers concernés et de rencontrer des représentants d’asso-
ciations.
Source : article États généraux des migrations à Grenoble : rencontre
au sommet entre convaincus | Place Gre’net - Place Gre’net
Colloque média-tion sanitaire
Flore Mietton membre du CA de Roms Action a accompagné Si-
minia notre médiatrice sanitaire …..
Témoignage
J’ai eu la chance d’accompagner Simina au colloque de médiation
sanitaire qui a eu lieu à Paris en décembre.
L’objectif de ce colloque était de revenir sur l’expérience de ce pro-
gramme de médiation en direction des publics en précarité (bidon-
villes/gens du voyage) : ce fut une très belle occasion d’entendre de
nombreux témoignages de médiateurs, qui ont pu exprimer leurs
difficultés, leurs espoirs et leur besoin de reconnaissance.
Le colloque était également ouvert aux médiateurs santé qui inter-
viennent dans des quartiers difficiles (notamment à Grenoble) ou
dans des services hospitaliers...j’ignorais que le métier de médiateur
était si ouvert et avait pris tant d’ampleur ces dernières années. Il a
notamment été évoqué le rôle des «médiateurs pairs».....des pistes à
suivre ou des collaborations à envisager ?
Je crois que Simina a pu en profiter pour discuter avec de nombreux
médiateurs.
L’après midi a été consacrée aux freins à lever pour accompagner
et développer de nouveaux projets de médiation santé, et aux dif-
férentes actions/avancées pour avancer dans la reconnaissance du
métier de médiateur : une proposition de formation (un DU), plutôt
contestée, une intervention de la Haute Autorité de Santé qui tra-
vaille actuellement sur un document de référentiels sur le métier de
médiateur sanitaire (publication très prochainement).
Flore Mietton
8
Formation de formateurs «Alphabétisa-tion» à Lille
A la demande du Collectif Solidarité Roms de Lille-Métropole /
CPS, nous avons animé une formation de formateurs de deux jours
dans les locaux de l’URIOPS à Lille, les 26 et 27 novembre 2016. Une
quarantaine de personnes ont participé à la formation. Parmi les par-
ticipants, deux seulement avaient une expérience d’alphabétisation.
La première journée, après avoir présenté les principaux courants
d’alphabétisation en langue maternelle, nous avons rappelé que la
majorité des démarches d’alphabétisation ont été conçues pour des
analphabètes qui parlaient la langue dans laquelle ils étaient alpha-
bétisés. Or, beaucoup de personnes ROMS analphabètes séjournant
en France ne maitrisent pas le français, ni à l’oral, ni à l’écrit. Cela
constitue une double difficulté pour l’apprentissage. Nous avons
donc présenté des outils pratiques pour résoudre ces difficultés.
Aussi, avons-nous fait travailler les stagiaires à partir de deux leçons
complètes, conçues et expérimentées avec un public analphabète.
La première est une leçon visant l’apprentissage de l’expression
orale, destinée à des primo-arrivants qui ne maitrisent l’écrit dans
aucune langue. Nous avons proposé des activités spécifiques à
mettre en place avec ce type de public. La seconde leçon, conçue
pour le même type de public, vise à mettre ces analphabètes en
contact avec les écrits auxquels ils sont confrontés dans leur vie cou-
rante, pour les faire entrer progressivement dans la lecture.
Au cours des deux journées, les moments de présentation du conte-
nu à l’ensemble des participants ont alterné avec les travaux de
groupe. Pour chaque thème abordé, les sous-groupes ont travaillé
sur les difficultés attendues chez les apprenants et sur la manière de
les surmonter. Cela a permis de confronter les analyses et les solu-
tions entre les participants et les formateurs.
José Canelas / Philippe Wurgel
9
Anne, nouvelle salariée de l’associationDepuis presque 2 ans Anne était bénévole à l’association.La voici désormais intégrée au sein de l’équipe de Roms Action pour un an.Elle interviendra au titre de l’accompagnement global des familles sur les squats et campements avec une spécificité sur l’insertion professionnelle.
Lieu de vie « Gérard Philippe » à Fontaine, initiative et remerciementsUne pétition signée tant par des personnes que par des associations et une importante mobilisation notamment de la paroisse de Fontaine ont eu pour conséquence le report de l’évacuation des lieux.
Aussi, les Roms du terrain « Gérard Philippe» à Fontaine veulent remercier pour le fait de ne pas être expulsés le 30 avril. Alors Serge Huet ‘paroisse» de Fontaine leur a proposé de fabriquer le gâteau de Pâques roumain (le cozonac) et le vendre sur le lieu où ils font la manche, le parvis de la cathédrale de Grenoble... Ce gâteau est une brioche fourrée à la noix. Une personne de Seyssinet et son cousin, producteur de noix dans le Royans ont donné 18 kg de noix.
10
Premières impressions...
Voilà bientôt deux ans que j’assure avec Marie-Christine une per-
manence le jeudi après-midi à Romsaction. Accueil des Roms venant
se faire aider afin d’obtenir les papiers indispensables pour leur sé-
jour en France.
J’ai eu besoin de connaître un peu de leur vie et suis donc partie le
6 mars avec Simina, Solène, Anne et Serge.Au campement de la Pis-
cine à Echirolles (pas de piscine, pourtant !…)
Mauvais temps, pluie, rafales de vent….
C’est un petit « squat », robinets d’eau dans la cour boueuse, électri-
cité tirée de je ne sais où, deux toilettes dans la cour.
Nous sommes entrés chez une famille, cabane communiquant avec
une vieille caravane, poêle fait d’un bac en zinc, alimenté au feu de
bois. Le couvercle est approximatif, la porte reste ouverte pour éviter
je pense les intoxications.
C’est minuscule. Lessive, vaisselle , toilette doivent se faire dehors. Le
linge sèche à l’intérieur sur un fil, mais la toiture n’est pas totalement
étanche.
Nous sommes bien accueillis, l’ambiance est chaleureuse.
Dans la cour, la lessive prend la pluie, des objets divers traînent de-ci
delà, des enfants vont et viennent. La vie n’est sûrement pas facile,
mais je l’espère, supportable.
Campement (non reconnu) de la « Belle Electrique »
C’est un immense terrain vague fait de monticules et de sortes de tran-
chées. Des centaines de rats, de taille moyenne de toutes les couleurs,
allant du blanc au noir courent partout. On voit l’arrière de la « Belle
électrique » à droite, et à gauche, la rocade surplombe le campement.
Comme il continue de pleuvoir, nous évitons les multiples flaques tant
bien que mal.
Dans ce lieu, pas de poubelles, de toilettes, il faut s ‘éloigner dans le
terrain pour ses besoins.
Nous entrons dans une cabane bien connue de Simina, il fait très
sombre, une lampe pend au plafond, mais pas de lumière. (J’avais
aperçu en arrivant une sorte de générateur).
Sur un canapé, une jeune fille est enveloppée dans une couverture, au
fond sur un lit, un garçon demande « quand est ce que je pourrai aller
à l’école ? ». Les papiers ne sont pas encore là. On retrouve le même
poêle qu’à « la Piscine », mais en meilleur état.
Quelques hommes vont et viennent, passant de l’intérieur d’une
vieille bagnole à la cabane. Il continue de pleuvoir, le vent souffle fort,
quelques gouttes tombent du plafond. Une petite fille va de la cabane
de sa grand-mère impotente jusqu’à nous, prend un balai de paille et
cherche à nettoyer un vieux tapis à l’entrée du logis de son aïeule….
Nous partons voir une autre famille,mais nous n’entrons pas, seule
Simina est accueillie.
Et là, nous rencontrons Gabriel, en France depuis 7 ans. Il a été aidé
par Romsaction en est très reconnaissant. Il a appris le français, habite
Moirans et travaille aux Jardins de la Solidarité. Son contrat de 2 ans se
termine, voudrait trouver autre chose, veut poursuivre dans l’agricultu-
re et ne veut pas du chômage.
Dans ce contexte vraiment dur, nous sommes heureux d’une telle
rencontre.
Je n’imaginais pas que des humains puissent vivre dans de tels
cloaques, au milieu des rats, sans même de toilettes, alors à quelques
pas de là, une magnifique salle dédiée à la musique tourne le dos à
cette misère.
Jacqueline
11
Un après midi à la permanence de Romsaction
Il n’est pas encore 14h et déjà des personnes attendent.
Nous sommes deux à accueillir les arrivants venant trouver de l’aide
afin d’obtenir des papiers de toutes sortes.
Le café est prêt, nous mettons sur mal table des feutres, du papier
blanc, des mandalas à colorier et proposons thé, tisane, café ou sirop
; souvent la salle est pleine, mais s’il fait beau, quelques personnes
vont fumer sur la petite terrasse en attendant leur tour, les autres
s’installent dans la salle en discutant, des enfants commencent à
dessiner, certains adultes s’y mettent aussi, d’autres expriment leur
refus : « c’est pour les enfants le dessin ! ». Mais certaines fois, et
de plus en plus souvent, beaucoup se mettent autour de la table,
prennent un mandala. Le calme s’installe, les feutres, circulent et
échanget selon les besoins de chacun.
Une fois terminés, les dessins, tous signés, sont affichés sur le ta-
bleau. Ceux des semaines précédentes sont bien sûr toujours là. Il
est alors nécessaire de serrer, superposer, en conservant au moins
une partie des feuilles déjà épinglées. Du coup, une multitude de
couleurs vives apportent plein de vie et de joie dans la pièce.
Jacqueline
12
Projet camion
A partir du 6 mai, le « camion école » de notre association stationnera chaque samedi sur des terrains où devant des squats où des bénévoles proposeront de la lecture, des jeux, des dessins aux enfants, et cela jusqu’au 1er juillet.
Deux personnes encadreront les activités. Toute bonne volonté pour partici-per à ce projet est la bienvenue, s’inscrire auprès de l’association. ([email protected])
13
Témoignage de Rosalia; en France depuis 2010Les prénoms et les lieux ont été changés pour respecter la demande
d’anonymat.
En 2010, c’était très dur. On habitait dans un garage, pas d’eau,
pas d’électricité, pas de chauffage. Maintenant c’est mieux qu’avant
: je travaille, mes enfants vont à l’école, nous avons un appartement.
Dans l’appartement, c’est bien.
On va dans le parc, chez une collègue de mon travail.
J’accompagne mon fils au foot car il est inscrit au club du quartier.
Avant, on habitait à Fontaine. On avait une assistante sociale, Johan-
na, puis Fanny, puis Anita et Mélissa. Après, c’est l’assistante sociale
du SLS, avenue de l’Europe. Ça se passe bien avec elle. L’année der-
nière, au mois d’avril, c’est la dernière fois que j’ai touché les alloca-
tions familiales car mon mari n’a plus travaillé. Je n’avais pas payé
mon loyer de mai à novembre jusqu’à ce que je trouve du travail. Je
devais 3000€. J’ai contacté l’assistante sociale pour m’aider à payer
ces loyers. Elle n’a pas fait de demande pour ça, elle m’a dit que je
devais chercher du travail. En attendant, elle m’a fait recevoir trois
secours d’urgence. Elle m’a inscrite pour avoir un référent PLIE qui
m’a aidée pour trouver le travail.
Je travaille depuis novembre et je paye le loyer actuel, plus les arrié-
rés petit à petit. Je devrai payer encore pendant 10 mois.
A mon travail, je me sens très bien. Je travaille à la ressourcerie de
Grenoble-Solidarité. J’ai deux chefs qui se comportent très bien
avec moi ; ils ne font pas de différence si on est roumain, algérien,
marocain ou noir. Les collègues sont bien, on rigole beaucoup. On
trie les vêtements, la vaisselle, les chaussures et on les met dans le
magasin et on vend. On fait de l’aide sociale ; quand les personnes
vivent dehors, leur assistante sociale leur donne un papier pour venir
à Grenoble- Solidarité, on prend la liste et on va chercher ce que l’
assistante sociale a mis sur la liste.
Je désire être femme de ménage. J'aime pas faire la caisse.
J'ai un avocat pour les démarches pour le divorce ; c'est pas
encore fini.
Je parle pas beaucoup avec les voisins, mais avec une dame qui
travaille avec moi. Je dis bonjour à tous ceux que je rencontre,
c'est la politesse. Je connais une dame roumaine, je l'aime bien.
Aujourd’hui, je n'ai pas beaucoup l'impression de vivre comme
les Français. Je vis comme je veux, je n'ai pas envie de vivre
comme les Français.
Je parle en roumain et en français. Même la petite (3 ans) parlait
roumain avant ; à l'école elle parle français. Quand je lui parle en
roumain, elle me répond en français.
J'ai un diplôme de champion de jeux de maths, décerné à ma
fille.
Constantin, son fils, 12 ans, scolarisé en collège, est arrivé en
France à 5 ans. Il a fait un an de maternelle.
«Aujourd’hui, je suis bien dans ma classe de 6e je n'ai pas de
problème particulier. J'aime le sport, l'anglais. On joue dehors, à
la cantine.
Je vais parfois chez des copains de classe pour faire mes devoirs.
Une dame de Fontaine, c'est notre copine, vient tous les mercre-
dis pour m'aider aux devoirs. Elle m'a beaucoup aidée.
On rencontre parfois des Roumains, des Roms... Nous sommes
tous pareils. Celles qui ont des jupes longues parlent aussi rou-
main. »
14
Esclavage des Roms20 février journée de commémoration de l’émancipation des Roms
En En 2011, le 20 février (date de la première abrogation en 1856,
ndlr) est décrété « journée de commémoration de l’émancipation
des Roms » et le 19 février 2016, l’ancien premier ministre Dacian Cio-
los reconnaît officiellement l’esclavage et la situation marginale des
Roms. Le lendemain, une plaque commémorative est apposée sur le
Monastère Tismana, un des premiers à avoir possédé des esclaves.
Plusieurs historiens ont comparé l’esclavage des Roms à celui des
Afro-Américains aux États-Unis. L’abolition définitive de l’esclavage
sera déclarée en 1864.
Aujourd’hui, l’ampleur de l’esclavage semble minimisée. Même la
langue roumaine parle plutôt d’une forme d’asservissement (robie)
que d’une forme d’esclavage (sclavie). L’histoire elle, ne comprend
aucun d’équivoques. Quand Mihail Kogalniceanu, futur premier
ministre de la Roumanie, essaie d’alerter ses voisins en 1837, il fait
la lumière sur une part sombre de l’époque : « Les Européens orga-
nisent des sociétés philanthropiques pour l’abolition de l’esclavage
en Amérique, alors que sur leur propre continent 400 000 Tsiganes
sont maintenus en esclavage ».
Les manuels scolaires roumains ne contiennent aucun paragraphe
sur l’esclavage des Roms. Seulement quelques lignes mentionnent
l’asservissement des Roms et la période abolitionniste. Toutefois, les
principaux propriétaires d’esclaves, représentés par l’Église et l’État,
assument peu à peu leurs responsabilités.
Dans son essai From the Gypsies to the African-America, la profes-
seure de littérature Mihaela Mudure écrit que la période post-abo-
lition a été fatale : « Les esclaves formaient une niche économique,
mais n’avaient aucune personnalité politique ou juridique. Les es-
claves libérés possédaient une personnalité politique et juridique
mais se retrouvaient rejetés à la périphérie de la vie économique mo-
derne. » Elle explique également que contrairement aux Afro-amé-
ricains, les Roms n’ont pas eu les moyens de faire connaître leur
culture et leur histoire. Jusqu’à aujourd’hui.
Dans son essai From the Gypsies to the African-America, la profes-
seure de littérature Mihaela Mudure écrit que la période post-abo-
lition a été fatale : « Les esclaves formaient une niche économique,
mais n’avaient aucune personnalité politique ou juridique. Les es-
claves libérés possédaient une personnalité politique et juridique
mais se retrouvaient rejetés à la périphérie de la vie économique mo-
derne. » Elle explique également que contrairement aux Afro-amé-
ricains, les Roms n’ont pas eu les moyens de faire connaître leur
culture et leur histoire. Jusqu’à aujourd’hui.
Sans art, pas de mémoire
La question fait son retour dans le débat public en 2015, lors de la
sortie du film Aferim, réalisé par Radu Jude. Récompensé à la Ber-
linale, ce western roumain se déroule au début du XIXème siècle
et met en scène deux policiers à la recherche d’un esclave qui s’est
échappé. Pour beaucoup de spectateurs, la révélation de ce passé
fait l’effet d’une claque.
Source
http://www.cafebabel.fr/societe/article/lesclavage-des-roms-la-
grande-honte-de-la-roumanie.html
Voir la revue « Etudes Tsiganes » numéro 29 sur l’esclavage des Roms.
15
« Les Roms, un peuple européen»https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/roms
La nation romani, qui regroupe notamment les Roms, les Manouches (Sintés), et les Gitans (Kalés) se définit comme une nation « sans
territoire compact et sans prétention à un tel territoire » (cinquième congrès de l’Union Rromani Internationale, Prague, juillet 2000).
Ses revendications ne portent pas sur l’espace, mais sur le droit et la justice.
14
16
Assemblée Générale Roms Action 16 mai 2017Nous avons le plaisir de vous convier pour l’Assemblée Générale Ordinaire de notre association qui se tiendra le mardi 16 mai à 18 h 30.
Nous vous présenterons le bilan 2016/2017 et les nouvelles orientations 2017/2018 de notre association. Un renouvellement du conseil d’administration sera prévu en fin de séance, pour lequel les nouvelles candidatures seront les bienvenues afin de poursuivre notre dynamique associative.
Nous partagerons une collation durant laquelle nous serons heureux d’échanger.
Les administrateurs élus à l’Assemblée Générale, seront immédiatement convoqués à un Conseil d’Admi-nistration Extraordinaire de 20h30 à 21h.
Afin d’organiser au mieux cette soirée, pouvez vous confirmer votre présence à la secrétaire de l’associa-tion, Marie Noëlle ALTAMURA : [email protected]
Rencontres nationales à Marseille les 20-21 mai 2017Collectif national des Droits de l’Homme ROMEUROPE
Après l’assemblée générale le samedi matin, des ateliers en groupe l’après-midi , autour de la stabilisa-tion des ateliers en groupes sur la revendication de stabilisation des bidonvilles : comment convaincre les pouvoirs publics de penser autrement que par l’expulsion ?Dimanche : Atelier : Elections présidentielles et législatives : quel plaidoyer en fonction du candidat élu et des légis-latives à venir ? quel qu’il soit, il nécessitera réflexion, en terme de priorités, de transition avec les législa-tives. Cette réflexion s’appuie sur le rapport et les recommandations.
Pour plus d’information: [email protected]
Vous pouvez rejoindre et /
ou aider l’association
CHARTE DE ROMS ACTION
Art 1 Roms Action est une association Loi 1901 à vocation locale et internationale, s’appuyant sur
l’engagement bénévole et salarié de ses membres. Elle prend en compte toutes les
compétences nécessaires à l’accomplissement de ses missions.
Art 2 Roms Action a vocation a apporter une aide, à agir par des actions de solidarité auprès
de la population rom et à lutter contre les discriminations.
Art 3 Roms Action est une association indépendante de tout groupe politique, économique, ethnique et confessionnel.
Art 4 Roms Action intervient toujours à la demande des populations concernées ou de
leurs représentants légitimes, par une aide d’urgence ou par des projets à plus long terme dans le respect de l’identité culturelle et de la
dignité de chacun.
Art 5 En accord avec les principes d’action et dans le but d’une plus grande efficacité, Roms
Action s’informe auprès des associations et institutions concernées, de manière à se
coordonner et éventuellement coopérer avec elles.
Art 6 Roms Action travaille en réseau et en partenariat avec des structures associatives et
institutionnelles.
Art 7 Témoin des situations difficiles dans lesquelles elle s’engage, Roms Action s’efforce d’informer et, si nécessaire, d’alerter l’opinion
publique.
Art 8 Chaque membre de Roms Action, bénévole ou salarié, adopte et s’engage à respecter les
principes définis par cette Charte.
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( Un reçu fiscal vous sera envoyé pour bénéficier de la réduction d’impôt de 66% du don dans la limite de 20% du revenu imposable)
Date Signature
16
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