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Sur les chemins de Compostelle Un voyage magnifique que j’ai fait avec Gaby et Pierre, un de mes meilleurs amis d’enfance. Notre objectif, faire la partie française du Puy-en-Velay à Saint-Jean-Pied-de-Porc, soit un parcours de 800 et quelques kilomètres passant par des les plus beaux coins d’Auvergne et des Midi-Pyrénées. Nous ne voulions pas exploser notre budget, donc nous avons décidés de faire le pèlerinage en campant a la sauvage, nous étions donc pas mal chargés : entre les 2 tentes, les duvets, les matelas, le réchaud, les recharges de gaz et les ustensiles de cuisines, le manger pour la journée (on se ravitaillait autant que possible) avec en plus le minimum vital de vêtements, nous portions une bonne vingtaine de kilos chaque sur le dos !! De la bonne charge… Etant pressé par le temps (Gaby et moi devions partir pour le Québec avec ma famille le 29 juillet !), nous avions prévu de faire le trajet en 25 jours... à peu près ! Un beau défi, le pèlerinage s’annonçait sportif !!

Sur les chemins de Compostelle

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Sur les chemins de Compostelle

Un voyage magnifique que j’ai fait avec Gaby et Pierre, un de mes meilleurs amis d’enfance. Notre objectif, faire la partie française du Puy-en-Velay à Saint-Jean-Pied-de-Porc, soit un parcours de 800 et quelques kilomètres passant par des les plus beaux coins d’Auvergne et des Midi-Pyrénées. Nous ne voulions pas exploser notre budget, donc nous avons décidés de faire le pèlerinage en campant a la sauvage, nous étions donc pas mal chargés : entre les 2 tentes, les duvets, les matelas, le réchaud, les recharges de gaz et les ustensiles de cuisines, le manger pour la journée (on se ravitaillait autant que possible) avec en plus le minimum vital de vêtements, nous portions une bonne vingtaine de kilos chaque sur le dos !! De la bonne charge… Etant pressé par le temps (Gaby et moi devions partir pour le Québec avec ma famille le 29 juillet !), nous avions prévu de faire le trajet en 25 jours... à peu près ! Un beau défi, le pèlerinage s’annonçait sportif !!

Voici le trajet que nous avons fait

Nous sommes partis le 2 juillet du Puy-en-Velay, point de départ choisi par de nombreux pèlerins parce qu’il est la croisée de 4 autres chemins de Compostelle qui partent des 4 coins de la France (y’en a même un qui part du Mont-Saint-Michel !!). Nous sommes partis de bons pas, à la fin de la première journée, on avait marché 35 kilomètres. Un peu fatigués mais pas trop cassés, bien sur on était encore frais du départ, mais les bobos et les douleurs n’ont pas tardé à arriver ! Au troisième jour nos pieds commençait à faire mal, des ampoules apparaissaient (surtout pour Pierre et Gaby héhé, moi c’est arrivé plus tard, mais elles ont été intenses), le dos et les ampoules commençait a courbaturer, mais bon la beauté des paysages dans lesquels nous marchions et les villages chargés d’histoires que nous traversions nous faisais oublier tout ça.

Départ de la cathédrale du Puy

Pause avec point de vue malade

Nous avons gardé le rythme de 35 kilomètres en moyenne par jours. Gaby nous faisais lever a 5h du matin pour pouvoir marcher 3-4 heures « a la fraiche », le levé était dur mais une fois partis, quel bonheur !! On avait le droit a des levés de soleil magiques et passé midi, on avait déjà marché notre 20 kilomètre.

On s’arrêtait généralement 2 heures en début d’après midi pour manger (nos repas du midi étaient constitués de pain, fromage, viandes sèche avec des légumes et fruit quand on en trouvait) et faire une sieste a l’ombre (surtout quand le soleil tapait trop fort !!) puis on repartait jusqu’aux heures du soir, généralement 7h. Mais ça ne veut pas dire que nous marchions tête baissée en voulant aller le plus vite, dès que le spectacle en valait la peine, nous prenions des petites pauses pour profiter des vues et prendre des photos !! Nos nous sommes aussi arrêtés dans tout les villages que nous avons traversés pour visiter, s’instruire puis aussi se ravitailler !! Il nous est arrivé de souper et de remarcher une ou deux heures après, avec le coucher du soleil ! Le soir, on se campait dans les coins de paysages les plus magnifiques qu’on pouvait trouver, généralement dans des champs ou a des lisières de forêts, les vues étaient toujours malades pour observer les coucher de soleil.

La beauté est pour ceux qui se lèvent tôt

Petite sieste a l’ombreBeau coucher de soleil

Le soir on mangeait quasiment tout le temps des pates à l’eau et des soupes en poudre… Je n’avais encore jamais mangé des pâtes avec rien d’autre que du sel, mais la faim était telle que ca paraissait être un repas de luxe !! Souvent Gaby se prenait une heure pour soigner et chouchouter ces pieds tout pleins d’ampoules. Moi je leur accordais un peu moins de temps mais ca m’est arrivé souvent de me les masser avec une crème qui apaise les échauffements sous la voute plantaire (hey que ca faisait mal ça !!!).

Le plus drôle dans tout ça, c’est que Pierre et moi sommes de bon sportif quand même, mais le rythme que Gaby nous imposais était parfois infernal, si on la laissait partir, elle était capable de marcher 50 kilomètres !! FOU ! AU bout du 8ème jour, mon ami Pierre, blessé au genou et craignant une tendinite et surtout n’étant plus capable de suivre Gaby, a décidé de s’arrêter là. Nous l’avons laissé à Figeac, après avoir parcouru pas loin de 250 kilomètres et avoir traversé la Haute-Loire, la Lozère, l’Aveyron et un bout du Lot. Pour moi, c’est pendant cette première semaine que l’on a vu le plus beau du pèlerinage, les campagnes de l’Auvergne et du nord du Midi-Pyrénées étaient malades et nous avons traversé plusieurs villages parmi les plus beaux de France, notamment Saint-Alban-sur-Limagnole, Aumont-Aubrac, Aubrac, Espalion, Saint-Côme-sur-Olt, Conques (magique !!!), Estaing, Pierre est quand même chanceux !!

Les pauvres pieds de Gaby

Parmi les plus belles places qu’on a traversées

Mon coup de cœur jusqu’ici était pour l’Aubrac, un vrai coin de paradis !!! Des paysages magnifiques (même si le temps était mauvais !!) et surtout la gastronomie !!! On s’est arrêté à Aubrac le village pour manger une salade de gésier, une soupe buronnière, un aligot saucisse et une tête de veau, …. Mes papilles s’en souviennent encore, on est sortit de là, on ne pouvait plus respirer tellement on avait mangé (Ici en Aubrac, on sert l’aligot jusqu’a plus faim….impossible de résister !!).

Nous avons donc laissé mon grand ami à Figeac, non sans regret, on était censé passer un mois ensemble avant que je reparte pour un an au Québec… Et bizarrement, le rythme de marche s’est encore intensifié. La journée ou nous avons lâché Pierre, Gaby m’a fait marcher 39 kilomètres. Et toutes les journées suivantes ont tourné autour de 40 kilomètres, la plus grosse étant 43,6 kilomètres. Pas facile tout les jours, sachant que la route de Compostelle est devenu un peu moins jolie, j’entend par la qu’il y avait moins de petit sentier traversant les bois et les champs a la sauvage mais beaucoup plus de routes, nous marchions pas loin de 75% du temps sur de l’asphalte certains jours…c’est dur pour les pieds (qui s’écrasent encore plus) et surtout pour le mental !! Mais bon les paysages restaient magiques. Nous avons finis de traverser le Lot, puis avons traversé le Tarn-et-Garonne, le Gers pour enfin finir dans les Hautes-Pyrénées. Le paysage avait déjà changé par rapport à la Lozère et a l’Aveyron, nous sommes passé du relief montagneux avec des vaches partout (ah les vaches de l’Aubrac et ce fromage fait avec leur lait, un régal !!!) à une campagne plus plate et beaucoup plus agricole les chemins et les routes que nous empruntions serpentait au milieu de champs de maïs, de tournesol (des beaux champs tout jaunes de lumières) et de melons (Gaby devait s’acheter 3 melons a chaque fois qu’on passait a côté d’une ferme… elle était prête a se rajouter 4-5 kilos sur le dos pour se régaler après et c’est vrai que le jus frais et sucré du melon après un effort intense, c’est jouissif !!!), ce qui était vraiment beau aussi.

La magie de l’Aubrac

Paysages du Gers

Je pense que ces départements sont parmi ceux qui ont la plus petite densité démographique de France (en dessous de 20 habitants au kilomètre carré dans le Gers, ce qui est quand même beaucoup comparé au Québec…), cela se ressentait mais les locaux n’en étaient que plus gentil et accueillants ! On à retrouvé le relief avec le Pays Basque et les basses pyrénéens mais les Pyrénées étaient visibles bien avant, environ 200 kilomètres avant, on les voyait du Gers grandir de jours en jours, le but devenait visible, ça rajoutait une motivation !!

Arrivé au pied des montagnes entre le pays Béarnais et le pays Basques, on a capoté tellement c’était beau, on a eu de ces spectacles de lever et de coucher de soleil !! Juste magnifique !!! Et les basques sont comme les corses, ils laissent leur bétail en liberté sur la route et les chemins !! On a eu quelques surprises certaines nuits….

Paysages du Pays-Basque

Surprises sur le chemin (pays Basque)

Mais le voyage tirait déjà a sa fin, Saint-Jean-Pied-de-Porc est arrivé bien vite alors qu’on en voulait encore ! Pour finir, on a décidé de faire ça en beauté et de monter le col des Pyrénées qu’empruntent tous les pèlerins qui continuent le pèlerinage en Espagne. L’envie d’aller jusqu’au bout était la, mais nous devions rentrer a Rennes le lendemain !! Nous sommes donc redescendus à Saint-Jean-Pied-de-Porc, ville un peu touristique (c’est de là que partent le plus gros des pèlerins de Compostelle) mais quand même très agréable, on mangé au resto et coucher en gîte (le luxe) et nous avons pris le train le lendemain (retour a la civilisation !!). On aura fait notre parcours en 22 jours (ce qui est quand même rapide pas mal !!)

Un point que j’ai oublié de mentionner alors que c’est peut-être le plus important : le hasard des rencontres sur le chemin !! C’est fou comment on a rencontré des gens géniaux sur les sentiers. Des marcheurs venus de partout dans le monde, venus faire le pèlerinage pour différentes raisons, chacun avait ses motivations, sont but mais tout le monde ressentait un bien-être fou à faire ça!! Nous avons rencontré des pèlerins qui étaient partis de hollande, d’Allemagne, de Belgique, de Suisse, d’Italie et même de Pologne. Le Polonais en question était le plus extrême des plus extrêmes, nous a côté, on était de la petite bière… C’était un jeune missionnaire de 30 ans partis depuis un ans et demi et avait traversé tout les pays d’Europe entre la Pologne et la France avant d’embarquer sur les chemins de Compostelle. Il avait parcouru 18 000 kilomètres quand on l’a rencontré… Et il marchait jusqu’au Portugal et rentrait chez lui a pied, il contait donc marcher encore 2-3 ans !! Et le plus fou, il n’avait pas un sous sur lui, il demandait l’hospitalité dans les prieurés quand il en trouvait, échangeait un service contre un repas a n’importe qui voulait bien l’aider et sinon la plupart du temps il survivait en nature !! Il se construisait des cabanes dans le bois ou dormait dans des maisons abandonnées (sans duvet ni matelas !!), chassait, pêchait avec un couteau militaire, mangeait des limaces, il connaissait toutes les vertus des plantes des insectes et des champignons, il savait avec quelles plantes éloigner les moustiques, se protégeait des coups de soleil ou se désinfectait des blessures. Quand on l’a rencontré, Pierre était encore là, on était fou, on n’arrêtait pas de lui poser des questions de survie en nature parce que ça nous intéressait plus que tout ! On a passé une matinée superbe à marcher avec lui !! Il nous a raconté qu’il était le dernier d’une famille de 16 enfants et qu’il était le seul garçon et qu’il avait fait un coma de 10 mois suite a un accident de voiture et qu’il était devenu croyant et missionnaire après ça. En fait il marchait pour les enfants de

Arrivée à St-Jean-pied-de-porc et marche dans les Pyrénées

sa paroisse, pour leur apporter une sorte de soutien spirituel, de l’espoir ! Eh j’oubliais le plus fou : il parlait 11 langues : français, anglais, espagnol, portugais, allemand, italien, russe, arabe, chinois, japonais et bien sur polonais ! On l’a vu parler portugais et espagnol parfaitement avec d’autres pèlerins et son français était excellent, il a même deviné tout de suite que Gaby était québécoise alors qu’elle avait jamais parlé aussi français de sa vie, pis il nous a parlé en arabe, en chinois et en russe pour qu’on voit un peu a quoi ca ressemble. Il avait vraiment le don des langues, il était déjà allé en Afrique dans des tribus et ça lui prenait une semaine a écouter les autochtones parler pour assimiler la base de leur dialecte, après ça il était capable de tenir une conversation normalement !!! Hallucinant !! Il nous a aussi raconté comment il s’était cassé une jambe dans une forêt en république tchèque et qu’il avait marché une semaine avec une béquille de fortune avant de retrouver de la civilisation pour se faire soigner et comment il s’était arraché deux dents infectées avec son couteau chauffé et frotté avec des orties (pour désinfecter), il nous disait qu’il s’était évanouie plusieurs fois avant d’y arriver !! Un champion de l’extrême !! Il avait perdu 40 kilos depuis qu’il était parti de chez lui !!! Bien sur ca peut vous paraître un peu mythomane tout ca, mais si vous l’aviez rencontré, vous auriez su tout de suite que tout ce que je viens de raconter est vrai ! Il dégageait vraiment quelque chose de hot, il était vrai, et il avait une vraiment belle mentalité ! On aurait voulu continuer plus longtemps avec lui, seulement il marchait trop vite pour nous (lui, sa moyenne était de 50 kilomètres par jours !!! eh oui), il nous a laissé derrière après une matinée passée ensemble (dans mes souvenirs, le seul pèlerin qui nous ai dépassé durant notre trip !!!). On a retrouvé par la suite des cabanes qu’il a construit pour dormir dans le bois au bord du chemin…

Sa rencontre nous a fait rêver un moment en tout cas !! A part Benoit (oui c’était son nom !!), nous avons rencontrés pleins d’autres pèlerins vraiment hot avec qui nous avons fait un bout de chemin, parfois une heure, parfois une matinée, parfois une ou plusieurs journées. Nous avons marché avec un breton, avec des Allemands et des Suisses, même avec une québécoise et encore pleins d’autres français vraiment gentil avec qui on a gardé contact !!! Tout ces gens avaient de vraiment belle mentalité et on apprenait beaucoup en échangeant avec eux !!! On était tous d’accord pour dire que c’est l’esprit du chemin qui voulait ça !!!

Benoit le Polonais fou !!

Amis rencontrés sur le chemin