Intelligence économique et sécurité de l’information : la fonte du secret
et des frontières organisationnelles à l’ère du réchauffement numérique
Intelligence économique et sécurité de l’informatio n : la fonte du secret et des frontières organisationne lles
à l’ère du réchauffement numérique
Lucile DesmoulinsPatrick Cansell
Axe: communication des organisations
XIXe congrès – Toulon, 4-6 juin
Intelligence économique et sécurité de l’information : la fonte du secret
et des frontières organisationnelles à l’ère du réchauffement numérique
Méthodologie
• Discours théoriques présents dans les manuels et les enseignements des Masters d’Intelligence économique
• Suivi de stages et apprentissages
• PAST dirigeant un cabinet d’IE : missions de conseils et de formation // immersion ethnographique
• Une trentaine d’entretiens semi-directifs avec des consultants et praticiens, notamment tuteurs de stage ou maîtres d’apprentissage de « nos » étudiants
• Analyse socio-sémiotique d’écrits de travail et écrits professionnels « marqués » à des fins d’authentification et de sécurisation, mais disponibles sur le web…
Plan
• L’intelligence économique en tant que secteur d’activités– Ses mythes– Son actualité à travers les médias– L’évolution des compétences et des outils
• Le secret dans les stratégies commerciales et de légitimation de ce secteur d’activité
• Panel de missions confiées à des consultants en IE qui illustrent la thèse d’une « fonte » in fine très relative du secret à l’ère numérique
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Intelligence économique et sécurité de l’information : la fonte du secret
et des frontières organisationnelles à l’ère du réchauffement numérique
Évolution des métiers, compétences et outils techniques :
Il y a un revers à la médaille numérique
• La recherche informationnelle : des compétences et des savoir faire non exclusifs -> Vulgarisation de la recherche informationnelle et des pratiques relevant de l’IE
La veille s’est popularisée, le plus
grand nombre y accède, les alertes
Google sont à disposition de tout et
chacun
Le développement d’Internet a participé à l’avènement de la discipline de
l’intelligence économique et principalement la facette « veille ». Mais Internet a
également modifié les activités des professionnels. La surveillance d’internet est
prédominante dans nombre de secteurs et davantage d’outils simples sont à
disposition des veilleurs. Aujourd’hui, ces outils sont si simples et faciles d’accès
qu’ils sont à la portée de tout le monde
-> Intégration de l’IE dans l’ensemble des fonctions et métiers de l’entreprise
Si on prend un métier à la mode, comme le community management, un community manager est obligé de faire de la veille.
Aujourd’hui, les DRH sont obligés de faire de la veille pour faire du sourcing, tu ne peux plus diriger une entreprise sans faire du
lobbying. Tu ne peux plus faire de la communication interne et avoir un intranet sans faire de la gestion des connaissances .
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Intelligence économique et sécurité de l’information : la fonte du secret
et des frontières organisationnelles à l’ère du réchauffement numérique
La maîtrise d’outils techniques: atout ambigu dans le processus de légitimation :
Moi ce que je pense c’est qu’il faut revenir au
renseignement humain. Aujourd’hui à quoi ça sert
de filtrer par mots clés ce qui se dit par exemple
sur Twitter alors que tu peux directement suivre la
personne qu’il le dit, l’identifier, la qualifier et
même discuter avec elle pour avoir plus
d’informations. Je pense qu’aujourd’hui il y a
énormément d’outils, il y a trop d’outils en France
[…]. Le problème c’est qu’on est dans une vision
trop technicienne de la veille, trop basée sur les
outils.
• Des appréhensions partiellement justifiées en termes de perte d’autorité
Quand une entreprise a une difficulté économique, parmi
les premiers postes qu’elle va supprimer ça va être la
veille. Pourquoi ? Parce qu’un veilleur qui va faire acheter
un outil de veille à 100 000 euros par an, c’est-à-dire un
outil de veille qui coûte plus cher que lui, ça dévalorise!
Tu vas expliquer à l’entreprise qu’au final tu n’es qu’un
presse-bouton, alors on garde l’outil et on vire la personne.
Et c’est pour ça quand tu vois les salaires qui sont proposés
en intelligence économique, ça fait peur. Un jeune est
recruté pour faire marcher l’outil ».
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• L’analyse de l’information: des compétences et des savoir-faire stables à valoriser-> Le « cerveau »: lecture rapide, analyse, recul et transversalité, réflexion, synthèse…
-> Des qualités de communication: lien IE et com’ interne,
-> Des formats: plus synthétiques et graphiques
Vers une révolution du « secret des affaires »?
• Définition de l’information confidentielle de l’ADBS
• Article 226-13 du Code pénal
• Proposition de loi de Bernard Carayon sur la violation du secret des affaires destinée selon son auteur « à prévenir, dissuader ou sanctionner le pillage de nos entreprises, destructeur d’emplois »
• Clause de confidentialité dans les contrats de travail
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Notion de « zone de confiance » > compromis sécurité / efficacité
Sécurisation optimale
Efficacité optimale
Risqueacceptable
80 %
80 %
[Patrick Cansell 2003 ]
Le promesse d’une protection, d’une sécurisation
• Repenser les relations des professionnels de l’IE au secret à partir d’une déconstruction des catégories ambiguës d’informations blanches, grises et noires
• Un discours sur le secret formaté par des contraintes commerciales
• Des pratiques sulfureuses faussement mises au secret
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Fonte et résistance du secret à l’ère numérique
• La négligence – « Ego 2.0. », RSNPro– Plateformes de veille gratuites, investissement en temps et
externalisation, – Blogging et multitude des parties prenantes
• La malveillance– Les leaks? – 20% des dénonciations proviennent des salariés loin devant les
journalistes et les autorités financières (Dyck, Morse, Zingales, 2007
• Exemple de Googleearth– Plaidoyer pour la triangulation des données…
… et la communication interne 9
CONCLUSION : Fonte relative du secret …
• …dilution confirmée des frontières organisationnelles
• Une vision techniciste de l’IE et l’imaginaire-leurrant d’outils pouvant se substituer au travail humain
• Internet = nouvelles règles du jeu de la médiatisation avec la notion de désintermédiation
• Conscience aigüe des risques réputationnels– Contenu des fuites < dévoilement de leur possibilité
• Les promesses de l’IE interrogent les frontières de l’organisation. – Diversité des niveaux d’accréditation en interne des salariés– Complexité des règles prescrivant la diffusion des documents– Leaks et lanceurs d’alerte– Effacement confirmé des frontières de l’organisation 10
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