16
« Arguments et faits – vue d’ensemble » Thèmes actuellement discutés : Protection douanière | Finances | Impôt sur les gains immobiliers | Protection phytosanitaire Privilèges supposés

Brochure " Arguments et faits - vue d'ensemble "

  • Upload
    sbvusp

  • View
    363

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

« Arguments et faits – vue d’ensemble »

Thèmes actuellement discutés : Protection douanière | Finances | Impôt sur les gains immobiliers | Protection phytosanitaire Privilèges supposés

Protection douanière 4

Finances 6

Impôt sur les gains immobiliers 8

Protection phytosanitaire 10

Privilèges supposés 12

Illustrations 14

Sommaire

3

PRÉF

ACE

L’agriculture intéresse beaucoup les médias et donc aussi le grand

public, cela fait partie du travail quotidien de l’Union suisse des

Paysans. Cette couverture médiatique est souvent bien intentionnée

et positive, mais pas toujours. Un grand nombre de sujets font

l’objet de vives discussions, de critiques ou sont remis en question.

Des interprétations erronées ou des affirmations de tierces per-

sonnes véhiculent parfois une représentation unilatérale, incom-

plète ou fausse de la situation. Des reproches injustifiés sont alors

adressés aux agriculteurs et aux agricultrices, ou aux organisations

agricoles.

Ces derniers temps, l’agriculture a remporté plusieurs succès im-

portants. Ensemble, nous avons ainsi réussi à empêcher les cou-

pes prévues par le Parlement au dépens de l’agriculture, ou encore

récolté en trois mois quelque 150 000 signatures pour l’initiative

pour la sécurité alimentaire ! Cependant, le succès attire bien vite

les critiques. Nous avons donc été stigmatisés comme des proprié-

taires de terrain privilégiés, responsables de la pollution des eaux

ou fermés au monde.

Ces critiques ne nous étaient pas uniquement destinées : nous

savons que vous les avez aussi subies dans votre environnement

personnel. Nous souhaitons donc que cette brochure vous fournis-

se des informations et des arguments utiles pour ce type de dis-

cussions.

Nous continuons sur notre lancée et espérons vous avoir à nos côtés !

Markus Ritter Jacques Bourgeois

Président Directeur

Chères familles paysannes,

Protection douanière

Le terme « mondialisation » est sur toutes les lèvres : les barrières

au commerce et les droits de douane sur les produits agricoles

sont peu à peu abolis dans le monde entier. Les négociations étant

pour l’instant au point mort au sein de l’Organisation mondiale du

commerce, de nombreux Etats concluent des accords de libre-éch-

ange bilatéraux. La Suisse a récemment signé des accords avec les

Philippines et la Chine. Elle négocie en ce moment avec la Malaisie,

l’Inde et la Russie. Elle suit aussi avec beaucoup d’intérêt les négo-

ciations du traité transatlantique entre l’UE et les USA. Ce traité

concerne directement l’économie d’exportation indigène et celle-ci

attend de la Suisse qu’elle rejoigne les négociations.

Les exigences légales de la Suisse en matière de protection de l’environne-ment et de bien-être animal sont les plus strictes du monde. La protection douanière permet d’équilibrer un peu la différence de coût qui en résulte avec les importations. Il est important que les exportations suisses soient solides, mais l’agriculture ne doit pourtant pas être sacrifiée dans ce but sans réfléchir.

5

Informations complémentaires :www.sbv-usp.ch/protection-douaniere

Bon à savoirA l’heure actuelle, tous les produits agricoles et toutes les denrées

alimentaires ne bénéficient pas de la même protection. La viande

de porc, de bœuf et de veau sont p. ex. bien protégées et le taux

d’auto-approvisionnement est élevé. Pour les légumes et les fruits,

les droits de douane augmentent pendant la récolte afin d’éviter un

effondrement des prix p. ex. pendant la période où le sud de l’Eu-

rope approvisionne le marché en tomates bon marché. Avant la

récolte principale, les droits de douane sont presque inexistants.

Ce système fonctionne bien et stabilise les prix.

Arguments les plus importantsn L’agriculture suisse produit principalement pour le marché

indigène. Le taux d’auto-approvisionnement est pourtant

inférieur à 60 pour cent. Avec 50 pour cent de denrées

alimentaires importées, la Suisse est l’un des leaders mondiaux

d’auto de l’importation nette. Le reproche persistant d’isolement

est, par conséquence, tout simplement paradoxal (ill. 1, p. 14). n Sans protection des frontières, les produits suisses seraient en

concurrence avec des importations moins chères. La pression

sur les prix indigènes à la production augmente. Le commerce

et les entreprises de transformation se rabattent sur des

produits d’importation, notamment là où le consommateur ne

les remarque pas, p. ex. le beurre et le sucre dans les produits

de boulangerie.n Les revenus des familles paysannes sont aujourd’hui déjà

30 pour cent inférieurs à ceux obtenus dans des secteurs

comparables. Un accord de libre-échange viendrait encore

aggraver la situation (ill. 2, p. 15).n Les économistes promettent aux consommateurs des produits

moins chers en magasin grâce au libre-échange. Le secrétariat

d’Etat à l’économie explique cependant que les prix à la produc-

tion baissent lors de l’ouverture du marché, alors que les prix à

la consommation ne bougent pas, voire augmentent.

PRO

TEC

TIO

N

DO

UA

NIÈ

RE

Finances

Avec la mise en œuvre de la Politique agricole (PA) 2014 – 2017,

l’agriculture suisse s’est vu confier un mandat de prestations

d’intérêt public à long terme. En contrepartie, le Conseil fédéral

s’est engagé à maintenir les mêmes enveloppes financières. Main-

tenant que tous les programmes sont en route et que les paysans

mettent en œuvre les nouvelles exigences, il refuse de payer toutes

les prestations commandées. Avec le programme de stabilisation

2017 – 2019, il prévoit de réduire les moyens alloués à l’agriculture,

ainsi que les enveloppes financières 2018 – 2021. Il avait déjà

annoncé des coupes dans le budget 2016, mais le Parlement y a

finalement renoncé. Suite à cette décision, l’agriculture est une

nouvelle fois devenue la cible des médias et des critiques.

Les paiements directs indemnisent des prestations que l’agriculture fournit à l’ensemble de la société, p. ex. en entretenant le paysage rural ainsi qu’en soutenant la biodiversité et le bien-être animal. Ces prestations sont inscrites dans l’art. 104 de la Constitution fédérale et dans la loi sur l’agriculture.

7

FIN

AN

CES

Informations complémentaires :www.sbv-usp.ch/finances

Bon à savoirL’évaluation centrale des données comptables agricoles de l’insti-

tut de recherche Agroscope indique que le revenu agricole est très

bas par rapport aux salaires comparables dans les régions. Par

rapport à la moyenne des années précédentes, l’agriculture atteint

à peine la moitié du salaire comparable dans les régions de mon-

tagne et environ les deux tiers dans les régions de plaine.

Arguments les plus importantsn Contrairement aux autres postes, le budget de l’agriculture

est resté stable. Si l’on considère la part de l’agriculture

dans les dépenses totales, elle a même beaucoup diminué

(ill. 3, p. 15).n Dans le cadre de la PA 2014 – 2017, l’agriculture fournit

encore plus de prestations (p. ex. avec des projets de qualité

du paysage), sans recevoir des moyens financiers supplémen-

taires pour ce faire. Les agriculteurs s’engagent en outre

dans des projets de mise en réseau et de qualité du paysage

avec des contrats de plus de huit ans. Il s’agit aussi de

garantir des moyens pour cette période.n L’agriculture est particulièrement concernée par les répercus-

sions de l’envol du franc. Difficile alors de comprendre

pourquoi la Confédération souhaite faire des économies

auprès d’un groupe dont les revenus sont déjà très bas et qui

travaille un grand nombre d’heures (ill. 2, p. 15).

Impôt sur les gains immobiliers

Au printemps 2016, les médias et d’autres cercles ont beaucoup

insisté sur un « privilège fiscal » dont bénéficierait l’agriculture. Leur

description unilatérale donne l’impression que les paysans qui

possèdent des terrains à bâtir ne doivent payer aucun impôt sur

leurs gains.

Un arrêt du Tribunal fédéral en 2011 a changé une décennie de

pratique éprouvée, et la vente de terrains à bâtir n’est désormais

plus soumise à l’impôt cantonal sur les gains immobiliers, mais doit

être imposée comme revenu. Pour les agriculteurs indépendants, il

faut encore ajouter les cotisations aux assurances sociales. Depuis

lors, les agriculteurs doivent payer 200 millions de francs d’impôts

fédéraux et 200 millions de francs de cotisations AVS en plus. Ce

qui est gênant, c’est que lorsqu’ils abandonnent leur activité agri-

cole, les éléments de la fortune commerciale sont transférés dans

la fortune privée, et ils doivent s’attendre à recevoir une créance

fiscale inattendue de plusieurs centaines de milliers de francs.

L’inégalité apparait dans le fait que les terrains à bâtir en propriété privée (env. 50 pour cent) continuent d’être soumis de façon quasi privilégiée à l’impôt cantonal sur les gains immobiliers, alors que les agriculteurs sont soumis à l’impôt sur le revenu.

9

IMPÔ

T SU

R L

ES

GA

INS

IMM

OBI

LIER

S

Informations complémentaires :www.sbv-usp.ch/impot-gains-immobiliers

Bon à savoirCe sont des points de vue différenciés et objectifs qui sont de mise,

et non des polémiques.

Arguments les plus importantsn Les agriculteurs ne souhaitent pas bénéficier d’un traitement

de faveur, ils veulent l’égalité ! A l’avenir aussi la vente de

terrains à bâtir doit être soumise à l’impôt, mais dans le

même cadre que pour les particuliers ou les entreprises

artisanales. A l’heure actuelle, lors de la vente de terrains à

bâtir, un agriculteur paye environ 40 à 50 pour cent d’impôts

(sans compter la cotisation AVS qui reste à payer), alors

qu’une personne morale verse 15 à 30 pour cent et un

particulier avec une durée de détention maximale s’acquitte

de 5 à 25 pour cent.n Il est anormal qu’un agriculteur sans flux de trésorerie

doive payer des impôts élevés, lorsque des biens-fonds de

l’agriculture sont transférés dans la fortune privée, et mette

ainsi en danger sa « prévoyance vieillesse ».n Si le terrain appartient à une entreprise artisanale non

agricole, le chef d’entreprise peut choisir de le déclarer

dans la fortune commerciale ou dans la fortune privée.

Les indépendants qui ne travaillent pas dans le domaine

agricole disposent donc d’une marge de manœuvre plus

étendue que les agriculteurs.

Protection phytosanitaire

« Stop aux pesticides dans nos eaux ! », voici le slogan de la campa-

gne lancée par Pro Natura et qui présente les agriculteurs et les

agricultrices suisses comme des pollueurs des eaux. La campagne

n’a pas été lancée au hasard : peu après, la Confédération a ouvert

la consultation sur le plan d’action concernant les produits phyto-

sanitaires. Pour les opposants à ces produits, celui-ci ne va pas

assez loin : au lieu de la réduction des risques que propose la Con-

fédération, ils demandent une réduction de 80 pour cent des quan-

tités utilisées à l’heure actuelle. Les associations environnementa-

les exercent des pressions ciblées sur les autorités fédérales et le

Parlement en alimentant des débats émotionnels.

L’agriculture soutient le plan d’action concernant les produits phytosanitaires de la Confédération, à condition que les mesures proposées soient justifiées sur le plan technique et scientifique. L’objectif doit être de réduire les répercussions négatives sur l’environnement lors de l’utilisation des produits phytosanitaires (PPS). L’utilisation de PPS est également conditionnée par les consommateurs qui désirent acquérir des produits à l’aspect irréprochable.

11

Informations complémentaires :www.sbv-usp.ch/protection-phytosanitaire

Arguments les plus importantsn En 2013, Agroscope est arrivé à la conclusion que la Suisse

n’utilise pas plus de PPS que les pays voisins. Compte tenu du

fait qu’elle compte beaucoup plus de cultures spéciales

par rapport à sa surface, et que les huiles, le souffre et les

minéraux argileux sont aussi considérés comme des PPS,

leur utilisation est même probablement 40 pour cent plus

basse qu’en Allemagne.

L’agriculture met d’ores et déjà en œuvre de nombreuses mesures qui contribuent à une utilisation sûre et ciblée des PPS : n Contrôle ciblé des substances actives des PPS par la Confédéra-

tion : ces dix dernières années, l’autorisation de 125 substan-

ces actives n’a pas été renouvelée. Dans le même temps,

seules 81 nouvelles substances sont arrivées sur le marché,

soit un recul de 35 pour cent. Cette évolution n’a pas que des

aspects positifs : cela augmente le risque que se développent

des résistances. n Mise en œuvre des nouvelles règlementations de distance pour les

PPS : une zone tampon non traitée doit être maintenue le long

des eaux de surface lors de l’application de PPS qui présentent

un risque pour les organismes aquatiques en cas de dérive.

n Mise en œuvre de la nouvelle loi sur la protection des eaux :

un espace réservé est délimité le long des eaux de surfaces.

L’utilisation de PPS y est interdite.n Interdiction d’utiliser des PPS dans la zone de protection des

eaux souterraines : l’utilisation de PPS est interdite dans la

zone de protection 1 et très restreinte dans la zone de

protection 2.

Bon à savoirEn Suisse, l’état des eaux de surface est bon dans l’ensemble, voire

excellent pour la nappe phréatique. Il reste cependant nécessaire

d’agir pour les eaux de surface. Dans le cadre du plan d’action

concernant les produits phytosanitaires, différentes mesures doi-

vent être prises afin d’amener une amélioration de la qualité de

l’eau de surface des petits et moyens cours d’eau. Mais aussi d’au-

tres acteurs portant atteinte à la qualité des eaux (horticulteurs,

stations d’épuration, etc.) doivent également prendre leur part de

responsabilité.

PRO

TEC

TIO

N

PHYT

OSA

NIT

AIR

E

Privilèges supposés

Depuis des années, l’Union suisse des arts et métiers ainsi que

d’autres cercles se plaignent d’un combat à armes inégales entre

les entreprises artisanales et l’agriculture, p. ex. en ce qui concerne

les offres d’agritourisme ou la vente directe de produits à la ferme.

Les exploitations agricoles seraient ainsi avantagées car les prix

des terrains sont moins élevés en zone rurale. Les critiques soulig-

nent aussi que le salaire de la main d’œuvre est moins élevé.

Une étude de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) a démontré que, contrairement aux affirmations, dans de nombreux domaines il n’existe pas de différence au niveau légal entre les entreprises artisanales et l’agriculture. Les avantages dont profite l’agriculture sont contrebalancés par des inconvénients. Des prix de terrain plus bas sont souvent opposés à de plus longues distances, la vente de produits demande une charge de travail plus importante pour des quantités plus petites et la transformation de bâtiments est soumise à des conditions plus sévères, etc. Les critiques au niveau national oublient en outre de mentionner que la collaboration locale entre les entreprises artisanales et l’agriculture est excellente, et que les agriculteurs et les agricultrices donnent du travail aux artisans locaux et participent ainsi à la création de valeur dans la région.

13

Informations complémentaires :www.sbv-usp.ch/privileges

Arguments les plus importantsn Les agriculteurs et les agricultrices doivent satisfaire les

mêmes exigences que toutes les entreprises artisanales à

tous les niveaux (législation, santé, valeurs limite, transport,

etc.).n La taxe sur la valeur ajoutée s’applique à partir d’un chiffre

d’affaire annuel imposable de 100 000 francs, comme pour

les entreprises artisanales.n L’offre d’agritourisme constitue une bonne alternative

à moindre coût en complément des restaurants et des hôtels.

Mieux vaut des offres plus accessibles en Suisse que d’inciter

la clientèle à partir en Autriche ou en Italie.n En tant que bénéficiaires de services préliminaires ou

fournisseurs pour les boucheries, boulangeries, laiteries ou

entreprises commerciales, les familles paysannes sont des

partenaires importants pour les entreprises artisanales

locales.

Bon à savoirEn 2006, une étude de la HAFL est arrivée à la conclusion que, dans

l’ensemble, il y a peu de différences au niveau des lois, des pre-

scriptions et des directives, qui avantagent l’agriculture par rapport

aux entreprises artisanales. Dans de nombreux domaines, aucune

différence n’a été constatée. Bien souvent, les différences relevées

ne concernent pas seulement les exploitations agricoles, mais

plutôt l’étendue des activités ou leur forme.

PRIV

ILÈG

ES

SUPP

OSÉ

S

14

VALEUR

Illustration 1 : Importations nettesSource : Administration fédérale des douanes (AFD)

QUANTITÉ

Valeur des importations (milliards de francs)

Valeur des exportations (milliards de francs)

14

12

10

8

6

4

2

020

00

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Mill

iard

s de

fran

cs

Quantité importée (millions de tonnes)

Quantité exportée (millions de tonnes)

7

6

5

4

3

2

1

0

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Mill

ions

de

tonn

es

15

Illustration 2 : Revenus sectorielsSource : Institut de recherche Agroscope ART Tänikon

Illustration 3 : Évolution des dépenses fédérales Source : Administration fédérale des finances (AFF)

Plaine : salaire de référence Plaine : revenu du travail

Collines : salaire de référence Collines : revenu du travail

Montagne : salaire de référence Montagne : revenu du travail

80 000

70 000

60 000

50 000

40 000

30 000

20 000

10 000

0

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Fran

cs p

ar m

ain-

d’œ

uvre

à l’

anné

e

Dépenses totales (échelle de gauche)

Agriculture (échelle de droite)

180

160

140

120

100

80

60

40

20

0

9

8

7

6

5

4

3

2

1

0

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Mill

iard

s de

fran

cs a

u to

tal

Mill

iard

s de

fran

cs p

our

l’agr

icul

ture

ILLU

STR

ATIO

NS

Union Suisse des PaysansLaurstrasse 10

5201 Brugg

+41 (0)56 462 51 11

[email protected]

www.sbv-usp.ch

Août

201

6