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2011
RAPPORT
FR
WWFGUIANAS
Sur leS traceS de lOrl io s x s o spos
P 1
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Concept & design by ArthurSteenHorneAdamson
Ce rapport a t rdig par : Romain Taravella et Galle Dupuis
Photo de couverture : WWF GUIANASAmalgame de paillettes dor et de mercure produit par les chercheurs dor de NieuwKofe Kamp (Suriname), prt tre chauff a n de faire vaporer le mercure etrcuprer lor
1986 Panda Symbol WWF - World Wide Fund For nature (Formerly WorldWildlife Fund) WWF & living planet are WWF Registered Trademarks / WWF & Pour uneplante vivante sont des marques dposes.
WWF France. 1 carrefour de Longchamp. 75016 Paris.www.wwf.fr
SOMMaIre
edItO
le dIleMMe de la IlIre ranaISe
la IlIre ranaISe en queStIOn
ObjectI Or 100 % traable et PluS reSPOnSable
6
8
12
20
WWF
Le WWF est lune des toutes premires organisations
indpendantes de protection de lenvironnement
dans le monde. Avec un rseau actif dans plus de 100
pays et fort du soutien de 5 millions de membres, le
WWF uvre pour mettre un frein la dgradation de
lenvironnement naturel de la plante et construire
un avenir o les humains vivent en harmonie avec la
nature, en conservant la diversit biologique mondiale,
en assurant une utilisation soutenable des ressources
naturelles renouvelables et en faisant la promotion de larduction de la pollution et du gaspillage.
En 2011, le WWF ftera ses 50 ans.
Depuis 1973, le WWF France agit au quotidien an
doffrir aux gnrations futures une plante vivante.
Avec ses bnvoles et le soutien de ses 170 000
donateurs, le WWF France mne des actions concrtes
pour sauvegarder les milieux naturels et leurs espces,
assurer la promotion de modes de vie durables, former
les dcideurs, accompagner les entreprises dans la
rduction de leur empreinte cologique et duquer
les jeunes publics. Mais pour que le changement
soit acceptable il ne peut passer que par le respect
de chacune et chacun. Cest la raison pour laquelle
la philosophie du WWF est fonde sur le dialogue et
laction. Depuis dcembre 2009, la navigatrice
Isabelle Autissier est prsidente du WWF France.
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GuYane
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Fort de son exprience de terrain et aprs avoir alert
le grand public sur les r avages de lor illgal en Guyane
au travers de la campagne Non lor illgal (www.
nonalorillegal.fr), le WWF-France adresse aujourdhui unmessage spcique aux professionnels de la lire bijouterie-
joaillerie franaise.
En se lanant sur les traces de lor , le WWF-France
souhaite rtablir le lien perdu entre les pratiques
dextractions et le produit nal, et ainsi amener les acteurs
de la lire franaise prendre conscience de ce qui
les lie, nolens volens, aux pratiques extractives les plus
dsastreuses.
Nous susciterons cette prise de conscience en deux temps, au
travers de deux documents. Le premier sintitule Entre le
marteau et lenclume .
Ce nest pas encore la n.
Ce nest mme pas le dbut de la n.
Mais cest peut t re, la n du dbut
Winston Chuchill, suite la victoie
dEl Alameinin Londes, 10 novembe 1942
edItOFErNANdorIvAdAvIA
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Chercheurs dor en plein travail, au milieu de leur chantier, entours des forts de zoneshumides de la rgion de Madre de Dios (Prou).
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xpom
* s* osom-m
fs *go(s)
l s io o
La position de la filire franaise estinconfortable : coince entre les exigencescroissantes des consommateurs (en matire
sociale et environnementale) et les pratiques
dextractions aurifres toujours aussidsastreuses.
Comment peut-elle sen sortir ?
Symbole de richesse et de pouvoir depuis des sicles, mtal solaire et sacr dans de
nombreuses civilisations, lor continue de jouer un rle prpondrant dans nos conomies
modernes.
En 2010, tir par une demande toujours croissante, le cours de lor enregistre sa dixime
anne conscutive de hausse. En une dcennie, son cours a augment de plus de 300%.Derrire les facteurs conjoncturels lis la crise nancire internationale se cachent les
causes structurel les de la ambe du prix du mtal jaune, s avoir : lmergence de lAsie,
de lAmrique latine et du Moyen-Orient dans lconomie mondiale. Avec laccroissement
du pouvoir dachat dune multitude de nouveaux consommateurs, la demande en bijoux
sacclre et entrane une hausse des prix.
Cest un fait, la bijouterie occupe la tte des secteurs utilisateurs. A insi, depuis une trentainedannes, cette lire a transform entre 60 et 80% de lor extrait dans le monde 1, alors quellectronique et la dentisterie runies en consomment moins de 15%. Lor extrait des minestermine majoritairement sa course au cou, au poignet ou au doigt des consommateurs 2. Lebijou en or incarne luxe, puret et prestige.
Mais en amont de la lire, lextraction du prcieux mtal prend un tout autre sens. Elle
gnre de manire routinire de lourds impacts socio- conomiques et environnementaux
aux quatre coins de la plante, c ar la liste des nations productrices dor est longue : pollutiondes euves du Plateau des Guyanes, dplacement de villages entiers aux Philippines,
empoisonnement de leau potable touchant plus de 2 millions de personnes en Roumanie,
destruction dcosystmes forestiers uniques en Amazonie, soutien nancier aux milices
armes de Colombie et du Congo, exploitation de milliers denfants au Burkina Faso, Nigeret Ghana, ensevelissements de travailleurs au Chili, destruction de sites amrindiens
sacrs aux tats-Unis (Montana), foyers de transmission du Syndrome dimmunodcienceacquise (SIDA) en Haute-Guine, etc.
Comme le dmontre, sans ambiguit, labondante littrature sur le sujet, lexploitation
aurifre est une activit, par dnition non durable, qui gnre encore aujourdhui de
trs lourds impacts sur lenvironnement et les nombreuses communauts locales qui en
dpendent3.
Face cette contradiction entre lclat du produit ni et la noirceur des pratiques dextraction,les consommateurs exigent de manire croissante des garanties. Ils veulent tre certains
que lor quils acquirent nest pas responsable de dsastres sociaux, conomiques ou
environnementaux quelque part dans le monde. Lmergence du consomacteur qui
entend par ses choix inuer sur les pratiques de production/transformation nest pas
nouvelle. Cette prise de conscience a dabord touch, depuis une vingtaine dannes,
les produits alimentaires (caf, riz, chocolat, jus de fruit, th, viandes, etc.). Elle stend
maintenant aux produits non alimentaires tels que le bois, les eurs, les produits naturels
de pharmacope ou de soin du corps, le coton et les pierres prcieuses.
Lor nchappe pas cette volution, comme latteste la multiplication des initiatives dor
quitable , traable , thique ou responsable depuis le dbut des annes
2000. Avec cette volution, les professionnels de la lire bijouterie-joailler ie franaise se
retrouvent de fait pris entre le marteau et lenclume , entre les exigences croissantes du
consomacteur et les pratiques routinires dsastreuses de lextraction aurifre.
En dpit de limportance prise par lor recycl dans la lire bijoutire franaise 4, ces
professionnels vont chaque jour tre davantage interrogs, davantage amens se justier,
davantage obligs de se porter garant pour des pratiques dextraction sur lesquelles, jusqu
prsent, ils nont eu que peu dinuence.
Comment dans ces conditions conserver la conance et le respe ct du consommateur ? Rpondre cette question exige de la part des professionnels de la lire franaise un vritable engagement,de fond et dans la dure, en direction de lor traable et plus responsable.
Au WWF-France, ces profes sionnels ne sont pas impuissants face la problmatique de lor
sale. Ils ont les moyens, leur niveau, de sengager et doeuvrer lamlioration de la situation
actuelle, ils sont tous de potentiels acteurs de changement .
Quelques professionnels proposent dj des gammes de bijoux fait s dor quitable loriginegarantie, dautres privilgient lutilisation dor recycl. Ensuite, ces professionnels sont rputspour leur engagement en faveur de lexcellence : lexcellence des produits mais aussi lexcellence
des pratiques qui leur donnent naissance.Aujourdhui, cause des impacts sociaux, conomiques et envi ronnementaux occasionns
par lextraction aurifre, la promesse dexcellence des pratiques faite au consommateur
est bafoue.
Enn, en vertu de son savoir-faire unique, la lire franaise jouit dune renomme internationale.Elle se doit donc de montrer lexemple et de sengager collectivement sur la voie de la responsabilitet de la traabilit.
le dIleMMe de laIlIre ranaISe
Extraction du minerai Expdition de lor
sous forme de poudre,
ppite, cassave, lingot
Purication de lor.
Lor n prend la forme
de grains, l, plaque,
tube, , plaque, etc
Fabrication du
bijou : bague, chaine,
pendentif, diadme,
etc
Commercialisation
du bijou
Le bijou dans son
crin
30 anSLa lire bijouterie-joailleriea transform entre 60 et 80%
de lor extrait dans le monde en
trente annes
NOTES
1/ Voir le bulletin trimestriel World Gold Councils Gold Demand Trends (GDT) disponible ladresse : http://www.gold.org/world_of_gold/market_
intelligence/gold_de mand/gold_demand_trends/
2/ La crise conomique a sensiblement accentu depuis 2 ans le poids relatif de lor investissement , qui reprsente aujourdhui prs du tiers de lor
extrait.
3/ Le WWF-France rendra public dans les prochains mois un bilan complet des principaux enjeux sociaux, conomiques, environnementaux et
politiques lis lexploitation aurifre lchelle internationale.
4/ En France, plus de 50% de la production de bijoux repose sur de lor recycl.
* les acteurs de la lire bijouterie-orfvrerie franaise
PATrICKSCHEIN
ISToC
K
ECAL
LENS
ABr
TSCHI/WWF/CANoN
PATrICKSCHEIN
PATrICKSCHEIN
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WWF-GUIANASlenverS
deS PaIlletteS !Au Suriname, aprs avoir captur les paillettes dor grce au mercure, des orpailleurs
enlvent la main les grains de latrite restant, avant de chauffer lamalgame.
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partir de 6 questions lmentaires,nous dgageons un tat des lieux dela filire concernant la traabilit et laresponsabilit.
Le bilan nest pas brillant, mais une prise de conscience estindniablement entame.
En collaboration avec lUnion franaise de la bijouterie, joaillerie, orfvrerie, des pierres
et des perles (BJOP), la Fdration nationale des horlogers, bijoutiers, joailliers et orfvres(HBJO) et le Syndicat Saint Eloi, le WWF-France a lanc une enqute indite adresse unchantillon reprsentatif de 200 professionnels de la lire bijouterie-joaillerie franaise :des afneurs, des fabricants et des distributeurs.
Le WWF-France souhaiterait actualiser cette enqute tous les deux ans, an de suivre au
plus prs lvolution de la lire et les choix concrets raliss par les professionnels. Pourcette premire version de lenqute, les rsultats ont sciemment t anonymiss.
Les versions qui pourraient suivre pourraient faire mention de lidentit des rpondants
et la nature prcise de leurs rponses.
Les rsultats en disent long sur la situation actuelle de la lire face au d de la traabilitet de la responsabilit. A partir de 6 questions lmentaires, nous dgageons un tat des
lieux de la lire concernant la traabilit et la responsabilit.
ls 6 sos ms o poss io s
1/Avez-vous connaissanc e des problmatiques sociale s et environnementale slies lextraction de lor ?
2/ Comment jugez-vous les pratiques dextraction de lor lchelle internationale,dun point de vue social et environnemental ?
3/ Connaissez-vous la provenance de lor que vous travaillez/vendez ?
4/ Connaissez-vous les procds dextraction lis lor que vous travaillez/vendez ?
5/ Pouvez-vous fournir la garantie que lor que vous travaillez/vendez a textrait de manire responsable socialement et envi ronnementalement ?
6/ Seriez-vous prts agir, votre niveau, pour combattre des pratiquesdextraction dsastreuses envi ronnementalement et soci alement ?
la IlIre ranaISeen queStIOn
EdWArdPArKEr/WWF-CANoN
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Les ravages occasionns par une mine dor ciel ouvert dans la rgion de Pocone, enAmazonie brsilienne.
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Une analyse plus prcise des rpondants (gure 2) indique que ceux qui ont proportionnellementle plus rpondu sont les distributeurs, suivi des afneurs et pour nir les fabricants.
Comment expliquer ce rsultat ?
Rappelons que les distributeurs sont en contact direct avec les consommateurs. Lvolutiondes modes de consommation, vers plus dthique notamment, place les distributeurs
en premire ligne et les incite porter une attention particulire aux problmatiques
portant sur lorigine et lhistoire des produits vendus.
Les afneurs sont les professionnels de la lire franaise les plus proches de la phase
dextraction. Ils peuvent dtenir certaines informations sur lorigine de lor quils purient.
Les fabricants, ni en contact avec les exploitants miniers, ni avec les consommateurs,
restent semble-t-il peu sensibles aux questions que nous leur avons adresss.
Figure 2Taux de rponse par acteur
27 %
22 %
13 %
DISTRIBUTEURS
AFFINEURS
FABRIQUANTS
La grande majorit des profes sionnels dclarent ne pas savoir do provient lor qui passe
entre leurs mains. Ceux qui afrment en connatre la provenance restent cependant trs
vasifs, se contentant de mentionner les grands bassins de production ou les principaux
continents producteurs ( Afrique , Amrique du Sud ).
Aucun pays na t cit, encore moins une localit plus prcise.
Un fabricant explique : Cest une ralit, personne ne sait do vient lor. Personne. Ceux
qui disent le contraire savancent, ou sont des menteurs. Nous sommes tous logs la
mme enseigne, et pas seulement en France. Cest pareil pour les collgues partout dans
le monde. La situation est celle-l aujourdhui et pas une autre .
82%s pososs
ps o po
o pss s ms
Suivant lapproche adopte, le taux de rponse peut tre jug encourageant ou au contrairedcevant (gure 1).
Dun ct, le taux de retour de 22% peut tre peru comme un rsultat honorable.
Rappelons que la participation cette tude pionnire est volontaire et linitiative dun acteurexterne la lire. L es professionnels qui ont rpondu aux questionnaires sont, en majorit,des acteurs dj informs, voire sensibiliss la problmatique de lextraction minire.
De lautre, on peut dplorer le silence adopt par une large majorit de professionnels
contacts. Comme nous lavons compris lors des changes avec divers acteurs de la lire,
les non-rponses sexpliquent notamment par la crainte du rega rd port publiquement parune Organisation non gouvernementale (ONG) environnementale. Ce t aux de non-rponseslev indique que la prise de conscience des professionnels franais quant limpact des
pratiques dextraction en est encore un stade tr s prcoce.
Cette situation contraste notamment avec le monde anglo-saxon, o les campagnes spciques
menes depuis le dbut des annes 2000, par les ONG, ont permis une vritable prisede conscience de la part des professionnels et du grand public.
Le paradoxe est donc de taille : alors que la lire franaise est admire lchelle
internationale, une question aussi cruciale que lorigine du matriau et lempreinte
socio-environnementale de son extraction prend aujourdhui dfaut les professionnels
du secteur.
Le d relever est dailleurs distinctement identi par la prsidente dlgue du BJOP :
Lor thique et re sponsable reprse nte une mobilis ation de longue haleine, car il faut
travailler de la mine jusquau point de vente. Cest un aspect essentiel pour notre secteur
dactivits, mais cela reste un vritable challenge pour les professionnels .
78%s possoso ps po
Figure 1Taux de participation l'tude
21,5%
78,5%
ont rpondu
n'ont pas rpondu
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84%s possos
pp o
go
sposs ps
xo
Lanalyse dtaille des rsultats rvle un aspect intressant (gure 3).
Les dtaillants reconnaissent unanimement leur incapacit garantir la qualit socio-
environnementale de lor quils vendent.
Ils justient cette situation de deux manires :
1/ En pointant du doigt les manques de lamont de la lire : cest surtout nos fournisseursde se donner les moyens , eux de jouer quant la traabilit
2/ En plaant une conance aveugle dans leurs fournisseurs : nous pensons que nous
pouvons le garantir car nous achetons des soc its reconnues dans le mtier , car
nos fournisseurs sy sont engags .
Comme le synthtise un fabricant : Normalement, lor que je travaille devrait tre extraitde manire responsable, je fais conance mon fournisseur pour cela. Mais comment
le garantir ?
Figure 3Garantie sur l'origine de l'or"Je ne peux pas garantir que l'or qui passe entre mes mains a t extrait de manire responsable"
93%
75%
56%
DISTRIBUTEURS
FABRIQUANTS
AFFINEURS
75%s possos
y poso oss
s os mps xo
56%s pos
g sps
xo
gommss os mss
La majorit des rpondants dclarent connatre les problmatiques sociales etenvironnementales lies lextraction aurifre (question 1). Cependant, parmi ces
professionnels, on constate lrosion progressive de la connaissance des impacts de
lexploitation mesure que lon sen loigne : les afneurs ont davantage conscience du
problme que les fabricants, et eux-mmes davantage que les distributeurs (gure 4).
La plupart des rpondants ont une bonne connaissance des principaux enjeux sociaux,
conomiques et environnementaux lis lexploitation aurifre. Les problmatiques
voques sont notamment : la forte empreinte cologique , la destruction du milieu
naturel , l utilisation intensive de produits toxiques et polluants comme le mercure , le
non respec t du droit du travail , l inscurit , le t ravail des enfa nts , l exploitationclandestine , le blanchiment de lor illgal et le faible impact conomique pour les
pays producteurs .
Figure 4Part des rpondants armant connatre les pr oblmatiqueslies l'extraction aurifre par catgorie d'acteurs participants
100%
78%
65%AFFINEURS
FABRIQUANTS
DISTRIBUTEURS
La question prcdente a permis dapprcier la connaissance des professionnels concernant
lexistence des problmes socio-environnementaux lis lextraction aurifre. Mais il nous
importait galement de cerner leur perception de la frquence de ces problmes lchelle
internationale : jugent-ils que les problmes dont ils ont connaissance (voir prcdemment)
affectent une grande part de lor extrait ou une minorit ?
Lanalyse des rponses apportes la question 2 indique que 51% des participants jugent
ces pratiques dextraction globalement mauvaises avec quelques exceptions et 5%
les jugent trs mauvaises .loppos, 25% les estiment globalement bonnes avec quelquesexceptions alors que 19% nont simplement pas dide sur la question .
A nouveau, plusieurs lectures des rsultats sont possibles. Dune part, on peut considrer quela majorit des rpondants admettent sans ambigit que la lire franaise transforme et
distribue aujourdhui des produits dont lorigine est dsastreuse.
Une prise de conscience de fond est donc effective pour la majorit des professionnels ayant
rpondu. Autrement dit, non seulement ils savent que lextraction aurifre pose de srieux
problmes socio-environnementaux, mais ils estiment que ce s problmes sont trs frquents lchelle du globe et il ny a donc aucune raison que lor quils transforment/distribuent soit
une exception cette rgle. Ce rsultat rejoint celui indiquant que la majorit des professionnelsne peuvent offrir aucune garantie quant la responsabilit des pratiques dextraction.
Dautre part, pour un quart des participants, bien que lextraction aurifre soulve
des questions en matire environnementale et sociale, ces dernires restent ponctuelles
(localises), globalement lor serait produit de bonne manire.
Finalement, le dernier quart des participants ne parvient pas se prononcer. Dans ces deux
cas, il est manifeste que les professionnels sous-estiment la frquence des problmes lis
lextraction aurifre. Ils ne parviennent donc pas faire le lien entre la ralit dsastreuse
des pratiques extractives sur le terrain et leur quotidien professionnel.
Le responsable dveloppement durable dune enseigne de la grande distribution analyselucidement : Toutes ces questions mettent en vidence le rle incontournable des acteurs
en extrme amont de la lire et le besoin de conception dun dispositif dapprovisionnement
responsable ds la phase dextraction du minerai. Notre statut de distributeurs de produits
transforms nous place dans une situation de contingence vis vis de cette politique amont et
de la volont des acteurs concerns de dnir et mettre en oeuvre une dmarche thique .
Leffet de lloignement progressif la mine est encore perceptible, comme lillustre la gure 5.
Plus on sloigne de la phase dextraction plus les professionnels franais ont une vision positivede cette dernire.
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90%s pos
s ps g,
Figure 5Comment jugez-vousles pratiques d'extraction de l'or ?
globalement bonnes avecquelques exceptions
globalement mauvaisesavec quelques exceptions
trs mauvaises
pas d'ide sur la question
51%19%
25%
5%
Jugements sur les pratiques, par catgorie de participants
75%
25% 22% 22%
56%
30%17%
53%
Affineurs Fabriquants Distributeurs
pas d'ide sur la question
bonne pratique
mauvaise pratique
Ce rsultat, bien que dclaratif, est encourageant. Il dmontre que les professionnels ayantrpondu au questionnaire se veulent concerns et proactifs. Pour prendre au mot ces acteurset leur dclaration quasi-unanime en faveur dune amlioration des pratiques dextraction,nous avons choisi dans la section suivante de mettre en avant une srie de prconisations
concrtes qui guideront, pas pas, les professionnels r ellement dsireux de sengager en
faveur de lobjectif Or 100% traable et plus responsable .
ZIGKoCH/WWF
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Un chercheur dor, batte la main, en pleine action dans le parc national de Juruena (Brsil).
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ObjectIOr 100% traable
& PluS reSPOnSable
Dclarer vouloir sengager est une chose, le faireen est une autre. An de permettre ceux quisouhaitent effectivement changer les choses etregagner la conance du consommateur, nous
traons une voie suivre en 7 tapes.
Touchs par quelques cas devenus emblmatiques (commecelui des Diamants du sang ), les consommateurs sont
de plus en plus conscients des dgts que provoquent les
industries extractives. Comme pour un nombre croissant
de produits alimentaires, ces consommateurs font dsormais le lien entre leurs pratiques
dachat et les pratiques dextraction/transformation/distribution dsastreuse s. Renouant
le lien entre la mine et la vitrine , ils cherchent des rponses leurs inquitudes et se
tournent lgitimement vers ceux quils estiment mme dy rpondre.
La lire de bijouterie/joaillerie/orfvrerie franaise, vritable courroie de transmission
entre les pratiques dextraction et les doutes des consommateurs e st concerne au premierchef par cet te volution des modes de consommation. Situe entre le marteau et lenclume, lalire apparat particulirement vulnrable face aux questions poses par les consommateurs,telles que : comment pouvez-vous garantir que le produit que vous proposez nest pas
lorigine dimpacts sociaux et environnementaux dsastreux ? ou comment garantissez-vous que ce produit est responsable ? .
Pour rpondre ce changement de comportements, les professionnels nont pas dautres choixque de sengager. Quelques-uns lont dailleurs bien compris et se sont dores et dj lancs,souvent petite chelle, sur la voie des approvisionnements plus traables et quitables .Mais un changement collectif chelle bien suprieure semble aujourdhui indispensable.
Les professionnels vont rapidement devoir se saisir des marges de manoeuvre qui sont
leur disposition pour faire voluer les pratiques dextraction, quelles aient pour thtre
lAfrique du sud, la Colombie, le Ghana, la Chine ou lIndonsie.
Ainsi, le WWF-France invite les acteurs de la lire sengager dans une dmarche proactive Or 100% traable et plus responsable , an de conserver ou restaurer la conance que lesconsommateurs accordent (encore) la lire. Inspir par la campagne No Dir ty Gold
(http://www.nodirtygold.org), mise en place en Amrique du nord depuis 2003, le WWF-Francepropose aux acteurs de la lire de sengager dans une dmarche de progrs continue, effectiveet efcace, qui comprend 7 tapes.
MICHELGUNTHEr/WWF-CANoN
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Ppites dor extraites par un minier en Guyane.
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taPe 1 : somComme nous lavons soulign prcdemment, une part encore trop importante des
professionnels manque dinformations concernant les impacts de lexploitation aurifre etle lien direct avec leurs activits quotidiennes : 30% des rpondants reconnaissent ne pas
connatre les problmatiques socio-environnementales lies lexploitation aurifre et 30%jugent mme les pratiques dextraction globalement bonnes avec quelques exceptions .
Ltat des lieux de lempreinte conomique, sociale et cologique de lexploitation aurifre
que publiera le WWF-France dans les prochains mois devrait apporter de prcieusesinformations aux professionnels.
taPe 2 : sgg pmLtape initiale de lvolution de la lire est celle de lengagement formel de ses acteurs.
Cet engagement public en faveur dune exploitation minire aurifre traable et plusresponsable reprsente un vritable message adress aux oprateurs minier s ainsi quaux
consommateurs. Cette prise de position sappuie sur : la reconnaissance dune situation
actuelle insatisfaisante, la volont daller de lavant et la mise en place lchelle de lentreprisedun plan daction qui permet de stimuler le changement.
Pour cet engagement formel, le WWF-France invite les acteurs de la lire signer les
Rgles dor de la campagne No Dirty Gold . Ces critres minimaux, qui dnissent
les contours dune exploitation aurifre plus responsable, exigent que les pratiques
dextraction :
respectent intgralement les Droits de lHomme tels quexposs dans les conventions
internationales et lois ;
bncient du consentement libre, pralable et inform des communauts affectes ;
respectent les droits des travailleurs et les normes en matire de conditions de travail,
notamment en ce qui concerne les mesures de scur it ;
nont pas lieu dans les rgions marques par les conits arms ou militariss ;
naboutissent pas lexpulsion des communauts hors de leurs terres ;
ne sont pas localiss dans des espaces protgs, des zones aux cosystmes sensibles ou
haute valeur cologique ;
noccasionnent pas le dversement de rejets miniers dans locan, les euves, les cours
deau ou les lacs ;
ne provoquent pas la contamination de leau, du sol ou de lair par les drainages acides
(acide sulfurique) ou dautres produits chimiques toxiques tels que le mercure ;
limitent lutilisation deau et des nergies non renouvelables ;
couvrent tous les cots associs la fermeture et la rhabilitation adquate du site
minier ; assurent la mise disposition des informations relatives aux impacts sociaux et
environnementaux de lexploitation aurifre ;
permettent la vrication i ndpendante des lments prcdents.
En complment de ces lments essentiels concernant la responsabilit des pratiquesdextraction, le WWF-France insiste sur limportance du critre de traabilit de la mine la vitrine du minerai, cest--dire la possibilit offerte aux consommateurs de suivre
le mouvement de lor toutes les tapes de production, transformation et di stribution.
taPe 3 : om ss osssPour que la lire volue, les acteurs proactif s doivent pleinement jouer leur rle dacteurs
de changement et informer leurs fourn isseurs de leur engagement en faveur de lor traableet responsable. Ils doivent ainsi les avertir quils ont sign les Rgles dor et quils souhaitent terme que tout lor qui leur sera propos respecte ces rgles et le concept de traabilit
de la mine la vitrine .
taPe 4 : hh spLes acteurs proactifs doivent galement se tourner vers leurs fournisseurs an de leur
demander :
1/ Do vient lor qui leur est vendu ?
2/ Comment a-t-il t produit ?
3/ Quest-ce qui garantit la responsabilit de cette production ( savoir le respect des
Rgles dor) ?
4/ Quest-ce qui garantit la traabilit du mtal ?
Si ces fournisseurs se montrent incapables de rpondre ces questions lmentaires, ils
doivent exiger de ces derniers quils questionnent leur tour leurs propres fournisseurs,
et ainsi de suite. Grce son expertise reconnue en matire damlioration des pratiques
lchelle des lires de production/transformation/distribution, le WWF-France pourrasoutenir les acteurs qui le dsirent dans cette phase dinvestigation.
taPe 5 : so s sIl importe que les acteurs proactifs soutiennent leur niveau les initiatives internationalesen matire dor thique , responsable , soutenable , etc. , notamment en pr ivilgiantde tels approvisionnements. Cette dmarche de soutien devra cependant tre mene de
manire rchie et vigi lante an dencourager les initiatives qui le mritent et ne pas tomberdans le pige du green washing. Le WWF-France pourra aiguiller les professionnels qui
le souhaitent dans leurs choix.
taPe 6 : x g sposUne tape cl de la dmarche consiste formaliser lengagement en matire dapprovisionnementresponsable. Pour cela, le WWF-France demande aux acteurs proactifs de retranscrire dansleur politique dentreprise ou politique dachat, lorsquils en ont une, ou plus simplement
dans leurs contrats dapprovisionnement, les exigences traabilit et responsabilit
( savoir les Rgles dor).
taPe 7 : g o 100% psspos La dernire tape sera atteinte lorsque les acteurs de la lire, quelque que soit leur niveau,seront capables de garantir leurs clients que 100% de lor qui leur est propos est traableet responsable. La dmarche de progrs Or 100% traable et plus responsable est
ambitieuse mais ncessaire. Le WWF-France soutiendra techniquement les acteurs qui
souhaiteront sy engager et ralisera rgul irement un suivi de lvolution des pratiques.
7/31/2019 RP ORPAILLAGE BD
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