Sous-emploi et Fonctionnement du Marché du Travail au Cameroun

Présentée par:Mboutchouang Vincent de Paul

Sous la codirection de:Pr. Tsafack Nanfosso Roger

Professeur Titulaire, Université de DschangPr. Fomba Kamga Benjamin

Maître de Conférences, Université de Yaoundé II

Plan de présentation

1. Contexte2. Problématique 3. Objectifs4. Méthodologie5. Principaux Résultats

1. ContexteAvant la crise économique du milieu des années 80

• Marché du travail caractérisé par des emplois dans le secteur agricole, mais l’Etat constitue progressivement le principal pourvoyeur d’emploi

• Taux de chômage relativement bas (6% en 1976)

Durant la crise économique• Augmentation drastique du taux de chômage (24,6% en 1993; 18,2% en 1994)• Offreurs de travail: Activités de survie (travailleur indépendant dans le secteur informel)• Pouvoirs publics: Accent sur des réformes de flexibilisation du marché du travail (durée

de la relation et du temps de travail, salaire)

Depuis la reprise• Baisse du chômage (17% en 2001 à 5,6% en 2010) • Niveau de sous-emploi global (chômeurs et actifs occupés) important (75,8 % en 2005). La

sous-utilisation de la main-d’oeuvre des actifs occupés devient préoccupante.

1. Contexte• D’un point de vue théorique, la sous-utilisation de la main-d’œuvre est

liée au fonctionnement du marché du travail.

• Le fonctionnement du marché du travail fait référence : à l’ensemble des mécanismes qui régissent les interactions entre les acteurs;

et aux conséquences sur les comportements et les satisfactions des acteurs.

• Pour les classiques: le fonctionnement du marché du travail implique une absence de sous-utilisation de la main-d’œuvre.

1. Contexte• Pour les néoclassiques: la sous-utilisation observable de la main-d’œuvre

est volontaire et résulte du choix optimal des offreurs de travail (Stigler, 1962; Burdett, 1978).

• Ces contributions exhibent des difficultés à expliquer la première forme de sous-utilisation de la main-d’œuvre (Chômage involontaire).

• Cet état des lieux à susciter le développement d’un autre programme de recherche (théorie des équilibres non walrasien ou à prix rigide).

1. Contexte• Ces arguments expliquent le chômage involontaire. Cependant, la sous-

utilisation de la main-d’œuvre concerne aussi les actifs occupés (sous-emploi).

• Même si la ligne de démarcation entre chômage (Absence de tout ) et sous-emploi (insuffisance de quelque chose ) est faible.

• Le sous-emploi renvoi à des situations multiples: Nécessité d’un cadre conceptuel.

1. Contexte• Le BIT (1998) propose une typologie qui suggère de distinguer le sous-emploi

lié au temps de travail (sous-emploi visible) des autres formes d’emplois inadéquats.

• Le sous-emploi visible est la situation de tout actif occupé qui durant la période de référence a travaillé moins que la durée normale de travail alors qu’il était disposé et disponible pour effectuer des heures complémentaires.

• Les autres formes inadéquates renvoient à trois situations : temps de travail excessif, qualifications, et revenu de travail.

1. Contexte• Pour le BIT(1998), le sous-emploi lié au revenu existe lorsque la contrepartie du travail

de l’actif est inférieure à celle qu’elle aurait été dans une autre occupation. • La multiplicité des formes de sous-emploi induit une difficulté à définir un cadre

d’analyse théorique unique (Feldman, 1996).

• Le sous-emploi visible est analysé dans le cadre du corpus théorique sur les contraintes relatives à l’offre de travail et des réflexions sur l’évolution des modes de production (Rosen, 1985; Lang et Khan, 2001; Weiss, 1996; Comte, 2005, etc.).

• Le sous-emploi lié au revenu (sous-emploi invisible) a des fondements chez les classiques (Smith, 1776, Ricardo, 1821). Mais les contributions théoriques majeures sont réalisées par les théoriciens du développement et les néoclassiques (Daguspta, 1964; Rosen, 1986, Becker, 1964, etc.).

2. Problématique• Le plein-emploi constitue un enjeu majeur de politique économique.

• Le contexte montre qu’en Afrique subsaharienne en général on est passé du problème de chômage à celui du sous-emploi.

• Paradoxalement peu de travaux sur le sous-emploi (1344 articles sur le sous-emploi vs 79000 sur le chômage).

• Au niveau macroéconomique les conséquences de toutes formes de sous-utilisation de la main-d’œuvre sont connues. Cependant, la microéconomie du sous-emploi reste à investiguer.

2. Problématique• Dans la littérature sur le sous-emploi deux débats peuvent être mis en évidence:

une discussion sur les comportements d’offre de travail et transition sur le marché du

travail des sous-employés (discussion 1).

un débat sur la capacité des mécanismes du marché du travail à influencer les

fonctions de satisfaction des individus sous-employés et de leurs ménages (discussion

2).

• la discussion 1 (comportement des sous-employés) se polarise autour de 2

préoccupations: (a) facteurs explicatifs de la dynamique l’offre de sous-

emploi. (b) effets des sous-emplois sur la mobilité sur le marché.

2. Problématique• la discussion 2 (compensation des sous-employés) se polarise autour de 2

points: (a) capacité du marché à compenser les sous-employés visibles. (b)

capacité de la politique de salaire minimum à améliorer le bien être.

• Au regard de ce qui précède, de l’opportunité et de la pertinence d’une recherche

sur le sous-emploi au Cameroun. La question de recherche est la suivante:

Comment le sous-emploi influence le fonctionnement du marché du travail ?

2. ProblématiqueCette interrogation principale appelle à deux préoccupations spécifiques, à savoir :

• Comment le sous-emploi influence le comportement des individus (actifs

occupés) sur le marché du travail ?

• Comment le sous-emploi influence le bien-être des individus et des ménages ?

3. Objectifs

• L’objectif principal de cette recherche est: d’évaluer et d’analyser les effets du

sous-emploi des actifs occupés sur le fonctionnement du marché du travail.

• 2 groupes objectifs spécifiques se déclinent de ce but principal: Groupe 1: analyse et évalue l’influence des sous-emplois visibles et

invisibles sur le comportement des individus sur le marché du travail.

Groupe 2: analyse et évalue l’impact du sous-emploi sur le bien-être.

5. Méthodologie• Données : Enquêtes Camerounaises sur la consommation des ménages (ECAM,

2001 et 2007) et Enquêtes sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI, 2005 et 2010).

• Mesures: Sous-emploi visible fait référence à la situation de tous les actifs occupés

travaillant moins de 40 heures par semaine dans son emploi principal et qui jugent ce temps de travail insuffisant.

Sous-emploi invisible: situation des individus ayant un revenu horaire du travail inférieur au SMIG horaire de l’année de l’enquête.

5. Principaux Résultats• Objectif 1: Facteurs explicatifs de la dynamique des sous-emplois

visibles et invisibles au Cameroun entre 2001 et 2010

• Les analyses descriptives mettent en évidence: Une hausse du sous-emploi visible entre 2001 et 2010 (de 3,8 à 13,9 % chez les 18 ans et plus).

une légère baisse du sous-emploi invisible entre 2001 et 2010 (de 56,3 à 55,48 % chez les 18ans et

plus).

• Une décomposition intertemporelle (Fairlie, 2005) est mobilisée pour mettre en évidence les facteurs explicatifs des évolutions observées des sous-emplois visibles et invisibles.

5. Principaux Résultats• Extrait de la décomposition des probabilités de sous-emploi visible entre 2001 et 2010

0,094

Les facteurs observables expliquent 41,5% de l’évolution du sous-emploi visible entre 2001 et 2010.

5. Principaux Résultats• Extrait de la décomposition des probabilités de sous-emploi invisible entre 2001 et 2010

Les facteurs observables expliquent 61% de la baisse de probabilité de sous-emploi invisible entre 2001 et 2010

-0,059

5. Principaux Résultats• Objectif 2: Effets des sous-emplois visibles et invisibles sur les

indicateurs de mobilité sur le marché du travail• Modèle retenu: probit multivarié pour tenir compte de la simultanéité entre

la décision d’offre d’emploi et le choix de recherche d’un autre emploi (Burdett, 1978).

• Extrait des résultats probit multivariésVariable dépendante : Intention de changer d’emploi

  Ensemble Femmes Hommes

Sous-emploi visible 0,474*** 0,845*** 0,373*

  (0,181) (0,188)  (0,223)

Sous-emploi invisible -0,280* -0,679*** 0,260

  (0,162)  (0,211) (0,229)

5. Principaux RésultatsObjectif 3: Sous-emploi visible et Salaire

• Stratégie empirique: Estimation d’équations de gains suivie d’une Décomposition de Blinder (1973) et Oaxaca (1973) en supposant:

1. absence de sélection.

2. une double sélection (sélection de l’employé puis sélection de l’employeur). Mode de correction: Heckman (1979).

5. Principaux Résultats• Décomposition de Blinder (1973) et Oaxaca (1973) lorsque la sélection

est endogène (sous-employés visibles vs employés à temps plein).

VARIABLES Ensemble % Femmes % Hommes %

Employés à temps plein 6,017*** / 5.816*** / 6.069*** /  (0,024)   (0.0338)   (0.0272)  Sous-employés visibles 5,827*** / 5.856*** / 5.742*** /  (0,025)   (0.127)   (0.101)  Différence ajustée de la sélection 0,189 / -0.0399 / 0.326*** /  (0,089)   (0.130)   (0.105)  Expliquée 0,112*** 59,3 0.0548 45.3 0.136*** 41.7  (0,022)   (0.0465)   (0.0263)  Inexpliquée 0,078 40,7 -0.0947 54.7 0.190** 58.3

  (0,079)   (0.113)   (0.0928)  

5. Principaux Résultats• Objectif 4: Effets de la revalorisation du SMIG de 2008 sur le bien-

être

• Stratégie empirique: Microsimulation de l’effet de l’augmentation du SMIG de 2008 sur le bien-être des ménages.

Quelques Hypothèses:a. Absence d’effet sur l’emploi, b. Augmentation des salaires uniquement dans le secteur formel, c. Uniquement les ménages ayant un sous-employé invisible dans le secteur formel bénéficient de l’augmentation du SMIG de 2008, d. Principal coût (augmentation des prix payés par les consommateurs via l’inflation)

5. Principaux Résultats

   Classes de Revenu

Proportion des ménages(%)

Bénéfices nets ou (Coûts nets) annuel par classe de revenu

et par têteFCFA

Ayant un sous-employé invisible

N’ayant pas de sous-employé invisible

Effet net moyenpar ménage

Très pauvre(<$1/jour)

4,86 95,14 -(7290,4)

Pauvre($1-<$2/jour)

14,71 85,29 -(12559,7)

Non pauvre(≥$2/jour)

29,70 70,30 -(30312,6)

Effet net de la revalorisation du SMIG de 2008 sur les ménages

,2008 ,2008 ,2008j j jEN Y C

JE VOUS REMERCIE POUR VOTRE AIMABLE ATTENTION