50
DROIT BANCAIRE SOMMAIRE TITRE PREMIER : INTRODUCTION CHAPITRE PREMIER : DEFINITION DU DROIT BANCAIRE CHAPITRE 2 : LES FONDEMENTS DU DROIT BANCAIRE CHAPITRE 3 : RAPPEL HISTORIQUE TITRE 2 : PRESENTATION DE LA NOUVELLE LOI BANCAIRE CHAPITE PREMIER : ASSUJETTISSEMENT DE NOUVEAUX ORGANISMES A CERTAINES DISPOSITIONS DE LA LOI BANCAIRE CHAPITRE 2 : RÔLE DES INSTANCES INTERVENANT DANS LE PROCESSUS DE SUPERVISION ET DE REGLEMENTATION CHAPITRE 3 : REDEFINITION DU PROCESSUS DE CÔNTROLE EXTERNE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT CHAPITRE 4 : MISE EN PLACE D’UN CADRE POUR LA COOPERATION ENTRE BAM ET LES AUTRES AUTORITES DE CONTRÔLE PRUDENTIEL CHAPITRE 5 : MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU CADRE APPROPRIE POUR LE TRAITEMENT DES DIFFICULTES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT CHAPITRE 6 : RENFORCEMENT DE LA PROTECTION DES INTERÊTS DE LA CLIENTELE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT CHAPITRE 7 : LE RENFORCEMENT DES REGLES DE BONNE GOUVERNANCE CHAPITRE 8 : AUTRES DISPOSITIONS TITRE 3 : LES OPERATIONS DE BANQUE CHAPITRE PREMIER : LA RECEPTION DE FONDS DU PUBLIC CHAPITRE 2 : LES OPERATIONS DE CREDIT ET LA MISE A DISPOSITION DE MOYENS DE PAIEMENT OU LEUR GESTION TITRE 4 : LA RESPONSABILITE BANCAIRE CHAPITRE PREMIER : LA RESPONSABILITE CIVILE CHAPITRE 2 : LA RESPONSABILITE PENALE DU BANQUIER 1

Cours droit bancaire

  • Upload
    miwa90

  • View
    33.582

  • Download
    5

Embed Size (px)

DESCRIPTION

 

Citation preview

Page 1: Cours droit bancaire

DROIT BANCAIRE

SOMMAIRE

TITRE PREMIER : INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER : DEFINITION DU DROIT BANCAIRE

CHAPITRE 2 : LES FONDEMENTS DU DROIT BANCAIRE

CHAPITRE 3 : RAPPEL HISTORIQUE

TITRE 2 : PRESENTATION DE LA NOUVELLE LOI BANCAIRE

CHAPITE PREMIER : ASSUJETTISSEMENT DE NOUVEAUX ORGANISMES A CERTAINES

DISPOSITIONS DE LA LOI BANCAIRE

CHAPITRE 2 : RÔLE DES INSTANCES INTERVENANT DANS LE PROCESSUS DE

SUPERVISION ET DE REGLEMENTATION

CHAPITRE 3 : REDEFINITION DU PROCESSUS DE CÔNTROLE EXTERNE DES

ETABLISSEMENTS DE CREDIT

CHAPITRE 4 : MISE EN PLACE D’UN CADRE POUR LA COOPERATION ENTRE BAM ET

LES AUTRES AUTORITES DE CONTRÔLE PRUDENTIEL

CHAPITRE 5 : MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU CADRE APPROPRIE POUR LE

TRAITEMENT DES DIFFICULTES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT

CHAPITRE 6 : RENFORCEMENT DE LA PROTECTION DES INTERÊTS DE LA CLIENTELE

DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT

CHAPITRE 7 : LE RENFORCEMENT DES REGLES DE BONNE GOUVERNANCE

CHAPITRE 8 : AUTRES DISPOSITIONS

TITRE 3 : LES OPERATIONS DE BANQUE

CHAPITRE PREMIER : LA RECEPTION DE FONDS DU PUBLIC

CHAPITRE 2 : LES OPERATIONS DE CREDIT ET LA MISE A DISPOSITION DE MOYENS DE

PAIEMENT OU LEUR GESTION

TITRE 4 : LA RESPONSABILITE BANCAIRE

CHAPITRE PREMIER : LA RESPONSABILITE CIVILE

CHAPITRE 2 : LA RESPONSABILITE PENALE DU BANQUIER

1

Page 2: Cours droit bancaire

INTRODUCTION

1. DEFINITION DU DROIT BANCAIRE

Le droit bancaire se définit par son objet ; c’est l’ensemble des règles concernant les

opérations de banque et ceux qui les accomplissent à titre professionnels. C’est un droit

professionnel qui tire son unité du fait qu’il concerne un certain milieu social centré autour

d’une technique ou d’une activité commerciale1.

Le droit bancaire n’a pas choisi entre le système objectif et le système subjectif  : il est, à

la fois, le droit des opérations de banque et celui des professionnels du commerce de banque.

1.1. LES OPERATIONS DE BANQUE

Il n’existe pas de définition de l’opération de banque. Ainsi, dans certaines hypothèses,

il est difficile de savoir si l’opération considérée est ou non une opération de banque. De cette

qualification dépend l’application du statut d’établissement de crédit défini par l’article 1 er de

la loi du 14 février 2006 comme une personne morale qui effectue à titre de profession

habituelle des opérations de banque.

A défaut de définition la loi du 14 février 2006 donne une énumération des opérations

de banque. Selon l’article 1er : « les opérations de banque comprennent la réception de fonds

du public, les opérations de crédit ainsi que la mise à disposition de la clientèle de tous

moyens de paiement ou leur gestion ». L’article 7 de la énumère, de façon non limitative, des

opérations dites « connexes » que peuvent accomplir les établissements de crédit : opérations

de change, opérations sur l’or, les métaux précieux et les pièces de monnaie ; le placement, la

souscription, I achat, la gestion la garde et la vente de valeurs mobilières, de titres de créances

négociables ou de tout produit financier ; la présentation au public des opérations d'assurance

de personnelles, d'assistance et d'assurance-crédit ; I'intermédiation en matière de transfert de

fonds ; le conseil et l'assistance en matière de gestion de patrimoine ; le conseil et l'assistance

en matière de gestion financière, I’ingénierie financière et, d'une manière générale, tous les

services destinés à faciliter la création et le développement des entreprises ; les opérations de

location simple de biens mobiliers ou immobiliers, pour les établissements qui effectuent, à

titre habituel, des opérations de crédit-bail. Ces opérations ne sont pas des opérations de

banque ; elles leur sont seulement « connexes ». Si elles constituent l’unique objet de

l’activité d’une personne morale, elles ne peuvent lui conférer la qualité d’établissement de

crédit.

1 MM. MARTY et RAYNAUD, Traité de droit civil, tome 1.

2

Page 3: Cours droit bancaire

De même l’article 8 mentionne pour les établissements de crédit la possibilité d’exercer,

à certaines conditions, des activités autres que l’accomplissement des opérations de banques.

Ces autres opérations ne sont pas des opérations de banque.

1.2. LES PROFESSIONNELS DU COMMERCE DE BANQUE

L’instauration de la nouvelle catégorie des établissements de crédit met fin à la

distinction entre les banques, qui accomplissent à titre de profession habituelle des opérations

de banque avec leurs ressources propres mais aussi avec les fonds reçus du public sous forme

de dépôts ou autrement et les établissements financiers qui accomplissent des opérations de

banque similaires mais en employant uniquement leurs ressources propres.

1.3. ORIGINE DU DROIT BANCAIRE

Traditionnellement, le droit bancaire relève du droit privé et est considéré comme une

branche du droit commercial. Les opérations de banque sont des actes de commerce (article

xx du Code de commerce) et les personnes, physiques ou morales, qui les accomplissent à

titre professionnel, ont la qualité de commerçant.

Il en est ainsi même pour les banques du secteur public : les opérations qu’elles

accomplissent demeurent soumises à la législation commerciale, et, bien que dotés de statuts

particuliers les établissements du secteur public ont pour la plupart la qualité de commerçant.

Le droit civil trouve aussi à s’appliquer, notamment le droit des obligations, le droit des

sûretés, parce qu’il constitue la base du droit privé.

Comme le droit commercial auquel il appartient et comme tout droit professionnel

prévoyant une organisation professionnelle forte, le droit bancaire subit l’influence du droit

public. L’importance du rôle économique du secteur bancaire a conduit l’Etat à une

intervention énergique. L’organisation professionnelle est fortement structurée ; les

professionnels sont soumis aux autorités monétaires. Les décisions émanant de l’autorité de

tutelle sont bien des décisions administratives de caractère général ou individuel. La doctrine

à même affirmé que les banques étaient chargées d’une « mission de service public ».

Enfin, l’activité bancaire est soumise à des règles qui ressortissent d’une branche

nouvelle de droit et, qui semble être le droit de l’organisation économique par les pouvoirs

publics. L’importance de la distribution du crédit et la création de monnaie qui en résulte, le

rôle des banques dans les règlements, la nécessité de protéger les déposants… ont conduit

l’Etat à un dirigisme économique de l’activité bancaire.

3

Page 4: Cours droit bancaire

2. LES FONDEMENTS DU DROIT BANCAIRE

Les fondements du droit bancaire, comme de tout droit, résident dans ses sources et

dans ses techniques.

2.1. LES SOURCES

Le droit bancaire ne diffère pas des autres branches du droit en ce qui concerne ses

sources : il faut tenir compte des textes législatifs, réglementaires et professionnels ainsi que

la jurisprudence et des usages sans oublier les sources internationales. La force obligatoire de

ces diverses sources varie selon l’autorité dont elles émanent et certaines d’entre elles ne

constituent pas au sens strict du terme des sources du droit. Cependant, elles doivent être

toutes envisagées en raison de leur importance pratique et de leur incidence sur le droit

positif.

2.1.1. LES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES

Les textes de bases sont situés dans le Dahir n° 1-05-178 du 15 moharrem 1427 (14

février 2006), portant promulgation de la loi n° 34-03 relative aux établissements de crédit et

organismes assimilés.

La nouvelle loi bancaire du 14 février 2006 est subdivisée en 8 titres, à savoir :

Titre 1 : Champ d’application et cadre institutionnel ;

Titre 2 : Octroi de l’agrément, conditions d’exercice et retrait de l’agrément aux

établissements de crédit ;

Titre 3 : Dispositions comptables et prudentielles ;

Titre 4 : Contrôle des établissements de crédit ;

Titre 5 : Administration provisoire et liquidation des établissements de crédit ;

Titre 6 : Protection de la clientèle des établissements de crédit ;

Titre 7 : Sanctions disciplinaires et pénales ;

Titre 8 : Dispositions diverses et transitoires.

Les textes réglementaires émanent des autorités monétaire, notamment les décrets et les

circulaires, ne doit pas conduire à négliger les autres textes qui peuvent interférer sur leur

statut ou leurs opérations, tels que le DOC qui régit notamment le prêt ou le Code de

commerce qui comprend en particulier les règles applicables aux effets de commerce et les

contrats bancaires.

4

Page 5: Cours droit bancaire

2.1.2. LES TEXTES PROFESSIONNELS

Les textes professionnels émanent d’un certain nombre d’autorités du secteur bancaire

et financier et concernent principalement les conditions de gestion et de fonctionnement des

établissements de crédit ainsi que le contrôle du crédit.

Toutefois, les textes professionnels sont très diverses et de portée différente. L’intérêt de

déterminer celle-ci réside dans les conditions d’application de ces textes et dans leurs

sanctions qui sont, soit disciplinaires, soit civiles.

2.1.3. LA JURISPRUDENCE

Le rôle de la jurisprudence ne doit pas être méconnu en droit bancaire. Celle-ci est

importante, non seulement pour interpréter les textes, mais également pour établir en dehors

de tout texte le régime juridique de certaines opérations effectuées par les banques.

2.1.4. USAGES BANCAIRES

En droit bancaire, les usages sont nombreux et peuvent régir aussi bien les rapports

entre établissements de crédit que les rapports de ces derniers avec leur clientèle.

Les usages bancaires ne suscitent aucune difficulté spécifique dans les rapports entre les

établissements de crédit : ils s’appliquent sans aucune restriction. En revanche, dans les

rapports entre ces derniers et leur clientèle, l’opposabilité des usages dépend principalement

de leur connaissance par la clientèle. Si le client en a été informé lors de la conclusion du

contrat, l’usage lui sera opposable ; dans le cas contraire, l’usage lui sera inopposable.

Toutefois cette connaissance sera supposée si le client est particulièrement averti des procédés

bancaires.

2.1.5. SOURCES INTERNATIONALES

Les sources internationales sont diverses. Elles concernent à la fois la surveillance des

établissements de crédit et les opérations bancaires.

La surveillance des établissements de crédit fait l’objet d’études menées par le Comité

de Bâle sur le contrôle bancaire. Créé en 1974 par les gouverneurs des banques centrales des

pays du Groupe des dix – dit G10 – et fonctionnant sans aucun formalisme auprès de la

Banque des Règlements Internationaux (BRI), il regroupe les représentants des banques

centrales et des autorités de surveillance de douze Etats2, à savoir les membres du groupe des

dix ainsi que deux autres Etat. Il constitue une instance permanente de coopération en matière

de surveillance bancaire. En particulier, il a examiné les modalités d’une coopération

2 Allemagne, Belgique, Canada, Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Italie, Japon, Pays-Bas, Suède, le Luxembourg et la Suisse sont associés aux travaux du Comité.

5

Page 6: Cours droit bancaire

internationale propre à renforcer le contrôle prudentiel et à améliorer, à l’échelle mondiale, la

qualité de la surveillance des banques. Les travaux du Comité de Bâle, qui n’est pas une

autorité supranationale, n’entraînent cependant pas d’obligation pour les Etats et n’ont pas

force exécutoire. Il revient aux autorités nationales de mettre en œuvre, selon le dispositif

qu’elles jugent adéquat, les normes et les règles de caractère général édictées par celui-ci.

Quant à l’activité bancaire, elle a fait l’objet d’un certain nombre de conventions

internationales. Certaines ont une portée qui dépasse l’activité bancaire telle que la convention

de Rome du 19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles. D’autres

concernent des opérations déterminées, comme les conventions d’Ottawa sur le crédit-bail

international et l’affacturage international.

A côté des conventions existent des pratiques internationales unifiées dont les plus

connues sont l’œuvre de la Chambre de Commerce Internationale (CCI), en particulier les

règles et usances relatives aux crédits documentaires.

2.2. LES TECHNIQUES

Le droit bancaire implique une diversité de disciplines juridiques, à savoir : régimes

matrimoniaux, incapacités, successions, droit des sûretés, droit des obligations, droit des

contrats, droit des sociétés. Ces disciplines mettent en œuvre des techniques différentes.

2.2.1. QUALITE DES PARTIES

La qualité des parties se vérifie bien au regard de l’établissement de crédit qu’à celui du

client. Cette relation est fondée sur la confiance et est déterminée par l’intuitu personae.

Ainsi, lors de la réalisation de certaines opérations en matière de crédit, l’établissement

de crédit doit avoir confiance en son client. Parce que le premier a pris un risque en prêtant de

l’argent au second : le risque d’insolvabilité du client et du non remboursement du crédit.

Ceci dit, que certaines données de faits variées conduisent l’établissement de crédit à

faire des différences entre ses clients, en refusant ou en accordant les crédits. Elles se

traduisent sur le plan juridique par l’intuitu personae. Cet élément a notamment pour

conséquence la faculté de ne pas contracter et l’incessibilité des crédits sauf accord de

l’établissement de crédit.

Le client doit avoir également confiance en son banquier. Cette confiance est nécessaire

aussi bien lorsque le client effectue des dépôts sur son compte bancaire que lorsqu’il confie la

gestion de son patrimoine à son banquier. Elle se traduit par les obligations imposées à ce

dernier, même dans le silence du contrat, notamment l’obligation d’information ou encore

6

Page 7: Cours droit bancaire

l’obligation au secret dont la méconnaissance met en cause le caractère intuitu personae de la

relation bancaire et entraîne la responsabilité du banquier.

2.2.2. DIVERSITE ET REPETITION DES OPERATIONS BANCAIRES

Le droit bancaire recherche toujours de nouvelles techniques contractuelles permettant

la réalisation des opérations financières. Aussi, il laisse une large place à la liberté

contractuelle et à l’existence de contrats soumis au droit commun des obligations.

Les opérations bancaires trouvent leur origine dans la répétition qui altère la liberté

contractuelle impliquée par la diversité de celles-ci. A partir du moment où les opérations

courantes se répètent un très grand nombre de fois, il n’est plus possible de négocier

l’intégralité de leurs modalités. Cette impossibilité s’explique essentiellement par le coût des

opérations bancaires. Aussi les établissements de crédit ont-ils proposé à leur clientèle des

contrats dont elles ont fixé le contenu. Dès lors le domaine de discussion entre l’établissement

de crédit et son client est relativement faible, voir nul, sauf pour les clients importants : le

client a seulement la liberté de conclure ou de ne pas conclure le contrat, habituellement

dénommé contrat d’adhésion.

Si cette standardisation des contrats porte atteinte à la liberté contractuelle, elle se

traduit également par un strict formalisme. Celui-ci présente d’ailleurs l’avantage de préserver

la sécurité juridique.

3. RAPPEL HISTORIQUE

L’ouverture des premiers guichets bancaires au Maroc date de la deuxième moitié du

19ème siècle.

L’acte d’Algésiras, signé en 1906 par les délégués de douze pays européen, des Etats-

Unis d’Amérique et du Maroc, a institué la Banque d’Etat du Maroc qui sera effectivement

créée, à Tanger, en 1907 sous forme de société anonyme, dont le capital était réparti entre les

pays signataires, à l’exception des Etats-Unis. Outre les opérations à caractère commercial, la

Banque d’Etat du Maroc disposait du privilège de l’émission de la monnaie fiduciaire sur tout

le territoire du Royaume et assumait le rôle d’agent financier du Gouvernement marocain.

Avec l’avènement du protectorat français en 1912, de nombreuses filiales de grandes

banques commerciales européennes, notamment françaises, de banques d’affaires et de

groupes financiers étrangers se sont installées au Maroc. De même, ont vu le jour des

institutions financières marocaines remplissant des fonctions spécifiques et intervenant dans

7

Page 8: Cours droit bancaire

des domaines particuliers. Il s’agit notamment de la Caisse des Prêts Immobiliers du Maroc

(CPIM), de certains caisses spécialisées dans le financement de l’agriculture, de la Caisse

Centrale de Garantie (CCG), de la Caisse Marocaine des Marchés (CMM) et du Crédit

Populaire (CP).

L’exercice de l’activité bancaire, qui n’était régi par aucun texte particulier, a été

organisé pour la première fois en 1943, suite à la promulgation du dahir du 31 mars relatif à la

réglementation et à l’organisation de la profession bancaire. Les modalités d’application de ce

dahir on été fixées par l’arrêté du Directeur des Finances de la même date, puis modifiées et

complétées par les arrêtés du 15 janvier 1954, du 17 janvier et du 16 avril 1955.

Ces textes ont notamment dévolu au Directeur des finances une compétence générale en

matière de contrôle et de règlement des conditions d’exercice de l’activité bancaire, ainsi que

le pouvoir de sanction aux manquements constatés.

Pour l’accomplissement de sa mission, le Directeur des finances était assisté par le

Comité du Crédit et du Marché Financier (CCMF), organe consultatif habilité à donner son

avis au Directeur des finances, en particulier en ce qui concerne la politique générale de crédit

et le marché financier.

Le champ d’application des textes susvisés qui ne concernait, que la zone territoriale

sous protectorat français, a été étendu, par les arrêtés du 14 août 1958 et du 31 mars 1960,

respectivement à la zone sous occupation espagnole, puis à la province de Tanger qui

disposait d’un statut international particulier.

A partir de 1956, au lendemain de l’indépendance du Maroc, les bases d’un système

bancaire national on été mises en place. Ainsi, la Banque du Maroc a été instituée par le dahir

n° 1-59-233 du 30 juin 1959 pour se substituer à la Banque d’Etat du Maroc et assurer la

fonction de Banque Centrale. Créée sous forme d’établissement public doté de la personnalité

civile et de l’autonomie financière, cette institution s’est vue confier le privilège de l’émission

de la monnaie fiduciaire, ainsi que la mission de veiller à la stabilité de la monnaie et de

s’assurer du bon fonctionnement du système bancaire.

A partir de mars 1987, la dénomination de Bank Al-Maghrib a été substituée à celle de

Banque du Maroc. D’autre part, pour répondre aux objectifs de développement et aux besoins

de financement spécifiques à des secteurs économiques jugés prioritaires, l’Etat a procédé à la

création de nombreux organismes financiers spécialisés et à la restructuration de certaines

institutions existantes.

8

Page 9: Cours droit bancaire

Ainsi furent créés, en 1959, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), le Fonds

d’Equipement Communal (FEC), la Caisse d’Epargne Nationale (CEN), la Banque Nationale

pour le Développement Economique (BNDE) et la Banque Marocaine du Commerce

Extérieur (BMCE).

L’année 1961 a vu la restructuration du Crédit Agricole et du Crédit Populaire ; le

Crédit Immobilier et Hôtelier, qui a succédé en 1967 à la Caisse de Prêts Immobiliers du

Maroc, a été réorganisé conformément aux dispositions du décret royal portant loi du 17

décembre 1968.

Cette première étape s’est caractérisée également par la réduction du nombre des

banques qui a été ramené de 69 à 26 entre 1954 et 1961, sous l’effet conjugué de la fusion et

de la disparition de certains établissements.

La seconde étape importante de la mise en place et de la consolidation du système

bancaire marocain a débuté avec la promulgation du décret royal n° 1-67-66 du 21 avril 1967

portant loi relatif à la profession bancaire et au crédit, dont les principaux apports consistent

en une définition plus précise de l’activité des banques, la délimitation des attributions des

autorités de tutelle, de surveillance et l’institution d’une réglementation plus appropriée.

Les dispositions du décret susvisé furent étendues au Crédit Populaire en 1970. En

1986, les prescriptions du titre II du décret portant loi susvisé, relatives au contrôle du crédit

et des banques, ont été étendues à la Banque Nationale pour le Développement Economique

(BNDE) et au Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) qui ont été, par ailleurs, autorisés à

recueillir des dépôts auprès du public. La Caisse Nationale du Crédit Agricole (CNCA), quant

à elle, a été habilitée, en 1987, à financer d’autres secteurs d’activité liés notamment au milieu

rural.

Enfin pour promouvoir notamment les projets d’investissement initiés par les

Ressortissants Marocains à l’Etranger (RME), il a été procédé, en 1989, à la création de Bank

Al-Amal, chargée en particulier d’octroyer des prêts participatifs ou subordonnés, et de Dar

Ad-Damane qui a pour objet de garantir, entre autres, les prêts consentis par la première

entité.

En 1993, le système bancaire marocain a fait l’objet d’une importante réforme avec la

promulgation du dahir portant loi n° 1-93-147 du 15 moharrem 1414 (6 juillet 1993) relatif à

l’exercice de l’activité des établissements de crédit et de leur contrôle. Ce texte a, en effet,

permis :

9

Page 10: Cours droit bancaire

1. D’unifier le cadre juridique applicable aux établissements de crédit qui comprend

désormais les banques et les sociétés de financement. Les banques étant habilitées à effectuer

les principales opérations suivantes :

La réception de fonds du public, quel que soit leur terme ;

La distribution de crédits ;

La mise à disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou de gestion.

Les sociétés de financement, quant à elles, ne peuvent effectuer, parmi les opérations

citées ci-dessus, que celles précisées dans les décisions d’agrément qui les concernent. Par

contre, ces sociétés ne peuvent recevoir, du public, des fonds à vue ou d’un terme inférieur ou

égal à 2 ans.

2. D’élargir les bases de la concertation entre les autorités monétaires et la profession et ce, à

travers notamment la mise en place des deux organes suivants :

Le Conseil National de la Monnaie et de l’Epargne (CNME) ; présidé par le Ministre des

Finances, le CNME est consulté sur toute question intéressant les orientations de la

politique monétaire et du crédit et les moyens de sa mise en œuvre. Il donne aussi son avis

sur les conditions générales de fonctionnement des établissements de crédit ;

Le Comité des Etablissements de Crédit (CEC) ; présidé par le Gouverneur de Bank Al-

Maghrib, le CEC donne son avis conforme au Ministre des Finances sur les questions

relatives à l’activité des établissements de crédit. Il peut également être consulté par le

Gouverneur sur les aspects techniques de la politique monétaire et des règles

prudentielles.

3. D’affermir le pouvoir de supervision de Bank Al-Maghrib, notamment par le renforcement

de ses attributions en matière prudentielle et l’extension de ses contrôles aux personnes

morales, liées aux établissements de crédit. Ce pouvoir a également été consolidé par

l’institution de l’obligation de l’audit externe des comptes pour les établissements qui

reçoivent des fonds du public ainsi que par la révision, dans un sens plus dissuasif, des

sanctions et la mise en place de la Commission de Discipline des Etablissements de Crédit

(CDEC).

4. D’améliorer la protection de la clientèle, en particulier les déposants en mettant en place un

Fonds Collectif de Garantie des Dépôts (FCGD) ainsi qu’un mécanisme de soutien aux

établissements de crédit en difficultés.

10

Page 11: Cours droit bancaire

Le dahir portant loi du 6 juillet 1993 a, cependant, expressément exclu de son champ

d’application Bank Al-Maghrib, la Trésorerie Générale du Royaume (TGR), le service de

Comptes et de Chèques Postaux (CCP), le service de mandats postaux, la Caisse de Dépôt et

de Gestion (CDG), la Caisse Centrale de Garantie (CCG), les banques off-shore et les

compagnies d’assurances et de réassurances.

De plus, la Caisse d’Epargne Nationale n’est pas régie par les dispositions dudit dahir,

en vertu des prescriptions de la loi n° 24/96 relative à la poste et aux télécommunications,

promulguée par le dahir n° 1-97-162 du Rabii II 1418 (7 août 1997).

En 1996, suite à la réforme de son statut, le FEC a été agréé en qualité de banque.

En outre, un processus de réforme du Crédit Populaire du Maroc (CPM) a été entamé

avec l’entrée en vigueur de la loi n° 12/96, promulguée par le dahir n° 1-00-70 du 19 Rajab

1421 (17 octobre 2000) qui prévoit notamment la transformation de la Banque Centrale

Populaire (BCP) en société anonyme à capital fixe et l’ouverture au privé de son capital, ainsi

que le renforcement de l’autonomie des Banques Populaires Régionales (BPR).

Il est à signaler, enfin que le dahir du 6 juillet 1993 ne traite pas l’ensemble des règles

juridiques relatif à l’organisation des opérations bancaires. Ses règles sont soumises aux

coutumes bancaires applicables sur le plan national et international.

Pour cela, le législateur marocain lors de la promulgation du nouveau Code de

commerce de 1996 à consacré dans le 3e livre, intitulé les Contrats commerciaux, l’étude des

contrats bancaires.

Comme ces contrats bancaires sont des actes de commerce, les litiges entre ces

établissements de crédit et leur clientèle sont traités par les tribunaux de commerce instauré en

1998.

11

Page 12: Cours droit bancaire

TITRE 2 : PRESENTATION DE LA NOUVELLE LOI BANCAIRE

LOI N° 34-03 DU 14 FÉVRIER 2006

Les nouvelles dispositions de la nouvelle loi bancaire s'inscrivent dans le cadre des

recommandations du comité de Bâle et tiennent compte des conclusions de la mission

d'évaluation du secteur financier effectuée conjointement par le Fonds Monétaire International

et la Banque Mondiale, tout en tirant les enseignements de l'expérience accumulée depuis

1993.

La refonte de la loi actuelle s'articule autour des axes ci-après :

1. ASSUJETTISSEMENT DE NOUVEAUX ORGANISMES A CERTAINES

DISPOSITIONS DE LA LOI BANCAIRE

En vue d'une meilleure supervision consolidée, la nouvelle loi bancaire prévoit d'étendre

le contrôle de Bank Al-Maghrib aux banques offshore et aux associations de micro crédit et

de renforcer la surveillance des compagnies financières dont la définition a été réaménagée.

De même, certaines dispositions de la loi notamment en matière comptable, prudentielle

et de contrôle seront désormais applicables à la Caisse de Dépôt et de Gestion, à la Caisse

Centrale de Garantie et aux Services Financiers de Barid Al-Maghrib et ce, en vue notamment

d'une meilleure appréhension statistique des opérations monétaires et financières.

De plus, les entreprises qui effectuent à titre de profession habituelle le conseil et

l'assistance en matière de gestion de patrimoine et les intermédiaires en opérations de transfert

de fonds feraient l'objet de dispositions réglementaires visant l'organisation et le contrôle de

leurs activités.

2. RÔLE DES INSTANCES INTERVENANT DANS LE PROCESSUS DE

SUPERVISION ET DE REGLEMENTATION

Les réaménagements introduits portent aussi bien sur la répartition des compétences

entre les autorités monétaires que sur les attributions des organes consultatifs.

2.1. Répartition des compétences entre les autorités monétaires

La nouvelle loi prévoit de confier à la Banque Centrale l'essentiel des attributions qui

relèvent actuellement de la compétence du Ministre chargé des Finances, notamment en

matière :

12

Page 13: Cours droit bancaire

D'octroi et de retrait d'agréments ;

De fixation des règles comptables et prudentielles ;

De traitement des difficultés des établissements de crédit (intervention du Fonds Collectif

de Garantie des Dépôts, administration provisoire, liquidation) ;

De sanction des infractions aux prescriptions légales et/ou réglementaires.

Les décisions relatives aux octrois et retraits d'agréments devraient être publiées au

Bulletin Officiel.

Il en serait de même pour les circulaires prises pour l'application des dispositions de la

loi, après leur homologation par arrêtés du Ministre chargé des Finances.

Le Ministre chargé des finances demeurerait, quant à lui, compétent en ce qui concerne

notamment les domaines suivants :

I'octroi des autorisations pour l'exercice des opérations autres que celles prévues parla loi ;

les modalités d'extension de certaines dispositions de la loi à la Caisse de Dépôt et de

Gestion, à la Caisse Centrale de Garantie, aux Services Financiers de Barid Al-Maghrib,

aux associations de micro crédit et aux banques offshore ;

les conditions d'exercice de l'activité d'intermédiaire en opérations de transfert de fonds.

2.2. REAMENAGEMENT DES PREROGATIVES DES ORGANES CONSULTATIFS

Les domaines d'intervention des différents organes consultatifs ont fait l'objet d'un

réexamen afin d'éviter tout chevauchement de compétences.

Ainsi, le Comité des Etablissements de Crédit, dont la composition a été revue, devrait

être consulté, dans sa configuration élargie qui englobe, outre les représentants des autorités

monétaires, les représentants de la profession, sur toutes les questions se rapportant à l'activité

des établissements de crédit.

Quand il devra donner son avis sur les différentes demandes d'agrément, sa composition

se limitera aux représentants des autorités monétaires.

Le Conseil National du Crédit et de l'Epargne débâtera, quant à lui, de toute question

intéressant le développement de l'épargne ainsi que l'évolution de l'activité des établissements

de crédit. Il formulera des propositions à l'attention du gouvernement dans les domaines qui

entrent dans sa compétence.

13

Page 14: Cours droit bancaire

D'autre part, I'avis de la Commission de Discipline devrait être requis sur toutes les

sanctions, à l'exclusion de celles à caractère pécuniaire, dont seraient passibles les

établissements de crédit et organismes assimilés.

Par ailleurs, tous les aspects intéressant la comptabilité des établissements de crédit devraient

être soumis à l'avis du Conseil National de la Comptabilité.

3. REDEFINITION DU PROCESSUS DE CÔNTROLE EXTERNE DES

ETABLISSEMENTS DE CREDIT

Les changements intervenus dans ce domaine concernent aussi bien le contrôle effectué

par Bank Al-Maghrib que celui dévolu aux commissaires aux comptes.

3.1. CONTRÔLE PAR BANK AL-MAGHRIB

La loi bancaire de 2006 prévoit de nouvelles dispositions visant notamment à :

expliciter la mission de Bank Al-Maghrib en matière de contrôle qui porterait sur le

contrôle du respect, par les établissements assujettis, des dispositions légales et

réglementaires afférentes à leur activité, la vérification de l'adéquation de leur système de

contrôle interne et de la qualité de leur situation financière ;

renforcer les moyens juridiques dont dispose Bank Al-Maghrib pour l'exercice de sa

mission de contrôle comme le pouvoir d'interdire ou de limiter la distribution de

dividendes ou la faculté de s'opposer à la nomination d'une personne donnée au sein des

instances de direction ou de gestion ou le pouvoir d'appliquer, de manière différenciée, la

réglementation prudentielle à l'effet notamment d'imposer des règles plus contraignantes

aux établissements qui présentent un profil de risque particulier.

3.2. CONTRÔLE PAR LES COMMISSAIRES AUC COMPTES

La nouvelle loi unifie les fonctions d'audit externe et de commissariat aux comptes et

redéfinit ces fonctions.

Ainsi, la mission des commissaires aux comptes engloberait, outre la certification des

comptes, la vérification du respect, par les établissements concernés, des dispositions

comptables et prudentielles, l'évaluation de l'adéquation de leur système de contrôle interne

ainsi que la vérification de la sincérité des informations destinées au public et leur

concordance avec les comptes.

D'autre part, les commissaires aux comptes, dont la désignation doit être approuvée par

Bank Al-Maghrib, doivent présenter toutes les garanties d'indépendance à l'égard des

établissements contrôlés et de leurs dirigeants. Ils ne pourraient exercer plus de deux mandats

14

Page 15: Cours droit bancaire

consécutifs auprès du même établissement. Le renouvellement de leur mandat auprès de ces

derniers ne pourrait intervenir qu'à l'expiration d'un délai de 3 ans.

La loi de 2006 autoriserait également les commissaires aux comptes à échanger des

informations avec Bank Al-Maghrib et les obligerait à porter à sa connaissance tout

événement ou décision de nature à mettre en péril la situation financière de l'établissement

contrôlé ou de porter atteinte au renom de la profession.

4. MISE EN PLACE D’UN CADRE POUR LA COOPERATION ENTRE BAM ET

LES AUTRES AUTORITES DE CONTRÔLE PRUDENTIEL

En perspective d'un meilleur contrôle consolidé des risques encourus, il est prévu

l'institution d'une « Commission de Coordination des Organes de Supervision du Secteur

Financier » dont la mission consiste à coordonner les actions de supervision de Bank Al-

Maghrib, du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières et de l'autorité chargée du

contrôle des entreprises d'assurance et à organiser l'échange d'informations relatives aux

entités soumises à leurs contrôles respectifs.

D'autre part, Bank Al-Maghrib serait habilitée à échanger des informations et à

organiser des missions d'inspection conjointes avec ses homologues étrangers et ce, sans qu'il

soit besoin, comme c'est le cas actuellement, de conclure des conventions internationales

dûment ratifiées et publiées au Bulletin Officiel.

De même, l'avis des autorités prudentielles étrangères devrait être requis dans le cadre

de l'instruction des demandes d'agrément formulées par des établissements de crédit ayant leur

siège social à l'étranger.

5. MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU CADRE APPROPRIE POUR LE

TRAITEMENT DES DIFFICULTES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT

La nouvelle loi met en place une procédure spécifique de traitement des difficultés des

établissements de crédit qui déroge aux procédures prévues par le Code de commerce et

permet à Bank Al-Maghrib de superviser l'opération de redressement des établissements dont

la situation financière n'est pas irrémédiablement compromise ou de les mettre en liquidation,

dans le cas contraire.

Pour exécuter sa mission dans de bonnes conditions, l'administrateur provisoire, dont la

nomination est décidée par le Gouverneur de Bank Al-Maghrib et publiée dans un journal

d'annonces légales, dispose de tous les pouvoirs dévolus auparavant aux organes de direction

15

Page 16: Cours droit bancaire

et de gestion et peut demander la suspension des droits de vote des dirigeants de

l'établissement.

De plus et afin de ne pas compromettre les chances de redressement des établissements

concernés, leurs engagements contractuels ne peuvent être dénoncées par leurs co-

contractants avant leur terme.

De même, toute opération de paiement ou de transfert d'actifs intervenue au cours des 6

mois précédant la date de mise sous administration provisoire pourrait être annulée, s'il est

établi qu'elle avait pour finalité la soustraction d'actifs.

Par ailleurs et à titre de mesure conservatoire, les actions et parts sociales des dirigeants,

qui sont frappés d'incessibilité durant la période d'administration provisoire, devraient être

bloqués dans un compte spécial et pourraient, si l'intérêt des déposants l'exige, être vendues

sur décision du tribunal compétent saisi par Bank Al-Maghrib.

Dans le cas où la situation de l'établissement de crédit en question est considérée

comme irrémédiablement compromise, il est fait application des dispositions du Code de

commerce relatives à la liquidation judiciaire.

6. RENFORCEMENT DE LA PROTECTION DES INTERÊTS DE LA CLIENTELE

DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT

Les principaux réaménagements prévus, dans ce domaine, par la nouvelle loi bancaire

sont exposés ci-après :

le plafond d'indemnisation des dépôts, par le Fond de Garantie, sera fixé par voie de

circulaire et ce, pour une plus grande souplesse ;

l'institution de l’obligation de signature d’une convention de compte précisant les

conditions de fonctionnement et de clôture des comptes de la clientèle ;

La mise en place d’une procédure pour le traitement des comptes en déshérence ;

l'exigence de l'information du public en cas de fermeture d'agences avec le droit de

transfert ou de clôture, sans frais pour les clients ;

la possibilité pour les tiers intéressés d'accéder aux informations détenues par les services

d'intérêt commun, notamment le service central des incidents de paiement.

7. LE RENFORCEMENT DES REGLES DE BONNE GOUVERNANCE

La nouvelle loi inclut des dispositions visant à améliorer la transparence des activités de

la Banque Centrale en matière de supervision.

Il est ainsi prévu que :

16

Page 17: Cours droit bancaire

Toutes les décisions de Bank Al-Maghrib comportant refus devraient être motivées ;

Les résultats des vérifications sur place devraient être systématiquement transmis au

conseil d'administration ou de surveillance de l'établissement concerné ;

Bank Al-Maghrib publierait chaque année un rapport relatif à ses activités de contrôle

ainsi qu'une situation comptable retraçant l'ensemble des opérations du Fonds Collectif de

Garantie des Dépôts.

8. AUTRES DISPOSITIONS

Dans l'attente de la promulgation de la loi sur le blanchiment de fonds, la nouvelle loi

exige des établissements de crédit la mise en place de procédures de détection de toute

opération dont la cause économique ou le caractère licite ne sont pas apparents.

D'autre part et pour essayer de trouver une issue définitive au problème de l'Union

Marocaine des Banques sous administration provisoire depuis 1967, la loi bancaire de 2006

prévoit une disposition qui stipule que si une solution n'est pas trouvée une année après

l'entrée en vigueur de la loi, la liquidation de la banque devrait être prononcée.

LES OPERATIONS DE BANQUE

La loi bancaire du 14 février 2006 définit les établissements de crédit par les opérations

qu’ils accomplissent. Aux termes de l’article 1er, « Sont considérés comme établissements de

crédit les personnes morales qui exercent leur activité au Maroc, quels que soient le lieu de

leur siège social, la nationalité des apporteurs de leur capital social ou de leur dotation ou

celle de leurs dirigeants et qui effectuent, à titre de profession habituelle ». De ce texte, il

résulte que la qualité d’établissement de crédit n’est octroyé qu’aux personnes morales qui ont

obtenu l’agrément ; il ne suffit pas que des personnes morales accomplissent à titre de

profession habituelle des opérations de banque : à défaut d’agrément, elles ne peuvent se parer

de l’appellation d’établissement de crédit.

La définition des établissements de crédit donnée à l’article 1er de la loi du 14 février

2006 n’est pas suffisamment large pour embrasser tous les professionnels des activités

bancaires et financières ; certains d’entre eux n’accomplissent pas des opérations de banque

et, dès lors, ne sont pas des établissements de crédit.

L’article 1 de la loi précitée énumère les différentes opérations de banque retenues

comme critères de la qualité d’établissement de crédit : « une ou plusieurs des activités

suivantes :

La réception de fonds du public ;

17

Page 18: Cours droit bancaire

Les opérations de crédit ;

La mise à disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou leur gestion ».

1. LA RECEPTION DE FONDS DU PUBLIC

1.1. DEFINITION

La notion de réception de fonds du public est définie à l’article 2 de la loi bancaire n°

34-03 du 14 février 2006. selon ce texte, « Sont considérés comme fonds reçus du public, les

fonds qu’une personne recueille de tiers sous forme de dépôt ou autrement, avec le droit d’en

disposer pour son propre compte, à charge pour elle de les restituer ».

De ce texte ressortent les quatre éléments caractéristiques de cette opération de banque,

à savoir la remise de fonds, les tiers, le droit de disposer pour son propre compte des sommes

reçus et l’obligation de restitution.

1.1.2. LA REMISE DE FONDS

La réception de fonds implique une remise de monnaie – dirhams ou devise – que celle-

ci soit spontanée de la part de la clientèle ou sollicitée par l’établissement de crédit.

Le moyen de la remise est également indifférent : il peut s’agir de la remise d’espèce ou

d’une remise effectuée au moyen d’un chèque ou d’un virement.

Est pareillement sans importance la durée de la remise : les remises peuvent concerner

des fonds restituables à terme comme des fonds constitutifs de dépôts à vue.

1.1.3. LE PUBLIC

Le public est défini à travers la notion de tiers pour indiquer que proviennent du public

tous les fonds recueillis de personnes dotées d’une personnalité juridique distincte de celle de

la personne qui reçoit les fonds.

1.2. LE DROIT DE DISPOSÉ DES FONDS POUR SON PROPRE COMPTE

Les établissements de crédit sont libre de disposer des fonds reçus du public comme ils

l’entendent, ce qui conduit souvent à dire qu’ils « travaillent avec l’argent des autres ».

1.3. L’OBLIGATION DE RESTITUTION

Les établissements de crédit ont l’obligation de restituer les fonds reçus du public. Il est

certain que la restitution ne se traduit pas forcément par la remise de pièces métalliques et

billets de banque : elle peut intervenir par voie d’émission de chèque ou de virement. Il n’en

demeure pas moins que les fonds doivent être restitués à leurs déposants, que ce soit

18

Page 19: Cours droit bancaire

directement, par voie de retrait, ou indirectement comme en matière de chèque où le paiement

du bénéficiaire réalise l’exécution de l’obligation de restitution à la charge du banquier.

2. LES OPERATIONS DE CREDIT ET LA MISE A DISPOSITION DE MOYENS DE

PAIEMENT OU LEUR GESTION

2.1. LES OPERATIONS DE CREDIT

Les opérations de crédit présentent deux caractéristiques générales : d’une part, elles

sont lucratives pour le banquier : elles ont donc un coût qui sera supporté par les emprunteurs.

D’autre part, elles sont très nombreuses.

2.1.1. LE CONCEPT D’OPERATION DE CREDIT

Selon l’article 3 de la loi n° 34-03 relative aux établissements de crédit et organismes

assimilés : « Constitue une opération de crédit tout acte, à titre onéreux, par lequel une

personne :

Met ou s’oblige à mettre des fonds à la disposition d’une autre personne, à charge pour

celle-ci de les rembourser ;

Où prend, dans l’intérêt d’une autre personne, un engagement par signature sous forme

d’aval, de cautionnement ou de toute autre garantie.

Sont assimilées à des opérations de crédit :

Les opérations de crédit-bail et de location avec option d’achat et assimilées ;

Les opérations d’affacturage ;

Les opérations de vente à réméré d’effets et de valeurs mobilières et les opérations de

pension telles que prévues par la législation en vigueur ».

De ce texte, il ressort que plusieurs opérations apparemment très différentes sont

qualifiées d’opérations de crédit. Si par exemple, une avance de fonds qu’un prêteur accorde à

un emprunteur à charge pour ce dernier de rembourser ladite avance est une opération de

crédit. Il y a opération de crédit même dans l’hypothèse où la caution n’aura effectué aucune

avance de fonds, le débiteur n’ayant pas été défaillant.

De cette présentation des opérations de crédit, on peut observer que l’article 3 de la

nouvelle loi bancaire semble distinguer deux types d’opérations :

Les avances de fonds et les promesses les concernant ;

Les engagements par signature.

La notion d’opération de crédit repose sur deux éléments, à savoir la rémunération et la

mise à disposition de fonds.

19

Page 20: Cours droit bancaire

2.1.2. LA REMUNERATION

La rémunération constitue la condition de l’engagement du banquier. Celle-ci est

remplie lorsque l’opération de crédit est faite moyennant le versement d’un intérêt ou d’une

commission.

2.1.3. MISE À DISPOSITION DE FONDS

La mise à disposition de fonds repose sur le motif suivant : celui qui la demande

souhaite obtenir immédiatement un avantage qu’il pourrait obtenir plus tard ou moins

facilement. Il peut également consister dans l’obtention d’un crédit ou d’une promesse de

crédit, ou encore dans une garantie accordée par le banquier afin de faciliter la réalisation

d’une opération.

La mise à disposition de fonds repose sur trois facteurs : un facteur avantage, un facteur

temps et un facteur risque. Ainsi comprise, la mise à disposition de fonds peut être immédiate,

futur ou éventuelle.

La mise à disposition immédiate de fonds caractérise le crédit de décaissement et

illustrée classiquement par le prêt d’argent. On peut citer l’exemple du crédit de compagne

qui est le crédit consenti par le banquier pour permettre à une entreprise de faire face à des

besoins de trésorerie qui résulte de son activité saisonnière. La mise à disposition immédiate

de fonds résulte également des opérations permettant la mobilisation des créanciers, telles que

l’escompte ou l’affacturage.

L’ouverture de crédit, comme l’indique l’article 525 du Code de commerce, est une

simple promesse de crédit qui constitue une opération de crédit. Dans cette hypothèse, le

banquier s’engage à accorder à un client un crédit d’un certain montant, dont il usera à sa

guise. L’ouverture de crédit n’entraîne pas une mise à disposition immédiate de fonds : celle-

ci ne sera consommée qu’à partir du moment où le client utilisera l’ouverture dont il

bénéficie. L’ouverture de crédit réalise une mise à disposition future de fonds.

A côté de ces hypothèses, il reste celles où la mise à disposition n’est qu’éventuelle.

Celle-ci présente ce caractère lorsqu’elle ne devient effective qu’en raison de la défaillance du

client. Il en est ainsi dans le cadre du cautionnement et de l’aval.

2.1.4. CLASSIFICATION DES OPERATIONS DE CREDIT

Selon que la mise à disposition des fonds est immédiate, futur ou éventuelle, on

distingue les crédits de décaissement, les promesses de crédit et les crédits par signature. Ces

20

Page 21: Cours droit bancaire

éléments ne sont pas les seuls à servir au classement des opérations de crédit. Il est

traditionnel de tenir compte de la personnalité du crédité, de la durée du crédit, des garanties y

afférant, de la destination des fonds et du caractère transfrontière de l’opération.

2.1.4.1. DUREE DU CREDIT

Il est classique de distinguer les crédits à court, moyen et long terme. Les premiers sont

d’une durée généralement inférieure à deux ans, tandis que les seconds ont une durée qui

varie entre deux et sept ans. Quant aux crédits à long terme, ils ont une durée supérieure à sept

ans.

2.1.4.2. DESTINATION DES FONDS

Les entreprises ont de multiples besoins qui gouvernent le choix de l’opération de

crédit. Si elles veulent faire face à une insuffisance momentanée de trésorerie, elles recourront

à des opérations de crédit à court terme. Si elles souhaitent au contraire financer des

équipements ou des immeubles, la solution la plus adéquate consistera en des crédits à moyen

et à long terme.

2.1.4.3. FINANCEMENT DU COMMERCE EXTERIEUR

Le développement du commerce extérieur a été assuré notamment par des financements

bancaires à savoir, le crédit documentaire et les crédits à l’exportation.

2.1.4.4. INTERÊTS DES ELEMENTS DE CLASSIFICATION

La classification des opérations de crédit présente un double intérêts, à la fois

économique et juridique.

Du point de vue économique, cette classification permet au banquier d’apprécier le

risque encouru par lui. Ce risque sera plus au moins important selon la personnalité du crédité

dont on appréciera la surface financière et selon l’opération envisagée et réalisée à l’aide de

l’opération de crédit. Il le sera aussi selon que le crédit intéresse le commerce interne ou le

commerce international.

D’un point de vue juridique, ces éléments ne sont pas sans incidence sur les règles

applicables à l’opération projetée. Ainsi, la personnalité du crédité entraîne l’application des

réglementation particulières (personne physique ou morale). Il en est de même de la

destination des fonds (affectation de fonds) qui, en outre, n’est pas non plus sans incidence sur

le choix des garanties. Quant au caractère international du crédit, il conduira à s’interroger sur

la loi applicable sauf en cas de conventions internationales prévoyants des dispositions

substantielles ou d’usages issus de la pratique du commerce international.

21

Page 22: Cours droit bancaire

2.1.4. COÛT DU CREDIT

Le coût du crédit représente les frais et la rémunération du banquier. Cette rémunération

est librement déterminée par les parties, qu’il s’agisse de la commission ou du taux d’intérêt.

Cette liberté n’est cependant pas totale en fait puisqu’il faudra tenir compte du prix de l’argent

sur les divers marchés, qu’il s’agisse du marché monétaire ou du marché financier.

2.2. LA MISE A DISPOSITION DE MOYENS DE PAIEMENT OU LEUR GESTION

L’objectif de classer parmi les opérations de banque la mise à la disposition de la

clientèle ou la gestion des moyens de paiement, c’est afin de permettre aux autorités

monétaires de maîtriser le développement et le contrôle des nouveaux moyens de paiement

faisant appel à la technologie électronique.

2.2.1. DEFINITION

Selon l’article 6 de la loi n° 34-03, « Sont considérés comme moyens de paiement tous

les instruments qui, quel que soit le support ou le procédé technique utilisé, permettent à toute

personne de transférer des fonds ». de ce texte, il résulte que les moyens de paiement sont des

moyens de transferts de fonds, des instruments « permettant de faire circuler la monnaie

scripturale ».

2.2.2. MISE À DISPOSITION DES MOYENS DE PAIEMENT

La notion de mise à disposition est liée à l’émission du moyen de paiement : il y a mise

à disposition si l’établissement de crédit émet ou crée le moyen de paiement. Cette mise à

disposition peut être obligatoire ou facultative. Elle est obligatoire, par exemple, pour les

cartes bancaires. En revanche, elle est facultative en matière de chèque.

2.2.3. GESTION DES MOYENS DE PAIEMENT

La notion de gestion des moyens de paiement couvre le service de caisse : les

encaissements et les paiements. L’activité de gestion des moyens de paiement est logique

puisque ceux-ci permettent de faire circuler la monnaie scripturale.

LA RESPONSABILITE BANCAIRE

22

Page 23: Cours droit bancaire

La responsabilité d’une personne est engagée lorsque, par son action, elle lèse les droits

ou les intérêts d’une autre personne. En matière de responsabilité civile, deux cas sont

envisagés :

Les personnes concernées ont préalablement conclu entre elles un contrat (acte juridique) ;

Les personnes n’ont conclu aucun accord préalable, elles sont alors les acteurs d’un

événement (fait juridique)

La situation de la banque n’échappe pas à cette classification : la responsabilité civile

bancaire n’a, en effet, rien de spécifique, elle n’est qu’une illustration du régime général de la

responsabilité civile.

En revanche la responsabilité pénale du banquier prend souvent sa source dans des

textes spécifiques visant l’activité bancaire.

Du fait que les banques gèrent des moyens de paiement, collectent des dépôts,

consentent des crédits et enfin vendent des services. Elles sont partenaire indispensable de

tous les agents économiques. Cette position particulière est précisément source de risques et

souvent cause de responsabilité.

1. LA RESPONSABILITE CIVILE

La responsabilité civile de la banque ne peut être engagée que dans la mesure où le

client, ou un tiers, démontre la réunion des trois conditions classiques :

L’existence d’une faute commise par le banquier ;

L’existence d’un préjudice souffert ;

Un lien de causalité entre la faute et le préjudice

1.1. LA RESPONSABILITE CIVILE CONTRACTUELLE

1.1.1. LA QUALITE DE CLIENT D’UNE BANQUE

En pratique, il existe deux catégories de situations qui permettent de qualifier des

personnes de « clients » d’une banque.

Il y a tout d’abord des opérations ponctuelles qui font l’objet d’un contrat, mais qui ne

se situent pas dans le cadre de relations continues et habituelles.

Exemple : une personne physique qui effectue une opération de change manuel dans une

agence bancaire, sachant que cette personne n’est titulaire d’aucun compte dans cet

établissement.

Il s’agit alors de clients occasionnels.

23

Page 24: Cours droit bancaire

Il y a également les personnes qui choisissent une banque pour effectuer chez elle toutes

les opérations de banque. Dans ce cas, le compte bancaire matérialise les relations d’affaires

entre la banque et le client.

En dehors de ces situations existent des circonstances où la personne est potentielle,

c’est en fait un « prospect ». Dans ce cas, il est considéré juridiquement comme un tiers.

Exemple : les personnes qui demandent l’ouverture d’un compte (avant la confirmation par la

banque).

En conclusion, seul le « client » d’une banque, c’est-à-dire la personne qui a conclu un

contrat avec une banque peut engager la responsabilité contractuelle de la banque à l’occasion

de l’exécution du contrat.

Dans le cas de l’opération de change manuel (contrat ponctuel), le champ de la

responsabilité contractuelle est limitée à l’exécution de ce contrat.

En revanche, lorsqu’il y a des relations d’affaires permanente et continue entre un

établissement de crédit et son client, le champ de la responsabilité contractuelle de la banque

peut être élargi.

1.1.2. L’INEXECUTION OU LA MAUVAISE EXECUTION D’UN CONTRAT

Deux cas sont à envisager :

Celui où il s’agit de l’inexécution, ou de la mauvaise exécution, d’une opération courante ;

Celui où l’inexécution ou la mauvaise exécution concerne une opération de crédit.

1.1.2.1. L’INEXECUTION OU LA MAUVAISE EXECUTION D’UNE OPERATION

COURANTE

Lorsqu’un client donne un ordre à sa banque : ordre de paiement, ordre d’encaissement,

ordre de transfert, la banque est tenue d’exécuter cet ordre dans les conditions et délais

indiqués.

Si la banque commet une faute dans l’exécution d’un ordre, elle répond de sa faute vis-

à-vis de son client pour autant que la force majeur ne puisse être invoquée et que le client lui-

même n’ait pas commis de faute.

1.1.2.2. L’INEXECUTION OU LA MAUVAISE EXECUTION D’UNE OUVERTURE

DE CREDIT

Deux situations sont à distinguer :

Le refus d’exécution par la banque d’une ouverture de crédit ;

24

Page 25: Cours droit bancaire

La rupture brusque d’un crédit.

Le refus d’exécution d’une ouverture de crédit

Si la banque a donné son accord à un client pour lui consentir un crédit et que, sans

motif valable, elle n’exécute pas la convention, il est admis que sa responsabilité contractuelle

puisse être engagée pour non exécution du contrat.

La rupture brusque d’un crédit

L’article 525 du Code de commerce a fixé des règles précises en la

matière : « L’ouverture de crédit est consentie pour une durée limitée, renouvelable ou non,

ou illimitée.

L’ouverture de crédit à durée illimitée, expresse ou tacite, ne peut être résiliée ou réduite

que sur notification écrite et à l’expiration d’un délai fixé lors de l’ouverture de crédit, ce

délai ne peut être inférieur à 60 jours.

L’ouverture de crédit à durée limitée prend fin de plein droit au terme fixé sans que la

banque ait l’obligation d’en avertir le bénéficiaire.

Qu’elle soit à durée limitée ou illimitée, l’établissement bancaire peut y mettre fin sans

délai en cas de cessation notoire de paiement du bénéficiaire ou de faute lourde commise à

l’égard dudit établissement ou dans l’utilisation du crédit.

Le non respect de ces dispositions par l’établissement bancaire peut engager sa

responsabilité pécuniaire ».

De ce texte, il résulte deux obligations à la charge des établissements bancaires, si

celles-ci veulent éviter de voir leur responsabilité mise en jeu à l’occasion de la rupture d’un

crédit :

Obligation d’informer le client des délais de préavis, lors de l’octroi du concours ;

Notification par écrit de la réduction ou de l’interruption du crédit.

A défaut de respecter les conditions fixées par la loi, la banque qui rompt un crédit

prend le risque de voir mettre en cause sa responsabilité contractuelle.

1.1.3. LES MOYENS LIMITANT LA RESPONSABILITE DES BANQUES

Pour un client, il est toujours tentant, en cas de litige, de chercher à faire condamner son

banquier à verser des dommages et intérêts au titre de la responsabilité contractuelle.

25

Page 26: Cours droit bancaire

Les établissements bancaires se préservent contre de telles initiatives. Elles incluent

dans les contrats passés avec la clientèle des clauses limitant leur responsabilité.

La forme de ces clauses est loin d’être générale. En effet, la jurisprudence considère que

les clauses limitant la responsabilité d’une banque dans un contrat passé avec un client ne sont

efficaces qu’en cas de faute légère de la banque.

En revanche lorsque le banquier commet une faute lourde dans l’exécution du contrat, la

responsabilité de la banque est reconnue et la clause limitative de responsabilité n’a pas

d’effet.

1.2. LA RESPONSABILITE CIVILE DELICTUELLE

Dans le cas d’une entreprise en difficulté, les créanciers apparaissent comme les

victimes du comportement de la banque. En conséquence, ils cherchent a faire reconnaître la

faute commise par celle-ci en vue d’obtenir le paiement de dommages intérêts.

En dehors de cette situation spécifique, la responsabilité délictuelle des établissements

bancaires est engagée de façon classique, au même titre que pour les autres entreprises.

1.2.1. LA RESPONSABILITE DELICTUELLE CLASSIQUE

La responsabilité délictuelle d’une personne est engagée sur le fondement de l’article 77

du DOC. : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui

par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».

Quant aux conditions de fond de cette responsabilité, elles doivent réunir :

Un préjudice ;

Un fait générateur de responsabilité ;

Un lien de causalité entre le préjudice et le fait générateur.

1.2.2. LE MAINTIEN ARTIFICIEL DU CREDIT A UNE ENTREPRISE

Les banques doivent être très vigilantes lorsqu’elles maintiennent ou augmentent des

concours à une entreprise dont elles savent qu’elle est en situation irrémédiablement

compromise.

Vis-à-vis des créanciers de son client, le banquier risque de donner une image fausse de

celui-ci.

26

Page 27: Cours droit bancaire

Pour retenir la faute de la banque, les tribunaux prennent en compte :

L’existence de crédits disproportionnés par rapport à l’activité de l’entreprise ou par

rapport à ses capitaux permanents ;

Le caractère irrémédiable des difficultés de l’entreprise.

Les fautes commises par l’entreprise elle-même ainsi que les manœuvres qu’elle a pu

opérer sont autant d’éléments susceptibles d’écarter ou de limiter la responsabilité éventuelle

de la banque.

2. LA RESPONSABILITE PENALE DU BANQUIER

Toute activité économique peut toujours donner lieu à des comportements

répréhensibles qui sont sanctionnés par des dispositions pénal.

Cependant, la responsabilité de la banque n’est pas celle de l’auteur directe des

infractions, c’est plutôt sous l’angle de la complicité que la faute pénale de la banque est

envisagée.

2.1. LE SECRET PROFESSIONNEL OU BANCAIRE

La banque est notamment un partenaire essentiel de l’entreprise, elle est également un

prestataire indispensable pour les particuliers.

Dans l’exercice de son activité, le banquier est appelé à connaître et à détenir des

informations sur ses clients. Une bonne part de ces informations est soumise au secret

professionnel.

L’article 79 de la loi bancaire du 14 février 2006 dispose : « Toutes les personnes qui, à

un titre quelconque, participent à l'administration, à la direction ou à la gestion d'un

établissement de crédit, ou qui sont employées par celui-ci, les membres du Conseil national

du crédit et de l'épargne, du Comité des établissements de crédit, de la Commission de

discipline des établissements de crédit, de la Commission de coordination des organes de

supervision du secteur financier prévue à l'article 81 ci-dessous, les personnes chargées,

même exceptionnellement, de travaux se rapportant au contrôle des établissements soumis à la

surveillance de Bank Al-Maghrib en vertu de la présente loi et, plus généralement, toute

personne appelée, à un titre quelconque, à connaître ou à exploiter des informations se

rapportant à ces établissements, sont strictement tenus au secret professionnel pour toutes les

affaires dont ils ont à connaître, à quelque titre que ce soit, dans les termes et sous peine des

sanctions prévues à l'article 446 du code pénal ».

Le secret professionnel ne peut être opposé à certaines autorités, à savoir :

27

Page 28: Cours droit bancaire

L’autorité judiciaire ;

L’autorité monétaire (BAM) ;

L’autorité administrative.

2.2. LA COMPLICITE POUR BANQUEROUTE

2.2.1. LA BANQUEROUTE

La banqueroute est une infraction qui vient apporter des sanctions pénales dans le cadre

des difficultés de l’entreprise. Elle peut être définie comme un délit commis par un débiteur

commerçant (personne physique ou morale) qui se trouve en état de cessation des paiements à

la suite de certains agissements.

La banqueroute est une infraction ancienne qui existait déjà dans la législation

napoléonienne.

Le législateur marocain, dans l’ancien Code de commerce, distinguait deux cas

assimilés de banqueroute, il s’agit de :

La banqueroute simple ;

La banqueroute frauduleuse.

Ce n’est qu’en 1996 que le législateur a transformé l’infraction de banqueroute

frauduleuse en délit de banqueroute.

2.2.1.1. LE REGIME JURIDIQUE DE LA BANQUEROUTE

Sous l’empire du Code pénal de 1962, la définition de la banqueroute n’était pas

contenue dans ce code.

Pour connaître les cas de banqueroute, il fallait se reporter à la loi n° 15-95 formant

Code de commerce.

Désormais, de la lecture de la loi précitée, on observe que l’infraction de banqueroute

n’est pas définie par une phrase générale.

Cependant, les articles 721 et 722 de cette loi permettent de définir le contenu de cette

infraction.

Plus précisément, l’article 721 définit le cadre dans lequel l’infraction peut être

commise. L’article 722, quant à lui, il précise les différents cas de banqueroute.

De ces deux articles, il résulte que l’on peut distinguer deux conditions préalables dans

le cadre de la banqueroute ; une tenant aux personnes pouvant commettre l’infraction et

28

Page 29: Cours droit bancaire

l’autre consistant dans l’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation

judiciaire.

2.2.1.2. LE CADRE HUMAIN DE COMMISSION DE L’INFRACTION

Il découle de l’énumération retenue par l’article 702 de la loi n° 15-95 que deux types

de personnes peuvent se voir appliquer les dispositions relatives à la banqueroute : les

dirigeants, de droit ou de fait, de l’entreprise individuelle el les dirigeants de l’entreprise à

forme sociale.

2.2.2. LA COMPLICITE DU BANQUIER

La complicité en matière de banqueroute est envisagée par l’article 722 du Code de

commerce.

Aux termes de l’article 722 alinéa 2 : « Encourent les mêmes peines, les complices de

banqueroute, même s’ils n’ont pas la qualité de dirigeants d’entreprise ».

L’article 722 alinéa 3 de la loi précitée dispose que : « La peine prévue au premier

alinéa est portée au double lorsque le banqueroutier est dirigeant, de droit ou de fait, d’une

société dont les actions sont côtés à la bourse des valeurs.

Pour connaître les conditions de la complicité, il convient de faire application des

articles 128 et 129 du Code pénal.

La complicité suppose, selon ces articles, la réunion de conditions cumulatives :

L’existence d’un fait principal punissable, c’est-à-dire d’une banqueroute ;

Un acte de complicité : il s’agit soit d’une aide ou assistance, soit d’une complicité par

instigation ;

La conscience de l’associé à la commission de l’infraction.

Lorsque ces conditions sont réunies, le complice encourent les mêmes peines que s’il

avait été lui-même auteur principal de l’infraction.

En conséquence, l’infraction de complicité pour banqueroute vise au premier chef les

établissements bancaires.

29

Page 30: Cours droit bancaire

TABLE DES MATIERS

TITRE PREMIER : INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER : DEFINITION DU DROIT BANCAIRE

SECTION 1 : Les opérations de banque

SECTION 2 : Les professionnels du commerce de banque

SECTION 3 : Origine du droit bancaire

CHAPITRE 2 : LES FONDEMENTS DU DROIT BANCAIRE

SECTION 1 : LES SOURCES

§ 1 : Les textes législatifs et réglementaires

§ 2 : Les textes professionnels

§ 3 : La jurisprudence

§ 4 : Usages bancaires

§ 5 : Sources internationales

SECTION 2 : LES TECHNIQUES

§ 1 : QUALITE DES PARTIES

§ 2 : DIVERSITE ET REPETITION DES OPERATIONS BANCAIRES

CHAPITRE 3 : RAPPEL HISTORIQUE

TITRE 2 : PRESENTATION DE LA NOUVELLE LOI BANCAIRE

CHAPITE PREMIER : ASSUJETTISSEMENT DE NOUVEAUX ORGANISMES A

CERTAINES DISPOSITIONS DE LA LOI BANCAIRE

CHAPITRE 2 : RÔLE DES INSTANCES INTERVENANT DANS LE PROCESSUS DE

SUPERVISION ET DE REGLEMENTATION

SECTION 1 : Répartition des compétences entre les autorités monétaires

SECTION 2 : Réaménagement des prérogatives des organes consultatifs

CHAPITRE 3 : REDEFINITION DU PROCESSUS DE CÔNTROLE EXTERNE DES

ETABLISSEMENTS DE CREDIT

SECTION 1 : CONTRÔLE PAR BANK AL-MAGHRIB

SECTION 2 : CONTRÔLE PAR LES COMMISSAIRES AUC COMPTES

CHAPITRE 4 : MISE EN PLACE D’UN CADRE POUR LA COOPERATION ENTRE

BAM ET LES AUTRES AUTORITES DE CONTRÔLE PRUDENTIEL

CHAPITRE 5 : MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU CADRE APPROPRIE POUR LE

TRAITEMENT DES DIFFICULTES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT

30

Page 31: Cours droit bancaire

CHAPITRE 6 : RENFORCEMENT DE LA PROTECTION DES INTERÊTS DE LA

CLIENTELE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT

CHAPITRE 7 : LE RENFORCEMENT DES REGLES DE BONNE GOUVERNANCE

CHAPITRE 8 : AUTRES DISPOSITIONS

TITRE 3 : LES OPERATIONS DE BANQUE

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER : LA RECEPTION DE FONDS DU PUBLIC

SECTION 1 : Définition

§ 1 : La remise de fonds

§ 2 : Le public

SECTION 2 : Le droit de disposé des fonds pour son propre compte

SECTION 3 : L’obligation de restitution

CHAPITRE 2 : LES OPERATIONS DE CREDIT ET LA MISE A DISPOSITION DE

MOYENS DE PAIEMENT OU LEUR GESTION

SECTION 1 : Les opérations de crédit

§ 1 : le concept d’opération de crédit

§ 2 : la rémunération

§ 3 : mise à disposition de fonds

§ 4 : classification des opérations de crédit

a. Durée du crédit

b. Destination des fonds

c. Financement du commerce extérieur

d. Intérêts des éléments de classification

§ 5 : COÛT DU CREDIT

SECTION 2 : La mise a disposition de moyens de paiement ou leur gestion

§ 1 : DEFINITION

§ 2 : MISE À DISPOSITION DES MOYENS DE PAIEMENT

§ 3 : GESTION DES MOYENS DE PAIEMENT

TITRE4 : LA RESPONSABILITE BANCAIRE

CHAPITRE PREMIER : LA RESPONSABILITE CIVILE

SECTION 1 : LA RESPONSABILITE CIVILE CONTRACTUELLE

31

Page 32: Cours droit bancaire

§ 1 : La qualité de client d’une banque

§ 2 : L’inexécution ou la mauvaise exécution d’un contrat

a. l’inexécution ou la mauvaise exécution d’une opération courante

b. l’inexécution ou la mauvaise exécution d’une ouverture de crédit

§ 3 : Les moyens limitant la responsabilité des banques

SECTION 2 : LA RESPONSABILITE CIVILE DELICTUELLE

§ 1 : LA RESPONSABILITE DELICTUELLE CLASSIQUE

§ 2 : LE MAINTIEN ARTIFICIEL DU CREDIT A UNE ENTREPRISE

CHAPITRE 2 : LA RESPONSABILITE PENALE DU BANQUIER

SECTION 1 : LE SECRET PROFESSIONNEL OU BANCAIRE

SECTION 2 : LA COMPLICITE POUR BANQUEROUTE

§ 1 : La banqueroute

a. le régime juridique de la banqueroute

b. le cadre humain de commission de l’infraction

§ 2 : La complicité du banquier

32