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Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 2

TRUST, TRANSPARENCE ET TRAÇABILITE

La confiance dans sa définition la plus forte (« trust ») est un pré-requis de la transaction qu’est le

don. Quand la transaction ne débouche pas sur une utilité individuelle immédiate comme c’est le

cas pour un achat classique, il faut se poser la question de la motivation de la transaction, et des

freins qui peuvent lui être associés.

Pour les organismes non-profit, il est indispensable d’être transparent sur leurs actions, leur

gestion, leur gouvernance. Ce premier niveau d’utilité pour le citoyen (ainsi rassuré à l’idée de

donner et/ou convaincu d’avoir bien fait de donner) peut être étendu à une notion plus forte que

la transparence, la traçabilité. Le don aujourd’hui est une somme absorbée de manière anonyme,

sans lien avec les actions de l’ONG.

Nous étudions ainsi les trois « T », Trust, Transparence et Traçabilité, dans le cas spécifique des

ONG, et des contraintes (fortes) de leur gestion et modes d’action. Ceci nous permettra de voir

l’apport d’un écosystème 2.0 tel que nous l’avons introduit dans la section précédente, en

présentant le cadre « Citizenship 2.0 ».

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I. Trust ......................................................................................................................................................... 4

I. 1. Appréhender la notion de confiance ............................................................................................... 4

I. 1. a. La confiance, première approche ............................................................................................ 5

I. 1. b. Quel est le degré de dépendance ? ........................................................................................ 6

I. 1. c. Quelles sont les parties prenantes ? ....................................................................................... 7

I. 1. d. Comment la confiance est-elle initiée ? .................................................................................. 8

I. 1. e. Comment s’entretient-elle ? ................................................................................................. 11

I. 2. Comment mesurer la confiance ? ................................................................................................. 12

I. 2. a. Comment mesurer l’intensité de la confiance ? ................................................................... 12

I. 2. b. Comment mesurer la qualité de la Confiance ? .................................................................... 13

II. Transparence et Traçabilité ................................................................................................................... 15

II. 1. Education ....................................................................................................................................... 16

II. 1. a. Une évidence ......................................................................................................................... 16

II. 1. b. Géohumanitaire ..................................................................................................................... 17

II. 1. c. Serious Game ......................................................................................................................... 17

II. 2. Transparence ................................................................................................................................. 19

II. 2. a. Un acquis ............................................................................................................................... 19

II. 2. b. L’ONG sur le terrain ............................................................................................................... 20

II. 2. c. StoryTelling ............................................................................................................................ 21

II. 3. Traçabilité ...................................................................................................................................... 22

II. 3. a. Un idéal .................................................................................................................................. 22

II. 3. b. Etat de la traçabilité............................................................................................................... 22

II. 3. c. Traçabilité Monétaire ............................................................................................................ 25

II. 3. d. Traçabilité Financière ............................................................................................................ 25

III. Pour l’Identité Numérique des Donateurs ........................................................................................ 27

III. 1. Traçabilité des donateurs et identité numérique ...................................................................... 27

III. 2. Mythe, rite, tribu… et donateur ................................................................................................ 28

III. 3. Le modèle Citizenship 2.0 .......................................................................................................... 29

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I. TRUST

Pas d’engagement envers un organisme non

compréhension fine de la notion, qui nous conduira à identifier les 3 leviers de confiance (éducation,

transparence et traçabilité).

I. 1. APPREHENDER LA NOTION

Voici les éléments clés pour appréhender la notion de confiance, que nous développons plus bas.

• « Confiance : Sentiment de quelqu'un qui se fie entièrement à quelqu'un d'autre ou à quelque chose

La Confiance

Une relation de dépendance

• Des individus : relationnelle

• Des organismes : institutionnelle

Entre…

• Tiers de Confiance

• Par un réseau

La créer

• Réputation, Loyauté, Transparence

L’entretenir

Trust, Transparence et Traçabilité

C

Pas d’engagement envers un organisme non-profit sans confiance. La susciter et l’entretenir passe par une

compréhension fine de la notion, qui nous conduira à identifier les 3 leviers de confiance (éducation,

PPREHENDER LA NOTION DE CONFIANCE

Voici les éléments clés pour appréhender la notion de confiance, que nous développons plus bas.

Sentiment de quelqu'un qui se fie entièrement à quelqu'un d'autre ou à quelque chose », Le Larousse

Une relation de dépendance

Des individus : relationnelle

Des organismes : institutionnelle

Réputation, Loyauté, Transparence

Citizenship 2.0 4

profit sans confiance. La susciter et l’entretenir passe par une

compréhension fine de la notion, qui nous conduira à identifier les 3 leviers de confiance (éducation,

Voici les éléments clés pour appréhender la notion de confiance, que nous développons plus bas.

Sentiment de quelqu'un qui se fie entièrement à quelqu'un

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I. 1. a. LA CONFIANCE, PREMIERE APPROCHE

L’étymologie du mot “confiance” vient du latin “con” (ensemble) et « fidere » (se fier). En première

définition, donnons celle du Larousse :

Confiance : Sentiment de quelqu'un qui se fie entièrement à quelqu'un d'autre ou à

quelque chose.

L’étymologie latine a pour avantage de montrer la projection vers l’autre. Toutefois, abordons brièvement

les traductions anglo-saxonnes du mot « confiance ». En anglais, deux termes, trust et confidence, désignent

ce que le terme français agrège. Jean-Michel Servet1 précise :

Il est important de souligner que là où le français ne dispose que d’un terme,

l’anglais en possède deux : trust et confidence. La séparation n’est pas toujours

simple à établir entre l’apport linguistique germanique et l’apport latin. Toutefois,

trust paraît beaucoup plus fort que confidence car il inclut l’idée de faith, de foi, de

croyance, alors que confidence […] traduit une évaluation beaucoup plus objective

des capacités à remplir une obligation et à établir une relation.

Pierre Salmon2 explique de manière similaire la distinction :

L’anglais permet de séparer les deux idées, si on le souhaite, grâce à l’existence de

deux mots au lieu d’un seul en français. Ainsi, pourra-t-on réserver le mot «trust»

pour l’idée exprimée dans «faire confiance», se référant à une décision, et le mot

«confidence» pour celle correspondant à «avoir confiance», se référant à un état

cognitif, par exemple une probabilité; le mot «trustworthy» signifiant, avec une

connotation plus neutre que cette expression française, «digne de confiance».

1 Jean-Michel Servet, 1993, «Le chapeau» dans Philippe Bernoux et Jean-Michel Servet, « La construction

sociale de la confiance » 2 Pierre Salmon, 2000, «Accumulation et destruction de la confiance : un schéma d’inspiration poppérienne »

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I. 1. b. QUEL EST LE DEGRE DE DEPENDANCE ?

D’un pont de vue ontologique, c'est-à-dire propre à l’être accordant sa confiance, elle peut être définie

comme la manière de vivre au mieux l’incertitude sur le comportement du destinataire. La confiance permet

de s’économiser le doute.

Par exemple, un enfant peut s’accommoder de l’absence momentanée de sa mère, puisqu’il a confiance

dans le fait qu’elle reviendra. De même, un fonctionnaire a confiance dans le fait que son salaire sera versé à

la date adéquate et convenue.

Ce premier niveau de définition montre un rapport de dépendance, de délégation avec le destinataire de la

confiance. Monique Canto-Sperber, philosophe, a donné dans son Dictionnaire d’Ethique et de Philosophie

Morale de 2004, la définition suivante :

«Faire confiance à une personne, c’est se placer dans un état de dépendance, ou

prolonger un état de dépendance, à l’égard de la compétence et de la bonne

volonté de cette personne; c’est accepter d’être vulnérable et admettre que le

dépositaire de sa confiance exerce un pouvoir sur soi, ou sur quelque chose

d’important pour soi».

Ainsi, le lien de confiance est un état de dépendance. Mais la vulnérabilité évoquée doit être lucide,

l’émetteur de la confiance doit rester vigilant selon Cynthia Chassigneux3 :

Toutefois, pour éviter toute forme d’abus, l’émetteur de la confiance doit

demeurer vigilant. La confiance ne doit pas être aveugle. Elle ne doit pas

s’apparenter à un blanc-seing accordé à son destinataire. Elle nécessite

donc une part d’objectivité. Ainsi, en adoptant une attitude objective, la

personne qui donne sa confiance conserve un sens critique qui lui

permettra de retirer celle-ci à tout moment. La confiance n’est donc pas

une chose acquise. Elle peut se transformer en méfiance ou en défiance.

Le degré de délégation est alors représenté par ce que perdrait l’émetteur de la confiance si celle-ci était

rompue. Parfois monétisable (salaire, investissement engagés,…), ce qui est engagé en même temps que la

confiance et accordé peut-être intangible, mais tout aussi fort (affection, considération, informations

personnelles et/ou confidentielles, voire sa vie dans des cas extrêmes, par exemple dans les champs sportifs

ou médicaux).

3 Cynthia CHASSIGNEUX, « La confiance, instrument de régulations des environnements électroniques »,

2007

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I. 1. c. QUELLES SONT LES PARTIES PRENANTES ?

La confiance est toujours orientée vers autrui. L’émetteur de la confiance, son destinataire, le lien qui les

unit peut être explicité dans sa dimension sociale.

Si l’émetteur et le destinataire sont humains, on parle de confiance « intuitu personae » ou de confiance

« relationnelle ». Faire confiance en un collègue lors de l’élaboration d’un projet, le don de la main à la main

dans la rue en sont des exemples.

Parfois, la confiance est orientée vers un organisme, une entreprise, un collectif. On parle alors de confiance

« institutionnelle ». Par exemple, faire confiance à sa banque, à un prestataire, à une ONG sont des

exemples de confiance institutionnelle. Dans ce cadre, on définit la réputation de l’organisme, image qu’il

donne, construite à la fois sur ses actions passées et sa communication présente. Accorder sa confiance à un

organisme en fonction de sa réputation revient à analyser les risques potentiels à l’avenir : déception pour

cause de défaillance, d’inadéquation entre les visions…

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I. 1. d. COMMENT LA CONFIANCE EST-ELLE INITIEE ?

Il existe un niveau de confiance ex-ante qui incite les individus à se rapprocher. Cet état social préexistant,

préalable à l’établissement de la relation est un aspect plus positif que l’on peut retirer dans l’analyse de

Christian Thuderoz4.

« On ne peut écarter la dimension morale de l’échange et du lien social qui lui est

attaché. Elle permet donc tout autant l’établissement de la relation sociale que

l’apprentissage au sein de celle-ci, elle est l’amont qui rend possible le contrat »

La confiance peut être initiée de manière transitive, c'est-à-dire qu’elle peut-être accordée parce qu’un tiers

accorde sa confiance à un objet. Deux cas se présentent : la présence d’un tiers de confiance, ou

l’appartenance à une communauté ou un réseau.

� TIERS DE CONFIANCE

L’importance des tiers dans la relation de confiance apparaît en tant qu’élément de régulation lors des

conflits. Les tiers ont donc un rôle de médiateur.

L’image du tiers pour l’émetteur est habituellement celle du label qu’il peut décerner au destinataire de la

confiance. La labellisation, si elle n’est pas interne (politique de confidentialité, par exemple), est décernée

par des autorités de certifications.

Sur Internet, lieu d’échanges virtuels où les conflits sont bien plus délicats à régler, la certification prend

toute son importance. Il en résulte une régulation triangulaire entre l’émetteur, le destinateur et l’autorité

de certification, selon Vincent Gautrais5 :

Le label de qualité est donc une image, un logo, un signe de reconnaissance qu’un

marchand appose sur son site pour rassurer ses clients et notamment le plus

démuni d’entre eux à savoir le consommateur. Une relation triangulaire est donc

mise en place, conformément au processus même de certification, qu’il soit

d’identité ou de qualité. En effet, il implique une autorité de certification, un

abonné, c’est-à-dire un commerçant qui emploie les services de l’autorité de

certification, et enfin l’utilisateur final, le consommateur, qui “magasine” sur la

base de la confiance que le sceau lui apporte.

4 Christian Thuderoz, “Des mondes de confiance. Un concept à l’épreuve de la réalité sociale”, 2004 5 Vincent Gautrais, 1999, «La labellisation de qualité des sites Internet : un sésame voué à la sécurité du

consommateur»

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Quelques exemples :

Les labels sur internet ne sont pas rares, puisqu’ils constituent l’un des premiers leviers de confiance car créant une autorité de contrôle du destinataire.

En termes de privacy des données, on note le label TRUSTe (www.truste.org)

En France, le label du Comité de la Charte pour le Don en Confiance fait référence (www.comitecharte.org)

Ces labels participent à la réputation de l’organisme ainsi agrée. Mais la réputation tient aussi à un autre membre du lien de confiance, le réseau.

� RESEAU

L’individu émetteur de confiance peut agir en tant que membre d’une communauté. La communauté, par

ses échanges et interactions internes peut développer sa vision de la réputation d’un éventuel destinataire

(souvent institutionnelle, sur des marques, par exemple).

Sur internet, le réseau est une évidence. Les réseaux sont selon Manuel Castells6 :

[…] un ensemble de nœuds interconnectés. Ce type d’organisation humaine qui

remonte à la nuit des temps entame une nouvelle vie à notre époque avec les

réseaux de l’information, dont la force motrice est Internet. Les réseaux sont des

modes d’organisation aux avantages extraordinaires, parce qu’ils sont

naturellement flexibles et adaptables, qualités essentielles pour survivre et

prospérer dans un environnement qui change vite.

Le lien entre réseau et confiance a été explicité par Francis Fukuyama7 :

« La confiance est l’attente qui naît, au sein d’une communauté, d’un

comportement régulier, honnête et coopératif, fondé sur des normes

communément partagées, de la part des autres membres de cette communauté »

6 Manuel Castells, 2001, “La galaxie Internet” 7 Francis Fukuyama, 1997, « La confiance et la puissance. Vertus sociales et prospérité économique »

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La régulation amont de la transaction est assurée par la normalisation des opinions au sein de cette

communauté. L’opinion du réseau, voire de la communauté dans le cadre du Web 2.0, est donc primordiale

dans le choix d’accorder ou non sa confiance à un organisme.

Ce phénomène selon lequel un individu peut accorder sa confiance en fonction de la présence ex-ante

d’individus ayant eux-mêmes éprouvé le destinataire (sa loyauté, son implication, son intérêt) peut être vu

sous une autre forme. Prenons l’exemple d’un réseau social comme Facebook. Un internaute peut s’y

inscrire sur invitation de l’un des membres (comme c’est le cas sur tous les réseaux sociaux), qui l’aura alors

incité voir convaincu à rejoindre Facebook.

On parle d’externalité d’adoption (ou effet réseau), puisque chacun bénéficiera de la nouvelle inscription.

Pour le nouvel inscrit (qui bénéficiera lui d’une valeur ajoutée conséquente de la découverte de la

plateforme et des usages associés), cette inscription en mode « pull » revient à accélérer le processus

d’adhésion, et au final de confiance dans le réseau social. L’effet réseau, sous-tendu par la massification des

médias sociaux, est un vecteur de confiance. Si je m’inscris sur un réseau social, dans ce cas, c’est parce que

de nombreux inscrits sont déjà présents.

L’externalité d’adoption n’explique cependant pas pourquoi les early-adopters font confiance a priori dans

un tel système. La dimension de délégation prend alors tout son sens : pourquoi confier ses données

personnelles à un réseau social peu fréquenté, donc n’ayant pas encore acquis sa réputation ?

Premièrement, c’est l’usage traditionnel d’internet qui peut faire qu’un utilisateur franchira l’étape de

l’inscription, par curiosité. Ensuite, l’adoption est un équilibre délicat entre l’aspect chronophage de

l’apprentissage d’un nouvel outil, et les valeurs d’usages agrégeant notamment : l’ergonomie, la valeur des

contenus, les usages offerts en termes d’interactivité, de web social,…

Une fois une taille critique atteinte, les externalités d’adoption prennent le relais de la simple curiosité. Mais

le point de ce cas est que les inscriptions à l’origine ne sont pas le fruit d’une confiance totale et

bienveillante… C’est sous une forme transitive qu’elle apparaît : le nouvel inscrit a confiance en son »ami »

qui lui a confiance en la plateforme (confiance éprouvée dans le temps par une utilisation plus ou moins

régulière et intensive).

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I. 1. e. COMMENT S’ENTRETIENT-ELLE ?

Il convient de préciser que la confiance dans une relation se présente bien comme un processus continu, qui

a sa propre évolution. Puisqu’elle est un processus inscrit dans le temps, elle est aussi le fruit de la

réputation née des échanges entre émetteur et destinataire de la confiance. Lucien Kaprik8 écrit à ce

propos :

La confiance que les clients portent au producteur-vendeur est le produit de la

réputation que ce dernier a acquis, avec le temps, par le maintien de pratiques

loyales.

A ce titre dans l’entretien de la confiance, la transparence (que la traçabilité transcende) a toute son

importance. Jean-Michel Servet9 dit à ce propos :

Au-delà de la légitimité des règles et de la croyance dans l’autre, la transparence

entre ceux qui sont impliqués est ce qui permet de maintenir la confiance ;

transparence signifie ici un certain degré de savoir et d’information. La confiance

est impossible si l’information est nulle ; elle est inutile si l’information est parfaite

et totale.

8 Lucien Karpik, 2003, «Préface. Les fondements symboliques de la confiance» dans Vincent Mangematin et

Christian Thuderoz, “Des mondes de confiance. Un concept à l’épreuve de la réalité sociale”, 2004 9 Jean-Michel Servet, «Paroles données : le lien de confiance», Revue du Mouvement anti-utilitariste en

sciences sociales semestrielle 37 pp. 47-48, 1994

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Trust, Transparence et Traçabilité

I. 2. COMMENT MESURER LA CO

I. 2. a. COMMENT MESURER L

Partant de cette description initiale de la confiance selon ses acteurs, la distance les séparant, les dimensions

collectives,…, il est possible de proposer un continuum de confiance afin de la quantifier.

Christian Thuderoz établit ainsi un continuum de la confiance

Néanmoins, la quantification de la confiance doit passer par des disciplines telles que la neurobiologie, les

neurosciences cognitives, voire l’économie expérimentale pour s’opérer. Les avancées dans ce domaine sont

récentes, balbutiantes, et même controve

Dans un article10

publié dans Nature en 2005, Michael Kosfled a montré le rôle

de l’Oxytocine, une hormone peptidique, dans le mécanisme de confiance (le

paradigme étant d’observer l’influence d’une exposition à un sp

sur des clients d’un banquier quant à leur aptitude à vouloir investir une somme

d’argent). Cette étude a été vivement critiquée par Louis Quéré

arguant qu’il n’est pas question de confiance dans cette expérience, mais de

prise de risque individuelle.

En 2006, une étude12

neuro-cognitive a permis de montrer par IRM fonctionnelle

que la zone cérébrale active lors du don à un organisme de charité était identique

à celle activée lorsque l’on reçoit une récompense monétaire pure. De

mécanisme d’attachement à une cause active la même zone que lors d’un

attachement (ou aversion) sociologique.

Gardons uniquement à l’esprit qu’il existe un degré de confiance, vu ici de manière unidimensionnelle, dans

son intensité. La suite des travaux de Christian Thuderoz consiste à projeter la notion de confiance sur deux

axes qui la sous-tendent, approche qui s’avérera très pertinente pour prouver l’apport d’un écosystème 2.0

pour le don en ligne.

10 M.Kosfeld et al., «Oxytocin increases trust in hum11 Louis Quéré, «How could trust be restored to nature?», Intellectica, 12 Moll Jorge et al, “Human fronto–mesolimbic networks guide decisions about charitable donation”, 2006

Défiance Méfiance

Trust, Transparence et Traçabilité

C

OMMENT MESURER LA CONFIANCE ?

OMMENT MESURER L’INTENSITE DE LA CONFIANCE ?

iption initiale de la confiance selon ses acteurs, la distance les séparant, les dimensions

collectives,…, il est possible de proposer un continuum de confiance afin de la quantifier.

Christian Thuderoz établit ainsi un continuum de la confiance :

Néanmoins, la quantification de la confiance doit passer par des disciplines telles que la neurobiologie, les

neurosciences cognitives, voire l’économie expérimentale pour s’opérer. Les avancées dans ce domaine sont

récentes, balbutiantes, et même controversées.

publié dans Nature en 2005, Michael Kosfled a montré le rôle

de l’Oxytocine, une hormone peptidique, dans le mécanisme de confiance (le

paradigme étant d’observer l’influence d’une exposition à un spray d’Oxytocine

sur des clients d’un banquier quant à leur aptitude à vouloir investir une somme

d’argent). Cette étude a été vivement critiquée par Louis Quéré11

, sociologue,

arguant qu’il n’est pas question de confiance dans cette expérience, mais de

cognitive a permis de montrer par IRM fonctionnelle

que la zone cérébrale active lors du don à un organisme de charité était identique

à celle activée lorsque l’on reçoit une récompense monétaire pure. De plus, le

mécanisme d’attachement à une cause active la même zone que lors d’un

attachement (ou aversion) sociologique.

Gardons uniquement à l’esprit qu’il existe un degré de confiance, vu ici de manière unidimensionnelle, dans

travaux de Christian Thuderoz consiste à projeter la notion de confiance sur deux

tendent, approche qui s’avérera très pertinente pour prouver l’apport d’un écosystème 2.0

M.Kosfeld et al., «Oxytocin increases trust in humans», Nature, 2005

Louis Quéré, «How could trust be restored to nature?», Intellectica, 2007 mesolimbic networks guide decisions about charitable donation”, 2006

Méfiance Confiance

Citizenship 2.0 12

iption initiale de la confiance selon ses acteurs, la distance les séparant, les dimensions

collectives,…, il est possible de proposer un continuum de confiance afin de la quantifier.

Néanmoins, la quantification de la confiance doit passer par des disciplines telles que la neurobiologie, les

neurosciences cognitives, voire l’économie expérimentale pour s’opérer. Les avancées dans ce domaine sont

Gardons uniquement à l’esprit qu’il existe un degré de confiance, vu ici de manière unidimensionnelle, dans

travaux de Christian Thuderoz consiste à projeter la notion de confiance sur deux

tendent, approche qui s’avérera très pertinente pour prouver l’apport d’un écosystème 2.0

mesolimbic networks guide decisions about charitable donation”, 2006

Croyance

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Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 13

I. 2. b. COMMENT MESURER LA QUALITE DE LA CONFIANCE ?

La confiance est selon Thuderoz un concept qui peut être vu

comme bidimensionnel, puisqu’elle est en fait une dynamique

de coopération et de générosité entre individus dans la

société.

La relation sociale qui s’établit est en effet une transaction qui

peut comporter une part plus ou moins importante

d’altruisme, de don de soi, d’investissement, tout en étant plus

ou moins intense en matière de collaboration, d’entente et compréhension mutuelle.

A l’opposé de ces notions, on trouve de manière naturelle respectivement le conflit et l’intérêt. L’espace

dans lequel nous pouvons donc qualifier la confiance est donc représenté ci-dessous.

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Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 14

On voit donc apparaître 4 régimes de confiance, que Thuderoz qualifie comme suit :

La réciprocité

Ce régime d’intérêt conjoint vers la coopération vise à une

maximisation les gains des deux parties. L’intérêt prime devant la

dimension de la générosité, mais la coopération très forte permet

une transaction que les deux parties cherchent à optimiser.

La bienveillance L’altruisme prédomine dans ce rapport, même si concrètement, le

principe Rousseauiste du « travailler pour autrui, c’est travailler

pour soi » y trouve un espace d’interprétation idéal.

La confiance

mesurée

L’effort de confiance existe en dépit des situations de conflits, par

ailleurs structurantes. C’est par exemple la relation parent/enfant à

l’adolescence.

La confiance

calculée

Ici, l’intérêt prime, et les protagonistes ont intérêt à ne pas faire

confiance. La relation entre syndicats et patronat en est un exemple

symbolique.

Munis de ces définitions et analyse préliminaires sur la notion de confiance, nous abordons à présent le

couple transparence et traçabilité.

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Trust, Transparence et Traçabilité

II. TRANSPARENCE ET TRAÇABILITE

Un point essentiel de la confiance pour son entretien est la notion de

conscient et convaincu des motivations de destinataire de la confiance que celle

notion de transparence a un support t

transparence (sur les projets menés, sur l’organisation des actions, sur la structure de ses dépenses et

recettes), et la traçabilité (suivi concret des actions, fourniture de preuves)

Education

Trust, Transparence et Traçabilité

C

ILITE

Un point essentiel de la confiance pour son entretien est la notion de transparence

conscient et convaincu des motivations de destinataire de la confiance que celle

notion de transparence a un support triple : l’éducation (aux valeurs portées par l’organisme), la

(sur les projets menés, sur l’organisation des actions, sur la structure de ses dépenses et

(suivi concret des actions, fourniture de preuves).

Transparence Traçabilité

Citizenship 2.0 15

transparence, puisque c’est en étant

conscient et convaincu des motivations de destinataire de la confiance que celle-ci peut perdurer. Cette

(aux valeurs portées par l’organisme), la

(sur les projets menés, sur l’organisation des actions, sur la structure de ses dépenses et

Traçabilité

Page 16: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

II. 1. EDUCATION

II. 1. a. UNE EVIDENCE

Cette première dimension est essentielle puisqu’elle reflète le premier contact qu’ont les donateurs avec les

organismes. Cette dimension éducative consiste à présenter ce que François Rousseau

de l’organisme non-profit : sa raison d’être, ses valeurs, son ambition, son objectif à court, moyen et long

terme.

Il convient de former les donateurs

aux enjeux humanitaires que

défend l’ONG. Ces explications de

fonds peuvent notamment être

dans le cadre des Objectifs du

Millénaire pour le

Développement14, apportant à la

fois les chiffres sur l’état des lieux,

les objectifs à atteindre, et les

délais à respecter.

La plupart des sites des grandes

ONG sont très détaillées à ce sujet,

l’exercice n’étant pas si complexe à

faire puisqu’il ne revient qu’à

formaliser la raison d’être de

l’organisme.

Parfois, certaines ONG font dans ce

domaine des efforts de pédagogie

remarquables. Notons l’exemple de

Médecins Sans Frontières, ayant un espac

dédié à ses activités médicales15 (ci-

et y détaillant les différentes maladies

auxquelles elle fait face sur le terrain

13 François Rousseau, L'organisation militante, Revue Internationale de l’Économie Sociale, RECMA, n° 303, mars 2007, pp.44-66 14 http://www.mdgmonitor.org 15 http://www.msf.fr/?page=medical&section=4&title=activites

Trust, Transparence et Traçabilité

C

NE EVIDENCE

Cette première dimension est essentielle puisqu’elle reflète le premier contact qu’ont les donateurs avec les

organismes. Cette dimension éducative consiste à présenter ce que François Rousseau

: sa raison d’être, ses valeurs, son ambition, son objectif à court, moyen et long

Il convient de former les donateurs

aux enjeux humanitaires que

défend l’ONG. Ces explications de

ment être

dans le cadre des Objectifs du

Millénaire pour le

, apportant à la

fois les chiffres sur l’état des lieux,

les objectifs à atteindre, et les

La plupart des sites des grandes

ONG sont très détaillées à ce sujet,

l’exercice n’étant pas si complexe à

faire puisqu’il ne revient qu’à

formaliser la raison d’être de

Parfois, certaines ONG font dans ce

domaine des efforts de pédagogie

remarquables. Notons l’exemple de

Médecins Sans Frontières, ayant un espace

-contre),

et y détaillant les différentes maladies

auxquelles elle fait face sur le terrain.

François Rousseau, L'organisation militante, Revue Internationale de l’Économie Sociale, RECMA, n° 303,

http://www.msf.fr/?page=medical&section=4&title=activites-medicales

Citizenship 2.0 16

Cette première dimension est essentielle puisqu’elle reflète le premier contact qu’ont les donateurs avec les

organismes. Cette dimension éducative consiste à présenter ce que François Rousseau13 appelle le « mythe »

: sa raison d’être, ses valeurs, son ambition, son objectif à court, moyen et long

François Rousseau, L'organisation militante, Revue Internationale de l’Économie Sociale, RECMA, n° 303,

Page 17: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

II. 1. b. GEOHUMANITAIRE

Dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), on trouve sur

représentation géographique. De nombreux spots apparaissent sur le globe, détaillant des projets locaux de

développement, mis en lumière dans le cadre des

OMD.

Au-delà de l’ergonomie que confère Google Earth, la

valeur ajoutée est double : découvrir la planète, sa

population, sa situation socio-économique, bref,

s’offrir une belle leçon de géographie, et comprendre

les enjeux de développement et les objectifs que la

déclaration du Millenium17 a fixés.

Cette représentation géographique e

service très souple, facile à déployer. Google offre 2

entrées à son service :

• un format de place nommée KMZ

souple d’utilisation19

• une API (Application program Interface)

dédiée20, pour l’inclusion sur des sites Web.

II. 1. c. SERIOUS GAME

Une pratique innovante existe, et a l’immense intérêt de s’orienter vers la jeunesse, ce qui rend cette

initiative particulièrement forte en termes d’impact à moyen et long terme. Il s’agit du Serious Game (jeu

sérieux).

Le principe consiste à utiliser des ressor

vue d’une intention sérieuse, qu’elle soit «

idéologique ou d'entraînement »21.

Certains d’entre eux, appelés « Serious Games Grand

Causes » (en annexe), consistent à aborder des

problématiques sociétales, médicales, humanitaires,…

« Food Force22 », serious game financé par la fondation

Ubisoft en 2005 pour le « World Food Program

premier d’entre eux, et reste une référenc

16 http://earth.google.fr/ 17 http://www.un.org/millenniumgoals/18 http://en.wikipedia.org/wiki/Keyhole_Markup_Language19 http://earth.google.fr/outreach/tutorial_kmz.html20 http://code.google.com/apis/earth/21 http://fr.wikipedia.org/wiki/Serious_game22 http://www.food-force.com/

Trust, Transparence et Traçabilité

C

EOHUMANITAIRE

Dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), on trouve sur

représentation géographique. De nombreux spots apparaissent sur le globe, détaillant des projets locaux de

développement, mis en lumière dans le cadre des

delà de l’ergonomie que confère Google Earth, la

: découvrir la planète, sa

économique, bref,

s’offrir une belle leçon de géographie, et comprendre

les enjeux de développement et les objectifs que la

Cette représentation géographique est un web-

service très souple, facile à déployer. Google offre 2

un format de place nommée KMZ18, très

une API (Application program Interface)

l’inclusion sur des sites Web.

AME

que innovante existe, et a l’immense intérêt de s’orienter vers la jeunesse, ce qui rend cette

initiative particulièrement forte en termes d’impact à moyen et long terme. Il s’agit du Serious Game (jeu

Le principe consiste à utiliser des ressorts ludiques tels ceux déployés par les jeux vidéos traditionnels, en

vue d’une intention sérieuse, qu’elle soit « pédagogique, informative, communicationnelle, marketing,

Serious Games Grandes

» (en annexe), consistent à aborder des

problématiques sociétales, médicales, humanitaires,…

», serious game financé par la fondation

World Food Program », est le

premier d’entre eux, et reste une référence en la

http://www.un.org/millenniumgoals/ http://en.wikipedia.org/wiki/Keyhole_Markup_Language http://earth.google.fr/outreach/tutorial_kmz.html

code.google.com/apis/earth/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Serious_game

Citizenship 2.0 17

Dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), on trouve sur Google Earth16 leur

représentation géographique. De nombreux spots apparaissent sur le globe, détaillant des projets locaux de

que innovante existe, et a l’immense intérêt de s’orienter vers la jeunesse, ce qui rend cette

initiative particulièrement forte en termes d’impact à moyen et long terme. Il s’agit du Serious Game (jeu

ts ludiques tels ceux déployés par les jeux vidéos traditionnels, en

pédagogique, informative, communicationnelle, marketing,

Page 18: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 18

matière. Le joueur peut prendre le rôle d’un humanitaire dans des missions allant de la distribution de colis

humanitaires (image ci-contre) au repérage en hélicoptère de populations en exil lors d’un conflit armé.

L’immersion permet à la fois de comprendre la nécessité d’une action humanitaire, les moyens nécessaires à

sa réalisation, et les difficultés opérationnelles sous-jacentes. A court terme, un choc peut ainsi être

provoqué, défaut de pouvoir vivre concrètement la situation. Ce choc doit être envisagé comme un prétexte

au don (voire micro-don vu la population ciblée). A moyen et long terme, c’est une initiative responsable,

puisqu’elle consiste à ancrer dans les esprits les ressorts de l’action humanitaire, participant aux joueurs de

se forger une identité de Citoyen.

Page 19: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

II. 2. TRANSPARENCE

II. 2. a. UN ACQUIS

Au sens des ONG, la transparence repose

essentiellement sur la diffusion claire et

intelligible des comptes emplois

ressources. Ainsi, la structure de

financement (part entre subventions

publics, mécénat et dons privés) et les

dépenses (frais de gestion, frais de

marketing, dépenses pour les actions

opérationnelles) sont le plus souvent très

accessibles.

Ci-contre, une capture du site de la Croix

Rouge23.

On note aussi la mise en avant du label du

Comité de la Charte pour le Don en

Confiance24, certifiant une tenue des

comptes et une gestion respectant sa charte de déontologie. Ce tiers de confiance est comme expliqué dans

la partie précédente un atout conséquent, d’autant qu’il est réputé. Cette réputation vient à la fois de

l’expérience du Comité (20 ans) dans cette expertise, signe d’une activité professionnelle sous

des poids lourds présents dans la liste (CARE, Perce

La pratique de transparence sur la comptabilité est également

présente chez des organismes hors France, comme par exemple pour

Unitaid.25

23 http://www.croix-rouge.fr/La-Croix24 http://www.comitecharte.org/ 25 http://www.unitaid.eu/images/news/annual_report_2008_en.pdf

Trust, Transparence et Traçabilité

C

Au sens des ONG, la transparence repose

essentiellement sur la diffusion claire et

intelligible des comptes emplois-

ressources. Ainsi, la structure de

financement (part entre subventions

publics, mécénat et dons privés) et les

rais de

marketing, dépenses pour les actions

opérationnelles) sont le plus souvent très

contre, une capture du site de la Croix

On note aussi la mise en avant du label du

Comité de la Charte pour le Don en

e tenue des

comptes et une gestion respectant sa charte de déontologie. Ce tiers de confiance est comme expliqué dans

la partie précédente un atout conséquent, d’autant qu’il est réputé. Cette réputation vient à la fois de

ans cette expertise, signe d’une activité professionnelle sous

des poids lourds présents dans la liste (CARE, Perce-neige, Handicap international, Action Contre la Faim,…).

La pratique de transparence sur la comptabilité est également

chez des organismes hors France, comme par exemple pour

Croix-Rouge/La-Croix-Rouge-francaise/Ressources

http://www.unitaid.eu/images/news/annual_report_2008_en.pdf

Citizenship 2.0 19

comptes et une gestion respectant sa charte de déontologie. Ce tiers de confiance est comme expliqué dans

la partie précédente un atout conséquent, d’autant qu’il est réputé. Cette réputation vient à la fois de

ans cette expertise, signe d’une activité professionnelle sous-jacente, et

neige, Handicap international, Action Contre la Faim,…).

Page 20: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 20

II. 2. b. L’ONG SUR LE TERRAIN

La transparence a une composante visuelle forte, au-delà de la simple analogie optique. Etre transparent,

c’est aussi pouvoir montrer où l’ONG est engagée, qu’il s’agisse d’un processus informationnel ou

d’argumentation en écho à une vision (Pour la Croix Rouge : « all over the world, round the corner »).

A titre d’exemples,

citons l’association

Médecins Sans

Frontières qui

détaille sur une carte

l’ensemble des pays

où elle est engagée.

A nouveau, Unitaid

propose aussi une telle

initiative, avec sur son site

une carte des pays listant

les axes sur lesquels les

fonds collectés par la taxe

Chirac, dans le cadre des

financements innovants26

pour les Objectifs du

Millénaire pour le

Développement.

Une carte peut sembler bien mince en matière de transparence, mais tout média doit être utilisé en fonction

de ses valeurs d’usages (en l’occurrence, ergonomie et interactivité).

26 http://www.unitaid.eu/images/NewWeb/innofinen.pdf

Page 21: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 21

II. 2. c. STORYTELLING

Le storytelling consiste à matérialiser l’annonce d’une action réalisée par une ONG, comme la distribution de

médicaments, la construction de bâtiments publics (écoles, cliniques,...), par un témoignage d’une partie

prenante directement liée à cette action.

La caractéristique principale du storytelling est d’être plus vivant, plus agrébable à lire, et donc plus

impactant.

De l’utilisation classique d’un reportage incluant plusieurs témoignages27 pour avoir une vue globale d’un

projet, à des utilisations moins journalistiques, le storytelling est un élément clé de transparence. En effet,

un témoignage d’une personne fragile ayant bénéficié du soutien d’une ONG est doublement plus impactant

qu’un témoignage d’une heureuse consommatrice anonyme vantant les mérites de sa nouvelle lessive.

Premièrement, il est une première preuve de l’action. Ensuite, si le storytelling met en avant des personnes

bénéficiaires de l’aide, il constitue une évaluation externe de l’action de l’ONG (ce qui ajoute une

composante de tiers de confiance).

Il y a deux limites conséquentes au storytelling. En premier lieu, le storytelling ne manipule que des

informations quantifiables (on ne peut donc pas parler de traçabilité). De plus, l’authenticité du témoignage

peut être mise en cause.

Un arbitrage est à opérer entre une approche du témoignage unique, concis, percutant (et son risque de

slogan publicitaire fondé sur une contrefaçon) et une approche plus journalistique rigoureuse et détaillée

(mais noyant le message dans les éléments de précision, et donc altérant l’impact du message).

La quête d’authenticité (telle qu’avancée par Michael Welsch) des contenus sur Internet, où les contenus

trop lisses et marketés sont suspects, doit être un argument pour militer en faveur d’un storytelling

authentique, s’appuyant sur les terminaux mobiles et de l’ubiquité associée. Selon la direction de la

communication de la Croix Rouge, le storytelling est une activité très chronophage et coûteuse.

Or aujourd’hui, prendre une photo d’un appareil mobile, et l’uploader sur le réseau (par courrier

électronique, oumême aujourd’hui sur des sites de partage de photos) prend à peine quelques minutes

selon le débit de la connexion. La qualité des clichés est alors critiquée. Mais quand le marché des

téléphones portables propose désormais en standard des capteurs mégapixels (suffisants pour des tirages

papier traditionnels 10x15cm²), et quand on sait que l’authenticité des contenus est très appréciée sur le

Web, l’argument ne tient plus.

Ainsi, la structure concurrentielle de l’output « Transparence » pour les ONG a permis d’atteindre une

qualité élevée, tant sur la précision des données que sur leur intelligibilité pour le grand public. Les leviers de

transparence ne sont donc pas à ce niveau de transparence financière.

27 Des bénévoles comme chez Médecins du Monde : http://www.medecinsdumonde.org/fr/temoignages, de chercheurs comme à l’AFM (Association Française contre les myopathies) : http://www.afm-france.org/ewb_pages/e/exclusivites_telethon-virage_traitements.php

Page 22: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 22

II. 3. TRAÇABILITE

II. 3. a. UN IDEAL

Rendre complètement compte au donateur de son activité implique de prouver techniquement chacune de

ses actions. Dans l’idéal, il s’agit de tracer un don du moment où il est réalisé, jusqu’à sa conversion

concrète sur le terrain. Par exemple, un donateur verrait son don converti en achat d’une boîte de

médicaments, qu’il pourrait suivre (par mapping sur Google Earth ou Google Maps par exemple) jusqu’à sa

livraison dans un dispensaire dans le tiers-monde.

Cette traçabilité peut être matérielle, monétaire ou financière.

Ce point des 3T est le plus sensible, il convient donc de discuter de cette potentielle innovation dans l’action

humanitaire.

II. 3. b. ETAT DE LA TRAÇABILITE

La traçabilité a pris ses lettres d’or auprès du grand public lors de la crise de la vache folle. En réponse,

l’industrie bovine amis en place un système de traçabilité allant de la production au point de vente. Une

simple étiquette posée sur une oreille du bovin permet de l’identifier, couplé à un identifiant de cheptel et

un identifiant lors de l’abattage. Un identifiant composite est alors marqué sur toutes les pièces issues de

l’abattage, qui permet jusqu’aux circuits de distribution (grandes surfaces, restaurants,…) de retrouver de

manière univoque quel est l’animal dont elles sont issues.

Nombre d’ONG exercent dans le domaine de la santé. Bien que ce cas de la traçabilité pharmaceutique

humanitaire soit un problème à part entière, donnons quelques éléments afin d’illustrer les nombreuses

difficultés sous-jacentes.

En 2006, l’OMS a évalué la quantité de médicaments contrefaits entre 7 et 10% dans le monde, dépassant

30% dans certains pays du tiers-monde28. Tandis que la contrefaçon s’appuie sur Internet dans les pays

développés comme canal d’importation parallèle, le tiers-monde la subit par le crime organisé. Face à ce

fléau médical (les médicaments contrefaits, quand ils ne sont pas ou peu actifs, peuvent aussi contenir des

molécules aux effets secondaires tragiques), la mise en place d’une chaîne de la traçabilité (et donc

d’authentification) est indispensable.

L’utilisation de puces RFID, de codes-barres 2D, etc. permet de suivre la progression de l’acheminement des

médicaments, à condition que la chaîne logistique soit entièrement en place, jusqu’au lieu ultime de

distribution. Le Viagra (Laboratoires Pfeizer), en raison du taux élevé de contrefaçon le concernant, a été le

premier médicament à bénéficier d’un système de traçabilité par puce RFID, en Janvier 2006. C’est un

mouvement très récent, et cantonné à des médicaments ayant à la fois un coût élevé et un fort taux de

contrefaçon.

Tout d’abord, le coût relatif de la technologie n’est pas forcément négligeable par

rapport au prix moyen du médicament (3€ selon Sanofi-Aventis). En France, ce

surcoût a même écarté la technologie RFID pour l’impératif de traçabilité

28 http://www.who.int/medicines/services/counterfeit/impact/ImpactF_S/en/index.html

Page 23: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

qu’imposera29 l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits

tous les médicaments soumis à l’Autorisation de Mise sur le Marché en France devront disposer d’une

authentification Data Matrix30 (code

Quel est le rôle d’une ONG dans cette mutation de la supply

d’influence ? Quelle est la plus-value de la traçabilité pour elles

On éludera les deux premières questions, tout en émettant de fortes réserves quant à leur rôle dans ce

processus de coordination international. Bien que lé

pas pour la même cause : l’enjeu n’est pas tant de proclamer la protection des populations les plus faibles,

mais une protection des intérêts économiques de l’industrie pharmaceutique. La traçabilité de

médicaments pour les ONG médicales sera plutôt un dividende d’une coordination globale du suivi des

médicaments.

Un niveau intermédiaire à la traçabilité matérielle ultime (celle de l’identification en tout point de la chaîne

d’un produit) est la notion d’authentification

(ce qui permettrait au donateur de voir où se trouve son don), il peut être plus judicieux de considérer un

processus également basé sur une identification, qui n’aurait

par une traçabilité à deux points (production/ lieu de consommation).

Par exemple, le système mPedigree

l’authenticité de médicaments par l’utilisateur final, qui se réalis

simple envoi du code (pedigree) situé sur le récipient par SMS. Vu le

taux élevé de pénétration du téléphone mobile dans certains pays du

tiers monde, il est tout à fait envisageable de déployer cette solution.

La traçabilité, celle concernant le sui

qui derrière ses promesses cache une inadaptation structurelle des organisations humanitaires (black

la comptabilité, temps d’absorption des dons avant emploi), et un usage qui p

donateurs qui pourraient souhaiter que plus de médicaments soient achetés au lieu de financer un surcoût

logistique.

29 JORF n°64 du 16 mars 2007 30 http://www.gs1.fr/gs1_fr/assistance_technique/les_codes_a_barres_gs1/le_code_a_barres_gs1_datamatrix31 http://www.mpedigree.org/

Trust, Transparence et Traçabilité

C

l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé). Au 1

tous les médicaments soumis à l’Autorisation de Mise sur le Marché en France devront disposer d’une

(code-barres 2D).

Quel est le rôle d’une ONG dans cette mutation de la supply-chain pharmaceutique ? Quel est leur pouvoir

value de la traçabilité pour elles ?

On éludera les deux premières questions, tout en émettant de fortes réserves quant à leur rôle dans ce

processus de coordination international. Bien que légitimes en tant qu’intermédiaires, les ONG ne luttent

: l’enjeu n’est pas tant de proclamer la protection des populations les plus faibles,

mais une protection des intérêts économiques de l’industrie pharmaceutique. La traçabilité de

médicaments pour les ONG médicales sera plutôt un dividende d’une coordination globale du suivi des

Un niveau intermédiaire à la traçabilité matérielle ultime (celle de l’identification en tout point de la chaîne

authentification. Au lieu de scanner un médicament en tout point de la chaîne

(ce qui permettrait au donateur de voir où se trouve son don), il peut être plus judicieux de considérer un

processus également basé sur une identification, qui n’aurait pour but que de certifier la qualité du produit,

par une traçabilité à deux points (production/ lieu de consommation).

mPedigree31 est une solution de contrôle de

l’authenticité de médicaments par l’utilisateur final, qui se réalise par

simple envoi du code (pedigree) situé sur le récipient par SMS. Vu le

taux élevé de pénétration du téléphone mobile dans certains pays du

tiers monde, il est tout à fait envisageable de déployer cette solution.

La traçabilité, celle concernant le suivi du matériel Humanitaire, est un projet extrêmement ambitieux, mais

qui derrière ses promesses cache une inadaptation structurelle des organisations humanitaires (black

la comptabilité, temps d’absorption des dons avant emploi), et un usage qui pourrait être décrié par les

donateurs qui pourraient souhaiter que plus de médicaments soient achetés au lieu de financer un surcoût

http://www.gs1.fr/gs1_fr/assistance_technique/les_codes_a_barres_gs1/le_code_a_barres_gs1_datamatrix

Citizenship 2.0 23

de Santé). Au 1er Janvier 2011,

tous les médicaments soumis à l’Autorisation de Mise sur le Marché en France devront disposer d’une

tique ? Quel est leur pouvoir

On éludera les deux premières questions, tout en émettant de fortes réserves quant à leur rôle dans ce

gitimes en tant qu’intermédiaires, les ONG ne luttent

: l’enjeu n’est pas tant de proclamer la protection des populations les plus faibles,

mais une protection des intérêts économiques de l’industrie pharmaceutique. La traçabilité des

médicaments pour les ONG médicales sera plutôt un dividende d’une coordination globale du suivi des

Un niveau intermédiaire à la traçabilité matérielle ultime (celle de l’identification en tout point de la chaîne

. Au lieu de scanner un médicament en tout point de la chaîne

(ce qui permettrait au donateur de voir où se trouve son don), il peut être plus judicieux de considérer un

pour but que de certifier la qualité du produit,

vi du matériel Humanitaire, est un projet extrêmement ambitieux, mais

qui derrière ses promesses cache une inadaptation structurelle des organisations humanitaires (black-box de

ourrait être décrié par les

donateurs qui pourraient souhaiter que plus de médicaments soient achetés au lieu de financer un surcoût

http://www.gs1.fr/gs1_fr/assistance_technique/les_codes_a_barres_gs1/le_code_a_barres_gs1_datamatrix

Page 24: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 24

Atouts Limites

� Instantanéité et automatisation du reporting, puisqu’une traçabilité ultime ferait entrer l’ONG dans l’ère de l’Interne des Objets32 (où chaque objet tracé est visible sur le réseau)

� Gains en authentification, augmentant la qualité (en termes de santé et de sécurité) de l’aide apportée aux personnes fragiles

� Surcoût logistique, couplé aux freins d’adoption sur toute la chaîne allant de la production à la distribution des produits

� Pertinence, du moins dans l’approche « un don – un médicament que je peux suivre », en raison du délai d’absorption des dons bien trop élevé (généralement de 1 à 2 ans) entre réception du don et achat de matériel (perte de sens sur internet)

� Vampirisation, c'est-à-dire qu’un accident pourrait prendre des proportions démesurées puisqu’il serait aussitôt mis au jour

Les ONG sont sans doute mal placées à l’heure actuelle pour pousser cette technologie. La traçabilité

matérielle idéale, même si elle peut être un objectif à moyen ou long terme (le temps que l’industrie s’en

empare), n’est pas un enjeu crucial aujourd’hui. Non seulement les donateurs peuvent comprendre qu’une

ONG n’est pas un acteur de qui l’on peut aujourd’hui exiger la traçabilité, mais la plus-value en terme

d’accountability (le rendre-compte) ne serait qu’agrégée dans un indice évaluant la quantité de matériel

correctement acheminé. Face à cela, les frais de fonctionnements des ONG resteront encore le meilleur

moyen d’évaluer l’efficacité d’une ONG (en annexe)…

Il faut replacer ce problème dans l’état actuel du fonctionnement des ONG. Entre le don et le matériel

d’action se situe une black-box. Au-delà du délai de la conversion, il n’y a pas d’earmarking (affectation d’un

don sur un des emplois de l’organisme). Certaines collectes d’urgence, comme pour le Tsunami montre le

problème sous-tendu par un earmarking. Parfois, trop de fonds peut contribuer à aggraver une situation

(fournir des colis alimentaires nuisent aux producteurs locaux). Ceci s’est notamment observé lorsque

Médecins Sans Frontières a demandé à ses donateurs de cesser leurs dons pour le Tsunami, et leur a

proposé33 de les rembourser s’ils refusaient une réaffectation de dons sur des crises oubliées (seuls 0.02%

des dons pour le Tsunami à MSF ont été remboursés).

Pour le donateur, la plus-value pour l’image de l’ONG (et au fond, de confiance) serait que la traçabilité, dans

sa dimension d’authentification et de lutte contre la fraude, serait l’affirmation du caractère non contrefait

(et donc d’efficacité humanitaire) des produits qu’elle achemine sur le terrain.

32 « L’internet des Objets, quels enjeux pour les européens ? », PJ Benghozi, S. Bureau, F. Massit-Folléa, 2008, http://www.voxinternet.org/IMG/pdf/IdO.pdf 33 http://www.msf.fr/2008/01/22/260/les-chiffres-des-fonds-affectes-au-tsunami-section-francaise-de-msf/

Page 25: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 25

II. 3. c. TRAÇABILITE MONETAIRE

Le problème dual de la traçabilité monétaire est la lutte contre la fraude. Le degré de traçabilité monétaire

est donc directement lié à la qualité de la sécurisation de la transaction. Tout comme les ONG ne peuvent

pas facilement pousser technologiquement les standards de l’industrie pharmaceutique, l’état de la

cryptographique des e-transactions sur les sites des ONG peut difficilement dépasser ceux de blockbusters

du e-commerce comme Amazon.

Des systèmes reconnus comme Paypal34 ou les solutions de cryptage standards du e-commerce (protocoles

de cryptage SSL35) sont des gages de sécurité. Ces marques jouent d’ailleurs dans la relation donateur-ONG

le rôle de tiers de confiance, leur logo étant présenté par les ONG comme un label.

II. 3. d. TRAÇABILITE FINANCIERE

Il est très difficile de tracer les flux financiers. Une fois que l’organisme suit le plan comptable général, on

peut déployer des progiciels ERP (Enterprise Ressource Planning) visant à structurer est suivre les

mouvements de fonds.

Mais quel est l’apport d’une telle traçabilité quand un don prend 1 à 2 ans avant d’être effectivement

débloqué pour une dépense ? Faible. Et dans un contexte web, nul.

De plus, les détournements de fonds, la corruption, etc., restent des enjeux délicats notamment dans les

pays bénéficiant de programmes d’aide publique au développement36, auxquels une traçabilité des flux

financiers saurait difficilement répondre.

Néanmoins, depuis le plan de relance américain, une traçabilité des investissements très médiatisée à

l’échelle des Etats-Unis a été mise en place.

34 http://www.paypal.fr/ 35 http://www.verisign.fr/ssl/ 36 Guillaume Olivier, “L’aide publique au développement : un outil à réinventer”, Édition Charles Léopold Mayer

Page 26: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

L’administration Obama a lancé le site recovery.gov,

montrant sur une carte les montants alloués au plan de

relance américain. Les chiffres sont aussi disponibles par

secteurs.

Il s’agit en premier lieu des intentions économiques, ce qui

est plus du ressort de la transparence. Mais un reporting

dont les premiers chiffres seront récoltés en Septembre

prouvera les sommes allouées par notifications des

bénéficiaires.

Dès Septembre 2009, les différentes parties prenantes des

contrats de relance retenus devront fournir un reporting

détaillé auprès de l’administration américaine des sommes

effectivement perçues.

Là, le fonctionnement de ce dispositif est beaucoup plus encourageant pour les ONG voulant montrer une

traçabilité financière, au vu de l’échelle de l’initiative américaine. Tous les projets des ONG ne sont pas des

projets d’Urgence (d’ailleurs, rien n’empêche de les inclure dans

missions sont réalisés et également suivis par des membres de ces organisations sur le terrain. Couplé à

l’ergonomie de cartes, ce suivi en temps quasi

levier de traçabilité aujourd’hui accessible et pertinent pour la traçabilité des dons

Trust, Transparence et Traçabilité

C

Présentation

L’administration Obama a lancé le site recovery.gov,

montrant sur une carte les montants alloués au plan de

relance américain. Les chiffres sont aussi disponibles par

des intentions économiques, ce qui

est plus du ressort de la transparence. Mais un reporting

dont les premiers chiffres seront récoltés en Septembre

prouvera les sommes allouées par notifications des

La société Onvia a proposé une initiativ

recovery.org, en proposant la première traçabilité du plan

de relance par l’étude des données disponibles sur

internet et publications papiers.

Ils s’appuient sur une expertise dans le suivi des appels

d’offres publics, d’analyse concurrentiel

marchés, en monétisant auprès d’entreprises des fichiers

de ressources publiques mais non agrégés sur le Web.

Méthodologie

Dès Septembre 2009, les différentes parties prenantes des

contrats de relance retenus devront fournir un reporting

détaillé auprès de l’administration américaine des sommes

Le dispositif fonctionne en analysant précisément les

appels d’offres publics diffusés (récolte manuelle de

données sur Internet et dans la presse).

ce dispositif est beaucoup plus encourageant pour les ONG voulant montrer une

traçabilité financière, au vu de l’échelle de l’initiative américaine. Tous les projets des ONG ne sont pas des

projets d’Urgence (d’ailleurs, rien n’empêche de les inclure dans une telle approche).Des budgets pour des

missions sont réalisés et également suivis par des membres de ces organisations sur le terrain. Couplé à

l’ergonomie de cartes, ce suivi en temps quasi-réel (moyennant un reporting des équipes sur place) est un

er de traçabilité aujourd’hui accessible et pertinent pour la traçabilité des dons.

Citizenship 2.0 26

La société Onvia a proposé une initiative similaire,

recovery.org, en proposant la première traçabilité du plan

de relance par l’étude des données disponibles sur

internet et publications papiers.

Ils s’appuient sur une expertise dans le suivi des appels

d’offres publics, d’analyse concurrentielle sur ces

marchés, en monétisant auprès d’entreprises des fichiers

de ressources publiques mais non agrégés sur le Web.

Le dispositif fonctionne en analysant précisément les

appels d’offres publics diffusés (récolte manuelle de

données sur Internet et dans la presse).

ce dispositif est beaucoup plus encourageant pour les ONG voulant montrer une

traçabilité financière, au vu de l’échelle de l’initiative américaine. Tous les projets des ONG ne sont pas des

une telle approche).Des budgets pour des

missions sont réalisés et également suivis par des membres de ces organisations sur le terrain. Couplé à

réel (moyennant un reporting des équipes sur place) est un

Page 27: Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité

Trust, Transparence et Traçabilité Citizenship 2.0 27

III. POUR L’IDENTITE NUMERIQUE DES DONATEURS

III. 1. TRAÇABILITE DES DONATEURS ET IDENTITE NUMERIQUE

La traçabilité matérielle n’est peut-être pas la première étape dans ce processus de mise en place de la

traçabilité. Si elle était la preuve de la force considérable d’innovation de la part des ONG qui la

déploieraient, elle n’en serait pas moins précipitée. Est-ce à des organismes non-profit de financer par

exemple un tel déploiement de puces RFID pour tracer toutes les boîtes de médicaments distribuées, alors

que les supply-chains de l’industrie pharmaceutique des pays développés n’y sont pas encore converties ?

Quel est le gain réel de confiance que cette traçabilité matérielle apporterait au donateur ? A quels risques

s’exposent les ONG dans ce projet ? Face à ces nombreux doutes, la conviction de devoir mettre

(temporairement) cette traçabilité matérielle de côté est forte.

Nous avons vu que la traçabilité peut avoir lieu sur différents points de la chaîne du don. La transaction

online est déjà sécurisée, les actions, si elles ne sont pas tracées matériellement, sont toutefois

transparentes. Les financements de projets sont traçables techniquement, en suivant le cas de Recovery.org.

Mais en amont de la chaîne du don, avons-nous déjà parlé de tracer le donateur ? Nous avons vu que la

notion de confiance implique un lien étroit, d’autant plus que l’on évolue dans un environnement virtuel. Or

aujourd’hui, le seul lien existant entre le donateur et l’ONG à laquelle il a accordé un don est un mail de

remerciement (non personnalisé), et un contact ultérieur sous forme d’une newsletter. Nous proposons, en

parallèle d’une transparence modernisée (en tirant profit de l’utilisation facilitée du reporting d’informations

du terrain, messages, photos, vidéos,…, et d’une traçabilité financière similaire au plan de relance

américain), d’accorder au donateur une réelle identité numérique.

Tracer les donateurs est bien plus simple aujourd’hui, innovant (sur le Web des ONG) et potentiellement un

levier de confiance et de mobilisation aisément accessible. La traçabilité implique de donner une identité aux

éléments que l’on souhaite suivre, ainsi, fournir une identité numérique aux donateurs en est la clé. Tout

comme Amazon fournit un compte client à ses e-acheteurs, les ONG doivent fournir un compte donateur à

leurs soutiens individuels.

Son identité numérique permettra d’enregistrer (le CRM aidant) l’état civil du donateur, sa géolocalisation,

les dons réalisés, les dates d’action, les sujets de prédilection du donateur (suivi de sa navigation),… La

transparence créée sera gage de confiance, puisque le donateur ne sera plus un internaute comme un autre,

mais le donateur dont on sait le patronyme et les efforts pour lutter pour les plus grandes causes

humanitaires.

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III. 2. MYTHE, RITE, TRIBU… ET DONATEUR

Quelle est la place du donateur dans des organismes tels que des ONG ? Actuellement, il n’est que

contributeur financier, ce qui le place au rang de simple ressource. Pour appuyer l’argument de l’identité

numérique du donateur, nous en appelons à la théorie de l’Organisation Militante37 de François Rousseau.

François Rousseau, chercheur à l’Ecole de Paris, milite pour une grille de lecture propre aux organismes de

solidarité (mutuelle, associations, ONG,…). Ces organismes, en plus de la gestion de flux financiers et

matériels à gérer (comme une entreprise traditionnelle), doivent en plus gérer le sens de son action.

Cette théorie repose sur un triptyque "Mythe, rites et tribus" :

� Mythe : renvoie au projet inaccessible, tel qu'éradiquer la pauvreté dans le monde, c'est l'intention

poursuivie

� Rites : actions tangibles déployées par l'organisation

� Tribus : collectif des militants réalisant les rites permettant de les reconnaître, et portés par le mythe

La représentation de ce triptyque est la suivante :

Le triangle représente l’impact sociétal, tangible, de

l’organisation. Le cercle circonscrit représente le

sens, dans sa dimension intangible.

Par exemple, l'association "les Restos du Cœur", qui

pourrait être vue comme une entreprise de

restauration collective vu le nombre de repas qu'elle

distribue (80 millions de repas en hiver 2006/2007),

doit bien être analysée par cette grille. Le mythe est

celui que Coluche a posé à la création, celui que

personne ne doit avoir faim dans le monde. Il a

personnifié de manière tangible ce mythe. Les rites

sont ceux de la distribution de repas (dimension

tangible du service), créant du lien social entre

bénévoles et bénéficiaires. La tribu est celle des

bénévoles qui collectivement distribuent des repas,

sachant que chacun a des raisons qui lui sont propres

d'agir.

Ainsi, le triangle représente les outputs (résultats) de l’organisme, et le cercle, ses outcomes (effets).

Dans ce cadre, le donateur n’est plus considéré comme input. Il partage le mythe (passage à l’acte du don), il

peut donc faire partie de la tribu, grâce à l’élaboration de rites qui lui sont propres.

Pour ce faire, nous devons expliciter la méthode à adopter pour dépasser le stade de simples ressources

pour l’ONG.

37 François Rousseau, L'organisation militante, Revue Internationale de l’Économie Sociale, RECMA, n° 303, mars 2007, pp.44-66

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III. 3. LE MODELE CITIZENSHIP 2.0

Nous introduisons le modèle « Citizenship 2.0 ». La question derrière la problématique de confiance et de

traçabilité des dons touche directement à l’implication de citoyens pour une cause. Nous affirmons qu’un

écosystème fondé sur un réseau social de donateurs autour de la cause défendue par une organisation

non-profit est le vecteur d’une nouvelle relation de confiance.

En plus de la confiance acquise par la reconnaissance du donateur via son identité numérique, cette

traçabilité du donateur est un outil fort en matière de mobilisation. La possibilité de connecter les identités

numériques dans les plateformes de réseaux sociaux, de permettre la prise de conscience de l’existence

d’une communauté de donateurs, de permettre les interactions entre ces donateurs, voire leur collaboration

pour participer au fundraising de l’ONG, est une opportunité à saisir.

Les usages seraient tout d’abord ceux des réseaux sociaux tels qu’on les connaît : des plateformes où les

utilisateurs partagent un centre d’intérêt. Ils y puiseraient l’actualité du monde du développement, avec à la

fois l’état des lieux de la situation humanitaire mondiale, et l’avancée des projets tels que ceux soutenus par

l’ONG, ce qui apporte une nouvelle dimension de transparence et d’accountability (savoir rendre compte).

L’agrégation de contenus variés, touchant aux problématiques de l’Humanitaire et du Développement,

seraient le carburant de ce réseau social, en plus des convictions de ses membres... De plus, ils y

trouveraient les moyens d’une mobilisation forte, en suivant les modèles d’empowerment du site de

campagne d’Obama, par exemple.

Ce triple usage (communautaire, empowerment, informatif) serait d’autant plus innovant que les ONG reconnaîtraient enfin leurs donateurs, leur feraient confiance pour participer au fundraising et à la mobilisation générale, et enfin, leur rendraient compte de l’avancée de tous leurs projets grâce à la puissance.

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