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Jean-Marc Mormeck face à Timur Ibragimov, le 2 décembre 2010 à la Halle Carpentier (Paris). ALAIN MOUNIC/PRESSE SPORTS C e n’est pas un sujet annexe », clame Jean-Luc Ben- hamias, chargé du dossier pour le Modem. Pour- tant, dans le parti de François Bayrou comme dans les autres formations en lice pour la présidentielle, ça y ressemble fort ! La question sportive n’occupe pas une grande place dans les professions de foi et ne revêt aucun caractèrestratégique.Denis Massiglia,le président du Comi- té national olympique et sportif français (CNOSF), n’a pour le moment pas de réponse au courrier titré « Faire du sport, un enjeu pour la France », dans lequel il a invité les candi- dats à s’engager sur un certain nombre de points. « On attend un retour, et on travaillera avec ceux qui nous font des propositions », temporise le patron du CNOSF. Dans la course à la présidentielle, certains partis ont tout de même pris un peu d’avance. Le Front de gauche a par exemple éla- boréun documentde dix pages riche en propositionsfracas- santes, telles que l’abrogation de la loi sur l’ouverture des paris en ligne. A l’UMP, en revanche, « on n’a pas de plaquet- te sur le sujet ». Normal, NicolasSarkozy n’est candidatdécla- ré que depuis peu ! p PAGE8 Les candidats à l’élection présidentielle sans grand dessein pour... le sport Peu de partis prennent le risque de chiffrer les mesures nécessaires Lutter contre les préjugés Dans un dojo du Val-de-Marne, l’ES Vitry Lutte enseigne le combat aux enfants âgés de 4 à 12 ans pour favoriser le vivre-ensem- ble entre zones pavillonnaires et quartiers sensibles. Cette volonté de mixité s’étend aussi au champ du handicap. PAGE 6 « Lin-credible » Mister Lin L’histoire de Jeremy Lin, meneur de jeu des Knicks de New York, est digne d’un scénario hollywoodien. En deux mois, le basketteur, diplômé d’Harvard, est devenu une star de la NBA et le porte-drapeau de la communauté asiatique aux Etats-Unis. PAGE3 Ça plane pour moi Notre reporter rêvait de voler comme un oiseau. Après quelques jours de formation, il s’est élancé en parapente du haut d’une montagne. C’est un fabuleux mélange d’extase et de liberté qu’il a ressenti entre ciel et terre. PAGE 7 Mormeck défie le roi du ring Le Français affronte Wladimir Klitschko, samedi 3 mars à Düsseldorf, devant 50 000 spectateurs. Le champion du monde des poids lourds ukrainien est une star en Allemagne, pays où la boxe déplace les foules et les chaînes de télévision. PAGES 4-5 STÉPHANE KIEL Cahier du « Monde » N˚ 20876 daté Samedi 3 mars 2012 - Ne peut être vendu séparément

Le monde sport et forme du 3- 3-2012

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Page 1: Le monde sport et forme du 3- 3-2012

Jean-MarcMormeckfaceàTimur Ibragimov,le 2 décembre 2010 à laHalle Carpentier (Paris).

ALAINMOUNIC/PRESSE SPORTS

Ce n’est pas un sujet annexe», clame Jean-LucBen-hamias, chargé du dossier pour leModem. Pour-tant,danslepartideFrançoisBayroucommedanslesautresformationsenlicepourlaprésidentielle,

çay ressemble fort! La questionsportiven’occupepasunegrande place dans les professions de foi et ne revêt aucuncaractèrestratégique.DenisMassiglia,leprésidentduComi-ténationalolympiqueet sportif français (CNOSF), n’apourlemomentpasderéponseaucourriertitré«Fairedusport,un enjeu pour la France», dans lequel il a invité les candi-

dats à s’engager sur un certain nombre de points. «Onattend un retour, et on travaillera avec ceux qui nous fontdes propositions», temporise le patron du CNOSF. Dans lacourseà laprésidentielle, certainspartis ont toutdemêmeprisunpeud’avance.LeFrontdegaucheaparexempleéla-boréundocumentdedixpagesricheenpropositionsfracas-santes, telles que l’abrogation de la loi sur l’ouverture desparisenligne.Al’UMP,enrevanche,«onn’apasdeplaquet-tesurlesujet».Normal,NicolasSarkozyn’estcandidatdécla-réquedepuispeu! p PAGE 8

Lescandidatsàl’électionprésidentiellesansgranddesseinpour... lesport

Peudepartisprennent le risquedechiffrer lesmesuresnécessaires

Lutter contre les préjugésDansundojo duVal-de-Marne, l’ES VitryLutte enseigne le combat aux enfants âgésde 4 à 12 ans pour favoriser le vivre-ensem-ble entre zonespavillonnaires et quartierssensibles. Cette volonté demixité s’étendaussi au champduhandicap. PAGE 6

«Lin-credible»Mister LinL’histoirede JeremyLin,meneurde jeudesKnicksdeNewYork, est digned’un scénariohollywoodien. Endeuxmois, le basketteur,diplôméd’Harvard, est devenuune starde laNBAet leporte-drapeaude la communautéasiatiqueauxEtats-Unis. PAGE 3

Çaplane pourmoiNotre reporter rêvait de voler commeunoiseau. Après quelques jours deformation, il s’est élancé en parapente duhautd’unemontagne. C’est un fabuleuxmélanged’extase et de liberté qu’ila ressenti entre ciel et terre. PAGE 7

Mormeckdéfieleroiduring

LeFrançais affronteWladimirKlitschko,samedi3marsàDüsseldorf, devant50000spectateurs.Le championdumondedespoids lourdsukrainienest

unestarenAllemagne,paysoù laboxedéplace les fouleset les chaînesde télévision.

PAGES 4 - 5

STÉPHANE KIEL

Cahier du «Monde »N˚ 20876 daté Samedi 3mars 2012 - Ne peut être vendu séparément

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Un amiqui connaîtmieux la Formu-le1 quemoime racontait récem-mentqu’AdrianNewey, le concep-teurde la RedBull de SebastianVet-

tel, dessine ses premières idéesde projets surune feuille depapier A4 à l’aided’un simplecrayon2B. Celam’a fait sourire. Ainsi, le pluscélèbre ingénieurdu sport le plus high-techdumonde travaille deboutdevant sonchevalet,tel un artiste. Peut-êtred’ailleurs enest-il un.

La saison de F1 démarre dans quelquesjours. La course automobile actuelle n’estplus aussi intéressante àmes yeux qu’ellel’était à l’époque des GrahamHill, Niki Laudaou JamesHunt. J’ai vu le documentaire sortirécemment sur Ayrton Senna et je suis d’ac-cord avec ce qu’il a déclaré peu de tempsavant samort, à savoir que ce sport est deve-nu trop dépendant de l’argent et de la politi-que.Mais cela nem’empêchepas d’aimerl’idée d’AdrianNewey devant son chevalet.

Sans l’aided’aucunordinateurNewey est aérodynamiciende formation,

et on dit qu’il est capable, sans l’aide d’aucunordinateur, de se représentermentalementl’écoulement de l’air autour de la voiture. Onne fait intervenir les ordinateurs qu’aprèsqu’il a défini les caractéristiques fondamenta-les. Voilà un hommedont je peux compren-dre les instincts,même si les principes scienti-fiques en jeu dépassent de loinma compré-hension.

Bien entendu, j’utilisemoi aussi les ordina-teursdans certainsdenosprocessusde design,mais nous continuons à dessiner à lamaintous nos vêtements, pour hommes commepour femmes, et beaucoupde nos tissusimprimés sont réalisés de lamême façon.Nous avons trois ou quatre designers quimaî-trisent parfaitement la peinture. Lorsquenous décidons d’ouvrir une nouvelle bouti-

que, il serait facile d’en concevoir l’aménage-ment intérieur avec un logiciel et unmoni-teur, et pourtant nous ne procédonspas ainsi.Nous construisonsune petitemaquette avecdu carton et du ruban adhésif, de façon à pou-voir étudier quelque chose de concret, entrois dimensions. Il est alors plus facile dedéceler les erreurs – commedemettre la cais-se face à l’entrée oude placer les portesconduisant aux cabines à un endroit d’oùelles sont visibles de la rue.

Prenons aussi l’exemple de la conceptiondes rayures, qui constituent un élément fami-lier de l’identité Paul Smith, notammentdansmes collections pour hommes. Ellessont proposées en différentes combinaisonsde couleurs et nous les utilisons pour des tasde choses. Nous les testons à l’aide d’une ban-de de carton et d’écheveauxde fils de soieque nous enroulons autour du carton pourformer les rayures. Cela nous permet denousfaire une idée exacte du rapport entreles couleurs.

L’un des problèmes avec la Formule1, c’estque tous les nouveaux circuits se ressem-blent et qu’ils paraissent tous avoir été dessi-nés par lemême ordinateur. Ils n’ont pas lecaractère des circuits historiques commeSpaouMonaco. Si je devais dessiner unnouveaucircuit, je confierais le travail à AdrianNeweyet son crayon. p

(Traduit de l’anglais parGilles Berton)

ch ron i q u e

PaulSmithCouturier

PHOTO: SANDRO SODANO

Samedi 3marsHaltérophilieQui sera élu cette année l’homme le plusfort de l’Hexagone? Pour le savoir et rencontrer tous lesleveursde fontedupays, il faut se rendre aux championnatsde France, qui se déroulent àQuimper (Finistère) pendanttout leweek-end.Triathlon Il s’agit encoredemusclesmais surtout demental et d’endurance…Au triathlon, il faut d’abordnager,puispédaler et, enfin, courir. La catégorie «IronMan»–hommede fer – est l’équivalentde la premièredivision, etl’épreuvede Taupo, enNouvelle-Zélande,mériterait(presque)… le détour!Ski de fondC’est juste après la sacro-sainte sieste dusamedi après-midiqu’a été programmée cette épreuvedeCoupedumonde.Dans le décor feutréde Lahti, dans la forêtfinlandaise, les concurrentsvontpouvoir se départager.Idéal pourun réveil en douceur (14h45, Eurosport).

Dimanche4Snooker La passionades limites…Si elle (ou il) prétendvouloirmettre le réveil en ce dimanchematinpour regarderle tournoi d’Hainan, enChine (8heures, Eurosport 2), c’estquevousn’êtespas au courantde tout ce qui se passedansvotre couple! Il serait tempsde seposer desquestions (lesbonnes!),mais sachez qu’il est certainementdéjà trop tard.Que faire alors? Crever l’abcès puisprendre les dispositionsnécessaires. Très, très rapidement…Athlétisme Il y a ceuxqui vont faire leurpetit joggingdudimanchematin, et puis ceuxqui vont courir lesemi-marathondeParis. Le départ seradonnéà 10heures surl’esplanadeduchâteaudeVincennes. Aprèsun tourdans lebois, puis le 12e arrondissementet uneboucle longuede21,1km, les concurrents reviendront aupointdedépart avecquelquesdouleurs auxmollets et aux cuisses.Mais, une foisla ligned’arrivée franchie, il y aune vraie satisfactionet debeauxsouvenirs qui font oublier toutes les douleurs. (PHOTOAFP)

FootballKenavo: voici le derbyde la Bretagne! Au sondesbiniousva se disputer la rencontreentre Lorient et Rennes(21heures, Canal+), qui ponctuera la 26e journéeduchampionnatde Francede Ligue 1. Le chouchenetl’hydromel– consommésavecmodération–devraient sortirvainqueursde ce duel.

Mardi6Football Il faudraque les canonniers d’Arsenal fassentvraimentparler la poudre face auMilanACpour avoir unechancede sehisser enquarts de finale de la Ligue deschampions. Laminés (4-0) au stade San Siro aumatchaller,onvoitmal comment leshommesd’ArsèneWenger vontpoursuivre leur aventure européenne.Mais l’affiche esttellementbelle que lematchmérite largementune soiréepizza-télé (20h35, Canal+).

Mercredi7Football C’est avec unpetit butd’avanceque les Lyonnais vontarriver àNicosie pour disputer cehuitièmede finale retour de la Liguedes champions. Statistiquement,lescoéquipiers d’HugoLloris sontlesmieuxplacés pour se qualifieravecun tel score aumatchaller.Marquerunbut deplusquel’adversaire? Jusqu’à ce jour, onn’apas inventé demeilleure tactiquepourgagner unmatchde foot(20h45, Canal+). (PHOTO: AFP)

Jeudi8Golf Le championnatdumonde commence àDoral,en Floride. Sur le greenet partout ailleurs, on fêterala Journéede la femme…

C’est, en euros, le coût du terrainde footballqui aété construit àGuantanamo, sur l’île deCuba.La surface, encadréede grillages et de fils barbelés,serabientôt disponiblepour les 130prisonniers.BarackObamaavait promis la fermeturede ce camp,mais le Congrès l’en empêche en refusantdedébloquerdesfondspour transférer les détenus.

LaurentMarot

Cayenne, correspondant

A près cinq semainespassées enmer, lepremier skipperdevrait rejoindre la ter-re ferme le 6mars. Audépart deDakar

(Sénégal), le 29janvier, ils étaient vingt-deuxhommeset une femmeàdonner leurspre-miers coupsd’avironpour rallier laGuyane ensolitaire, sans escale ni assistance, à 4700kmde l’autre côté de l’Atlantique. Cinq semaineset sept abandonsplus tard, ils ne sont plusqueseize à ramerdans leurs bateauxdehuitmètres.

Vécuepardes concurrents français–dont sixGuyanais– etunMarocain, l’épopéen’a guèrefait la«une»desmédiasde lamétropole.L’Equi-peamêmefait l’impassesur l’épreuve.«Celarelèveplusde l’aventurepurequed’unevraiecourse, etnousn’avonspasde rubriqueaventu-re», expliqueAnoukCourge, spécialistede lavoileauquotidiensportif. Endehorsdequel-ques sujets aumomentdudépart surTF1 etFranceTélévisions, l’événementa étépeucou-vertpar les télévisionsnationales,malgréunbateauderetransmissionsatellitemisenplacepar l’organisation.«Nousdépendonsdes ima-

ges tournéesàbordpar les concurrents, qui doi-ventêtre émouvantes,humoristiquesouperson-nelles. Sinon, çan’intéressepas les télés»,expli-queMichelHoreau, responsablede l’épreuve.

Mais la«BouvetGuyane»s’est largementrat-trapéesur Internetetdans lapresse régionale.«Les rameurs sont souvent suivis par leur jour-nal localunanavant ledépart.Dansdenom-breuses régions,nos clients sont intéressés»,assurePatrickBouvet, lePDGdeBouvetSA,unePMEfamilialedemenuiserie implantéedansl’Ouest (800salariés, 135millionsd’eurosdechiffred’affairesannuel)qui adonnésonnomà la coursepour500000euros, surunbudgettotalde 1,3milliond’euros, très loindes chiffresduVendéeGlobeet de laRoutedu rhum.

Retour sur investissement«Il y aunbon retour d’image sur la durée:

des gars qui ramentdix à douzeheures parjour, c’est la persévérance et le courage.Onestdans les valeurs dubâtiment et denotre entre-prise», reprendPatrickBouvet, qui décline aus-si l’événementen communication interne,avec la participationd’un salarié à la course.«En équivalentpublicitaire, on atteindraunretour sur investissementde quinzeà vingtfois»,prévoitMichelHoreau.

EnGuyane, les élus espèrentaussi desretombées.Pour cette troisièmeédition, les col-lectivités locales (région, département, ville deCayenne, chambrede commerce et comité dutourisme) et le Centrenationald’études spatia-les apportent ensemble 500000euros. «Cetteépreuveparticipeà la promotiondenotre desti-nation [seulement 100000touristespar an]»,expliqueSylvieDésert, conseillère régionale etprésidentedu comité du tourismede laGuya-ne. «Nous avons longtemps souffert de lamau-vaise imagedubagne,même si onn’apas à enrougir, car onpeut le travailler commeatouttouristique. Cela fait partie de l’image qu’ondoit changer», poursuit l’élue.

Sur le territoire, la BouvetGuyanenedéclenchepas encore les passions,mais elleforce le respect. «Il y a l’aventure humaine,avec en plus des rameurs guyanais, et l’aventu-re affective, avec le lien entre laGuyane etl’Afrique, celui des origines», affirmeAthysJair, vice-président du conseil général, délé-gué aux sports, évoquant la traite des esclavesafricains vers les Amériques, duXVIIe auXIXesiècle. Une vingtainede classes guyanai-ses suivent les rameurs locaux sur une vastecarte de l’Atlantique sud. Les élèves seront làpour les accueillir. p

Descentevers leparadis

DessineruneF1devantsonchevalet

Agenda

554000

SPORT&FORME À V O S M A R Q U E S

RémiPauriol (en tête) et ses trois compagnonsd’échappéen’ont pas eu le tempsde serecueillir dans cette longuedescente qui lesmènevers la baie desAnges, lors de la 8eet der-nière étapede Paris-Nice, enmars2011. Rapi-des certes,mais pas suffisammentpour ravir

lemaillot de vainqueur à l’AllemandTonyMartin, le coureurd’OmegaPharma. La 70eédi-tionde la célèbre course cycliste commencedimanche4marspar un contre-la-montreenvalléedeChevreuse (Yvelines). Elle s’achèveraau sommetdu col d’Eze, dimanche 11mars.p

l ’ h i s t o i r e

LaGuyane ramepourcorriger son image

LIONEL BONAVENTURE/AFP

2 0123Samedi 3mars 2012

Page 3: Le monde sport et forme du 3- 3-2012

Dates

JeremyLinsaisitaurebondlerêveaméricain

b a s k e t |D’originetaïwanaiseetdiplôméd’Harvard, lemeneurdejeudesKnicksdeNewYorkestdevenuenquelquessemainesunestardelaNBA

P O R T R A I T SPORT&FORME

JeremyLin s’infiltre dans la défense desSacramentoKings, le 15 février à NewYork.

CHRIS TROTMAN/GETTY IMAGES/AFP

RémiOllivier

NewYork, correspondance

Mark Zuckerberg ne se montre passouvent en public. Ce dimanche19février, il est pourtant assis audeuxième rang du Madison SquareGardendeNewYorkpourassisterà larencontreopposantlesKnicks,l’équi-

pelocale,auxMavericksdeDallas.Commeles20000specta-teursprésents ce soir-là dans lamythique arène sportive, lejeune patron de Facebook est venu encourager le dernierphénomène qui agite les Etats-Unis: Jeremy Lin, 23 ans, luiaussi diplômé d’Harvard et premier Américain d’origineasiatiqueàs’imposerenNBA.

Totalement inconnu du grand public il y a encore unmois,JeremyLinestaujourd’huidevenuunestar.Etunsym-bole de ce rêve américain auquel veut toujours croire unepopulationsecouéeparlacriseéconomiquequ’elletraverse.Sonparcours a en effet tout du contede fées oudu scénariohollywoodien. C’est l’histoire d’un jeune basketteur, né enCalifornie de parents immigrés de Taïwan au milieu desannées 1970, enqui beaucoupn’ontpas cru.«Vousn’avez ledroit à aucun respect aux Etats-Unis quand vous êtes unjoueur d’origine asiatique», expliquait-il en 2008 dans unentretienaccordéauSanFranciscoChronicle.

Lycéen doué sur un terrain, Jeremy Lin ne reçoit aucunebourse d’études pour porter les couleurs d’une équipe uni-versitaire.«Cela aurait été différent s’il avait été afro-améri-cain ou caucasien», juge PeterDiepenbrock, son entraîneurde l’époque.Grâceà ses excellents résultats scolaires, il intè-gre finalement Harvard. L’institution aux huit présidentsaméricains et aux 46 Prix Nobel ne s’illustre pas vraimentpar ses programmes sportifs. Elle n’a d’ailleurs plus envoyédejoueurenNBAdepuis1953.Quatreansplustard,undiplô-med’économie enpoche, il doit à nouveau se battredurantl’intersaisonpourobteniruncontratprofessionnel.

Aforcedepersévérance,iltoucheaubut.MaissapremièresaisonenNBAestquelconque. JeremyLineffectuequelquesbouts dematches, de temps en temps,mais rien de plus. Ilest pourtant déjà l’un des chouchousdupublic dans la baiedeSanFrancisco,où ilévolueavec lesGoldenStateWarriors,et où réside une forte communauté asiatique. Sa deuxièmeannéecommencemal:à laveilledeNoël,aucoupd’envoidela saison 2011-2012, il se retrouve sans club, remercié pardeux équipes en trois semaines. C’est, paradoxalement, le

débutde labellehistoire.Car, trois joursplus tard,NewYorklui fait signer un contrat pour pallier une blessure. Sansappartement, il dort sur le canapé de son frère et prend sonmal en patience. Sa chance arrive début février. Les Knickssont alors dans unemauvaise passe. Ils viennent d’enchaî-neronzedéfaitesentreizematchesetdoiventfairefaceàl’ab-sence de leurs deux joueurs vedettes. Un peu contraint parles événements, l’entraîneur new-yorkais décide de donnerdutempsde jeuà JeremyLin. Ilne le regretterapas. L’équipeenchaîne sept victoires consécutives, et le joueur marqueplus de points lors de ses cinq premières titularisations(27pointsenmoyenne)quen’importequel autredans l’his-toire. Sesperformancespousseront laNBAàcontourner sesrègles de sélection afin de l’inviter aumatch regroupant lesmeilleurs jeunes joueurs lorsduAll-StarWeekend.

Avec son physiqueunpeu gringalet (malgré ses 1,91m etses 91kg) et sa coupe en brosse d’une autre époque, Jeremy

Lin n’a pas l’allure des superstars de la NBA. Sur le terrain,sonjeuestatypique.S’iln’estpasvraimentélégant, ilest ter-riblement efficace. Et tout semble lui réussir. «J’ai l’impres-siond’être dansun rêve», répète-t-il souvent. Lesmauvaiseslangues assurent qu’il profite avant tout du style de jeu deson équipe. Mais qu’importe. Les médias s’emparent trèsvite du phénomène, qu’ils baptisent «Linsanity» («la folieLin»). A New York, puis partout aux Etats-Unis, Jeremy Linestsurtouslesécrans,danstouslesjournaux.L’hebdomadai-re sportif de référence Sports Illustrated lui consacre deuxcouverturesconsécutives.Lafoliesepropagesurlesréseauxsociaux, rassemblant bien au-delà des amateurs de sport.Elle atteint même la Maison-Blanche, où Barack Obama sedit «très impressionné». Et aussi Wall Street où l’action deMSG, lepropriétairedesKnicks, atteintdes records.

Cettesurenchèremédiatiqueenagaceaussicertains.Com-me Kobe Bryant, le joueur vedette des Los Angeles Lakers,cinq fois championNBA. «Jeremyqui?», lance-t-il avant unmatch à New York. L’intéressé lui répondra sur le terrain,livrant la meilleure performance de sa jeune carrière(38points) et menant son équipe à la victoire. Diffusée surESPN, la grande chaîne câblée consacrée au sport, cette ren-contre réalise un cartond’audience. «C’est sans précédent»,reconnaît Michael Bair, président de MSG Media, le diffu-seur desmatches des Knicks à NewYork, qui enregistre desrecordsd’audience.Sur lessitesdereventedebillets, lesprixdesplaces s’élèventàdes sommets rarementatteints.

AuNBAStore,surlaprestigieuse5eAvenuedeNewYork, lemaillotdeJeremyLinestdésormaisplacéentêtedegondole.«Nous vendonsplus demaillots de Lin que de tous les autresjoueursdesKnicks réunis», confieunevendeusede la bouti-que située à l’entrée du Madison Square Garden. A l’inté-rieur,sonnuméro17estpartout.Surlesmaillots, lesT-shirts,les casquettes…Enblanc, en bleu, en orange: la «Linsanity»bat sonplein.«C’est commeundeuxièmeNoël, se réjouitunresponsable d’un magasin voisin d’articles de sport. Notreprincipal souci, c’est de répondre à la demande.» Nike, quiavait flairé le bon coup en signant un partenariat dès l’été2010avec le joueur, a lancé la semainedernièreunepairedebasketsàsonnom.DavidStern, lepatronde laNBA, se félici-teégalement.Après laretraitedujoueurchinoisYaoMing, iltient sûrement une nouvelle porte d’entrée sur le marchéasiatique,notammentchinois.

Maisau-delàde l’aspectsportif et commercial, lephéno-mène Jeremy Lin a également une portée sociétale, dansun pays où la question raciale reste prégnante. Il redonneune fierté à la communauté asiatique, cette «minoritésilencieuse»qui représente 5%de lapopulationaméricai-nemais souffre toujoursd’un cruelmanquede considéra-tionetdereconnaissance.«Il est très raredevoirdesAméri-cainsd’origineasiatiquedans lesmédias, etplus particuliè-rementdans le domainedu sport», explique LingWoo Liu,directrice du Korematsu Institute, une organisation dedéfense des droits civiques.

Plus que le tennisman Michael Chang ou la patineuseMichelle Kwan en leur temps, Jeremy Lin est vu aujour-d’huicommeunesourced’inspiration.Mais lecheminres-teencore long:des clichés (lesyeuxbridés, les fortunecoo-kies…) ou des termes, souvent offensants et parfois racis-tes,ontétéutilisésdans lesmédiascesdernièressemaines.JeremyLin, lui, refuse de polémiquer. Il préfère se concen-trer sur le terrain.p

«Vousn’avez le droità aucun respect auxEtats-Unisquandvous êtes un joueur

d’origine asiatique»Jeremy Lin

dans le «San FranciscoChronicle», en 2008

1988Naissance le 23aoûtà LosAngeles, enCalifornie.

2006Rejoint l’université d’Harvard,située àCambridgedans leMassachusetts.

2010Aprèsquatre années àHarvardetundiplômed’économieenpoche, il n’est pas «drafté»(repêché)dans laNBA. Il reçoitquelquesoffres, dont celle desGoldenStateWarriors. Il s’enga-ge avec ce club, dont il était fanquand il était enfant.

2011LicenciédesWarriors, il rejointles RocketsdeHouston. Il estremercié juste avant le débutde la saisondeNBA. Le27décembre, il signe avec lesKnicksdeNewYork, où il est letroisièmemeneurde l’équipe.

2012Il réalise le 4février sonmeilleurmatch face auxNewJerseyNets et devient le nou-veaumeneur de jeu. Lors desrencontres suivantes, il permetàson équiped’enchaîner lesvictoires. Elumeilleur joueurde la conférenceEst pour lasemainedu6 au 12février, il estsurnommé«Lin-Credible»(«l’incroyable»).

30123Samedi 3mars 2012

Page 4: Le monde sport et forme du 3- 3-2012

Jean-MarcMormeck

Henri Seckel

Stuttgart, envoyé spécial

C’est le combat le plus alléchantde l’année mais, à moins deconnaître l’un des 320000 heu-reuxabonnésd’OrangeSport oud’en être un vous-même, vousdevrezvouscontenterd’unstrea-

mingillégaletmédiocresurInternetpourlesui-vre. Autre solution, peut-être plus satisfaisante,pour assister à la confrontation entreWladimirKlitschkoet Jean-MarcMormeck, samedi3marsausoir: franchir leRhin. Il envade laboxecom-me des finances publiques : l’Allemagne s’ensortmieux que la France. Là-bas, c’est la chaîneRTL, leTF1 local,qui retransmettra le champion-natdumondedespoids lourds, la reinedescaté-gories.

Les mordus qui pousseront jusqu’à Düssel-dorf pour tenter d’attraper l’un des derniers tic-ketsdisponiblesaurontpeut-être lamêmeréac-tion que Jean-MarcMormeck lorsqu’il y décou-vrit, il y a quelquesmois, l’écrin qui accueillerasamedi le combat de sa vie : «C’est pas la HalleCarpentier!»Eneffet,cettesalleduSud-Estpari-sien, où le Français a livré ses trois derniersduels, pourrait faire office de cagibi de l’EspritArena, qui héberge habituellement le FortunaDüsseldorf,clubdedeuxièmedivisionalleman-de, et peut recevoir dix fois plus de spectateurs,c’est-à-dire 50000 personnes. Pendant qu’enFrance le noble art semorfond sur des scènes etdes télévisions confidentielles, de l’autre côtédu Rhin il se pavane dans des stades de footballet sur la chaîne laplus regardéedupays.

La quinzaine qui vient de s’écouler illustreparfaitement le statut de place forte de la boxemondiale dont jouit l’Allemagne aujourd’hui.En trois week-ends, elle aura vu combattre surson sol les trois meilleurs poids lourds dumoment: l’Ukrainien Vitali Klitschko, victo-rieux il y adeuxsemainesde l’AnglaisChisoraàHambourg; le Russe Povetkine, qui a dominél’Allemand Huck à Stuttgart le week-end der-nier, et Wladimir Klitschko, donc, qui tâcherad’imiter son grand frère face à Mormeck, cesamediàDüsseldorf.

La France a peut-être donné son nom à uneboxe,maiscesportsusciteenAllemagneunefer-veur difficile à concevoir dans l’Hexagone. Pro-portionnellement, le nombre de pratiquantsn’est pas beaucoup plus élevé là-bas qu’ici –55000 contre 40000. Mais «si l’on parle despoids lourds, la boxeest le sport lepluspopulaireen Allemagne derrière le football, à la lutte avecla Formule 1», explique Bernd Bönte. Il sait dequoi il parle: il est lemanager des deux stars dela boxe actuelle, les frères Klitschko, qui cumu-lent à leur taille les ceintures de champion dumondepoidslourdsqu’offrentlesquatrefédéra-tions internationales de boxe: WBA, WBO, IBF(Wladimir) etWBC (Vitali).

Lesdeuxcolossesvivent toujoursenUkraine,mais«l’Allemagneest [leur]deuxièmemaison».C’est au sein de la société de promotionUniver-sum, basée àHambourg, qu’ils sont passés pro-fessionnelsen1996,et leuragencedemarketing(Klitschko Management Group) se situe tou-jours sur les bords de l’Elbe. Trente-cinq des46combats de Vitali et 44 des 59 de Wladimiront eu lieu en Allemagne, où les deux frangins,parfaitement germanophones (anglophones etrussophones aussi), sont adulés pour leur poli-tesse, leurintelligence–tousdeuxpossèdentundoctorat en science du sport – et leur engage-mentdansdiversescauseshumanitaires. Indice

de popularité implacable, ils sont passés sixfois à l’émission télévisée mythique «Wetten,daß…?».Unfilmretraçantleurépopée(subtile-menttitréKlitschko)est sorti sur lesécransalle-mandsen2011.Vitaliamêmeétédécoréde l’or-dre du Mérite de la République fédérale un anplus tôt.

Face à Jean-MarcMormeck, son petit frère vadisputer son septième combat dans un stadeoutre-Rhin. «Parfois,précise Bernd Bönte, ils nese battent que dans des salles de 15000ou20000 places.» Trois ou quatre fois plus que laHalle Carpentier… «Au niveau de l’Audimat,c’est de la folie, admire Jean-Marc Mormeck. Ilsfont mieux qu’un match de foot de l’équipe deFrance sur TF1.» Entre 10 et 12millions de télés-pectateurs chaque fois, et un pic à 15,8millions(67%departsd’audience)pourlecombatdeWla-dimir face au Britannique David Haye enjuillet2011 à Hambourg. Chaque combat desKlitschko donne lieu à un show pyrotechniquegigantesque, parfois agrémenté de concerts.RTL s’occupe de mettre en scène leur légende,comme le résume Mathias Bolhöfer, employéde la chaîne: «RTL sait créerdes héros et entrete-nir leur mythe.» Et les rémunérer à leur justevaleur.KlitschkoetHayeauraienttousdeuxtou-ché une bourse de 8 à 10millions d’euros pour

leurcombatde2011,dontunegrandepartiepro-vientdes droits dediffusion.

L’appuides télévisionsestunpilier dusuccèsactueldelaboxeenAllemagne,oùladisciplineadéjà vécu plusieurs âges d’or, dans les années1930avecMaxSchmelingou1960avecKarlMil-denberger. Audébutdes années 1990, alors quece sport est en sommeil, le promoteur WilfredSauerlanddécidede le relancer, et convaincRTLde financer les combats du boxeur mi-lourdsHenryMaske. Le succès est phénoménal: sacréchampion du monde en 1993, Maske défendraonze fois son titre jusqu’en 1996, devant 18mil-lions de spectateurs en moyenne rivés à RTL àchaque combat.

Aujourd’hui, RTL dispose d’un contrat avecles frères Klitschko.Mais la télévision publiqueaussi monte sur les rings. La société de promo-tion Sauerland Events, avec ses quelque25boxeurs basés en Allemagne, possède uncontrat avec ARD, qui alimente ce cercle ver-tueux: l’argent d’ARD permet à Sauerland definancer des structures d’entraînement effica-ces et les salaires de boxeurs placés dans lesmeilleures conditions. Sauerland Events puise

danssonvivierpourmonterdescombatséquili-brés et de bonne facture. Ces derniers réalisentdes audiences qui garantissent à SauerlandEventsdedécrocherdebonscontratsavecARD…

«On organise une douzaine de grands showspar an, avec six ou sept combats à chaque fois,explique Hagen Döring, directeur sportif deSauerlandEvents. Les prix démarrent à 20euroset vont jusqu’à 400 euros pour le premier rang ;on a entre 4000et 10000 spectateurs, et 2 à8millions de téléspectateurs sur ARD à chaquefois.» De quoi faire rêver (ou pleurer) les ama-teursdunoble art en France.

La société Universum, basée à Hambourg,fonctionnait sur le même principe que Sauer-land jusqu’en 2010, avant que son contrat avecla chaîne ZDF ne s’achève. Le Français WillyBlain (ancien champion du monde des super-légers), arrivé dans le giron d’Universum en2003, s’en souvient comme d’une époquebénie:«Là-bas,onétaitvraimentamenésvers laperformance.Onmefaisaitmêmema lessive! Etje boxais plus souvent, je faisais quatre combatspar an minimum. Depuis que je suis rentré enFrance [au club de La Seyne-sur-Mer], j’ai faitcinq combats endeuxans et demi.»

WillyBlaingardeaussienmémoireuneatmo-sphère différente. «Là-bas, les gens sont vrai-ment passionnés, ils viennent à l’entraînementpoursoutenirleurchampion.Etpendantlescom-bats, j’avais l’impression de boxer dans un film,ça criait de partout. AHambourg, je boxais vrai-ment dans une arène. Je me demandais parfois“Mais où je suis ?” vu le monde qu’il y avait.C’était vraiment incroyable.»

Demanièresingulière, le succèsde ladiscipli-ne outre-Rhin ne repose pas, ou à peine, sur lescombattants locaux. «En Allemagne, ils adop-tent les boxeurs étrangers, résume Jean-MarcMormeck.Peut-êtrequ’onn’apascette culture.»«En France, on n’a pas su gérer le communauta-risme, analysequantà lui l’ancienchampiondumondefrançaisdessuper-coqsMahyarMonshi-pour. EnAllemagne, il n’y a pas de souci avec ça.Les dernières années, c’est surtout des immigrésde l’Europe de l’Est qui ont porté la boxe là-bas.Michalczewski,parexemple,faisaitvenirtoutelacommunautépolonaisedans les salles.»

Samedi25février, lorsducombatentreleRus-se Aleksandr Povetkine et l’Allemand d’origineserbeMarcoHuck (néMuamer Hukic), tous lesRusses et tous les Serbes du Bade-Wurtembergsemblaient s’être donné rendez-vous dans lesgradins de la Porsche Arena de Stuttgart. Pourun drapeau de l’Allemagne, on en comptaitvingtduSandjak– laprovincedeSerbied’oùestoriginaireHuck – et quarante de Russie. Et pen-dantdouzerounds,onasurtoutentendulesRus-ses hurler «Ubiwaj ! Ubiwaj ! » («Tue-le ! ») àl’adressedeleurchampion,quiafinipars’impo-serauxpoints faceàsonrivalallemand.Aupieddu ring, Kalle Sauerland, patron de SauerlandEvents, pouvait se frotter les mains : les deuxboxeursappartiennentà sonécurie.

«Sauerland et les Klitschko sont les arbres quicachent la forêt», tempère Humbert Furgoni,pour qui la France nedoit pas forcément envierl’Allemagne,etquiestimequelaboxemondiale«arrive à un tournant». «Après les Klitschko[âgésde40et35ans], jugeleprésidentdelaFédé-rationfrançaisedeboxe, il yadeschancesquecesoit le cas en Allemagne aussi, il va falloir réflé-chiràlasuite.Lemalaiseactuelprovientduman-qued’idoles. Les boxeurs qui faisaient se lever lesgens lanuitn’existentplus.»Pasdenuitblancheen vue si vous comptez suivre le combat entreWladimir Klitschko et Jean-Marc Mormecksamedi: le gong retentiraà 23heures. p

EnAllemagne, laboxeremplit lesstades

Jean-MarcMormeckaffronteWladimirKlitschko,samedi3marsàl’EspritArenadeDüsseldorf,devant50000amateursetplusde10millions

detéléspectateurs.UnengouementdifficilementimaginableenFrance

SPORT&FORME E N Q U Ê T E

p o i d s l o u r d s

Jean-Marc

«EnAllemagne,les gens sont vraimentpassionnés, ils viennentà l’entraînement pour

soutenir leur champion.Pendant les combats,j’avais l’impression

deboxer dansun film,ça criait de partout»

WillyBlainboxeur français installé enAllemagne

entre 2003 et 2009NaissanceLe 3juin 1972àPointe-à-Pitre(Guadeloupe).

Mensurations 1,81m,98kg, droitier.

CarrièreDébuts profes-sionnels en 1995.40 combats, 36victoires(22avant la limite), 4 défai-tes.Monté enpoids lourdsdepuis décembre2009(3combats, 3 victoires).

PalmarèsChampiondumonde (WBA) des lourds-légersde 2002 à 2005.Championdumonde (WBAetWBC) des lourds-légersen2005et 2007.

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Jean-Marc

Page 5: Le monde sport et forme du 3- 3-2012

E N Q U Ê T E SPORT&FORME

WladimirKlitschko

Frapperungrandcoupous’enprendreun,telleest laquestionpourJean-MarcMormeck

WladimirKlitschko(deface) lors de son

combat contrel’AnglaisDavidHaye,

le 1er juillet 2011àHambourg.

TIMGROOTHUIS/PRESSE SPORTS

J e veuxcequ’il a.Et, pour l’obtenir, il fautque je lui casse lagueule.» Il ne faitaucundouteque Jean-MarcMormeck,

seulgrandnomde laboxehexagonaleactuelle,pourrait casser la gueuled’àpeuprès toute la France s’il le voulait.Mais s’at-taquerà celledeWladimirKlitschkopourlui ravir ses ceinturesde championdumondedespoids lourdsrelèved’unebra-vourequi confineà la folie.«Je suis loind’être fou, rétorquecalmementMormeck.Je suisunhommededéfis et j’aime les sensa-tions fortes. Il y enaquiaimentbien se jeterdans le videavecunélastique.Moi, j’aimebien rencontrerplusgrandquemoi.»Enl’occurrence, semesureraucolosseukrai-nien,àqui il rend17cmet 12kg, revientpres-queàse jeterdans levide sansélastique.Selon lesobservateurs, les chancesde Jean-MarcMormeckde l’emporter samedi3mars sontaussi élevéesquecellesdeNico-lasDupont-Aignand’accéderà laprésiden-cede laRépublique.

«S’il gagne,évalue l’ancienchampiondumondeMahyarMonshipour,c’est le plusgrandexploitdu sport françaisde ces vingtdernièresannées, après l’équipedeFrancede football en 1998.C’est commesiChristo-pheLemaitregagnaitdevantUsainBolt.»

L’exploitpotentiel se lit à la lumièredupal-marèsdespoids lourds françaisà traversles âges: zéro titrede championdumondede la catégorie, et seulementdeuxtentati-vesde ledécrocher, en 1921 (GeorgesCar-pentier,K.-O. au4eround faceà JackDemp-sey)et en 1983 (LucienRodriguez,défaitauxpointsparLarryHolmes).Monter surle ring faceàWladimirKlitschkoestdéjàune formed’aboutissement,mais Jean-MarcMormeckvoudra frapperungrandcoupdans le«mentondeverre»de l’Ukrai-nien, sonpoint faible supposé,pour«entrerdans l’histoireauxcôtésdeMuham-madAli,MikeTysonet Joe Louis».

«Riendepersonnel»«C’est importantd’avoirdes rêvesdans

lavie, je ne t’enveuxpas», lui avait lancéWladimirKlitschkoenoctobre2011, lorsd’uneconférencedepressequiprécédait lecombat, initialementprévuendécembre,mais reportécarKlitschkoavait ensuite ététerrasséparuncalcul rénal.«Laboxeestunjeud’échecs et, Jean-Marc, je vais temettreéchecetmat. Tusais ce queçaveutdire surle ring. Je vais temettreK.-O.N’y vois riendepersonnel. Jene fais quemonboulot», avait-il encoreenvoyésur le tonmi-blagueur,

mi-provocateurqui caractériseparfois lesconférencesd’avant-combat.En réalité,assureBerndBönte,managerdes frèresKlitschko,«Wladimirprendcecombat trèsau sérieux. Jean-Marcest l’outsider,maisWladimiraperdu trois combatsdans sacar-rière, trois fois contredesoutsiders,parcequ’il les avait sous-estimés».

Affichant39ans (quatredeplusqueWla-dimirKlitschko)et40combats (36victoi-res, 4défaites), Jean-MarcMormecka faitl’essentielde sa carrière chez les lourds-légers, dont il fut championdumonde,avantdemonter chercher leGraal de lacatégoriesuprême.Pource faire, il a tra-vailléavecKevinRooney–qui futde 1985à1988 l’entraîneurd’un jeuneetprometteurpoids lourdnomméMikeTyson–et Sté-phaneCaristan, championd’Europedu110mètreshaiesen 1986, et actuel soutiendeFrançoisHollande, cequi impressionne-rapeut-êtremoinsKlitschko. Suffisant?GérardTeysseron,qui connaîtbien leGua-deloupéenpouravoir été sonpremierpro-moteur, livre sonpronostic:«Il vagagnersurunuppercut,avant la limite.»Voilàquigonflera lemoralde Jean-MarcMormeck. Ilpensaitêtre le seul à croireenses chances.En fait, ils sontdeux.p H.Se.

Jean-MarcMormeck à l’entraînement, en décembre2011.CAMILLEMILLERAND POUR «LE MONDE»

NaissanceLe25mars 1976 àSole-chny (Kazakhstan).

Mensurations1,98m, 110kg, droitier.

CarrièreDébuts pro-fessionnels en 1996.59combats, 56 victoi-res (49 avant la limite),3 défaites.

PalmarèsChampiondumonde (WBO)deslourdsde 2000à 2003.Championdumonde(IBF) des lourdsdepuisavril2006.Championdumonde(IBF-WBO)depuisfévrier2008.Championdumonde(IBF-WBO-WBA)depuis juillet2011.Championolympique(boxeamateur) dessuper-lourdsàAtlantaen 1996.

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e n r o u t e p o u r l o n d r e sp r i x « l e m o n d e » - a p e l s

RémiDupré

Dans centans, l’écartentre les filles et les gar-çons se serapeut-êtreresserré…»EliseBussa-

glia, l’inusablemilieude terrainduParis-Saint-Germain,rêve àvoixhaute. Sans s’illusionner.Chaque jour, la starde la sectionféminineduPSGs’entraînedansl’ombredesvedettes richissimesde l’équipemasculine.«Aujour-d’hui, il n’y apasde comparaisonpossible entre lesdeux sexes»,assure la footballeuseenenfilantses cramponsdansunvestiairemal chaufféducampdesLoges,le centred’entraînementduPSG.Pourtant, comparéeà ses anony-mescoéquipièresde l’équipeamateur, EliseBussaglia, 26ans,sevoit commeune«privilégiée».

L’institutricedevocationa tro-quéà l’été2011 sonposte à l’écolematernelledeCarrières-sous-Pois-sy (Yvelines) contreunCDDd’unanà l’Institutnationaldu sport etde l’éducationphysique (Insep).Grâceàuneconventionministé-rielle, elle effectuedu tutorat avecdesboxeurs et des spécialistesdupentathlonmodernequibacho-tentpourobtenirundiplômed’encadrement.«Je les aidepourl’orthographeet la syntaxe,préci-se la jeune femme.Mêmesi lesenfantsmemanquent, je ne sou-haitaisplus avoir deshorairesdefou. EnFrance, laplupartdesjoueusesdoivent concilier job etfoot.»

Avantd’ouvrir cenouvel agen-da taillé surmesure, Elise Bussa-glia avécuunmois de juillet bénipour le football féminin français.LorsduMondial 2011 organisé enAllemagne, elle s’est imposéecommela stratègede la sélection tricolore.Héroïquesdemi-finalistesde l’épreuve, lesBleuesont contribuéàpopulariserun sport encoreméconnuenFrance.«Il y aunavant etunaprèsMondial, expliqueElise Bussaglia.En terminantà la qua-trièmeplace, onnepouvait qu’attirer lesmédias.» Le9juillet2011, elle s’est offert le but de sa carrière, et l’undesplus impor-tantsdans l’histoiredu foot féminin français: contre l’Angleter-re, sa puissante frappeapropulsé lesBleuesvers ledernier car-rédu tournoi.

La jeune femmea commencésa carrière internationale en2003et compte90sélections.A l’époque, elle est enapprentis-sageàClairefontaine (Yvelines).«Cette formationdequalité futla chancedemavie», convientElise Bussaglia.Aprèsdespassa-ges remarquésà Juvisy (Essonne) etMontpellier (Hérault), lanativedeSedan (Ardennes)dirige le jeuduPSGdepuis trois sai-sons. Elle s’entraînequatre foispar semaineet voit le tournoiolympiquedeLondres commel’objectif principalde sa saison.

«Je suis restée surungoûtameraprès leMondial,confie-t-elle.Avec les Bleues, on viseraunemédailleaux JO,mêmesi le niveaude l’épreuve seraexceptionnel.»Pour l’heure,elle s’imaginedéjà fouler les terrainsdePremier League.Unearène la fascineplusque les autres: le templedeWembley.«Onaurabesoinde soutienà Londres, réclame la stratègedesBleues.Nos supporteursn’aurontqu’unemerà traverser.»p

SPORT&FORME A V I S A U X A M A T E U R S

EliseBussaglia,lesyeuxrivéssurWembleyLa joueuseduPSG, institutricedeformation, rêvededécrocherunemédailleaupaysquiavunaître le football

AnthonyHernandez

Une joyeuse effervescenceemplit le dojo du palaisdes sports Maurice-Tho-rez de Vitry-sur-Seine(Val-de-Marne), en ban-lieueparisienne.Maisnul-

letracedejudoka,malgréleportraitduvéné-rable JigoroKano, créateurdusportnippon,qui trône sur lemur. La vingtaine d’enfants(de4 à 12 ans) affectionne le justaucorpsdeslutteursplutôtque le fameuxkimono.«Pasde cris, on respecte les consignes et onne tirepas les vêtements !», ordonne d’une voixposéeDjamel Aichour, l’un des trois entraî-neurs de l’ES Vitry Lutte. «Tu ne fais pas labagarre là. Tuesà la lutte», renchérit l’enca-drant à l’adresse du turbulentAdil, jamais àcourtd’énergie.

Encesamedimatin,laséances’avèreludi-que. Les jeux s’enchaînent au plus grandbonheur des apprentis en culottes courtes.On rampe, on essaie d’être le plus agile et leplus rapide afin d’éviter les crocodiles, ver-sion moderne de l’épervier. On combat àgenoux pour mettre son adversaire sur ledos, tout cela «sans oublier de se serrer lamain». Les duos, équilibrés, s’organisent:SimeonfaceàMalek,AuréliecontreDina,etles deux plus jeunes, Sammy et Juliette.Contretouteattente,lafrêleetdiscrèteblon-dinettes’imposeavecénergie.Cellequidon-nedu«professeurDjamel»àsonentraîneurdémontre que, à la lutte, « les plus timidespeuvent surprendre».

Depuisdeuxans, lamunicipalitévitriotea lancé son propre club de lutte, avec uneffort affirméendirectiondes jeunes pous-ses.C’està l’initiatived’unemèredefamille,FatimaMehada, que le projet a pris forme.«Mes deux enfants pratiquent la luttedepuis qu’ils sont petits. Ils sont obligés d’al-ler à Créteil pour cela», raconte la secrétaire

de l’association. «Nous nous sommes aper-çusque50%des licenciés des clubs deCréteilet d’Ivry étaient originaires de Vitry. Lancerla discipline dans la ville nous a semblé uneévidence», justifie-t-elle. L’objectif du clubse situe évidemment loin du sport de hautniveau,mêmesi la détectiond’unpotentielest toujours possible. «La partie jeu semêleà l’apprentissage,misenvaleurparunsystè-me de maîtrises, symbolisées par la remisede tee-shirts aux manches de niveau, blan-

ches, jaunes, etc.», détailleDjamelAichour.Lapratiquedecettedisciplineancestrale

améliore le contrôle de soi en favorisant lerespect des règles. Ainsi, Lilian, 12 ans, auphysique imposant, s’est imprégné del’état d’esprit de son sport : « J’appréciel’idée de ne pas chercher à fairemal, de res-pectersoncamaradeetd’arrêterimmédiate-ment quand l’autre souffre.» Pour Simeon,5ans et demi, le message est plus simplemais efficace: «J’aime la lutte, et surtout lesclés de tête.»

Après l’effort, tous les enfants sontconviés à une galette des Rois. Quelquesparents participent aux réjouissances. Lepapa de Simeon assume le choix de la luttepour son rejeton. « Je trouve que c’est unsport sain, ludique, avec une discipline degroupe.Onne cherchepasà en fairedesbru-

tes», se réjouit cet habitant du centre-ville,qui a découvert la section lutte lors d’unejournéeportesouvertes.

Au-delàdesesvaleurssportivespositives,l’écolede lutte vise à attirer l’ensemblede lajeunesse de Vitry-sur-Seine. «Nous avonsl’ambitiondeparticiperà lamixitésocialeendéveloppantlevivre-ensembleentrelesquar-tiers, les zones pavillonnaires et le centre-vil-le», revendiqueFatimaMehada.Cettephilo-sophied’ouverturetrouved’ailleurssonpro-longement dans plusieurs initiativesmenées par cette dynamique et jeune asso-ciation.DjamelAichour intervientdansuneclasse-relais du collège Adolphe-Chériouxàla demande de l’inspection académique.«J’enseigne la lutte à six ou sept gamins endifficulté. Même si la compétition les attireplus pour lemoment, l’apprentissage se faitpetit à petit. Ils doivent découvrir l’intérêt delamaîtrisedestechniques», racontecediplô-mé du brevet d’Etat ainsi que du DE JEPS(diplôme d’Etat de la jeunesse, de l’éduca-tionpopulaire etdusport).

Cette volonté de mixité s’étend aussi auchampdu handicap. Trois licenciés du clubpossèdentunedéficiencephysiqueoumen-tale.Des interventionsenstructurespéciali-sée sont également organisées. En 2011, uneJournéede la luttea réunidespetits sportifsvalidesethandicapéspouruntournoifestif.«Cette thématique permet de montrer auxjeunesquel’onpeutsemélangeretquelesdif-férences sontune richesse», souligneFatimaMehada. Forts du succès de la manifesta-tion, les lutteurs vitriots «récidiveront» le12mai. Ils attendent 200 personnes lorsd’une nouvelle journée handi-lutte et espè-rent accueillir quelques lutteurs célèbres,comme Steeve Guénot. Le champion olym-piquedePékinétaitprésenten2011. p

Cette association concourt auprix «LeMonde»-Apels, qui vise à récompenser un projet d’inser-tion par le sport. Pour en savoir plus : Apels.org

Iln’yapasd’âgepourcommencerla lutte

Leclubcréépar lamunicipalitédeVitry-sur-Seineaccueillelesenfantsdèsl’âgede4ans.Avecunobjectif: favoriserlamixitésociale

«C’est un sport sain,ludique, avecune

disciplinede groupe.Onne cherchepas

à en fairedes brutes »Unparent

Dans le palais des sportsMaurice-Thorez, à Vitry-sur-Seine, des enfants s’initient à la lutte, encadrés parDjamel Aichour.LAURENT HAZGUI/FEDEPHOTO POUR «LE MONDE»

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Page 7: Le monde sport et forme du 3- 3-2012

p r a t i q u e

l a t e n u ePourun baptême ouun staged’initiation, il n’est évidemmentpas besoin de posséder sonmatériel (voile, sellette…). Unebonne paire de baskets suffit.Toutefois, ne sous-estimezpas lafraîcheur des températures à lamontagne,même l’été.Unepetite polaire peutvous permettre unréveil chaud eten douceur enmême tempsqu’apparaissentles premiersrayons dusoleil.Pour ceux quiseraient tentéspar un baptêmeen station, skisauxpieds,habillez-vouscommesivous

chaussiez les spatules !Les parapentistesconfirmés ferontl’acquisitiondevêtements techniques(coupe-vent, polaires,gants…) pour profiter aumaximumdu temps de vol,qui peut parfois durer

plusieursheures. Pourtous, ne pas oubliercrème solaire etlunettes de soleil !

l e ma t é r i e lPour lesmordus,la questiondouloureuse del’acquisition deson proprematériel se poseraforcément unjour. Et c’est làque le bât blesse.Car le parapenteest un sport cher.

Comptezenviron 2500 ¤pour une voile

neuve entrée degamme (2720¤ pourlemodèle Koyot chezNiviuk), près de 500¤

pour une sellette,une centaine

d’euros pour un sacde transport et une bonnecinquantaine d’euros pour uncasque de base. Sans compter leprix d’un altimètre-variomètre(environ 300 ¤) et d’une radio(les écoles les fournissent),environ 180¤. Après calcul, onavoisine les 3500 ¤ pourl’équipement complet.Evidemment, pour un premierachat de voile, préférezl’occasion, contrôlée et certifiéepar des écoles de parapente.Vous pouvez alors vous en tireravec une voile récente pour1500¤.

C’est mon touret je n’enmène pas lar-ge.Mainsmoi-tes, ventrenoué et quel-

ques gouttes de sueur perlant lelong du dos : les signaux d’alerte del’instinct de survie se sont activés. Fautdire qu’à une vingtaine de mètres devantmoi, c’est le vide. Une ligne d’horizon, en fait,frontière entre la terre ferme et le saut dans l’in-connu, l’objetdemonangoisse.Auloin, lesmon-tagnesduChampsaur,dans lesHautes-Alpes,aupiedduparc national des Ecrins, commencent àréfléchir la lumière du soleil. La brume, dans lavallée du Drac, se dissipe. L’atmosphère seréchauffe.OK,bon, c’est joli, lepanoramavaut lecoupd’œil.Clicclac, c’estdans laboîte,maismoi,çanemeremetpas l’estomacenplace.

Déjà quand, serrés à huit à l’arrière du LandRover, les voiles de parapente sur le toit, on pre-nait de l’altitude sur les routes de montagne, jerépondais par un sourire crispé aux blagues decirconstance. Le tout-terrainmontait sanspeine.Commemon trac, d’ailleurs, qui tranchait avecl’apparente décontraction demes camarades desport extrême qui, pas casse-cou pour un sou,étaient loin de coller au cliché tant redouté dekékés gonflés aux hormones. «Un bon tout-ter-rain, ça, lança, bonhomme,GilDisdier, de l’écolede parapente Ecrins vol libre. A 110km/h surl’autoroute, t’entendsplus ton voisinparler,maisc’est increvable.» Rires… Le moteur ronronnait.L’airededécollagedesRichards,planquéederriè-reunefermeà1550md’altitude,approchait.Et lerythmedemoncœurs’accélérait.

Mais ça, c’est déjà du passé. Ce qui fixe monattentionetmonregard, àprésent, c’est cethori-zon devant moi, où terre et ciel se confondentsans qu’on sache ce qu’il y a après. Un «plouf»,disentleshabitués,qui,pendantquejemeprépa-re,préfèrentsedorer lapilulepour tuer le tempsavant de trouver des «thermiques», ces cou-rants d’air chaud ascendants qui se formentquand le soleil se met à cogner. Pour moi, ce«plouf» s’apparente quandmême à un saut deplusde500m.

Rarementdansmavie jemesuismontréaussiméticuleux qu’au moment d’étendre la voileavantdedécoller.Lavoile,étenduesurl’herbe,nemarqueaucunpli,lasellettesetrouvedanslebonsenset ledossierbienreplié (enfinça, c’estcequejecrois…),etaucunesuspentenesechevauche. Jevais jusqu’à chasser les sauterelles et les brinsd’herbe dans les caissons de la voile. Il ne peut

rienm’arriver…Mais alors, dansquellegalèremesuis-jeembarqué?

Gil s’approche demoi, fait les vérifica-tions d’usage. Voile, sellette, comman-des,radio:check!«Allez,Nico,yaplusdevent maintenant, tu peux prendre tescommandes! C’est quand tu veux»,melance-t-il dans la radio, d’unevoixposéeetrassurante.Unegrosseinspiration,undernier «p…» éructé et me voilà lancé,lesbrasà l’équerre, avec les commandesdans lesmains.

Lavoilese soulève,segonfle,metireenarrière sur le harnais, veut me passerdevant. Jemetsunpeude freinpour tempé-rer ses ardeurs. Je relâche. L’aile se stabiliseau-dessus dema tête, j’allongemes foulées,letorsepenchéenavantetappuyésurleharnais.Très rapidement,mespas touchentdemoinsenmoinsterre, jemesens tiréenavant…Çayest: jevole!Wouaouh! Un sentiment confus d’angois-seet d’extasem’envahit…

Gil, dans la radio: «OK, maintenant, installe-toi bien au fondde la sellette, au besoin, lâche tescommandes et aide-toi de tes mains. » Moi :«Euh… Lâcher les commandes…» Problème, jen’arrivepas àm’installer correctementdans cet-te satanéesellette,mêmeavec lesmains, que j’aifinipardécrisperdes commandes.Tantpis,horsde question de prendre des risques que je juge

inconsidérés, je ferai le vol dansuneposi-tion inconfortable, pensant naïvementqueseulsmesabdosm’empêchentdeglis-serduharnais.Gil,quicroitquejesuiscor-rectement assis : «OK, reprends tes com-mandes, et faisunvirageà90degrésversla droite. » Je m’exécute. Plusieursmanœuvressimilaires suivront.Danslavallée, lesmaisonsduvillagede

Pont-du-Fossé grossissent à vue d’œil. Lamanche à air de la zone d’atterrissage esten vue. Manu Thoraval, l’autre moniteurd’Ecrins vol libre, a pris le relais à la radio.

J’attaque maintenant la phase d’approchepour l’atterrissage. «Nico, prépare-toi. Tu asobservédansquelledirectionétait levent?meprévientManu.Allez, tume fais uneprise de

terrain en U.» Je contourne alors le champ deluzerne, survole le Drac, amorce, face au vent,quelques S afin de perdre un peu d’altitude etvise la cible au sol. Je sors de la sellette, si tant estque je m’y sois un seul instant assis pendant levol,faisquelquesfouléesdanslevidepourantici-per le contact avec le sol. Je tire sur les comman-des, la voile freine: hmmmpfff… L’atterrissageest un peu rudemais je retombe sur mes deuxpieds.Mesabdos,peuhabituésàêtreautantsolli-cités,me tordentdedouleur. Satanéesellette.

C’était le 14septembre 2011. Je venais d’effec-tuer mon premier vol en parapente. Le stage

d’initiation – d’une semaine –avait commencé trois joursplustôtsurlespentesdoucesdela station d’Ancelle. Trois jours,sous lahoulettedeManu– infir-mier six mois par an et surtoutparapentiste chevronné, aumodedeviedictépar sapassion–,àappréhenderlerelief,àmaîtri-

ser quelques rudiments demétéoro-logieetd’aérologie,àgonflerettenirlavoi-

le au-dessus de sa tête, à piloter l’aile au sol, àse lancer dans de premières chevauchées et decourtesenvoléesàcinqousixmètresdehauteur.Je le concède volontiers : les caprices du ventm’ont, àplusieurs reprises, contraintàdes figu-resacrobatiques.

Guy, lui, a «boufféde la luzerne».Certes, il n’aplus les jambes alertes de ses 20ans et, à chaque

atterrissage, c’est unpeu la loterie.Mais, sexagé-naire bon pied bon œil, mon camarade de volauxmagnifiquesbacchantesgrisonnantesest lapreuvequeleparapentenerequiertpasd’aptitu-des particulières, juste d’avoir une bonne condi-tionphysiqueet surtoutunesolidemotivation.

Après trois jours à setaper à pied la pente deski d’Ancelle et à déplier et replier la voile, legrand jour, donc, arriva. Sept autres vols sui-vront lors desquels, enhardi, je m’essayerai àquelques exercices de tangage et de roulis(manœuvresvisantà«jouer»unpeuaveclavoi-le). Pendant cette semaine, ilm’aura surtout étédonné l’occasion d’observer Gil, vieux briscarddes airs qui part parfois voler à l’étranger, etd’autres parapentistes aguerris jouer avec lesthermiquespour remonter les falaisesdesmon-tagnes.Dequoimeremettreen sellette–et bien,cettefois-ci!–trèsprochainementpouremprun-ter cesmêmes ascenseurs des airs. Car le vérita-ble danger de la pratique du parapente, c’est d’yavoirgoûté.p

La sellette, siège duparapentisteIl existe différents types (taille, poids) de sellettes en fonctionde lapratiqueduparapente souhaitée (une standardpour le loisir, unelégèrepour la randonnée, une aérodynamiquepour la compétition).Ony est assis et attachépar des sangles. C’est également dans lasellette que se glisse le parachute de secours.Ne négligez pas l’achat dece produit, votre confort de vol en dépend.Un exemple: comptezenviron600¤pour lemodèleAxel2 chez Sky Paragliders.Quelquesmarques de parapente pour vous aider à faire votre choix:Niviuk (Niviuk.com),Ozone (Flyozone.com), Sky Paragliders(Sky-cz.com)…Lesite Parapenteshop.comproposeune liste exhaustivedeproduits.

NicolasLepeltier

où p r a t i q u e r ?Leparapentesepratique toutel’année,hiver compris. Pourunepremière fois, privilégiezquandmêmeleprintempsou l’été.LaFédération françaisedevollibre,qui comprend lesdisciplinesparapente,kite, deltaplane, speedriding, cerf-volantetboomerang,compte44000licenciés, chiffreenaugmentationdepuisquelquesannées (+ 7%entre2010et 2011).La fédérationréférencesur sonsite(ffvl.fr) tous les clubset donnepleind’informationsà connaîtreavantdese lancer : licences,assurances, compétitions…L’applicationFfvl, disponiblesursmartphone,est trèspratiquepourconnaître température,vitesseet directionduvent.L’écoleEcrinsvol libre, citéedansl’article, aunsite Internet :Ecrinsvollibre.com.Plusieurs formules sontproposéesparGilDisdier : journéedécouverte (130¤), stagede troisjours (390¤)oucinq jours (480¤).

À M O I D E J O U E R SPORT&FORME

Mespas touchentdemoins enmoins terre,jemesens tiré enavant…

Çay est: je vole!Unsentiment confusd’angoisse et d’extase

m’envahit…

Monrêved’IcareréaliséNotrereporters’estvupousserdesailes. Il s’estélancéd’unemontagne

et,auxcommandesdesonparapente,s’estmisàvoler

GIANPAOLO PAGNI

70123Samedi 3mars 2012

Page 8: Le monde sport et forme du 3- 3-2012

Henri Seckel et Laurent Telo

Ony jetteraquandmêmeunœil,mais cettepagenedevraitavoirqu’unimpact limitésur lessondages.La question sportive n’a jamais été décisive lorsd’uneélectionprésidentielleet, à l’heureoù l’onsedemande comment sortir de la crise économiqueet quelle civilisation estmeilleure que l’autre, elle

n’estpasprèsdeperdresonstatutdetroisièmerouede labicyclette,confirmédébut février par Eva Joly, d’un superbe: «Si je fais 2%-3%[aupremier tour], on vamedonner leministère des sports.»Dans lafouléedelacandidateécologiste,ChantalJouanno(UMP),quiaoccu-pé le poste de novembre2010 à septembre2011, l’assimilait à un«enterrement politique» et établissait le constat que, quand vousêtesministre des sports, «on vousprendpour unedécérébrée».

«Lesportestdescendubienbas,regretteValérieFourneyron,dépu-téeetmairedeRouenet responsableenlamatièrede lacampagnedeFrançois Hollande. Jamais sa légitimité politique n’a été à ce pointremiseencause.Onal’impressionqu’onpeuttoutsepermettreavecceministère»,quiaaccueillicinqlocatairesdifférentsencinqans.«C’estdire la qualitéde ceuxqui se sont succédé», ironisait FrançoisHollan-de il y a trois semaines, ce qui a dû faire plaisir à Roselyne Bachelot,BernardLaporte,RamaYade,ChantalJouannoetDavidDouillet. Ilestvrai que les uns et les autres n’ont rien fait pour se hisser aumêmerang qu’Edwige Avice (1981-1984) ou Marie-George Buffet(1997-2002), les deuxministres des sports les plusmarquantes de laVeRépublique. Bilan du quinquennat écoulé: augmentationde 25%du budget du Centre national pour le développement du sport(CNDS,quifinanceassociationsetéquipementssportifs);miseenpla-

ce d’un régime de retraite spécifique pour les sportifs amateurs dehaut niveau; obtention de l’organisation de grands événements(Euro2016,RyderCup2018)–grâceaumouvementsportifplusqu’aumonde politique; loi sur l’éthique du sport, jugée insuffisante parbeaucoup; ouverture à la concurrencedesparis en ligne –œuvre duministre du budget d’alors, Eric Woerth – destinée à «satisfaire lesmilieuxd’argent»,dixitFrançoisHollande.

Le candidat socialiste s’interrogeait récemment sur l’engagementpris par Nicolas Sarkozy, il y a cinq ans, de faire passer le budget dessports à 3%dubudgetde l’Etat. Il est aujourd’huià0,15%. «Qu’est-cequi s’est passé en 2007pour qu’il fasse une telle promesse? se deman-dait-il.Est-cequ’ilétaitprispar jenesaisquelle fièvre?Oualorsavait-ilmal lu le chiffre? Il voulaitdire0,3et il a dit 3?»

DenisMassiglia,présidentduComiténationalolympiqueet spor-tif français (CNOSF), qui n’a, pour l’heure, «pas l’impression que lesport soit très important dans la campagne», réclameunemodifica-tiondelagouvernancedusportenFrance:«Il fautdonnerplusderes-ponsabilités aumouvement sportif et aux collectivités locales. L’Etatnepeutpas tout faire.» Il y a cinqans, leCNOSFavait réunidescandi-dats à l’élection présidentielle pour recueillir leurs promesses. Cetteannée,ilaenvoyéàchacununcourrier,titré«Fairedusport,unenjeupour la France», dans lequel il les appelle à s’engager sur un certainnombre de points. «On attend un retour, et on travaillera avec ceuxqui nous font des propositions», explique DenisMassiglia, qui indi-queêtreaujourd’huienrelationavecDavidDouillet,ministreactuel,etValérieFourneyron,qui s’est signaléedès la réceptionducourrier.

S’il ne représente pas un enjeu stratégique, le sport n’est sacrifiépar aucun parti. Certains ont pris un peu d’avance, et tous ne sem-blent pas lui accorder autant d’égards. «Ce n’est pas un sujet annexepourFrançoisBayrou»,assureJean-LucBenhamias,chargédelaques-tionauModem,quesoutiennent l’ancien judokaStéphaneTraineauet les footballeurs Marouane Chamakh (Arsenal) et Jérémie Janot(Saint-Etienne). Eric Domard, du Front national, concède que «dansun contexte aussi délicat, il va falloir faire des choix budgétaires» etque le sport n’est pas la priorité. De leur côté, Europe Ecologie-LesVertsetleFrontdegauche,toutenreconnaissantqu’ilyaplusurgent,affirmenten chœur le caractère«nécessaire»dusport.

LaformationdeJean-LucMélenchonestenpointesurlesujet,puis-qu’elle a élaboréundocument de dixpages contenant de nombreu-ses propositions fracassantes, telles que l’abrogation de la loi surl’ouverture des paris en ligne, la fin du «naming» (quand unemar-quedonnesonnomàuneenceintesportive,parexemple), l’interdic-

tiondelacotationenBoursedesclubsprofessionnelsoul’obligation,pour tout sportif sélectionnédansuneéquipenationale,d’être fisca-lement domicilié en France – autant d’idées qui seront débattues le10marsà Ivry (Val-de-Marne), lors d’unegranderéunionsur le sujet.

FrançoisHollande, lui, a déjà consacréunmeetingentier au sport,le 11 février, à Créteil (Val-de-Marne). Entouré d’une trentaine d’ac-teurs dumonde du sport – RoxanaMaracineanu, VikashDhorasoo,Gwendal Peizerat, Olivier Krumbholz, Muriel Hurtis, Pape Diouf,Frédérique Jossinet… –, le socialiste avait alors annoncé une tripleambition: garantir à tous les jeunes la possibilité de pratiquer dusport dans une association; agir pour la santé et le mieux-vivre-ensemble en permettant à tous de faire du sport tout au long de lavie; faire rayonner la Franceen soutenant l’excellencesportive.

NicolasSarkozy, lui,n’apasencoreabordélaquestion,etpersonneau sein de son équipe de campagnen’est chargé spécifiquementdusport.LaureMiller,duservicedepresse,nousrenvoieauprogrammeélaboré par l’UMP en octobre2011, en précisant qu’il ne s’agit pas decelui du président-candidat. «L’idée n’est pas de botter en touche,explique-t-elle.Mais,pour l’instant,Nicolas Sarkozyne s’estpas enco-reexprimésurcethème.Jenepeuxpasallerplusvitequelui.Onn’apasdeplaquettesur ce sujetmais il est candidatdepuisdix joursalorsquelesautres le sontdepuis trois, quatremois.»

Sonjudokadeministredessports, lui, faitdéjà leboulot: au lende-main du meeting de François Hollande à Créteil (Val-de-Marne), ilmettait en garde, dans Le Parisien : le socialiste élu, «c’est lamort dusport français». Réponse de Valérie Fourneyron: «Apparemment,David Douillet continue dans la catégorie des lourds.» En campagneplusqu’en tempsnormal, lapolitiqueestunsportde combat.p

«Le sport est descendubien bas.Jamais sa légitimité politique

n’a été à cepoint remise en cause»Valérie Fourneyron

responsabledes sports pour FrançoisHollande

Lesport,cinquièmeroueducarrosseélectoral

Al’imageduministère,quiavudéfilercinqlocatairesencinqans, laquestionsportiveoccupeuneplacefugitivedanslesprogrammesdescandidatsàlaprésidentielle

Eva Joly FrançoisHollande

FrançoisBayrou

Jean-LucMélenchon

SPORT&FORME E N Q U Ê T E

MarineLePenNicolasSarkozy*

DébatApels-«LeMonde»àAubervilliersL’Agencepour l’éducationpar le sport (Apels), en collaborationavecLeMonde, organiseungrand débatpublic,mardi 6mars, à Auber-villiers, en Seine-Saint-Denis.Des champions (RoxanaMaracineanuouMahyarMonshipour), des élus et des porteurs deprojets échange-ront autour des propositions issuesde la consultationnationale lan-céepar l’Apels et LeMondepour «changer la place du sport dans lasociété» (Apels.org). Les propositions les plus innovantes seront pré-sentées auxprincipauxcandidats à l’électionprésidentielle.Débat public «Changeons la place du sport dans la société». Mardi 6mars, de10heures à 15heures, Espace Fraternité à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

Réduire l’impact environne-mental des équipementsdesports, dont lamoitiénerépondentplus auxnormesenvironnementales.

Cesser le subventionnementpublic aux compétitionsmécaniques les pluspolluantes.

Promouvoirdes formesderassemblements sportifsalternatives (Jeuxpopulaires,Jeuxolympiquesde la jeunesse).

Augmenter la taxe sur lesparis sportifspour financerle CNDS.Aller vers une «taxeTobin» du sport sur les trans-ferts et les grandsprojets.

Instaurerune séparationclaire entre sport spectacleet sport amateur oude loisir.

Les sixprincipauxcandidats aubancd’essai

Voterune loi-cadredemodernisationdu sport,pour remplacer celle de 1984.

Augmenter le budgetduministèredes sportsde 100millionsd’euros.

Réserver à l’EPSunepartiedes60000créationsdepos-tes d’enseignants annoncées.

Créerune structurepouraccompagner les athlètesdehautniveau aprèsleur carrière sportive.

Créerun institut nationaldu sport loisir, sur lemodèlede l’Insep.

Défendre la créationd’une agencemondialede lutte contre la corruption.

Défendre la spécificité sporti-ve européenneen instaurantle fair-play financieret en régulant les salairesindécentsdes sportifs.

Créerunedirection autourduConseil de l’Europepourfaire respecter le fair-playfinancier, lutter contre leblanchimentd’argent saleet contre les paris truqués.

Diligenterdesmédecinsindépendantsdes fédérationspourles contrôles antidopage.

Revaloriser la pratiquedu sport à l’école.

Augmenter le budget dessports à 1%de celui de l’Etat.

Recruter 2000professeursd’EPSpar anpour atteindrel’objectif de 3 à 5heuresd’EPSpar semainede lamaternelleà l’université.

Engagerunplannationald’aideaux clubs et valoriserl’engagementdes bénévoles.

Instaurer la parité dans laretransmissiondesmanifes-tations sportives et dans lessalaires au seind’unemêmediscipline.

Renforcer la lutte antidopageavecdesmoyens accruspourl’Agence françaisede luttecontre le dopage (AFLD).

Revenir, auniveau européen,sur l’arrêt Bosmanpour favo-riser la formationdes joueursnationauxet rétablirune équité sportive.

Plafonner les salaires(notammentdans le football).

Limiter à 50% la participa-tiond’investisseurs étran-gers dansun club français.

Limiterunegénéralisationpayantede la diffusiondes événements sportifs.

Veiller à unemeilleure répar-titiondes subventions entresport professionnel et sportamateur.

Accroître la prise en comptede la notation sportivedansles dossiers scolairesen augmentant le coefficientdesdisciplines sportives.

Aboutirà laparitédans lesconseilsd’administrationdesfédérationsd’ici à 2020etgarantirunemeilleurevisibilitédusport fémininsurFranceTélévisions.

Faire adopter la règle du fair-play européendans tous lessports et créer un salary cap.

Créerune cellule de lobbyingpermanentepour les candida-tures aux grandsévénementssportifs.* Il s’agit des propositionsdel’UMPenoctobre2011, et nonde celles deNicolas Sarkozy.

STÉPHANE KIEL

8 0123Samedi 3mars 2012