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actualités | infectiologie

6 OptionBio | Jeudi 15 juillet 2010 | n° 440

Une infection à mycobactérie non tuberculeuse liée à un piercing

Une jeune fille âgée de 18 ans, ayant comme seul antécédent médical connu un syndrome

du QT long, est adressée en service de dermatologie d’un hôpital améri-cain par son généraliste pour l’appa-rition d’une plaque cutanée dans le cou, devant l’oreille droite.

Une lésion traitée sans succès par céfalotineCette plaque a pour caractéristiques d’être large, fluctuante et de couleur violacée. Le lobe de l’oreille droite a été percé de manière profession-nelle 6 mois plus tôt et la lésion s’est

développée le long de l’angle de la mâchoire un mois après le piercing. La patiente consulte alors initiale-ment son généraliste qui diagnosti-que un abcès, qu’il draine, et prescrit une antibiothérapie standard de type céfalotine mais il n’y a pas d’amélio-ration de la lésion.

Une infection à Mycobacterium fortuitumÀ l’hôpital, une autre cause, tou-jours infectieuse, mais atypique, est évoquée. Une biopsie est alors réali-sée ; l’examen anatomopathologique retrouve une inflammation de type granulomateux mais pas de bacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR). La

culture tissulaire est finalement posi-tive à Mycobacterium fortuitum.Les antibiotiques de type macrolide ne sont pas prescrits en raison des bêta-bloquants indiqués pour le problème cardiaque de la patiente. Quatre mois de traitement par ciprofloxacine et tri-méthoprime-sulfaméthoxazole sont alors institués. La lésion s’améliore nettement et décroît.

Piercing et infections cutanées à mycobactériesLes infections par mycobactéries non tuberculeuses peuvent prendre différentes présentations cutanées comme des pustules, des plaques ou encore des ulcères. Le diagnos-

tic doit être évoqué lorsque des infections liées à un piercing ne répondent pas à un traitement anti-biotique, pourtant efficace contre la plupart des agents pathogènes bac-tériens communément rencontrés.Les BAAR ne sont pas toujours détectables à la coloration et à la lecture par l’examen microscopi-que. Le diagnostic définitif dépend de l’isolement du micro-organisme sur les cultures tissulaires. |

OPHÉLIE MARAIS

médecin biologiste, Paris

[email protected]

Un cas curieux de convulsions

Au mois de juillet 2007, un homme âgé de 61 ans se présente fébrile à l’hôpital

de Zurich pour un premier épisode de convulsions généralisées.Les antécédents médicaux montrent un tabagisme et des hémoptysies dans les semaines précédentes.

Biologie et imagerie orientent vers un cancerLes analyses sanguines, les sérologies virales et les hémocultures restent négatives, excepté pour la CRP qui est élevée à 35 mg/L et les leucocytes à 17x109/L.Une IRM cérébrale est alors réalisée et met en évidence de multiples signaux dans les deux hémisphères avec des œdèmes périphériques. Une opacité est visible à la radio-graphie des poumons et un scanner thoracique retrouve une masse dans le lobe supérieur du poumon droit avec du liquide au centre et des nodules lymphatiques médiastinaux légèrement augmentés de volume.

De la cortisone est administrée pour éviter les convulsions cérébrales et un traitement antibiotique est initié. Le diagnostic de cancer des pou-mons avec métastases est fortement suspecté. Les signes d’infections sont attribués à une surinfection pulmonaire de la tumeur.

Une pneumonie à streptocoque disséminée au niveau cérébralL’analyse du lavage broncho-alvéo-laire ne retrouve pas de cellules mali-gnes mais des structures entourées de neutrophiles évoquant une infec-tion à Actinomyces. L’examen ana-tomopathologique de la lobectomie pulmonaire montre une inflamma-tion de type abcès avec cavernes. Une origine maligne est alors écar-tée. Aucun microorganisme n’est détecté à l’examen direct ni dans les cultures.Une PCR est réalisée et met en évi-dence Streptococcus intermedius mais pas d’Actinomyces. Aucune structure filamenteuse caractéristi-

que d’un Actinomyces n’est visible. Une pneumonie à Streptococcus intermedius disséminée au niveau cérébral est retenue comme dia-gnostic final.Un traitement antibiotique est institué pendant une année. Lors du suivi de ce patient au mois de mars 2010, les lésions cérébrales ont complètement disparu.

S. intermedius rarement associé à une infection pulmonaireStreptococcus intermedius appartient au groupe Streptococcus milleri, tout comme S. constellatus et S. angino-sus. Ces germes sont responsables d’infections purulentes, souvent d’abcès de présentation subaiguë avec une absence de bactériémie. Typiquement, S. intermedius affecte le cerveau ou le foie, mais les infec-tions pulmonaires restent rares. |

OPHÉLIE MARAIS

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SourceHorii K, Jackson M. Piercing-related nontuber-

culous mycobacterial infection. NEJM. 2010 ;

362 : 2012.

SourceErne B, Exner C, Frauenfelder T et al. A curious

case of convulsion. Lancet. 2010 ; 375 : 2050.

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