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week-end Samedi 3 mars 2012 - 68 e année - N˚20876 - 3,20 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 3,20 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 3,20 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA, N e boudons pas le plaisir offert par la Banque mon- diale : elle vient d’annon- cer que l’objectif des Nations unies de réduire de moitié l’extrê- me pauvreté d’ici à 2015 a été atteint avec cinq ans d’avance. Finalement, la mondialisation et l’aide au développement – diffi- cile d’être précis dans l’ordre des causalités – ont réussi à réduire en 2010 à un milliard de femmes et d’hommes le nombre des dam- nés de la terre, car il n’y a pas d’autre expression pour désigner ceux qui disposent de moins de 1,25 dollar par jour pour survivre. Le rééquilibrage de la croissan- ce au profit du monde en dévelop- pement, qui s’est singulièrement accéléré depuis l’an 2000, a per- mis cette avancée. Avec des pro- gressions fortes et soutenues de leur produit intérieur brut, la Chine, l’Inde et même l’Afrique subsaharienne, que l’on disait per- due, ont commencé à surmonter leurs handicaps économiques, éducatifs, sanitaires ou démogra- phiques pour apporter un peu de mieux-être à leurs populations les plus démunies. Et cela en dépit de la crise finan- cière et d’une spéculation dont les soubresauts se révèlent meur- triers pour les plus pauvres, com- me l’a prouvé le triplement du prix du riz en 2008. Cette heureuse évolution pro- met de se poursuivre, si l’on en croit les augures, puisque les pays en développement devraient continuer de contribuer pour les deux tiers à la croissance planétai- re, voire pour les trois quarts, si les vieilles économies industriali- sées demeuraient embourbées. Gardons-nous pourtant de tout satisfecit, ne serait-ce qu’en raison de la médiocrité de l’amélioration, qui consiste à vivre avec 2 dollars plutôt qu’avec 1,25 dollar. La métho- dologie de la Banque mondiale prê- te aussi le flanc à la critique, car ses experts ont travaillé sur les statisti- ques de 130 pays, alors que la Ban- que compte 187 Etats membres. Gageons que les 57 qui n’ont pas été en mesure de fournir de don- nées sur leur pauvreté sont les plus en difficulté. Les pays en guerre notamment sont à la fois ceux qui ne peuvent établir de statistiques et ceux où la pauvreté s’aggrave impitoyable- ment. Comment recenser le pou- voir d’achat et chiffrer les dépen- ses des populations des zones tri- bales d’Afghanistan ou des confins des déserts soudanais ? D’autre part, la misère n’est pas seulement monétaire. Elle s’aigui- se avec le creusement des inégali- tés, phénomène inévitable lors- qu’une économie accélère sa crois- sance, au moins dans un premier temps. Malheureusement, les pays en développement ne dispo- sent pas de la fiscalité permettant de récupérer auprès des fortunes flambant neuves l’argent pour améliorer des services publics sou- vent inexistants et qui, seuls, pourraient donner aux laissés- pour-compte les moyens de béné- ficier des fruits de la croissance. Enfin, rappelons que si l’objec- tif numéro un des Nations unies, la réduction de la pauvreté, est sta- tistiquement atteint, il en reste sept, tels que l’égalité des sexes, la santé maternelle ou la lutte contre les pandémies, qui sont loin d’être gagnés. Le combat en faveur des plus pauvres continue. p Lire page 9 FRONT NATIONAL Paroles d’électeurs Alors que Marine Le Pen cherche encore une cinquantaine de signatures, enquête auprès de ses sympathisants Pages 2 et 4 CENTRE François Bayrou défend sa « cohérence » Page 4 TRIBUNE François Hollande veut « repenser » la loi Hadopi Page 15 SANTÉ Dix ans après sa promulgation, la loi sur les droits des malades a fait évoluer l’échange médical. P. 10 E lles ont entre 20 et 55 ans, elles s’appellent Inna Modja, Camille, Zaz, Brigitte ou Catherine Ringer. Elles rivalisent crânement avec les garçons pour figurer, samedi 3 mars, au tableau d’honneur des Victoires de la musique. Qu’on en juge : trois artistes filles contre un garçon dans la catégorie prestigieuse du Meilleur Album. Même propor- tion dans la catégorie Révélation. Une montée en gamme qui se voit aussi dans les bacs des disquaires, avec des chanteuses de caractère : Anaïs, Zaza Fournier et La Grande Sophie. p Lire page 17 INTERNATIONAL Les journalistes français devaient être rapatriés vendredi 2 mars. Les rebelles syriens ont effectué, le 1 er mars, un « retrait tactique » d’Homs. P. 8 Editorial Médecin paternaliste et patient infantilisé, c’est du passé Dure semaine de campagne pour M. Sarkozy Poutine prend ses distances avec Assad t Rencontre avec le leader russe à la veille des élections P. 14, 8, 6 et cahier Culture & Idées présidentielle 2012 Edith Bouvier et William Daniels enfin exfiltrés de Syrie Les filles jouent des coudes aux Victoires de la musique Georges PEREC LA LIBRAIRIE DU XXI e SIÈCLE roman CULTURE & IDÉES Emmanuelle Béart, l’entretien vérité L’actrice réagit à des répliques de la pièce de Pirandello « Se trouver », qu’elle joue actuellement SUPPLÉMENT SPORT & FORME Mormeck-Klitschko, le combat de l’année Les deux boxeurs s’affrontent ce week-end en Allemagne devant 50 000 fans SUPPLÉMENT SCIENCE & TECHNO Citoyens et scientifiques main dans la main Quand le grand public participe à des expériences SUPPLÉMENT Spécial mode : l’ère des gourous M LE MAGAZINE DU « MONDE » UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE, BELGIQUE ET LUXEMBOURG Contre l’extrême pauvreté, le combat continue UK price £ 1,50 t Toujours n o 2 dans les sondages, chahuté à Bayonne, le président-candidat peine à reprendre la main Le regard de Plantu Vladimir Poutine, jeudi 1 er mars, dans sa datcha. D. MONTELEONE/VII POUR « LE MONDE » T rès mauvaise semaine pour Nicolas Sarkozy, qui espérait dépasser Fran- çois Hollande dans les sondages. Or, jeudi 1 er mars, il reculait d’un point, à 25,5 %, dans le baromètre quotidien IFOP-Fiducial- Paris Match-Europe 1, publié à 18 heures, tandis que François Hollande progressait d’un point, à 29 %. Le même jour, des mani- festants ont fortement perturbé la visite du président-candidat à Bayonne. p P.3

Le monde week end du 3-3-2012

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Page 1: Le monde week end du 3-3-2012

week-endSamedi 3 mars 2012 - 68e année - N˚20876 - 3,20 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

Algérie 150 DA,Allemagne 2,00 ¤,Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,40 ¤, Belgique 3,20 ¤,Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £,Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 3,20 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 12 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS,Suisse 3,20 CHF, TOMAvion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL,USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

N e boudonspas le plaisiroffert par la Banquemon-diale: elle vient d’annon-

cer que l’objectif desNationsuniesde réduire demoitié l’extrê-mepauvretéd’ici à 2015 a étéatteint avec cinq ansd’avance.

Finalement, lamondialisationet l’aide audéveloppement– diffi-cile d’être précis dans l’ordre descausalités – ont réussi à réduireen2010à unmilliardde femmeset d’hommes le nombredes dam-nésde la terre, car il n’y a pasd’autre expressionpour désignerceuxqui disposentdemoins de1,25dollar par jour pour survivre.

Le rééquilibragede la croissan-ce auprofit dumonde endévelop-pement, qui s’est singulièrementaccélérédepuis l’an 2000, a per-mis cette avancée.Avec des pro-gressions fortes et soutenuesdeleurproduit intérieurbrut, laChine, l’Indeetmême l’Afrique

subsaharienne,que l’ondisait per-due, ont commencé à surmonterleurshandicaps économiques,éducatifs, sanitaires oudémogra-phiquespour apporterunpeudemieux-êtreà leurs populationsles plus démunies.

Et cela endépit de la crise finan-cière et d’une spéculationdont lessoubresauts se révèlentmeur-trierspour les pluspauvres, com-me l’a prouvé le triplementdu

prixdu riz en 2008.Cetteheureuse évolutionpro-

metde sepoursuivre, si l’on encroit les augures, puisque les paysendéveloppementdevraientcontinuerde contribuerpour lesdeux tiers à la croissanceplanétai-re, voirepour les trois quarts, siles vieilles économies industriali-

sées demeuraient embourbées.Gardons-nouspourtantde tout

satisfecit,ne serait-cequ’en raisonde lamédiocritéde l’amélioration,qui consisteàvivreavec2dollarsplutôtqu’avec1,25dollar. Lamétho-dologiede laBanquemondialeprê-te aussi le flancà la critique, car sesexpertsont travaillé sur les statisti-quesde 130pays, alorsque laBan-quecompte 187Etatsmembres.Gageonsque les 57quin’ontpasétéenmesurede fournirdedon-néessur leurpauvreté sont lesplusendifficulté.

Les pays en guerrenotammentsont à la fois ceuxqui nepeuventétablir de statistiques et ceuxoùlapauvreté s’aggrave impitoyable-ment. Comment recenser le pou-voir d’achat et chiffrer les dépen-ses despopulationsdes zones tri-balesd’Afghanistanoudesconfinsdes déserts soudanais?

D’autrepart, lamisèren’est pas

seulementmonétaire. Elle s’aigui-se avec le creusementdes inégali-tés, phénomène inévitable lors-qu’uneéconomieaccélère sa crois-sance, aumoins dansunpremiertemps.Malheureusement, lespays endéveloppementnedispo-sent pas de la fiscalité permettantde récupérer auprès des fortunesflambantneuves l’argentpouraméliorerdes servicespublics sou-vent inexistants et qui, seuls,pourraientdonner aux laissés-pour-compte lesmoyens de béné-ficier des fruits de la croissance.

Enfin, rappelonsque si l’objec-tif numéroundesNationsunies,la réductionde la pauvreté, est sta-tistiquementatteint, il en restesept, tels que l’égalitédes sexes, lasantématernelleou la lutte contrelespandémies, qui sont loind’êtregagnés. Le combat en faveurdespluspauvres continue. p

Lire page9

FRONTNATIONALParoles d’électeursAlorsqueMarineLePenchercheencoreunecinquantainedesignatures, enquêteauprèsdeses sympathisantsPages 2 et4CENTRE FrançoisBayroudéfendsa «cohérence»Page4TRIBUNE FrançoisHollandeveut«repenser» la loiHadopiPage 15

SANTÉDix ans après sa promulgation, la loi sur les droitsdesmalades a fait évoluer l’échangemédical.P.10

E lles ont entre 20 et 55ans,elles s’appellent InnaModja,Camille, Zaz, Brigitte ou

Catherine Ringer. Elles rivalisentcrânement avec les garçons pourfigurer, samedi 3mars, au tableaud’honneur des Victoires de lamusique. Qu’on en juge : troisartistes filles contre un garçondans la catégorie prestigieuse duMeilleur Album. Même propor-tion dans la catégorie Révélation.Unemontéeengammequi sevoitaussi dans les bacs des disquaires,avec des chanteuses de caractère:Anaïs, Zaza Fournier et La GrandeSophie.p Lire page17

INTERNATIONAL Les journalistes français devaient êtrerapatriés vendredi 2mars. Les rebelles syriens onteffectué, le 1ermars, un «retrait tactique» d’Homs.P. 8

Editorial

Médecinpaternalisteetpatientinfantilisé,c’estdupassé

DuresemainedecampagnepourM.Sarkozy

PoutineprendsesdistancesavecAssadtRencontre avec le leader russeà laveilledesélectionsP.14,8,6et cahierCulture&Idées

présidentielle2012

EdithBouvieretWilliamDanielsenfinexfiltrésdeSyrie

LesfillesjouentdescoudesauxVictoiresdelamusique

GeorgesPEREC

LA LIBRAIR IEDU XXI e SIÈCLE

roman

CULTURE& IDÉESEmmanuelleBéart, l’entretien véritéL’actrice réagit à des répliques de la pièce de Pirandello

«Se trouver», qu’elle joue actuellement SUPPLÉMENT

SPORT&FORMEMormeck-Klitschko, le combatde l’annéeLes deux boxeurs s’affrontent ceweek-end

enAllemagne devant 50000 fans SUPPLÉMENT

SCIENCE&TECHNOCitoyensetscientifiquesmaindans lamainQuand le grandpublic participe àdes expériences SUPPLÉMENT

Spécialmode:l’èredesgourousM ●LEMAGAZINEDU«MONDE»UNIQUEMENTENFRANCEMÉTROPOLITAINE,BELGIQUEETLUXEMBOURG

Contre l’extrêmepauvreté, le combatcontinue

UKprice£1,50

tToujoursno2dans les sondages, chahutéàBayonne,leprésident-candidatpeineàreprendre lamain

LeregarddePlantu

Vladimir Poutine,jeudi 1er mars,

dans sa datcha.D.MONTELEONE/VII

POUR«LEMONDE»

T rès mauvaise semaine pour NicolasSarkozy, qui espérait dépasser Fran-çois Hollande dans les sondages. Or,

jeudi1ermars, il reculaitd’unpoint,à25,5%,danslebaromètrequotidienIFOP-Fiducial-ParisMatch-Europe1, publié à 18 heures,tandis que François Hollande progressaitd’unpoint,à29%.Lemêmejour,desmani-festants ont fortement perturbé la visiteduprésident-candidatàBayonne.pP.3

Page 2: Le monde week end du 3-3-2012

Les indégivrables Xavier Gorce

Société éditrice du «Monde»SAPrésident du directoire, directeur de la publication Louis DreyfusDirecteur du «Monde»,membre du directoire, directeur des rédactions Erik IzraelewiczSecrétaire générale du groupe Catherine SueurDirecteurs adjoints des rédactions SergeMichel, Didier PourqueryDirecteurs éditoriauxGérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie KauffmannRédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue («M Lemagazine duMonde»)Chef d’édition Françoise TovoDirecteur artistique Aris PapathéodorouMédiateurPascal GalinierSecrétaire générale de la rédactionChristine LagetDirecteur du développement éditorial Franck NouchiConseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président

0123est édité par la Société éditrice du «Monde» SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80, boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone : deFrance 32-89(0,34¤TTC/min); de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89oupar Internet : www.lemonde.fr/abojournal

présidentielle 2012

Dansledépartementdel’Yon-ne, lesaffichesdeMarineLePen ponctuent le paysagesurlaNationale6,cetterou-te sur laquelle roulaientautrefois les vacanciers et

qui charrie aujourd’hui toute une nostal-gie française, avec ses pompes à essenceabandonnéesetsesréclamesDubonnetouCinzanodésormais àdemieffacées.

Ici et là, à l’arrière d’un panneau designalisation, ou sur une pile de pont, ladame étale sa blondeur toute gauloise.Alorsque lesautres formationspolitiquescommencentàpeineleurbadigeonélecto-ral, le Front national, lui, occupe le terraindepuisun andéjà.

Le terrain et aussi les esprits. A l’escaled’Avallon, quand sonne l’heure de l’apéri-tif dans la pizzeria de la Tour, les hommesparlent beaucoup d’elle. Ils l’appellent«Marine»ouencore «laMarine».

En auditeur attentif, Philippe Halloy,lepatronde l’établissement,décrypte cesconversations.«Les gens ont le sentimentque c’est la seule capable de faire toutpéter, de déclencher le bordel, pour qu’ilspuissent en découdre, dit-il. Contre qui?Contre tout. Tout lemondese sent étouffé.Marine, je sens que c’est vraiment un votepour le chaos.»

AMontpellier, dans un café de la placedelaComédie,des jeunesgensthéorisentégalement ce chaos. «Il y en a qui disent :“Il faudraitunebonneguerre.”Moi, jepen-se qu’il faudrait un gros score de Marinepour que les gens flippent et réfléchis-sent», estime Jean-Marc, un chaudron-nier qui survit d’intérim. Ellemettrait untelbordel chez lesarrivistesde laviepoliti-quefrançaiseque je regarderaisçaenrigo-lant», ajoute-t-il encore.

Jean-Marcest issud’unmilieupopulai-re. Sesparentsvotaientpour leParti com-muniste. Lui, en 2007, il s’est abstenu.«Personnenemeplaisait»,dit-il.Maiscet-te fois, il est tenté par la candidate duFront national. «Je ne suis pas du tout sûrqu’elle soit sincère, mais j’aime bien sondiscours sur les immigrés, explique-t-il.En gros, ceux qui bossent et qui s’intè-grent, ils sont bienvenus. Les autres, ilsn’ont rien à faire ici. »

Assiseàsescôtés, Ludivine,21ans,bura-liste, sedit fatiguéedenepouvoirprendrele tramway tranquillement le soir. «Il y atoujours des Arabes qui foutent le bordel,

affirme-t-elle. Les Arabes qui ont du res-pectpourlesFrançais, iln’yapasdeproblè-me.Mais lesautres, ils doiventdégager.Onparle de racisme trop facilement. On nepeutplus critiquer personne.»

Vivien, 20 ans, un militaire, lance uncoup de menton vers la table voisine, oùsont assis des jeunes Noirs. «Plus je voisça, plus j’ai envie de voter Marine Le Pen,lâche-t-il. Le problème, c’est les musul-mans. Ils veulentniquer laFrance. Si on leslaisse faire, il va y avoir une guerre civileenFrance.»Vivienpoursuitsonraisonne-ment : «Marine Le Pen pense à la France,qu’à la France. Elle propose de sortir del’Union européenne. L’UE c’est tout le pro-blème de la France. A cause de ça, on n’aplus d’exportations, et c’est pour ça qu’il ya du chômage.»

ASucy-en-Brie (Val-de-Marne), Françoi-se, 62 ans, aime également l’idée de « laFrance aux Français». Elle plaide pour unretouraufranc,quiaurait leméritededon-ner plus de rondeurs à ses 1300 euros deretraite. Les imagesde la crise grecquequiarrivent jusque dans son appartementHLM lui font craindre que, demain, sesrevenus subissent une cure d’amaigrisse-ment.«Lesparlementaireset lesministres,eux, refusentdebaisser leursalaire. Il yenaqui continuent à s’en mettre plein lesfouilles»,précise-t-elle.

C’est la première fois que Françoisevotera Le Pen. «Je n’aimais pas le père. Lafille, elle me parle plus », avoue-t-elle.AMontpellier, Jean-Marc l’intérimairefait d’ailleurs le même constat : il trouveégalement que la fille est «moins fachoque son père».

Dans le café de lamairie, à La Courneu-ve, Hocine, 49 ans, employé à l’aéroportdeRoissy, fait aussi ledistinguo.«MarineLe Pen, elle arrondit les angles, elle com-mence à dire des trucs que tout le mondepense. Le problème, ce n’est plus nous, lesMaghrébins. C’est ceux qui viennent danslaclandestinité,ceuxquiviennentenFran-ce profiter du système. Et ça, on est beau-coup à le penser : les gens profitent tropdes acquis sociaux.»

Cethommed’originealgériennenevoitpas où serait l’interdit. Il estime mêmeque la simple possibilité de voter Frontnational est une marque d’intégration.« Nous [les Maghrébins], ça fait quaranteou cinquante ans qu’on est là. Moi, je suisFrançais, j’ai passé toutema vie en France,j’ai fait mon servicemilitaire ici. Et de voircertains qui viennent ici toucher les alloca-tions et repartent dans leur pays pourvivre, ça, je ne l’accepte pas.»

Mais l’homme danse d’un pied surl’autre: «Je ne crois pas que je voteraipourelle, car y’a des sous-entendus qui medérangent. Elle, elle n’est pas dérangeante,

mais c’est ce qu’elle peutgénérer, des typesqui portent des croix gammées et ce genredechose.Mais regardez,Mitterrand, c’étaitun homme de gauche et il était bien amiavecBousquet. Alors… »

Il y a«Marine»,quiplaîtbien,quipassemieux, qui dit tout haut ce qu’on pensetoutbas,quireprésenteunebonnemaniè-redehurler sondépit, de rendreauxélitesle mépris qu’elles professent à notreégard. Et puis il y a «Le Pen», qui fait tou-jours un peupeur et qu’on n’aimerait pasforcémentvoir au sommetde l’Etat.

ASucy-en-Brie, Françoise s’entientéga-lementàunvoteprotestataire.«Je ne voispas comment elle pourrait être élue prési-dente de la République, gouverner touteseule. Jenel’aimeraispas,d’ailleurs»,tient-elle àpréciser

C’est ce qui fait également hésiterGérard et Martine, qui ont tous les deux48ans, et qui habitent à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire). Au chômagedepuis trois ans, après avoir connu «millemétiers, mille misères», lui survit grâceà l’allocation de solidarité spécifique(ASS), royalement 473 euros mensuels.Quant àMartine, elle est vendeuse dansune galerie commerciale et gagne1100eurosparmois.

A écouter Gérard, Marine Le Pen «a lespieds sur terreet comprendceque les Fran-çaisviventdansleurquotidien».«Vousver-rez que beaucoup de cols bleus vont voterpour elle pour cette raison», pronosti-que-t-il. «Si je n’écoutais quema colère, jevoterais pour elle sans difficulté, enchaîneMartine. Le problème est que si tous lesgens qui en ont ras-le-bol font de même,elle risquedepasseraupremier tour! Et, là,onseralebecdansl’eau.»«Legrandproblè-me des partis situés aux extrêmes, c’est deles déloger du pouvoir une fois qu’ils sontinstallés», conclutGérard.

Alors, comme d’autres qui hésitentencore,Gérard lorgne, pourporter sa colè-re, vers l’autre bord du spectre politique,du côté de Jean-Luc Mélenchon. Il estséduit en particulier par l’idée du relève-ment du smic à1700 euros que promeutle candidat du Front de gauche.

A Avallon, Philippe Halloy a fait lemême constat. «Les extrêmes, dans cesmoments-là, c’est sûr que c’est attirant.Jean-Luc Mélenchon aussi, il touche lesgens. Ce qu’il décrit, c’est la réalité qu’onvoit autour denous.»

Beaucoup des personnes interrogéesavaientvotépourNicolasSarkozyà l’élec-tion présidentielle de 2007. Comme par-tout en France, à Avallon, à Saint-Pol-sur-Mer (Nord), à Montpellier ou à La Cour-neuve, le candidat UMP avait ratiboisé levoteFrontnationalde 2002.A Saint-Pier-re-des-Corps, Gérard et Martine étaientau nombre de ceux qui avaient étéséduits. Mais ils jurent en chœur qu’onne les y reprendra plus. Et ils ne sont pasles seuls. « Il peut se rouler par terre, il nem’auraplus»,prometégalementFrançoi-se à Sucy-en-Brie.

Reste que la personnalité de MarineLePenne suffit pas encore ànormaliser levote pour le Front national. Ainsi, aucunedes personnes que nous avons interro-géesn’aacceptédesortirde l’anonymat. p

BenoîtHopquinetles blogueursd’Uneannée en France

n Sur Lemonde.frJusqu’à l’électionprésidentielle,«LeMonde» poseses valises danshuit coins de France.Des portraits et deshistoires au jour le jour.

S i seulement les servicesdeprotectionde l’enfancenor-végiensavaientmédité la

phrasedePascal,«vérité endeçàdesPyrénées, erreurau-delà», sansdouteauraient-ils évitéunegravecrisediplomatiqueavec l’Inde.

Depuismai2010,AishwaryaetAbhigyan,âgés respectivementde 1 et 3ans, vivent dansunefamilled’accueilnorvégiennedelavillede Stavangeraprèsavoirété retirés à leursparents indienspourdeprétendusmauvais traite-ments.D’après les informationsrapportéespar lapressenorvé-gienne, lamèredonnait àmangerà ses enfantsdirectementavec lesmains, ellene les allaitaitpasconvenablementet les parentsavaientpris l’habitudededormiravec leurprogéniture.

L’Inden’aimepas recevoir deleçonsd’allaitementde laNorvè-ge, et encoremoins qu’on lui disecomment faire dormir lesenfants. En confisquant ainsiAbhigyanetAishwarya, laNorvè-ge ahumilié tous les parents qui,en Inde, ont l’habitudededormiravec leur enfant, parfois jusqu’àl’âgede 10ans.

Lemythe deGaneshLeplacementde ces enfants

dansune famille d’accueil norvé-gienne s’est vite transforméen«kidnappingd’Etat» dans la pres-se indienne. «Cequenousavonsvu, c’est une rigidité bien installée,auxproportions “talibanesques”,dans lamanièred’envisager lescodes familiauxd’une autreculture», lit-ondans le quotidienindienTheAsianAge. Les chaînesindiennesd’informationen conti-nuont retransmis endirect le sit-indes grands-parentsdes enfants«enlevés» devant l’ambassadedeNorvègeàNewDelhi. Et des dépu-

tés indiensont promisd’évoquerleur cas dès le premier jourde lasessionparlementaire.

Si lemythedeGaneshétaitarrivé jusqu’enNorvège, le servi-ce deprotectionde l’enfance(CWS)de Stavanger aurait sansdoute compris pourquoi, en Inde,parents et enfants dormentdanslemême lit. Ganesh refuse l’en-tréede samaisonà celui qu’ilignore être sonpère, pendantquesamère, Parvati, prendunbain.Lepère lui tranchealors la têted’un coupde sabre et, devant laréactionhorrifiéede lamère, s’enva finalement chercher la têted’unéléphanteaupour la posersur les épaulesde son fils décapi-té. L’unedesdirigeantesdupartinationalistehindou, SushmaSwa-raj, a résuméainsi lamoraledecettehistoire, enguised’avertisse-ment auxNorvégiens: «Nousnedormons jamais avec nos enfantsderrièrenotre dos.»

Leministère indiendes affai-res étrangères a envoyéàOslounémissaire spécial dunomdeGanapathi, l’autrenomdeGanesh, le dieuà tête d’éléphant,pournégocier le rapatriementdes enfants. LeCWSdeStavangera finalementaccepté,mardi28février, de les confier à leuroncledeCalcutta. Cette demandedoit toutefois être validéepar lajusticenorvégienne le 23mars.«L’Inde suit deprès ce dossier», aassuré jeudi S.M.Krishna, leministre indiendes affaires étran-gères. LeCWSaura aumoins réus-si unexploit :mettre fin auxdivi-sionsde la classepolitique indien-ne endéclenchantunemobilisa-tion sans précédentdespoliti-ciensde tous bordspour «sau-ver»Abhigyanet Aishwarya.p

JulienBouissou(NewDelhi, correspondance)

Batailleéducativeentrel’Indeet laNorvège

Affichage promouvant la candidature deMarine LePen à l’élection présidentiellele long de la nationale 6, dans la région d’Avallon (Yonne). ANTONIN SABOT POUR LEMONDE.FR

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Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

Ilya«Marine»,quiplaîtbien,quipassemieux,quidittouthautcequ’onpensetoutbas,unebonne

manièredehurlersondépit…

…etpuisilyaLePen,quifaittoujoursunpeupeur

etqu’onn’aimeraitpasforcémentvoirarriverausommetdel’Etat

sBLOG Les sympathisantsduFrontnational avaient éténombreux,en2007, à lui préférerNicolas Sarkozy. Leparti d’extrêmedroite attiredenouveau, avecMarine LePen, ceuxqui rêventd’ungrandchambardement

«C’est laseulecapabledefairetoutpéter»

2 0123Samedi 3mars 2012

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F aisonsduSarkozy,citonspourbrillerDeGaulleet sonpremier

ouvrage, écrit dans la fouléede laGrandeGuerre,LaDiscor-de chez l’ennemi. Saufque ladiscorde règnedans le campduprésident-candidat.Onn’apasperduque, déjà, ons’yaccuse.D’avoirdisparu, com-me lesministres.Denepasavoir assezvendu leprojetéconomique, commelespar-lementaires.Riennevanonplus sur l’école, grand sujetduSarkozynouveau, surlequelunsondage luimetunemauvaisenote. Sa campa-gneest tombéesous la coupede la Francedunonavec l’ar-chéogaullisteHenriGuainoetl’ex-maurassienPatrickBuis-son,quipestentautantque lagaucheet le FNcontre lessalairesdespatronset contreBruxelles.Alors commentcri-tiquer la taxationà75%desrevenussupérieursà 1milliond’eurosou lademandederenégociationdes traitéseuro-péensdeFrançoisHollande?De la«triangulation»à l’intel-ligenceavec l’ennemi. p

présidentielle2012

s LEBILLETparArnaud Leparmentier

Ladiscordedanssoncamp

Avant de se rendre àBayonne,M. Sarkozy a visité une ferme à Itxassou, en compagnie deMmeAlliot-Marie, députée des Pyrénées-Atlantiques. OLIVIER LABAN-MATTÉI/NEUS POUR « LE MONDE »

Bruxelles, LyonEnvoyés spéciaux

F rançais, aidez-moi.» NicolasSarkozy conclura sans doutede nouveau son discours de

Bordeaux, samedi 3mars, sur cesmots qui furent ceux du généraldeGaullefaceauxputschistesd’Al-ger en 1961. Le président-candidatcomptedésigner commeennemislesmanifestantsqui l’ont chahutéà Bayonne (Pyrénées-Atlantiques)et forcé à se réfugier dans un café.Avec en ligne de mire son grandrival FrançoisHollande.

«Hollande a annoncé l’épura-tion, s’il était élu, de tous lesmagis-trats, de tous les fonctionnaires etde tous les ambassadeurs qui nepensaientpascommelui.Çaéchauf-fe les esprits des gens de la base», aaccusé M.Sarkozy, jeudi 1ermars,avant de quitter le Pays basquepourleConseileuropéendeBruxel-les. Le soir, au cours d’unmeetingquia reuniquelque 12000person-nes à Lyon,M.Hollande a réponduà son adversaire, sans le nommer,en appelant ses partisans à «nejamaiscéderà lapolémiqueinutile,à la violence verbale et encoremoinsà la violencephysique».

Reprendre la main, coûte quecoûte, c’est l’obsession du prési-dent au terme d’une semainedésastreuse. Il espérait dépasserM.Hollandedans les intentionsdevote au premier tour, avec l’idéeque,alors,toutredeviendraitpossi-ble au second. C’est l’inversequi sedessine. Le baromètre IFOP-Fidu-cial pour Paris Match et Europe 1,publié chaque jour à 18heures,indiqueunreculde1point,à25,5%,tandis que le candidat PS gagne1point, à29%.L’avancedusocialis-te, qui s’était réduite à 1,5point, estdenouveaude 3,5points.

Le choc est d’autant plus fortque les conseillers du président,Pierre Giacometti et Patrick Buis-son, prennent au sérieux ce baro-mètre. Les proches du candidatsont consternés. «C’est une semai-ne catastrophique. Nicolas Sarkozyrevient au point de départ. Pour lePS,c’estunebénédiction,etilnefautpas que Sarkozy tombedans le syn-dromeduguerrier blessé», s’affligeunvisiteurdusoir.«AuPS, ilsconsi-dèrent que c’est définitivementgagné et, chez nous, GuillaumePel-

tier [spécialiste des sondages]n’estpas euphorique», confie un intimedu président,même s’il pense quetoutne sera vraiment scellé qu’à lafindumoisdemars.

Le 24février, Nathalie Koscius-ko-Morizet, ex-ministre chargéedes transports et porte-parole ducandidat, a commisunebourdeenévaluant le prix d’un ticket demétro parisien à plus de 4euros.Claude Guéant, ministre de l’inté-rieur, a cru utile de qualifier le FNdenationaliste et socialiste. QuantàHenriGuaino,plumevolubileduprésident,ilaexploséd’autoritaris-me devant le président PS duconseil général de l’Essonne, Jérô-meGuedj. Le candidat lui-même amultipliélesfauxpas,s’enprenant

par exemple, sans la nommer, à lacompagne deM.Hollande, ValérieTrierweiler, coupable à ses yeuxd’avoir une émission télévisée surDirect8, chaînedugroupeBolloré.

«Prêts à tout»Mardi, lors de la visite d’un

internat d’excellence à Montpel-lier, il confirme à tort l’arrivée auLiban de la journaliste du Figaro,Edith Bouvier, blessée à Homs enSyrie. Sans doute est-il parvenuàsemer le trouble à Radio France,en dénonçant, sur France Inter,l’engagementdudirecteurdeFran-ce Culture, Olivier Poivre d’Arvor,en faveur du candidat Hollande,mais le pointmarqué ainsi ne suf-fit pas à rassurer les troupes.

Lesmalheursdel’unfontlebon-heur de l’autre, même si le candi-dat PS ne le dit pas trop fort. Mer-credi soir, dans l’Eurostar qui leramenait de Londres, M.Hollandecommentaitencestermesl’entréeen campagne de M.Sarkozy. «Sonidée,dès ledébut, çaaétéd’impres-sionner. Impressionner en usantsans cesse de l’invective, impres-sionnerenannonçantuneproposi-tion fracassante chaque jour,impressionner en promettant unemobilisationexceptionnelle. Jen’airien trouvé de très impressionnantpour l’instant.»

PourManuel Valls, «M.Sarkozyn’a pas raté son entrée en campa-gne dans la mesure où il a quandmêmeréussiàressouder l’électorat

de droite autour de lui, mais onvoit bien que l’énergie de 2007 n’yest plus». Le directeur de la com-municationdu candidat socialistedit s’en être aperçu huit joursaprès la déclaration de candidatu-reduchefde l’Etat.«Onasenti queça ne prenait pas, qu’il n’avait pasgrand-chose à dire sinon attaquerHollandematin,midi et soir, dit-il.Cela dit, nous devons rester vigi-lants : ce qui s’est passé à Bayonneet les propos de Sarkozy sur “l’épu-ration” montrent que ces gens-làsontprêtsàtoutpourgarderlepou-voir. Face à cela, il faut bien sûrrépondre aux attaques, mais nepas tomber dans l’invective. Carc’est cela, au fond, que chercheSarkozy: abaisser le débat.»

Dans l’entouragedeM.Sarkozy,l’on veut encore y croire, avec lemeetingde Bordeaux, où il va par-ler de République et d’immigra-tion, et avant le grandmeeting deVillepinte le 11mars. Sur France 2,le 6mars, Nicolas Sarkozy devraitaffronter Laurent Fabius et a laisséentendre qu’il avait proposé unduelavecJean-MarieLePen,histoi-re de semer la zizanie entre le pèreet la fille.

François Fillon et Jean-FrançoisCopé se battent, eux, pour affron-ter M.Hollande, dans la mêmeémission, le 19mars. Il s’agit degagner le mérite d’avoir débattuavec leprobable futurprésident.p

ArnaudLeparmentier etThomasWieder

Bayonne(Pyrénées-Atlantiques)Correspondant

Lors d’unpassage de quelquesheures auPays basque, jeudi1ermars,Nicolas Sarkozya renouéavecune régiondont il avait déjàrencontré la «société civile» entant queministre de l’intérieur le20décembre 2003. «Moi qui nesuis ni basque, ni béarnais, ce com-bat pourune reconnaissancede ceque vous êtes, de ce que vous ontlaissé vos parents, de ce dont vousêtes fiers, ce combat-là, si vous levoulezbien, je le porterai avecvous», avait-il alors affirmé.

Cette fois-ci, que ce soit la recon-naissance institutionnelleduPaysbasque, le sort desprisonniersbas-ques, la sauvegardede la langue,tous ces sujetsont été àpeineeffleurés. Leprésident-candidatafait face, tant lorsde la visited’uneexploitationagricolequedans les ruesduPetit-Bayonne,àunesérie d’opposantsqui, réunisenuneconvergencede circonstan-ce, ont renduson séjouragité.

D’abordà Itxassou, dans lazoneAOP (appellationd’origineprotégée)dupimentd’Espelette,veulent l’interpeller les collectifscontreune ligneàgrandevitesseentreBayonneet l’Espagne,maisaussi des indépendantistesqui

réclament le rapprochementdesBasques incarcérés, une revendica-tionà laquelleM.Sarkozyne sedéclare«pas hostile», «parhuma-nitépour les familles».Mais lesmanifestants sont tenusà distan-ce, le platde résistanceétant icil’agriculture.

Ensuite, une foule compacteattendM.Sarkozy, qui tentedepar-courir les rues duPetit-Bayonneencompagnied’élusUMP: JeanGrenet,mairede la ville, et députédesPyrénées-Atlantiques,MichèleAlliot-Marie, députée, etAlainLamassoure,parlementaireeuro-péen.Dans la cohue, leshuées ledisputantauxapplaudissements,le cortège se fraye avecpeineunchemindans les rues étroites,d’unecharcuterie arborantdesjambonsdeBayonneàuncaféoùle candidat rencontredes respon-sables économiqueset sociaux.

Contradicteurs et curieuxSur le parcours et avant la fin

de ce rendez-vous, la rue réunittoutunéventail local de contradic-teurs: les écologistesdeBizicontre «le travail de 7 à 77 ans»,desnationalistes basques enfaveurde l’indépendance, le col-lectif Baterapourune collectivitéterritorialePaysbasque et de jeu-nesmilitants socialistes brandis-santdes portraits de FrançoisHol-

lande.Quelques caillouxvolent,la foule grossit, la police devientnerveuse tandis que fusent les«Au revoir, président», «T’es paschez toi ici !».

DesmilitantsUMPse fontégale-mententendreavecdes«Nicolas,président», tandisquedescurieux,venusennombre, espèrentappro-cher le visiteur, sinon l’ajouterauxphotosde leurs smartphones.Desanonymesrevendiquent«laparo-leà tout lemonde», etune com-merçanteremarque:«Lui, aumoins, il a eu le couragedevenirauPetit-Bayonne.»

Lapressionmonte. Les CRSdégagent les alentours. Tout souri-re et délivrant remerciementsetpoignéesdemainsdans la bouscu-lade,M.Sarkozy regagne sa voitu-re. Les policiers se dispersent, lesous-préfet estmoins tendu.

Le secrétaire départementaldel’UMP,MaxBrisson, s’insurge:«Lesmilitants socialistes, présentsavec leurs élus, ont aujourd’huiperdu tout sens de la traditionrépublicaine.» Et de prendre àpar-tie ColetteCapdevielle, conseillè-remunicipale socialiste deBayon-ne et candidate aux législatives,en lui lançant: «Vous faites allian-ce avec les indépendantistespourempêcherun candidatde fairecampagne!» p

MichelGaricoix

NicolasSarkozygrogne,FrançoisHollandesouritUnesemainedefauxpass’achèvesurunsondagenégatifpour lecandidatde ladroiteetpositifpourceluiduPS

DanslesruesduPetit-Bayonne,nationalistesetsocialistesinvectiventleprésident

30123Samedi 3mars 2012

Page 4: Le monde week end du 3-3-2012

AngersEnvoyé spécial

C ommentnepasresterlequa-trièmehommede la campa-gne, loin, trop loin du duel

annoncé entre François HollandeetNicolas Sarkozy? En reflux dansles sondages, où il obtient entre10,5% et 12,5% des intentions devote, François Bayrou veut se faireentendre. En attaquant, tous azi-muts, les deux favoris. Lors de sondeuxièmemeeting,jeudi1ermars,àAngers, leprésidentduMoDemlesa accusésde se livrer à une «suren-chère» jugée «irresponsable», ouencore«dangereuse».

C’est lepari ducandidat centris-te, résumé par son porte-parole,YannWehrling : «Aunmoment, ily a aura une overdose de FrançoisHollande et de Nicolas Sarkozy. Çane peut pas durer. A cemoment-là,François Bayrou s’imposera com-me une alternative à ce lavage decerveau.» Enattendant, patience.

Au MoDem, tout de même, onse gratte la tête en regardant leparadoxede la situationdu candi-dat Bayrou. Sa popularité dans lesenquêtes d’opinion est bonne. Sesqualités, dans les « traits d’ima-ges», commedisentlesprofession-nels de la communication, sontreconnues.Mais cela ne se conver-tit plus en dynamique d’inten-tions de vote, comme en début decampagne. Une lente érosion faitsonœuvre, sur fond de réflexe de«voteutile».

Comment faire? «Il vautmieuxavoir un candidat apprécié qu’uncandidat détesté comme NicolasSarkozy», estime un proche ducandidat. Le«déclic», croit-il, resteainsi possible. Même si, dans l’en-tourage de M. Bayrou commeailleurs, les certitudes suivent lacourbedes sondages.

Le candidat centriste a mis dèsla fin de l’été 2010 sur la table lesprincipaux axes de sa campagne:la lutte contre les déficits et la det-tepublique,ladéfensedu«produi-

re en France». Trop tôt? Il n’a, entout cas, pas l’intention de chan-ger de ligne. «Le plan B, c’est Bay-rou», s’amuse Robert Rochefort,vice-présidentduMoDem.

Ses adversaires défraient lachronique avec leurs proposi-tions?M.Bayrou joue en contre etveut s’attacher à apparaître com-me le candidat de la «cohérence»,le « seul » qui s’intéresserait au« redressement» du pays, faceàceuxdes coupsmédiatiques.

A Angers, le président duMoDem a réservé ses piques lesplus acérées à M.Hollande et à saproposition d’instaurer une taxa-tionà75%pourlesrevenusau-delàd’unmillion d’euros annuels. Uneproposition jugée «démagogi-que», relevant de « l’improvisa-tion» et de « l’amateurisme». «Sionn’aplus lapossibilitédefairefor-tuneenFrance, lesrichesdedemainseront les fils des riches d’aujour-d’hui», assène-t-il.

Et de décrire, en oppositionàl’initiative de M.Hollande, l’idéequ’il se fait d’une bonne campa-gne, la sienne évidemment.«Achaque meeting, [MM. Hollan-de et Sarkozy] proposent une idéenouvelle. C’est le contraire d’une

campagne fondée et puissante,une campagne qui ne change pasde capet qui défend la cohérence.»

Un coup asséné à M.Hollande,uncoupportéàM.Sarkozy: le chefdel’Etatestéreinté,lui,poursapro-position d’augmenter le temps deprésence des enseignants dans les

établissements. «Je suis outré queles responsables publics quidevraient défendre les enseignantssoientceuxquiperpétuellement lesaccablent», attaqueM.Bayrou.

Dans son équipe, on guette les«erreurs»desadversaires.Lecandi-dat centriste, qui affirmeque «l’al-ternance [lui]paraîtacquise», veuttoujours croire qu’il peut incarnerle«voteutile» contreM.Hollande,si d’aventureM.Sarkozydécroche.

Jeudi soir, dans le TGV qui ren-tre d’Angers vers Paris, les imagesdu président-candidat chahutéàBayonne (Pyrénées-Atlantiques)passentdemainenmain.«Cen’estpasbonpourlui», constateladirec-tricede campagne,MarielledeSar-nez. «Comment a-t-il pu aller dansle “Petit-Bayonne” [fief connu desnationalistes basques]?, s’éton-ne-t-elle. Il croit que Bayonne, c’estSaint-Jean-de-Luz.» La campagnesera rugueuse.p

Pierre Jaxel-Truer

M arine Le Pen n’a toujourspas les 500parrainagesnécessaires pour se pré-

senter à l’élection présidentielle.Invitée au 20heures de France2,jeudi 1ermars, la présidente duFrontnationalaaffirméqu’elledis-posait de 452 signatures fermesd’élus. Elle en a appelé à « l’espritdémocratique et républicain» desmaires.

MmeLe Pen et ses équipes ontdonc encore dix jours ouvrables,jusqu’au 16mars, pour trouver les48paraphesmanquants.Soitpres-que 5parrainages effectifs parjour.

Ce travail d’ampleur va encoreparasiter lacandidaturedeMarineLe Pen à l’élection présidentielle.En effet, au FN, toutes les forcessont aujourd’hui employées à cet-techasseauxsignatures,quimobi-lise tous les cadres du parti, jus-qu’à la candidate elle-même.

Malgré cette situation critique,la prétendante à l’Elysée devaittoutdemêmefaireunevisite,ven-dredi, au Salon de l’agriculture.L’occasion pour elle de délivrerson message aux agriculteursmais surtout de réparer les dom-magescausésparlapolémiquesurla viande halal qu’elle avait lancéeilyaunedizainedejours.Elleavaitalorsdéclaréque «l’ensemblede laviande (…)distribuéeenIle-de-Fran-ce, à l’insu du consommateur, estexclusivement de la viande halal»et que «tous les abattoirs d’Ile-de-France vendent du halal, sansexception».

Le 29 février, Mme Le Pen apublié,sursonsite InternetRurali-té2012,unelettreouverteàla«filiè-reviande»pourdissiperlesmalen-tendus.«Jenesuispasunemenacepour vos professions», écrit-elle.Les professionnels de la filière sesont dit, en réponse, pris «en ota-

ge»par la politique et «particuliè-rement»parMmeLePen.

Lorsde savisiteauSalon, la can-didateFNentendparailleurs reve-nirsur lamesurepharedesonpro-jet concernant l’agriculture, àsavoir la sortiede lapolitiqueagri-cole commune (PAC) et lamise enplace de la Politique agricole fran-çaise. Cette «PAF» serait financéepar la «réduction de la contribu-tion globale au budget européen»de la France. En clair, il s’agiraitd’injecter «autour de 15milliardsd’euros»chaqueannéedanslesec-teur agricole français, contre les«20milliardsd’euros»annuelsver-sés actuellement au budget del’Union européenne (UE). Une UEquine rendà la Franceque«13mil-liards d’euros, PAC comprise »,selonMmeLePen.

La candidate jouit d’une bonneimage chez les agriculteurs. Selonun sondage IFOP-Fiducial réalisépour le site Internet du Journal dudimanche et publié le 24 février,elle arriverait en deuxième posi-tion en intentions de vote chez lesagriculteurs avec 17%, soit 1pointdevant François Bayrou, NicolasSarkozy étant largement devantavec 40%.

«Le vote agricole, c’est 900000personnes. Le thème de la ruralité

est plus important: c’est 11millionsde personnes. L’agriculture n’estqu’un aspect de cette problémati-que»,estimeainsiLouisAliot,vice-président du Front national char-gé du projet. D’où l’opération deséduction lancée vers la «Francerurale».

Ruralité et services publicsLe 26 février, à Châteauroux

(Indre), MmeLe Pen a fait un dis-cours sur la ruralité et la défensedes services publics. «Le thème dela ruralité permet d’aborder desthèmesimportantspournouscom-me ladéfensede l’école, laquestiondes transports, de La Poste… Celamontre notre rupture par rapportaux politiques libérales européen-nes», complète Florian Philippot,directeur stratégique.

Pour les frontistes, cette Francerurale est d’ailleurs celle qui repré-sente le mieux la France des«oubliés», que MmeLe Pen entendbien incarner. Beaucoup plus entout cas que les banlieues, totale-mentabsentesdesesdiscours.«Lesbanlieues, ce n’est définitivementpas un objectif de la campagne»,assène M.Aliot, qui voudrait, aucontraire, que Marine LePen soit«la candidatedes campagnes». p

AbelMestre

L’imaged’un tauxconfiscatoire sur une toutepetite fractiondes

contribuablesn’auraaucun effetet ne produiraaucune recette.»FRANÇOISHOLLANDE, lors d’un débat organisé parMediapart avec

l’économiste Thomas Piketty il y a un an, le 28 janvier 2011. Cette phrasea été exhumée le 1ermars par l’UMPpour railler « lesmensonges deM.Hollande», qui plaide pour une tranche d’impôt sur le revenu à 75%.

présidentielle 2012

J ean-Pierre Raffarin est un«affectif » assumé. NicolasSarkozy, «un affectif qui secache».Danssonlivredesouve-

nirs, l’ancien premier ministre deJacquesChiracdressed’uneplumevive et acerbe le portrait du prési-dent-candidat, un dirigeant quiaffiche, selon, lui, « cynisme etdureté pour masquer ses hésita-tions, ses recherches».

Les deux hommes se connais-sentbien. Ils se sont observés, cha-cun dans un camp opposé, Raffa-rinauxcôtésdeM.Chirac, Sarkozyengagé auprès d’Edouard Balla-dur, en 1995. Ils se sont rappro-chés, redécouverts lorsqueM.Sarkozyfutleministredel’inté-rieurdeM.Raffarinen2002.S’il l’asoutenuen2007ets’ilpenseenco-re, en 2012, qu’il est le meilleurpour battre la gauche, le sénateurde laVienne revendiqueune liber-té de parole à l’égard de celui qu’iln’a pas hésité à critiquer tout aulongduquinquennat.

«Le président peut être impres-sionnantd’efficacité,enparticulieren matière internationale »,juge-t-il. Mais il le met en garde :«A être aussi cash, on risque lecrash, écrit-il dans une de ces for-mulesquisontsamarquedefabri-que.Car, àmesure qu’il se présentecomme celui qui doit tout maîtri-

ser, tout régler, tout suivre, [il] s’ex-pose et semet en danger.»

Pour cet ancien giscardien,M.Sarkozy a de nombreux traitscommunsavecValéryGiscardd’Es-taing: «deux grands séducteurs»,qui «n’aiment pas trop s’attarderauprès des gens». « Ils vont tropvite, note l’auteur. Ils serrent desmains,s’adressentàunauditoire,etdéjà ils sont ailleurs.» «Tous deuxs’épanouissent dans l’action, dansla décision. Mais ils entretiennentune relation peu affective avec lepays, un rapport assez mécani-que», regrette-t-il.«LeproblèmedeSarkozy, ce n’est pas quand il parle,maisquandilécoute.Onnesentpasson bonheur d’écouter, assureM.Raffarin. Hyperactif, Sarkozyn’aimeni les silencesni lespauses. Ilsature l’espace, il bombarde l’autredesesarguments, il l’envahitde sonverbesansluidonnerletempsd’assi-miler,depeser le pour et le contre.»

Et l’auteur de délivrer ses« conseils d’ami» à celui qu’iltutoie : «Travaille tes silences.Ralentis. (…)Baissed’unton (…),pla-ce des points d’interrogation danstes propos.» M.Sarkozy apprécie-ra. Donc, n’apprécierapas p

Vanessa Schneider

«Je marcherai toujours à l’affectif»,Flammarion, 350pages, 21,90euros

.(+.2)'(#5( 423*(

,"/1)( 4/+!3& $"%0 -). .4,

s LIVREDE CAMPAGNE Jean-PierreRaffarinpublie«Jemarcherai toujoursàl’affectif»

Conseilsd’«ami»auprésident-candidat

NicolasDupont-Aignandénonce«leretourduservage»

Aucoursd’unevisitedesixheures,jeudi 1ermars, auSalonde l’agricultu-re,NicolasDupont-Aignan, candidatdeDebout laRépubliqueà l’électionprésidentielle,a fustigé le contratdefourniturede laitproposéparLactalisauxexploitants. Legroupe laitierpres-se lesproducteursdecontractualiserpouruneduréeminimumdecinqans, en les incitantà signer avant le31mars.«C’est le retourdu servage,s’est indignéM.Dupont-Aignan.Demain,à toutmoment, Lactalispeut

déciderd’unprixd’achat inférieurauprixdeproductionet leproducteurserapris à lagorge.» Il plaidepour lemaintiend’unsystèmedequotas,dont la fin estprévueen2015, et le retouràdesprixplanchersgarantis:«Chiracn’avait jamais cédé là-dessus, Sarkozya cédédès sonarrivée.» Ilappelledoncà«unecrise salvatricedans l’Unioneuropéennepour sauverlesagriculteurs». (PHOTO : AFP)p PatrickRoger

Lecandidatcentristejuge«démagogique»lapropositiondetaxationdeshautsrevenusdéfendueparM.Hollande

François Bayrou, à Angers, jeudi 1ermars. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH POLITICS POUR « LE MONDE »

Faceaux«improvisations»desesrivaux,M.Bayrouvantesa«cohérence»LecandidatduMoDemespèrebénéficierdans l’opiniond’une«overdose»deM.SarkozyetdeM.Hollande, expliquesonentourage,qui leprésentecommeunparfait«planB»

Un tour pendable. C’est ce quiest arrivé à Jean-Marie LePen en1981. En cause : l’attitudeduRPRde JacquesChirac qui lui avaitfait«de fausses promesses depromesses». Le président d’hon-neur du FNse souvient en sou-riant de ce coup, qui l’empêchadese présenter à l’élection prési-dentielle.«Nous étions dans lesderniers moments du recueil dessignatures. Une centaine de mai-res avaient donné leur promesse.Avant de les retirer le même

jour!», raconteM.Le Pen.«Jen’ai pas eu le temps de me retour-ner et je n’ai pas pu me présen-ter.»Aujourd’hui, au contraire,l’ancien candidat aux électionsde 1974, 1988, 1995et 2007 seveut rassurant.«On a un certaincontrôle sur ceux que l’on sollici-te», assureM.LePen. D’ailleurs,selon lui, cette année, beaucoupdepromessesdemaires sonthonorées.Davantage, en toutcas, que lors des électionsoù ilconcourait.

Assurance-vie :Michel Sapin précise le projet HollandeMardi 28février,Michel Sapin, chargéduprogrammeprésidentiel deM.Hollande, avait annoncéqu’en casde victoirede la gauche, l’assuran-ce-vie serait soumiseaubarèmede l’impôt sur le revenu. Le 1ermars, il apréciséque cettemodificationne concernait en fait que les contratsdéte-nusdepuismoinsdehuit ans; ceuxdétenusdepuisplusdehuit ans res-teront soumis àunprélèvement forfaitaire libératoirede 7,5%.

Le sénateur (PS) de l’IsèreAndré Vallini trouveun accord avec une ancienne collaboratriceC’est la find’une affaire embarrassantepourAndréVallini, conseillerdeFrançoisHollande sur les questionsde justice. Devant le conseil desprud’hommesdeGrenoble, jeudi 1ermars, il est parvenuà trouver unaccordavec son ex-attachéeparlementairequi l’accusait de« licencie-ment abusif, harcèlementmoral et discriminationà l’âge».

Jean-Marie LePen se souvient de sa déconvenue de 1981

MarineLePenaquinzejourspourconvaincre48élusLeFNconsacre toutes ses forcesàréunir les500parrainagesqu’ildoitdéposer le 16mars

70%C’est, selonunsondage réaliséparCSApour Les Echos, laproportiondeFrançaisquisouhaitent«avoirdavantaged’enseignants,quelquesoit leurniveaudesalaire». Lapropositiondecréationde60000postes,défendueparM.Hollande, sembledonc préférée à celle deM.Sarkozy, qui souhaite«moinsdeprofs,mieuxpayés »etne convaincque26%desFrançais.

4 0123Samedi 3mars 2012

Page 5: Le monde week end du 3-3-2012

international

Entretien

JérusalemCorrespondant

D an Méridor, 64 ans, est leministre israélien chargédu renseignement et de

l’énergie atomique. Membre duLikoud, le parti du premierminis-tre, Benyamin Nétanyahou, il estconsidéré commeunmodéré.Onassiste à une accélérationdes rencontres entre responsa-bles israéliens et américains àpropos de l’Iran. Quelles sont lesdifférences d’approche?

Larencontre, lundi5mars,entrele premierministre israélien, Ben-yaminNétanyahou,etBarackOba-maest trèsimportante,carperson-nenedoutequelemeilleurmoyende gérer la question iranienne,c’est parune coordinationdespar-ties concernées, qui ne se résu-mentpasà Israël et auxEtats-Unis.

Il existe aujourd’hui une coali-tion associant le monde arabe, àl’exceptiondelaSyrie,lespaysocci-dentaux et asiatiques, et on com-mence à voir les effets des pres-sions sur la direction iranienne. Ilfaut donc accroître les sanctions.Un pas considérable serait franchisi la Russie et l’Inde se joignaient àcette coalition. Si les Etats-Unisfontdelaquestiondunucléaireira-nien leur priorité, je suis sûr qu’ilspourraient convaincre Moscou des’associerauxsanctions.Laposition américaine est dedonner du tempsaux sanctions.OrM.Nétanyahouestimequ’elles ne sont pas efficaces…

Il a dit qu’elles n’ont pas encoreobtenuderésultats,cequiest indé-niable, mais cela ne veut pas direqu’ellesn’enproduirontpas.

Sices sanctionsadressentclaire-ment aux Iraniens le messagedéterminé et persistant que, entoutétatdecause, ilsn’obtiendrontpas la bombe et que le prix qu’ilsdoivent payer ne cesse d’augmen-ter,j’aitendanceàpenserqu’ilspeu-vent reconsidérer leurdécision.

Pourcela, ilfautdonnerdelacré-dibilité, de la substance, à cetteéventualité évoquée à plusieursreprises par le président améri-cain, selon laquelle « toutes lesoptions [sous-entendu militaires]sont sur la table». Les Iraniensdoi-vent savoir que c’est sérieux, ques’ils ne modifient pas leur politi-que, c’est une réelle possibilité. Laquestion à laquelle je ne peux pasrépondre, c’est de combien detempsnousdisposons…C’est la question de la «lignerouge», au-delà de laquelleIsraël devra agirmilitairement…

Je n’aime pas cette notion de«ligne rouge», parce qu’elle a ten-danceàligoterlesmainspourl’ave-nir ! Ce qui est sûr, c’est que letemps presse, parce que nous ne

pouvons pas attendre indéfini-ment.C’estunprocessusquis’accé-lère, parce que les pressions vontcrescendo. Nous n’en sommes pasaufortissimo,maislesIraniensdoi-vent savoir quenousyarriverons.

Je ne veuxpas évoquer l’optionmilitaire, non pas qu’elle n’existepas, au contraire. Peut-être suis-jeseuldans ce cas auseindugouver-nement israélien, mais je pensequ’il n’est pas nécessaire, et qu’ilestpeut-êtremêmecontre-produc-tif, d’en parler publiquement.Si Israël arrive à la conclusionque l’Iran s’approche du seuilnucléaire, doit-il agir en dépitdes risques?

Si l’Iran acquiert la bombe avecle même régime à Téhéran, lamême idéologie d’exporter sarévolution, de dominer le mondemusulmanetarabe,donc lemêmeIran,mais avec des armes nucléai-res, la situationsera-t-ellemeilleu-re ou pire pour le monde? Le pro-blèmeiraniennedisparaîtraitpar-ce que nous cesserions de nous enoccuper. Alors, bien sûr, il y a desrisques, mais il faut les envisageravec la perspective d’un Iran dotéd’armesnucléaires.Israël doit-il prendre sesdécisions seul, parce qu’il s’agitde sa souveraineté?

La meilleure chose, pour n’im-porte quel pays, ce n’est pas d’agirde manière solitaire. Plus on peutagir collectivement, mieux c’est.Mais,parfois,c’estnécessaire.Dansce cas, il faut envisager ce queseront les résultats. Israël décideseul tous les jours, souveraine-ment. Cequin’est pas correct, c’est

de présenter cette question com-me si c’était un problème seule-mentpourIsraël,mêmes’ilestvraique nous sommes le seul pays dumondecontrequi l’Iranaunepoli-tique d’élimination, d’anéantisse-ment, pour qui Israël n’a pas ledroit d’exister. Parfois, dans notrehistoire, nous avons agi seuls. Sinouspouvonsagir collectivement,c’estpréférable,maisjenecroispasque la communauté internationa-le agira pour nous, personne necombattrapournous,nousdevonsnousdéfendrenous-mêmes.Israël dit qu’il soutient la créa-

tion d’un Etat palestinien, toutenpoursuivant la colonisation.N’est-ce pas contradictoire?

La ligne des frontières de 1967estmorte.Tout lemondesaitqu’el-le ne sera pas la frontière dedemain,parcequelesblocsdecolo-nies [érigés en territoirepalestinien] feront partie d’Israël.Jepenseeneffetque lapolitiquedecolonisation doit être cohérenteavec lesdéclarationspolitiquessurla paix: nous devons continuer àpermettre les constructions pourles Israéliens dans les zones quiferont in fine partie d’Israël, les

blocsdecolonies.Maiscelanenousaide pas de continuer à construireau-delà de ces zones. Parce que, s’ily a un Etat palestinien à l’avenir, iln’est pas cohérent de construiredans les zonesconcernées.

Quant au paradigme de «deuxEtats», il sembleêtreapprouvéparles deux parties, mais la questionestdesavoirsicelasignifielafinduconflitousimplementunenouvel-lephasedecelui-ci. Jen’aipasenco-re entendu l’OLP [Organisation delibération de la Palestine], et biensûr pas le Hamas, reconnaître quelorsqu’il y auraunEtat palestinienil n’y auraplusde réclamations.

Ils disentmême le contraire, ensoulignant qu’il faudra encorerégler laquestionduretourde 3ou4millions de réfugiés ! Cela veutdire que les Palestiniens auraientun Etat et, en plus, le droit de venirvivre en Israël ! Nous disons que,lorsqu’il y aura une frontière, il nepourra plus y avoir de contesta-tions territoriales. Les Palestinienspourront vivre dans leur patrie, enPalestine,pasen Israël.

L’absence de négociations estunemauvaisechosepour lesPales-tinienscommepournous.Lasitua-tionparaîtcalmeaujourd’hui,maisc’est une illusion. Dans le camppalestinien, comme dans tout lemonde arabe, le mouvement reli-gieux devient plus fort. Or leHamasfaitpartiedesFrèresmusul-mans: si l’OLPn’apas lecouragedeprendre des décisionsmaintenantpour mettre fin au conflit, c’est leHamasqui risquede l’emporter.p

Proposrecueillis parLaurentZecchini

«SiTéhéranacquiertlabombeaveclamêmeidéologied’exportersarévolution,cela

sera-t-ilmieuxoupirepourlemonde?»

«LesIraniensdoiventsavoirquec’estsérieux»LeministreisraélienDanMéridorjugequelessanctionspeuventforcerTéhéranàrenonceràsesambitionsnucléaires

SEBASTIAN SCHEINER/AP

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international

Pékin, TokyoCorrespondants

L a pression monte autour dusort de plusieurs dizaines deréfugiés nord-coréens arrêtés

cesdernièressemainesparlaChineetdontSéouldénoncelerenvoipro-gramméenCoréeduNord.Lapério-de de cent jours de deuil nationaldécrétée depuis la mort de KimJong-il, le 17décembre, est particu-lièrement propice à la répressiondes«rapatriés» à leur retour.

En visite à Séoul, vendredi2mars, le ministre des affairesétrangères chinois, Yang Jiechi, atout lieud’êtrepressépar seshôtessur ce point, même si la Chine nesemble avoir aucune intention des’écarter de sa position officielle :«Leurentréeillégaleestdueàdesrai-sons économiques, et nous n’avonspas assez d’éléments pour les quali-fierderéfugiés»,s’estdéfendu,mar-di, le porte-paroleduministèredesaffairesétrangèreschinoises,HongLei. Ajoutant le lendemain, que laChines’opposaitàl’appellancélun-di par la Corée du Sud auprès duHaut Commissariat aux droits del’hommede l’ONUàGenève.

Pékinest très soucieuxde la sta-bilité durant la période de transi-tion à Pyongyang. Aussi les troisvagues successives d’arrestationsd’une quarantaine de réfugiés,débutfévrier,dans lenord-estde laChine – les premières depuis l’ac-cession au pouvoir de Kim Jong-un, fils cadet du dictateur défunt –ont-elles alarmé les organisationshumanitairessud-coréennes.

Selonunmembred’uneorgani-sation venant en aide aux réfugiésàSéoul, lescontrôlesauxfrontièresont été renforcés alors que, jus-qu’en décembre, les gardes pou-vaient être soudoyés. Les passagessont beaucoup moins nombreux.En outre, selon la même source, laCorée du Nord a envoyé en Chinedesagentssurveillantlesgaresrou-tièresetferroviairesdanslesprinci-palesvillesdunord-estde laChine.

D’autres infiltrent les réseauxde réfugiés en se faisant passerpour des candidats à l’exil – ceserait le cas d’un des groupes deréfugiésarrêtésdébutfévrieràShe-nyang (province de Liaoning). Despunitions sévères attendent ceuxqui sont reconduits.

Réseaux d’exfiltration2727Nord-Coréensauraientain-

si gagné ainsi la Corée du Sud en2011,selonleministèredel’unifica-tion sud-coréen, et 21000 depuisles années 1990. Des milliersd’autres passent la frontièrechinoise de manière temporaire,pour travailler quelques mois enclandestinou,danslecasdesNord-Coréennes, pour être «mariées».

Si les autorités chinoises tolè-rent jusqu’à un certain point cesincursions, qui jouent un rôle desoupape, elles font la chasse auxréseauxd’exfiltrationmis enplacepar des organisationsprotestantessud-coréennes, étiquetées «forceshostiles» en Chine. Les réfugiésarrêtés sont en général détenusdans un centre de transit près deTumen, où les policiers nord-coréensviennent les récupérer.

A Séoul, le sort des réfugiésnord-coréens a suscité une fortemobilisation.UnecampagneInter-net a été lancée (Savemy-friend.org), et une parlementaire,Park Sun-Young, campe depuis le21févrierdansunetenteàproximi-téde l’ambassadedeChineàSéoulet y mène une grève de la faim.Pour la première fois, l’opinionpublique chinoise semble y êtresensible: l’observatoire de l’Inter-netGlobalVoicesnotait, enfévrier,le nombre important d’internau-tess’indignantdutraitementréser-vé à ceux que Pyongyang considè-re commedes«traîtres».pBricePedrolettietPhilippePons

SéouldénoncelapolitiquedePékinàl’égarddesréfugiésnord-coréensR estée silencieuse ces jours-

ci, l’oppositiona appelé àunrassemblement sur la place

Pouchkine,aulendemaindelapré-sidentielle du 4mars, pour laquel-le le premier ministre, VladimirPoutine, est donné favori. Alorsquel’issueduscrutinnefaitpasdedoute, pro et anti-Poutine sontdéjà dans la préparationde l’aprèsélection, chaque camp prévoyantd’occuper les rues de la capitaledèsle5mars.Lesprofêterontlavic-toiredu«leadernational», lesanticontesteront les fraudes.

Point positif, un compromis aété trouvé entre les opposants etles autorités, le scénario d’unerépression orchestrée par leKremlin une fois Vladimir Pouti-ne réélu n’est peut-être plus d’ac-tualité. Jusqu’ici, lamairie deMos-cou refusait à l’opposition la per-mission de manifester le 5marsdans le centre-ville, proposant deslieuxplus éloignés. Pour les oppo-sants,pasquestiond’allerà lapéri-phérie quand les jeunesses pouti-niennes se déploieront le 5marssur la grande place du Manège, àdeuxpas duKremlin. Lamairie deMoscoua cédéauxargumentsdesanti-Poutine mais le nombre departicipants a été limité à 10000.

La loi russe sur les manifesta-tions contraint les organisateurs àannoncer à l’avance le nombre departicipants, sécuritéoblige. En casde dépassement des effectifs, uneamende est infligée. Ce fut le caspour le grand rassemblement des«pro- Poutine» sur la colline dusouvenir à Moscou le 4février. Lesorganisateurs furent condamnés àune amende (1500 roubles, soit 38euros)quelepremierministres’en-gageaàpayerde sapoche.

Vingt manifestations sont pré-vues à Moscou les 4 et 5mars. Lamairie a fait preuve de souplessemaiselleneveutpasdedescampe-ments de tentes souhaités par unepoignée d’opposants, comme enUkrainelorsdela«révolutionoran-ge». En 2004, à force de campersur la place Maidan au centre deKiev pour dénoncer les fraudesélectorales à la présidentielle, lesUkrainiens avaient obtenu l’orga-nisation d’un second tour, qui

allait conduire à la victoire ducamppro-occidental.

«Nous sommes prêts à donnerdes espaces d’expression à tousceux qui le souhaitent mais il n’yaura pas de Maidan à Moscou,nous ne permettronspas l’installa-tion de villages de tentes dans lacapitale», a mis en garde SergueïSobianine,lemaire,dansuneinter-view publiée jeudi par le quoti-dienKomsomolskaïaPravda.

Le militant anticorruptionAlexeï Navalny, véritable coquelu-che de la blogosphère, n’exclut pasune occupation permanente desplacesmoscovites. «A unmomentdonné, nous descendrons dans larue et nous n’en sortirons plus. (…)C’est encore le meilleur moyen decombattre les tyrans», a-t-il expli-quéaumagazineAficha.

Les déclarations inquiétantesde Vladimir Poutine, prompt àaccuser récemment l’opposition

devouloir «flinguer»uneperson-nalité publique pour en accuserensuite les autorités, ont semél’émoi chez les opposants. «Dansl’entouragedePoutineilyadesper-sonnes pour qui “flinguer” quel-qu’un ne pose aucun problème, lepremier ministre ne devrait pasemployer un telmot», a déploré lejournalisteSergueïParkhomenko,l’un des organisateurs de lamani-festationdu 5mars.

L’autre affirmation du «leadernational», selon laquelle lesoppo-sants «vont eux-mêmes bourrerles urnes», a été interprétée com-meune façon d’annoncer les frau-des à venir. Le premier ministreattribue à ses détracteurs lesméthodesqu’ilaffectionne.Diffici-lepour luide s’extrairede sonpas-séd’agentduKGBpendantlapério-de soviétique.

Jeudi 1ermars, Golos, une ONGqui assure la surveillance du pro-

cessusélectoral,adénoncédesirré-gularités.«Danslesgrandesusines,desbureauxdevoteontétéouverts.Dimanche 4mars, jour du vote,sera une journée de travail. Lesouvriers voteront à l’usine, ce quipermet de les contrôler», expliqueGrigoriMelkoniants,undesanalys-

tesdeGolos.Commeàchaqueélec-tion,laCommissionélectoralecen-trale, dirigée par Vladimir Tchou-rov, un proche du premier minis-tre, a fait imprimer 3millions debulletins «volants» (otkrepitelnyetalony), prélude au vote multiple.Des fraudes massives sont atten-dues là où les observateurs sont

absents (Tchétchénie, Abkhazie etOssétie du sud en Géorgie, Trans-nistrie enMoldavie).

L’installation de 190000 camé-ras dans tous les bureaux de vote,n’est pas un gage de bonne tenuedu scrutin. «On effraie les grands-mères en leur disant que la camérava filmer ce qui est inscrit sur leurbulletin», expliqueAndreïBouzinedeGolos.

Golos, qui a formé 2000 obser-vateurs, est la cible d’une campa-gne de dénigrement. L’ONG a dûquitter ses locaux àMoscou, l’ordi-nateur de sa directrice Lilia Chaba-nova, confisqué en décembre, nelui a jamais été restitué. Récem-ment,sesresponsablesenprovinceont été conviés à des «conversa-tions prophylactiques» avec ledépartement E, chargé de la luttecontre l’extrémisme au ministèrede l’intérieur.p

Marie Jégo

Reportage

KrasnodarEnvoyé spécial

DmitriNovikovaurait pu fermerles yeuxet jouir tranquillementdebiensmal acquis, comme tantd’autres dans sa profession.Aulieude cela, ce juge a euunedrôled’idée: appliquer la loi. Entrepriserisquée enRussie.«J’aurais puavoir une carrière invraisembla-ble, recevoir desmillions dedol-lars, peser 150kg.Onm’a dit quej’étais fou.Mais je ne voulais pasvivre commeeux.»

Il enapayé leprixfort.Cemagis-trat élancéde39ansest la cibledesescollèguesetduFSB, les servicesspéciaux.Assisdans le restaurantd’unhôteldeKrasnodar, ausuddupays, il égrène les étapesde sachu-te etdécritun systèmevermoulu.

En2000, le jeunehommeestnomméàSotchi.Ancien lieuderepospourouvriersméritantsetdignitairessoviétiques, la villeaubordde lamerNoireest prisée. Lessanatoriumsdécrépis côtoientdeszones résidentiellesoù lesmai-

sonspoussentde façonanarchi-que. Sotchin’estpas encoredési-gnéevilleolympique– les Jeuxd’hiverauront lieuen2014–maiselle excelledéjàpour le crime.

Audébut, lemagistrat jouit dela vie. Aubania (bain) ou à table, ilcôtoie d’importants responsablesmoscovites en villégiature. Sesyeuxbrillent.Mais la réalité sedévoile. En 2002, le jugedécouvreun schémade corruption: desmagistratsdeKrasnodar et deSotchi ont privatisé 14hectares deterrains à bâtir. Enregistrés offi-ciellement sous le nomde 28 agri-culteurs, ils sont en réalité desti-nés aux juges et à leurs proches.Ceux-ci parviendront à les reven-dre à l’Etat, en 2009, pourunevaleurde 100millionsde dollars(75millionsd’euros).

DmitriNovikovobtient legeldes terres.Nous sommesen2004.Il est alors convoquédansunres-taurant. Il y a là certainsde sessupérieurs, ainsiquedes figurescriminellesde Sotchi, raconte-t-il.«Ilsm’ontdit que cetteaffairemet-tait en cause leurs intérêts. Ilsm’ontproposéundemi-hectaredeterreencompensation,pourunevaleurd’àpeuprèsunmilliondedollars.»

DmitriNovikovapeurmais ilne renoncepas. Il finit par interro-ger les agriculteursprête-noms,stupéfaits de découvrir la combi-ne. «Il y avait parmi euxunebibliothécairegagnant 3000 rou-bles [75 euros]parmois. Elle auraitbienaiméavoir un terrain valantdesmillions…» Les déclarationsdeces citoyens ontun effet : la resti-tutiondes terres à l’Etat, spolié

par ses propres serviteurs.Lesmagistrats sont fousde

rage.DmitriNovikovpoursuit sonoffensive.«J’ai écrit des rapportsauFSBetauComitéd’enquête fédé-ral sur ceque je savais, sur lesmagistrats, liésauxcriminels, quise construisentdeshôtels etdesmaisonsdeplusieurs étages.»AKrasnodar, le jugedevient radioac-tif ; il ne jouepas leur jeu.«Pourêtrenommédansun tribunalimportant, il fallaitpayer600000dollars auFSB, 200000àl’administrationprésidentielle»,assure-t-il. Le juge se retrouve iso-lé,privédedossier.«Je comprendsalorsque çapeutmal finir.»

Le 7avril 2010, il est arrêté àMoscou, alors que son statut luiassure l’immunité. Il est ramené àKrasnodaret placé endétentionprovisoire. Le cauchemardurerahuitmois. Aupremier interroga-toire, on lui suggère de choisir unarticle de loi, n’importe lequel,pour être condamné.Novikovdoit être coupable. Face à son

refus, l’enquêteur le frappeavecsondossier.

Par la suite, il estmisànuquasi-ment chaque jour. «Votrehon-neur, quel strip-tease y a-t-il auprogramme?», semoque-t-on.DmitriNovikovest égalementpla-cé sous des jets d’eau glacée.Unjour, il a lamauvaise idée de seplaindrede claustrophobie.Dèslors, on l’enferme régulièrementdansdes coffres enmétal oudesminifourgonnettes sans ventila-tion, qu’on fait rouler sans fin,malgré la chaleur écrasante.

Pendantdes semaines, lemagistrat saignedes oreilles, perdrégulièrementconscience. Tout lemonde s’enmoque. Lui écrit prèsde40plaintespar jour.«J’étaisprêt àmourir, je voulais êtrefusillé. La prison, c’est l’enfer surterre. Aubout d’unmois, on estprêt à tout signer. C’est pour çaqu’ils n’éprouventpas le besoind’étayer leurs accusations.»

Fait exceptionnel: le 20juin2011,DmitriNovikovaété rétablidanssesdroitsdemagistratparune instance fédérale spéciale.Mais il demeureà son tourpour-suivipour corruption,pours’êtreemparé illicitementde 17 lotsdeterrainsà Sotchi. Sesaccusateurssont ses ancienscollègues,qu’il adénoncésetquiveulent leneutrali-ser.Désespéré,hospitalisé,DmitriNovikova lancéunvéritableSOSsur Internet,début février, reprispardenombreuxavocats, quiontvudans cedestinunerépliquedel’affaireMagnitski, ce célèbrejuristemortenprisonennovem-bre2009,privéde soins.

ASotchi,une journalistede

renom,SvetlanaKravtchenko,aété lapremièreà interviewer lejuge.«Les servicesde sécuritém’ontalors convoquéeet essayédem’inti-mider, dit-elle. Ils ontaussi voulufaire croireque j’étaisunevendue.»

Fin janvier, leprésidentduComitéd’enquêtede la FédérationdeRussie,AlexandreBastrykhine,ademandé la réincarcérationdujuge. Il parasiterait les investiga-tions. LaCour suprêmedoit sepro-noncer. Lui espèreunprocèséqui-table, ailleursqu’àKrasnodar. Sonavenir? Il veutpostulerà tous lespostesvacantsauniveaufédéral;faireunfilmsursesdéboires.«Etpuis, j’iraipeut-être enpolitique.»

L’histoiredeDmitriNovikovestune rature éclatante sur lafameuse«dictaturede la loi»queVladimirPoutineprétendaitpro-mouvoir, à sonarrivée auKremlin

en2000. Legrand favoride l’élec-tionprésidentiellen’oseplusemployercette expression. Ledirecteurde sa campagne, le réali-sateur StanislavGovoroukhine, amêmeprétendurécemmentqueM.Poutineavait ramené la corrup-tionàunniveau«civilisé» et«nor-mal», après le «pillageouvert»des années 1990.p

Piotr Smolar

L’ONGGolos,quisurveille leprocessusélectoral,adénoncédesirrégularités

AMoscou, lesdeuxcampspréparentl’après-scrutinPartisansetopposantsdeVladimirPoutineappellentàmanifester le5mars, lendemaindupremiertourdelaprésidentielle

ASotchi,unjugepersécutépouravoirdénoncélacorruptiondesespairs

Onl’enfermerégulièrementdansdescoffresenmétaloudes

minifourgonnettessansventilation

«J’attends du changement», peut-on lire sur la pancarte de cettemanifestante anti-Poutine, àMoscou, le 26 février. DENIS SINYAKOV/REUTERS

Sotchi

300 km

Moscou

GÉORGIE

KAZAKHSTAN

UKRAINE

AZERB.AR .

TURQUIE IRAN

Mer Noire

RUSSIE

Krasnodar

PIOTR SMOLAR

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BeyrouthCorrespondance

U n convoi de 4×4 roule versl’hôpitalHôtel-DieudeBey-routh, plongé dans la nuit.

Il est 1h20, vendredi 2mars. Lesjournalistes Edith Bouvier etWilliam Daniels, escortés par desmembres de l’ambassade de Fran-ce,viennentd’entrerdanslacapita-le libanaise.

Leur sortie de Syrie a été confir-méedans la soiréepar le présidentde la République française,NicolasSarkozy, en déplacement à Bruxel-les. Aucune rencontre n’est possi-bleaveclesdeuxjournalistes,trans-férés au servicedesurgences.

Une source diplomatique indi-que qu’Edith Bouvier, grièvementblesséele22févrierdanslebombar-dementdu centredepresse oùellesetrouvait,àHoms,a la jambegau-che plâtrée. Un avion devait rapa-trier lesdeuxFrançaisvendredi.

ABeyrouthetàParis, lesoulage-ment est immense. Une premièretentative d’exfiltration, lundi,avait failli tourner au drame: lapetite troupe composée des Fran-çais, de deux autres journalistesétrangers et demembres de la bri-gade Al-Farouk de l’Armée syrien-ne libre (ASL) avait été visée pardes bombardements de l’armée.Seul le photographe britannique

Paul Conroy avait alors pu gagnerle Liban, tandis que ses collèguesétaient ramenés vers Homs. Mer-credi, Javier Espinosa, correspon-dant du quotidien espagnol ElMundo, avait pu à son tour rejoin-dre le Liban.

Ce sont de nouveau les rebellesdel’ASLquiontpermisl’arrivéeenterritoire libanais, jeudi soir, desdeux journalistes français. Lafaçon dont cette opération à hautrisque s’est déroulée n’est pourl’instantpas connue.

Derrière eux, Edith Bouvier etWilliam Daniels laissent une villeravagée, reprisepar les troupesdurégime, qui avait lancé, mercredi,une vaste offensive. En débutd’après-midi, jeudi, une sourcesécuritaire à Damas a affirmé que«l’arméesyriennecontrôlelatotali-té de Baba Amro, les dernièrespoches de résistance sont toutestombées».Cemême jour, dix-septcivils ont été tués lors de combatsentre l’ASL et les troupes réguliè-res, aux abords de Baba Amro,selondesmilitants.

L’Armée syrienne libre, par lavoix de son chef, le colonel RiadAl-Assad, a annoncé dans l’après-midi avoir opéré un «retrait tacti-que» de Baba Amro, «par soucipour les vies des civils restants».L’opérationd’évacuationdesdeuxjournalistes français, si elle s’est

biendérouléedepuis cequartier, àla tombéede lanuit, jeudi, commeil a été précisé auMonde, tendraitpourtant à montrer que les rebel-lesmaintenaienttoujoursunefor-medeprésence àBabaAmro.

Pour l’expert militaire RiadKahwaji, le retrait des combat-tantsdel’ASLdeBabaAmros’expli-que par le fait que « l’ASL disposed’un armement léger et mène uneguerredeguérilla.Cen’estpasdansson intérêt de s’engager dans unebataille frontale avec l’arméesyrienne».

L’expert estime que « le retraitd’Homs aura certes un impact surlemoral de l’ASL, mais il nemettrapas fin à son action. Le combat enSyrie est loind’être fini, et l’avancéede l’armée syrienne à Homs n’estqu’un gain tactique limité», a-t-ilajouté. LeConseilnationalsyrien(CNS), principale plate-forme del’opposition, a annoncé jeudi qu’ilallait organiser des livraisons d’ar-mes aux rebelles en Syrie à traversunnouveaubureaumilitaire,dontla base, encore à déterminer, pour-

rait être situéeenTurquie.A Homs, assiégée depuis début

février, la détresse est immense.«L’eau et l’électricité sont entière-ment coupées depuis mardi, àBaba Amro et Inchaat [quartiersvoisins, dans le sud-ouest de laville].Nousn’avonspas demazoutpournouschauffer. Il aneigé, il faittrès froid. Il y a de nombreux bles-sés.Aidez-nous,maintenant!», lan-ce Samy, jeune militant basé àInchaat et contacté par Skype.

DanslesruesdeBabaAmro,l’ar-méesyrienneaprocédéàdesarres-tations et à des perquisitions «àl’aveuglette», selon une militantedu Conseil révolutionnaired’Homsétablie à l’étranger.

Le Comité international de laCroix-Rouge (CICR) et le Croissant-Rouge syrien devaient distribuerde l’aide vendredi 2mars dans lequartiermartyr,cequ’ilsn’avaientpas pu faire depuis le lancementde l’offensive de l’armée syriennedébut février.

L’arméesyrienneaenfinannon-cé jeudi avoir retrouvé lesdépouilles de Rémi Ochlik et deMarie Colvin, tués le 22 février àHoms, lors d’un bombardement.Les corps des journalistes françaiset américain avaient été ensevelispar les militants antirégime dansun cimetièredeBabaAmro.p

Laure Stephan

T rois semainesaprès la frappeaérienne demandée par l’ar-méefrançaise lorsd’uneopé-

ration en Afghanistan qui a tuéhuit jeunes d’un village, les élé-mentslivrésparlesenquêtesafgha-neetde l’OTANauxquelsLeMondea eu accès, pointent le manque decoordinationentrelesforcesafgha-neset cellesde la coalition.

Le 8février, vers quatre heuresdumatin, des forces spéciales fran-çaises prennent position à 900mautour du village de Geyawa aunord de la province de Kapisa (dis-trict de Nijrab). Ils préparent l’arri-véedesoldatsfrançaisetd’Afghansde la compagnie d’intervention delapoliceprovinciale(PPRC).Lamis-sionviseundépôtd’armes.

L’opérationbénéficied’unecou-verture aérienne, des avions decombat vont survoler la zonepen-dantcinquanteminutesetdesdro-nes resteront en position toute lamatinée. La veille, lors du briefingde préparation, les soldats ont euun aperçu du lieu. Ce village n’estpas une base de l’insurrectionmais un lieu d’approvisionne-ment en armes. Les insurgéslocaux, talibans ou Hez-i-Islami,issus de l’ethnie pachtoune, s’yapprovisionnent. Les Tadjiks,majoritaires dans cette zone de laKapisa, s’y réarment également.Selon un officier français, àKaboul, « le réarmement tadjikn’est pas hostile aux Français et,pour ne pas attirer l’attention surles caches d’armes, les insurgés nes’attardentpas dans ces villages».

L’arrivée des soldats français etdespoliciersafghansn’estpaspas-sée inaperçue. Les enregistre-ments vidéo du 8février permet-tentde suivredeuxgroupesenfileindienne. Le premier, composé dequatorze jeunes, dont un enfantclairement visible, progresse verslenord. Ils transportentdes armesets’éloignentduvillage.Suivisparles caméras des aéronefs, ils neserontpas inquiétés.

Les huit personnes du deuxiè-me groupe empruntent un petitchemin direction nord-est, trans-

portant également des armes. Par-venus à un petit éperon rocheux,ilsfontunepausepuissemblentseregrouper. Ils sont en surplombdes soldats opérant dans le village.

Sur la base de ces observationset considérant qu’il y a danger, lecommandementfrançaissurleter-rain demande une frappe aérien-ne. Aucun coup de feu n’a été tirépas lesmembres du groupe. Deuxbombessontlâchées.Ellespulvéri-sent des « civils », « de jeunesAfghans», selon les termes du bri-gadier général Carsten Jacobson,porte-parole de la force de l’OTANenajoutantquelesrèglesd’engage-ment ont été respectées.

«Les Français ont surréagi»MahommadZahir Sapi, chef de

la commission d’enquête crééepar le président afghan HamidKarzaïaprèscedrame,estimequ’ilauraitpuêtreévité si les responsa-bles du district avaient été préve-nus. Devant le Parlement, le18 février, le ministre de l’inté-rieur, Bismellah Mohammadi, adéploré que ses services n’aientpas été informés et a considéréque lemanquede «coordination»était à l’originede cette erreur.

«Pour nous, répond le colonelThierry Burkhard, porte-parole del’état-major des armées françai-ses, ilnes’agissaitpasdecivilset lesAfghans ont bien été associés àl’opération ; fallait-il attendred’avoir des morts dans nos rangspour que l’on réagisse?»

Rencontré à Kaboul, un officierde services de renseignementafghan (NDS) affirme que le trafi-quant avait simplement réquisi-tionné les jeunes du village pouréviter la saisie de sonmatériel. «Sinousavionsétéassociésàcetteopé-ration,dit-il, cela ne serait pas arri-vé, les Français font peu confianceet ont sans doute surréagicar, chezvous, le pouvoir politique ne veutplusd’autresmorts.»Unechoseestreconnuedans le camp français, laconfiance n’est pas au beau fixeavec les autoritésde laKapisa.p

Jacques Follorou

DansuncafédeTéhéran

Imagesd’Iran (5/6)

Soudan

Mandatd’arrêtcontreleministresoudanaisdeladéfenseLAHAYE. La Cour pénale internationale (CPI) a délivré, jeudi 1ermars,unmandat d’arrêt à l’encontre duministre de la défense du Soudan,Abdel RahimMohammedHussein, pour crimes contre l’humanité etcrimesde guerre commis auDarfour en2003 et 2004. C’est le quatriè-memandat d’arrêt délivré par les juges de la Cour, saisie par le Conseilde sécurité des Nationsunies, enmars2006, des crimes commis auDarfour, dans l’ouest du Soudan. Khartoumrefuse de coopérer avec laCPI, notammentdepuis l’émission demandats d’arrêt pour génocideet crimes contre l’humanité contre le chef de l'Etat, Omar Al-Bachir.L’Union africaine s’oppose aussi fermement à l’exécution desman-dats d’arrêt et a invité les Etatsmembres, qui ont ratifié le traité de laCour, à ne pas arrêter le chef de l'Etat soudanais. En 2011, OmarAl-Bachir avait ainsi pu se rendre au Tchad, à Djibouti, au Kenya et auMalawi sans être inquiété. p StéphanieMaupas

Serbie

L’UEacceptelacandidatureserbeBRUXELLES. Chefs d’Etat et de gouvernementdes Vingt-Sept ont déci-dé jeudi 1ermars à Bruxelles d’accorder à la Serbie le statut de candidatà l’adhésion à l’Union européenne. Aucune date n’est encore fixéepour l’ouverture des négociations, qui pourraient ensuite durer plu-sieurs années. Les Européens entendent, au passage, soutenir la politi-que pro-européenne duprésident serbe Boris Tadic, après l’arresta-tion du criminel de guerre RatkoMladic, en 2011, et l’amorce d’un dia-logue avec le Kosovo, une ancienne province serbe indépendantedepuis 2008,mais que Belgrade ne reconnaît pas.Le président roumain Traian Basescu a levé les réserves de son paysaprès avoir obtenu de la Serbie qu’elle s’engage à protéger laminoritéroumaine installée sur son territoire. En revanche, la Roumanie n’areçu aucune garantie concernant son adhésion à l’espace Schengen delibre circulationdes citoyens européens, à laquelle les Pays-Bas sontopposés.p PhilippeRicard

Haïti Un nouveau premierministre sur les rangsPORT-AU-PRINCE. LeprésidentMichelMartelly anommé, jeudi 1ermars,leministre des affaires étrangères Laurent Lamotheà la tête du gouver-nement, à la suite de la démissiondeGarryConille. Ce choix doit êtreavalisépar le parlementoù le présidentne dispose cependantpas de lamajorité.– (AFP.)

international& europe

NéàTéhéranen 1970, AslonArfa a travaillépour des journauxetmagazines iraniens avantdedevenirphotographe indépendant.TÉHÉRAN, 1erMARS. Yalda, 29 ans, fumeune cigarettedansun café aunordde la capitale.Malgré les restrictions, les femmesoccupentunepla-cemajeuredans la société iranienne. Lephénomèneest flagrantdans ledomaineuniversitaire: alors que61%des étudiants sont des femmes,

les autorités ont adopté, depuis 2008, des quotasdans certaines filièresuniversitairespour limiter leur placeprépondérante, notammentpourles branches techniques. Le domainedes sports, lui aussi, est particuliè-rement surveillé. La vice-présidenteauministèrede la jeunesse et dessportsMarziyeAkbarabadi a déclaréqu’une équipenationalede basket-ball fémininen’était pas souhaitable. Elle avait auparavant interdit lapratiquede kickboxing et dumuay thaï, deux sports de combat, parcequ’ils sont «contre les principes d’hygiène, les valeurs sociales, et vont àl’encontrede la dignité des femmes». p ASLON ARFA POUR «LE MONDE»

Derrièreeux,EdithBouvieretWilliamDaniels laissentunevilleravagée

M.Poutines’interrogesurl’avenirdurégimesyrien

L’enquêtesurlamortdejeunesAfghansenKapisasoulignelesfaillesdel’OTANKabouldéplore lemanquedeconfianceentrelesautoritésafghaneset l’armée française

LesjournalistesfrançaisontpuquitterHoms,contrôléeparlesforcessyriennesEdithBouvieretWilliamDanielsontétéconduitsendehorsdeSyriepar les insurgés

MoscouEnvoyé spéciale

LaRussie amorce-t-elleune évolu-tionvis-à-visde son allié syrien?Au cours d’undîner avecdes jour-nalistes internationaux,dont l’en-voyée spéciale duMonde, jeudi1ermars, le premierministreVladi-mir Poutine, a semblé rompreavec le soutien sansnuanceappor-té jusqu’à présent auprésidentBacharAl-Assad.«Notre but estd’obtenir la réconciliation, il nefautpas se laisser guider par lesémotions.Nousne voulonspasune répétitiondu scénario

libyen», a-t-il indiqué.Interrogépar LeMonde sur la

questionde savoir si le régimesyrien aune chancede survivre,après lesmassacres et les pertesenvies humainesqui viennentdeseproduire, le premierministre arépondu: «Je ne sais pas. Je nepeuxpas vous donner d’estima-tion. Il est évident qu’il y a des pro-blèmes internes graves. Les réfor-mesqui ont été proposéesauraient dû êtremises enœuvreavant.» «La société syrienne, legouvernementet l’oppositionsont-ils capables de trouverun consen-sus?, a-t-il poursuivi. Je n’en sais

rien. Unemauvaisepaix est tou-joursmeilleure qu’une bonneguerre. La première chose quenousdevons faire est de faire ces-ser les combats».

LesproposdeM.Poutineontcoïncidé, jeudi, avecunvote sym-boliqueauConseilde sécuritédesNationsuniesqui, pour lapremiè-re foisdepuis septmois, aparléd’uneseulevoix sur la Syrie.Dansunedéclarationlueà lapresse jeu-di 1ermars, les 15paysmembresont«déploré la situationhumanitaireen rapideaggravation», demandéàDamas«d’autoriserunaccèslibre, total et immédiat»auperson-

nelhumanitaire, et«d’accorderunaccès immédiat et sansentrave»àleurcoordinatriceValerieAmos.

Cettedéclaration,quin’a aucu-nevaleur contraignante, a été sou-tenuepar la Russieet la Chine,quiavaientopposé leur vetoàdeuxrésolutionscondamnant la répres-sionenSyrie, aucunvoletpoliti-quen’y étant cette fois-ci évoqué.Quelquesheuresplus tôtàGenèveRussesetChinoisavaienten revan-chevoté contreune résolutionduConseildesdroitsde l’hommedel’ONUsur laSyrie.p

SylvieKauffmann (avecAlexandraGenesteàNewYork)

8 0123Samedi 3mars 2012

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Entretien

M ercredi 29février, la Ban-que mondiale a annoncéque le premier des objec-

tifs dumillénairepour le dévelop-pement (OMD) avait été atteintdès 2010, soit cinq ans avantl’échéance prévue par les Nationsunies. En clair, l’extrêmepauvreté– les personnes vivant avecmoinsde 1,25dollar par jour (0,94euro) –aurait été réduite demoitié.

Daniel Verger, directeur exécu-tif de Coordination Sud, qui ras-semble 130 ONG françaises quimènent, entre autres, des actionshumanitaires d’urgence auprèsdes populations défavorisées, réa-git à cette annonce.Partagez-vous l’optimismede la Banquemondiale?

J’accueille son annonce avecprudence. Jedoutequenousayonsatteintcetobjectif en2010,mais jesuis convaincu, en revanche, qu’ilreste accessible d’ici à 2015, en rai-sonprincipalementde la croissan-ce économiquede l’Asie et notam-ment de ses deux poids lourds, entermes économiques et démogra-phiques, la Chine et l’Inde.

Lorsque la communauté inter-nationale a fixé en 1990 cet objec-tif,oncomptait 1,8milliardd’hom-mes vivant avecmoins de 1,25dol-lar par jour. Selon la Banquemon-diale, nous serions donc passés endessousdes900millions.Lesexpé-riencesdeterrainnemeparaissentpas confirmer cette évolution.Etes-vous d’accord avec les cri-tères retenus par laBanquemon-diale pourmesurer la pauvreté?

Laplupartdesgensquittentcet-te catégorie de l’extrêmepauvretéà quelques centimes près. Ilsgagnent entre 1,25 et 2dollars. Ilsen sortent, mais restent dans lagrandepauvreté:1,25dollarneper-met pas de vivre, et passer de1,25dollarà2dollarsresteuneamé-lioration peu significative pourenvisager l’avenir sereinement…

Sur le terrain, quandon discuteavec les populations, on com-

prend que la notion de pauvretéest relative. Tous les revenus sontprisencompte,ycomprisceuxquine sont pas monétarisés. Quandune femme va chercher du boisdans la brousse pour se chauffer,celaentredanslecalculdesesreve-nus. On intègre le prix du bois dechauffe sur lemarché local.

Il y a sans doute des progrès enmatièredepauvretéabsolue,maisqui restent peu ressentis, car lapauvreté n’est pas quemonétaire.Elle se traduit aussi par la placeque l’on tient dans la société. Or lapauvreté est souvent synonymede non-reconnaissance sociale etd’absencede respect de l’individu.

Decepointdevue, les inégalitésse sontaggravéesenAsie,mêmesielle affiche une croissance forte,mais aussi en Afrique, continentqui cumule inégalités et pauvretépersistante. Sans oublier l’Europe.

Ya-t-il néanmoins desprogrès?Les ONG apportent un soutien

critique auxobjectifs dumillénai-re pour le développement. Nousreconnaissons leur caractèremobilisateur. Mais, pour nous, lalutte contre la pauvreté seule nesuffit pas. Cette vision est tropréductrice, car elle réduit la pau-vreté à une analyse monétaire,alors que toutes nos expériencesdeterrainmontrentquec’estbeau-coupplus complexe.

Lapauvreté est aussi unphéno-mène social. Lutter contre elle,c’est aussi mener un combatcontrelesinégalités.Globalement,je reconnais que la situation despopulations les plus pauvres s’estaméliorée.On le constate en Inde:le développement économiquepousse la société civile à s’organi-ser.Même les dalits, les intoucha-bles, ont vu leur sort s’améliorer.

Jeneniepasquedesprogrèsontétéréalisés.Mais, il faudraintégrerencore un peu plus dans les OMDladimensiond’unmondedurable.Onnepeutpassecontenterdevou-loir copier le modèle ultra dépen-sier et non durable de l’Occident.Lesdixdernières annéesontmon-tré l’impassede cesmodèles.Vouspointez les progressionsde la Chine et de l’Indequi contri-buent fortement à l’améliorationdes statistiques.Où se situentles poches d’extrêmepauvreté?

En Afrique bien sûr et dans leslieuxoùil yade laviolence.Quandla guerre est là, il n’y a pas de déve-loppement. Si aujourd’hui la Ban-quemondiale publie des résultatsencourageants, c’est aussi parceque sont éliminés des radars lespays où il n’y a pas dedonnées sta-tistiques, comme la Somalie ou laRépublique démocratique duCongo (RDC), où les situationshumainessontdramatiques.

L’une des faiblesses des étudesde la Banque mondiale est de nepas prendre en compte tous lespays. Souvent la situationdespluspauvresn’est pasmesurée. Que sepasse-t-il en Somalie, au Liban sud

et RDC? On l’ignore statistique-ment, mais nos constats ne sontpas encourageants. La guerreaggravelasituationdesplusvulné-rables. Il existe donc dans lemon-deunepauvreté invisible.

Autre faiblesse des indicateurs:initialement l’objectif numéro undu millénaire incluait aussi la

notiond’un «emploi décent»pourtous. Nous en sommes très loin.D’ailleurs, cet indicateurn’est plussuivi auniveaustatistique.Entre2008et 2010, les émeutesde la faim se sontmultipliéessous l’effet de la flambée desprix. Dans ce domaine, les objec-tifs ont-ils été atteints?

Nousconstatonsl’extrêmevola-tilité des prix agricoles, l’absencetotalederégulation, laporteouver-te à la spéculation, ainsi que l’acca-parementdes terres, toutes chosesquinevontpasdanslesensdelalut-te contre la faimdans lemonde.p

Proposrecueillis parAlainFaujas et Sophie Landrin

«Lesprogrèsenmatièredepauvreté

absoluerestentpeuressentis,

carcelle-cin’estpasquemonétaire»

Les8Objectifs dumillénairepour le développement

«Ilexisteencoredanslemondeunepauvretéinvisible»DanielVerger,deCoordinationSud, tempèrel’optimismedelaBanquemondialesur lereculdelagrandemisère

1. Réduire demoitié l’extrêmepauvreté et la faim.2. Assurer l’éducation pour tous.3.Promouvoir l’égalitédes sexes.4. Réduire de deux tiers le tauxdemortalité desmoins de 5 ans.5. Réduire de trois quarts le tauxdemortalitématernelle.6. Enrayer la propagation dusida et du paludisme.7. Un environnement durable.8.Mettre enplace un partena-riat pour le développement.

Transportmaritime

L’Italieinterditauxpaquebotsdes’approchertropprèsdescôtesLe gouvernement italien a adopté, jeudi 1ermars, undécret interdisantauxnavires de croisière de s’approcher tropprèsdes côtes, une prati-que enpartie responsable de l’échouageduCosta-Concordia, le 13 jan-vier, au large de la Toscane.Dorénavant, les paquebotsnepourrontpass’approcherà plus de 2milles (3,7km)des réserves et desparcs naturels,selon le décret signépar lesministresde l’environnementet dudévelop-pement économique. Cette interdiction concerne également les zonesprotégées abritant des cétacés (baleines, dauphins, etc.) au largede laSardaigneet de la Toscane. Le texte vise aussi Venise, qui voit transiterchaqueannée entre 1,6millionet 2millionsdepassagers embarquéssurdes «immeubles flottants». Les habitants de la cité desDogess’étaient fortementmobilisés après l’accidentduCosta-Concordiapourdemanderque les routes desnavires soient détournées. Ils ontdonc enpartie gagné, puisque le décret prévoit d’interdire auxpaquebots d’untonnage supérieur à 40000 tonnes l’accès au canal de laGiudecca et dubassinde Saint-Marc… lorsqu’unevoie denavigationalternativeauraété créée. Fin janvier, le quotidien italien La Stampa évaluait à 30mil-lionsd’euros le coût des travauxnécessairespour yparvenir. – (AFP.)p

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france

Les principales avancéesde la loi Kouchner

Promulguée le 4mars 2002, la loiKouchner a souhaité placer lespatients au centre du systèmedesoins.

Dossiermédical. La loi a autorisél’accès direct audossiermédicalpar le patient, sans passer parl’intermédiaire d’unmédecin.

Consentement. Le consente-ment aux soins dupatient doitêtre recherché par lemédecin.

Indemnisation.Undroit d’indem-nisation est créé pour les acci-dentsmédicaux sans faute recon-nue et les infections nosocomia-les. Création de l’Office nationald’indemnisationdes accidentsmédicaux.

Représentation.Unagrémentest créé pour les associationsdemaladesqui sont représentéesdans les instances de santé et ontla possibilité d’agir en justice.

«Ilfautmaintenantgarantirunégalaccèsauxsoins»

L e rendez-vous de Ian Baileyavec la justice française, tantespéré par les proches de

SophieToscanduPlantier– sauva-gement tuée en Irlande en 1996 àl’âgede 39 ans – n’aurapas lieu.

Jeudi 1ermars, la Cour suprêmeirlandaise s’est prononcée contrel’extradition vers Paris de cecitoyen britannique de 55ans –considéré depuis 1997 comme leprincipal suspect dans cemeurtrenon résolu – et réclamée parman-dat d’arrêt européen du 19février2011 par le juge d’instructionPatrickGachon.

Les cinq juges de la Cour suprê-me ont invalidé une décision pro-noncée en mars2011 par la HauteCour irlandaise en faveur de l’ex-tradition,aumotifqu’aucunedéci-sion n’a été prise en France de tra-duire M.Bailey en justice. Ils ontégalement soulevé « l’absence deréciprocité»entre lesdeuxpaysenmatière d’extradition, la loi irlan-daisenepermettantpasuneextra-

dition de la France vers l’Irlande siune affaire équivalente se présen-tait. «Je suis soulagé que cette par-tie de la procédure soit terminée, adéclaré Ian Bailey à l’issue del’audience.Celaaétéunenferabso-lu.»Aujourd’huiétudiantendroit,il a toujours clamé son innocence.

Sophie Bouniol, productrice detélévision et épouse du produc-teur de cinéma Daniel Toscan duPlantier – décédé en 2003 –, a étéretrouvéemorte, en vêtements denuit, le visage réduit en bouillie, le23décembre 1996,en contrebasdesa résidence secondaire de Schull,à la pointe sud-ouest de l’Irlande.L’état de son corps, laissé plus detrente heures à l’extérieur, n’a paspermis de mettre en évidence unADN étranger (Le Monde du24décembre 2011).

Quinze ans plus tard, la justicefrançaise – à laquelle les autoritésirlandaises n’ont transmis le dos-sierqu’en2008–souhaitaitenten-dre M.Bailey, résident dans la

région où le crime a été commis.Poète, musicien et jardinier inter-mittent, il tentait alors de relancersa carrière de journaliste indépen-dant interrompue quelquesannées plus tôt. Il avait éveillé lessoupçons pour être arrivé très tôt

sur les lieuxducrimeet avoir livrédansdesarticlesdesélémentstropprécis au goût des enquêteurs. IanBailey avait aussi multiplié lesdéclarationsambiguës en référen-ce au meurtre, affirmant parfoisenêtre l’auteurauprèsd’uneving-tainede témoins. Ces derniers, quis’étaient ouverts à la police locale

(Garda),ontconfirméleursdéposi-tions en décembre2003 lors d’unprocès en diffamation intenté parM.Bailey à des journaux britanni-ques et irlandais.

Placé deux fois en garde à vue,en1997et1998, IanBailey–colossed’1,95m et auteur de violences sursa propre compagne qui l’a tou-jours soutenu – n’a jamais étémisen examen en Irlande pour lemeurtre.

Pour Pierre-Louis Baudey-Vignaud, 30ans, fils d’un premiermariagedeSophieToscanduPlan-tier, la décision livrée jeudi par lacoursuprêmeest«uncoupdemas-sue». «Il faut vraiment croire en lajustice pour garder le moral, a-t-ildéclaré au Monde. On n’avaitjamais été aussi proche d’undénouementet on recule copieuse-ment d’un coup.»

La décision de la Cour suprêmeirlandaise n’entrave pas l’instruc-tionmenéepar la justice françaisedepuis2008.Desenquêteursfran-

çais se sont rendus en Irlande enoctobre2011pourinterrogerànou-veau des témoins et examiner lesscellés. Les proches de la victimequi jurent qu’ils continueront «àse battre» espèrent la tenue d’unprocès d’assises «par défaut», enl’absence de M.Bailey. «Un procèsen France avec des témoins quiviendrontd’Irlandeest indispensa-ble», estime Jean-Pierre Gazeau,oncle de Sophie et président del’Associationpourlavéritésurl’as-sassinat de Sophie, fondée en2008. Une condamnation deM.Baileyauxassisespermettraitàla France de réclamer à nouveausonextradition.

Jeudi, àDublin, FrankButtimer,avocat de Ian Bailey, a indiquéqu’il poursuivra les procédureslancéesen2006contre l’Etat irlan-daiset laGardaafind’obtenirrépa-ration pour les accusations qu’ilestime avoir été injustement pro-férées contre son client.p

Patricia Jolly

SantéNouvellesmesurescontre le tabagismeLe député (UMP) YvesBur aremis, jeudi 1ermars, un rapportauministre de la santé danslequel il proposedesmesurespour diviser par deux le nombrede fumeurs d’ici à 2025 (en rame-nant la part des fumeurs à 15%dela population). Il suggère d’instau-rer une taxe sur le chiffre d’affai-res des fabricants et d’augmenterle prix dupaquet à 7,50 euros surtrois ans. Il recommandederevoir le statut des buralistes, afin«de ne plus lier leur rémunérationau volume» vendu et souhaiteinterdirede fumer à la plage.

Ethylotest obligatoireà partir du 1er juilletLes conducteursdevoitures et dedeux-roues (à l’exceptiondescyclomoteurs)devront, à partirdu 1er juillet, détenir un éthylotestnonusagédans leur véhicule. Ilsdevrontpayer à défautune amen-dede 11 euros, à partir du1ernovembre. L’alcool auvolantest à l’originede 31%des acci-dentsmortels. Lamesure a étéaccueillie favorablementpar lesassociationsd’automobilistes.

Q ue se passe-t-il dans lesecret des consultations?Les relations entre lespatients et les médecins

sont-elles toujours inégales, mar-quées par l’autorité du praticien,ou se sont-elles rééquilibrées avecdes malades plus acteurs de leurpropre santé? Dix ans après la loidu 4mars 2002 sur le droit desmalades et la qualité du systèmede santé, le bilan est nuancé: «Laloi a marqué la fin du médecinpaternaliste, la fin de l’infantilisa-tiondumalade,quiparticipedésor-mais aux décisions qui le concer-nent», résumeAlain-Michel Ceret-ti,conseillersantéauprèsduDéfen-seurdesdroits.Mais lemalade,quiignore encorebeaucoupses droits,est loind’avoirpris lepouvoir.

Portéepar leministredéléguéàla santé du gouvernement Jospin,Bernard Kouchner, la nouvelle loiinstaurait le droit des patients àavoir accès à leur dossier médicaletledevoirdesmédecinsderecher-cher leurconsentementauxsoins.Elle accordaituneplus grandepla-ce aux associations d’usagers etélargissaitlespossibilitésd’indem-nisation. Sa philosophie a ensuiteirriguéles lois de santé qui lui ontsuccédé,dontcelle sur la findevie.

Mieux informésGlobalement, les relations

entre médecins et malades sontbonnes:dans lebaromètreannuelréalisé par l’institut L2H et publiévendredi 2mars, du Collectif inte-rassociatif sur la santé (CISS), 88%des sondés se disent satisfaits del’information délivrée par leurmédecin sur leur état de santé, lessoinset les traitements.Un chiffre

enhaussede4pointsparrapportà2011. Même taux de satisfactionpour la prise en compte de leursattentes dans la délivrance dessoins.

Les relations sont bonnes… jus-qu’à un certain point. L’affaire duMediator l’a montré récemment.Certaines victimes, qui devaientprouver qu’elles avaient pris cemédicament mais n’avaient pasconservé leurs ordonnances, sesont heurtées au refus de leur

médecin de leur communiquerleur dossier médical. Le présidentduconseildel’ordreavaitdûlesrap-peler à leur devoir. Certains mala-des n’ont même pas osé réclamerledit dossier, de peur que leur rela-tionavecleurmédecinn’enpâtisse.

Selon un sondage BVA, réalisé àl’occasion d’un colloque PRES Sor-bonneParisCitéetpubliévendredi,seuls38%dessondéssedisentsatis-faits de l’accès des malades à leurdossiermédical.Lapreuveque«les

Françaisrestenttoujoursendeman-dedeplusdetransparenceenmatiè-remédicale», selon l’institut.

Dans les faits, «moins de 1%despatients demandent leur dossierdans les hôpitaux de l’AP-HP»,expliqueGrégoireMoutel, profes-seur à l’universitéParis-Descartes,membre du laboratoire d’éthiquemédicale. Le plus souvent pouravoir un deuxième avis médicalouorganisersonparcoursdesoinslorsqu’un patient a deux lieux de

vie. Les délais élevés pour obtenirson dossier sont souvent dus aumanquedetempsetnonpasàunevolonté d’obstruction des soi-gnants.

«DocteurGoogle»Le médecin est cependant loin

d’être la source unique de rensei-gnementd’unpatientsurinformé.Plus que la loi, Internet a modifiéenprofondeurlarelationmédecin-malade: les praticiens ont de plusen plus affaire à des «patients-experts».LesiteDoctissimocomp-tabilise ainsi près de 8millions devisiteurs uniques chaque mois.«Le médecin le plus contacté aumonde, c’est docteur Google »,s’amuseM.Ceretti, quiajoute:«Lesavoir médical n’est pas remis encause, mais le patient a un regardcritique désormais.» Et les méde-cins ontdû se faire une raison.

Néanmoins, si le patient est deplusenplusinformésurlespatho-logies ou les dangers des médica-ments, c’est loin d’être le cas surses droits. « La majorité despatients sont conscients qu’ils ontdes droits, mais ils ne les connais-sent pas clairement», constateJean-Luc Plavis, coordinateur auCISS Ile-de-France. Il ressort deleur baromètre annuel quepeudesondés connaissent les outils misen place par la loi Kouchner pourrégler les conflits entre médecinset malades. Ainsi, seuls 24% ontentendu parler des commissions

régionales de conciliation et d’in-demnisation des accidents médi-caux, et 12% des commissions desrelations avec les usagers et de laqualité de la prise en charge, pré-sentes dans les établissements desoins.

Lesassociationsdepatientsesti-ment qu’il reste encore beaucoupà faire. Par exemple en créant un«guichet unique» qui géreraittous les conflits. Car pour l’instantil n’est pas évident de savoir versqui se retourner en cas de refus desoins ou pour contester un dépas-sementd’honoraire abusif.

Autre limite, depuis 2002, lerôle des usagers a été reconnu, etleurs représentants siègent dansbon nombre d’instances de santé.Mais « la place qui nous est réser-véeest infime,nousnesommespasbienvenus»,constateBernardPias-tra, président de l’associationWegener Infos et Vascularites.

Ces derniers mois, le ministredelasanté,XavierBertrand,aaffir-mé qu’il faudrait légiférer de nou-veaupour améliorer la loi. Le CISS,qui considère que, depuis 2002,rien n’a été fait pour faire avancerles droits desmalades, juge la pro-messe bien tardive. François Hol-lande, qui a insisté, dans son dis-cours du 2 février sur la santé, surles inégalités d’accès aux soins, aaffirméégalementqu’unenouvel-le loi était nécessaire. p

Laetitia ClavreuletPascale Santi

Droitsdesmalades,unerévolutioninachevéeDixansaprès la loiKouchner, lepaternalismemédicala reculé,mais lespatients ignorentsouvent leursdroits

«Onn’avait jamaisétéaussiproched’undénouementeton

reculecopieusementd’uncoup»

Le fils de la victime

Entretien

La loi sur les droits desmaladesdu4mars 2002 est le fruit d’unmouvementgénéralmêlant lecombatdes associationsde luttecontre le sida et contre le cancermais aussi l’évolutionde la juris-prudenceet la politiqued’huma-nisationdes hôpitaux.Ancienmembredu cabinet duministredéléguéà la santé, BernardKouch-ner,Didier Tabuteauavait étéchargéde la rédactionduprojetde loi. Aujourd’hui titulairede lachaire santé à SciencesPo et codi-recteurde l’Institut droit et santé,il estimeque la loi doit désormaismieuxgarantir le droit à l’accèsaux soins.Dix ans après son entrée envigueur, la loi Kouchner est-elle

toujours adaptée?L’accès direct audossiermédi-

cal par les patients, symbolede laloi, s’est imposé,même si l’on saitque certainshôpitauxne respec-tentpas les délais. Une améliora-tion serait souhaitable, par exem-ple en imposantundélai dehuitjoursquand le besoind’undeuxiè-meavismédical est exprimé.L’autorisationdes actions judiciai-res collectives («class actions»)dans les affairesde santé seraitpar ailleursnécessaire.

Mais ce quimanqueprincipale-ment, c’est unvolet sur les droitssociaux, autrementdit sur l’égalaccès aux soins. C’est fondamen-tal, et cela pourraitmême justifierunenouvelle loi. Le droit desmala-des, en effet, ne doit pas seule-ment garantir l’informationmais

aussi la possibilitéd’être soignéquel que soit son lieu de résidenceouquels que soient sesmoyens.Pourquoi cela n’a-t-il pas étéintégré en 2002?

Cetteproblématiquede l’accèsaux soinsn’était pas sur le devantde la scène commeaujourd’hui.Surtout, la couverturemaladieuniverselle-complémentaire,quia été unegrande étape enmatièrededroit, venait d’être parachevée,en2002.Mais ce quiparaissait suf-fisant à l’époquene l’est plus, carle systèmede santé s’est dégradé:ce qui reste à la chargedespatients a augmenté avec la bais-se des remboursementset l’essordesdépassementsd’honoraires,certaines zonesmanquentdemédecins, etc.Commentmieux prendre en

compte cette problématique?Il faut réfléchir et reconstruire

le systèmed’assurance-maladie.Quels doivent être les tarifs desmédecins? Les tauxde rembourse-ment? Faut-il instaurer despla-fondsdedépassementsd’honorai-res et à quel niveau?Ces ques-tions sont jusqu’à présentdu res-sort de la conventionmédicalenégociée entremédecins et assu-rance-maladie, sans représen-tants despatients. Or ce devraitêtre auParlementde définir lesprincipes fondamentauxde l’ac-cès aux soins, et de fixer desrèglespour rééquilibrer le systè-meà l’avenir. Sur la répartitionterritorialedesmédecins, il y a eudes tentatives deparlementaires,mais elles n’ont jamais abouti.p

Proposrecueillis par L.Cl.

AffaireToscanduPlantier: IanBaileyéchappeàlajusticefrançaiseLaHauteCour irlandaisearefusé, jeudi 1ermars,d’extradervers laFrance leprincipal suspectdumeurtrecommisen1996

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économie

Arevaaaccuséunepertehistoriqueen2011Legroupenucléaireaannoncéunrésultatnégatifde2,4milliardsd’euros liéà ladépréciationd’UraMin

Enhaussel’automobile aux etats-unis – Prèsde1,15millionde voitures ont été écoulées outre-Atlantiqueen février, soit unehaussede 15,7%surun an, selonAutodata. Chrysler (+40%),Nissan (+15,5%) et Ford (+14%) enont été lesprincipauxbénéficiaires. – (AFP.)

Enbaissela consommation au japon – Laconsommationdes familles japonaisesa reculéde 2,3% en janvier par rapport aumêmemois de2011. Endécembre, ces dépenses avaient aug-mentépour la première fois depuis le séismeetle tsunamidu 11mars 2011.

A reva a annoncé, jeudi1ermars, le premier résultatnet négatif depuis sa créa-

tionen2001: legroupenucléaireaenregistré, en 2011, une perte de2,4milliards d’euros pour un chif-fre d’affaires de 8,9milliards, enraisondefortesdépréciationsd’ac-tifs – 1,456milliardd’euros pour lasociétéminièreUraMinet600mil-lionsdanslesactivitéschimie,enri-chissementet réacteurs.

Quant au chantier de l’EPR, leréacteur de troisième générationencoursdeconstructionsur le sited’Olkiluoto (Finlande), ses retardspassés continuent de peser sur lescomptes. En revanche, la catastro-phedeFukushima,quiadonnéuncoup d’arrêt à des projets nucléai-res (Allemagne, Japon…), n’a enco-re euqu’un impact limité.

Ces mauvais résultats ne sontpas une surprise,même si la perteest supérieure à ce qu’attendaientlesanalystesfinanciers.Mi-décem-bre, le président du directoire, LucOursel, avait pris les devants enannonçantunplandrastique,bap-tisé «Action 2016», pour redresserlasituationfinancière: forteréduc-tion des investissements (mines,usines de combustible) de 12mil-liards à 7,7milliards, gel des salai-res et des embauches en 2012,

dépréciations d’actifs. Cette cured’austériténemarque«pasderup-ture stratégique» avec la politiquedesonprédécesseur,AnneLauver-geon,avocateobstinéed’unmodè-le intégréqui fait d’Areva le seulacteurmondial présent dans touslesmétiers dunucléaire.

Ceplanetcesrésultatsn’ensym-bolisent pasmoins un désaveu dela gestion deMme Lauvergeon, queNicolas Sarkozy avait refusé dereconduire à la tête de l’entrepriseen juin2011. Cette lourde pertes’inscrit dans une tendance amor-cée en 2010, où le groupe n’avaitpu rester bénéficiaire de 883mil-lions d’euros que grâce à la plus-value de 1,2milliard dégagée de lacessionàAlstometSchneiderElec-tric de sa division transmission etdistributiond’électricité.

La situation est pourtant loind’être catastrophique. Le carnet decommandes – déjà solide sousl’« ère Lauvergeon» – atteint45,6milliards (+3,1%), soit cinqannées de chiffre d’affaires. Ura-Min reste un désastre financiertantquelesperspectivesdedeman-de d’uranium sont incertaines,puisque sa valeur est tombée à404millions pour un prix d’achatde 1,8milliard d’euros en 2007.Mais un audit interne a conclu,

mi-février, à un défaut de gouver-nance et d’information sans pourautant révéler d’éléments accrédi-tantlesrumeursdefraude.L’activi-té minière s’est bien comportéegrâce à «la hausse du prix de ventemoyen de l’uranium et à la bonnemaîtrisedes coûts deproduction».

Le pôle «réacteurs et services»,subit une baisse d’activité post-Fukushima.Endécidantdefermerimmédiatement 8 de ses 17 réac-

teurs, l’AllemagneaprivéArevadedébouchés, contraignant le grou-pe à annoncer d’importantes sup-pressions d’emplois outre-Rhin.Lepôleaval (retraitement-recycla-ge) est le seul «businessgroup»encoreprofitable,mêmes’il a subilabaissedelademandederetraite-ment à l’usine de La Hague (Man-che) des combustibles japonaisusés (54 des 55 réacteurs nipponssont désormais à l’arrêt) et qu’il a

dû passer des provisions plusimportantes que prévu pour ledémantèlementd’installations.

Quant au secteur des énergiesrenouvelables (ENR), il a réduit sespertesnotammentgrâceà lamon-téeenpuissancedel’éolienoffsho-re, une activité où Areva concur-rence le danois Vestas et l’alle-mandSiemens. Ilyaffichedegran-des ambitionsen raisonde lamul-tiplication des projets, surtout enEurope du nord: le chiffre d’affai-res des «ENR» devrait passer de297millions en 2011 à 1,25milliardd’euros en 2015.

Pasde dividendesLa situation financièredugrou-

perestemarquéeparunfortendet-tement(3,5milliards),alorsque lesfonds propres s’élèvent à 6,6mil-liards. Il poursuit la vente de sesparticipations engagée dès 2010.Après Safran, Total, GDF Suez etSTMicroelelctronics, il a annoncéla cession au Fonds stratégiqued’investissement (FSI), pour776millions, des 26%qu’il détientdans le groupe minier Eramet.Compte tenu de l’énorme perteenregistrée sur l’exercice 2011, leconseil de surveillance proposeraà l’assemblée générale du 10maidenepas verser de dividendes.

Lesdirigeantsd’Arevaaffichentune relative confiance dans l’ave-nir. Ils tablent sur une croissanceduchiffred’affairesde3%à6%en2012-2013 et de 5 % à 8% en2015-2016 pour les activitésnucléaires. Preuve, selon eux, quele monde est en train d’absorberl’ondedechocdeFukushima.Maisun grand défi les attend: relancerla vente des EPR, produit-pharemais coûteux, et développer leréacteur de moyenne puissanceAtmeaavec EDF etMitsubishi.

Unpoint sembleacquis, lapaci-ficationdes relations d’Areva avecsonpremierclient,EDF,commeentémoignent les contrats et lesaccords signés ces derniers mois :une commande de 32 générateursde vapeur et la rénovation ducontrôle-commandedesréacteursde 1300mégawatts (MW) pour unmontant d’environ 1,7milliard.Entre 2014 et 2030, le groupenucléaire fournira plus de20 000 tonnes d’uraniumà l’élec-tricien,quivaprendre10%dupro-jet de développement du gise-ment d’Imouraren (Niger). Et lesdeux groupes ont lancé, àHinkleyPoint, les travaux du premier desquatre EPR qu’EDF doit construireet exploiter auRoyaume-Uni. p

Jean-MichelBezat

Lescoursdujour (02/03/12 ,09h46)

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Une année noire

SOURCES : BLOOMBERG ; AREVA

19,11

COURS DE L’ACTIONAREVA,en euros

RÉSULTATS OPÉRATIONNELSPAR BRANCHE, en millions d’euros

Janvier 2011 Mars 2012

2011 2010

Mines

Fabricationde combustible

Réacteurset services

Retraitement,recyclage

Energiesrenouvelables

– 1 169

– 78

+ 85

– 251

– 123

– 222

+ 191

+ 280

– 780

– 512

S urcouf affronte, à nouveau,de violents vents contraires.Le distributeur de matériel

informatique et multimédia a étéplacé en redressement judiciaire,jeudi 1ermars, par le tribunal decommerce de Lille. La procédureprévoit une «période d’observa-tion» de sixmois durant laquelleun administrateur judiciaire vaaider l’entrepriseàpoursuivresonactivité et à mettre au point unplande redressement.

La direction explique que «cet-te démarche a été imposée» par larupture d’un contrat d’assurance-crédit qui sécurisait les encoursdeses plus gros fournisseurs. Ducoup, Surcouf a dû régler sur lechamp et simultanément de lour-des factures – une situation horsnorme dans le monde de la distri-bution habitué à pratiquer lesdélais de paiement. Mais l’ensei-gne ne disposait pas de la trésore-riesuffisantepourhonorerautantd’échéances en si peude temps.

Au cours des derniers mois, ledistributeuravaitdéjàétéconfron-té àdes rupturesd’approvisionne-mentsurplusieursmarques, com-me le souligne channelnews.fr, unsite d’informations spécialiséesquiarévélé,mercredi,queSurcoufs’était déclaré en cessation despaiements.

D’après Le Figaro et channel-news.fr, Surcouf aurait enregistré,sur l’exercice 2010-2011, 34mil-lions d’euros de pertes pour unchiffre d’affaires de 170millions.Ceschiffresnesontpasvalidésparla direction.

Depuis son rachat en 2009 augroupe PPR par Hugues Mulliez –unmembrede la familledufonda-teur d’Auchan –, le distributeur apris des mesures drastiques: fer-meture de deux magasins, plan

social ramenant les effectifs de705 à 550personnes, selonunpor-te-parolede la direction.

Ces licenciements ont été criti-quésparlesorganisationssyndica-les car ils ont provoqué le départde salariés détenteurs du savoir-faire de l’entreprise. Les représen-tantsdupersonnelont aussi poin-té le changement de systèmed’in-formation qui a causé de gravesdésordresdurantplusieursmois.

Secteur très concurrentielSurcouf évolue dans un «sec-

teur de la distribution sous pres-sion», commente un analyste. Laconcurrence y est vive, entre lesacteurs du e-commerce (CDis-count, RueduCommerce…) et lesgrandes surfaces. Les marges sontfaibles, les appareils vieillissentviteet les consommateurscompa-rent les nombreuses offres dispo-nibles avant de choisir. A l’étran-ger, des distributeurs positionnéssur ce type de produits ont ferméleurs portes ou ont été cédés pourunebouchéedepain.

Mais M.Mulliez croit dans lastratégie qui a été mise en placedepuis deux ans et demi, au prixde transformations profondes. LebutdeSurcoufestd’être«multica-nal» endonnant la possibilité auxclientsdecommanderden’impor-teoù(unebornetactile,untélépho-ne portable, etc.) et de retirer lesachats n’importe où (point relais,magasin, etc.). Autre credo : êtrecompétitif par rapport auWeb enproposant des prix aussi intéres-sants que les e-commerçants.

Dans l’immédiat, M.Mulliezentend«se concentrer sur les réap-provisionnements» de sa société,notamment en réorganisant lalogistique.p

BertrandBissuel

Surcoufdisposedesixmoispourreconstruireunpland’activitéAcourtdetrésorerie, ledistributeurmultimédiaestenredressement judiciaire

Euro 1euro 1,3259dollar (achat)Or Onced’or 1714dollarsPétrole LightSweetCrude 108,09dollarsTauxd’intérêt France 2,89 (àdixans)Tauxd’intérêt Etats-Unis 2,03 (àdixans)

110123Samedi 3mars 2012

Page 12: Le monde week end du 3-3-2012

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Un récit inédit sur l’Acte Ide la décentralisation parun acteur de tout premierplan : Éric Giuily, conseil-ler au cabinet de GastonDefferre (1981 à 1982), puisdirecteur général des collec-tivités locales (1982 à 1986).

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Il y a 30 ans,l’Acte I dela décentralisation

Préface : Pierre MauroyPostfaces : Laurent Fabius

& Jean-Pierre Raffarin

Anciens Premiers ministres

Éric Giuily

S ommes-nous des demi-mala-des pour nous voir appliquerun barème qui nous donne

une demi-indemnisation?» PierrePluta, président de l’Associationnationaledesvictimesdel’amiante(Andeva) et de l’Association régio-nale de défense des victimes del’amiante du Nord-Pas-de-Calais(Ardeva), ne décolère pas. Ancientravailleur des chantiers navals deDunkerque, il est sommé par leFonds d’indemnisation des victi-mes de l’amiante (FIVA) de rem-bourser une partie des indemnitésqu’il a reçuesautitredesamaladie,soit 28 000 euros.

Il n’est pas le seul dans ce cas.Jeudi 1ermars, neuf victimes del’amianteont été condamnéesparla cour d’appel de Douai (Nord), àlademandeduFIVA,àrembourserune partie de leurs indemnités.Ces remboursements varient de5000à 11000euros.

Le 27octobre 2011, cette courd’appel avait déjà sanctionné dix-septautresvictimes,pourdesmon-tants allant jusqu’à 28000 euros.Plus de 300 autres dossiers sontattendusdevantcettecourprochai-nement. La courd’appel de Caen a,elleaussi, examinélundi27févrierla demande de remboursementpartield’indemnitésverséesàtren-te-huit personnes. Elle a mis sadécision endélibéré au 22juin.

A la suite de la décision de lacour d’appel de Douai, et devantl’émotionprovoquéepar ces affai-res, Jean-François Naton, adminis-trateur CGT du FIVA, se dit sou-cieux d’«apaisement» et prêt «àreprendreledébatsur lesbarèmes»d’indemnisation. «C’est ce qu’ont

déclarétouteslesorganisationssyn-dicales en janvier», note-t-il.

Commentenest-onarrivé là?Acause d’un imbroglio juridiqueportantsur lecalculdelarentever-sée auxvictimesde l’amiante.

«Attitude déloyale»Celles-ci perçoivent deux ren-

tes : l’une, de la Sécurité sociale,quivarieselonletauxd’incapacité(de 5%pour des plaques pleurales

à 100% pour un cancer) et lavaleur du point ; l’autre, du FIVA,calculéeselonlagravitédelamala-die et l’âge de la personne.

Depuis un arrêt de la Cour decassationde2009, ilestacquisquela rente de la Sécurité sociale doitêtre déduite de celle du FIVA.«C’estunpointquenousnecontes-tons plus», précise Romain Bou-vet,ducabinetMichelLedoux,avo-cat de l’Andeva.

Leconflitporte sur la grilled’in-demnisation votée par le conseild’administration du FIVA – prési-déparunmagistrat,il réunitrepré-sentants des associations de victi-mes, des syndicats, du patronat etpersonnesqualifiées.

Ce barème, voté en 2001, à unevoix près, est progressif : les fai-blestauxd’incapacité–lesplusfré-quents – sont, proportionnelle-ment,moins bien indemnisésqueles taux élevés. Pour un taux d’in-capacité de 100%, la rente est de100% (18000 euros par an), pourun taux de 5%, elle est de 2,5%(455 eurospar an).

«Les victimes estiment que celane correspond pas à leurs préjudi-ces réels », souligne MeBouvet.Ellesrevendiquentunbarèmepro-portionnel: pour 5% d’incapacité,une rente de 5%. C’est d’ailleurs ceque la cour d’appel de Douai avaitadmis, en 2009, ainsi que plu-sieurs autres cours d’appel.

Le FIVA avait toutefois saisi laCourdecassationen2009.Nonpassur le problème du barème, maissurceluide ladéductiondela rentede la Sécurité sociale. Elle a obtenugaindecausele10novembre2009.

Les victimes en ont déduit que

l’arrêt de la cour d’appel de Douairelatif au barème, qui leur étaitfavorable,restaitvalable.Erreur.LaCour de cassation a en effet ren-voyélespartiesdevantlacourd’ap-peldeDouaipourréglerdéfinitive-ment la question de la déductionde larente.Acetteoccasion, leFIVAa remis les deux sujets, rente etbarème, sur la table. Et a eugaindecause sur toute la ligne.

«Les victimesont été piégéesparl’attitudedéloyaleduFIVA»,protes-te François Desriaux, vice-prési-dent de l’Andeva. Et par le revire-ment de la cour d’appel de Douai.«Jene fais qu’appliquer lapolitiquedu conseil d’administration, qui avotélaprogressivitédubarème, jus-tifieHuguetteMauss, directriceduFIVA.Est-cequeleconseildoitaccep-ter que le barème ne soit pas appli-quédans toute la France?»

Le 29février, trois cents dépu-tés et sénateurs de tous bords dugrouped’études sur l’amiante ontdemandé, dans une motion, une«remise gracieuse»des sommes àrembourser. «Le ministre du tra-vail, Xavier Bertrand [ministre detutelle du FIVA], va-t-il laisser ladirection du FIVA poursuivre unestratégie de harcèlement judiciai-re?», s’interrogent l’Andeva et laFnath, association des accidentésde la vie.

Rappelantque le FIVAa été créé«pourrépondrevite,bienetgratui-tement aux demandes de répara-tionetéviterauxvictimeslesprocé-dures judiciaires», M.Naton indi-que que «s’il ne répond plus à cebut, nousavons le devoir d’en cher-cher les causes.».p

FrancineAizicovici

D ieu, que la mariée est jolie!Dans Prima, le magazineprofessionnel des médias

enItalie,datédu1er février, c’estpeudire qu’Alessandro Bompieri, l’ad-ministrateur délégué généraldeRCSLibri,faitlaréclamedeFlamma-rion, la filiale française de RCSMediaGroup, qui devrait êtremiseen vente, le 16mars, lors du pro-chain conseil d’administration.«Flammarionestuncasexemplairede bon investissement, expliquait-il. (…)RCSabeaucoup travaillé pourcréeruneentrepriseunique.»

De fait, les très beaux atours dela mariée séduisent. Sept préten-dants aumoins sont sur les rangspour acquérir ce « joyau». Selonnosinformations, trois fondsd’in-vestissement et deux éditeursétrangers ont répondu à l’appel.

Il existerait aussi au moinsdeux offres françaises qui ontatterri sur les bureaux de Medio-banca, banque actionnaire à 14%de RCS et détentrice d’unmandatde vente de Flammarion.

Dans ce bal des prétendants,Antoine Gallimard a été l’un despremiers à se déclarer. Et il appa-raît bien placé pour emporter lamise,si tantestqueleprocessusdevente soit bien enclenché. Tout enserefusantdecommenter«lapossi-ble cession de Flammarion»,M.Bompieri indiquaitqu’uneoffrede près de 300millions d’euros,environdeux fois le prix d’acquisi-tionen2000,aété reçue.

Est-ce du bluff ou une véritableinformation? Cette somme sesitue dans une fourchette haute.Selon un banquier, « le groupeFlammarion vaut entre 220 et250millionsd’euros», car iln’existeaucune visibilité sur le secteur del’édition à l’horizonde cinq ans, enraisonde la révolutionnumérique.

Si RCS est contraint d’exami-ner ses actifs non stratégiques,c’estquelegroupeitalien,quipos-sèdelesdeuxplus influentsquoti-diens de la péninsule italienne–leCorrieredella Seraet laGazzet-ta dello Sport – est lourdement

endetté et cherche, par tous lesmoyens, à se dégager de la pres-sion des banques.

Pour Gallimard, ce rachatconstituerait «une belle opportu-nité», a confié récemment Antoi-ne Gallimard à Livres Hebdo. Met-tant en avant les activités «com-plémentaires» des deux groupes,il a indiqué son intention deconserver l’autonomie des deuxstructures, avec notamment leuroutil de distribution.M.Gallimarda choisi comme conseil la banqued’affaires européenne Leonardo,trèsbien introduiteen Italie.

Parmi les candidats, certains enrevanche ne sont intéressés quepar des pans de l’entreprise. Ainsi,Média-Participations (Dargaud,Dupuis, Le Lombard…), leaderdans ledomainede labandedessi-née, ne serait pas contre l’idée derécupérerCastermanet l’exploita-tiondes albumsde Tintin.

Pour Editis, deuxième grouped’éditionfrançais, l’intérêtseportedavantage sur la distribution.Her-védeLaMartinière,lePDGdugrou-pe LaMartinière a, lui, déclaré queson nom était utilisé «pour fairemonterlesenchères».Quantàl’édi-teur italienMondadori, il n’est pasnonplus candidat au rachat.

RemaniementDans ces conditions, pourquoi

attendre le 16mars? «Parce qu’ilfaut que l’offre faite par Gallimardouunautrecoïncideavec le prixderéserve, souhaité par les actionnai-res de RCS», résumeunbanquier.

D’un côté, réaliser un montagefinancier demande du temps, del’autre, RCS est un groupe coté etdoit respecter les procédures.

D’autresparamètres entrent enligne de compte. «Le Prince, deMachiavel, c’est de la BD pour ado-lescentsàcôtéduconseild’adminis-trationdeRCS»,commenteunpro-chedudossier.

Ce conseil rassemble la finefleur du capitalisme italien: JohnElkann, petit-fils de GiovanniAgnelli (ex-copropriétaire et diri-geant de Fiat), DiegoDella Valle, lepatrondu fabricantde chaussuresTod’s, par ailleurs actionnaire duMonde, des représentants deMediobanca, Pirelli, Generali, etc.

Mais, on attend, dans les semai-nes qui viennent, un remanie-ment en profondeur de ce conseil.Les actuels dirigeants, responsa-bles des investissements en Espa-gne, qui ont conduit à un endette-ment de 980millions d’euros dugroupe de médias et d’édition,pourraient êtremis à l’écart.

Le pacte d’actionnaires qui diri-ge RCS fait face à l’alternative sui-vante: réaliser une augmentationde capital, ce qui est peu probable,ou effectuer une cession d’actifs.Par le passé, les Italiens ont déjàfait miroiter la vente de Flamma-rion, avant de se raviser et deremettre sous son écrin le bijoudefamille convoité.p

AlainBeuve-Méry

économie

Flammarion, une pépiteéditoriale

Chiffre d’affaires 220millionsd’euros en 2010, dernier chiffreconnu. Soit près de40%duchif-fre d’affaires deRCSLibri.

Marques Lamaison Flammarionest composée demarques presti-gieuses, commeArthaud, Aubier,Autrement, Baam!, Casterman,Champs, Climats, Etonnants clas-siques, Flammarion, FluideGla-cial, GF, KSTR, Librio, LaMaisonrustique, Père Castor, Pygmalion,Sakka, J’ai lu, Jungle et Skira-Flammarion.

CatalogueChaque année, Flam-marion publie 1 400nouveautéset vend36millions de volumes.Elle dispose de près de 27 000titres au total.

Justice

EuroDisneyauraitenquêtéillégalementsurdescandidatsàl’embaucheLe groupeEuroDisneyet trois ex-gendarmes, dont deux retraités,reconvertis en«privés», ont été récemment renvoyés devant le tribu-nal correctionnel deMeauxpour avoir enquêté illégalement sur descandidats à l’embauche entre1998et 2004, a indiqué l’AFP jeudi1ermars. Ils sont accusés de s’êtreprocuréde façon illégale des informa-tions issues des fichiers de police et de gendarmerie. Selon l’ordonnan-cede renvoi de septembre2011, le groupeaurait eu accès aux antécé-dents judiciairesde plusieursmilliers de candidats, tant sur le plandesinfractions auxmœursque sur celui des infractions financières.p

Michelin accusé de ne pas avoir déclarédes accidents du travailLe parquet de Clermont-Ferrand a annoncé,mercredi 29février,l’ouverture d’une enquête préliminaire sur une possible fraude à laSécurité sociale deMichelin, accusé de ne pas avoir déclaré des acci-dents du travail, ce que le groupe présente commeune «affabula-tion». «Il y a eu une enquête préliminaire ouverte»mi-septembre2011 concernant le site clermontois du leader français du pneumati-que, a précisé le parquet. – (AFP.)

Le Fonds d’indemnisation desvictimes de l’amiante (FIVA) aété créé en 2001. Etablisse-ment public administratif, il estfinancé chaque année par unecontribution de l’Etat, votée enloi de finances, et par une contri-bution de la branche accidentsdu travail-maladies profession-nelles de la Sécurité sociale.En 2010, il a reçu 386millionsd’euros de l’Etat et de l’assuran-ce-maladie. S’ajoutent des recet-tes correspondant notammentaux sommes obtenues dans le

cadre des recours en reconnais-sance de faute inexcusable del’employeur.Si le dossier d’une victime estrecevable, le FIVAdispose de sixmois pour lui proposer uneindemnisation. Actuellement, ledélai est d’un an, selon la CGT,en raison d’un engorgement etde problèmes informatiques.La contestation de l’offre duFIVA s’exerce devant les coursd’appel, le Fonds étant considé-ré commeunpremier niveau dejuridiction.

A la suite de l’article intitulé « Affai-re UraMin : pas de fraude,mais desfailles dans la gouvernance d’Are-va» (LeMondedu16 février), Sébas-tiendeMontessus,directeurgénéraladjoint chargé du Business GroupMines etmembre du directoire d’A-reva, nous fait parvenir le courriersuivant : «M. SébastiendeMontes-

sus dément formellement touteimplication ou participation dansdesfaitsd’espionnagesurlaperson-ne de MmeAnne Lauvergeon et desonépoux,M.Olivier Fric. Enaucu-ne façon, M. de Montessus n’ademandé lamise enœuvrede pro-cédés illégaux sur quelque sujetquece soit.»p

Flammarion:surseptprétendantsaurachat,GallimardparaîtbienplacéLaventesedécidera le16mars, lorsd’unconseildeRCS,maisonmèreitaliennedel’éditeur

Un fonds d’indemnisation engorgé

Des veuves de salariés victimes de l’amiante, en 2009, à Dunkerque. PHILIPPE HUGUEN/AFP

Desvictimesdel’amiantecondamnéesàreverserunepartiedeleursindemnitésTroiscentsparlementairesdemandentune«remisegracieuse»dessommesàrembourser

CorrespondanceUnelettredeM.deMontessus

12 0123Samedi 3mars 2012

Page 13: Le monde week end du 3-3-2012

130123Samedi 3mars 2012

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 2/3 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

CM-CIC EUROPE 22,80 1/3

Fonds communs de placementsCM-CIC EUROACTS C 17,92 1/3CM-CIC SELECT.PEA 7,46 1/3CM-CICMID EUROPE 20,48 1/3CM-CIC TEMPEREC 172,25 1/3CM-CIC DYN.EUROPE 32,52 1/3CM-CIC FRANCEC 30,21 1/3CM-CIC EQUILIBRE C 72,12 1/3CM-CIC DYNAM.INTLE 27,83 1/3CM-CIC OBLI C.T.D 133,91 1/3CM-CICMID FRANCE 33,87 1/3

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SICAVET FCP

PER - Price EarningRatio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3502,60 2/3 0,08 3500,01 1/3 3114,45 9/1 9,00

ALLEMAGNE DAX Index 6944,47 2/3 0,04 6971,03 21/2 5900,18 2/1 9,35

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5929,20 2/3 -0,03 5964,02 24/2 5572,28 3/1 9,66

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 12980,30 1/3 0,00 13055,75 29/2 10404,49 4/10 11,19

Nasdaq composite 2988,97 1/3 0,00 3000,11 29/2 2298,89 4/10 15,79

JAPON Nikkei 225 9777,03 2/3 0,72 9866,41 29/2 8349,33 6/1 13,11

LESMARCHÉSDANSLEMONDE 2/3, 9h46

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PERcours 2011 2011

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VALEURSDUCAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 26,80 26,77 0,11 36,84 27,74 18,70 0,62 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 98,57 99,00 -0,43 3,12 99,50 94,21 2,35 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 1,76 1,80 -2,22 46,23 1,97 1,21 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 32,27 32,38 -0,32 37,73 32,88 21,93 0,62 T FR0010220475ARCELORMITTAL ............... 15,96 16,00 -0,28 12,95 17,96 14,03 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 12,39 12,33 0,53 23,39 12,92 9,39 0,69 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 38,07 37,35 1,91 25,44 38,09 27,52 2,10 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 23,77 23,80 -0,15 -2,38 25,74 22,50 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 33,37 33,09 0,86 38,21 33,39 24,04 1,00 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 18,62 18,87 -1,30 5,73 19,10 16,27 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 4,99 4,90 1,71 14,38 5,71 4,01 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 51,26 51,30 -0,08 5,54 51,38 45,93 1,30 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 27,83 28,05 -0,78 15,24 28,05 24,02 0,19 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 19,25 18,98 1,42 2,39 19,32 16,92 0,57 A FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 60,89 61,01 -0,20 11,62 61,79 54,50 0,83 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 11,39 11,48 -0,78 -6,10 12,40 11,09 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 19,70 19,75 -0,25 -6,72 21,85 19,06 0,83 A FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 35,90 35,58 0,90 32,16 35,99 26,07 1,00 T FR0000120537LEGRAND .......................... ◗ 27,20 27,12 0,28 9,46 27,80 24,54 0,88 T FR0010307819L’OREAL ............................ ◗ 87,17 87,49 -0,37 8,02 87,49 79,22 1,80 T FR0000120321LVMHMOET HEN. ............ ◗ 128,75 128,80 -0,04 17,69 129,60 108,00 0,80 A FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 51,94 52,14 -0,38 13,72 57,93 45,61 1,78 T FR0000121261PERNODRICARD ............... ◗ 78,54 78,45 0,12 9,60 78,69 70,50 0,77 S FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 14,47 14,46 0,04 19,49 17,39 11,98 1,10 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 127,90 128,60 -0,54 15,59 129,15 110,70 3,50 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 41,69 41,71 -0,05 17,29 42,60 35,30 0,70 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 40,89 40,52 0,93 52,57 42,05 26,76 0,30 T FR0000131906SAFRAN .............................. ◗ 25,85 25,77 0,33 11,40 26,01 22,75 0,25 A FR0000073272SAINT-GOBAIN .................. ◗ 36,19 36,20 -0,04 22,00 37,62 29,03 1,15 T FR0000125007SANOFI ............................... ◗ 57,25 57,15 0,18 0,88 57,42 54,86 2,50 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 52,25 52,30 -0,10 28,44 52,45 40,31 3,20 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 25,68 25,06 2,49 49,29 25,81 14,88 1,75 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 5,54 5,57 -0,47 20,76 5,83 4,59 0,09 A NL0000226223TECHNIP ............................. ◗ 84,40 84,50 -0,12 16,22 84,90 68,76 1,45 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 42,44 42,58 -0,34 7,43 42,59 38,57 0,57 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 147,05 147,40 -0,24 5,87 152,25 130,35 8,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 53,78 54,16 -0,70 7,22 58,24 49,68 1,30 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 10,60 10,55 0,47 25,16 10,66 7,88 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 39,30 39,49 -0,48 16,42 39,59 33,62 0,55 A FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 14,28 14,50 -1,55 -15,63 17,62 14,21 1,40 T FR0000127771

Vendredi 2 mars 9h46Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code

cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

Social Espagne:le chômage atteintun niveau recordLe nombrede chômeurs en Espa-gne a atteint fin février unnou-veau record, avec plus de 4,7mil-lionsde personnes, a annoncévendredi 2mars leministère dutravail, ce qui le situe à sonniveaule plus élevé depuis la premièrediffusionde ces statistiques en1996. – (AFP.)

DéfenseLeBrésil riposteà l’annulationd’un contratpar les Etats-UnisLeBrésil a réagi vivement jeudi1ermars à l’annoncepar l’arméedel’air américainede l’annulationd’un contrat pour l’achatde vingtAT-29Super TucanodubrésilienEmbraer, après le dépôt d’uneplaintede l’américainHawkerBee-chcraft, dont l’appareil avait étéécarté. Selonune sourcegouverne-mentale, cette annulation«seraprise en compte» et «affectera ladécisionduBrésil d’acheter36avions de chasse». Le F18deBoeing est en compétitionavec le

RafaledeDassault et leGripenNGdu suédois Saab. – (AFP.)

RestaurationAccordpatronat-salariés sur lessalaires et la primeTVAL’ensembledes organisationspatronaleset des syndicatsde sala-riés de l’hôtellerie et de la restaura-tionont abouti, jeudi 1ermars, à unaccordportant surune revalorisa-tiondes salaires d’environ2%et

lemaintiende la «primeTVA»pouvantatteindre 500euros.–(AFP.)

Jouets Lego annonce desventes en hausse de 17%Ledanois Lego apublié, jeudi1ermars, un chiffre d’affaires de3,5milliardsde dollars (2,7mil-liardsd’euros) pour 2011, enhaus-se de 17%. Ses bénéficesont pro-gresséde 12%, pour atteindre

776millionsde dollars. Le succèsdes licences StarWars,HarryPot-ter et Pirates desCaraïbes expli-que enbonnepartie ces résultats.Le groupeaffirmedétenir 7,1%dumarchémondial du jouet.

FinanceLe site Yelpvaut près de900millionsde dollars enBourseLe site Internet américain Yelp,spécialisé dans les critiques derestaurants et autres services parles internautes, sera valorisé898millions de dollars (677mil-lions d’euros) pour son entrée enBourse vendredi 2mars, àWallStreet. – (AFP.)

PublicitéEuroRSCGva changer de nomL’agencede communicationEuroRSCG, filiale d’Havas, changeradenomle 1erseptembrepour s’appe-lerHavasWorldwide, a-t-elleannoncé, jeudi 1er février. Elle a étéfondée en 1970par BernardRoux,JacquesSéguéla, AlainCayzac etJean-MichelGoudard, qui lui ontdonné leurs initiales. – (AFP.)

Marchés

Finance

Dettegrecque: leversementdesCDSn’estpasdéclenché…pourl’instantLa restructurationde ladette grecque, qui doit amener les créancierspri-vés à renoncerde façon«volontaire» à 53%de leurs prêts, ne constituepasun«événementde crédit», a jugé, jeudi 1ermars, l’InternationalSwapsandDerivativesAssociation (ISDA), association regroupant lesgrandesbanqueset des fonds: en conséquence, les CDS (CreditDefaultSwaps), ces produits financiers fonctionnant commeuneassurance, nesontpas déclenchés. L’activationde ces CDS a longtempsété jugéedan-gereuseà causede l’opacité de cemarché, un risquedésormaisminorépardenombreuxacteurs. L’ISDAa indiquéque sapositionpouvait enco-re évoluer. Si jamais le tauxdeparticipationà la restructurationn’étaitpas assez important,Athènes a la possibilitéde contraindre ses créan-ciersprivés à prendredespertes, ce qui reposera la questiondesCDS.p

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Conjoncture&viedesentreprises

économie

Lesproducteursdelaittournentchèvres

L e plan d’actionnariat salariéde La Poste devrait être lancéen juin, selon un document

transmis, mardi 28février, par ladirectionàlacommissiondedialo-gue social du groupe. Le peu d’ap-pétencedes syndicatspour cepro-jet ouvert aux 282000employés,fonctionnaires comme salariés dedroit privé, n’entame pas la déter-minationduPDG,Jean-PaulBailly,à lemener à bien. Entre 2,5%et 3%ducapitaldeLaPosteseraproposéaux salariés.

LePDGdeLaPosteafaitdeladis-tribution d’actions aux salariésune priorité, dès l’annonce, en2008,duchangementdestatutdugroupe.Cetteopérationsera,selonle document, «de loin, la plusimportante dans une société noncotée en France». Elle vise à asso-cier les postiers à la transforma-tion du groupe en société anony-meàcapitaux100%publics,effec-tive depuis le 1ermars 2010, et à samodernisation.

M.Baillyespèrequ’aumoinsunpostiersurdeuxdeviendraaction-naire.Enpleindébatsurlepouvoird’achat, il fait la promotion d’un«nouveaumodèled’entreprise res-ponsable [offrant]àchaquepostiè-re et chaque postier un moyend’êtremieux associé au partage dela créationde valeur».

Tous coûts inclus – essentielle-ment la «décote» appliquée auxactions proposées aux salariés etl’éventuel abondement de l’entre-prise, susceptibled’inciter les sala-riés à devenir actionnaires – l’opé-ration pourrait coûter 100mil-lionsd’euros à La Poste.

Le compte à rebours est lancé.Une fois les résultats financiers del’année 2011 publiés, le 8mars,l’Agence des participations del’Etatengagerales travauxdevalo-risationdugroupepostaletpropo-sera au ministre des finances les

grandes lignes de l’offre. Il revien-dra à la commissiondes participa-tions et des transferts d’entérinerlavaleurde LaPoste, ce qui serviradebaseauprixde l’opérationetde«l’actionPoste».

Toujours selon le document,ces nouvelles actions seront pla-cées dans un fonds commun deplacementd’entreprise, lui-mêmelogédansunnouveaupland’épar-gne groupe (PEG) distinct de l’ac-tuel PEGd’épargne salariale.

Les syndicats réticentsPour séduire les employés, La

Postedevraitpouvoircomptersurses bons comptes de 2011, malgréune année de crise dans la zoneeuro et le coût de la dépréciationde ladettegrecque.Lebénéficenetde l’entreprise devrait, selon nossources, être supérieur aux450millions d’euros estimés à lafin de l’année 2011 et annoncés auconseil d’administration du21décembre.

Ce montant était lui-mêmesupérieur de 1% au bénéfice pré-vu par le budget. L’excédent brutd’exploitation devrait progresserpar rapport à 2010. Les objectifsparmétiers ont tous étédépassés.Par ailleurs, la dette ayant étéréduite à 4,3milliards d’euros, lesratiosd’endettementsontenamé-lioration.

Les syndicats restent circons-pects face à la constitution d’unactionnariat«populaire»àLaPos-te où de nombreux employés« peinent à boucler les fins demois».«Aucuneorganisationsyn-dicale n’est prête à signer unaccordsurcenouveaupland’épar-gne», avance Régis Blanchot deSUD-PTT. De son côté, la CGTredoutequeceprojetn’augmentela part aléatoire des rémunéra-tions au détriment des salaires.p

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0123LA BOUTIQUE

Du lundi au vendredi9 h 30 à 18 h

Samedi 10 h à 14 h

BruxellesBureau européen

L es pays de la zone euro espè-rent activer le second pland’aide à la Grèce – 130mil-

liards d’euros, en plus des 110mil-liardsengagésenmai2010–d’ici àdeux semaines, afin de consoliderlerépitconstatédepuis ledébutdel’année sur lesmarchés.

Ce feu vert reste conditionné àla conclusion d’un accord entreAthènes et ses créanciers privéssur la restructuration de la dettegrecque: la date butoir pour cetteopération, qui doit conduire àl’abandonde 107milliards d’eurosde dettes, sur un total de 200mil-liards, est fixée au jeudi 8mars.

Un point d’étape est prévu – autéléphone – entre ministres desfinances de la zone euro le 9mars.Dans l’idéal, le plan d’aide devraitêtreactivéle14mars,aprèsuneréu-nion, la veille, à Washington duconseil d’administration du Fondsmonétaire international (FMI).

Jeudi 1ermars, en marge d’unConseileuropéend’uncalmeinha-

bituel, les grands argentiers ontsalué l’adoption, ces derniersjours, par les autorités grecquesdes différentes réformes et écono-mies exigées avant le lancementdes nouvelles aides. «La Grèce apris toutes lesmesuresquenous luiavionsdemandées,leschosesavan-cent bien», s’est félicité –pourunefois – le chef de file de l’Eurogrou-pe, Jean-Claude Juncker.

«Un tournant dans la crise»Une question demeure débat-

tue, qui pourrait limiter la partici-pation du FMIau plan d’aide à laGrèce: celle de l’augmentation delaforcedefrappedufondsdesauve-tage européen. Elle est réclaméedelongue date comme un préalablepar les Etats-Unis et les pays émer-gents, mais elle n’est toujours pasréglée, en dépit de quelques signesd’ouverturedeBerlin.

L’idéeestdedisposerd’uneenve-loppe totale de 750milliards d’eu-ros afin de pouvoir, s’il le fallait,voler au secours de pays commel’Italie et l’Espagne, même si cetteperspectives’éloigne.

Deux options sont sur la table.Lapremière,privilégiéeàBerlincartemporaire, consisteà laisser coha-biter, pendant un an, les deux ins-trumentscréésdans l’urgencedelacrise,leFondseuropéendestabilitéfinancière (FESF) et le Mécanismeeuropéen de stabilité (MES), quidoit lui succéder en juillet.

La seconde option, permanen-te, serait de porter à quelque110milliards d’euros – contre80milliardsàcejour–lecapitalduMES. Les dirigeants de l’unionmonétaire devraient, si l’Allema-gne consent à transiger, trancherla question d’ici à fin mars. Uneseulechoseest sûre, les Européenssont d’accord pour accélérer ladotationen capital duMES.

La«misesouscloche»de laGrè-ce, si elle se confirme d’ici àmi-mars, marquera-t-elle la fin dela crise desdettes souveraines? «Jenedispasqu’onestsortide l’ornière,mais il y a un tournant dans la cri-se», a jugé Herman Van Rompuy,aprèsavoirétéréélu,pourdeuxanset demi, à la présidence desConseils européens et des som-

mets de la zone euro. Tandis quechefs d’Etat et de gouvernementont signé, vendredi 2mars, le pactebudgétaireexigépar la chancelièreallemande, Angela Merkel, enéchanged’unsurcroîtdesolidarité,unautredébatprenddel’ampleur:celui de l’équilibre austérité-sou-tienà la croissance.

Face à la récession, l’Espagne deMarianoRajoydemandeunpeudesouplesse dans l’application de ladisciplinecollective.Maissesparte-naires, Allemagne, Commission etBCEen tête,ontexigé, jeudi,qu’elleamplifie l’austéritépour tenir l’ob-jectifd’undéficitramenéà4,4%duproduit intérieur brut (PIB) fin2012, contre8,5%en2011.

Ce qui n’aide pas M.Rajoy c’estqueMark Rutte, le premier minis-tre néerlandais – l’un des plus«orthodoxes» en Europe –, a pro-mis de faire le nécessaire pour queles Pays-Bas, frappés par la réces-sion, enrayentmalgré tout le déra-page de leurs comptes publics–déficit de 4,5% attendu cetteannée.p

PhilippeRicard

L e lait de chèvre est en ébulli-tion. La Fédérationnationa-le des éleveurs de chèvres

(FNEC) a choisi la vitrinemédiati-queduSalonde l’agriculturepour faire entendre sonmécon-tentement. Les dizainesdemil-liers de visiteurs qui se pres-saient,mardi 28février, dans la«plus grande fermede France»installéeportedeVersailles àParis ont forcément croisé Fran-çoisHollande. Le candidat socia-liste à la présidentielle a réussi letourde forcede sillonner lesalléespendantdouzeheures…

Ceuxqui sont passéspar la«chèvrerie» ont, eux, croiséunedizained’éleveursporteursdepancartesdénonçant la décisionde la coopérativeTerra Lacta debaisser le prixdes 1000 litres delait de 30euros. Soit, selon leurcalcul, une baissede revenudesexploitantsde 30%. Parmesurede rétorsion, lesmanifestantsontôté les produitsde cette coopérati-vede la boutiqueproposant lagammedes fromagesde chèvreauxvisiteurs.

Secondactemercredi enVen-dée, surundes sites de Terra Lac-ta àMareuil-sur-Lay.Une centai-nedemanifestantsa empêchécetteusinede livrer ses produits.En l’occurrencedu lait de vache.Les éleveurs se seraient-ils trom-pésde cible? Apriori non, car Ter-ra Lacta ou ses concurrents Lacta-lis, Bongrain et Triballat s’alimen-tent autant auxpis des caprinsqu’à ceuxdesbovins.

Despis parfois capricieux.Untemps, le flot de lait de chèvre enFrancene suffisait pas à étancherle goût des consommateurs fran-çais pour lesValençay, Chabi-

chouet autres bûches. Résultat,selonAlain Lebret, présidentdeTerra Lacta, le précieux liquides’est négocié jusqu’à600eurosles 1000litres en 2008. Et cer-tains industriels commeEurialouLactalis se sont approvision-nés auxPays-Bas et enEspagne.Despaysoù le fluxde lait était enexcès et les prix jusqu’à deux foismoins élevésqu’en France.

Baisse des prixAlorsque les entreprises fabri-

quaientducaillé à tourdebras,l’appétitdes consommateursasoudainmarqué lepas.Priseàcontre-pied, laprofessions’estengagée, fin2010, à réduire lapro-duction, les importationset àgeler leprixdu laitde chèvre.

PourM.Lebret, tout lemonden’apas joué le jeu. L’année2011s’est soldéepourTerraLacta, les-téedestocks,parunepertede8millionsd’euros sur sonactivitéfromagedechèvre,quipèse100millionssur ses650millionsdechiffred’affaires. Sonconseild’administration,oùsiègentdavantaged’éleveursbovinsquecaprins,adécidéque la filièrebovi-nene seraitpas lavacheà laitde lafilièrecaprineendifficulté.

D’où la décisiondebaisser leprixdu lait de chèvre à 545eurosen 2012. «Nous craignonsuneffetdomino, Terra Lacta étant le plusgros collecteurde lait de chèvre enFranceavec 800producteurs»,estimeFranckMoreau, vice-prési-dentde la FNEC.

Leblocus de l’usine s’est ache-vé jeudi avec lanominationd’unmédiateurpar leministre del’agricultureBrunoLeMaire.p

LaurenceGirard

LaPostelanceraenjuinsonpland’actionnariatsalariéDe2,5%à3%ducapitalde l’entreprisepubliqueserontproposésauxemployés

L’EuropelaisseentrevoiràlaGrèceledéblocagedusecondpland’aideLadécisionest liéeà laconclusion, le8mars,de l’accordsur larestructurationdeladettegrecque

Page 14: Le monde week end du 3-3-2012

DansladatchadePoutineAtrois joursde l’électionprésidentielle,lepremierministrerussea reçudesreprésentantsde journauxétrangers, dontl’envoyéespécialedu«Monde»,danssarésidencegouvernementaleprochedeMoscou

Novo-Ogorevo (Russie)Envoyée spéciale

Il arrive avec deux heures de retardsur l’horaire prévu, mais ses colla-borateurs nous considèrent com-meplutôt fortunés:«Il a faitatten-dre la reine d’Angleterre une heu-re», dit l’un d’eux. Et en attendant

Vladimir Poutine, le petit groupe de jour-nalistesinternationauxquiestreçucejeu-disoir1ermarsàdîneràladatchagouverne-mentale de Novo-Ogorevo a droit à tousles égards. Tout se passera bien, donc, àconditiondene pas trop s’aventurer danslaneigequi tapissela clairièreautourdelarésidencedecampagnedupremierminis-tre, candidat dimanche à son troisièmemandat à la présidencedeRussie.

A trois jours d’une élection qui doit,selon toutes les prédictions, le voir accé-deràlaprésidencedelaRussiepourlatroi-sièmefoisdesacarrière,VladimirPoutinea voulu rencontrer quelques représen-tants de journaux étrangers (Le Monde,The Times, Handelsblatt, La Repubblica, leJaponaisAsahi Shimbun, le CanadienGlo-be and Mail), sélectionnés parmi les paysduG8, pourparler de sa visiondumonde.Et, visiblement, tenterde rassurer ses par-tenaires occidentaux après des propos etdes textes de campagne qui ont parfoisrappelé les plus belles heures de la guerrefroide.

Lasécurité,danscettemagnifiqueforêtdepinsetdebouleauxà30kmà l’ouestdeMoscou, est discrète mais stricte. Notretentative de faire quelques pas autour dela joliebâtisseduXIXesiècle, jauneetblan-che, est arrêtée net par un garde du corpssorti sur la terrasse. Sur Google Earth,

consulté sur un iPad pour avoir une vueaérienne du site, le GPS s’affole, commes’il était brouillé.

Vladimir Poutine utilise beaucoup cet-te résidence, il préfère sa tranquillité auvacarme de Moscou. Il l’a même gardéequandDmitriMedvedevestdevenuprési-dent et lui premier ministre, il y a quatreans, lorsque la Constitution l’a empêchéde briguer un troisièmemandat consécu-tif. Vladimir Poutine ne vit pas dans lajolie maison jaune et blanche, réservéeaux fonctions officielles, mais dans unegrande bâtisse de bois sombre, moderne(sa date de construction relève apparem-mentde l’informationclassifiée), que l’onaperçoit furtivement sur le côté du che-min en arrivant. C’est là, en sous-sol, quese trouve la piscine dans laquelle il nagetous les jours.A59ans, l’anciencolonelduKGB se maintient dans une forme physi-que parfaite, au prix d’une heure de sportpar jour. Pas le genre à se laisser surpren-dre en train d’envoyer des SMS en pleineréunion: il n’a pas de téléphone mobile.«Ce n’est pas un fan de la vie numérique,relève son porte-parole, Dmitri Peskov. Ilpréfère la vraie vie.»

DmitriPeskovnous l’a annoncé fatiguépar une campagne électorale qui l’acontraint à passer quatre jours par semai-ne en avion, pour parcourir l’immensitéde la Russie et ses neuf fuseaux horaires.Vladimir Poutine, pourtant, n’en laisserienparaître.Levisageestparfaitementlis-se, ni une ride ni un cerne, le teint unifor-mément clair. L’œil, bleu et perçant, peutêtre glacial, laissant échapperune étincel-le d’exaspération lorsqu’un propos luidéplaît. En strict costume noir, l’hommeva droit au but, s’assoit devant une assiet-tedecrabeduKamchatkaauquel ilne tou-cherapas et se déclare prêt à se soumettre«à toutes les questions», sans s’embarras-ser des gestes chaleureux, réels ou feints,qu’affectionnent nos politiciens en cam-pagne.

Emaillée demanifestations sans précé-dent dans les grandes villes, cette campa-

gne électorale a été inédite. La nouvelleclasse moyenne, frustrée par un climatpolitique figé, saturée de corruption et depromesses non tenues, a fait clairemententendre sa voix. Vladimir Poutine a-t-ilété surpris par l’ampleur de ce mouve-ment de protestation, dès le 5décembre,lendemain d’élections législatives mar-quées par de graves accusations de frau-de? Pas du tout, assure-t-il, résolumentpositif : «Vous, en Europe, vous n’êtes pasétonnés lorsque des millions de gens défi-lentcontrelacrise!EnRussienonplus, iln’ya riend’étonnantà ceque les gens, après lacrise,concentrentleurscritiquessurlepartiau pouvoir. Personnellement, je suis trèscontent car cela nous oblige à réfléchir àdes solutions et à communiquer avec lasociété. C’est une très bonne expériencepour la Russie.»

Communiquer? Mais l’opposition«non systémique», selon la jolie formuleen cours ici pour désigner les protestatai-res, l’accuse de refuser le dialogue. Il s’endéfend vigoureusement: « Je dialoguetous les jours avec des gens en province, àla campagne, dans la rue.»Pourquoi a-t-ilconstamment refusé de débattre avec sesadversaires, les autres candidats à l’élec-tion présidentielle? La question semblel’étonner, comme si la confrontation desidées était superflue. « Je les connaisdepuis longtemps, dit-il, et je connais bienleur programme. Alors débattre sur fondde promesses populistes ne me paraît pasintéressant.Cen’estpas ledébatqui comp-te, c’est le résultat.»

D e fait, Vladimir Poutine n’a guèrede considération pour ses oppo-sants,«systémiques»ou «non sys-

témiques». Il confirme que, s’il est élu, ilnommera Dmitri Medvedev premierministre, consacrant un échange de pos-tes inédit, dont l’annonce à l’automne alancé le début de la contestation. «Nousnous étions mis d’accord, rappelle-t-il,celuidesdeuxqui aurait leplusdechancesd’être élu se présenterait à la présidence.Qu’est-ce que cela a de si inhabituel?»

Ceuxqui,danslesmanifestations,accu-sent son parti d’être celui «des escrocs etdes voleurs» ne font que reprendre «unsloganpolitique».«Les leadersdel’opposi-tionont eux-mêmes été aupouvoir. Ils ontétéministres,gouverneurs,dirigeantspar-lementaires. Ils ont dirigé le processus deprivatisation. Ce slogan les concerne aus-si.»AlexeiNavalny, lenouveauhérosdelarue,le jeuneavocatquisursonblogdénon-ce,avecuneefficacitéredoutable,desaffai-res de corruption à haut niveau, docu-ments à l’appui? «J’ai entendu ce nom»,dit d’abord, un brin dédaigneux, le pre-mierministre, avantde l’attaquer sur sonexpérience passée auprès d’un gouver-neur de région. «Mais bien sûr, toutes lesinitiatives contre la corruption sont utiles.Mais vous parlez de la corruption comme

si chez vous il n’y enavaitpas ! Elle existe, ycompris dans vos gouvernements.»

Vladimir Poutine rejette catégorique-ment l’idée qu’il n’est soutenu que par laRussie profonde, alors que la classemoyenneurbaine,quiaémergéetprospé-ré sous son règne, le groupe social surlequel il doit s’appuyer pour moderniserle pays, le rejette. «Vous vous trompez,accuse-t-il, connaissez-vous seulement leschiffres ? Je suis en contact permanentavec les associations d’entrepreneurs et lacommunauté des affaires. Et je ne peuxpas être d’accord sur le fait que la campa-gne ne représente pas la modernité, l’andernier, laRussieaété le troisièmeexporta-teur de blé.»

Cela dit, il admet que «la classemoyen-ne a plus de revendications en termes d’in-justice, de corruption, d’arbitraire. Je peux

le comprendre et je partage cette inquiétu-de, le pouvoir doit être plus efficace.»

Prenant acte de la contestation, Vladi-mir Poutine a reconnu dans l’un des arti-cles qu’il a fait publier dans la pressedepuisjanvierquelaRussiesouffraitenco-redegroshandicapspolitiquesetsociaux.Jeudi soir, il réfute lesquestions sur sa res-ponsabilité personnelle ou sa volonté dese maintenir à tout prix au pouvoir qu’iloccupe depuis douze ans : « Je n’y ai pasencore réfléchi», assure-t-il lorsqu’on luidemandes’ilsereprésenteraen2018,pourun quatrièmemandat. Il ne voit pas vrai-ment de «graves erreurs» à se reprochersurcesdouzeannées.Mais iladmetvolon-

tiers que la corruption reste «un problè-me, un fait de la vie. Elle existe partout,peut-être plus chez nous, c’est lié à la natu-re de notre économie et au manque decadre juridique.»

Pour le reste, Vladimir Poutine semblevouloir donner, ce soir, une image, sinond’ouverture, du moins de modération.Après le veto sino-russe sur la résolutionde l’ONU qui a tant choqué les Occiden-taux, il prend ses distances avec le régimedeBacharAl-Assad,dontil refusedeprédi-re les chances de survie. Sur l’Iran, l’hom-mequipromet,danssonprogrammeélec-toral,d’investirplusde500milliardsd’eu-ros sur dix ans dans la modernisation del’équipementmilitaire russe s’abstient defairemonter lesenchèresetprometque laRussie «fera tout son possible pour éviterun conflit armé». Sur les Etats-Unis, enfin,VladimirPoutineéviteostensiblementdereprendre les diatribes anti-américainessouvent entendues dans son discours cesdeux derniers mois. Même les dirigeantsde l’eurozone ont droit à sa sollicitude:peut-être certaines décisions ont-elles«trop tardé», mais «ce n’est pas à moi dejuger». Et même «mon ami Berlusconi»est plein d’admiration pour le «travail dekamikaze» du premier ministre italien,MarioMonti!

Il est 22h30, le dessert et le thé ont étéservis. Lepremierministreprenduneder-nière question sur sa femme, Loudmila,qui a totalement disparu de l’espacepublic. «Ce n’est pas facile pour elle, dit-il,laissant entendre qu’elle ne reviendrapasaupremierplan.Cen’estpasunepersonnepublique, lesmédias sont cruels. Lesmem-bres de ma famille ne sont pas candidats,ils voudraient qu’on les laisse tranquilles.»

VladimirPoutinedéclare la finde lapar-tie, car une autre partie l’attend, dehockeysurglacecettefois:«Celafaitdéjàunedemi-heure qu’ils m’attendent.» Visiblement, ilabordecelle-là avecplusdeplaisir.p

décryptagesRÉCIT

«Débattresurfonddepromessespopulistes

nemeparaîtpasintéressant.Cen’estpasledébatquicompte,c’estlerésultat»

Vladimir Poutinepremierministre russe

f Sur Lemonde.frVoir le portfolio de Davide Monteleone

C’est à l’heure du dînerque Vladimir Poutine a reçu

des journalistesdans sa résidencedeNovo-Ogorevo,

jeudi 1ermars.DAVIDEMONTELEONE/VII POUR «LEMONDE»

Sylvie Kauffmann

14 0123Samedi 3mars 2012

Page 15: Le monde week end du 3-3-2012

décryptagesDÉBATS

LaSyrieparHaddad

Au risque de provo-quer des bouleverse-ments économiqueset sociaux de grandeampleur, la réponsede l’Europe à la crise

nepeut se limiterà l’austéritébud-gétaire et aux réformes structurel-les.L’Europeabesoinderelancer lacréationd’emplois et la croissancevia une réforme de son économieet doit, parallèlement, s’attaquer àdes enjeuxmondiaux de long ter-me, comme la rareté des ressour-ces et le changementclimatique.

Premier importateurnet de res-sources par habitant, l’Europe esttrès vulnérable aux chocs sur lesmarchés mondiaux. Des «méga-tendances» qui ne sont pas étran-gères à la crise actuelle se dessi-nent, conjuguant rareté, haussedesprixetconcurrencepourlesres-sources. Les réactions asymétri-quesaurenchérissementdel’éner-gie et des matières premièresentre 2005 et 2008 en sont lessignes avant-coureurs. Elles ontcontribué à la crise européenne:certains pays européens étaientmieuxarméspourfairefaceàcette

flambée des prix ; d’autres ontmaintenu leur croissance en creu-santleurdéficitcommercialet leurendettement,public etprivé.

Toutmiser sur l’austérité et lesréformes structurellesnepermet-trani de créer desemplois, ni d’as-sainir les financespubliques,nidejeter les bases d’une prospéritésur la durée. En revanche, l’inves-tissement dans « l’économie ver-te»a lepotentielderéconciliercesimpératifs aux horizons tempo-rels différents.

A court terme, les Etats doiventfaire redémarrer la croissance,sinon l’endettement deviendraintenable. Dans certaines régionsd’Europe, le capital et le travailsont inemployés. C’est donc lemoment d’investir dans des actifsproductifs à long terme tout enréduisant les déséquilibres intra-européens. L’utilisation efficientedes ressources constitue l’un desmoteursdelacompétitivitéetdelarésilience économiquede demain.Aucunautresecteurn’offreunetel-le logique d’échelle, d’opportunitéetdenécessité. Il suffitd’initiatives

publiques pour remédier aux dys-fonctionnements dumarché pourdéclencher des investissementsmassifs dans l’infrastructure verteenEurope, favorisant croissanceetemploi au niveau local, pour leplus grand bénéfice de toute larégion. L’Europe pourrait instau-rer un fonds pour l’infrastructureverte, garanti par des fluxde recet-tes dédiés commeune taxe sur lestransactions financières ou lesrevenus du marché carbone, quiseraient à même de financer desinvestissementssignificatifs.

Les Etats doivent égalementassainir leurs finances. La réfor-me fiscale écologique offre uneoccasion de rétablir les comptespublics en évitant de comprimerla demande et de provoquer destroubles sociaux. En transférantlesprélèvementsexcessifsopéréssur le travail vers la consomma-tionderessourcessous-taxées,oncréera des incitations à l’emploiet on maintiendra les salairesréels, créant un cercle économi-que vertueux. Des problèmesd’équité plus vastes peuvent êtreainsi traités.

Enfin,ilfautsaisircetteopportu-nité pour créer les conditionsde lacroissance à long terme. L’Europenepeutpasrivaliseraveclesécono-mies émergentes en n’agissantque sur les prix. A l’ère de la raretéet de la concurrence, l’innovationtient à l’évidence un rôle central.C’est sur l’innovation verte quel’Europedoitmiser afin de réduireson exposition aux chocs des res-sources et de renforcer sa positionaumarché croissant des technolo-gies vertes. Le budget européen etlesplansderéformenationauxdoi-vent réserver en priorité les aidesaux industries innovantes et capa-bles de dégager des bénéfices àl’échelle européenne.

Un court-termisme malavisécontiendrait les germes des crisesde demain. L’Europe doit articulersapolitiqueautourd’unplancohé-rent visant à développer une éco-nomie verte et innovante. C’est enfaisant preuve de résilience ainsiqu’en se dotant de l’infrastructureetducapital intellectueldontelleabesoin pour prospérer dans laduréequ’elle créerades emplois etfera repartir la croissance. p

FrançoisHollandeCandidat du Parti socialisteet du Parti radical de gaucheà l’élection présidentielle

CorrespondanceUnelettredujournalisteClaudeAskolovitch

La gauche a une histoire. Elle aaussi des valeurs, la vérité et lajustice notamment. Elle veilleàceque la loi fixedes règlesquicorrigentles inégalitésetprotè-gent ceux qu’un libéralisme

excessif laisse démunis face aux plusforts. S’il me semble bon de rappeler icices principes essentiels, c’est parce que jeveille à ce qu’ils guident toute monaction. Il nous faut aussi nous y référerpour aborder la question de la loi Hadopiquifaitdébat. Internetaccompagnedésor-mais laviedetous lesFrançaiset transfor-me nos activités professionnelles, écono-miques, mais aussi notre accès à l’infor-mation, à la culture, à la connaissance. Al’heure où de nouvelles industries cultu-relles se développent sans cesse, il esttemps demettre enœuvre une politiquecohérente et juste, qui fasse de la révolu-tion numérique un vecteur d’émancipa-tion individuelle et collective, unmodèlede développement économique et uneopportunitépour la culture.

La gauche a toujours soutenu la créa-tion artistique et les créateurs. Toute sonhistoire le rappelle. C’est à l’issue de laRévolution française que l’indépendancedescréateursà l’égarddespuissancesd’ar-gent a été conquise. C’est à l’époque duFront populaire que la première ébauchedu Centre national du cinéma a été miseen place. C’est avec François Mitterrandquelecomptedesoutienaudiovisuelet lataxation du chiffre d’affaires des télévi-sionspourfinancerlaproductionaudiovi-suellenationale, leprixuniquedu livreetla copieprivée ont étédécidés. C’est enco-re lui qui a conduit avec succès la bataillepour l’exception culturelle en 1993,laquelle a préservé les biens culturels dela libéralisation des marchés. Quant aucombat, toujours d’actualité, pour quesoient maintenus les dispositifs natio-nauxd’aideà lacréation, il s’estpoursuivisansrelâchedepuisaumoinsvingtans,etLionel Jospin y a largementpris sa part.

Pourquoi, aujourd’hui, la gaucheman-querait-elleàcettetraditiondontelles’ho-nore,alorsqu’ellesaitqueles forcescultu-relles sont des forces de progrès, d’ouver-tureaumondeetdeliberté?Ellerestefidè-leàsesvaleurs : lagauchesoutient ledroitdes auteurs, tant moral que patrimonial,aujourd’hui comme hier. C’est, dans lalignée de Beaumarchais, frondeur etauteur contestataire, notre philosophie.Elle n’en changera pas. Disant que la jeu-nesseestaujourd’huimapriorité, j’aipar-lé d’une «génération création». Je veuxêtre cohérent avec ce choix.

C’est une formidable chance pournotrepaysquedepouvoirproduireetdif-fuser le travail de nos artistes et de noscréateurs–qu’il s’agissede lamusique,ducinéma, du livre, de la création numéri-que et des autres arts. Je soutiendrai tousles dispositifs qui nous permettent dedéfendre notre culture, mais aussi notreéconomie: soutien à la production et à lacréation, gestion collective des droits,adaptation et protection de la chronolo-gie des médias, lutte contre les contrefa-çons, rémunération pour copie privée,défense des plates-formes numériquesinnovantes. Nous aurons besoin d’entre-prises performantes, de réseaux puis-sants, de sociétés actives et vivantes pourdéfendrenosauteurset lesrémunérerjus-tement. Nous avons besoin d’adapternotre législationpourprendreencompteles évolutions technologiques, si rapidesque toutenouvelle loi est trèsvite obsolè-te. La télévision connectéedemain, le rôledes fournisseurs d’accès, la place deshébergeurs, le développement du stocka-gededonnéesnumériques«dans lesnua-ges», autantd’enjeuxindustrielsetcultu-relsmajeursqui constituerontnospriori-tés si la gauche vient aux responsabilités.

Ces rappels sont indispensables pouraborder sereinement la loi Hadopi, tantcontroversée. Elle a coûté cher sans per-mettre la transition des industries créati-ves vers le numérique. Elle n’a pas nonplus financédemanière probante la créa-tion. Et, je l’ai déjà dit, je ne pense pas quela seule répression soit la réponse au pro-

blème posé, ni que le système imaginé,par sa complexité et les questions qu’ilsoulèveenmatièredeprotectionde la vieprivée, soit le bon. Je ne pense pas nonplus qu’il faille opposer, comme l’actuelgouvernement le fait depuis cinq ans, lescréateurs et leur public. Au contraire, parprincipe et par vocation, Internet est leurespace commun.

Maisque les choses soientbienclaires :pour moi, la protection des auteurs estégalement prioritaire. Nous ne considé-rons pas le piratage commeun problèmemineur. Nous soutiendrons et rendronsplus efficaces les actions judiciairesvisantàtarirà lasourceladiffusionilléga-le des œuvres protégées. Nous combat-trons ces plates-formes délocalisées etincontrôlables qui déversent des conte-nusculturelssurleréseausansjamaispar-ticiper à leur financement. De la mêmemanièrequ’onnepeutpluslaisserprospé-rer un marché financier dérégulé, on nepeut pas non plus accepter un marchénumérique sansmaîtrise, dont toutes lesparties, créateurs comme usagers,seraient lésées.

Alors,quelleest la solution?Faut-ilpri-vilégier les internautes?Lesayantsdroit?L’innovation? Il faut d’abord retrouver lechemin du dialogue. Il faut mettre tousles acteurs autour d’une table – ce que legouvernement sortant n’a jamais fait. Jecrois au dialogue, à la concertation, auxcompromis. Qui ne sont, ni pour les uns,ni pour les autres, des compromissions. Iln’yapasdesolutionsimple,nideréponseunique, il y a un modèle économique àinventer qui combinera plusieurs solu-tionsetagrégeraplusieurs typesdefinan-cements.Decedialoguenaîtracequej’ap-pelle l’acte II de l’exception culturelle.

Je cherche à rassembler les Françaispour être plus forts, ensemble, face à lapression et aux difficultés de l’Europe etdumonde.Lesnouvelles industriescréati-ves sont décisives pour notre avenir. Lespratiques culturelles évoluent chaquejour avec l’ère du numérique. Elles sedémocratisent, se diffusent à des publicsnouveauxetdeviennentle lieudenouvel-les socialisations.

Par ledialogueet la concertation,par lagestioncollective,par le soutienfinancieret juridique au développement de servi-ces en ligne légaux, par une adaptationdes financements conduisant notam-mentàfaireparticiperlesacteursinterna-tionaux qui bénéficient de la circulationdesœuvres de l’esprit, par lamise en pla-ce d’un cadre juridique adapté à la luttecontre les services ou intermédiaires illé-gaux, ce nouvel acte que je propose tien-dra compte des évolutions technologi-ques en restant fidèle aux principes quipermettent de soutenir les créateurs.

Bien entendu, la France ne devra pasmener cette politique seule. Il faudratenircomptedel’évolutionducadreeuro-péen et prendre des initiatives, en parti-culier à Bruxelles. D’abord, pour mettreen place les moyens capables d’amenerceux qui utilisent les contenus sansaccepter de les payer à contribuer à leurfinancement.

Ensuite,pourmettreenplacedesdispo-sitifs juridiques fermes et qui ne livrentpas, sans armes, les plus faibles aux plusforts. La France proposera à ses partenai-res d’organiser des assises européennesdes industries culturelles sur Internet.Nenous trompons pas d’adversaire.

Dans ce domaine, comme dansd’autres, le libéralisme cache de puis-sants intérêts financiers. Les créateurssontfragiles.Leuractiondansnotresocié-té à la recherche de sens est primordiale;ellen’estpas incompatibleaveclaprésen-ce d’industries créatives puissantes et dejeunes entreprisesnumériques innovan-tes, parfois fragiles, elles aussi. Tous for-ment le socle sur lequel nous devonsbâtiruneFrancedont laculturecontinue-ra de rayonner à travers lemonde. Je sou-haite que la France retrouve la pleineexpression de son rayonnement culturelet je salue comme un bel exemple letalent et le succès des créateurs du filmThe Artist. C’est un enjeu politique cru-cial, dont jemesure tout le prix et dont jeme ferai le garant. p

A la suite de la publication del’article intitulé «La double vie auFMI» (Le Monde du 21 février),Claude Askolovitch nous envoie lecourrier suivant :

«L’information selon laquellejemeserais renduàWashingtonàl’été 2010en compagniedeRamzi

Khiroun pour préparer le futurlivredecampagnedufuturcandi-dat, Dominique Strauss-Kahn, estfausse. Jen’aijamaisétéàWashing-tonà l’été2010, j’étaisenvacances,enNormandie,auDanemarket enSuède. Je neme suis jamais renduà Washington en compagnie de

Ramzi Khiroun quand M.Strauss-Khan dirigeait le FMI. Je n’aijamais préparé “le livre de campa-gne” du futur candidat Strauss-Kahn.

Je ne peux que regretter lapublicitédonnéeàdesfaits inexis-tants.»

L’austérité,unpiègeantirelanceAidonslacréationd’emploisverts

«L’utilisationefficientedes

ressourcesconstituel’undesmoteurs

delacompétitivité»

«Iln’yapasdesolutionsimple,nideréponseunique,ilyaunmodèle

économiqueàinventer»

Dessin paru dans «Al-Hayat» (Arabie saoudite). CARTOONS.COURRIERINTERNATIONAL.COM

LaurenceTubiana

Directrice de l’Institutdu développement durable

et des relations internationaleset professeure à Sciences Po

(France)

SirNicholasStern

London School of Economicsand Political Science

(Royaume-Uni)

TeresaRibera

Ancienne secrétaire d’Etatchargée du changementclimatique, 2008-2011

(Espagne)

¶Selon différentes études,

la croissance verte pourraitgénérer à terme de 325000à 684000 créations nettes

d’emplois en France

¶Adoptée

en octobre2009,la loi Hadopi

instaureune «ripostegraduée»

(du courrield’avertissementà la suspensionde l’abonnementà Internet) contrele téléchargement

illégal

LaloiHadopidoitêtrerepenséeProtégerlesauteursetlesinternautes

150123Samedi 3mars 2012

Page 16: Le monde week end du 3-3-2012

Sans détour | chroniquepar Caroline Fourest

Ladémagogiecontre ladémocratie

L es récents propos deMarine Le Pen sur laviande halal, la volonté affichée du prési-dentde la Républiquededéminer la polé-

mique naissante, le silence de nombre de res-ponsables politiques sur le sujet ontmontré lasensibilité et la complexité de ce dossier. SiMarine Le Pen n’a pas eu tort de pointer la pré-sence de viande halal (mais aussi casher) dansles circuitsdedistributionde laviandeconven-tionnelle – une réalité connue et reconnue parles acteurs de ce marché depuis plusieursannées–etdedemanderdavantagedetranspa-rence dans ce domaine, elle a en revanche étédémentie sur les chiffres qu’elle avançait. Plusfrappant,sonmessageimplicitesurl’«islamisa-tion» de la Francen’a pas été franchement sui-vi,contrairementàl’emballementquiavaitfaitsuite à sa dénonciation des prières musulma-nesdans la rue en 2010.

Lassitude face à l’instrumentalisation de l’is-lamparl’extrêmedroite,souscouvert,cettefois,de la défense des animaux? Difficulté à parlerclair sur un dossier plus technique et économi-que que politique ou ethnico-religieux?Ampleurdesenjeux,quidépassentlaseulecom-munautémusulmaneettouchentaussilesjuifs,sans parler des professionnels de la viande?Craintedemettreen lumièredes faillesdans lesprocédures de traçabilité et d’information auxconsommateurs? Les raisonsnemanquent paspour fairedecedossierunpiègeàdoubleou tri-pledétente,finalementassezpeurentablepoliti-quement.Elémentsde compréhension.

Théoriquement, une viande halal (liciteselon la loi islamique) est issue d’un animalabatturituellement: égorgévivant, sansétour-dissement préalable, la tête tournée versLaMecque, par un sacrificateurmusulmanquiprononceune bénédiction. Dans la pratique etfauted’unlabelunanimementreconnu,lemar-ché de la certification halal souffre d’un man-que de transparence entretenu par les acteurs,musulmans et nonmusulmans, de ce marchéen forte croissance.

L’élaboration d’une norme unique bute surladiversité des conceptionsduhalal, liées àdes

lectures plus oumoins strictes des avis islami-quesrendusà travers lemonde.Certainsaccep-tentl’étourdissementavantouaprèslasaignée.D’autres pas. Certains admettent l’abattagemécanique.D’autresnon.Résultat : sontestam-pillées halal des viandes qui aux yeux de cer-tainsmusulmansnelesontpas.Danscecontex-te, lescontentieuxentreassociationsmusulma-nes, contemptrices du «faux halal», et indus-triels, désireuxde profiter de cemarché évaluéà 5milliardsd’euros, semultiplient.

Leflouestaccentuéparl’absencederèglesdecontrôle: quelques organismes indépendantssalarientdes contrôleurs rémunéréspar le sur-coûtdukilo deviandepayépar les consomma-teurs (de 2 à 10 centimes selon les cas), d’autresse contentent de fournir les contrôleurs rému-nérés par l’entreprise qu’ils sont chargés d’ins-pecter. Quant à savoir si la surtaxe s’applique

aux kilos de viande (halal ou casher) écoulésdans le circuit classique, les opérateurs assu-rent que non. L’affirmation est confirmée parcertains spécialistes mais laissent sceptiquesd’autres experts..

Source de «fantasmes» selon les observa-teurs, l’abattage rituel est prévu par la loidepuis les années 1960grâce à une dérogationà l’abattage avec étourdissementpréalable desbêtes.Mais, face aux abus observés ces derniè-res années dans l’usage de ces dérogations, legouvernementapublié endécembreundécretqui doit entrer en vigueur le 1er juillet ; il vise àdavantagede«transparence»enfaisantcorres-

pondrelesautorisationsdérogatoiresauxcom-mandes réellespour lemarchéhalal ou casher.

Aujourd’hui, pour des raisons d’économie,certains industriels renoncent à une doublechaîned’abattageetmettentsur lemarchédesvolumes de viande issue de l’abattage rituelsupérieursauxbesoins (14%dutonnaged’ani-mauxdeboucherieselonleministèrede l’agri-culture, pour une population juive et musul-mane évaluée à moins de 10%). Le ministèrede l’agriculture estime même à «50% la pro-portiond’ovins et à 12% la part de bovins abat-tus rituellement». Mais, le ministère assureaussi qu’entre les importations (60% desagneaux) et les exportations (environ 2% dubœuf halal est vendu au Maghreb et en Tur-quie) ces pourcentages ne correspondent pasà la part de viande consommée en France.Mais il reste pour l’instant impossible deconnaître la part duhalal ou du casher dans lecircuit classique.

En dépit de ces dysfonctionnements, etcontrairement à plusieurs pays européens, laFrance, qui abrite les communautés juive etmusulmane les plus importantes d’Europe,n’entend pas revenir sur l’abattage rituel, aunomde la «liberté de culte». Les responsablespolitiquesfrançaisrassurentrégulièrementlesreprésentantsreligieuxsur cepoint.Demême,craignant une stigmatisation des communau-tés concernées, la France ne souhaite pasmet-tre en place un étiquetageprécisant si l’animalaétéabatturituellement.Aunomdelatranspa-rence, des députés UMP avaient en 2010 tentéd’imposer cette précision, avant d’y renoncer.De leur côté, les responsables juifs, désormaisrejoints par les musulmans, œuvrent depuisdesannéespourmaintenircesspécificitésfran-çaises. Ils craignent que l’étiquette «casher»suscitedes campagnesde boycottage.

Mais, sous la pression de l’Europe ou desconsommateurs,avecou sansMarineLePen, iln’est pas sûr que la France échappe à un débatsur ces questions.p

[email protected]

Leflouconcernantlesconditionsd’abattageestaccentuéparl’absence

derèglesdecontrôle

C ette fois, onyest.Aucentrede l’affrontementgauche-droite.Que fairedes riches?

Faut-il les aimerunpeu?Beau-coup?Passionnément?Pasdutout? Ledébatestvif, exacerbémême, carFrançoisHollandeetNicolasSarkozypeinentà trouverlabonnedistance. La Francen’atoujourspas réglé sonproblèmeavec l’argent.

Nicolas Sarkozy aime les richesetne s’en est jamais caché.Dansson livre Libre (2001), il défend ledroit à la réussite et à l’argent, plai-depour le bouclier fiscal et la qua-si-disparitiondes droits de succes-sion. Apeine élu, ilmet enœuvrecesdeuxmesures comme la pro-messed’une èrenouvelle.Maisson rapport aux riches reste letalond’Achille de sonquinquen-nat. Parce qu’il les aime trop, il tar-de à voir que la crise financière de2008a tout changé, que les stock-options et les retraites chapeauxdistribuéesalors que les banquesviennentdebénéficier d’aidesmassivesde l’Etat sontdevenuesindécentes. Il finit par agir,mais àcontrecœuret à contre-temps, etpas complètement. Si bienqu’ac-colée à sonquinquennat, reste lascène fondatricedu Fouquet’s, degrandes fortunes rassembléesautourde lui pour célébrer sa vic-toire, comme les prémicesd’unlongbanquet. L’image estmeur-trière.

FrançoisHollanden’aimepasles richesetne l’a jamais caché. Ill’adit en 2006 lorsqu’il étaitpre-miersecrétaireduPSavantde rec-

tifier le tir lorsqu’il estdevenucan-didatà laprésidentielle. Il recon-naîtdésormaisqu’il existedes«richesses fondées sur le talent, lemérite, l’engagement, la créationd’entreprise»etqu’il faut«aussides richesdans la société».

Mais àpeine l’a-t-il admisqu’ilsort lebazooka:untauxmarginalde75%appliquéauxrevenusdeplusde 1milliond’eurospourriposteraux34%d’augmentationquesesontoctroyés lespatronsduCAC40. Le coupest d’abordpoliti-que.Mais il n’estpas indolore, caril s’ajouteà tout ceque le candidatadéjàprévu: l’alourdissementdel’impôtsur la fortune, lenettoyagedesniches fiscales, la créationd’unenouvelle tranched’impôtà45%, etc.

Depuis, le leader socialiste agagnéenvisibilité.NicolasSarkozyqui le jugeaitplutôt inconsistantluidonnedésormaisdu«Mon-sieur75%»pour leplusgrandbon-heurde lagauchequi communiedansce chiffre symboliqueet spo-liatoire, sortedepieddenezà lamondialisationet à la compétitionfiscalequi se joueà travers lemon-de.C’est commesi toutes lesannéesdegouvernementavaientétéoubliées.Retourà la casedépart: 1981,Mitterrandet lemytheduGrandSoir fiscal! p

Politique | chroniquepar Françoise Fressoz

LeGrandSoir fiscalAnalysepar Stéphanie Le BarsService Société

C ette campagne estmoinsmarquéepar la brutalité que par la démago-gie. Chacun ressent le besoinde

mieuxpartager la prise de décisionpubli-que quand les efforts demandés sont sidouloureux,mais comment?NicolasSarkozypropose de rendre le pouvoiraux citoyens par le recours aux référen-dums, quitte àmarcher sur les corpsintermédiaires (journalistes, parlemen-taires, hauts fonctionnaires et syndi-cats). Or ils sont justement là pour équili-brer les pouvoirs et faire vivre la démo-cratie. Ce qui est présenté commeuneouverture ressemble à unmoyende res-taurer le «césarisme» de la VeRépubli-que, tout en divisant pourmieux régner.Surtout s’il s’agit demonter la France quitravaille contre celle qui est au chômage.

Dansun tout autre genre, François Bay-rou souhaite un référendumpour«moraliser la vie politique». Noble objec-tifmais drôle demoyen.Qui ira voterpour dire «non» à lamoralisation de lavie politique? Ne vaut-il pasmieux fairecampagne sur ce thème et faire voter leslois nécessaires une fois élu? Dans cesdeux cas, l’idée d’un référendumvisemoins à trancher une questionqu’àmet-tre en scène un récit politique. La Franceforte, etmêmedure, contre l’assistanat,d’un côté. Le candidat auxmains purescontre les partis de gouvernement auxmains sales, de l’autre. Les deux suren-chères ne se valent pas. Il est certaine-ment plus noble de vouloir semettre enscène sur le dos de la corruptionque surle dos des chômeurs,mais la démarchepose question et contribue au discrédit,décidément très à lamode, de la démo-cratie représentative.

Cela ne veut pas dire que le recours auréférendumsoit toujours démagogue. A

conditionde trancherune questionpréci-se, qui ne recoupe pas des clivages uni-quement partisans oumorauxmaisconcrets, la consultation directe peuts’avérer utile. Pour ou contre le statutconcordataire en Alsace-Moselle, parexemple. Il existe aussi des cas, plus dra-matiques, où la consultationdirecte estle seulmoyen de partager les responsabi-lités, voire d’éviter le chaos, commeenGrèce. Autant l’idée d’organiser un réfé-rendumretardant l’entrée en vigueurd’unplan négocié – dans l’urgence et ladouleur – entre gouvernements euro-péens relevait du suicide… autant le paysne pourra pas continuer à empiler lesplans d’austérité via un gouvernementtechnique sans consulter ses citoyens.Mais pas n’importe comment. Ce jour-là,la questionposée devra impérativementpermettre de trancher entre deux typesde solutions, sous peine d’ajouter une cri-se de la gouvernance à la crise économi-que.

Redonner du sensMais nous voilà au cœur du problème.

Ce besoin de recourir tous azimuts à laconsultationdirecte trahit l’impuissancede la démocratie représentative euro-péenne. C’est pourtant là que tout sejoue si nous voulons surmonter la crisedes dettes publiques, simenaçantespournos souverainetés et nos démocra-ties. D’où l’urgencede redonner du senset du pouvoir au Parlement européen.Pour que les politiquesmenées à cetteéchelle ne soient pas vécues commedes«diktats» ou des «sanctions automati-ques»,mais soient l’objet de confronta-tions, lisibles, entre différents partis éluspar les citoyens européens. C’est-à-diredémocratiques. p

LaFrancen’atoujourspasrégléson

problèmeavecl’argent

Lehalaloulesrisquesdel’opacité

décryptagesANALYSES

Rectificatifs&précisions

¶Essayiste etjournaliste,

rédactrice en chefde la revue

« ProChoix »,elle est l’auteurenotamment de«La DernièreUtopie »

(Grasset, 2009)et de «Libres

de le dire», avecTaslima Nasreen(Flammarion,

2010).

Radio France Internationa-leDans notre article titré« La BBC, bête noire du pouvoir

iranien » (LeMonde datédumercredi 29février),il était écrit par erreur que

Radio France Internationale avaitfermé son service en langue per-sane.

16 0123Samedi 3mars 2012

Page 17: Le monde week end du 3-3-2012

170123Samedi 3mars 2012 culture

BarbaraCarlotti,tendancedandy

Chanson

S amedi 3mars, les 27esVictoi-res de la musique mettrontenscène,etàl’écran,unpano-

ramaannueldelaproductionfran-çaiseenmatièredemusiquepopu-laire.En2011, lesfemmesontrivali-séd’originalité,et quandelles sontprésentes au tableau d’honneur,elles s’opposent à leurs collèguesmasculins (Thomas Dutronc,Julien Clerc, Alexis HK…) aveceffronterie. Un homme, un seul,tient tête à ces dames : l’ovni deDole (Jura), le vétéran, torturé, res-capé, Hubert-Félix Thiéfaine, qui,à63ans,posetorsenu,ridémagni-fique, sur la couverture de Supplé-ment de mensonge, album desnoirceurs profondes qui le portece samedi auxhonneurs.

En face, ce ne sont pas des brin-dilles. Camille, 34 ans bientôt, unetêtue qui sait savamment tresserlessons,aétésélectionnéepour iloVeyou, son quatrième album;Cœurdepirate,québécoiseroman-tique,22ans,etquiplaîtavecculot,l’a été pour Blonde et CatherineRinger, 55 ans, pour Ring n’Roll.Symboleducourageetde lapersé-vérance, CatherineRinger a sillon-né les scènes françaises en 2011avec de nouvelles chansons, alorsqu’onlacroyaitveuvedesRitaMit-souko, le groupe qu’elle avait fon-dé en 1980 avec sonmari le guita-riste FredChichin,mort en 2007.

D’une totale liberté, Ringer ascotchélaprofession,etsonpublic,s’alignant sur les grandes aînées –Juliette Gréco, par exemple, fêtantses 85 ans par un récital somp-tueux,donné sur la scèneduThéâ-treduChâteletdébutfévrier.Nom-mées dans la catégorie la plus pri-sée, « Interprète féminine de l’an-née», ces élégantes sont flanquéesdedeux jeunes vendeusesdemas-se : Nolwenn Leroy, née en 1982dans le Finistère, devenue intégra-lement bretonne depuis la paru-tionde son albumde reprises d’in-cunablesceltes (dont le fameuxTriMartolod), et Zaz, 31ans, qui conti-nuede surfer sur sonbienheureuxsuccès, Je veux, pourtant paru en2010,sansleprolongerparunvéri-tabletravaildecréation,alorsqu’el-le ena les possibilitésvocales.

Les Victoires de lamusique ras-semblent ainsi les émergées et lesémergentes. Que demande-t-on àune chanteuse qui n’a pas encoredéfini son image et sonart?D’êtreséduisante, sexy? De représenterun des personnages féminins lesplus courants dans l’inconscientmasculin (vamp, victime de la vie,sexy, naïve, aguicheuse, etc.)? Lesfilles qui se sont mêlées au débatdans l’année écoulée ont apportédes réponsesdisparates. Certainespar le rock : Izia – fille de JacquesHigelin –, qui adore le cri, SamahaSam, chanteuse du groupe ShakaPonk qui casse les codes, Brigitte,un duo à tendance sexy. D’autres,commeL, ont distillé de charman-tes mélodies sans parvenir à défi-nir un futur à la chanson.

Dans la catégorie « Révéla-tion», soumise au vote du public,Brigitte, L, Inna Modja acculentun garçon à la compétition, Orel-san, chouchou du rap petit-bour-geois, celui-là même qui futcondamnéen2009parlesassocia-tions féministes pour avoir diffu-sé sur le Net Sale pute, clip atroce-ment sexiste, à prendre, selon sonauteur «au second degré». Anaïs,laplusquébécoisedes chanteusesfrançaises (dans la lignée drolati-que, féministe et simple de LindaLemay), avait défendu Orelsan. Ilétait attaqué de toutes parts,disait-elle, alors qu’elle-mêmeavaitcomposéunechanson,Cristi-na, à la jalousie sanglante, sanssoulever de vagues.

En 2006, Anaïs avait été nom-mée dans la catégorie «Révéla-tion»,mais vaincuepar Camille. Ala suite de saprestation,un«inter-mède écossais» assez délirant,TheCheap Show, son premier album,avait grimpé dans les classements–elleenvendra500000exemplai-res. Trois ans plus tard, elle avaitdébarqué à cheval sur la scène duZénith, où se tenaient les Victoiresde la musique, sans repartir avecun trophée. Elle y interprétait un

medley des titres de The LoveAlbum, à la pochette érotisée(Anaïs baignant nue dans une cas-cadeavecdeuxhommes).

LesVictoiresdelamusiquesontun entrelacs, et marquent lesengouements, les passagespublics, les prises de retraite tem-poraire, annoncent les retours. Lenom d’Anaïs n’a pas été soumis àl’académiedes votants auxVictoi-

res, composée de 527 profession-nels(producteurs,auteurs,compo-siteurs, interprètes, médias, dis-quaires) pour cause de timing dif-féré. Anaïs a en effet passé sonannée 2011 à préparer A l’eau deJavel, un vivifiant album de repri-ses de chansons des années 1930 à1960, dont la sortie est prévue le5mars. Ne crachant pas sur lesaînées, elle s’attelle àMonDieu (deMichel Vaucaire et CharlesDumont) créée en 1960 par EdithPiaf.Sansflonflon,Anaïsl’interprè-te en s’accompagnant à la guitare,son instrument de prédilection.Elle s’amuse de Si j’étais une ciga-rette, du Tango stupéfiant ou deMonanisette.

Même cas de figure pour LaGrandeSophie, 42 ans, occupée en2011 à la fabricationde La Place dufantômesortienfévrier; dixchan-sons intelligentes et dansantes,nimbées d’une énergie emprun-tée à Zazie (en semi-sommeil).Pourtant trois fois Disque d’or,

«Révélation scène» aux Victoiresen 2005, Grand Prix de l’académieCharles-Cros pour Des vagues etdes ruisseaux réalisé avec EdithFambuena en 2009, La GrandeSophie appartient toujours à la«jeunescène»,sansdoutepoursescapacitésde changement.

Artistede scène,ne lésinantpassur les majorettes ou le saut à lacorde lors de ses spectacles, LaGrande Sophie est plus discrèteque sa consœur Anaïs, attachéequ’elle a été au concept de «kit-chen miousic», imaginé dans lesannées1990,et«quiconsidèrel’ac-tivité musicale comme peu diffé-rente de toute autre tâche quoti-dienne».

En2013, lesVictoiresde lamusi-quedevraientlogiquementconsta-terquelesnouveauxrefrainsdeLaGrande Sophie, Peut-être jamais,Sucrer les fraises, aurontmarquélepremier semestre et permisd’échapper à l’ambiance de joutespolitiques de la présidentielle en

rêvant au prince charmant et autempsqui passe.

Il y aura eu également la voixéraillée et frontale de Claire Dena-mur, 28 ans, pantalon de cuir etcheveux plaqués en arrière, qui atravailléavecDaSilvapourprodui-re de mélancoliques ballades.Vagabonde était son premieralbum, il en faudra un autre pouraccéder à la cérémonie du Palaisdes congrès.

OubliéedesVictoires 2012, ZazaFournier.Néeen 1985, elle apubliéson deuxième album, Regarde-moi en juin2011. Le titre Vodka-fraise a tourné sur les radios. MaisZazaFournieraeudes jumeaux,eta voulu s’en occuper en bonnemère de famille. Zaza Fournier estexcellenteenscène,ellesaittradui-re l’immédiat, avec des motsdirects : coucher, reins, chaise,lunettes, savon, genoux, frissons…Elle assure à l’instinct, une qualitétravaillée au long d’une tournéede deux cents dates donnée aprèsla sortie en 2008du singleLaVie àdeux, le plus souvent seule en scè-ne, avecunaccordéon etun iPod.

Elle a trouvé depuis un orgue àboutons Cavagnolo, pièce vintagedes années 1970. Zaza Fournierindique que la jeune génération aécouté et intégré presque incons-ciemment toutes les révolutionsrythmiques du siècle passé : letwist, le rockabilly et ces années1960, où les sans-souci n’étaientpas crétins pour autant, en utili-sant la guitare en réverbération,les chœurs et le doo-wap.

Ces chanteuses ont un pointcommun: elles réfléchissent etimposent leurs idées. Les hom-mes, eux, ont investi le rap, unecatégorie dénommée «Musiquesurbaines»auxVictoireset intégra-lementsquattéeparlagentmascu-line (Booba, JoeyStarr, Orelsan etLaFouine)depuis laretraiteantici-pée de Diam’s, convertie à l’islam,fâchéeavec l’industriemusicale etlesmédias.p

VéroniqueMortaigne

LesVictoiresdelamusiquemarquentlesengouements,

lesretraitestemporaires,

annoncent lesretours

Oh!lesfilles,oh!lesfilles,elleschantentpartoutAuxVictoiresde lamusique– le3mars–, commedans lesbacsdesdisquaires, les filles tiennenttêteauxgarçons

c En haut, Catherine Ringer,la doyenne, et Camille,la têtue. DALLE APRF

c La sulfureuse Anaïs.DENIS ROUVRE/DALLE

c LaGrande Sophie,contre vents etmarées. DALLE APRF

d Zaza Fournier, le goût du rockvintage. DALLE APRF

LESANNÉES 1960 et leur apparen-te insoucianceont inspiré les jeu-nesprincesses de la chanson fran-çaise. La plus dandyd’entre tou-tes, BarbaraCarlotti a passé ce sonpost-yéyé au tamis critique et dis-tanciédes années 1980.

Ce fluide glacial insinuédansles interstices fleur bleued’uneadolescencevécue à fleur depeaunourrit L’Amour, l’argent, le vent,l’albumqu’elle publiera le 2avrilchezAtmosphériques – sontroi-sième, après Les Lys Brisés etL’Idéal, hébergéspar le label derockbritannique4AD.

Résultat de pérégrinationsintellectuellesmenées au Japon,auBrésil, en Inde et dans tous lesailleurs, L’Amour, l’argent, le vent,est un appel à l’amour, commeceuxde LaGrandeSophie oudeZazaFournier.Occupe-toi demoidit l’une,Regarde-moi, répondl’autre, inscrivant l’empreinted’unegénération libre, acquise auféminisme,mais sortie des che-minsprovocateurs.

BarbaraCarlotti a une voix trèsparticulière, dense. CommeCamille, c’est une chercheuse. Enfévrier2011, elle a présentéNébu-leuse dandy à la Cité de laMusi-que, un spectaclemarquédusceaudeDavidBowie (elle appa-raissait le visage barré de l’éclaird’Aladdin Sane, sixièmealbumdel’esthètebritannique, paru en1973) et de la culturepop. Elle yavait convoquédes vidéos, de lagestuelle, la voixd’AndyWarhol,d’AlainPacadis oudeSergeGains-bourg.

Carlotti prend son temps, ellen’évoluepas dans les cercles dusuccèspopulaire,mais composedes chansonsdans la traditionbien françaisedu chic populaire,du texte et de l’intensité. pV.Mo.

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L a voix est suave; l’élégance, natu-relle ; mais le caractère vif commele torrent – dont le débit s’accélère

quand on lui demande de parler d’elle.Elle ne se sent à l’aise, dit-elle, que pourparler des autres. Les autres? C’est laculture – qu’elle évoque comme unepersonne. « J’ai baigné dedans toutepetite. A Strasbourg, où nous habitions,ma mère m’emmenait au concert etdans tous lesmusées. Le dimanche,monpère allait à la messe à Saint-Pierre-Le-Jeune, ma mère non, elle préférait laculture. A 14 ans, on a peut-être envie defaire autre chose. Mais ensuite, l’on serend compte que cela nous a construit,nous a appris à considérer l’autre et lemonde d’une façon différente.»

Les autres, bien sûr, ce sont aussi lesartistes qu’elle soutient depuis plus devingt ans, avec passion et poésie, et en

menantmille activités de front. A com-mencer par la communication desmusées nationaux de la région Côted’Azur, du Centre d’art la Malmaison àCannes et de l’association Botox(s) quifédère les lieux d’art contemporain deMonaco àMougins.

Elle continue de s’occuper de toutcela, tout en animant l’agence de com-munication spécialisée dans l’art et laculture, qu’elle a créée en 1999… Ajou-tez-yquatreenfants,un jardin,unpota-ger… Et pourtant tout cela ne suffisaitsans doute encore pas pour que cettemordue se décide à faire d’unemaisonabandonnée un lieu alternatif d’artcontemporain.

«A côté de notre maison familiale,raconteHélène Fincker, s’endormait lavilla Cameline, une superbe demeurebourgeoise construiteà laBelle Epoque.300m2 sur trois niveaux, très stuc etmoulures, vieux lustres enperles dever-re et plafond de cathédrale, perron à lafrançaise, façade d’opérette et terrasseà l’italienne…Une grande dame un peudécatie par des années d’abandon et desquats,de tagsetdegraffitis.»Cefutuncoup de cœur. Mais si pour les épouxFincker, l’achat de la Cameline étaitd’évidence, ils n’ont jamais envisagéd’y habiter ni réfléchi à sonusage. «Ona pris alors la décision de la conserverdans son jus. Son supplément d’âmetenait à son destin : avoir été abandon-née pendantde longues années et offrirde multiples fantasmes à ceux qui laconnaissaient. Elle était chargée detous ces rêves et l’on a eu envie de lespoursuivre.»

Alors, depuis 2002, elle est restée tel-

le quelle, et vide. Mais s’est trouvé unnom: « laMaison abandonnée». Forcé-ment. Entendez aussi : abandonnée à lacréativité des artistes. A ceux qui n’ontpas encore trouvé leur place dans lesgaleries et musées, tout autant qu’auxcréateurs confirmés. Ils viennent de laVillaArson, lesBeaux-ArtsdeNice,d’Al-sace,deSuisse,deBelgique,etenréalité,departout. Ils sontpeintres,plasticiens,sculpteurs, poètes, écrivains… Ils don-nent des lectures publiques, desconcerts, des festivals de musique etexposent leurs œuvres, installations etperformances.

Cela se passe quatre à cinq fois paran. Pourquoi si peu? «Parce que celadoit rester exceptionnel et aussi parceque la Maison abandonnée est un lieud’expérimentationartistique,complète-ment et totalement indépendant qui vitsans subventions. Ce n’est pas non plusune galerie. Il n’y a aucun enjeu écono-mique ni transaction marchande.»Côté programmation, Hélène Finckerne s’impose pas de ligne directrice, «ceque l’on peut me reprocher», concè-de-t-elle. Invités cette année, les plasti-ciens Cynthia Lemesle, Justin Sanchezet Jean-Philippe Roubaud, l’écrivainYannick Liron, la compagnie de danseArtmacadamainsiqu’uncabinetdedes-sin, comme il y avait eu par le passé uncabinet érotique et névrotique, réunis-sant chaque fois une trentaine d’artis-tes sur un thème.

Le premier événementmis en scèneà laMaison abandonnée fut éclairé à lalueur des bougies – l’électricité n’étantpas encore installée. « J’avais alorsdemandé à chacun des artistes et spec-tateurs invitésd’écriresur lesmurs l’ave-nir du lieu». Il fête ses 10ans en 2012.«On réécrira sur les murs», promet-elle. p

MélinaGazsi

Prochain articleNane Tissot à Cluny(Saône-et-Loire) par Pierre Gervasoni.

Faiseursdeculture | Alaveillede laprésidentielle, laparoleàceuxqui fontbouger les régions

HélèneFinckeràNice

Théâtre

S ur la scène du VingtièmeThéâtre, le vieil hommesalue. Pas comme la comé-

dienneet les quatremusiciensquil’entourent, rompus aux codes dumétier. Plutôt à la manière d’unsportif, bras levés, sourire écla-tant. Pour un peu, il ferait un tourd’honneur.

Haïm Lipsky n’a pas joué, cesamedi après-midi. Pas plus qu’ilne jouera le lendemain, et tous lesweek-ends, jusqu’au3juin.Maiscespectacle est unpeu le sien. Le vio-loniste, qui se tient à ses côtés etl’entoure d’un bras chaleureux,est sonpetit-fils, NaamanSluchin.Et l’histoire,écriteetmiseenscènepar Gérald Garutti, qui vient dedéfiler pendant une heure trente,il la connaît mieux que quicon-que: il l’a vécue.

Haïm.Enhébreu,«lesvies».Dif-ficiledemieuxtomber, tant il lui afallu d’appétit de vivre pour arri-ver jusqu’ànous, et tantcetteexis-tence a connu de strates successi-ves. Lodz, en Pologne, d’abord, etson faubourg ouvrier, Baluta. Untiers de la population est juif.«Ceuxquisontlàsaventqu’ilsreste-ront pour toujours, et c’est bien»,sourit la récitante Anouk Grin-berg.

Une famille de sept enfants, aucœur du yiddishland, la pauvretécomme quotidien, les blaguescomme «recours contre les mal-heurs du temps». Et la musique,

comme passion suprême. L’en-fantestdoué, trèsdoué.Lamando-line n’y suffit pas. Au marché, ilachèteunviolon,regardelesmusi-ciens des rues. Et apprend, seul.Puis enseigne, pour soutenir lessiens.Derrièrelavoixdelarécitan-

te, quatre musiciens racontentl’histoireàleurmanière.Desmélo-dies traditionnelles juives, desjaillissements de klezmer ou despièces du répertoire classique,Mendelssohn, Schumann, Enesco,Bartok… Pas de décors. Pas besoin.

Avec leurs instruments, NaamanSluchinet ses compères,DanaCio-carlie au piano, Alexis Kune à l’ac-cordéonetSamuelMaquinà lacla-rinette, nous conduisentdansunemasure miséreuse, une ruegrouillanteet joyeuse,ouunesallede concert silencieuse.

Lasuite, l’Histoirenousaapprisà l’imaginer. La Pologne envahiepar les nazis, le ghetto de Lodz,puis Auschwitz. Haïm Lipskyvivait pour le violon, le violon luisauve lavie. Recrutédans l’orches-tre du camp, il échappe au destinqui emportesesparents, ses frèreset sœurs. A la Libération, il rêved’Amérique et toujours de musi-que; ce sera la «Terre promise»,l’Etat juifqu’il fautconstruire,et lemétierd’électricien.

La musique pourtant ne l’ajamaisquitté.A90ans, il joue tou-jours une à deux heures par jour.Surtout, il a transmis sa passion àses enfants. Un fils violoncellisteet chef d’orchestre, une fille violo-niste et une bordée de petits-enfants instrumentistes : letémoinestpassé.Et circuleencore,entre lascèneet lasalleduVingtiè-meThéâtre.

Les cahots ne manquent pas etles roues grincent dans ce specta-cle composite. Entre un texte quipeine à décoller et une récitantequi pousse constamment lemoteur, difficile parfois de trou-ver l’équilibre. Mais comme dansla vie d’Haïm, une force salvatriceemporte tout. Lamusique. p

NathanielHerzberg

«Haïm – A la lumière d’un violon», tex-te et mise en scène de Gérald Garutti.Vingtième Théâtre, 7, rue des Plâtrières,Paris 20e. 01-48-65-97-90. Jusqu’au3 juin. Le samedi à 15heures et le diman-che à 20h30. De 5¤ à 24¤.Vingtiemetheatre.com

culture

Favoriser la diversité dans le recrutement des conservateurs dupatrimoine, tel est l’objectif de la classe préparatoire intégréeaux concours externes de l’Institut national du patrimoine.La CPI s’adresse aux étudiants français ou ressortissants del’Union européenne, accessible au niveau licence ou titre équi-valent, sans condition d’âge. Elle prépare aux épreuves duconcours de conservateur du patrimoine dans les spécialitésarchives, archéologie, monuments historiques et inventaire,musées.

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Conservateur du patrimoine,pourquoi pas moi ?

LepremierévénementàlaMaisonabandonnée

futéclairéàla lueurdesbougies

Lapauvretécommequotidien,

lesblaguescomme«recourscontre lesmalheursdutemps»

Derrière la voix de la récitante (AnoukGrinberg), lesmusiciensracontent l’histoire à leurmanière. CHRISTINE LEDROIT-PERRIN

Haïm:unehistoirejuiveDesghettosdeLodzaucampd’Auschwitz, et jusqu’en Israël,unecavalcadedevieetdemusique

Disparition

LucioDalla:mortd’un«cantautori»NéàBologne le4mars 1943,unedatedont il avait fait sonpremiergrandsuccèsen 1971,GesuBambino, LucioDallaétait, avecFabrizioDeAndreouFrancescoDeGregori,une figuredumouvementdes cantautori (chan-teur-auteuret compositeur), apparuen Italiedans les années1960et1970. Il estmort le 1ermarsàMontreux (Suisse)d’un infarctus, à68ans,alorsqu’il avaitentreprisune tournéequidevait l’amenerà l’Olympia, àParis, le 13mars.Clarinettisteetpianiste, engagéàgauche, il avait gagnésesgalons internationauxen1986avecCaruso, unechansonenhomma-geàEnricoCaruso. Fascinépar lameret l’Italie rouge, compliceà sesdébutsdupoètePaoloRoversi, il avaitopposé sadégained’artisteécor-ché, lunettes rondes,bonnet, commeautantdesymbolesde résistance.p

Lettres Le biologiste JulesHoffmannentre à l’Académie françaiseJulesHoffmann, 70ans, PrixNobel de physiologieoumédecine 2011, aété élu le 1ermars à l’Académie françaisepour succéder à l’helléniste Jac-quelinedeRomilly au fauteuil7. Né au Luxembourgen 1941, JulesHoff-manna effectué toute sa carrière à Strasbourg. Ses découvertesdesmécanismesdedéfense desmouches duvinaigre (drosophile) contreles infections, qui ont largement contribué à la compréhensiondu rôlede l’immunité innée chez l’humain, lui ont valu deprestigieuxprix.Membrede l’Académiedes sciencesdepuis 1987, il l’a présidée en2007-2008. L’Académie française a déjà accueilli denombreux scientifi-ques, notamment JeanBernard, JeanHamburger et François Jacob.

E nMalaisie, le caricaturisteZunar n’a aucun accès auxmédias traditionnels,mais

ses dessins, censurés car ilsdénoncent la corruption et lenépotismed’un régime au pou-voir depuis près d’un demi-siè-cle, trouvent asile sur le Net etles réseaux sociaux. De passageà Paris à l’invitation de Repor-ters sans frontières, ce quinqua-génaire volubile, de son vrainomZulkiflee Anwar Ulhaque,sort de sa sacoche des dizaines etdes dizaines de reproductions desesœuvres. Ce sont ses «muni-tions», car, souligne-t-il, la cari-cature «est une arme», ce qui luivaut d’ailleurs d’être sous lamenace d’une peine de prisonde trois ans pour sédition.

L’une de ses cibles favoritesest Rosmah, la femme du pre-mierministremalaisien, NajibRazak, «une femme très puissan-te, plus puissante que sonmari».L’affaire des sous-marins Scorpè-ne vendus par la France à laFédérationmalaise, avec dessoupçons de versement d’unecommission occulte, a égale-ment nourri son inspiration.Pour la technique, cet étudianten sciences, formé sur le tas,s’est inspiré des caricaturistesaméricains.

A la fin des années 1990, l’af-faire Anwar Ibrahim – vice-pre-mierministre qui s’était opposéà l’homme fort de l’époque,Mahathir IbnMohamad, déclen-chant une crise politique – l’aengagé définitivement sur lavoie de la caricature sans conces-sion, une rareté enMalaisie, où,dit-il, « les dessinateurs étaientplutôt gentils avec les politiques.Jeme suis dit qu’on ne pouvaitpas rester neutre, qu’il fallait

prendre position. Ce n’était pasune situation normale, nousétions en pleine crisemorale,avec beaucoup de corruption, decopinage, d’abus de pouvoir etd’atteintes aux droits de l’hom-me», explique-t-il. «Mêmemoncrayon, quand je le pose dans sonpot, prend position», poursuit-il.

Arrêté puis relâchéSes attaques lui ont valu des

ennuis et ses livres sont censu-rés. En septembre2010, il a étéarrêté par la police, peu avant lasortie du septième et dernier,Cartoon-o-phobia. Après unenuit passée dans plusieurs com-missariats, unemanœuvre desti-née à semer ses partisans, il aréussi à être relâché en défiantles policiers au tribunal. «Lejuge a demandé àmes accusa-teurs s’ils avaient lu le livre. Laréponse a bien évidemment éténégative, puisqu’il n’avait pasencore été publié. Donc j’ai pusouligner que les poursuitesn’avaient aucun fondement.»

Internet et les réseauxsociaux lui permettent decontourner la censure. «61% des28millions deMalaisiens utili-sent Internet. Facebook et Twit-ter sont plus que des réseauxsociaux enMalaisie, ce sont desréseaux alternatifs, où circulel’information, comme en Egypteet en Tunisie. C’est un nouveaudéfi pour le gouvernement, car ila perdu lemonopole.» Il n’estplus seul désormais, rejoint parune dizaine de jeunes «disci-ples», qui se réunissent réguliè-rement. Demanière informelle,ils ont formé un «club des carica-turistes indépendants», où iljoue un rôle de «doyen».p

FrançoisBougon

Cesdessinsqui,surleNet,défientlepouvoirmalaisien

Qu’attendez-

vous d’une

politique

culturelle?«Qu’elle partici-pe à la forma-tion et l’évolu-tion de l’être. Jepréconise lamise en placed’une initiation àla culture obliga-toire dans le cur-sus scolaire. Lespratiques artisti-ques sont liéesà un contextepolitique, écono-mique et socialet accompa-gnent l’évolu-tion dumonde.La culture nesert pas qu’àoccuper letemps libre, ni àbriller dans lesréunions. Ellesert à vivremieux.»

18 0123Samedi 3mars 2012

Page 19: Le monde week end du 3-3-2012

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L eguideMichelin,qui fait etdéfait les starsde la cuisinefrançaise,donneaussi leur

chanceauxsans-gradeet auxmodestes.Onconnaît engénérallahiérarchiedes restaurantsétoi-lés,maison saitmoinsque le sym-bolededeuxpneus juxtaposéssignaleunmenuàmoinsde19euros, 1099établissementssurles4289de la sélection2012 (39%),quivientdeparaître. LeBibgour-mand, autre indicationmécon-nue, indiqueunecuisinedequali-té auprixmaximumde29eurosenprovinceet 35eurosàParis. Par-mi les630Bibgourmandsrecen-sés, 124 font leur entrée,94 ensor-tent,parmi lesquels, à Paris,AuxLyonnaisd’AlainDucasse–quipro-posepourtantunmenuà 18eurosaudéjeuner– et LeBaratin,hautlieude la résistancebellevilloiseaupinard industriel et table raffi-née. Si Bibendumaparfois lamainlourde, il sait égalementrécompen-ser lapersévérancedecinqanciensBibgourmands,qui reçoiventunepremièreétoile.

Peut-onpourautantparlerd’uncertain«dynamismede lagastro-nomie française», commel’affir-me l’édition2012? L’étoileaccor-déeauDiane, le restauranthautdegammeduFouquet’s,bonne tableaudemeurant, susciteraencettepériodeplusdecommentairesamusésque celleattribuéeàCyrilLignac (LeQuinzième), à Paris.

Quasi-unanimité,en revanche,pour le choixdunouveautrois-étoiles.Neboudonspasnotreplai-sirdevoir EmmanuelRenaut–Floconsde sel, àMegève (Haute-Savoie) – couronné, car c’estunchefauthentique, travailleurachar-né.Unmenuà77 euros (féra cuitedansunbouillonparfuméà la sar-rietteet à l’origan,pigeonaugeniè-

vre,navet, oxalis et oseille) en faitle trois-étoiles lemoins cherdeFrance.

Parmi lesdixnouveauxdeux-étoiles, signalonsSergeVieiraàChaudes-Aigues(Cantal), Le StratoàCourchevel (Savoie), «LeParc»LesCrayèresàReims (Marne), LeMirazuràMenton (Alpes-Mariti-mes).

Deuxchefsvenusdeprovinceretrouventégalement leurs étoilesdansdeuxpalacesparisiens: Phi-lippeLabbéàL’Abeille (Hôtel Shan-gri-La)et ThierryMarxauSurMesure (HôtelMandarinoriental).

Sont rétrogradésdedeuxàuneétoile, Le Jardindes sensdesFrèresPourcel àMontpellier et LaMade-leinedePatrickGautierà Sens.Ondénombreaussi cinquante-huitpremiersmacarons, alorsque tren-te-sept restaurants leperdent.

Cette éditionde routineannon-ceuneprofondemutation, car,pourunguideacheté entre le 1er etle 31mars, l’application iPhoneestofferte.

Bientôt leGuide rouge sera enligneet ouvert aux restaurateurs,lesquelspourronty faire leurpro-motion (photos, carte),moyen-nantunabonnementmensuel.Cette éditionpapierpourrait bien-tôtdeveniruncollector! p

n Sur Lemonde.frLe Monde à table

D e tous les vinsblancs, ceuxproduitsdans le cantondeGraves sont lesplusestimés

deBordeaux», noteThomas Jeffer-son (1743-1826),présidentdesEtats-Unis etgrandamateurdevins, envoyageenFranceen1787. Sur lessols graveleux, sableuxet argileuxdeGraves, onyproduisaitbeau-coupdeblancs, d’abordaugoûtdesAnglais, quiontpossédé l’Aqui-taineplusieurssiècles,puisdesHollandais,quiont commercialisélebordeauxpendantquelquesdécennies.Avantqueprolifère lavignedans leMédoc, c’était làquese concentrait levignobleborde-lais. ChâteauHaut-Brion, l’undes

premiersvinsdebordeauxexpor-tésenAngleterre, se situeainsidans lesGraves.C’estdonc commeunbonheurhistoriquedegoûterleChantegriveblanc.Dans leverre,le terroir existe,pleindepeps, tra-duitpar la famille Lévêquepardesarômes finsde fleursd’acacia. Cer-tainsy trouverontdesnotesdechè-vrefeuilleet depêcheblanche.Mais leplus remarquable, c’estqu’il y adu jusdanscevin sansaucunmaquillage!Onenavaitper-du l’habitude. p

Graves blanc 2010. Château de Chante-grive (mi-sauvignon,mi-sémillon). De 9¤à 10¤ la bouteille.Tél. : 05-56-27-17-38.

Consommation

D es détenteurs de télépho-nes mobiles qui ont quittéleur opérateur pour l’offre

mobile de Free, lancée à lami-jan-vier, s’aperçoivent souvent qu’ilsne peuvent toujours pas utiliserleur appareil : l’ancien opérateurne l’a pas «désimlocké».

LacarteSIM(del’anglaissubscri-ber identity module), qui contienttoutes les informations relatives àl’abonné(numéros,typed’abonne-ment, options…), reste verrouillée,et ne peut fonctionner chez leconcurrent. Des abonnés ont pro-testé auprès de l’Institut nationalde la consommation (INC) et sur lesite Lesarnaques.com, à proposnotammentdes iPhones.

Cesontlesconstructeursdetélé-phones qui se chargent de ver-rouiller les cartes SIM, à la deman-de des opérateurs. De cette façon,une carte SFR ne pourra pas êtreutilisée sur le réseau d’Orange.Lorsqu’il vend les téléphones àl’opérateur, le constructeur luitransfère les codes nécessairespour débloquer la carte. Sauf dansle cas d’Apple: le service de pressedela firmeà lapommen’apassou-haiténousdirepourquoi.

Lorsque le client demande ledéverrouillage de son téléphone,c’est l’opérateur qui s’en charge–sauf dans le cas d’un terminal demarqueApple. Sur le site Lesarna-ques.com, nombre de possesseursd’iPhonesseplaignentdefairel’ob-jet d’une partie de ping-pongentre l’opérateur, qui assure avoirenvoyélesdemandes,etApplequidit ne pas les avoir reçues…

Ceux qui perdent patienceauront la tentation de recouriraux nombreuses officines de télé-phonie mobile qui proposent du«désimlockage», pour des som-mesallantde15à30euros,ouplus.Elles sont «illégales», prévient laFédérationfrançaisedes télécoms.«Elles utilisent des codes acquisfrauduleusement», assure-t-elle.Cescodesseraientsouventdétour-néspar des employés.

A la suite d’une plainte de SFR àMarseille, les gendarmes de la citéphocéenne ont ainsi mis au jour,en mai2011, un trafic portant surdes centainesde codesde débloca-ge et ayant généré des dizaines demillions d’euros. Ils ont identifiédes «taupes» chez les opérateurs.Elles vendaient les codes trois

euros l’unité. Des trafiquants lesrevendaient ensuite sur des sitesInternetpourenviron30euros.En2010, les gendarmes marseillaisavaient déjà identifié le créateurd’un site Internet qui revendaitdes codes au grand public grâce àune société créée aux Etats-Unis:l’affaire lui rapportait environ25000eurosparmois…

« Il existe d’autres façons dedéverrouiller son téléphone porta-ble, explique Karim Bensfia, créa-teur du site Iphone3Gsystem.fr,dédiéàcettequestion.Surun iPho-ne, on peut faire unemodificationde logiciel en débridant les protec-tions de l’appareil, assure-t-il. Il y apour cela des logiciels de “jailbreak” (évasion de prison), commeUltrasnow, proposés gratuitementpar des hackers américains.» Ilexiste un site spécialisé et actif :Tweak-cydia.com.Denombreusesdémonstrations sont aussi four-nies surYouTube.

Les détenteurs de téléphonesautres que les iPhones peuventtélécharger des calculateurs decodes de déblocage, continueM.Bensfia. Plus simple: on peutintroduire,souslacarteSIMdecha-que terminal, une carte à puce detype «Gevey», pour la sommed’environ50euros.

Ces procédures sont-elles léga-les? Le service de presse de la poli-ce nationale n’a pas été enmesurede nous répondre. «Il n’existe pasd’incrimination pénale sanction-

nant ledéblocaged’untéléphone»,préciseMeCathie-RosalieJoly,avo-catespécialistedesnouvellestech-nologies du cabinet franco-belgeUlys. «Mais le constructeur peutrefuser le bénéfice de la garantie àl’utilisateur, si le désimlockage nes’est pas fait conformément à sesprocédures», ajoute-t-elle.

L’avocate rappelle qu’il existepour le client un «droit au déver-rouillage» : il doit être gratuit sixmois après la date de souscriptiondu contrat, a prévu l’Autorité derégulation des communicationsélectroniques (Arcep), dans unedécision du 8décembre 2005. Lesopérateursmembres de la Fédéra-tion française des télécoms(notammentOrange, Bouygues etSFR) l’ont réduit à troismois.

Avantcedélai, ils lefacturentauprixfort : 120euroschezBouyguesTelecom, 76 euros chez Orange etde65 à 100euros chez SFR, préciselemagazine60millionsdeconsom-mateurs (mars2012). «Un abonnéqui déverrouille lui-même son ter-minalnedevraitpasêtrepoursuivipar l’opérateur», estimeMe Joly.

Les opérateurs font verrouillerlescartesSIMpourdesraisonséco-nomiques : lorsqu’ils vendent àleur abonné un téléphone à unprix inférieur à sa valeur réelle, ilss’assurent ainsi de sa fidélité pen-dant troismois.

L’UFC-Que choisir protestecontre ce fil à la patte, car le coûtdu téléphone est déjà compensépar la durée de l’engagement – engénéral deux ans. «L’engagementajouté au désimlockage, c’est cein-ture et bretelles ! », résumeEdouard Barreiro, chargé de mis-sionà l’UFC.

LaFédérationfrançaisedestélé-comsfaitvaloirque lesclientspar-tent souvent avant la fin de leurengagement et que, depuis la loiChatel entrée en vigueur enjuin2008, leurs pénalités sontminorées. «En outre, certains par-tent sans laisser d’adresse», assu-re-t-elle.

Les consommateurs qui n’arri-vent pas à faire désimlocker leuriPhone auront intérêt à s’adresserà l’association Lesarnaques.com,qui tente des médiations auprèsdes opérateurs. S’ils ne sont paspressés,ilspeuventsaisir lemédia-teur des communications électro-niques – seulement par courrier !(BP 999 75829 Paris cedex 17) – ouse plaindre à la Direction généralede la concurrence, de la consom-mationetdelarépressiondesfrau-des.p

RafaëleRivais

Saveurs | chroniquepar Jean-Claude Ribaut

Michelin,palmarèsguidé

Déverrouillersonmobile,moded’emploiApple transfèreaucompte-gouttes les codesdedéblocagedescartesSIMauxopérateurs

In vino veritas | chroniquepar LaureGasparotto

Lebordeauxd’origine

Féracuitedansunbouillonparfumé

àlasarrietteet l’origan,pigeonaugenièvre,navet,oxalisetoseille

«L’engagementajouté

audésimlockage, c’estceintureetbretelles!»

EdouardBarreiro

chargé demission à l’UFC

ArtsnipponsLeJaponesten tournéemondiale. Enfin, tout cequi fait son identitéculturelle, sa gastronomie, sondesign et ses arts traditionnels, vasillonner l’Europe, la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, la Russie, etc. A Paris,du4 au6mars, l’exposition«JapanNext» présente, auMuséedes artsdécoratifs, lesœuvres de lanouvelle générationd’artisansd’art. Parmilesquels TanabeShochiku, artisanqui a insuffléunenouvelle vie à l’artdubambou traditionnel, et OharaHiroki, 24 ans,maître enart floral.Exposées également, les réalisations textiles, en céramique, laque,métalet bois. Durant ces trois jours, tous feront des démonstrationsde leur tra-vail commeautant d’actes d’ambassadeurs…Cettemanifestationest eneffet placée sous l’égidedu gouvernement japonais, dans le cadre de diver-ses campagnesdont «JapanNext» et «FutureTraditionWao».Une combi-naisondesdeux caractèresWa etO, symbolesde la renaissancedu Japon.Unmessagede reconnaissancepour le soutien reçu après le séisme, suivi d’untsunami, survenu le 11mars 2011, et une volonté affichée demontrer aumon-deque le pays se relève. pMélinaGazsi (PHOTO TANABE SHOCHIKU/DR)

Japan Next.Musée des arts décoratifs, hall des Maréchaux, 107, rue de Rivoli, Paris 1er.

Les consommateurs qui n’arrivent pas à faire débloquer leur iPhone auront intérêt à s’adresserà l’association Lesarnaques.com. ROBERT GALBRAITH/REUTERS

190123Samedi 3mars 2012

Page 20: Le monde week end du 3-3-2012

A l’entréede la tourCristal, dans lequartierdeBeaugrenelleàParis, des lif-tiers auxuniformes façonStar Treckvousguident jusqu’à l’ascenseur.Vousarrivez au27eétage, d’où l’onpeutvoir, parde largesbaies vitrées,les circonvolutionsdeLa Seinedans labrume.Dans cetuniversdebureau, lesmannequinssontapparues, façonsecrétaireou«businesswomen»,habilléesde tailleurscoupés aucor-deau,depantalonsàpinces ennylon,etdedrôlesd’escarpinspointuslacés commedesbaskets.

NicolasGhesquière, ledirecteurartistiquedeBalenciaga, s’est atta-qué«auvestiairedes femmesquitravaillent, de la stagiaireà la “bigboss”, enpassantpar la technicien-neou l’espionne». Il amêmepen-séaux fêtardesqui, aprèsunenuitsanssommeil, enfilentaupetitmatinunpardessussur leur robetransparenteavec corset incrus-témétallisé.Le créateur,né en1971, àComi-

nes (Nord), a l’allured’unéterneladolescent.Quinzeanspourtant

qu’il officie à la têtede la créationdeBalenciaga (groupePPR)qui, avant sonarrivée, était enperdition. Il a su, cha-quesaison, enchanterdes clientesultra-branchées,avec samodevision-naireet coutureà la fois. «Balenciagaestunemaison fantastique, inspirante,se félicite-t-il. Il n’yapasde limitesàl’imagination.»Ainsi cetteveste com-metachéedegouttesdemercure, estle résultatd’un long travail : l’étoffelaméeaétédécoupéeau laser, traitéede façonàobtenirdesboursouflures,puis rebrodée.p (PHOTOKLEIN/AFP)

V.L.

Aufildesdéfilés

Du«monar-chic»au«monar-street»Robed’infantechezCarven, coiffurepunket jupettes chezAnnDemeulemeester

mode

D ’ordinaire, s’habiller com-meune princesse n’est pasgage de mode. On pense

toutdesuiteàcescostumesqu’en-dossent lespetites fillespour fêterleur anniversaire. Chez Carven, laproposition est revue et corrigéeau point de devenir intéressante.Robe d’infante aux contours unpeu raides, mais ultraraccourcie,imprimés à la Jérôme Bosch enXXL ou jupe tapisserie, un tanti-net délavée comme un denimusé…: le créateur françaisGuillau-meHenrysait fairebriller lesyeuxdes filles avec sa collection quivoyage duMoyen-Ageà la Renais-sance.

Les robes découpées au laser aumotifvitraildeNotre-Damesuccè-dent aux blousons en jacquard develours sur short très « SavileRow», et ornements sacrés, voirereligieux. «C’est du Monarchi-chic», assure Guillaume Henry,qui s’est «interdit de faire des cho-ses quenepourrait s’offrir lamajo-rité de la clientèle», en termes deprix.On aimerait tant…

Chez Balmain, le jeune Olivier

Rousteing n’a pas froid aux yeuxavec ses vestes aux épaules de cat-cheur, brillantes comme destenuesdetorero,oucesrobespista-che rebrodées de grosses perles.On pourrait friser l’overdose dukitsch, voire du bling-bling. Maisle créateur âgé de 26ans possèdeun flair incroyable qui lui permetde ne pas franchir la ligne rouge…celle dumauvais goût.

Coiffure punk hérissée de plu-mes et jupettes courtes en pan-neauxtrianglessousunevestecin-trée avec bottes et gants demous-quetaire:chezAnnDemeulemees-ter, le cuir et les satins tournentautour du corps. Jupe fluide cou-pée dans le biais ou robe de lainesousunbavoletde cuir… lespiècesse succèdent avec brio dans desrefletsmordorés, façoncoléoptèrevert-noir et bleumétallique.

Aumot d’ordre deManish Aro-ra, « live is beautiful», on aimeraitadhérer à 100%. Des tagueurs ins-crivent ce slogan sur unmur pen-dantquedéfilent lesmannequins.Jupe façon napperon de dentelletrempée dans des couleurs ver-

nies, robe charleston ceinturéed’or et de fourrure colorée, ou jolitrench noir rebrodé de boucheslaquées rouge, le couturier indienveut conjurer lemauvais sort aveccettecollectionfoncièrementopti-miste. On y croit àmoitié, tant lesvêtementsontdesalluresdecostu-mesde scène.

Chez Nina Ricci, Peter Coppingimagine des filles qui empruntentles vêtements de leursmèrespourlesdépeceretlesrecoudre.Lerésul-tat est assez déroutant. Des mor-ceauxde lingerie sontmariés avecdu tweed – sans doute de vieuxtailleurs Chanel. Un top en mailleintarsia est fendud’une fenêtre dedentellesurlapoitrine.Unecombi-naisonde satin noir et organza estmariéeavecunejupeentweed.Cet-tematière – omniprésente dans la

collection – est aussi travaillée enpatchwork pour composer desrobes. Un manteau de vison sem-ble lacéré dans le dos. L’allure estassez débraillée. Heureusement,lesrobesencloquéLurexouenrad-zimir, brodées de petites perles oude fleurs champêtres échappent àce jeudedécoupe.

Pournotrebonheur,RickOwensest fidèle à lui-même avec ses sil-houettes longilignes à l’alluremonacale. L’Américain fait vibrerle gris grâce à des jeux dematières(mohair, jersey, laine bouillie…) etde drapés. Les filles sont coifféesd’étranges bonnets à grillage, quimasquent leursvisages.

Chez AF Vandevorst, l’effet estencoreplussaisissantavecsesfem-mes mystérieuses, chapeaux vis-sésjusqu’aunezetécharpesenrou-lées. Elles se protègent dans delongsmanteauxen lainage soupleou dans des robes sanglées par delargesceinturesdecuir.Onesttou-ché par autant de féminité et deforce, un très grand momentd’émotionet de grâce.pVéroniqueLorelle et JoelMorio

De la longueurdes ourletspar Véronique Lorelle

L’hiver prochain, c’est sûr, les citadi-nes cacheront leurs genoux. MêmeCarven, cette griffe pour jeunes fillesen fleur, a rallongé ses ourlets. Celan’est pas bon signe. Selon une théo-rie aussi frivole que la mode, la cota-tion des actions en Bourse est cor-rélée à la longueur des jupes. Lesrobes raccourcissent à la veille d’uneembellie. Et inversement. Cette théo-rie, ou «Hemline Indicator», avaitété émise par George Taylor, profes-seur d’économie aux Etats-Unis, en1926: il avait noté que les élégantesavaient rallongé leurs tuniques, peude temps avant le krach de 1929.Depuis, les exemples d’unemode«oracle» nemanquent pas. Ainsi, lafin de la minijupe a précédé de peule choc pétrolier de 1973. Dansl’euphorie précédant l’an 2000, lamode n’a jamais été aussi courte. Enpleine campagne présidentielle, ilest utile de rappeler l’existence decet indicateur. Que les candidatspuissent anticiper la récession.p

cAFVandevorst.DR

ZoomFemmesaubureau

Shopping

HommageàAzzaroCetteminaudièreen formed’œuf est en chro-meet cuir argent, surmontéed’unoiseauauxyeuxbleus.«Cet oiseauest unhommageà

LorisAzzaro– car le lori estunpetit perro-quet – et àmonenvol, puisque j’ai quitté

Lanvinpourprendre ladirectionartistiquede cettemaison»,expliqueMathildeCastelloBranco, 39ans, qui aprésen-téunecollection fraîcheetdélicatede robes impriméesde cartes à jouer, ou incrus-téesdedentelles et cristaux,

façonroséesurun fild’ange.p (DR)

L’AméricainOwensfaitvibrer legrisgrâceàdesjeuxdematières

etdedrapés

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Balmain.J.BRINON/AP

cCarven. ALEXANDER KLEIN/AFP

Prêt-à-porter femmesPARIS | AUTOMNE-HIVER 2012-2013

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Page 21: Le monde week end du 3-3-2012

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AU CARNET DU «MONDE»

Anniversaire de naissance

Merci de nous avoir ouvert auMonde.

Joyeux anniversaire

Papa !Anne-Laure, Cyril, Hélène, Arnaud.

Décès

Potomac. Maryland (USA).

Désiré Ahouanmenou,son époux,Yèmi Ahouanmenou,

son fils,Agniola Ahouanmenou,

sa fille,Les familles Gounongbé,

Ahouanmenou,Parentes, alliées et amies

ont l’immense tristesse de faire partdu décès de

Elvire Eugénie MarieAHOUANMENOUnée GOUNONGBE

survenu le 21 février 2012, à Bethesda,Maryland, dans sa cinquante-huitièmeannée.

La cérémonie religieuse sera célébréele samedi 3 mars, à 13 heures, en l’égliseSainte-Jeanne-de-Chantal, 9601 OldGeorgetown Road Bethesda, MD 20814(USA).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Françoise Bavoux,Jean-Louis et Martine Bavoux,

sa sœur, son frère et sa belle-sœur,Emilie et Antoine, Nicolas et Constance,

Antoine, Eloïse et Pierre, Matthieu,Thibaut,ses neveux et nièces,Hugo, Théo, Samuel, Thomas, Joseph,

Manon, Arthur,ses petits-neveux et ses petites-nièces,

ont la tristesse de faire part du décès de

Geneviève BAVOUX,survenu le 1er mars 2012.

La cérémonie religieuse sera célébréele samedi 3 mars, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Léon, 6, place du Cardinal Amette,Paris 15e.

L’inhumation aura lieu le lundi 5 mars,à 11 heures, au cimetière de Toulon.

Pascale Werner,sa sœur,Ainsi que sa familleEt ses amis

ont la douleur de faire part du décès de

Anne-Claudine BIQUARD,

survenu le 25 février 2012, à Paris 14e,à l’âge de soixante-neuf ans.

La crémation aura lieu le lundi 5 marsà 10 h 15 et l’inhumation le même jour, à14 heures, au cimetière du Père-Lachaise.

Vania, Frédérique, François, GuillaumeFerrat,ses enfants,Jean Ferrat,

leur père,

ont l’immense tristesse de faire partdu décès de

Annie CHINAUD FERRAT,

survenu le 27 février 2012,à l’age de de soixante-quatorze ans.

La cérémonie civile aura lieu lundi5 mars, à 16 heures, au crematoriumdu cimetière du Père-Lachaise.

On nous prie d’annoncer le décés de

Marie-Antoinette DELBOS,née LAMEYRE,

survenu le 28 février 2012,dans sa quatre-vingt-deuxième année.

De la part deFrançoise et Suzanne Lameyre,

sa sœur et de sa belle-sœur,Valérie LameyreFrançois et Nathalie LameyreAgnès et Benoit GaboriauMartial Dupaigne et Lysiane OzanicJean et Jocelyne Monteil,

ses neveux et nièces,Arthur, Robin, Léa, Martin, Jean,

Nicolas, Louis, Ambre, Séverine, Emmanuelet Alexis,ses petits-neveux et petites-nièces,Elisabeth Feugeas et Claire Fargeas,

ses filleules.

Ses obsèques seront cé lébréesen l’église de Laguenne, le 3 mars 2012,à 15 heures et suivies de son inhumationau cimetière de Laguenne où elle rejoindrason époux,

Léon DELBOS,

décédé en 1998.

Merci pour vos dons à la fondationpour la recherche médicale, à la luttecontre le cancer ou à l’APTES (Associationdes personnes concernées par letremblement essentiel).

1, côte de Poujol,19150 Laguenne.F. Lameyre Fargeas,19470 Le [email protected]

Armelle, Vincent, Sophie, Eléonoreet leurs familles,Matchoum,Les familles Soler et Boscher,

font part du décés de

Claude DICHON.

Une cérémonie aura lieu en l’églisede Sainte-Marguerite, le samedi 3 mars2012, à 10 h 30, 20, place Antide Boyer,Marseille 9e.

L’inhumation se fera au cimetièreSaint-Pierre.

Martine Ducamin,son épouse,Éric,Laurent,Dorothée,Arnaud et Marie,

ses enfants,Clément, Alexandre, Nicolas, Ariane,

Nathan, Philippe, Kristine,ses petits-enfants,ont le chagrin de faire part du décès de

M. Bernard DUCAMIN,président de section honoraire

au Conseil d’État,commandeur de la Légion d’honneur,

commandeurdans l’ordre national du Mérite,chevalier du Mérite maritime,

commandeur avec plaque de l’ordrede Saint-Grégoire-le-Grand,

survenu le 1er mars 2012,à l’âge de quatre-vingt-trois ans.La cérémonie religieuse sera célébrée

le mardi 6 mars, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Justin de Levallois-Perret.

Pierre Dussauge,son époux,Pierre et Jérôme,

ses fils,Valérie et Isabelle,

ses belles-filles,Emilie, Thomas, Tara et Oscar,

ses petits-enfants,ont la tristesse de faire part de la disparitionde

Mme Pierre DUSSAUGE,née Grace Isabel LONG,

survenue le 25 février 2012.9, rue Brizard,33000 Bordeaux.

Mme Roberte Godart,son épouse,Ses enfants et petits-enfants,La familleEt ses amis,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

André GODART,ingénieur des Arts et Métiers,

survenu le 23 février 2012,à l’âge de quatre-vingt-deux ans.

Henri, Jean, Marthe, Madeleineet Andréfont part de la naissance au Cielle 26 février 2012, de

Albert GUIHÉNEUF,leur grand-père.

Il y rejointRobert et Marie-Louise GUIHÉNEUF,

ses parents,Augusta,

sa grand-mère.Vincent et Marie-Victoire Guihéneuf,La Chaume,71510 Saint-Sernin-du-Plain.

Martine Merceron Vicat,Christine et Bernard Delpy,Denis et Corinne Morel,Marie-Martine Morel Courcoux,Professeur Patrice Morel,Francine Morel,Ses douze petits-enfants,Ses vingt-neuf arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du rappelà Dieu, de

Mme Geneviève MOREL,née FRANCK,

chevalier de la Légion d’honneur,chevalier de l’ordre nationaldu Dahomey (Bénin),

chevalier du Mérite Congolais,médaille de la Ville de Paris,

décédée à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans,à la maison Sainte-Monique, 62, ruedes Plantes, Paris 14e.La cérémonie religieuse sera célébrée

le mercredi 7 mars 2012, à 10 h 30,en l’église Saint-Pierre de Montrouge,Paris 14e et sera suivie de son inhumationà Vernon (Eure), vers 14 h 30.Cet avis tient lieu de faire-part.

Annie Desprez,son épouse,Henri Morel-Maroger,Mireille Morel-Maroger,Madeleine Morel-Maroger (†),Christine Morel-Maroger,Olivier Morel-Maroger,Anne Grand d’Esnon,Juliette Morel-Maroger Bolze,

ses enfantsainsi que leurs conjoints,Raphaël, Sylvia, Pauline, Laure,

Étienne, Benjamin, Clémence, Mathilde,Rebecca, Adrien, Oscar,ses petits-enfants,Marie-Claude Atger-Ravel,

sa cousine,ont la tristesse d’annoncer le décès du

docteur ArielMOREL-MAROGER,

ancien interne des Hôpitaux de Paris,major de la promotion 1952,

ancien chef du service de neurologiede l’hôpital de Corbeil-Essonnes,

professeur honoraireà la Pitié-Salpêtrière,

survenu le 28 février 2012,à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.Chanteur lyrique, il aura été toute sa vie

passionné de musique.La cérémonie religieuse aura lieu

le lundi 5 mars, à 11 heures, en l’Égliseréformée du Saint-Esprit, 5, rue Roquépine,à Paris 8e.

« Ne crains point ; je suis le Premieret le Dernier, et le Vivant ;

j’ai été mort, et voici que je suis vivantaux siècles des siècles. »

Apocalypse (1.18).

Vincent , Emmanuelle, Etienne,Natalie,ses enfants,Geneviève, Emmanuel, Nathalie,

leurs conjoints,Yannick,Estelle, Fanny, Clément, Claire, Louna,

Nicolas, Anouk, Timothé, Paul, Mina,Zoé, Sidonie,ses petits-enfants,ont la tristesse de faire du décès de

Geneviève RIGAL,née BAUER,

le 29 février 2012.Une cérémonie religieuse aura lieu

au temple de Montrouge, 64, rue Arnoux,le lundi 5 mars, à 10 heures.17, rue de l’Yser,92330 Sceaux.

Ses enfants, petits-enfantset arrière-petits-enfants,Toute la famille,Tous les amis,

ont la tristesse d’annoncer la mort deMme Paul ROTTELEUR,née Camille GIGNOUX.

Comme elle l’avait souhaité, sesfunérailles religieuses ont été célébréesdans l’intimité.

M.et Mme Jossifort,ses parents,Emmanuelle et Sonia,

ses sœurs,Sa familleEt ses ami(e)s,

ont l’infinie tristesse de faire part du décèsde

Sabine JOSSIFORT,survenu à l’âge de quarante-huit ans.La cérémonie d’adieu aura lieu

au crématorium de Valenton, le mardi6 mars 2012, à 11 heures.13, avenue de la Fontaine Saint-Martin,94460 Valenton.

Remerciements

Mady MénierEt tous les siens,

profondément émus par toutes les marquesd’attachement à

Jacques MÉNIERet de sympathie pour leur deuil, ayantété hospitalisée, prie chacun et tous de bienvoulo i r t rouver ic i l ’express ionde leur gratitude .

Anniversaire de décès

Mme Renée WASSERTREIGER,née BLUM,

nous quittait le 3 mars 2010.

Elle nous manque.

Souvenir

3 mars 1964 - 31 juillet 2010

VINCENTEDans nos cœurs, nos pensées,Pour la vie,A jamais.

Conférences

Institut d’études de l’Islamet des sociétés du monde

musulman (IISMM-EHESS)et le Collège de France :

conférence publique, le 6 mars 201218 heures-20 heuresGilbert Meynier

« Le FLN (1954-1962) :une révolution ? ».

EHESS-amphithéâtre105, boulevard Raspail, Paris 6eContact : 01 53 63 56 02.

Entrée libre.

Communications diverses

A l’occasion de la parution du numéro 3de Peut-être,

l’Association des Amis de l’Œuvrede Claude Vigée vous convieà son « Après-midi poétique »

le samedi 10 mars 2012, à 15 heures,avec Patricia Sustrac (Max Jacob),

M.-B. Spire (André Spire),Jean Witt, Hélène Péras, Jessica Stephens

(T.S. Eliot et Claude Vigée),et Claude Vigée (sous réserve).Institut du Monde anglophone

5, rue de l’Ecole de Médecine, Paris 6e.Métro Odéon.

[email protected]

Institut Elie Wiesel, cycles de cours,5 mars à 17 h 45 (5 séances) « Philosophiesdu repentir » Georges Elia Sarfati, 6 marsà 17 h 45 (5 séances) : « Le devoir del’Etude : science et savoir : dans les sourcesjuives » Liliane Vana, 6 mars à 19 h 15(5 séances) « Figures de la représentationdu juif. (Du peuple de trop à l’Etat de trop :figures de la représentation d’Israël) »Jacques Tarnero, 7 mars à 19 h 15(6 séances) « Freud avec Moïse :l’inconscient monothéiste » Paul-LaurentAssoun, 15 mars à 19 h 15 (6 séances)« Le complexe de Caïn : récits bibliquessur la violence et la destruction » FranklinRausky, 15 mars à 17 h 45 (6 séances)« Les juifs d’Algérie, histoire et sociologied’une « diaspora méconnue » JoëlleAllouche Benayoun.Inscription à l’avance :119, rue La Fayette, Paris 10e.Tél. : 01 53 20 52 [email protected] (PAF).

« Jacques Lacan, matérialiste.Le symptôme dans la psychanalyse,

les lettres et la politique »colloque international, à Paris,les 16, 17, 18 mars 2012,

organisé par « Savoirs et clinique »,association pour la formation

en psychanalyseet le Crimic (Paris-Sorbonne).www.savoirs-et-clinique.eu

Page 22: Le monde week end du 3-3-2012

HumeurcollaborativeMimétisme. «Le succès sur Internet repose-t-il sur la contagion?» Danscet article, parudans la revuede scienceshumainesTracés, les auteursconstatentque «le succès en lignea le caractère soudain, imprévisible etsansorigine fixe de l’épidémie; commeelle, il se diffuse le longdesréseaux sociaux, contaminant les individusdeproche en proche en sui-vant les liensdumail et de l’amitié en ligne». Pour simplifier, cesméca-nismesdediffusionhorizontale sont le bouche-à-oreille en ligne.De lui,l’effetde brouhahaenfle et donne lieu auxbuzzmêmes, flash-mobsetplus largementaux contenus collaboratifsque s’approprie l’internaute.Chaîne humaine. L’un des derniers projets communautaires en date,#Laptoptag, est celui de la plate-formedepartage vidéosVimeo. Sesuti-lisateurs sont conviés à réaliser une courte séquence en se conformantà cette contrainte: «Tout ce que vous avez à faire est de vous filmer entraind’ouvrir votre ordinateurportable et de faire basculer votre écranvers le haut en fin d’enregistrement.»Une consigne simple et qui a déjàémoustillé l’imaginationd’un grandnombre, en témoigne la vidéo col-laborative «Welcome to#laptoptag» (vimeo. com/36994025).Unpre-mier visage, celui d’un adolescent campéderrière sonordinateur.Unregard, puis samaindégaineunpistolet et tireun inoffensif «Bang»detissu. Le coupd’envoi de ce relais en images est donné. Le ballet com-mence, alternant interventions filmées et basculementsd’écrans.Unenfant grignoteunbiscuit.Une fillette, assise à côté d’un extraterrestre,lanceun enjoué: «Bonjour les amis!»Tiens, les peluches investissentaussi l’écran!Un jeunehommetend sa tasse sur laquelle est inscrit unchaleureux: «Have anice day.» «Say cheese», lance cephotographe,qui pointe sonobjectif droit surmoi. «Mais vous êtes tous en 3D»,s’écrieunbarbuà lunettes. Unadolescentme fait tourner la tête, tour-nant sur lui-même, sonordinateur aubout des bras. Et quede sourires,mêmeéphémères, à cueillir pour démarrer la journéedu bonpied! p

PolitiqueMensonge, vérité?Nicolas Sarkozyn’est pas forcémentbienplacépour traiter Fran-çoisHollandedementeur.De ce point de vue, les hommespolitiques sevalentbien.Mais je voudrais revenir sur les fausses vérités du PS ausujet des 35heures. Les 35heures ont créé des emplois sur la période1999-2002. C’est vrai, sauf que ces emploisnous ont coûtébeaucoupd’argent et que les pays qui nousentourent enont créé tout autant pen-dant lamêmepériode sansdépenserun sou. Il suffit pour cela de regar-der les courbes du chômageen France et chez ses voisins. Le coût du tra-vail en Francen’est pas le plus élevé. C’est vrai, sauf qu’il se révèle tropélevépar rapport à ce quenous sommes capables deproduire. Il suffitencorepour cela de constater la croissancepersistantedenotredéficitcommercialdepuis 2002. Pour retrouverune certaine compétitivité etde l’emploi, une seule solution, baisser le coût du travail, soit en tra-vaillant autant pour gagnermoins, soit en travaillantplus pour gagnerautant.Pierre-RichardWagrez, Orange

Courriels

C’est toutNet! Marlène Duretz

Vendredi2marsTF1

20.50 Les 30 Histoiresles plus spectaculaires. Divertissement.23.25 Confessions intimes.Magazine présenté par Marion Jollès (120min).

FRANCE2

20.35 Les Petits Meurtresd’Agatha Christie.La Plume empoisonnée. Téléfilm. Eric Woreth.Avec Antoine Duléry, Marius Colucci (Fr., 2008).22.20 Flashpoint.Série. Amis pour la vie. Sans famille(saison2, 4 et 5/18, inédit)U. Avec Hugh Dillon.23.40 Taratata. « Christophe » (95min).

FRANCE3

20.35 Faut pas rêver.Au Brésil. Acai, le diamant pourpre d’Amazonie ;Le Bateau banque ; La Samba des ovnis ; etc.22.50Soir3.23.15Dupoison dans l’eau du robinet.Documentaire. Sophie Le Gall (Fr., 2010).0.50 Le Match des experts.1.15 Des racines et des ailes.Un balcon sur les Alpes (115min).

CANAL+

20.55 Le Mytho, Just GoWith itpFilm Dennis Dugan. Avec Adam Sandler,Jennifer Aniston, Brooklyn Decker (EU, 2011).22.45 L’AgencepFilm George Nolfi. Avec Matt Damon, EmilyBlunt, Shohreh Aghdashloo (EU, 2011, 105min).

ARTE

20.35 Spécial FashionWeek.The September IssuepFilm R. J. Cutler (Etats-Unis, 2009).22.05 et 0.55 Le Jour d’avant. Isabel Marant...23.55 Court-circuit.« Protéger la nation », de CR Reisser (2010) ;«Aalterate », de Christobal de Oliveira (2011) ;« Rien à signaler », de Lennart Ruff (60min).

M6

20.50NCIS.Série. Frankenstein (saison 8, 24/24, inédit)U ;Puzzles. Frères d’armes (saison3, 15 et 16/24)U ;Le Dernier Saut (S1, 2/23). Avec Mark Harmon.0.05 Nip/Tuck.Série. Objectum sexualité. Vie éternelle(saison 5, 21 et 22/22, 100min)V.

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Météorologue en directau 0899 700 703

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

Sud-Ouest

Sud-Est

Jours suivants

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Températures à l’aube l’après-midi

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

Occlusion Thalweg

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TunisTunis

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TripoliTripoli

Lisbonne

ReykjavikReykjavik

En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

Paris

Madrid

Séville

Rabat

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RomeBarcelone

Tripoli

Le Caire

Jérusalem

Beyrouth

Athènes

Berne

Amsterdam

Bruxelles

Berlin

Londres

Edimbourg

Dublin

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Stockholm

Copenhague

Riga

Varsovie

Kiev

Ankara

Istanbul

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OdessaBudapest

Vienne

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ZagrebMilanBelgrade

Bucarest

St-PétersbourgHelsinki

Minsk

Moscou

30 à 35° > 35°25 à 30°20 à 25°15 à 20°10 à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°-10 à -5°< -10°

Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

Ajaccio

Nice

Clermont-Ferrand

Lyon

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Bordeaux

Biarritz

Limoges

Besançon

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beautempspluieetneigeenpartieensoleilléenpartieensoleilléassezensoleillébeautempsbeautempsensoleillépuisorageuxassezensoleillééclairciespluieetneigeensoleillépuisorageuxenpartieensoleilléenpartieensoleillépluieetneigeenpartieensoleillé

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Dimanche

Samedi 3mars03.03.2012

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35 km/h

20 km/h

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Ukraine Froid et neige s’imposent sur l’Ouest du pays aujourd’hui

En Europe12h TU

Un front de faible activité concernera lesrégions de la façade atlantique endonnant des pluies généralement faibleset intermittentes et un vent d'ouest àsud-ouest qui deviendra sensible. Plus àl'Est, les conditions ensoleilléespersisteront encore, après dissipationdes brouillards dumatinmais les nuagesseront de retour avec quelques aversesqui menaceront en fin de journée. Lemercure fléchira un peu.

Saint GuénoléCoeff. demarée

LeverCoucher

LeverCoucher

Dégradation par l’Ouest du pays

Aujourd’hui

Horizontalement Verticalement

I

II

III

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VI

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VIII

IX

X

Solution du n° 12 - 053HorizontalementI. Rodomontades. II. Epanouie.Ina. III.Qui. Lignée. IV.Usnée.Ado. CV.V. Entournure.VI.NB.Gaude. Têt.VII.Quérir. Scène.VIII.Urge. La. Areu. IX. Elancent.Ilr.X. Sélectionnés.

Verticalement1. Requinqués. 2.Opus. Burle.3.Daine. Egal. 4.On. Engrène.5.Moletai. Cc. 6.Oui. Ourlet.7.Nigaud. Ani. 8. Tendres. To.9. Eon. Ça. 10.Die. Utérin. 11. En.Crénelé. 12. Sauveteurs.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

1. Expulsion qui ne dit pas sonnom. 2.Déborde facilement. Celuid’avant. 3. Amis six personnagesen quête d’auteur en scène. 4.Dessiècles et des siècles. Article. Troispoints sur quatre. 5. Parti encampagne. Borde le toit. 6.Musedes faiseurs d’histoire. Prendredes couleurs. 7. Bouleversé,bouleversé. Entra dans le combat.8. Petit roupillon. Passé à l’huile.9. Prise de haut. Personnel.10. Article. Possessif. Spectacle enjaune. 11. Fait des vagues à latribune. Ouverture instrumentale.12.Opinions générales

I. Arrive souvent sans prévenir.II. Prince arabe. En Bretagne.Patron enManche. III. Charmantejeune fille un peu froide et raide.Sacrifiât. IV. Sortit du lot. ArroseTurin et Crémone. Prépare à laconduite des affaires.V. Petitsmodèles chez Fidel. L'Europe à sesdébuts. Refuge en temps de crise.VI.Un peu trop enveloppé. Dansl'erreur. Protection rapprochée.VII. Vitrine de la presse. Abrimarin. Lâché sur le coup.VIII. Temps libres à protéger.Liaison. IX.On y consacrebeaucoup trop de temps libre.X. Abattements toujoursbienvenus.

météo& jeux écrans

Sudokun˚12-054 Solutiondun˚12-053Samedi3marsTF1

20.50 The Voice, la plus belle voix.Episode 2. Télé-réalité.22.55 The Voice, au cœur des coulisses.23.40 Les Experts : Miami. Série.Fraudes majeures. Le Verdict du tueur. Piratesde l’Atlantique (S3, 5, 6 et 9/24, 150min)V.

FRANCE2

20.35 Les Victoiresde la musique 2012.En direct. Avec Camille, Benjamin Biolay, Brigitte,Nolwenn Leroy, Thomas Dutronc, Alexis HK,Catherine Ringer, Julien Clerc, L, Imany, etc.0.35 Planète musiquemag.1.30 Thé ou café. Magazine (45min).

FRANCE3

20.35 A tort ou à raison.Série. L’Affaire Saint-Maxime [1 et 2/2]U.L’Affaire Gianni [1/2] (saison 2, 1 à 3/6, inédit).23.20 Soir3.23.50 Appassionata - Raymonda.Ballet. Musique de Glazounov. Chorégraphiede Rudolf Noureev. Avec Marie-Agnès Gillot,José Martinez, Nicolas Le Riche (150min).

CANAL+

20.50World Invasion :Battle Los AngelesFilm Jonathan Liebesman. Avec Aaron Eckhart,Michelle Rodriguez (Etats-Unis, 2011)U.22.45Match of Ze Day. Magazine.23.00 Jour de foot. Magazine (55min).

ARTE

20.35 Spécial FashionWeek.Le Jour d’avant. Alber Elbaz pour Lanvin (2011,inédit). [5/6] Sonia Rykiel (2009).22.30 Glamour pour tous. Berlin, capitale du style.Documentaire. Cordula Kablitz-Post (All., 2012).23.25 Juergen Teller. Documentaire (All., 2011).0.10 Tracks.Magazine. Duran Duran ; K-Pop... (50min).

M6

20.50 The Glades.Série. L’Etrangleur du Northside. L’Enfant perdu(S2, 2 et 3/13, inédit)U ; L’Homme à la moto.Les Séminoles (saison 1, 8 et 9/13).0.00 Burn Notice.Série. Mes amis, mes ennemis. L’Hommeà abattre (S4, 1 et 2/18, inédit, 105min)U.

Lessoiréestélé

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiateur :[email protected]

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Le Mondesur microfilms : 03-88-04-28-60

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.

Tous les joursMots croisés et sudoku.

Motscroisés n˚12-054Lesjeux

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1 4 9 5Realise par Yan Georget

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ExpertCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Les espaces événementielsdu 123

0123 met à disposition son auditorium

(capacité de 150 places), avec possibilité de projection,

ainsi que son hall d’accueil

pour l’organisation de vos

manifestations. Paris, 13 e arr.

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Cinquante ans après le cessez-le-feu

GUERRE D’ALGÉRIEMÉMOIRES PARALLÈLES

En partenariat avecUN HORS-SÉRIE DU MONDE

22 0123Samedi 3mars 2012

Page 23: Le monde week end du 3-3-2012

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BlogLes élections législatives en IranLes législativesdu vendredi 2mars sont le premier scrutinnational enIrandepuis la réélection contestée, en juin2009, du présidentMah-moudAhmadinejad. Pour comprendre les enjeuxde ce scrutin et vivreauplus près cette actualité, suivez «Nouvellesd’Iran», unblog consacréà l’actualité iranienne, et retrouvez sur le site tous les résultats et nosanalyses. En séquenceProche-Orient.http://www.lemonde.fr/proche-orient/

Anepasmanquer sur0123.fr

LesMaldivesentretourismeetCoran

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15 grands filmssélectionnés par Le Monde1 - 9 mars Babel de Alejandro Gonzàlez Iñàrritu2 - 16 mars Basic Instinct de Paul Verhoeven3 - 23 mars Billy Elliot de Stephen Daldry4 - 30 mars Voyage au bout de l’enfer

de Michael Cimino5 - 6 avr. Bob le Flambeur

de Jean-Pierre Melville6 - 13 avr. Serpico de Sidney Lumet7 - 20 avr. Crossing Guard de Sean Penn8 - 27 avr. Le Petit Soldat de Jean-Luc Godard9 - 4 mai Nelly et Mr. Arnaud de Claude Sautet10 - 11 mai Ludwig : Le Crépuscule des Dieux

(2 DVD) de Luchino Visconti11 - 18 mai La Chambre du fils de Nanni Moretti12 - 25 mai Hammett de Wim Wenders13 - 1er juin Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau14 - 8 juin L’Argent de la vieille

de Luigi Comencini15 - 15 juin Le jour se lève de Marcel Carné

Chaque week-end, avec Le Monde et M le magazine,retrouvez les plus grands chefs-d’œuvre du cinémaretrouvez les plus grands chefs-d’œuvre du cinémamondial. Une nouvelle collection de 15 DVDmondial. Une nouvelle collection de 15 DVDréalisés par les auteurs les plus talentueux, tels queréalisés par les auteurs les plus talentueux, tels queStephen Daldry, Marcel Carné, Michael Cimino,Luigi Comencini, Jean-Luc Godard, Sidney Lumet,Nanni Moretti, Sean Penn, Wim Wenders…En complément, vous découvrirez de nombreux bonusexclusifs : interviews, documentaires,bandes annonces, un véritable festivalà domicile ! Avec le n°1, un élégantcoffret vous sera offert.

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0123

L esMaldives?A lui seul, le nom libè-reun cocktail d’images suaves:sable immaculé, bungalowsà fleur

de lagon, féerie sous-marine. L’archipelauxvingt-six atolls, poudre d’îlots flot-tant au largedu cône indien, évoqueunédencorallien, robinsonnade chic louéedans les cataloguesdu tourismemondialde luxe. On se rappelle vaguementqueles lamesd’un tsunami roulant de Suma-tra avaient semé l’enfer auparadis au len-demaindeNoël2004.Mais la plaisanceavite repris ses droits en ces langueursocéanes.

Pour combiende temps? Voilà qu’uneméchante clameurgrondeàMalé, la capi-tale.Un jeuneprésidentdémocrate(44ans),MohamedNasheed, l’hommequi avait imposé lesMaldives sur la cartegéopolitiquedu réchauffement climati-que – l’archipel situé àmoins d’unmètre

au-dessusduniveaude lamer estmena-cépar lamontée des eaux – a été forcé à ladémission le 7février à la suite d’unemutineriede la police soutenuepar l’op-position. L’affaire est très fâcheuse. Ellejetteuneombre sur l’avenir d’unedémo-cratie fraîchement instaurée en 2008aprèsdes décenniesde régimeautocrati-que. Elle s’inscrit sur fondde rivalité stra-tégiqueentre l’Inde et la Chine au cœurd’unocéan Indien embouteilléde super-tankers alimentant l’Asie émergente. Ellesert enfin demarchepiedàdes forces isla-mistes locales qui ont dopé l’agitationcontreM.Nasheed, cet «infidèle» adepted’une lecture libérale de l’islam, et récla-mentmaintenant leurdû, c’est-à-dire l’ap-plicationsourcilleuse de la charia.

Qui aurait penséque le raidissementislamiste gagnerait un jour cesMaldivesassociéesà l’indolencedans l’imagerie col-

lective? AMalé, disqueurbain cernédeflots, l’inquiétude sourddans lesmilieuxlibéraux.«Lamontéedu fondamentalis-meest le gros problèmeauquel nousallons devoir faire face», soupireAmeenFaisal, ex-ministrede la défenseprocheduprésidentdestitué. Coïncidence trou-blante: le jourmêmedu coupde forcedu7février, un groupe intégriste amenéuneopérationcommandoaucœur dumuséedeMalé et a brisé des statuesbouddhiques,précieuxhéritagedupassépréislamiquede l’archipel (lesMaldivesont été islamisées auXIIesièclepar unmarinmarocain). Ce futunepetite «affai-re des bouddhasdeBamiyan» (ces sta-tues géantesdétruitespar les talibansafghansen 2001) à l’échellemaldivienne.

L’incident futprécédéd’autres coupsd’éclatde lamêmeinspiration. Leplusspectaculaire futperpétréennovem-bre2011 à l’occasiondu sommetrégionald’AsieduSudSaarc (SouthAsiaAssocia-tion forRegionalCooperation),qui s’esttenusur l’atollAddu,dans le sudde l’archi-pel.Desmonumentsofferts en cadeauparles Etats invités ont été jugés«hérétiques»pardesgroupesextrémistesetontétévan-dalisés.Ce futnotamment le casd’unestè-lepakistanaisedont le bas-relief exhibaitune figuredeBouddha. La sculptured’unlion sri-lankais, elle, avait été carrémentdécapitée.«Idolesanti-islamiques»,avaientdénoncé les auteursdu forfait.

Lesmêmesgroupes avaient égalementdéfilé en faveurde la fermeturedes spas– vitrinede la prostitutionà leurs yeux–

dans les hôtels fréquentéspar les touris-tes étrangers.Ouencore contre le projetde servir de l’alcool dansunétablisse-mentdeMalé – ceprivilège étantpourl’instant confiné aux seules îles vides detoutMaldivienet réservées aux touristes.

Sur les 1200îles de l’archipel, 200 sonthabitéespar les autochtones et une autrecentaine fréquentéespar les visiteursétrangers (850000par an) en vertud’unedistributionqui sanctionneune for-med’apartheid touristique.Malé est le

seul carrefouroù les deuxpopulationspeuvent éventuellement se croiser. Etencore…Le contact demeure ténu, leman-quede charmede la capitale – surpeu-plée, engorgée – décourageant l’escale etrenforçant le côté «offshore»d’un touris-me reléguéaux confins des récifs.

C’est doncpeudire que lesMaldivesvivent à l’écart du temps endépit de laréputationmondiale de leurs grâces bal-néaires. L’isolat culturel et religieuxestmêmeun fondementde la Constitutionquiprescrit que seuls lesmusulmanspeu-vent être citoyensdupays. Ainsi a été

consacré l’imaginaire d’un corps pur –«Etatmusulmanà 100%» – à garder detoute souillure.De l’intégrité à l’intégris-me: la pente est-elle inexorable?L’«islammodéré»que vantentnombrede responsablesmaldiviensappartient-ilà la légende? Paradoxe: la dérive ambian-te a commencé aumomentoù lesMaldi-ves se sont ouvertes sur le grand large.Nonvers l’Occident,mais vers l’Arabiesaoudite et le Pakistan, où denombreuxjeunesMaldiviens sontpartis étudier. Deretouraupays, ils ont ramené le rigoris-medu salafismeet duwahhabisme,pro-duits d’emprunt à lamondialisationintra-islamique.

Depuisdix ans, foulards, voiles et bur-qashabillent les femmes– jusqu’alors àla cheveluredéliée.«Il y a des endroits àMalé où l’onme fixe comme si j’étais dansune tenue indécente», grinceAishathVeli-zenee, unemilitanteprogressiste quirefusede se couvrir la tête. Là est le vérita-ble danger. Plusque le risque terroriste –qui alarme les services secrets des Etats-Unis oude l’Inde –, le péril de l’islamradi-cal auxMaldives est dans «la régressionrampanteabîmant la société elle-même»,noteAzraNaseem,universitaire spécialis-te de l’islamisme. Pour l’heure, les fem-mes enburqa chevauchent crânementdes vespas àMalé. Et les filles aux châlesse promènent seules dans les rues – ycompris le soir – sans accompagnateursmâles. Baromètreà surveiller… p

[email protected]

C e sont des endroits où lescaméras sont allées unefois, pour demauvaises rai-

sons, et où elles reviennentdésor-mais à date fixe : L’Aiguillon-sur-Mer, deuxans après; Fukushima,un anplus tard.

Jeudi 1ermars, sur France2, onavudes imagesunpeusemblablesd’habitantsde ce qui était autre-foisuneville enborddemer, unquartier tranquille, une jolie peti-temaisonetquin’estplusqu’une«zone sinistrée». Ilsmarchentdans lesdunesquin’ontpasempê-ché la tempêteXynthiad’englou-tir unepartiedu littoral charen-tais et vendéen, le 28février 2010;ilsmarchentdans les ruines lais-séespar le tsunamiqui a ravagé lenord-estdu Japon, le 11mars 2011.

Mêmevisionde champsdebataille d’une guerre ingagnable,celle que lanaturemène sanspré-venir et dont la télévision tient lesarchives à jour. Unemerde toits,le souvenir deXynthia (47morts).Une vaguede gravats, le rappel dutsunamide 2011 (plus de 20000morts et disparus).

EnCharente et enVendée, onest surtout allé vérifier le nou-veaupland’occupationdes sols et«si les promesses avaient ététenues». Dans le journal de20heures, un sinistré qui témoi-gnait depuisun rez-de-chausséeinondédeuxans plus tôt, raconteaujourd’hui, dansun salon toutconfort, qu’il ne regrettepasd’avoir déménagé: il s’estime«bien indemnisé».

D’autres veulent rester. Pourneplusque sonpavillon soit classéen«zonenoire», une propriétairey ajoute un étage. «Elle a obtenuunpermismais risque l’expropria-tion», dit le commentairedevenukafkaïen tandis qu’unélu évoque«le pataquès administratif quiretarde les travaux». Tenez-vousprêtspour dansunan, on revien-dra sûrement.

Au Japon, les rescapésquitémoignentdans «Envoyé spé-cial» en sont à peine à se recons-truire eux-mêmes,mais ils nousdonnent le sous-texte des imagesde la catastrophe. L’explosiondela centrale nucléairede Fukushi-ma, à jamaismuette dans lesarchives?

«Çaa fait un énormebruit», serappelleunhommequi est restévivre seul dans la zone irradiée. Lajeune femmeenveloppéedansune couverturedont laphoto àfait le tourdes«unes»? Elle cher-chait son fils, retrouvévivant troisjoursplus tard: «Surmonvisage,c’était de la stupeur, le néantm’avaitavalée tout entière.»

Aujourd’hui, son regardmaisaussi ceuxdu reporter qui l’a pho-tographiée, dumarinqui a défiéla vague, dumaire dont la ville estdétruite semblent figés, fixés àjamais sur ce qu’ils ont vu ce jour-là. Combien leur faudra-t-il d’an-nées pourvoir autre chose?p

Vite vu. Maintenant que les jour-nauxde 20heures sont en concur-renceavecdes feuilletons, ils ontappris àménager le suspense. Jeu-di 1ermars, cen’est quevers20h25, aprèsun sujet sur la grip-pe, lesmaisons enpaille et encorequelquesconsidérations sur leprogrammeduFN, queLAques-tionaétéposée àMarineLe Pensur le décomptedes parrainagesnécessairesà sa candidatureà laprésidentielle.«Il restedix joursouvrables», a-t-elleprécisé. Et com-biende «20heures» à suspense?

Unemerdetoits,lesouvenirde

Xynthia.Unevaguedegravats, lerappeldutsunamide2011

L’isolatcultureletreligieuxdesMaldivesestune

desbasesdelaConstitutionquiprescritqueseuls

lesmusulmanspeuventêtrecitoyensdupays

C’est toutvu ! | chroniquetélé-par Isabelle Talès

Vaguesà l’âme

pTirage duMondedaté vendredi 2mars 2012 : 355 303 exemplaires. 1 2 3

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