UNIVERSITE ABDERRAHMAN MIRA DE BEJAIA
FACULTE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
DEPARTEMENT DES SCIENCES SOCIALES
LICENCE SCIENCES SOCIALES TRONC COMMUN
INTITULE DU MODULE :
Ecoles et MĂ©thodes
Préparé par : DJADDA Mahmoud
Maitre de conférences B en sociologie rurale
Présentation du cours :
Cours : volume horaire : 60 h
Mode dâĂ©valuation : contrĂŽle de connaissances Ă©crit de 1heure a deux
heures en fin de chaque semestres note td-50% +
examen 50%
Les Objectifs d'apprentissage:
cet article de sujet se présente comme un guide et un support pour les étudiants
dans les collÚges et les universités dans la définition des fondements de la
méthode scientifiques afin suivre ou observé au cours de la conduite de la
recherche scientifique les présupposés points de vue théoriques , l'étude et de
rĂ©flĂ©chir sur le sens de l'utilisation des capacitĂ©s mentales accordĂ©es Ă l'ĂȘtre
humain en termes de la pensĂ©e, l'imagination, L'analyse et la crĂ©ation dâun lien
entre elles.
LâĂ©tudiant, aprĂšs avoir lu et assimiler le contenu doit ĂȘtre en mesure informĂ©
des dispositions mentales adĂ©quates a lâexercice et lâactivitĂ© scientifique avec
toutes ses implications a savoir les mĂ©thode, la dĂ©marche, lâesprit, lâobjectivitĂ©
et lâimportance de la rĂ©flexion scientifique via un ensemble de dâĂ©coles de
pesée et courants théoriques.
Le contenu:
Semestre : 1
La méthode scientifique.
01. Définition de la méthode scientifique.
02. Lâimportance de la mĂ©thode scientifique.
03. Les opérations principales de la méthode scientifique.
04. Les éléments de la méthode scientifique.
4-1.Les principes.
4-2.Les Ă©tapes.
4-3.Les outils.
4-4.LâexpĂ©rimentation.
05. Les étapes de la méthode scientifiques.
06. Le processus de constitution de la méthode scientifique.
-LâantiquitĂ©.
-Le moyen Ăąge.
-Les musulmans et leurs apports scientifiques et méthodologiques.
-LâĂšre moderne.
07. Appel a lâusage de la mĂ©thode scientifique dans les S H S.
08. La méthode scientifique dans les S H S.
09. La différence entre les SHS et les sciences dures.
10. La méthode qualitative et quantitative.
11. LâobjectivitĂ©, subjectivitĂ© et critĂšres de scientificitĂ©.
Semestre : 2.
12. Les écoles et leurs méthodes.
13. LâĂ©cole fonctionnaliste.
14. Parsons et lâĂ©cole structuro-fonctionnaliste.
15. LâĂ©cole marxiste.
16. LâĂ©cole positiviste.
17. LâĂ©cole Durkheimienne.
18. LâĂ©cole WĂ©bĂ©rienne et la sociologie comprĂ©hensive.
19. LâĂ©cole structuraliste.
20. Les courants de lâĂ©cole islamique.
LA METHODE SCIENTIFIQUE
1.a) Définition de la méthode scientifique
Ce mot mĂ©thode qui nâest pas un terme univoque (grawits1986) on peut
vouloir lâĂ©viter (Gautier 1992) mais on ne peut lâignorer au plan de la
reprĂ©sentation philosophique, la mĂ©thode comprend lâensemble des
opĂ©rations intellectuelles quâune discipline met en Ćuvre pour
dĂ©montrer, vĂ©rifier et Ă©tablir les vĂ©ritĂ©s quâelle poursuit. A partir de cette
conception, la méthode apparaßt comme un ensemble de rÚgles
indépendantes de toute recherche, mais visant des formes de
raisonnement qui rendraient accessible la rĂ©alitĂ© Ă saisir, Lâexpression
méthode scientifique est utilisée pour différentes significations et,
souvent, Comme son nom lâindique, elle reprĂ©sente la mĂ©thodologie qui
définit et différencie la connaissance scientifique des autres types de
connaissances (Angers M 1996).
la méthode scientifique est la création de La philosophie des sciences
pour exclure tout ce qui a une nature subjective et qui par conséquent,
nâest pas susceptible de faire partie de ce que lâon nomme la
connaissance scientifique.
Cette dĂ©finition bien quâelle est conventionnelle ne va pas faire
lâunanimitĂ©, il existe divers courants de philosophie des sciences qui
dĂ©rivent eux-mĂȘmes de diffĂ©rents concepts sur la rĂ©alitĂ©, la perception,
les thĂ©ories, etc.âŠ, de ce fait en retire plusieurs significations du mot
méthode sur divers plans.
Car, Sur un plan plus général et abstrait, la méthode rejoint une position
philosophique sur la conception du monde qui nous entoure basée sur
lâinduction dâ la connaissance nous parvient des sens, sur un plan un peu moins
général et un peu plus concret, la méthode peut se pencher vers une façon
dâexpliquer dialectique pour dĂ©finir un objet dâĂ©tude constituĂ©s dâavis
contradictoires, sur un ,plan encore plus concret, le mot méthode peut se
rapporter aune façon dâenvisager et dâorganiser la recherche a travers une
maniÚre de concevoir et de planifier un travail particulier, et en fin la méthode
peut renvoyer a un domaine particulier comportant un ensemble de procédures
spĂ©cifiques a un champs dâĂ©tude ⊠certains autres mots et termes couramment
utilisĂ©s en sciences ,peuvent recouper en partie lâune ou lâautre acception de
terme méthode tel que :
- Approche qui est une façon particuliĂšre non orthodoxe dâutiliser
une théorie scientifique.
- Paradigme : ensemble de convictions et de façons se faire
communes, a un moment donné a un groupe de scientifiques.
A partir de ce qui a été avancé la méthode scientifique peut désigner la
dĂ©marche collective dâacquisition de connaissances fondĂ©es sur le
résonnement et sur des procédures reconnues de vérification dans la
réalité. Dans tous les domaines de sciences car toutes les méthodes
utilisĂ©es se rejoignent toutes par le fait dâune dĂ©marche commune dont
lâobjectif majeur est dâapprofondir toujours dâavantage les
connaissances sure le monde.(Maurice Angers ; 1996).
2. Lâimportance de la mĂ©thode scientifique :
MĂȘme les chercheurs et scientifiques dâexpĂ©rience peuvent se tromper ou ĂȘtre
limitées par leurs préjugés et subjectivité. Les gens qui se sont opposés à Galilée
Ă©taient de grands experts et les meilleurs savants de leur Ă©poque; pourtant ils
Ă©taient dans lâerreur, et ce qui est des expĂ©riences personnelles elles sont
toujours limitées et trÚs subjectives, et souvent non fiables. Comme Il faut donc
se méfier de ces différentes sources de connaissances peu importe leurs
provenances. câest ce que dâailleurs la mĂ©thode scientifique essaie de rĂ©soudre.
A travers toutes ces questions qui ne peuvent ĂȘtre rĂ©solues que
scientifiquement. (Raymond Robert Tremblay et Yvan Perriern 2006)
. au dĂ©but Les scientifiques ont laissĂ© ces questions aux philosophes, mĂȘme sâil
leur arrive souvent de faire des observations intéressantes dans ce domaine de
rĂ©flexion. Cependant, il y a un nombre indĂ©fini de questions qui peuvent ĂȘtre
abordées avec la méthode scientifique. Cette méthode se distingue par le fait que
ses résultats sont reproductibles, fiables et souvent trÚs instructifs et trÚs solides.
Sa puissance et son utilitĂ© ne sont plus Ă dĂ©montrer. Depuis plus dâun siĂšcle la
méthode scientifique a été adoptée par la plupart des chercheurs en sciences
humaines et on compte désormais de grandes découvertes en psychologie, en
histoire, en sociologie, en linguistique et dans toutes les autres branches des
sciences humaines. La force de la méthode scientifique La puissance de la
recherche scientifique repose sur ses qualités propres. On peut en dénombrer
huit.
1. Le caractĂšre exhaustif et rigoureux des descriptions et des classifications.
En science, les descriptions doivent ĂȘtre systĂ©matiques et complĂštes. La
classification des éléments doit se faire sur une base logique et objective.
2. le caractÚre systématique et exact des observations. Les observations ne
doivent rien laisser au hasard et se dérouler de maniÚre ordonnée et complÚte.
Elles doivent ĂȘtre le fait de nombreux observateurs indĂ©pendants les uns des
autres.
3. La reproductibilitĂ© des expĂ©riences. Les expĂ©riences doivent ĂȘtre menĂ©es et
décrites de maniÚre rigoureuse de façon à ce que le plus haut degré possible
dâobjectivitĂ© soit atteint. Toute expĂ©rience doit ĂȘtre dĂ©crite de maniĂšre Ă pouvoir
ĂȘtre reproduite et vĂ©rifiĂ©e. LâobjectivitĂ© est la capacitĂ© de reconnaĂźtre ce qui est
réel, indépendamment de tout préjugé et de toute interprétation personnelle.
Câest le contraire de la subjectivitĂ©. Ătre objectif, câest demeurer neutre,
impartial devant les faits.
4. la rigueur des concepts. Les concepts utilisĂ©s doivent ĂȘtre dĂ©finis de maniĂšre
rigoureuse, sans aucune Ă©quivoque, ou Ă tout le moins de la maniĂšre la plus
exacte possible.
5. la logique des raisonnements. Les raisonnements, quâils soient inductifs,
dĂ©ductifs ou probabilistes, doivent ĂȘtre parfaitement clairs et doivent obĂ©ir aux
lois de la logique. (Raymond R T et Yvan P)
âąUn raisonnement inductif est un raisonnement basĂ© sur un trĂšs grand nombre
de cas ou dâobservations, qui permet ainsi une gĂ©nĂ©ralisation.
âąUn raisonnement dĂ©ductif est un raisonnement logique par lequel on tire une
conclusion nécessaire à partir de prémisses.
âąUn raisonnement probabiliste est un raisonnement reposant sur les probabilitĂ©s
et comportant une certaine marge dâerreur, par exemple 5 %.
6. la faillibilité des théories.
7. Le caractĂšre provisoire des conclusions. Il nây a pas de vĂ©ritĂ© dĂ©finitive ni de
vérité absolue en science.
8. La probité des chercheurs. Les chercheurs ne doivent jamais fausser ou
modifier leurs résultats afin de les rendre conformes à leurs théories ou à leurs
hypothĂšses.
De ce fait on retient
La recherche scientifique est un processus dynamique ou une démarche
rationnelle qui permet dâexaminer des phĂ©nomĂšnes, des problĂšmes Ă rĂ©soudre, et
dâobtenir des rĂ©ponses prĂ©cises Ă partir dâinvestigations. Ce processus se
caractĂ©rise par le fait quâil est systĂ©matique et rigoureux et conduit Ă
lâacquisition de nouvelles connaissances. Les fonctions de la recherche sont de
dĂ©crire, dâexpliquer, de comprendre, de contrĂŽler, de prĂ©dire des faits, des
phénomÚnes et des conduites (M. ASSIE GUY ROGER, DR. KOUASSI
ROLAND RAOUL), ce quâon va dĂ©velopper dans :
3. Les opérations principales de la méthode scientifique :
Parmi les opĂ©rations quâassume la mĂ©thode scientifique notamment a travers
les méthodes scientifiques subtiles élaborées dans divers domaines spécifiques
de la connaissance, on peut citer :
- déduction et induction
« le couple déduction et induction a marqué l'histoire de la philosophie. La
déduction logique se fonde sur des axiomes ou des définitions, et ne produit
que des résultats tautologiques, c'est-a-dire déjà inscrits dans les prémisses, des
conséquences de la loi. La valeur de ces résultats est bien entendu fonction de la
rigueur avec laquelle ils ont été obtenus. Par contre L'induction génÚre du sens
en passant des faits a la loi, du particulier au général. En ce sens, la déduction
logique ne produisant aucune nouvelle connaissance, au sens ou les propositions
déduites sont virtuellement contenues dans leurs axiomes, elle est par
conséquent analytique ; au contraire, l'induction enrichit la conscience de
nouveaux faits : elle est alors synthétique... ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9duction_et_induction
De son coté Olivier Martin, « induction et déduction désignent deux
procĂ©dures de raisonnement. Lâinduction correspond a un processus qui
permet de passer du particulier (faits observes, cas singuliers, données
expérimentales, situations) au général (une loi, une théorie, une
connaissance générale). La déduction correspond au processus presque
inverse qui permet de conclure (déduire) une affirmation a partir
dâhypothĂšses, de prĂ©misses ou dâun cadre thĂ©orique : les conclusions
résultent formellement de ces prémisses ou de cette théorie » .
« La posture inductive accorde la primautĂ© a lâenquĂȘte, a lâobservation, voire al
âexpĂ©rience et essaie dâen tirer des leçons plus gĂ©nĂ©rales, des constats universels
: le sociologue cherche a établir quelques énoncés dont la validité dépasse le
cadre de ses seules observations. La posture déductive accorde la primauté au
cadre thĂ©orique, au corps des prĂ©misses. Elle sera qualifiĂ©e dâhypothĂ©tico-
déductive si les énoncés ou résultats déduits de ce cadre théorique ou des
prémisses sont soumis a une validation expérimentale : dans ce cas, le
sociologue formule des hypothÚses générales, puis en déduit des conséquences
observables avant de vérifier que celles-ci sont effectivement bien conformes
aux donnĂ©es de lâenquĂȘte empirique ».(Olivier Martin)
- LâexpĂ©rimentation :
Câest une dĂ©marche scientifique qui consiste Ă contrĂŽler la validitĂ© dâune
hypothĂšse au moyen dâĂ©preuves rĂ©pĂ©tĂ©es, au cours desquelles on modifie un Ă
un les paramĂštres de situation afin dâobserver les effets induits par ces
changements. Elle se caractérise par une suite de vérifications in situ dont les
conditions sont fixĂ©es par un protocole qui peut ĂȘtre repris Ă lâidentique par tout
nouvel expĂ©rimentateur et se distingue ainsi â et câest la raison premiĂšre du
succĂšs quâelle a rencontrĂ© auprĂšs des scientifiques â Ă la fois de lâobservation
directe et de lâempirisme, largement fondĂ©s sur le seul couple « observation-
description » sans que soit formulĂ©e dâhypothĂšse qui ait une valeur explicative
au moins potentielle.
La question que soulĂšve la mĂ©thode expĂ©rimentale est essentielle dans lâhistoire
générale des sciences. Elle porte en effet sur les rÎles respectifs et sur
lâimportance relative dans la dĂ©marche scientifique de lâhypothĂšse, câest-Ă -dire
de lâinvention ou de lâimagination, et du fait, câest-Ă -dire du constat objectif de
lâexistence dâune relation entre deux phĂ©nomĂšnes dont lâun, souvent pour des
raisons dâantĂ©rioritĂ© de son apparition, est considĂ©rĂ© comme la cause de lâautre.
LâhypothĂšse introduit dans la reprĂ©sentation dâun phĂ©nomĂšne un Ă©lĂ©ment qui ne
sây trouve pas matĂ©riellement mais quâon soupçonne dâavoir une influence sur
son dĂ©roulement, puis que lâon confronte Ă la rĂ©alitĂ© dâune situation. FormalisĂ©e
dans les années 1970 dans la méthode dite OHERIC, acronyme qui en énumÚre
les étapes successives (observation, hypothÚse, expérience, raisonnement,
interprétation, conclusion) et en révÚle les détails, la méthode expérimentale
repose souvent sur la recherche dâune Ă©conomie de moyens en permettant de
tester une hypothĂšse (Pierre Grelley, 2012)
- La description :
La description consiste à déterminer la nature et les caractéristiques des
phénomÚnes et parfois à établir les associations entre eux. La description peut
constituer lâobjectif dâune recherche: par exemple faire ressortir tous les aspects
dâun service, dâun dĂ©partement, dâune agence ou dâune entreprise.
La description peut aussi constituer le premier stade dâune recherche; dans ce
cas elle peut exposer les rĂ©sultats dâune observation ou dâune enquĂȘte
exploratoire.
- La classification :
La classification consiste à catégoriser, regrouper, mettre en ordre pour
permettre des comparaisons ou des rapprochements. Les faits observés, étudiés,
sont ainsi organisés, structurés, regroupés sous des rubriques, sous des
catĂ©gories pour ĂȘtre mieux compris.
- Lâexplication / comprĂ©hension Expliquer, câest rĂ©pondre Ă la question
âPOURQUOI? â. Câest faire voir comment un phĂ©nomĂšne est nĂ© et comment il
est ce quâil est. Lâexplication consiste Ă clarifier les relations entre des
phénomÚnes et à déterminer pourquoi ou dans quelles conditions tells
phénomÚnes ou tels événements se produisent. (M. ASSIE GUY ROGER, DR.
KOUASSI ROLAND RAOUL, 2000).
- Abstraction :
En science, l'abstraction n'est pas l'opposition entre l'abstrait et le concret.
Abstrait et concret sont dialectiquement liés. L'abstraction permet de s'éloigner
de la réalité concrÚte, réduite à nos sens (empirisme, observation), afin de définir
les phénomÚnes globaux constituant ainsi un cadre théorique. L'abstraction peut
se définir comme un processus mental de décomposition/classification mais de
telle maniĂšre que chaque partie du tout (notion de base ou cellule) soit
significative et représentative du tout (unité ou sphÚre). L'abstraction est une
méthode du passage de l'abstrait au concret. Ou pour citer dire autrement, selon
Paul Langevin, « le concret est l'abstrait rendu familier par l'usage. »(Georg
Wilhelm Freidrich Hegel, 2007).
La question de lâabstraction est centrale pour les sciences sociales, comme pour
les sciences de la nature dâailleurs. Elle pose le problĂšme de la complĂ©tude des
descriptions et des explications que ces sciences se proposent dâatteindre, soit
encore celui de la légitimité de leurs méthodes et de leurs résultats eu égard à la
complexitĂ© et Ă la diversitĂ© infinies du monde rĂ©el, qui se situent Ă lâhorizon de
leurs investigations. ( Demeulenaere, Pierre. 2006)
4. Les éléments de la méthode scientifique :
4-1.Les principes :
-Principe de logique
Il existe trois grands principes qui servent de base à la pensée rationnelle
classique :
1. le principe d'identité : A = A ; _
2. le principe du tiers exclu : A et A, le tiers Ă©tant exclu (il n'existe pas
de troisiĂšme terme entre A et non A) ;
3. le principe de non contradiction : A ne peut ĂȘtre au mĂȘme point de
vue et en mĂȘme temps non A.
- Principe de causalité
Le principe de causalité établit une relation linéaire de cause à effet
entre des phénomÚnes fort éloignés de prime abord. La démarche
scientifique recherche avant tout ces relations de causalité, car la
répétition des phénomÚnes semble intimement associée aux relations de
causalité. Le principe de causalité permet dÚs lors d'atteindre plus
facilement à la prévision. Karl Popper fait du principe de causalité une
rÚgle méthodologique qui guide l'action du chercheur :
"nous ne devons pas nous arrĂȘter de chercher des lois universelles et un
systÚme théorique cohérent ni jamais renoncer à nos essais en vue
d'expliquer par un lien causal toute espÚce d'événement que nous
pouvons décrire" (POPPER, 1973, 59).
- Principe de synchronicité
Synchronicité et Synchronistique sont des termes forgés par le psychiatre et
psychanalyste suisse Carl Gustav Jung et le physicien et prix Nobel Wolfgang
Pauli pour exprimer une coĂŻncidence significative ou une correspondance :
âąentre un Ă©vĂ©nement psychique et un Ă©vĂ©nement physique qui ne sont pas
causalement reliés l'un à l'autre. De tels phénomÚnes synchronistiques se
produisent, par exemple, quand des phĂ©nomĂšnes intĂ©rieurs (rĂȘves, visions,
prémonitions) semblent avoir une correspondance dans la réalité extérieure :
l'image intérieure ou la prémonition s'est montrée "vraie".
âąentre des rĂȘves, des idĂ©es analogues ou identiques se prĂ©sentant simultanĂ©ment
à différents endroits. Ni les unes ni les autres de ces manifestations ne peuvent
s'expliquer par la causalitĂ©. Elles semblent plutĂŽt ĂȘtre en relation avec des
processus archétypiques de l'inconscient.
C. G. Jung écrit : "Ma préoccupation relative à la psychologie des processus
inconscients m'a obligé, depuis longtemps déjà à rechercher - à cÎté de la
causalité - un autre principe d'explication, puisque le principe de causalité me
semblait impropre à expliquer certains phénomÚnes surprenants de la
psychologie de l'inconscient. Je trouvais ainsi des phénomÚnes psychologiques
parallĂšles qui ne pouvaient pas ĂȘtre causalement rattachĂ©s les uns aux autres ;
mais ils devaient ĂȘtre reliĂ©s diffĂ©remment par un autre dĂ©roulement des
Ă©vĂ©nements. Cette connexion des Ă©vĂ©nements me semblait ĂȘtre essentiellement
donnĂ©e par leur relative simultanĂ©itĂ©, d'oĂč le terme "synchronistique". Il semble
en effet que le temps, loin d'ĂȘtre une abstraction, soit un continuum concret : il
inclut certaines qualités ou conditions fondamentales qui se manifestent
simultanément en différents lieux avec un parallélisme que ne peut expliquer la
causalité. C'est le cas, par exemple, lorsque des idées, des symboles ou des états
psychiques identiques apparaissent simultanément." (JUNG, 1979, 114)
Depuis la théorie de la relativité d'Einstein, la réalité n'est plus perçue de
maniĂšre linĂ©aire dans un espace-temps continu et hiĂ©rarchique, mais semble ĂȘtre
davantage envisagée comme une combinaison d'éléments associés au sein
d'ensembles régis par différentes lois. Les relations entre ces divers éléments ne
sont pas toujours linéaires, hiérarchiques, déterministes ou causales, mais
peuvent ĂȘtre d'ordres multiples, comme, par exemple, les Ă©lĂ©ments d'un rhizome
ou d'un plateau. (DELEUZE & GUATTARI, 1980).
4-2.Les Ă©tapes :
Maurice Angers 1996, trouve la recherche sâorganise et se divise en quatre
Ă©tapes transdisciplinaires principales formant chacune un tout distinct :
- La dĂ©finition du problĂšme, il sâagit dâidentifier, formuler et prĂ©ciser un
problĂšme de recherche qui soulĂšve un questionnement et de le situer dans
sa démarche de reflexion.par rapport a une réalité donnée.
- La construction technique : qui porte sur les différentes techniques et
instruments de recherches ou de collecte de données choisies selon la
définition du problÚme et le contexte dans lequel on peut travailler.
- La collecte des données : concernant sa population son phénomÚne a
travers une sĂ©lection et recueille des informations a lâaides de quelques
techniques et outils.
- Lâanalyse et lâinterprĂ©tation : qui consiste a lâexamen des donnĂ©es et
information récoltées pour donner un sens aux résultats ou a ce qui
ressort.
4-3.Les outils :
Bien que ces méthodes on été considérées a un temps récent comme instrument
de la mĂ©thode et la connaissance scientifiques a travers lâexpĂ©rience et
lâhypothĂšse, il peut ĂȘtre retenu que dans les sciences dites modernes les outils et
les instruments fréquent pour la collecte de données dans le cadre
méthodologique et scientifique de la connaissance on peut citer :
.Lâobservation :
Il y a peut-ĂȘtre autant de dĂ©finitions de lâobservation en situation. Mais
le conventionnel câest quâelle est :Un outil de cueillette de donnĂ©es oĂč le
chercheur devient le témoin des comportements des individus et des
pratiques au sein des groupes en sĂ©journant sur les lieux mĂȘme oĂč ils se
dĂ©roulent. Cette dĂ©finition nâa aucunement la prĂ©tention de rallier tous
les chercheurs mais a tout de mĂȘme le mĂ©rite dâĂ©tablir clairement ce que
lâauteur de ces lignes a en tĂȘte lorsquâil parle dâobservation en situation.
On lâaura compris, ce qui suit ne concerne pas, par exemple, des
observations faites en laboratoire oĂč le chercheur est cachĂ© derriĂšre une
vitre sans teint. Nous nous attardons en fait à cet outil longtemps associé
presque exclusivement Ă lâanthropologie et qui fait partie de la
formation de base de tout ethnologue (Kilani, 1989; Laplantine, 1987).
En outre la position Ă©pistĂ©mologique et lâidentification des caractĂ©ristiques du
chercheur qui pourrait nuire â ou aider â dans lâobservation, on devra aussi
choisir le rĂŽle que lâon souhaite endosser sur le terrain. Ă cet Ă©gard, il y a de cela
plus de quatre décennies, Gold (1958) a établi une typologie devenue classique
depuis. Sa classification repose sur le critĂšre de lâengagement dans Martineau /
lâobservation en situation lâaction du chercheur avec les sujets observĂ©s.
Gold a ainsi identifiĂ© quatre rĂŽles du chercheur dans lâobservation en
situation :
- Le participant complet : ici le chercheur observe dans la clandestinité,
il se doit donc de participer aux actions du groupe afin de ne pas ĂȘtre
repérer.
- Le participant observateur : dans ce cas le chercheur peut ĂȘtre un pair
(par exemple, observer le travail dans une cuisine de restaurant en y
faisant la plonge) mais son statut dâobservateur est connu des autres.
- Lâobservateur participant : le chercheur est intĂ©grĂ© au groupe mais
cette intĂ©gration est tout de mĂȘme limitĂ©e; il pourra Ă lâoccasion
remplir certaines tĂąches au sein de la communautĂ© observĂ©e mais il nâest
pas un collĂšgue ou un membre Ă part entiĂšre du groupe.
- Lâobservateur complet : dans ce dernier rĂŽle, le chercheur ne fait
quâobserver et ne prend aucunement part Ă lâaction; bien que reconnu
comme observateur, il rĂ©alise une intĂ©gration en retrait; câest le cas par
exemple dâun chercheur qui assiste au rĂ©union du conseil
dâadministration dâune entreprise. (StĂ©phane Martineau).
.Entrevue de recherche :
Une entrevue est un entretien destiné à obtenir des renseignements. Dans une
entrevue de recherche, il y a un intervieweur, la personne qui coordonne le
dĂ©roulement de la conversation et pose les questions, et lâinterviewĂ©, la personne
qui y répond.
Lâentrevue constitue un outil de recherche pertinent lorsquâon cherche Ă obtenir
une information dĂ©taillĂ©e sur lâopinion, les pensĂ©es, les expĂ©riences et les
sentiments des gens. Elle sâavĂšre utile si le sujet de la recherche comporte des
points qui exigent une interrogation complexe et plus poussĂ©e. Lâentrevue en
personne convient davantage lorsque la population visée communique plus
aisĂ©ment dans le cadre dâune rencontre personnelle que par Ă©crit ou par
téléphone (comme les enfants, les personnes ùgées ou handicapées).
Il existe diffĂ©rents types dâentrevues selon les besoins Ă combler et
lâinformation Ă recueillir. On peut les regrouper en trois types :
Les entrevues structurées :
Dans une entrevue structurĂ©e, lâintervieweur pose une sĂ©rie de questions
dĂ©terminĂ©es Ă lâavance sur des sujets particuliers, dans un ordre prĂ©cis. Les
rĂ©pondants choisissent les rĂ©ponses parmi une liste dâoptions. Lâintervieweur
peut clarifier certaines questions
Les entrevues semi-structurées :
Dans une entrevue semi-structurĂ©e, lâintervieweur pose une sĂ©rie de questions
dĂ©terminĂ©es Ă lâavance auxquelles les gens rĂ©pondent dans leurs propres mots.
Les entrevues non structurées :
Dans une entrevue non structurĂ©e, lâintervieweur nâa aucune directive,
restriction, question dĂ©terminĂ©e Ă lâavance ou liste dâoptions Ă sa disposition.
trĂšs peu dâinformation sur un sujet. (M. Easwaramoorthy & Fataneh
Zarinpoush, 2006)
.LâenquĂȘte par questionnaire:
Un questionnaire permet d'interroger directement des individus en définissant au
préalable, par une approche quantitative, les modalités de réponses au travers
des questions dites " fermĂ©es ". Câest un outil de collecte de donnĂ©es primaires
bien adaptĂ© aux recherches quantitatives puisquâil permet de traiter de grands
échantillons et d'établir des relations statistiques ou des comparaisons chiffrées.
Trois grandes étapes ponctuent la collecte de données par questionnaire :
la construction initiale du questionnaire avec le choix des Ă©chelles de mesure,
les pré-tests pour vérifier la validité et la fiabilité de l'instrument de mesure et
lâadministration dĂ©finitive. (JĂ©rĂŽme I, Philippe B, Carole D & Jean-Marc X,
chapitre IX in R.A. 1999)
L'enquĂȘte par questionnaire est un outil dâobservation qui permet de quantifier et
comparer lâinformation. Cette information est collectĂ©e auprĂšs dâun Ă©chantillon
reprĂ©sentatif de la population visĂ©e par lâĂ©valuation. Un questionnaire est un
ensemble de questions construit dans le but dâobtenir l'information
correspondant aux questions de lâĂ©valuation. Les enquĂȘtes combinent souvent
deux formes de questionnaire :
Le questionnaire fermé :
Dans un questionnaire fermé, les questions imposent au répondant une
forme précise de réponse et un nombre limité de choix de réponses. Les
questionnaires fermés sont utilisés pour obtenir des renseignements
factuels, juger d'un accord ou non avec une proposition, connaĂźtre la
position du répondant concernant une gamme de jugements, etc.
Le questionnaire ouvert :
Dans un questionnaire ouvert, la personne interrogée développe une réponse que
l'enquĂȘteur prend en note. Dans ce cas, l'enquĂȘte par questionnaire ouvert
ressemble Ă un entretien individuel de type directif. Une question ouverte laisse
la réponse libre dans sa forme et dans sa longueur.
4-4.LâexpĂ©rimentation :
Lâadministration dâune dĂ©marche expĂ©rimentale exige la prise en compte de
trois Ă©tapes :
Lâobservation, lâhypothĂšse et lâexpĂ©rimentation proprement dite.
a).Lâobservation : on distingue trois types dâobservation.
·lâobservation non systĂ©matisĂ©e : qui consiste en une accumulation plus ou
moins structurée de données qui peuvent cependant suggérer une orientation,
une idĂ©e de recherche. Câest une attitude proche de la pratique en clinique et
dont lâintĂ©rĂȘt est de saisir les faits pertinents qui peuvent apparaĂźtre dans le
champ dâobservation.
.Lâobservation prĂ©parĂ©e : dans cette phase, le chercheur recueille ses donnĂ©es
dans un domaine connu et spécifié à priori.
· Lâobservation armĂ©e : Elle dĂ©coule de lâutilisation de donnĂ©es contrĂŽlĂ©es par
lâobservateur. Il en dĂ©coule une consĂ©quence qui touche aux moyens
dâinvestigation, quâil sâagisse des instruments dâenregistrement qui offrent
dâintĂ©ressantes possibilitĂ©s de reproduction et dâextension de lâobservation ou
encore du film qui permet de revoir un ensemble de faits qui nâont pu ĂȘtre
analysĂ©s en mĂȘme temps ou qui ont Ă©tĂ© oubliĂ©. Ces diffĂ©rents moyens permettent
au chercheur de contourner les dĂ©faillances de sa mĂ©moire, dâaller au delĂ des
constats immĂ©diats, dâĂ©largir son champs de vision.
b).LâhypothĂšse :
Elle tend Ă formuler une relation entre des faits significatifs sous lâaspect dâune
loi plus ou moins générale et aide à sélectionner les faits observés.
LâinterprĂ©tation de ces derniers autorise la dĂ©duction dâhypothĂšses qui, une fois
vérifiées constituent un élément de la théorie.
Aussi, en tant que systĂšme dâexplication intĂ©grant plusieurs hypothĂšses, la
thĂ©orie est plus vaste que lâhypothĂšse. Mais il sâavĂšre important de vĂ©rifier
lâexistence effective dâun fait avant de prĂ©tendre lâexpliquer par une hypothĂšse.
Une bonne observation permet de prémunir le chercheur contre ce genre
dâerreurs.
Les hypothÚses se proposent de trouver des solutions à différentes sortes de
questions. Elles naissent Ă partir dâune observation de la vie quotidienne ou de
constats opĂ©rĂ©s au cours dâune recherche. Elles peuvent ĂȘtre aussi le rĂ©sultat
dâune Ă©laboration purement thĂ©orique Ă partir dâun ensemble de connaissances.
Les hypothĂšses varient en fonction de leur Ă©tendue ; elles peuvent faire lâobjet
dâune gĂ©nĂ©ralisation aprĂšs avoir fait lâobjet dâun test sur un objectif spĂ©cifique.
En sciences sociales on distingue trois types dâhypothĂšses suivant leur niveau
dâabstraction :
- Des hypothĂšses supposant lâexistence dâuniformitĂ©s :
elles sâemploient Ă quantifier des comportements (exemple : rapport entre taux
de divorce et revenus des mĂ©nages). LâintĂ©rĂȘt de telles hypothĂšses est de
corriger des préjugés ou de préciser ce qui est déjà connu.
- HypothĂšses supposant lâexistence de liens logiques : câest le cas de
comportements particuliers que lâon trouve dans les groupes minoritaires. Il
sâagit dâĂ©purer les constatations pour garder les caractĂ©ristiques communes Ă ces
différents groupes et expliquer leur comportement.
- HypothĂšses concernant des relations entre variables analytiques : ce 3e type
implique la formulation de relations entre variables complexes, par exemple
lâinfluence du niveau Ă©conomique, de la religion etc. sur le taux de fĂ©conditĂ©.
Mais pour ĂȘtre valables, les hypothĂšses doivent ĂȘtre utilisĂ©es sous certaines
conditions :
- LâhypothĂšse doit ĂȘtre vĂ©rifiable
- Elle doit mettre en Ćuvre des faits rĂ©els et ne pas comporter de jugements de
valeur (proscrire les termes ambigus : bon, mauvais, devraient etc.)
- Enfin elle doit se rattacher Ă une thĂ©orie existante et ĂȘtre en conformitĂ© avec le
contenu actuel de la science.
c). LâexpĂ©rimentation ou la vĂ©rification de lâhypothĂšse :
Elle concerne avant tout la preuve et exige des conditions spécifiques de rigueur.
LâexpĂ©rimentation est devenue garante de la mĂ©thode. Elle se ramĂšne pour
lâessentiel Ă une observation systĂ©matique de rĂ©sultats.
5. Les étapes de la méthode scientifiques :
LâĂ©volution de la science et ses mĂ©thodes comptĂ©es par spĂ©cialitĂ©s a fait que le
nombre, lâordre et conception des Ă©tapes de la mĂ©thode scientifique soient
variables le sigle OHERIC (Observation, HypothÚse, Expérience, Résultats,
InterprĂ©tation, Conclusion) dĂ©signe la succession dâĂ©tapes dâun modĂšle idĂ©alisĂ©
de dĂ©marche scientifique. Il correspond Ă une critique formulĂ©e Ă lâencontre
dâune telle prĂ©sentation linĂ©aire dans lâenseignement des sciences, qui laisse de
cÎté les errements, les tùtonnements et les fausses pistes habituellement suivies
dans le cheminement réel de la recherche, parcours sinueux dans lequel la
solution est progressivement construite Ă coups dâhypothĂšses fausses
successivement rectifiĂ©es. La succession dâĂ©tapes ramassĂ©e dans le sigle
OHERIC apparaßt en 1975 dans un ouvrage coordonné par Victor Host et Jean-
Louis Martinand, oĂč elle est prĂ©sentĂ©e comme un "canon" de la mĂ©thode
expérimentale qui n'aurait de signification qu'au titre d'une reconstitution a
posteriori :
« La « méthode expérimentale », (observation, hypothÚse, expérience,
rĂ©sultats, interprĂ©tation, conclusion) nâa de signification rĂ©elle qu'en tant que
modÚle d'exposition d'une recherche achevée et réussie qui, prenant conscience
d'elle-mĂȘme, rĂ©organise l'ensemble de sa dĂ©marche en vue de rendre plus
convaincante dans la communication aux autres son avancée vers une
connaissance objective. » (Victor Host et Jean-Louis Martinand, 1975)
(André Giordan, 1976) transforme cette succession en un sigle qu'il présente et
critique ensuite dans son livre Une pédagogie pour les sciences expérimentales
en1978.
La mĂȘme annĂ©e, un ouvrage collectif rĂ©unissant sept enseignants (biologistes,
physiciens, historiens des sciences et chercheurs en pĂ©dagogie) sâouvrait sur un
chapitre intitulĂ© « "OHERIC ne rĂ©pond plus ? Le naufrage de lâĂ©ducation
scientifique ?" » (Jean-Pierre Astolfi, André Giordan, Gabriel Gohau, Victor
Host, 1978).
Pour ces auteurs, lâusage ritualisĂ© de cette formule rĂ©vĂšle lâoubli de propriĂ©tĂ©s
qui font les valeurs de la science comme lâĂ©tat dâesprit crĂ©atif et la contestation
mĂ©thodique, lâĂ©lĂšve y Ă©tant rĂ©duit au rĂŽle de simple exĂ©cutant ou de simple
spectateur. Ils situent leur analyse dans le contexte de lâĂ©volution des idĂ©es
relatives Ă la nature de la science, grĂące aux apports de (Gaston Bachlard et
Karl Popper p. 7-18).
Le devenir de la formule OHERIC est cependant surprenant : lancée dans le but
de dénoncer une vision figée des pratiques pédagogiques, elle a souvent été
perçue comme un modÚle à suivre pas à pas.
OHERIC et Claude Bernard
Si le sigle ne se trouve pas chez le grand physiologiste Claude Bernard (1813-
1878), qui a théorisé la méthode expérimentale dans son célÚbre ouvrage de
1865 Introduction Ă lâĂ©tude de la mĂ©decine expĂ©rimentale, celui-ci rĂ©sume
cependant :
« Le savant complet est celui qui embrasse à la fois la théorie et la pratique
expérimentale. 1°Il constate un fait ; 2° à propos de ce fait, une idée naßt dans
son esprit ; 3° en vue de cette idée, il raisonne, institue une expérience, en
imagine et en réalise les conditions matérielles. 4° De cette expérience résultent
de nouveaux phĂ©nomĂšnes quâil faut observer, et ainsi de suite. » ( ibid1865, p.
54).
La comparaison menée entre les écrits publiés de Claude Bernard et ses carnets
de laboratoire a montrĂ© quâil lui Ă©tait arrivĂ© de prĂ©senter ses rĂ©sultats de maniĂšre
reconstruite, proche du schéma OHERIC, en gommant des errances, des pistes
abandonnées, des bifurcations brusques⊠repérables sur ses feuillets (
Mirko
Grmek, 1973).
Claude Bernard nâa cependant pas prĂ©sentĂ© la mĂ©thode expĂ©rimentale de
maniĂšre figĂ©e. Il a surtout insistĂ© sur le rĂŽle capital de lâemploi des hypothĂšses,
« indispensables comme les échafaudages sont nécessaires pour construire une
maison. » (1865, p. 86).
« Sans hypothĂšse, câest-Ă -dire sans une anticipation de lâesprit sur les faits, il nây
a pas de science, et le jour de la derniĂšre hypothĂšse serait le dernier jour de la
science ». (Claude Bernard, 1947).
Lâobservation initiale doit ĂȘtre celle dâun « phĂ©nomĂšne imprĂ©vu » : « l'origine
d'un travail original est toujours la poursuite dâun fait qui ne rentre pas dans les
idées admises ». (Hoff, Guillemin et Sakiz. 1964)
Sa dĂ©marche rĂ©elle nâĂ©tait pas linĂ©aire : Grmek indique que face Ă des faits
nouveaux, Claude Bernard, laissant libre cours Ă son imagination, inventait
plusieurs hypothÚses possibles et, en fonction des déductions en découlant,
mettait en Ćuvre des expĂ©riences qui confortaient ou renversaient ses
suppositions (1973, p. 64).
Critiques :
Les reproches majeurs formulĂ©s Ă lâencontre dâune procĂ©dure OHERIC
concernent :
(1) lâabsence dâun problĂšme Ă rĂ©soudre ;
(2) le point de départ uniquement observationnel ;
(3) lâabsence de voies divergentes.
(1). Le sens du problĂšme est, pour Dewey comme pour Bachlard et Popper,
déterminant dans les cheminements scientifiques. "La science ne commence que
sâil y a problĂšme" (Popper, 1963). Bachelard parlait dâobservation polĂ©mique
(1934, p. 16), du fait quâune observation est intĂ©ressante si elle vient heurter des
connaissances établies, ou des certitudes préconçues.
(2). De nombreux auteurs ont signalĂ© lâimpossibilitĂ© dâune observation neutre,
ânaĂŻveâ. Pour Kant, nos observations ne sauraient ĂȘtre âfaites au hasard et sans
aucun plan tracĂ© dâavanceâ (1787, p. 17).Auguste Comte (1830, p. 55) signale
que « pour se livrer Ă lâobservation, notre esprit a besoin dâune thĂ©orie
quelconque », et Darwin (1860) : « je suis convaincu que sans thĂ©orie il nây
aurait pas dâobservation. ». Lyell (1860) 1888, t. 2
(3). Les faux pas, piĂ©tinements, retours en arriĂšre, pistes suivies en parallĂšleâŠ
sont la rĂšgle dans les cheminements scientifiques (John Jewkes, David Sawers et
Richard Stillerman, 1958) , (Jacques Lalanne, 1985 ). Dewey indiquait en 1909 :
« Chercher à multiplier les suggestions alternatives est un élément important
dâune bonne activitĂ© de pensĂ©e ». (John Dewey, 1909, Ovide Decroly, 2004)
6. Le processus de constitution de la méthode scientifique :
LâantiquitĂ© :
Il serait abusif de faire remonter la notion de mĂ©thode scientifique jusquâĂ
lâantiquitĂ©, tant il est dĂ©licat dâidentifier ce que nous nommons «science » avec
les démarches de production de nouveaux savoirs aux époques protohistoriques.
On peut cependant reconnaßtre dans les réflexions des anciens philosophes les
prĂ©misses dâune thĂ©orie de la connaissance congruente avec les pratiques
scientifiques contemporaines, mais pas des vraies méthodes.
Aristote 384-322. ĂlĂšve de Platon pendant plus de vingt ans, il fonda sa propre
Ă©cole et prit ensuite une distance critique vis-Ă -vis des de son maĂźtre, Sa
conception de l'ĂȘtre comme « substance » (ou ontologie) et de la mĂ©taphysique
comme « science de l'ĂȘtre en tant qu'ĂȘtre » marqua profondĂ©ment la philosophie
occidentale Au cours des siÚcles, différents philosophes enrichiront la réflexion
sur la notion de méthode en en explorant différents aspects (déduction,
induction, méthode expérimentale, méthode analytique, réfutation, etc.), sans
http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/1262825http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/1152726http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/1326575http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/2081176
quâil soit toujours fait un lien entre eux. Cette histoire nâest donc pas linĂ©aire,
mais se prĂ©sente plutĂŽt comme un buissonnement dâidĂ©es qui sâagrĂšgent
aujourdâhui dans la notion de mĂ©thode scientifique.
Câest Ă Aristote que nous devons les premiĂšres rĂ©flexions visant Ă lâĂ©laboration
dâune mĂ©thode scientifique : « Nous estimons possĂ©der la science dâune chose
dâune maniĂšre absolue, Ă©crit-il, quand nous croyons que nous connaissons la
cause par laquelle la chose est, que nous savons que cette cause est celle de la
chose, et quâen outre il nâest pas possible que la chose soit autre quâelle nâest »
Aristote en reste cependant Ă lâidĂ©e dâune science purement dĂ©ductive.
(http://fracademic.com)
2 Ibn Al Haytham (965 - 1039), est un savant musulman considéré comme le
pÚre moderne de l'optique, la physique expérimentale et de la méthode
scientifique. Il peut ĂȘtre vu comme le premier physicien thĂ©orique qui a rĂ©alisĂ©
des dĂ©couvertes dĂ©cisives en optique gĂ©omĂ©trique et physiologique, et que lâon
considÚre comme le pionnier de la méthode expérimentale moderne.
Le physicien, mathĂ©maticien et philosophe al-Hassan AbĂ» âAlĂź Ibn al-Hasan Ibn
al-Haytham (nĂ© en 965), connu par lâOccident mĂ©diĂ©val sous le nom dâAlhazen,
commence sa carriĂšre scientifique dans sa ville natale de Bassora (Irak). Puis il
quitte son pays pour se rendre au Caire, âhaut lieu de la culture scientifiqueâ,
répondant à une invitation du calife fatimide al-Hakim qui sollicite la
compétence du savant pour chercher une solution aux inondations capricieuses
et parfois catastrophiques du Nil. La solution proposée par Ibn al-Haytham nous
surprend aujourdâhui par sa modernitĂ© : la construction dâun barrage ! La mise
en oeuvre de ce projet semble toutefois dĂ©mesurĂ©e et nâa pas lâheur de plaire au
souverain. Pour se protéger de la colÚre de celui-ci, réputé excentrique et
sanguinaire, le savant simule la folie et il est assigné à résidence. Il doit attendre
la mort, par assassinat, en 1021, dâal-Hakim pour se consacrer enfin et au grand
jour Ă ses travaux scientifiques. Il est alors proche de la soixantaine !
Ses âannĂ©es de pĂ©nitenceâ lui ont toutefois permis de mĂ»rir ses recherches et de
développer ses réflexions dans des disciplines aussi variés que l'optique, la
physique, les mathĂ©matiques, la mĂ©decine, lâastronomie et mĂȘme la psychologie.
Son traitĂ© d'optique, le âKitab al-manazirâ, aura une grande influence jusqu'au
XVIIe siĂšcle. Il y reprend et contredit les travaux des savants de lâAntiquitĂ©, qui
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_m%C3%A9thode_scientifique#Ibn_Al_Haytham
considéraient les objets comme éclairés par des rayons de lumiÚre émanant des
yeux, comme une sorte de âfluideâ pour interroger ces objets.
Par ses Ă©tudes du mĂ©canisme de la vision, Ibn Al-Haytham montre quâau
contraire, lâĆil nâest quâun instrument dâoptique.
(http://egyptophile.blogspot.com)
3- Roger Bacon (1214 - 1294), un savant anglais réputé, Pour Roger Bacon
dans son Commune, la science naturelle comprend l'optique, l'astrologie, la
science de la mesure, l'alchimie, l'agriculture, la médecine, la science
expérimentale.
Roger Bacon n'est pas exactement le pÚre de la méthode expérimentale, c'est
plutĂŽt un homme qu'il a peut-ĂȘtre rencontrĂ©, en tout cas, Ă©tudiĂ©, (A. C. Crombie,
Robert 1971). Néanmoins Roger Bacon promeut la science expérimentale (A. C.
Crombie
1997). Il ne s'agit plus d'enregistrer des faits ou d'explorer
empiriquement, par « expériences naturelles et imparfaites », comme le fit
Pline ; il ne s'agit pas davantage de produire des raisonnements, des arguments,
à la façon d'Aristote ; non, il faut pratiquer des tests, améliorer des savoirs
opératoires, qui seront à la fois véridiques et utilisables. Roger Bacon est un des
tout premiers à souligner la nécessité de recourir à la vérification expérimentale
(Opus majus, VI ; Opus tertium, t. I, p. 43
En résumé, il a renouvelé la réflexion sur la méthode en la décomposant en
plusieurs Ă©tapes :
1. Observation du phénomÚne, mesures ;
2. Formulation d'hypothĂšses pour l'expliquer, construction d'un modĂšle
explicatif ;
3. Prévision de nouveaux événements répondant à ces hypothÚses, déduction
de conséquences expérimentables (test de la valeur prédictive du
modĂšle) ;
4. Vérification ou réfutation par l'expérience,
5. Conclusion (Ă©valuation).
Le moyen Ăąge :
Francis Bacon (1561-1626) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_m%C3%A9thode_scientifique#Roger_Baconhttp://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/1445743#cite_note-16http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/1445743#cite_note-16http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/1253373
. Francis Bacon dĂ©veloppe dans ses Ćuvres il prĂ©cise les rĂšgles de la mĂ©thode
expĂ©rimentale, ce qui fait de lui lâun des pionniers de la pensĂ©e scientifique
moderne, il est le pĂšre de l'empirisme sous sa forme moderne. Kant lui dĂ©dia Ă
ce titre sa Critique de la raison pure. Il pose le premier les fondements de la
science moderne et de ses méthodes qu'il conçoit comme entreprise collective -
ce qui le distinguera de la recherche solitaire prÎnée en grande partie par
Descartes dans le Discours de la méthode - fondée sur l'observation des faits
naturels, des arts et techniques et la recherche des causes naturelles.
Bacon est considéré comme le pÚre de la philosophie expérimentale : l'idée
fondamentale de tous ses travaux est de faire, comme il le dit, une restauration
des sciences, et de substituer aux vaines hypothĂšses et aux subtiles
argumentations qui Ă©taient alors en usage dans l'Ă©cole l'observation et les
expériences qui font connaßtre les faits, puis une induction légitime, qui
découvre les lois de la nature et les causes des phénomÚnes, en se fondant sur le
plus grand nombre possible de comparaisons et d'exclusions.
D'aprÚs Bacon, nos théories scientifiques sont construites en fonction de la façon
dont nous voyons les objets ; l'ĂȘtre humain est donc biaisĂ© dans sa dĂ©claration
d'hypothÚses. Pour Bacon, « la science véritable est la science des causes ».
Sâopposant Ă la scolastique rĂ©duite Ă l'interprĂ©tation des textes classiques Francis
Bacon la fustige Ă travers cette cĂ©lĂšbre dĂ©claration: « La science doit ĂȘtre tirĂ©e
de la lumiĂšre de la nature, elle ne doit pas ĂȘtre retirĂ©e de lâobscuritĂ© de
lâantiquitĂ©. », il soutient lâ« interprĂ©tation de la nature », oĂč lâobservation
directe des faits enrichit le savoir). Il cherche ainsi une voie moyenne entre
l'accumulation empirique des faits, sans tentative de les mettre en ordre, et le
raisonnement théorique ne procédant qu'à partir de principes et de déduction
(rancis Bacon).
René Descartes1956 -1650 :
Il est considĂ©rĂ© comme lâun des fondateurs de la philosophie moderne. Il reste
célÚbre pour avoir exprimé dans son Discours de la méthode ou le cogito « Je
pense, donc je suis » â fondant ainsi le systĂšme des sciences sur le sujet
connaissant face au monde qu'il se représente. En physique, il a apporté une
contribution Ă lâoptique et est considĂ©rĂ© comme l'un des fondateurs du
mécanisme.
Sa méthode scientifique, exposée à partir de 1628 dans les RÚgles pour la
direction de lâesprit, puis dans Discours de la mĂ©thode en 1637 affirme
constamment une rupture par rapport à la scolastique enseignée dans
lâuniversitĂ©. Le Discours de la mĂ©thode s'ouvre sur une remarque proverbiale
« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » René Descartes, 1824.
pour insister davantage sur l'importance d'en bien user au moyen d'une méthode
qui nous préserve, autant que faire se peut, de l'erreur. Elle se caractérise par sa
simplicité et prétend rompre avec les interminables raisonnements scolastiques.
(Robert Jean-Dominique, 1962)
Dans ce discours, Descartes expose son parcours intellectuel de façon
rétrospective, depuis son regard critique porté sur les enseignements qu'il avait
reçus à l'école, jusqu'à sa fondation d'une philosophie nouvelle quelques années
plus tard. Il y propose aussi une méthode (composée de quatre rÚgles) pour
éviter l'erreur, et y développe une philosophie du doute, visant à reconstruire le
savoir sur des fondements certains, en s'inspirant de la certitude exemplaire des
mathĂ©matiques â la cĂ©lĂšbre phrase « je pense donc je suis » (cogito, ergo, sum ),
qui permet Ă Descartes de sortir du doute, lui servira Ă ce titre de premier
principe. /fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_m%C3% A9thode#cite
Préceptes de la méthode ou
Les rÚgles de la méthode sont ainsi présentées par Descartes dans le Discours de
la méthode :
l'évidence : c'est-à -dire, d'éviter soigneusement la précipitation et la
prévention, et de ne comprendre rien de plus le mettre en doute ».
l'analyse :« Le second, de diviser chacune des difficultés que
j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis
pour les mieux résoudre ».
la synthĂšse et le raisonnement : connaĂźtre, pour monter Ă la connaissance
des plus composĂ©s, et supposant mĂȘme de l'ordre entre ceux qui ne se
précÚdent point naturellement les uns les autres ».
le dénombrement: « Et le dernier, de faire partout des dénombrements si
entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre ».
Galilée (en italien Galileo Galilei) 1564-1642:
Savant et défenseur de l'approche modélisatrice copernicienne de l'Univers,
proposant d'adopter l'héliocentrisme et les mouvements satellitaires. Ses
observations et généralisations se sont alors heurtées aux critiques des
philosophes partisans dâAristote, proposant un gĂ©ocentrisme stable, une
classification des corps et des ĂȘtres, un ordre immuable des Ă©lĂ©ments et une
évolution réglée des substances, ainsi qu'à la lecture littérale de la Bible de la
part des thĂ©ologiens de l'Ăglise catholique romaine. GalilĂ©e, qui ne disposait pas
de preuves directes du mouvement terrestre, a parfois oublié la prudence qui lui
était prÎnée par ses protecteurs religieux.
Câest Ă GalilĂ©e quâest gĂ©nĂ©ralement attachĂ©e la naissance de la science moderne,
marquée par son refus de la scolastique aristotélicienne. Tandis que la science
médiévale restait encore pour une large part tributaire de la lecture et de
lâinterprĂ©tation de textes anciens, GalilĂ©e adopte une dĂ©marche rĂ©solument
expĂ©rimentale. Il nâest certes pas le premier Ă avoir pensĂ© ou appliquĂ© une
méthode empirique (et en particulier expérimentale), mais il est le premier grand
savant de son temps à avoir adopté cette démarche contre le savoir traditionnel,
et Ă en avoir payĂ© le prix, Câest en cela quâil incarne la naissance dâune
démarche scientifique empirique, tournée vers le monde et en rupture avec les
dogmes.https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_m%C3%A9thode_scientifi
que#cite
Les musulmans et leurs apports scientifiques et méthodologiques :
Al-Kindī
Philosophe et savant, Abu Yusuf Yaâqub ibn Ishaq al-Kindi, connu surtout sous
le nom dâAl-Kindi (ne vers 801/185 H. a Kufa, en Iraq, mort vers 873/260 H. a
Bagdad), est considĂ©rĂ© gĂ©nĂ©ralement comme lâun des penseurs arabo-
musulmans les plus originaux et les plus fĂ©conds. le âȘ philosophe des Arabes
â«, Al-Kindi fut, le premier des grands philosophes hellĂ©nisants de langue arabe
ou falasifa, mais Ă©galement un savant prodigieux dote dâune culture proprement
encyclopédique.
Cet esprit universel, grande figure du savoir que le mathématicien, médecin et
philosophe italien Gerolamo Cardano (XVIe siĂšcle) classa parmi les douze
figures intellectuelles dâavant la Renaissance, avait pour credo de rechercher
lâharmonie existant entre foi et raison
Al-Kindi dĂ©finissait la philosophie comme la âȘ connaissance de la rĂ©alitĂ©, il
encourageait lâĂ©tude de la philosophie et Ćuvrait en faveur dâun accĂšs complet a
la sagesse philosophique et scientifique accumulĂ©e par lâAntiquitĂ©. Il exaltait
particuliĂšrement la culture scientifique, tout en mettant en garde contre la seule
lecture des textes et donc la seule connaissance livresque, quâil jugeait
insuffisante, voire pernicieuse, dans la quĂȘte dâun savoir vĂ©ritable, car, pour lui,
« ce dont on ignore les principes, les causes et les raisons, il faut dĂ©sespĂ©rer dâen
saisir la vérité scientifique que » ; aussi recommandait-il de « suivre les voies
de la nature pour la comprendre ».
al-Farabi :
Philosophe et savant, Abu Nasr Mohammed ibn Tarkhan al-Farabi, (né vers
872/259 H. a Wasij, prés de Farab, dans le Turkestan, mort vers 950/339 H. a
Damas, en Syrie), ilest lâun des plus Ă©minents et des plus cĂ©lĂšbres philosophes et
savants arabo-musulmans. Homme de culture encyclopédique, surnomme Al-
Muâallim al-Th ani
(le Second Maitre aprÚs Aristote, il fut également considéré comme le second
maitre péripatéticien aprÚs Al-Kindi. Il accorda une grande importance a la
raison humaine et, prĂŽnant lâuniversalitĂ© de la vĂ©ritĂ© philosophique tout en
mettant la philosophie au service de la vérité révélée, il chercha a adapter la
philosophie grecque a la pensée islamique et a accorder les doctrines des deux
sages, Aristote et Platon, se considérant comme disciple du premier pour la
logique, la métaphysique et les sciences, et du second pour la philosophie
politique.
Dans le Kitab ihsa al-âulum [Livre de lâĂ©numĂ©ration (ou de la
classification) des sciences], traduit en latin par Gerard de Cremone sous le titre
De scientiis, Al-FÄrÄbÄ« proposa une classification du savoir en six grandes
branches : sciences du langage (linguistique, philologie, grammaire, poĂ©sieâŠ) ;
logique (sâinspirant surtout de lâIsagoge de Porphyre et de lâOrganon
dâAristote) ; sciences propĂ©deutiques (arithmĂ©tique, gĂ©omĂ©trie, perspective,
astronomie, musique, mĂ©canique, science des mesures et des instrumentsâŠ) ;
physique (toutes les sciences de la Nature ou sciences relatives aux corps
naturels) ; mĂ©taphysique (la connaissance de Dieu et de lâessence des ĂȘtres) ;
sciences de la sociĂ©tĂ© (politique, jurisprudenceâŠ). Cette classification, qui fut
pratiquement adoptée par la plupart des grands penseurs arabo-musulmans, eut
par ailleurs une grande influence sur la théorie de la classification des sciences
dans la scolastique occidentale. Al-Farabi fut le premier dans le monde
musulman a Ă©tablir une classification complĂšte des sciences et du savoir â
classification dĂ©terminante dans le systĂšme classique dâenseignement â et a en
avoir défi ni les limites et les principes.
AbĆ« HÄmid Mohammed al-Tusi al-Ghazali:
(1058/450 H. a Tus, au Khurasan, mort en 1111/505 H. a Tus), fut un Ă©minent
penseur et un grand réformateur religieux. Surnomme Hujjat al-Islam (Preuve de
lâislam), il fut une forte personnalitĂ© intellectuelle et religieuse dont lâĆuvre
marqua lâĂ©volution de la pensĂ©e musulmane. NâĂ©tant pourtant ni philosophe ni
savant ou homme de science dans le sens généralement donne a ces termes, il se
rendit cĂ©lĂšbre par sa critique, au nom de lâorthodoxie religieuse, des philosophes
grecs et hellénisants, aprÚs avoir brillamment exposer leurs doctrines dans un
ouvrage qui fi t longtemps autorité. Par son rayonnement personnel et par sa
force de conviction, Al-Ghazali
Parvint a endiguer lâinfluence de la falsafa dans le monde musulman, sunnite en
particulier, tout en rĂ©ussissant, par ailleurs, a y lĂ©gitimer lâenseignement du
soufisme : cette double initiative contribua pour beaucoup a la mutation
intellectuelle du monde musulman. LâOccident a pu voir dans Al-Ghazali le
précurseur du doute cartésien et de la philosophie critique kantienne. Il reste,
sans conteste, lâune des plus grandes figures intellectuelles de lâislam pour avoir
marque la pensĂ©e musulmane. Al-Ghazal rĂ©ussit du moins a ĂȘtre le âȘ spirituel
â« qui conçut une âȘ orthodoxie mystique â« dont se nourrit encore, en Islam,
une piĂ©tĂ© Ă©clairĂ©e et authentique. Par-delĂ les siĂšcles, son Ćuvre reste en tout cas
un acquis inestimable, tant pour lâislam que pour la culture universelle, ne serait-
ce quâa travers son extraordinaire aventure intellectuelle en quete de la plus
parfaite certitude.
Ibn Khaldƫn : né en 1332/732 H.a Tunis, mort en 1406/808 H. au Caire) de
son nom complet Wali al-Din Abu Zayd Abd al-Rahman ibn Khaldun est lâune
des plus fortes personnalités de la pensée arabe et le dernier des grands penseurs
de lâĂ©poque mĂ©diĂ©vale. ConsidĂ©rĂ© Ă©galement comme le âȘ pĂšre de
lâhistoriographie â«, il fut le gĂ©nie prĂ©curseur de la sociologie, de la philosophie
de lâhistoire et de bien dâautres branches des sciences humaines. Mu par le
besoin âȘ de comprendre et dâexpliquer â«, il Ă©rigea, selon lâexpression de
Robert Bruschvig, âȘ une vĂ©ritable philosophie de lâhistoire [âŠ] assise sur la
triple base de lâĂ©rudition, de lâexpĂ©rience et de la raison â«.
A travers la Muqaddima [Introduction] ou [ProlégomÚnes] et son monumental
Kitab al-Ibar [Histoire (ou Chronique) universelle], dans laquelle il exposa une
doctrine originale : transcender la simple narration et Ă©tudier les faits selon une
approche critique en vue de dĂ©gager les lois de lâĂ©volution de lâhistoire. Câest
ainsi quâil fonda la science historique en parvenant a substituer a lâhistoire
événementielle (visant a décrire les événements et a les mettre en séries
ordonnĂ©es) lâhistoire structurale (cherchant a saisir la trame des Ă©vĂ©nements et a
trouver des explications). Il souligna lâexistence de rapports Ă©troits entre
lâorganisation de la production, les structures sociales, les rĂ©gimes politiques, les
formes juridiques, les idéologies, voire les relations entre les individus.
Il se pose la question cruciale de savoir comment faire de lâhistoire une science
alors que lâhistoire ne consiste quâen âȘ rĂ©cits dâĂ©vĂ©nements â«,
LâĂšre moderne :
KARL RAIMUND POPPER 1902-1994, Un grand épistémologue du XXÚme
siĂšcle est Karl Popper. Il est notamment reconnu pour son concept de
« falsifiabilitĂ© scientifique ». Câest a une thĂ©orie, scientifique nâest vraie quâĂ
condition dâĂȘtre rĂ©futable. Mais les travaux de Popper ne se limitent pas Ă la
thĂ©orie de rĂ©futabilitĂ© (ou falsifiabilitĂ©).il sâest intĂ©ressĂ© au limites de
lâinduction, de ce fait lâinduction, dĂ©finie comme ce processus de gĂ©nĂ©ralisation
empirique, ne peut satisfaire un scientifique rigoureux. Alors, comment arriver Ă
atteindre un certain degrĂ© de vĂ©racitĂ© en science, sachant quâon devra quand
mĂȘme garder lâexpĂ©rience et la vĂ©rification comme mĂ©thodes de base.
FalsifiabilitĂ©, Câest-Ă -dire principalement le (ou les) critĂšre(s) Ă prendre en
compte pour pouvoir affirmer que telle théorie relÚve de la science, et telle autre
de la métaphysique. Pour les contemporains de Popper, une hypothÚse
scientifique était reconnaissable à sa vérifiabilité empirique contrairement à une
thĂ©orie de lâordre de la mĂ©taphysique, qui fait appel Ă de lâimmatĂ©riel et qui est
de ce fait incertain. En fait, ce que Popper apporte dâoriginal est de rejeter la
vĂ©rification comme critĂšre principal de vĂ©racitĂ©, ce quâaffirmaient les autres
Ă©pistĂ©mologues de lâĂ©poque.
Corroboration : pour Karl Popper, aucune thĂ©orie ne peut ĂȘtre vĂ©rifiable
« jusquâau bout Donc lâhypothĂšse scientifique en question que lâon soumet Ă
des tests nâest jamais « vĂ©rifiĂ©e » mais plutĂŽt « corroborĂ©e » comme lâappelle
Popper lui-mĂȘme. RĂ©ussir le test ne montre pas quâelle est vraie, mais que sur ce
plan-lĂ elle nâest pas fausse. DâoĂč dâailleurs le terme de falsification (ou
réfutabilité) qui est encore introduit par Popper. Plus précisément, au lieu de
parler de vérification ou vérifiabilité, Popper a préféré parler de corroboration et
falsifiabilitĂ©. Ainsi, une hypothĂšse nâest scientifique que si elle est falsifiable,
câest-Ă -dire si on peut potentiellement dĂ©montrer sa faussetĂ©.
(https://histoirephilosciences.wordpress.com/ressources-et-bibliographie/)
7. Appel a lâusage de la mĂ©thode scientifique dans les S H S :
W. Dilthey a estimĂ© quâil est devenu nĂ©cessaire pour les sciences sociales de
construire leurs propres méthodes, car durant plusieurs décennies, les sciences
exactes ont servi de modĂšle aux sciences sociales. M. Montoussi et G. Renouard
(2009) expliquent que les références des premiers sociologues étaient la
physique. W. Dilthey justifie cette initiative par le fait que lâobjectif de ces
sciences est de comprendre et non pas expliquer « leur visée, le sens, la portée
des gestes posĂ©s par les acteurs sociaux. Ce implique la participation Ă la vie et Ă
la culture de acteurs afin de comprendre le comment et le pourquoi Par
consĂ©quent, pour quâune science se dĂ©veloppe, elle se doit de construire ses
propres outils selon ses propres besoins. Ces méthodes sont fondées sur la
comprĂ©hension et non lâexplication. Donc on ne peut apprĂ©hender les sciences
sociales comme les sciences dures, car le positivisme scientifique ne tolĂšre que
lâobjet dâĂ©tude comme principe de distinction. Viendra par la suite les efforts de
Durkheim notamment pour la sociologie les rÚgles de la méthode.
Le positivisme avait Ă©tĂ© jusquâalors le paradigme dominant du fait que certaines
sciences dures avaient des lois universelles contrairement aux SHS. A. Comte a
longtemps estimĂ© que «lâanalyse positive des faits sociaux doit permettre
lâavĂšnement plus conforme aux aspirations humaines » (S. P. Pourtois & H.
Desmet, 2009:71) Finalement, les scientifiques positivistes ont commencĂ© Ă
opérer des changements. Ils ont admis finalement que les approches
quantitatives ne sont pas toujours opérationnelles et que les approches
qualitatives ne sont pas inutiles et imprécises. Beaucoup de ces chercheurs ont
changĂ© de position donnant plus dâimportance aux Ă©tudes qualitatives (tels que
Compbell). DĂšs la fin des annĂ©es 1960, lâexpĂ©rimentation classique comme
méthode et approche (utilisée pour étudier et analyser la réalité de la vie
humaine et sociale décrite comme difficile à comprendre) est remise en
question, car jugĂ©e insuffisante. Ă partir de ce moment sâest manifestĂ©e la
nĂ©cessitĂ© de revoir les conceptions Ă©pistĂ©mologiques. Câest ainsi que les
mĂ©thodes qualitatives ont Ă©tĂ© adoptĂ©es et que leur usage sâest largement
propagé.
8. La méthode scientifique dans les S H S :
La notion de « science sociale » a fait son apparition en 1824 dans une
publication de W. Thompson. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les sciences sociales
englobent divers disciplines étudiant les aspects de la réalité humaine :
sociologie, psychologie, ethnologie, âŠ. Ces sciences portent sur lâanalyse de
lâHomme, de sa vie, de ses relations, de son histoire, de son existence.
9. La différence entre les SHS et les sciences dures :
ĂlĂ©ments Sciences dures Sciences humaines et
sociales
Paradigmes Positivisme Constructivisme
exemples Mathématique, physique, Psychologie, sociologie
Objets dâĂ©tude La nature Lâhomme
DĂ©marches
Expérimentales Expérimentales,
historiques, descriptives,
analytique
Nature Objectives subjectives
Notions de base
Réfutabilité-
reproductibilité
Cause et effet-interaction
-rétroaction-causalité
circulaire- validité
Ă©cologique
Méthodes Déductives- hypothético-
déductives
Inductives
Fondateurs
A. Comte, K. PopperâŠ
W. Dilthey
G. Bachelard,
Tableau: Entre SHS te sciences dures (HEDID Souheila).
10. La méthode qualitative et quantitative :
Les modes dâinvestigations sont dĂ©terminĂ©s par les paradigmes de recherche et
les objectifs du chercheur. Ce dernier a le choix entre trois modes
dâinvestigation: lâapproche quantitative, lâapproche qualitative et lâapproche
mixte.
. Lâapproche quantitative :
Cette approche vise à recueillir des données observables et quantifiables. Ce
type de recherche consiste à décrire, à expliquer, à contrÎler et à prédire en se
fondant sur lâobservation de faits et Ă©vĂ©nements « positifs », câest-Ă -dire existant
indépendamment du chercheur, des faits objectifs.
Cette mĂ©thode sâappuie sur des instruments ou techniques de recherche
quantitatives de collecte de données dont en principe la fidélité et la validité sont
assurées. Elle aboutit à des données chiffrées qui permettent de faire des
analyses descriptives, des tableaux et graphiques, des analyses statistiques de
recherche de liens entre les variables ou facteurs, des analyses de corrélation ou
dâassociation, etc.
. Lâapproche qualitative :
Dans lâapproche qualitative, le chercheur part dâune situation concrĂšte
comportant un phĂ©nomĂšne particulier quâil sâagit de comprendre et non de
dĂ©montrer, de prouver ou de contrĂŽler. Il veut donner sens au phĂ©nomĂšne Ă
travers ou au-delĂ de lâobservation, de la description de lâinterprĂ©tation et de
lâapprĂ©ciation du contexte et du phĂ©nomĂšne tel quâil se prĂ©sente.
Cette méthode recourt à des techniques de recherche qualitatives pour étudier
des faits particuliers (études de cas, observation, entretiens semi-structurés ou
non-structurés, etc.). Le mode qualitatif fournit des données de contenu, et non
des données chiffrées.
. Lâapproche mixte
Cette approche est une combinaison des deux précédentes. Elle permet au
chercheur de mobiliser aussi bien les avantages du mode quantitatif que ceux du
mode qualitatif. Cette conduite aide à maitriser le phénomÚne dans toutes ses
dimensions.
Les deux approches ne sâopposent donc pas. Elles se complĂštent: Lâapproche
qualitative, par observation, par entretien, par protocoles (etc.âŠ) permet de
rĂ©colter Ă©normĂ©ment dâinformations. Certaines dâentre elles nâĂ©taient pas
attendues. Elles font progresser la recherche. Cependant la durĂ©e dâune enquĂȘte
qualitative limite son recours Ă des sujets de recherche pour lesquelles on
dispose de peu dâinformations. LâenquĂȘte qualitative sera choisie dans une phase
exploratoire dâun nouveau sujet de recherche. Elle permet de dĂ©velopper une
thĂ©orie et relĂšve donc dâun processus inductif.
Lâapproche quantitative repose sur un corpus thĂ©orique qui permet de poser des
hypothĂšses. La phase empirique dâune telle recherche se rĂ©alise souvent en
conduisant une enquĂȘte par questionnaires. Le questionnaire permet dâinterroger
un beaucoup plus grand nombre dâindividus. Mais le format de lâenquĂȘte ne
permet de recueillir que les informations relatives aux questions.
http://www.issep-ks.rnu.tn/fileadmin/templates/Fcad/introduction_1.pdf
11. LâobjectivitĂ©, subjectivitĂ© et critĂšres de scientificitĂ© :
Plusieurs définitions interdisciplinaires ont été données à ces termes sans autant
oublier dâĂ©voquer leur importance dans la recherche scientifique et
Ă©pistĂ©mologique quâon peut dĂ©duire des dĂ©finitions suivantes :
Objectif 1. Est objectif ce qui se rapporte Ă l'objet de la connaissance.
Un jugement est objectif s'il est conforme Ă son objet. (Accord
de la pensée avec le réel)
2. Est objectif ce qui ne dépend pas de moi et est valable pour
tous.
Un jugement est objectif s'il est universel. (Accord des esprits
entre eux)
Subjectif 1. Est subjectif ce qui se rapporte au sujet de la connaissance.
Un jugement est subjectif s'il appartient Ă la conscience.
2. Est subjectif ce qui dépend de moi ou d'un point de vue
particulier.
Un jugement est subjectif s'il reflÚte les passions, les préjugés et
les choix personnels d'un sujet. Synonyme de partialité.
Objectivité En général, l'objectivité est le caractÚre de ce qui est objectif.
1. L'objectivité est l'accord de la pensée au réel. En ce sens,
l'objectivité est la condition de la vérité entendue comme
correspondance à la réalité (critÚre de vérité-correspondance).
2. L'objectivité est une attitude de l'esprit opposée à la
subjectivité au sens 2 et qui garantit l'objectivité au sens 1
(l'accord de la pensée avec le réel).
Subjectivité En général, la subjectivité est le caractÚre de ce qui est subjectif.
1. La subjectivité est tout ce qui concerne l'homme en tant qu'il
est un sujet, c'est-Ă -dire une conscience qui connaĂźt l'objet. On
parle souvent en ce sens de subjectivité transcendantale au sens
de Kant.
2. La subjectivité est aussi l'ensemble des caractéristiques d'une
conscience individuelle. On parle souvent en ce sens de
subjectivité empirique.
Subjectivisme Le subjectivisme consiste Ă tout juger d'un point de vue subjectif
au sens
2. Pour le subjectivisme en ce sens, il n'y a pas d'objectivité
possible a chacun sa vérité".
Le subjectivisme débouche sur le relativisme universel de
Protagoras:
"L'homme est la mesure de toute chose. Telles les choses
m'apparaissent, telles elles sont. Telles les choses t'apparaissent,
telles elles sont."
Dictionnaires de référence
André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie.
P.U.F.
Sylvain Auroux et Yvonne Weil, Nouveau vocabulaire des Ă©tudes
philosophiques. Hachette.
LâobjectivitĂ© est une qualitĂ© de ce qui rend compte de la rĂ©alitĂ© le plus
fidÚlement possible ce qui donne une représentation conforme a la réalité bien
quâelle est un idĂ©al jamais atteint, car on est jamais neutre devant la rĂ©alitĂ© et
câest la que le chercheur tente dâaller plus loin que ses propres convictions et
présuppositions et prend tous les moyens a sa disposition pour éviter que les
rĂ©sultats quâil espĂšre trouver ne soient entachĂ©s dâune manipulation douteuse de
sa part mais en prendre conscience est dĂ©jĂ un premier pas vers lâobjectivitĂ©.
(J.-P. Pourtois , 1979)
. CritÚres de scientificité : Validités, fidélité et fiabilité
A ce niveau, deux types de validitĂ© sont distinguĂ©s, dâune part, la validitĂ© interne
de la recherche, et, dâautre part, la validitĂ© externe de la recherche. Il sâagit
dâexaminer dans quelle mesure les conclusions de la recherche dĂ©coulent des
observations effectuĂ©es et non pas dâautres Ă©lĂ©ments qui interviendraient Ă lâinsu
du chercheur.
Lâexamen de la validitĂ© interne de lâĂ©tude consiste essentiellement Ă surinvestir
deux pĂŽles dans la structuration de lâespace de recherche. Il sâagit des
hypothÚses (ou des référents) et de la vérification des hypothÚses (ou des
rĂ©fĂ©rents). Certes, lâexamen des autres points charniĂšres est possible au sein de
la validité interne de la recherche, mais cet examen doit avoir pour finalité de
garantir la validitĂ© des deux pĂŽles citĂ©s. Il sâagit de deux Ă©tapes considĂ©rĂ©es
comme guidant lâĂ©tude. Par exemple, on examine (la qualitĂ© et la quantitĂ© des
indices et des indicateurs afin de savoir sâils permettent de saturer entiĂšrement
les hypothĂšses en jeu sans outrepasser le cadre de ces mĂȘmes hypothĂšses. On
sâintĂ©resse Ă©galement aux (donnĂ©es, Ă leur traitement et Ă lâinterprĂ©tation des
résultats) pour examiner dans quelle mesure ces différentes étapes permettent de
vérifier les hypothÚses ou les référents de départ.
Le cas de la validité externe de la recherche est similaire à celui de la
validitĂ© interne si ce nâest quâau niveau externe, lâexamen de la validitĂ©
surinvestit les points-charniĂšres suivants: la population et lâĂ©chantillon, la
discussion des résultats, la synthÚse et les conclusions.
La fidélité vise essentiellement la maßtrise des points-charniÚres que
constituent lâinstrumentation, lâanalyse des donnĂ©es et lâinterprĂ©tation des
rĂ©sultats. Il sâagit dâabord de contrĂŽler la stabilitĂ© des donnĂ©es fournies par
lâinstrument. Tout Ă©lĂ©ment liĂ© Ă lâoutil lui mĂȘme ou aux circonstances de son
application qui perturbent cette stabilitĂ© doit ĂȘtre identifiĂ© afin de contrĂŽler toute
source de biais. La fidĂ©litĂ© sâattache aussi Ă contrĂŽler lâindĂ©pendance des
analyses et des interprétations du chercheur.
Enfin, la fiabilitĂ© se consacre plus particuliĂšrement Ă lâexamen du choix
des indicateurs, de la qualitĂ© et de lâanalyse des donnĂ©es ainsi que de
lâinterprĂ©tation des rĂ©sultats. Au sein de ces quatre Ă©tapes, lâindĂ©pendance du
chercheur doit ĂȘtre assurĂ©e en Ă©vitant au mieux toute connotation idĂ©ologique de
la part du chercheur. Il sâagit donc de sâassurer de la
Transparence du chercheur afin que lâon puisse estimer lâinfluence que celui-ci
peut exercer sur certaines Ă©tapes fondamentales de la recherche.
Semestre 2
12. Les écoles et leurs méthodes :
La formule dâholisme mĂ©thodologique et dâindividualisme mĂ©thodologique.
Est utilisée du fait de la complexité des réalités auxquelles elle renvoie, elle
nâest- pas dĂ©pourvue dâambiguĂŻtĂ©. Notamment elle implique Ă la fois lâidĂ©e de
collectivitĂ©, de groupe organisĂ©, et, dâautre part, lâidĂ©e que ces comportements
collectifs sont le fait dâindividus. Pour cette raison, elle a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e,
particuliÚrement à la fin du XIXe SiÚcle et au début du XXe, dans des sens
contradictoires. Ces interprĂ©tations ont oscillĂ© entre deux positions extrĂȘmes que
lâon peut caractĂ©riser par les termes dâholisme mĂ©thodologique et
dâindividualisme mĂ©thodologique. (J.-L. Loubet des Bayle, 2012).
âą La thĂšse du holisme mĂ©thodologique met lâaccent, dans le rapport
individu-groupe, sur le second terme. Pour elle, le groupe constitue la réalité
fondamentale : la société a une réalité objective, irréductible à une simple
juxtaposition ou combinaison dâindividus et de comportements individuels.
Dans ses expressions les plus extrĂȘmes, cette tendance va jusquâĂ affirmer que
lâindividu nâa pas dâexistence propre en dehors de lâexistence concrĂšte de la
sociĂ©tĂ© Ă laquelle il appartient et quâil nâest quâune sorte de rĂ©alitĂ© dĂ©rivĂ©e, de
réalité "seconde" par rapport à celle-ci. Pour Marx et un peu plus Durkheim la
société constitue une réalité morale qualitativement distincte des individus qui la
composent : câest un ĂȘtre vivant avec ses intĂ©rĂȘts, ses idĂ©es, son vouloir propre,
indépendant des consciences individuelles. DÚs lors la sociologie aurait pour
objet lâĂ©tude des groupes sociaux, observĂ©s de lâextĂ©rieur, indĂ©pendamment de
lâanalyse des psychologies individuelles.
âą Ă lâopposĂ©, pour les tenants de ce que Raymond Boudon appelle
lâindividualisme mĂ©thodologique, lâindividu est la seule entitĂ© Ă avoir une
existence concrĂšte, empiriquement constatable et la sociĂ©tĂ© [9] nâest quâune
construction abstraite, à laquelle ne correspond aucune réalité objective. Il
nâexiste rien dâautre quâune pluralitĂ© dâindividus et les phĂ©nomĂšnes sociaux sont
simplement des modes de relation entre individus, des agrégats de conduites
individuelles.
⹠En fait, ces deux positions sont plus complémentaires que contradictoires et
Georges Gurvitch (1894-1965) nâavait peut-ĂȘtre pas tort de ranger ce dĂ©bat
parmi "les faux problĂšmes de la sociologie du XIXe siĂšcle". Il sâagit plutĂŽt en
effet de deux approches diffĂ©rentes dâune mĂȘme rĂ©alitĂ©, qui est Ă la fois faite de
collectivités structurées et organisées et de relations interindividuelles,
lâimportance relative de ces deux aspects variant suivant les phĂ©nomĂšnes
étudiés. (Georges Gurvitch, 1963).
13. LâĂ©cole fonctionnaliste :
Le terme « fonctionnalisme » dĂ©signe un modĂšle dâanalyse dans lequel les faits
sociaux sont apprĂ©hendĂ©s selon la fonction quâils remplissent dans un systĂšme
plus global. Une comparaison avec la biologie est souvent employée pour
illustrer ce courant: chaque institution sociale occupe une fonction dans la
sociĂ©tĂ©, tout comme, par exemple, le cĆur occupe une fonction de circulation
dans le corps. La famille est lâexemple dâune institution qui occupe une fonction
de socialisation dans la sociĂ©tĂ©. Si lâon veut analyser un fait social dans cette
optique, il faut donc commencer par dĂ©terminer la fonction quâil remplit.
Ce courant de pensĂ©e qui puise ses racines dans lâanthropologie a Ă©tĂ© dominant
en sciences sociales entre les années 1930 et 1960, en particulier sous
lâinfluence de Talcott Parsons, lâun des principaux auteurs de ce courant qui a
cherchĂ© Ă Ă©laborer une thĂ©orie gĂ©nĂ©rale de lâaction humaine.
Les courants du fonctionnalisme :
Origines: anthropologie et fonctionnalisme absolu :
Bronislaw Malinowski (1884-1942), anthropologue social et ethnologue
britannique, élabore ses premiÚres théories à la suite de séjours ethnologiques au
Sud de la Nouvelle-Guinée. Il est considéré par certains comme le pÚre du
fonctionnalisme grùce à une nouvelle vision de la société: celle-ci est conçue
comme un ensemble dont il est impossible dâisoler un trait, une fonction en
particulier, car elles sont toutes dépendantes les unes des autres. Par ailleurs, les
fonctions de la société répondent à deux types de besoins: les besoins primaires
physiologiques (se nourrir, par exemple) et les besoins culturels (Ă©conomiques,
juridiques, etc.), qui sont comblés une fois les besoins primaires satisfaits.
LâĂ©tude dâune sociĂ©tĂ©, des phĂ©nomĂšnes sociaux, passe donc par lâĂ©tude de la
maniÚre dont celle-ci comble ses besoins. Il élabore, à partir de ces éléments,
trois postulats à la base de sa théorie:
Postulat de lâunitĂ© fonctionnelle: tout Ă©lĂ©ment dâun systĂšme est fonctionnel pour
le systĂšme social tout entier.
Postulat du fonctionnalisme universel: chaque élément social et culturel remplit
une fonction dans le systĂšme.
Postulat de nécessité: chaque élément est indispensable au systÚme.
Alfred Reginald Radcliff-Brown (1881-1955), anthropologue et ethnographe
britannique, Ă©labore ses travaux dans la mĂȘme lignĂ©e que ceux de Malinowski,
mais introduit néanmoins une nuance dans le postulat du fonctionnalisme
universel et dans le postulat de nécessité: tout élément du systÚme ne remplit pas
nécessairement une fonction et des éléments identiques peuvent remplir une
fonction différente.
Fonctionnalisme de moyenne portée
Robert King Merton (1910-2003), sociologue américain, est le pÚre du
fonctionnalisme dit de moyenne portée. Il nuance les trois postulats de
Malinowski et de Radcliffe-Brown:
Postulat dâunitĂ© fonctionnelle: un Ă©lĂ©ment nâest pas forcĂ©ment positif pour le
systĂšme, il peut, par exemple, ĂȘtre dysfonctionnel ou avoir plusieurs fonctions.
Postulat du fonctionnalisme universel: un Ă©lĂ©ment peut ĂȘtre fonctionnel pour un
groupe, et dysfonctionnel pour un autre.
Postulat de nĂ©cessitĂ©: il existe des substituts fonctionnels, câest-Ă -dire que
plusieurs Ă©lĂ©ments peuvent occuper une mĂȘme fonction dans un systĂšme.
Lâun des Ă©lĂ©ments fondamentaux de la pensĂ©e de Merton est la distinction entre
fonction manifeste et fonction latente, qui se distinguent par leurs conséquences:
les consĂ©quences dâune fonction latente ne sont ni voulues, ni perçues par les
acteurs. Merton donne lâexemple de la tribu des Hopis, qui se rassemble pour
exĂ©cuter un rituel afin dâappeler la pluie. Ce rituel ne fonctionne Ă©videmment
pas, mais il a en revanche pour fonction latente de maintenir la cohésion sociale
grùce à la réunion de la tribu. La fonction manifeste, en revanche, a des effets
voulus et attendus. LâĂ©cole, par exemple, occupe une fonction de socialisation. i
http://wp.unil.ch/bases/2013/08/max-weber-et-la-sociologie-comprehensive/
14. Parsons et lâĂ©cole structuro-fonctionnaliste:
Talcott Parsons (Colorado Springs, 1902 â Munich, 1979) est un sociologue
amĂ©ricain. A travers ces thĂ©ories, il Ă©tablit que les actions doivent ĂȘtre comprises
par rapport Ă leur fonction dans la structure sociale (dâoĂč le nom de structuro-
fonctionnalisme, courant du fonctionnalisme dont Parsons est lâinitiateur).
Parsons cherche à établir une théorie sociologique générale, une théorie qui
pourrait expliquer tous les comportements sociaux. Son questionnement
principal porte sur comment lâordre est maintenu dans la sociĂ©tĂ©.
Parsons voit lâaction sociale comme un systĂšme, composĂ© de plusieurs
éléments:
Un acteur, qui peut ĂȘtre un individu, mais aussi une collectivitĂ© (par exemple un
groupe, une organisation, un pays ou encore une civilisation).
Une finalitĂ©, un but vers lequel lâacteur sâoriente.
Un