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CCI le grand chambardement

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CCI: le grand chambardement Le réseau consulaire n’a bien sûr pas échappé pas à la réforme territoriale. Comme les régions, les

chambres de commerce et d’industrie régionales (CCIR) ont été sommées de fusionner pour former de

nouveaux grands établissements régionaux. Il y aura en 2017 une CCIR Grand Est et une CCIR Hauts-

de-France. Simple comme bonjour ? Pas franchement. En effet, à l’échelon inférieur, le passage à la

grande région a impliqué une nouvelle répartition des chambres de commerce territoriales, les « CCIT

», correspondant en général à l’échelle départementale. Or, de Châlons à Strasbourg, les options

prises par les élus divergent.

Une CCI unique en suspens en Lorraine

Sur le territoire champardennais, deux camps se sont opposés pendant des mois. D’un côté, il y avait

ceux qui voulaient que la CCIR Champagne-Ardenne forme une CCIT unique, et que les cinq CCIT

actuelles (Ardennes, Aube, Haute-Marne, Châlons et Reims) deviennent de simples chambres

déléguées, perdant le statut d’établissements à part entière. De l’autre, il y avait ceux qui voulaient

conserver les CCIT existantes (passant de cinq à quatre en raison de la fusion de Reims et Châlons)

avec, pour conséquence, la disparition de la CCIR Champagne-Ardenne. C’est finalement ce scénario

qui l’a emporté lors de la séance fatidique du 23 mars. D’un côté, cette organisation permet de

maintenir une proximité d’action et de décision. De l’autre, elle a été critiquée car elle isole les

Champardennais des Lorrains et Alsaciens qui ont choisi l’option opposée. En effet, la fusion des trois

CCIT d’Alsace a été actée au début de l’année. Elle a conduit à la création d’une nouvelle entité, la «

CCI Alsace Eurométropole ».

Après des discussions pour le moins tendues, les Lorrains ont pris le chemin d’une CCI unique. Mais

coup de théâtre, le 11 mai dernier, le juge des référés du Conseil d’État a suspendu l’exécution du

décret du 11 avril portant création de la CCIT de Lorraine… Ce jugement fait suite à un recours des

Mosellans et des Meusiens finalement réticents à voir leurs territoires plonger dans le grand bain

lorrain. L’an passé, on avait même entendu parler aussi d’un rapprochement entre les CCI de la Meuse

et de la Haute-Marne… Rien n’est simple dans l’univers, feutré et habituellement discret, des chambres

de commerce.

Dans les Hauts-de-France, il n’y a pas d’incidents de cette nature. La fusion des CCIR Nord de France

et Picardie est sur les rails. Un directeur général, David Brusselle, vient d’être nommé pour organiser à

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partir du 1er juillet le travail de rapprochement. La nouvelle CCIR aura son siège à Lille. Endettée, la

future ex-CCIR de Picardie a rapidement pris la décision de mettre en vente son immobilier (lire en

page suivante).

Les finances des CCI ont été largement éprouvées par les ponctions de l’État et les coupes sombres

dans leurs ressources fiscales. « L’État était persuadé que nous avions de la graisse en trop, ce qui

n’est pas le cas. Maintenant on doit se débrouiller », déplore Charles Ribe, président de la CCI de

l’Aisne, qui digère mal que l’effort demandé au réseau consulaire soit, proportionnellement, plus

important que celui consenti par les collectivités. « Tout cela a fait très mal à la trésorerie que nous

avions accumulée pendant de très longues années pour pouvoir investir facilement sur des projets.

Maintenant, nous devons recourir à l’emprunt », regrette Michel Gobillot, président sortant de la CCI

de Châlons.

Cinquante postes en moins dans les CCI de Champagne-Ardenne

Pour s’en sortir, François Cravoisier, président de la CCI de Champagne-Ardenne explique que les

chambres ont dû travailler au « développement de ressources propres par des ventes de prestation et

le déploiement de nouveaux partenariats ». Cela n’a pas empêché la casse sociale. Dans les

établissements champardennais, l’effectif est passé de 280 collaborateurs, en 2013, à 230

collaborateurs, en 2016. « Dans sa dernière lettre, où il avalisait mon budget 2016, le préfet de région

m’a conseillé de diminuer mes investissements. Si les entreprises, les collectivités, les établissements

consulaires n’investissent plus, comment voulez-vous que l’économie redémarre ? Tout cela est

illogique », déplore Géraud Spire, président de la CCI des Ardennes.

Les chambres de commerce sont d’autant moins actives en ce moment qu’elles patinent dans

l’évolution de leurs organisations. Et pour ne pas arranger la situation, elles doivent préparer les

élections qui se dérouleront entre le 20 octobre et le 2 novembre.

L’Aisne perd un million par an

La CCI de l’Aisne privée d’un million par an

En plus de devoir se réorganiser à marche forcée, le réseau consulaire a à gérer les conséquences des

ponctions de l’État sur ses finances. La CCIR Champagne-Ardenne a dû sacrifier 1,2 million d’euros sur

l’autel de la politique de réduction des déficits publics, Reims, 7 millions, Châlons, 2 millions, les

Ardennes, 3,5 millions et l’Aisne pas moins de 6,9 millions d’euros. « Au total les prélèvements de

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l’État sur les fonds de roulement des CCI s’élèvent à 20,3 millions d’euros pour les années 2014 et

2015 en Champagne-Ardenne », calcule François Cravoisier, président de la chambre

champardennaise. Le serrage de vis sur la fiscalité a commencé dès 2013. « De 2013 à 2016, nos

ressources fiscales sont passées de 26,4 millions à 17,8 millions, soit une baisse de 33 % », ajoute le

président. Les recettes des CCI de Châlons et de CCI de Reims sont passées de 8,8 millions à 5,8

millions. Dans les Ardennes, elles sont passées de 4,9 millions à 3,3 millions d’euros. L’Aisne a perdu

un million d’euro par an sur ses recettes de fonctionnement. Et le supplice financier n’est pas fini. «

Pour l’année 2017, une nouvelle baisse de la ressource fiscale est annoncée », fait savoir François

Cravoisier. « S’y ajoute, pour 2017, l’harmonisation des taux régionaux de TA-CVAE (taxe qui finance

les CCI) entre les trois anciennes régions qui entraîne une baisse de fiscalité de 1,6 million pour les

CCI de Champagne-Ardenne. » Le total, pour l’ex-région, atteindra 3 millions d’euros.

http://www.aisnenouvelle.fr/region/cci-le-grand-chambardement-ia28b0n381124