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CONFÉRENCE D’ÉCONOMIE APPROFONDIE
RAYAN NEZZAR
Politique budgétaire et endettement Séance 3
Retour sur les plans détaillés
Principaux points positifs
Bcp de recherches, docs et infos
Recul critique appréciable
Définitions souvent OK (sauf « soutenabilité », parfois oubli de « croissance potentielle »)
Conseils pour progresser
Plus de chiffres et les sources
Attention au vocabulaire économique
Plus de comparaisons internationales (II.A.)
Recommandations plus opérationnelles (II.B.) => Qu’est-ce que VOUS proposez ?
Attention : Relance de la croissance ≠ Hausse du sentier de croissance
Exemple de notation
Introduction / définitions - 6 pts
Chiffres + sources - 4 pts
Analyse des mécanismes - 3 pts
Comparaisons internationales et historiques - 2 pts
Propositions II.B. - 5 pts
3. La politique budgétaire en temps de crise
1. Point sur les notions fondamentales
2. Des pays qui ont réduit leur endettement
Séance 3 Politique budgétaire et endettement
Les notions fondamentales
Les soldes budgétaires
Différence entre les ressources et les dépenses (en VA ou en % PIB)
=> le déficit est un flux qui alimente le stock de dette
Solde structurel : solde budgétaire - solde conjoncturel (construit par rapport à Y*)
=> Neutralise les effets du cycle
Solde primaire : solde budgétaire + intérêts de la dette
=> Mesure la soutenabilité budgétaire
Solde stabilisant : solde budgétaire à partir duquel le ratio dette/PIB se stabilise
Solde stabilisant = (taux d’intérêts réels - taux de croissance) * ratio dette/PIB
=> Fixe un objectif à atteindre pour stabiliser la dynamique de la dette
Comment sont construites les prévisions de déficit ?
Hypothèses d’inflation et d’élasticités impôts et dépenses publiques // croissance
Depuis la création du Haut conseil aux finances publiques (2012), moins d’écarts entre les prévisions et l’exécution = gage de crédibilité (TSCG)
Solde budgétaire Solde structurel Solde primaire Solde stabilisant
-3,3% -1,3% -1,6% -1,3%
*Prévisions PLF 2016 (France)
Les justifications théoriques de l’endettement public
Investissement public dans la mesure où les générations futures en bénéficient
Arrow & Lind (1970) : l’Etat s’endette à meilleur coût (diversifie le risque et le dilue pour les contribuables). Le marché de la dette publique est liquide et profond (obligations = réserve de valeur, collatéral apporté à la BC + placement pour les cies assurance et fonds de pension). Not. pour le $ : monnaie d’échange internationale => forte liquidité => endettement à bas coût.
Barro (1979) : Le recours à l’endettement permet de lisser le niveau des PO sur le cycle (tax smoothing) et de minimiser les distorsions fiscales
Nelson & Plosser (1982) : Lisser les variations du cycle (stabilisateurs automatiques). Ex. tax cut Kennedy 1962 : stimulus pour réduire le chômage.
Blanchard & Summers (1987) : Se prémunir contre des risques durables de dysfonctionnement des marchés (not. effets d’hystérèse sur le marché du L)
Théorème d’Haavelmo (1989) : une relance budgétaire est toutefois possible même sans emprunt (hausse des PO mais multiplicateur = 1)
Les justifications théoriques de l’endettement privé
Accompagner les phases de croissance de l’entreprise
Financer son fonds de roulement ou le décalage entre investissement et cash-flow généré
Alternatives : autofinancement et augmentation du capital
Les notions fondamentales
Les critiques de l’endettement public
Equivalence néo-ricardienne : tout déficit budgétaire est analysé comme une hausse d’impôt future + effet d’éviction au détriment de l’investissement privé (R. Barro, 1974)
Reinhart & Rogoff (2009) : au-delà de 90% dette/PIB, perte de Y* de 1 à 3 pts
Le montant des intérêts handicape la conduite de la politique budgétaire : 46,1 Md€ en 2014 (1er budget devant EnsSco)
L’existence d’une prime de risque sur les taux d’intérêt (not. si détention de la dette par des non-résidents : 2/3 en FR vs. 7% au JAP). OCDE : au-delà de 75% PIB de dette publique, +1 pt = prime de risque de +10 pts de base
L’ouverture économique (OMC) a aussi réduit le multiplicateur budgétaire
La dynamique de l’endettement public
Loi de Wagner (1872) : progrès économique => hausse du ratio dépenses publiques/PIB
Une dette publique est jugée soutenable si, compte tenu des prévisions de dépenses et de recettes publiques, l’État ne risque pas de se trouver face à une crise de solvabilité ou à une obligation d’ajustement irréaliste des finances publiques
Solvabilité = capacité à rembourser le K de ses dettes et payer les intérêts qu’elle implique
Dt= Dt-1 x (r - Y*)
Crise de solvabilité vs. crise de liquidités = un Etat n’est plus capable de s’endetter pour financer son déficit car les investisseurs refusent de prêter (rôle des agences de notations)
Les notions fondamentales
Comment réduire sa dette ?
Avoir un taux de croissance (y c inflation) supérieur aux taux d’intérêt (ex. Trente Glorieuses)
Dégager un excédent budgétaire primaire (ex. Allemagne)
Alesina & Ardagna (2009) : pour les économies surendettées, la réduction du déficit restaure la confiance et augmente l’investissement privé. La consolidation budgétaire est donc expansionniste à MT qd le multiplicateur budgétaire est bas (~0,8 en UE). Les agents anticipent des baisses d’impôts futures (Friedman, 1957 : théorie du revenu permanent).
Hausse des impôts ou réduction des dépenses ? Dépend du multiplicateur fiscal. DG TRESOR (2012) : +1pt PO = -0,4 Y vs. +1pt DP = -0,8 Y.
McKinnon & Shaw (1973) : Répression financière oriente l’épargne privée vers le refinancement de la dette publique (ex. accord FED-Roosevelt en 1942 : maintien de taux d’intérêt bas). Mais mauvaise allocation du K (perte de Y*)
Crise de liquidités => institution internationale pour prêter (FMI, ex. Argentine)
Crise de solvabilité => inutile de prêter davantage, il faut restructurer la dette (rééchelonner et/ou réduire). Rogoff (2009) : 300 défauts souverains depuis le XIXème siècle (ex. France/USA après PGM). Question aléa moral + burden sharing entre les créanciers. Effets redistributifs entre les créanciers. Effet positif sur Y* si permet de financer de nouveaux investissements publics utiles.
Dans tous les cas, réduire sa dette est un « marathon, pas un sprint » (FMI, “The Good, the Bad, and the Ugly: 100 Years of Dealing with Public Debt Overhangs”, 2012)
Les notions fondamentales
Les notions fondamentales
Dette publique des Etats-Unis depuis 1800
1. Point sur les notions fondamentales
Politique budgétaire et endettement
3. La politique budgétaire en temps de crise
2. Des pays qui ont réduit leur endettement
Séance 3
La réforme de l’Etat dans les pays anglo-saxons
Une réduction des dépenses publiques…
Wake-up call : dette publique ~ 100% PIB, déficits cumulés (-9,2% déficit en 1994 au Canada vs. +0,2% en 1997)
Gel des salaires et réduction d’effectifs dans la fonction publique, redéfinition du champ d’intervention du secteur public (disparition de plusieurs ministères)
Réduction des dépenses de santé (8% PIB en 1995) et tarification des hôpitaux à l’activité en Suède
Usage des NTIC au Royaume-Uni (Digital By Default) pour réduire la bureaucratie
…Rendue possible par un contexte macro-économique favorable
Une croissance mondiale autour de 4-5% dans la décennie 1990s
Un contexte d’inflation et de dévaluation monétaire (dépréciation de 25% du CAD // à l’USD : 1 USD = 0,63 CAD en 2002 ; Vidal, 2010 : dévaluation de la couronne suédoise a accru les exportations)
=> Des réformes impossibles aujourd’hui en France ?
Le modèle allemand de désendettement public
Un équilibre entre croissance et consolidation budgétaire…
Objectif du « schwarze Null » (zéro pile) : -4,1% en 2010 vs. +0,5% en 2015, objectif de 60% de dette publique en 2020
Une croissance stimulée par les exportations (7,5% d’excédent commercial) et les gains de compétitivité réalisés dans la décennie 2000
Maîtrise des dépenses sociales (réforme Hartz IV, baisse du chômage à 6,3%)
Prévisions de croissance prudentes (1,7% en 2015) et rythme de croissance des dépenses publiques calé sur la croissance des recettes
Constitutionnalisation en 2009 de la « Schuldenbremse » (règle d’or : 0,35% de déficit structurel)
…Qui handicape toutefois la croissance à long terme
Des investissements publics en-dessous de la moyenne OCDE : 1,5% PIB (v. Made in Germany, G. Duval)
Une démographie négative (25 M de retraités en 2030) et une prise en charge insuffisante de la petite enfance (Rapport OCDE, 2014)
La crise de la dette publique en Irlande
De la crise financière à la crise des finances publiques…
« Tigre celtique » : croissance de 5 à 10% a fait diminuer de moitié le ratio dette/PIB durant la décennie 1990
Mais bulle immobilière et recapitalisation des banques => 32% déficit en 2010
Dette publique de 25% PIB en 2007 à 124% en 2013 (*5)
…Un ajustement brutal après 2008
Programmes d’aide internationale pendant 3 ans : FESF et FMI (67 Md€)
Mix consolidation budgétaire (30 Md€ d’effort structurel sur 2008-2013, soit 18,5% PIB) & relance (aide à l’investissement et à l’export par le Fonds national de réserve des retraites)
2/3 de l’effort par la fiscalité : introduction d’une taxe foncière, taxe carbone, taxe sur l’eau => pression fiscale + 1 000€/foyer
Réduction de la masse salariale de la FP de 17% (effectifs + W + temps de L)
Retour à des taux de croissance élevés (4,5% en 2014) et réduction du déficit (3,5% en 2014, OAT à 10 ans : 1,68%)
Des défis à relever : chômage des jeunes, endettement privé, « dumping fiscal »
1. Point sur les notions fondamentales
Politique budgétaire et endettement
3. La politique budgétaire en temps de crise
2. Des pays qui ont réduit leur endettement
Séance 3
La politique budgétaire en temps de crise
Les conditions historiques pour la réussite des stratégies de désendettement
Etude du FMI (2012), “The Good, the Bad, and the Ugly: 100 Years of Dealing with Public Debt Overhangs” : Entre 1875 et 1997, plus de la moitié des pays industrialisés ont dépassé le ratio de 100% dette/PIB
Un environnement monétaire accommodant est une condition sine qua non. Ex. USA après 1945 (PM non conventionnelle : achat de titres publics et taux très bas => l’inflation résorbe l’endettement)
Le lien entre politiques de dévaluation interne et dette en temps de crise
Paradoxe de Fisher (1933) : en période de crise, le désendettement public entraine chômage et croissance faible. Boucle dépressive : demande privée déprimée => déflation => récession => augmente la valeur réelle de la dette.
Ex. Royaume-Uni après 1914 passe de 100 à 200% dette/PIB (consolidation budgétaire+ PM restrictive pour rétablir parité étalon-or d’avant-guerre). Idem politique du « franc fort » sous Laval en 1935
De Grauwe (2013) : Depuis 2008, pays où la consolidation a été la plus forte en UE ont connu la plus forte baisse de PIB et d’accroissement de la dette >> inefficacité
Par contraste : politiques efficaces de relance budgétaire lorsque le multiplicateur keynésien est élevé : New Deal (impulsion de 1,5% PIB), Allemagne nazie (8-10% de croissance ; PM non conventionnelle : « MEFO bills » ; dépenses de réarmement).
Aujourd’hui, la politique budgétaire au sein de l’UEM est soumise à des règles…
Kydland & Prescott (1977) : incohérente temporelle des politiques budgétaires (rappel)
Pacte de stabilité (1997), TSCG (2012) : 3% de déficit, 60% dette/PIB
Déclinaisons nationales : loi organique du 17/12/2012 en France
Des règles jamais appliquées ? (Conseil européen de 2005)
…Mais elle est également contrainte par la compétition fiscale
Lettre du CEPII, « Impôt sur les sociétés : tous à 0% ? » (2005). Ajd : réduction à 20% au Royaume-Uni, 12,5% en Irlande, 29,6% en Allemagne, 22% en moyenne UE. Facteur d’attractivité du territoire (mais pas le seul : infrastructures, formation, etc).
Politiques de dévaluation interne (baisse des coûts salariaux) ex. Espagne depuis 2011
Amélioration de la compétitivité-prix et des exportations (excédent commercial de 4% PIB en 2015)
Hausse de la profitabilité des entreprises (+3 pts)
Baisse des salaires réels (-10%)
=> Croissance de 3,1% en 2015, chômage à 21% (-350k en 2015), déficit public 4,5% en 2015 (jugé excessif par la CE) et dette publique ~ 100% PIB
=> Permettent de relancer la croissance (de façon non coopérative) mais ne résolvent pas la question de l’endettement public
La politique budgétaire en temps de crise
La politique budgétaire en temps de crise
La politique budgétaire en temps de crise
Le plan français d’économies de 50 Md€ sur le triennal 2015-2017
Etat : 18 Md€ ; ColTerr : 11 Md€ ; ASSO : 21 Md€ (dont 10 Md€ santé)
Gel du point d’indice, baisse du PSR CT, ONDAM à +1,75% en 2016, gel des PS
Toujours calculées par rapport au tendanciel : objectif déficit < 3% en 2017
Mais dépenses imprévues : pacte de sécurité (1 Md€), plan Emploi (de 2 à 3,5 Md€)
Quelles perspectives pour la politique budgétaire après 2017 ?
Dans la fonction publique : retour du 1/2, hausse du temps de travail (not. ColTerr)
ASSO : dégressivité des prestations chômage, âge légal de la retraite, fusion de minima sociaux
Côté recettes : recyclage du CICE, fiscalité environnementale, dépenses fiscales
Mais DeLong & Summers, Fiscal Policy in a Depressed Economy, 2012 : multiplicateur budgétaire > 1 (1,2 pour l’OFCE) et taux d’intérêt faibles
=> La poursuite de la consolidation budgétaire après 2017 continuera d’avoir un effet récessif
FIN DE LA SÉANCE
Politique budgétaire et endettement Séance 3