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Edl alain lambert journée de mobilisation des maires 18 septembre 2015 vers fb

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Mobilisation nationale des Maires

Samedi 19 septembre 2015 à 10h40

Mesdames et Messieurs les Maires, Chers Collèges, Mes

chers amis,

Nous sommes rassemblés ce matin pour défendre les

valeurs, et même les promesses de la République :

la liberté et la démocratie.

Nos libertés locales a été conquises, la 1ère fois, il y a

1.000 ans, contre les pouvoirs de l'époque.

Elles ont été reconquises, il y a 220 ans, pendant la

révolution.

Elles ont été réaffirmées, il y a plus de 30 ans, par les

lois de décentralisation.

Or, voilà que s'organise, d'une manière sournoise et

rampante, la privation de ces libertés fondamentales

si chèrement acquises.

Nous ne laisserons pas faire !

Notre liberté, notre libre administration sont gravées

dans la Constitution, à l'article 72, et nous ne nous les

laisserons pas déposséder.

La technocratie française triomphante, arrogante, a

profité de pouvoirs politiques faibles pour s'emparer du

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pouvoir réel. Elle a commis suffisamment d'erreur au

niveau national, pour ne pas la laisser maintenant

organiser la pagaille à notre niveau local.

Nous ne demandons rien qui soit excessif.

Simplement le respect de nos droits les plus

fondamentaux, garantis par la constitution, c'est-à-dire,

une fois encore, notre liberté et notre démocratie de

proximité.

La liberté communale, c'est le droit pour nos

concitoyens de s'administrer librement par nos conseils

d'élus. Conseils qui doivent disposer d'un pouvoir réel

pour l'exercice de leurs missions. Le principe de libre

administration est une protection, un rempart contre les

empiètements de l'Etat. C'est un rempart et c'est une

garantie d'un espace de liberté, dans lequel nous

devons pouvoir agir au profit de nos populations.

Nous sommes rassemblés pour défendre notre liberté,

mais aussi pour défendre notre démocratie de

proximité qui n'a jamais été autant menacée.

Observons bien dans quelle pagaille l'Etat nous entraine.

Il est en crise, en surendettement, enlisé, étouffé dans

les filets qui a lui-même tendu avec ses lois, ses

règlements, ses circulaires. Au lieu de desserrer l'étau qui

l’étouffe, voilà qu'il se pique de vouloir réformer les

autres, au lieu de se réformer lui-même. Il fusionne les

régions, au prix d'éloigner toujours plus les centres de

décisions. Il supprime les départements. Puis il les

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rétabli. Il redécoupe les cantons. Il fusionne les CdC.

Bref, il nous entraine dans une spirale infernale qui nous

cloue en réunions permanentes, en nous privant du

temps nécessaire pour réfléchir et travailler.

Mes chers amis, le combat pour la proximité est sans

doute le plus vital pour lequel nous allons devoir nous

battre. Tout, tout s'organise pour déménager le

territoire. Les services publics ferment ou se

concentrent dans les villes. Qu'il s'agisse de la sécurité,

de la santé, tout ce qui touche à notre vie quotidienne

s’éloigne. Bientôt nous ne rencontrerons plus, dans nos

campagnes, que des contrôleurs. Le contrôle est

devenu l'activité première de l'Etat. Nous n’avons

plus un Etat fournisseur de services publics, mais un Etat

contrôleur. Contrôleur de Normes !

Le mot est lâché : la France est devenue le royaume

des normes. Plus rien dans nos fonctions d'élus

n'échappe aux normes. Lorsque nous réalisons un

équipement ou dispensons un service, la question n'est

plus comment pouvons-nous les réaliser au mieux, NON !

La seule question est : qu'est-ce que les normes nous

autorisent à faire.

Observons quelques chiffres :

S’agissant de nos collectivités territoriales, ce sont

environ 400.000 normes qui leurs sont applicables. En 6

ans, le coût des normes nouvelles applicables s'est élevé

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à 6Mds€ selon le CNEN, que je préside. Chaque jour, une

nouvelle norme est adoptée ! Les conséquences de cette

situation nous entrainent droit dans le mur. Les coûts

engendrés par la complexité normative en France sont

chiffrés par l'OCDE à l'équivalent de 60 milliards d'euros.

Cette inflation normative est devenue un fléau tragique

qui nous pénalise doublement : par son coût qui gaspille

nos finances déjà précaires, mais qui, au surplus,

paralyse nos initiatives, étouffe nos initiatives locales.

La question de normes nous révèle l’écart qui se

creuse entre la vie réelle et la vie administrative.

Le temps des papiers mine le temps des chantiers.

Le temps administratif détruit le temps de l’action, le

temps des projets, il freine notre développement. Il nous

contraint à courir avec des boulets aux pieds.

Ces normes sont révélatrices du mauvais fonctionnement

de notre système étatique. Les règles deviennent de plus

en plus rigides, souvent inutiles, qu’elles concernent le

domaine de l’urbanisme, celui des monuments et sites

classés, celui des espèces protégées, celui de

l’accessibilité, des marchés publics, la construction,

l’environnement ou le travail. Elles paralysent la France,

entrainent une augmentation affolante des dépenses.

Le droit qu’on nous oblige à appliquer est couteux,

bavard, contradictoire, inintelligible souvent

inapplicables.

Il est même parfois ridicule quand il calibre les

saucisses, les œufs dures, les nuggets.

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Le Président de la République nous avait promis un

« choc de simplification ». Nous avons été frappés par

des chocs de complexification.

C’est une réelle révolution culturelle qu’il nous faut engager. Une révolution à laquelle l’ensemble du corps politique doit participer. Tous les acteurs publics sans exception doivent être mobilisés. Voyons quelques pistes d’amélioration pour traiter ce problème des normes à la racine afin de libérer nos initiatives locales. - Finissons-en avec des normes uniquement prescriptives. Notre libre administration (conformément à l’article 72 de la constitution) devrait nous exonérer de textes contraignants dont l’Etat s’exonère lui-même. Mieux vaudrait des recommandations, des recueils de bonnes pratiques laissant place au bons sens et à l’initiative locale. - Desserrons les contraintes, réduisons les délais d’instruction, allégeons les coûts des règles. Refusons d’engendrer une société peureuse, frileuse, paralysée par l’obsession de prévenir tous les aléas. Il en est normes comme du poivre et du sel. Leur absence comme leur excès rend le tout inconsommable. Retrouvons le sens des justes proportions. - Enfin il conviendrait que l’Etat applique le principe de « prescripteur-payeur » : celui qui commande paie. Si l’Etat veut instaurer des normes qu’il en paie le coût. Nous verrons qu’il ne tardera pas à s’arrêter.

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En conclusion, le temps est venu d’un changement en profondeur des mentalités : les administrations doivent laisser le Pays respirer. Les collectivités n’en peuvent plus, elles ne peuvent plus accepter ce déluge de normes qui paralyse leur action, qui ponctionne indéfiniment leurs finances, au détriment de l’action locale et du service à nos concitoyens. Je terminerai en citant la phrase devenue célèbre du président Pompidou, prononcée un soir de 1966, il est alors 1er Ministre, un de ses collaborateurs lui présente une pile de décrets. Georges Pompidou s’écrie : « Mais arrêtez donc d’emmerder les Français ! Il y a trop de lois, trop de textes, trop de règlements dans ce pays. On en crève ! Laissez-les vivre un peu et vous verrez que tout ira beaucoup mieux». C’était en 1966, il y a presque 50 ans ! Mesdames, Messieurs je vous remercie et cède la parole à Alain Lenormand.