Voyage au Việt Nam
18 avril – 4 mai 2014
Cécile, Pierre–Casimir et Bernard Ravel, Phạm Anh Tuấn
Vendredi 18 – Samedi 19 avril 2014 – un périple de 24 heures
EDV à l’heure du Qatar. San doute un effet de mode. Nous partons pour un voyage
de près de 24 heures par Qatar Airways. Une première pour nous. Paris – Doha (2
heures d’escale) – Bangkok (6 heures d’escale) – Hanoi enfin.
Tuấn, en provenance de Saigon nous a devancés d’une demi-heure. Le taxi de
l’impressive hotel nous conduit dans le centre d’Hanoi. Comme chaque année, nous
trouvons la ville en perpétuel changement.
Sœur Thérèse et Sœur Anna nous retrouvent à l’hôtel
Elles sont suivies de près par Aurore et Angelique d’EDV Luxembourg qui terminent
leur voyage au Vietnam. Elles ont rejoint EDVL il y a quelques mois et sont pleines de
dynamisme. Nous prenons un Phở tous ensemble puis finissons la soirée dans un
bar tenu par un ami de Tuấn, mais sans nos sœurs vénérées que nous retrouverons
au retour de Sapa le mercredi
Dimanche 20 avril 2014 – une nouvelle ère avec SPC
Après une nuit réparatrice et la messe de Pâques en français à la cathédrale, nous
déjeunons chez Sœur Saint-Jean, qui après 10 ans à Rome, est revenue au Vietnam
en novembre dernier. Nous ne l’avons jamais perdue de vue et c’est un grand plaisir
de la revoir à Hanoi.
Très vite, les idées et les projets de développement fusent. Un nouveau programme
de parrainage individuel, sans doute à Lạng Sơn, un dispensaire à construire,
toujours à Lạng Sơn, et surtout un grand projet pour enfants handicapés dans la
banlieue de Hanoi. Il faudra convaincre Tuấn de proposer à la Fondation Saint
Gobain un projet au nord. Nous sommes ravis de pouvoir développer de nouveaux
programmes dans ces contrées lointaines comme à Sapa, Lạng Sơn ou Cao Bằng.
La journée se poursuit avec nos retrouvailles annuelles avec Thúy, son mari et sa
fille. Thúy est chef d’un service gynécologique du grand hôpital de Hanoi. Elle est
bien partie pour nous aider pour notre programme de Sapa (hygiène médicale,
formation, gynécologie). Nous dinons avec Thúy, Giang et Gia Linh.
Le moment arrive où nous rejoignons la gare d’Hanoi pour prendre le train SP3 pour
Lào Cai. Le train n’a pas beaucoup changé en 80 ans et nous arrivons fourbus avec
plus de 3 heures de retard.
Le SP3 en gare de Hanoi
Lundi 21 avril 2014 – les bonbons de Lao Chải
Père Bình nous a envoyé une voiture à Lào Cai et nous remontons sur Sapa dans le
brouillard en moins d’une heure. Après une douche très attendue dans notre petit
hotel, nous déjeunons chez le Père Bình à l’église de Sapa. Les nouvelles des
programmes sont bonnes. Seule la construction du nouveau foyer est suspendue
par les autorités. Nous finançons le fonctionnement de l’actuel foyer près de l’église,
lequel est très vétuste.
L’après-midi, nous visitons le programme individuel de Lao Chải, peuplé par la
minorité ethnique Hmong noir, si reconnaissable dans sa tenue traditionnelle. Nous
rencontrons 8 filleuls sur 17. Ceux-ci commencent à nous connaitre mais sont
toujours aussi timides.
Lô Thị Mai, filleule à Lao Chải
Un filleul de Lao Chải et sa grand-mère
Bonbons et chocolats à Lao Chải
Le point d’orgue de la journée est la distribution aux enfants de bonbons et de
chocolats. Un pur moment de bonheur. Les enfants sont de vrais petits
« crapouillots ». L’hygiène n’est pas encore répandue chez les Hmongs. Les
conditions de vie des Hmong évoluent peu. L’habitat reste le même. On voit de très
rares télévisions. Est-ce que les Kinhs laisseront les Hmongs se développer au risque
de tuer la poule aux œufs d’or du tourisme ? Rien n’est moins sûr.
Lao Chải
Le ciel est un peu plus dégagé et nous prenons quelques photos des fameuses
rizières de la vallée.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Thôn Lý, où EDV26 a financé
l’électrification du hameau il y a quelques années. Toujours de petits crapouillots
tous aussi beaux les uns que les autres et …beaucoup de bonbons.
Dans la brume de Thôn Lý
Le soir, diner chez le Père Bình et sortie dans Sapa by night au cours de laquelle nous
achetons 40 bracelets à une petite fille qui aurait dû être couchée depuis longtemps.
Mardi 22 avril 2014 – la brume de Sapa
La brume n’allait pas se lever de la journée. Apres un bon Phở avec le Père Bình
nous partons a Hầu Thào où nous avons lancé un programme médical. Mais nous
laissons nos médecins, Hy Hòa et Odile, faire les consultations en novembre. Le Père
Bình nous fait visiter l’église en construction.
Hầu Thào
Nous repartons sur Sapa et continuons les achats au marché où nous découvrons
que le Père Bình parle parfaitement la langue hmong, puis dans les boutiques de
Sapa. Nous passons au nouveau foyer en construction, financé par une association
coréenne, et bloqué depuis un mois par les autorités locales. Après la construction,
nous continuerons à financer le fonctionnement du foyer.
Foyer en construction à Sapa
En fin de journée retour à Lào Cai ou je me trouve, dans la salle d’attente de la gare,
en espérant avoir moins de 3 heures de retard pour le retour. Ce séjour nous aura
permis de parfaire notre relation avec le Père Bình. Nous avons découvert que son
territoire s’étirait jusqu’à Điện Biên Phủ et la frontière laotienne. Une chose est sure
nous continuerons notre aide sur Sapa et ces régions éloignées.
Mercredi 23 avril 2014 le poulet qui monte aux arbres de Phú Thọ
La nuit dans le train de Lào Cai à Hanoi est toujours une aventure. Je me souviens de
mon premier voyage en train au Vietnam il y a 15 ans. Un singe voleur avait pénétré
dans le compartiment et avait essayé de voler le sac d’une vieille dame. Je m’étais
réveillé en sursaut et avais chassé le singe. Les trains sont aujourd’hui mieux
équipés, les toilettes presque fréquentables. En revanche le bruit empêche de
dormir. Nous retournons à notre hôtel à Hanoi et après un petit déjeuner
continental, je repars, seul cette fois, a Phú Thọ avec Sœur Anna et Sœur Therese.
Nous sommes accompagnés d’un docteur et de sa femme. Le docteur est l’initiateur
du projet. Il est à la retraite depuis un mois et a sollicité Sœur Therese pour
réhabiliter le dispensaire de la commune, un dispensaire public.
C’est une première pour EDV. Apres deux heures et demie de route en direction de
Lào Cai ... et un passage à la maison du docteur, nous arrivons au dispensaire. Il
ressemble aux nombreux dispensaires que nous avons équipés autour d'Hanoi mais
il est bien dégradé et la propreté n’est pas son fort. Les toilettes sont quasiment
inexistantes. Nous sommes reçus par le docteur responsable, une infirmière, le vice-
président du Comité Populaire en personne.
Là aussi c’est une première pour EDV.
Le dispensaire de Phú Thọ
La discussion tourne vite autour des priorités de la rénovation. Nous décidons de
construire des toilettes et de rafraîchir les bâtiments dans un premier temps, et
laissons une enveloppe pour ce faire. Nous attendrons les devis et les photos des
premières réalisations avant de continuer. Nous poursuivons par un déjeuner chez
le docteur avec le président du Comité Populaire qui a tenu à être présent. La
femme du docteur est une excellente cuisinière et nous a préparé un très bon
poulet, bio dirait-on dans nos contrées, qui a la particularité de grimper aux arbres
pour manger des noisettes (traduction incertaine). Je demande à Sœur Anna s’il
s’agit d’un miracle mais sa réponse est énigmatique. Ceci vient après l’épisode du
café ‘chồn’ de Sœur Saint Jean dont la décence m’interdit de révéler le processus de
fabrication.
Le retour sur Hanoi s’effectue sans encombre. Je retrouve notre équipée et après un
diner de très bonne facture dans un bistrot chic de la ville (« à la folie »), nous
terminons la soirée chez Đức, l’ami de Tuấn.
Jeudi 24 avril 2014 - les enfants de la maternelle de Trịnh Xuyên
Cap au sud (du nord) pour notre dernier jour à Hanoi. Direction Trịnh Xuyên,
province de Ninh Bình, ou nous construisons notre deuxième maternelle sur place.
Avant de rejoindre notre destination, nous faisons un arrêt à Tam Cốc, Bình Đông,
plus communément appelé Hoa Lư et baie d’Along terrestre. En 20 ans de voyage au
Vietnam, je ne l’ai jamais visitée. Nous effectuons une excursion de plus de deux
heures en barque. Les pains de sucre font vraiment penser à la baie d’Along et le
site est superbe. Nous apercevons deux chèvres qui grimpent dans les falaises. Au
contraire des poulets de Phú Thọ, ces chèvres, je les ai bien vues !
La baie d’Along terrestre
Apres cet intermède, nous retrouvons avec plaisir les enfants de la maternelle de
Trịnh Xuyên. Ils sont de plus en plus nombreux, le succès de la maternelle aidant, et
cela justifie la construction d’une deuxième école après celle que nous avons
réalisée en 2009 avec le soutien de la Fondation BNP Paribas. La séance de photos
avec les enfants est mémorable. Tuấn est à deux doigts de ramener une petite fille
en France et Cécile un petit frère.
Cécile et le petit frère de Trịnh Xuyên
Tuấn et la petite fille de Trịnh Xuyên
La construction de la deuxième école de Trịnh Xuyên est bien avancée et le toit est posé.
Nous repartons à regret à Hanoi que nous atteignons après 100 km et 2 heures et
demie de route. La fatigue et les coups de soleil se font sentir et nous sommes plus
raisonnables ce soir-là.
Vendredi 25 avril 2014 - retour sur les hauts plateaux
Au revoir Hanoi. Nous prenons un fokker 70, dans lequel je me trouve, et nous
allons atterrir à Pleiku. Ce soir nous dinons à Pleiku chez Sœur Marie Kim à Kontum.
SM Kim est une sœur de la congrégation des sœurs de Saint-Paul de Chartres que
nous accompagnons depuis 15 ans, de Danang (atelier de broderie et parrainages) à
Kontum en passant par le couvent de Kim Long à Huế et Tuy Hòa au sud de Đanang.
Nous nous faisons une joie de la retrouver.
Un peu secoués avant l’atterrissage de notre petit fokker, nous sommes attendus
par Sai et le Père Vu, le directeur diocésain du diocèse de Kontum Pleiku. La petite
heure de trajet entre Pleiku et Kontum allait être particulièrement productive. Nous
faisons d’une part le point sur les projets de construction initiés l’an passé - Gia Lâu,
Mỹ Thạch et Măng La sont terminés, nous visiterons les 2 derniers. HBong est en
stand-by, Kon Jodreh également. Nous évoquons également les nouveaux projets.
Le plus important concerne le déménagement du foyer de l’évêché dont nous
finançons le fonctionnement depuis 2007. Il accueille près d’une centaine de
collégiens et de lycéens. L’hébergement au sein de l’évêché ne devait être que
provisoire mais il dure depuis une dizaine d’années. L’évêché ayant besoin de place,
il est nécessaire de délocaliser le foyer. La première option consiste à rejoindre le
foyer de la cathédrale. Elle est vite abandonnée. Ce dernier est surcharge et compte
déjà 176 filles et 46 garçons. La seconde option consiste à regrouper tous les
garçons sur un nouveau site, ce qui représente une construction de 500 m2pour
loger 150 garçons. Le foyer de la cathédrale serait de fait réservé aux filles. Déjà 2
sites sont identifiés dans la banlieue de Kontum: Kon Robang et Vô Lâm. Nous nous
y rendrons demain. Bref un coup d’accélérateur est donné à notre voyage.
J’aurai même le plaisir d’échanger pendant le trajet au téléphone avec l’évêque de
Kontum, Monseigneur Michel Óanh, qui prend toujours soin de nous contacter lors
de nos visites.
Nous retrouvons SM Kim à Phương Nghiã. Sa communauté a composé un
magnifique repas, « familial » nous dit elle ! SM Kim nous l’avait déjà écrit. Elle
sollicite notre aide sur le programme de promotions des filles de Kon Robang ... De
nouveau Kon Robang. En effet l’aide de l’association Lavicam n’est plus suffisante et
le nombre de jeunes filles a fortement augmenté. Nous reverrons SM Kim demain
matin. Avant de la quitter nous faisons une émouvante séance photos avec les 70
pensionnaires du foyer de Phương Nghiã, âgés de 4 à 18 ans. Leurs rires résonnent
encore ce soir dans nos têtes.
Les pensionnaires de Phương Nghiã à Kontum
Samedi 26 avril 2014 - la soif d’étudier
Notre tournée de Kontum vient de s’achever. Le mot pour qualifier ce que nous
ressentons est la soif, la soif d’étudier. Quand on voit les facilités qui sont offertes
sous nos latitudes malgré les discours et les complaintes de certains, qu’ils viennent
à Kontum ! Ici rien n’est facile. Ou plutôt tout est compliqué.
Les collégiens et les lycéens sont prêts à s’entasser à cinquante dans des chambres
surchargées, surchauffées, dans des conditions de vie qui seraient insupportables
pour nos chères têtes blondes et brunes. Certains ne retournent chez eux qu’une
fois l’an pour le têt. Lors des repas, la viande manque comme à Kon Teneh qui
accueille 170 pensionnaires, principalement des enfants dont un tiers d’orphelins.
Pour vivre, survivre, il faut sans nul doute avoir la soif d’étudier.
Mais reprenons le fil de notre journée.
Nous démarrons par Kon Teneh. Seuls les plus petits sont là.
Les enfants de Kon Teneh
Une histoire d’emblée nous effraie. 2 enfants de 5 ou 6 ans sont ici depuis 3
semaines. Les Sœurs les ont ramassés au fonds d’un trou, abandonnés. Tous deux
nous fixent de leurs yeux tristes, et j’ai encore sur moi leur regard qui me poursuit,
je n’ai pu mettre leur photo dans le compte-rendu. Cet épisode effroyable mis à
part, les nouvelles sont plutôt bonnes. Il y a donc 170 enfants. Les conditions de vie
se sont améliorées. Nous ne sommes pas la seule association qui intervient sur le
site. De plus, nous arrivons le jour où la viande est servie à profusion. En revanche,
nous apprenons qu’elle est beaucoup plus rare les autres jours du mois ce qui nous
fait réfléchir.
Nous revenons sur nos pas et atteignons rapidement Kon Jodreh. Le père Viet nous
attend. Kon Jodreh fait partie des projets de construction. Kon Jodreh fait partie des
projets de construction sélectionnés l’an dernier. Seules les fondations du nouveau
foyer (120 m2) sont réalisées. L’ancien foyer, encore occupé par 25 garçons est dans
un état de délabrement avancé.
L’actuel foyer de Kon Jodreh
Les fondations du futur foyer
(on aperçoit derrière l’actuel foyer)
A côté du nouveau foyer qui accueillera 30 collégiens, a été construit un vaste
hangar dont le toit est fait d’un nouveau matériau isolant de la chaleur. Le résultat
est spectaculaire. Nous sommes séduits par l’idée d’équiper nos nouveaux foyers de
ce matériau. Nous repartons très satisfaits de Kon Jodreh. Les travaux vont
reprendre mi-mai.
La prochaine étape nous mène à Kon Robang où nous retrouvons Sœur Marie Kim et
faisons la connaissance du père Phu. Nous sommes dans la banlieue de Kontum. Kon
Robang abrite le foyer de promotion des filles de Sœur Marie Kim. Le programme de
formation qui dure 3 mois évite tout discours
Le programme de promotion des filles de Kon Robang
Tuấn a deux amies vietnamiennes qui livreront 2 tonnes de riz par an pour ces
jeunes filles. L’idée est à renouveler pour d’autres programmes.
Il existe aussi un foyer pour garçons. Kon Robang est donc l’une des options pour
accueillir le nouveau foyer de Kontum pour y loger 150 garçons. Il y un terrain, plat,
qui est parfait. Il faudra juste déplacer le terrain de football !
Nous continuons ensuite vers Măng La que nous rebaptisons Kroong qui est son vrai
nom. Une surprise nous attend. La construction de la maison polyvalente est
terminée. Le bâtiment est magnifique. Notre contribution, rendue possible grâce à
une donation, a été de l’ordre de 40% du budget. La congrégation des Reines de la
Paix a financé le complément. Le bâtiment héberge les Sœurs et accueille les jeunes
filles des environs. Après un excellent déjeuner, les jeunes filles nous gratifient d’un
spectacle de danse et de chant. Les sourires et les rires résonnent.
Les jeunes filles de Kroong
La vieille maison sur pilotis n’est plus qu’un lointain souvenir
Nous poursuivons notre chemin vers le foyer de l’évêché de Kontum dont le
déménagement a été évoqué la veille. Notre nouvelle visite nous confirme les
conditions d’hébergement très limites du foyer. Les chambres sont sombres et les
lits empilés.
Le foyer de l’évêché de Kontum
Puis nous terminons notre journée par une visite au foyer de la cathédrale, et
sommes accueillis par le père Truyền. J’avais déjà visité ce foyer en 2008.
Le site est beau mais le foyer est très dégradé. Il héberge 130 filles et 46 garçons. Le
père Truyền anticipe déjà le déménagement du pensionnat du foyer de l’évêché et
rénove des bâtiments qui pourront accueillir provisoirement les 100 pensionnaires.
Le foyer de la cathédrale de Kontum
Notre conviction est faite. Il convient d’une part de rénover totalement le foyer de la
cathédrale et de le réserver aux filles, et d’autre part de construire un nouveau foyer
pour les garçons que ce soit à Vô Lâm ou Kon Robang.
Au fil de nos visites à Kontum, nous découvrons l’ampleur des besoins mais aussi
cette volonté de réussir de ces jeunes. Kontum est plus que jamais un axe très
important de notre action au Vietnam.
Dimanche 27 avril 2014 – la consécration de Mỹ Thạch
Après un très bon Phở, nous partons pour Mỹ Thạch avec nos valises. Mỹ Thạch est
située à 30 km au sud-est de Pleiku. Sœur Tuyết nous attend. Elle est désormais
basée à Mỹ Thạch et coordonne, à la demande de l’évêque, tous nos programmes et
projets sur le diocèse de Kontum Pleiku. Nous découvrons la nouvelle construction
que nous avons largement financée grâce à une donation. L’extension est
particulièrement réussie et les pensionnaires disposent désormais de locaux aérés
et d’une literie neuve, un peu à l’image de ce que nous voudrions faire partout dans
la région. Mỹ Thạch, notamment financée grâce au soutien du Collège Saint-Joseph
d’Argenteuil, est désormais le site le plus important pour EDV sur Kontum Pleiku
avec le programme « cantine » qui finance l’hébergement des 24 pensionnaires , le
programme « lait de soja » pour les 84 enfants de la maternelle, et un nouveau
programme médical décidé lors du déjeuner, délicieux, offert par la communauté.
Nous allons ainsi financer l’achat de médicaments donnés aux familles pauvres par
Sœur Hà qui vient d’ouvrir un petit dispensaire. Avant le déjeuner, les pensionnaires
nous présentent un spectacle de danse traditionnelle Jaraï, sans doute le meilleur
depuis le début de notre séjour. Nous sommes très satisfaits du développement de
Mỹ Thạch qui était déjà notre coup de cœur il y a deux ans. Sœur Tuyết n’est pas
étrangère à ce développement, elle a multiplié les activités : création d’un
dispensaire, de cours de musique, d’un poulailler …, d’un potager sans délaisser la
plantation de café. Seule petite déception, le café récolté n’est pas encore prêt et
nous ne pourrons en rapporter.
Le nouveau foyer de Mỹ Thạch
Nous poursuivons ensuite notre route en direction de Hbong, 30 km plus loin. C’est
encore un autre monde avec une église posée au milieu de nulle part. A notre
arrivée nous sommes étonnés par la saine cohabitation des deux communautés Kinh
et Jaraï.
Jaraï à Hbong
Sai a envoyé une première tranche du financement de la construction d’un foyer
pour garçons. Le ciment et les briques ont été achetés. Sai a des doutes sur la
capacité du prêtre à suivre le projet une fois réalisé. Nous convenons que la décision
de continuer appartient au diocèse.
Nous entamons la remontée vers l’aéroport de Pleiku et déposons au passage Sai et
Sœur Tuyết à Mỹ Thạch. Nous retrouverons Sai samedi à Saigon. L’orage sévit sur
Pleiku. Nous comptons (surtout moi !) sur la robustesse du minuscule ATR
turboprop qui va nous conduire à Đànẵng, un saut de puce d’une demi-heure (mai
s6 heures par la route …), Hội An étant notre prochaine étape.
Lundi 28 avril – le paradis de Cù Lao Chàm
Finalement nous arrivons sans encombre à Đànẵng, les nuages et l’orage ayant
disparu comme par enchantement.
La journée allait se dérouler comme dans un rêve. Thanh et Xuân Việt, les amis de
Tuấn, viennent nous chercher au homestay de Rehahn, le Friendly Guest House, 1
Trà Quế village à 3 km du centre de Hội An, situé en pleine nature. L’endroit est
magique et je ne me lasse pas de la vue de ma chambre.
Nous prenons une vedette rapide et en route pour Cù Lao Chàm. Le ciel est
menaçant mais allait se découvrir dans la journée.
Sur la route de Cù Lao Chàm
Après 40 minutes de traversée, nous voilà à pied d’œuvre au dispensaire de l’ile.
Notre projet consiste à électrifier le dispensaire à l’aide de panneaux solaires fournis
et installés par l’association Energy Assistance. En effet les groupes électrogènes de
l’ile n’assurent que 6 heures d’électricité par jour. L’équipement du dispensaire,
construit en 2005, est relativement réduit mais on peut tout de même y faire des
échographies. Nous effectuons une visite complète. Les panneaux doivent pouvoir
être posés sur le toit qui est en pente et en béton. Vu la taille du dispensaire, on
pourrait parler d’un hôpital
Le dispensaire de Cù Lao Chàm
Après cette visite de plus d’une heure qui nous conforte sur l’intérêt et la faisabilité
du projet, nous nous accordons quelques heures de vacances. Le bateau nous
amène sur un ilot où nous nous baignons dans une eau translucide, puis sur une
plage de cocotiers où nous faisons un festin de fruits de mer. Ce projet est
décidément bien choisi !
Plages à Cù Lao Chàm
Au retour le pilote de la vedette nous fait quelques frayeurs (surtout à Tuấn). Nous
sommes trempés.
En soirée, nous dinons à l’Enjoy, 13 Nguyễn Phúc Chu, le restaurant de Rehahn, avec
Thanh et Xuân Việt et leurs épouses. Nous refaisons le point sur Cù Lao Chàm et sur
le projet de cours d’anglais et de français que nous souhaitons lancer pour les jeunes
destinés à travailler dans le tourisme à Hội An. Xuân Việt est promu responsable de
ce dernier projet.
Nous revenons ensuite au homestay, Tuấn et Cécile, Pierre-Casimir et moi, sur des
motos louées pour l’occasion.
Mardi 29 avril 2014 – quiétude à Hội An
Nous faisons la grasse matinée ce qui est très rare, une fois tous les 5 ans !
Pas de réel programme aujourd’hui si ce n’est un passage chez les Sœurs de Saint-
Paul de Chartres de Hội An, où nous avons un programme de parrainage individuel.
Sœur Marthe viendra demain de Đànẵng à Hội An. Nous décidons donc de revenir le
lendemain, l’école maternelle sera le pont de départ de notre périple de Hội An à
Huế.
Le Homestay de Rehahn à Hội An
Mercredi 30 avril 2014 – le sanglier de Père Antoine
Nous quittons le paradis de Trà Quế vers 9h. Frère Victor est venu nous chercher de
Huế en partant très tôt. Nous retrouvons Sœur Marthe et Sœur Marie de
l’Assomption, 90 ans et plus jeune que jamais. SMA travaille toujours et fait encore
les traductions des courriers des filleuls.
Les filleuls de Hội An ont été regroupés à l’école des Sœurs. Ils sont tous là à
l’exception des filleuls de Phúc Kiều. Quelques transferts de parrainage ont été
opérés, et il va falloir régulariser les fiches.
Filleules à Hội An
Puis nous filons sur Đànẵng en prenant la route du littoral. La plage est quasiment
totalement bétonnée sur 20 km. Les hôtels de luxe et les complexes de villas se
succèdent. La majorité des acheteurs sont des chinois.
Nous commençons notre visite à Đànẵng par Thanh Bình, l’un de nos plus anciens
programmes de parrainage individuel, où les filleuls nous accueillent avec des
chants, des cadeaux et des discours.
Les filleuls de Thanh Bình à Đànẵng
Après une brève rencontre avec le curé de Thanh Bình, nous faisons un arrêt à
l’atelier de broderie de Sœur Célestine, puis au Sacré Cœur où nous attendent Sœur
Marie Xuân Lan, la Mère Provinciale, et Sœur Marie Thêm, responsable de
l’orphelinat. Cette dernière nous confirme que l’adoption est quasiment stoppée.
Seuls 2 enfants handicapés vont prochainement partir en France.
Sœur Marie Xuân Lan nous parle de nouveaux projets potentiels à Vinh, une école
maternelle, et à Hue. Le plus urgent est l’équipement de l’école de Trà Kiệu où nous
avons un programme de parrainage individuel.
Puis nous nous nous rendons au nouvel hôpital de Đànẵng pour prendre Père
Antoine, notre ami de quinze ans, qui souffre d’une leucémie. Nous sommes très
émus par les enfants que nous croisons atteints par cette maladie. Père Antoine est
tout heureux, et nous également, de nous mener à son village natal à An Ngãi où il
nous a fait préparer un festin avec un délicieux riz gluant au poulet, et surtout du
sanglier grillé de la production de Père Antoine. Heureusement, nous ne visiterons
l’enclos où cohabitent les poules et les sangliers ( !) qu’à l’issue du déjeuner.
Les sangliers de Père Antoine
Festin à An Ngãi près de Đànẵng
Nous déposons Père Antoine à l’hôpital qu’il réintègre après son « évasion », et
prions pour son rétablissement.
Direction Huế, par le tunnel, sous une pluie battante, inhabituelle pour la saison,
dans une circulation toujours impressionnante. Heureusement notre chauffeur ne
fait pas comme les bus qui doublent des files de camions sans visibilité.
Après près de 3 heures de route, nous arrivons à Huế, et finissons la soirée au Brown
Eyes, l’antre de Pierre-Casimir il y a 2 ans lors de son séjour au foyer Phan Bội Châu
de Huế.
Jeudi 1er mai 2014 – le sourire de Thu Diễm
Après une bonne nuit, nous faisons une halte chez Sœur Ephrem, SPC Providence,
qui gère le programme des enfants de Huế, 169 enfants à ce jour, depuis 2006.
Sœur Ephrem préfère partager la somme allouée entre un nombre important
d’enfants, plutôt que de concentrer notre aide sur moins de bénéficiaires. Nous
respectons son choix.
Sœur Ephrem
Nous déjeunons ensuite à Phan Bội Châu, le foyer de garçons de Huế. Frère Victor
songe à transformer l’atelier de réparation moto, désormais fermé, en foyer
d’hébergement pour les filles.
Foyer de Phan Bội Châu à Huế
Nous partons ensuite pour Cây Da, province de Quảng Trị. Il est plus de 17h quand
nous arrivons à Giáp Hầu où nous allons installer un château d’eau, financé grâce à
la soirée théâtre de « 7 de la Cité » de cette année. Giáp Hầu est un hameau au
milieu des rizières où vivent 32 familles, 200 personnes, qui n’ont pas d’eau. Frère
Victor nous présente le chef du village, sa femme, et deux de ses neuf enfants. Les 7
premiers ont fait leurs études à l’université ce qui parait incroyable. Nous décidons
de parrainer Thu Diễm, le huitième enfant, qui est en terminale et qui est l’une des
pensionnaires du foyer de Diên Sanh. Le sourire de Thu Diễm éclaire notre journée.
Thu Diễm avec Frère Victor à Giáp Hầu
Puis nous revenons sur Diên Sanh. Les 2 ateliers et le foyer existants paraissent
isolés mais ils sont en réalité situés à moins de 2 km du lycée. Nous proposons à
frère Victor d’allouer un budget pour équiper les foyers : literie, cuisine et
construction de toilettes supplémentaires.
Foyers de Diên Sanh
Frère Victor souhaite également revoir l’allocation des autres budgets sur Huế et
Quảng Trị afin de financer l’hébergement des jeunes filles. Celles-ci paieront une
somme symbolique.
Nous continuons notre route à la nuit tombée vers Cây Da sur une route minuscule
qui surplombe les rizières. A Cây Da la messe se termine. Le nouveau prêtre a dû
annuler les festivités liées à la fête patronale en raison d’une coupure d’électricité.
Nous visitons le site des futures 3 classes qui vont être construites grâce au soutien
de Meudon et de la soirée Loan. Frère Victor a obtenu un financement
complémentaire en Amérique du Nord. Le curé nous invite à diner et nous repartons
en pleine nuit vers Huế. Les jeunes filles qui sont pensionnaires à Diên Sanh
repartent aussi à vélo mais sans lumière … ! On a aussi du mal à croire que Cây Da
accueille 500 élèves chaque année pour les cours d’été. C’est magnifique ! Quelle
belle réussite de Frère Victor.
Nous terminons la soirée au Brown Eyes mais dois-je l’inscrire au compte-rendu…
Vendredi 2 mai 2014 – cap au sud
Nous sommes dans l’avion dans l’avion entre Huế et Saigon. Tuấn revit, enfin
l’accent du sud, les cigales … (en fait il y en a aussi au nord !). Ce sera une journée de
transition. Nous allons retrouver Khánh, notre grand ami au Vietnam.
Saigon est décidément un autre monde, un autre Vietnam. C’est le poumon
économique du Vietnam. Tout est plus grand, plus cher aussi. La ville change chaque
année. Nous retrouvons Khánh avec émotion à la Pension Rosa où nous avons nos
habitudes. Une journée calme donc ponctuée par un diner au Sumo BBQ, tout un
programme.
Samedi 3 mai 2014 – le building de Thủ Đức
Après un Phở délicieux à la Pension Rosa, nous partons à Thủ Đức, distant de 20 km,
une véritable expédition.
A notre arrivée, Khâm nous attend. Elle loge dans le foyer contigu du foyer EDV dont la construction est très avancée. Tous les acteurs sont là: Tuấn (qui est aussi sponsor du projet pour la Fondation Saint-Gobain), Khâm (Sœur Dominicaine), Khánh
(superviseur du projet pour EDV), Linh (l’entrepreneur). Nous montons les étages, 6 au total, au milieu des ouvriers. Il y a 6 grandes chambres, une par étage, avec salle de bains La construction est de qualité. Depuis la cour au dernier étage on voit les bâtiments de l’université de Thủ Đức qui sont à l’origine de ce magnifique projet. Dès la rentrée prochaine, le foyer accueillera 40 étudiantes qui dans leur grande majorité iront dans cette université. Le foyer a été financé par la Fondation Saint Gobain et le terrain acheté grâce à un don ciblé. La gestation du projet a été parfois difficile mais le résultat est à la hauteur des efforts fournis. Merci à Khâm, Thủy, Olivier, Khánh, et Tuấn.
Tuấn
Khâm et Khánh
Le foyer de Thủ Đức en construction
Nous rentrons ensuite après un crochet par le nouveau Mall, centre commercial dans la banlieue où nous mangeons japonais ...... Un autre Vietnam ! Ce soir, soirée traditionnelle au foyer Sai où les étudiantes de notre premier foyer à Saigon nous attendent pour une soirée qui sera mémorable. Effectivement quelle soirée! Les étudiantes des deux foyers de Saigon, Phú Nhuận 1 et Phú Nhuận 2, ont été réunies. Sai nous a concocté un programme dont elle a le secret : accueil, discours, chants, danses, repas et jeux toujours aussi entrainants. Sont présents Emmanuel patron de Saint Gobain PAM Asie, Edouard venu de la Martinique, un jeune couple d’ingénieurs (lui est vietnamien, elle roumaine), un parrain EDM et sa filleule, et nous. Les étudiantes ont une énergie communicative. Leur t-shirt rose où est inscrit « we are family » résume leur état d’esprit et la solidarité qui les unit. Nous sommes emballés et repartons revigorés pour l’année.
We are Family
Dimanche 4 mai 2014 – déjà le retour
Nous voici dans l’avion du retour par Qatar Airways avec une seule escale cette fois
à Doha. J’essaie de me remémorer toutes les images de notre séjour. Nous avons
pris beaucoup de photos mais des flashes reviennent :
-Le regard de Lô Thị Mai à Sapa
-Le petit garçon dans les bras de Cécile à Trịnh Xuyên
-Les danses Sedang de Mỹ Thạch
-La beauté du site de Cù Lao Chàm
-Les vélos dans la nuit de Cây Da
-Les étages du foyer de Thủ Đức
-Les rires des étudiantes du foyer Sai
Mais l’image la plus forte est sans nul doute celle de Thu Diễm à Giáp Hầu (Quảng
Trị) quand nous lui avons appris que nous allions la parrainer pour qu’elle puisse
continuer ses études. Sa joie intense et son sourire sont au fond de notre cœur.