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LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE PLATON

Leçon 11 platon la philosophie politique platonicienne

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LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE PLATON

L’œuvre de Platon, toute entière, est sous-tendue par des préoccupations politiques. Platon développe sa réflexion sur la justice dans un dialogue intitulé La République.

Le cadre de la réflexion politique platonicienne

Les sophistes

Socrate

DÉVALORISATION DE LA LOI PROTAGORAS : La loi est relative et conventionnelle. Néanmoins elle est nécessaire HIPPIAS : La loi est hostile à la nature ANTIPHON: On ne doit obéir à la loi que si l’on risque d’être puni.

RESPECT DE LA LOI SOCRATE: La loi doit être respectée.

Mieux vaux mourir que de la transgresser!

Défense de la démocratie

PROTAGORAS

LYCOPHRON

Défense de la tyrannie

CALLICLÉS

THRASYMAQUE

Socrate

ne s’intéressa pas à la réforme politique, mais plutôt à la réforme morale. Il dialoguait avec des individus dans les places publiques, mais ne faisait pas de discours à l’Assemblée. Il méprisait l’opinion du vulgaire. Il considérait que la multitude était incapable de faire grand bien ni grand mal. « Ce qu’elle fait est l’effet du hasard », disait-il. Lorsqu’il fut jugé, il affirma, selon Platon, qu’il considérait la voie politique sans issue, car Athènes s’était convertie dans une cité inique, où celui qui se mettait en tête d’empêcher l’injustice risquait sa vie.

Le contexte politique

Au IVe siècle, les guerres du Péloponnèse viennent de terminer. Mais Athènes reste une cité convulsée de nombreux conflits internes, entre les oligarques et les démocrates. Le régime démocratique est interrompu par deux coups d’État : celui des Trente Tyrans et celui des Quatre Cents. La démocratie est toujours restaurée. Mais elle condamne Socrate à la peine de mort.

Platon construit la fiction d’une cité en formation. Socrate et ses interlocuteurs décident de jeter par la

pensée les fondements d’un État parfait, une cité idéale, l’Idée de Cité.

KALIPOLIS

C’est le besoin de l’entre-aide, dit Platon.

Ce n’est donc pas la crainte d’être agressé, ainsi que le prétend Glaucon

(et le fera Hobbes au XVIIe siècle).

Qu’est-ce qui donne naissance à une cité ?

Dans la Cité parfaite, pour le bien de la communauté,

il faut faire régner la division du travail, la spécialisation des tâches.

« On fait plus et mieux et plus aisément,

lorsque chacun ne fait qu'une chose, celle à laquelle il est propre. »

[donc] TROIS CLASSES SOCIALES

LES GOUVERNEURS PHILOSOPHES

LES GUERRIERS

LES LABOUREURS, LES ARTISANS ET LES COMERÇANTS

LES GARDIENS DE LA CITÉ

}

A chaque classe sa fonction !

Platon propose une structure sociale strictement hiérarchique.

La division du travail est la base de l’organisation sociale.

Donc, il est indispensable que chaque classe sociale

accomplisse sa fonction sans jamais s’ingérer dans les tâches des deux autres classes sociales.

La théorie du roi-philosophe

Ce sont les philosophes qui doivent gouverner.

Parce que ce sont ceux qui ont contemplé l’idée de Justice,

ceux qui ont purifié leurs âmes des désirs sensibles

et de la soif du pouvoir,

donc ceux qui sont capables de gouverner en vue du Bien commun,

et pas en vue de leurs propres intérêts ou des intérêts de classe.

Pourquoi les philosophes doivent-ils gouverner?

UNE ARISTOCRATIE DU SAVOIR ET DE LA VERTU

car seuls le savoir et la vertu justifient l’exercice du pouvoir.

Platon propose donc le régime suivant:

Ni le peuple ni les guerriers ne doivent prétendre prendre des décisions politiques.

Que le peuple tienne les rênes de l’État, le système politique devient une piteuse ploutocratie (le gouvernement des riches). Que les guerriers tiennent les rênes de l’État, le régime tourne à une déplorable dictature militaire, qui finit par dégénérer elle aussi dans une ploutocratie.

« Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et

sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses

natures qui poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du

genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite tantôt ne sera réalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumière du jour. Voilà ce

que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles heurteraient l'opinion commune. Il est en effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de bonheur possible autrement, pour l'Etat et pour les particuliers. »

PLATON, République, livre V 472a

Les citoyens doivent se situer dans les classes sociales en fonction de leurs âmes

LES INDIVIDUS EN FONCTION DE LEURS ÂMES

LES CLASSES SOCIALES

Les rationaux

les philosophes

gardiens - gouverneurs

Les irascibles

les guerriers

gardiens auxiliaires

Les concupiscibles

les laboureurs, les artisans

et les commerçants

Ainsi pourra naître

une harmonie entre l’âme et la cité

La cité a besoin d’individus adéquats à leurs postes et l’individu ne peut être heureux qu’à occuper

un poste dans la cité en accord avec sa psychologie.

La mobilité sociale

Ces trois classes sociales ne sont aucunement des « castes ».

En fait, les gardiens auront tôt fait de découvrir des sujets supérieurs parmi les enfants de la troisième classe, qu’ils

élèveront bien vite au rang de gardiens ; ou, au contraire, de découvrir une nature inférieure parmi les descendants de l’élite

et de l’envoyer aux champs ou à l’atelier.

Pourra-t-on faire admettre par la classe de laboureurs, artisans et marchands,

le pouvoir de l’ordre des gardiens ?

Platon estime qu’il suffit d’ apprendre à tous les membres de la Cité

une notion correcte de la hiérarchie naturelle et vraie des valeurs,

le respect des meilleurs et surtout le respect du savoir.

Platon propose d’inculquer à tous les membres de la Cité un mythe selon lequel tous sont des enfants de la même terre

de leur patrie ; que, par conséquent, ils sont tous frères. Toutefois, des métaux différents se trouvent avoir été employés

dans la constitution de chacun d’eux

LES MÉTAUX

LES ÂMES

LES CLASSES SOCIALES

or

l’âme rationnelle

les philosophes - gouverneurs

argent

l’âme irascible

les guerriers - gardiens auxiliaires

airain

l’âme concupiscible

les laboureurs, les artisans

et les commerçants

L’ambition politique leur manque. Ils préfèrent jouir du bonheur de la vie contemplative au lieu de s’engager dans

les affaires publiques. Ils seront obligés à gouverner. Le bon gouvernement est le gouvernement de ceux qui ne désirent pas gouverner. L'homme qui s'est élevé jusqu'à la lumière du Bien ne doit pas s'évader dans la contemplation, mais doit accepter sa tâche terrestre. Dans la cité idéale le

philosophe a l’obligation de redescendre dans la caverne pour

organiser la conduite de l'individu et de la Cité.

Pourquoi le philosophe peut-il être obligé à gouverner?

La vie des gardiens

Les gardiens doivent être pris dans l’élite intellectuelle, morale et physique

des adolescents et ils doivent être soigneusement instruits.

1

La vie des gardiens

Les femmes ne sont pas exclues du gouvernement!

Platon prône l’égalité des sexes dans la classe des gardiens

2

La vie des gardiens

Les gardiens ne doivent avoir ni famille, ni maison, aucune possession privée.

3

De peur qu’ils n’arrivent quand même à se corrompre, Platon leur interdit non

seulement de posséder, mais même de toucher à l’or et à l’argent.

La Cité les nourrit, les habille, les arme. Pour le reste ils ont tout en commun, même

les femmes et les enfants.

La vie des gardiens

Les enfants seront élevés dans des crèches publiques. Ils ne connaîtront ni leurs pères ni leur mères, ni leurs frères, afin que l’affection exclusive pour les « siens »

n’affaiblisse pas l’attachement que les gardiens doivent à la Cité.

Comme il n’y a plus de famille particulière,

la classe des gardiens devient une grande famille. Chacun, dans tous les enfants d’un certain âge,

reconnaît ses propres enfants.

La vie des gardiens

Platon ne se prononce pas contre l’esclavage, mais ne propose pas qu’il y ait d’esclaves

dans la Cité parfaite.

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La justice dans la cité ne consiste que dans l’ordre hiérarchique de ses trois parties.

Or dans l’homme il en est exactement de même. Le règne de la justice dans l’âme consiste aussi dans l’ordre hiérarchique de ses trois parties.

L’âme humaine est une contrepartie

ou une image exacte de la Cité.

Le siège de la sagesse se trouve dans les gouvernants. Le siège du courage se trouve chez les gardiens-auxiliaires. Quant à la tempérance, elle est la vertu propre des classes productrices, mais elle embrasse tout le corps social.

La partie rationnelle de l’âme doit dominer chez lui les passions comme

le philosophe gouverne la cité.

L’homme juste est celui dont l’âme rationnelle est sage,

l’âme irascible est courageuse et l’âme concupiscible est

tempérante.

La justice est la somme de la sagesse, le courage et la tempérance dans l’âme et dans la cité.

Il est clair que la Cité parfaite n’a jamais existé. Est-elle impossible ?

Platon ne croit pas qu’elle le soit.

Elle n’est pas contradictoire en elle-même ;

elle n’est pas non plus incompatible avec la nature humaine.

Il est très peu probable, sans doute, que des philosophes soient jamais chefs d’État.

Pourtant il n’est pas impossible

qu’un philosophe naisse un jour dans une famille royale.

Trois voyages en Sicile Platon fit trois voyages en Sicile, pour

essayer d’implanter ses idéaux

politiques dans la cité de Syracuse.

Syracuse était une des cités les plus

puissantes et les plus riches de la

Méditerranée.

Il essaya de soumettre à son influence

et convertir à la philosophie les

tyrans Denys I et plus tard Denys II

de Syracuse.

Bientôt Platon se rendit compte que

ces tyrans et leur cour fastueuse

étaient imperméables aux idéaux

philosophiques.

Platon fut réduit en esclavage Les trois voyages furent des échecs

retentissants. L’aventure syracusaine

tourna mal ; Platon fut embarqué un beau

jour sur un navire et renvoyé chez lui. Mais

à la suite d’une tempête ou d’instructions

secrètes, le navire fit escale à Égine, alors

en guerre contre Athènes, ce qui signifiait

pour Platon la mort ou l’esclavage. Platon

fut réduit en esclavage. Par bonheur il fut

reconnu par un de ses disciples, Annicéris,

et racheté par lui.

Les cités imparfaites

LA TIMOCRATIE

L’OLIGARCHIE

ou

LA PLOUTOCRATIE

LA DÉMOCRATIE LA TYRANNIE

LA TIMOCRATIE

^

L’OLIGARCHIE

^

e

LA TYRANNIE

m

^

LA DÉMOCRATIE

^

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^

CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE PLATON

Platon a de bonnes intentions : Il essaie d’éviter le gouvernement de politiciens egoïstes, immorales, qui ne cherchent pas le bien publique, mais qui ambitionnent le pouvoir pour s’enrichir. Il rejette la tirannie du pouvoir économique, le gouvernement en fonction d’intérêts économiques. Il rejette la dictature militaire.

CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE PLATON

Platon essaie d’éviter le chaos de la démocratie athénienne où le peuple manipulé par des démagogues prenait des décisions désastreuses (la mort de Socrate, l’impérialisme athénien).

Platon repousse l’esclavisme.

Platon croit en l’égalité des sexes.

CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE PLATON

La troisième classe est réduite presque à l’esclavage. Platon est antidémocratique! Il ravit la souveraineté au peuple. Il ne reconnaît pas le droit de chaque citoyen à participer des décisions politiques. Le système qu’il propose est une tyrannie affreuse.

POPPER : Platon est le premier penseur

du totalitarisme.

CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE PLATON

Platon est classiste et élitiste.

Platon ne laisse aucune liberté au citoyen. Il prétend placer chaque individu dans une classe. Chaque citoyen a le droit de choisir sa profession et chercher sa place dans la société.

Platon néglige l’éducation du peuple, car il le méprise.

CRITIQUE DE LA THÉORIE DU ROI-PHILOSOPHE

KANT : Le philosophe ne doit pas détenir le pouvoir, car

l’exercice du pouvoir entrave la liberté d’esprit du philosophe.

KANT : Le roi ou (ou le gouverneur) ne doit pas devenir

philosophe, car l’excès d’éthique affaiblit celui qui doit agir.

Donc les gouverneurs doivent respecter la liberté des philosophes et s’en inspirer. Les philosophes doivent illuminer

le chemin des gouverneurs grâce à leur flambeau éthique.

CRITIQUE DE LA THÉORIE DU ROI-PHILOSOPHE

Platon nourrit l’illusion qu’il existe un idéal absolu de Justice. Il se trompe. C’est une idée politique extrêmement

dangeureuse, car elle peut mener à la dictature.

Il n’existe pas de “Vérité Politique” ni de “Justice Absolue”. Dans le terrain de la politique,

il n’y a que de positions politiques différentes. Toutes (ou presque toutes) sont valables.

Il est nécessaire d’établir un débat, une négociation autour des projets et des intérêts des uns et des autres.

Donc

L’État idéal de Platon ne nous semble pas très attirant. Son élitisme, sa dictature qui prive le peuple de la prise de décisions quand c’est lui le premier concerné, nous semble néfaste. Son rêve d’un divorce complet du pouvoir politique et du pouvoir économique nous paraît naïf. Dans la société occidentale de nos jours, dans nos démocraties, nous exigeons que le peuple souverain se gouverne soi-même. Nous n’acceptons pas qu’il existe aucune classe “supérieure. Nous critiquons nos démocraties car elle ne nous paraît pas assez “démocratiques”…