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30 N° 09 - Mars 2011 N° 09- Mars 2011 31 International Faire le choix d’une année de recherche au cours de son internat, c’est s’engager à prolonger d’une année des ĠƚƵĚĞƐ ĚĠũă ůŽŶŐƵĞƐ Ğƚ ĨĂƐƟĚŝĞƵƐĞƐ ůŽƌƐ ĂƵƚĂŶƚ ƌĞŶĚƌĞ ĐĞƩĞ ĂŶŶĠĞ ĚĞ ĐŽƵƉƵƌĞ ĞdžĐĞƉƟŽŶŶĞůůĞ ĞŶ ƉƌŽĮƚĂŶƚ ĚĞƐ ŽƉƉŽƌƚƵŶŝƚĠƐ ƋƵĞůůĞ ŽīƌĞ ĞŶ ƉĂƌƟĐƵůŝĞƌ ĐĞůůĞ ĚĞ ƐĠǀĂĚĞƌ ƋƵĞůƋƵĞƐ ŵŽŝƐ ă ůĠƚƌĂŶŐĞƌ P endant l’internat de santé publique et médecine sociale, réaliser un master 2 recherche ou professionnel est un passage quasi- obligatoire permettant, entre autres, une sorte de sur-spécialisation dans cette vaste spécialité qui recouvre de nombreux domaines (prévention, épidémiologie, économie de la santé etc. etc.). Ainsi, comme un certain nombre d’internes toutes spécialités confondues, je me suis inscrite en 2009-2010 en master 2 recherche, pour ma part un master de Santé Publique en spécialité épidémiologie, option recherche clinique. L’originalité a résidé dans le fait d’effectuer la période de stage du master à l’étranger, en République d’Irlande à Dublin ! L’idée était de mettre doublement à profit cette année de recherche, avec la volonté ferme de progresser à l’écrit comme à l’oral en langue anglaise, l’anglais étant un outil indispensable dans le monde de la recherche auquel je me destine dans le domaine de l’épidémiologie (littérature, congrès, publications). Mais peut-être était-ce sans compter sur le redoutable accent irlandais…. Ensuite, effectuer ce stage de recherche en Irlande devait me permettre de découvrir une autre approche de la santé publique de type anglo-saxon, mais attention surtout pas British ! Cela froisserait les irlandais, qui rappelons le, à l’exception de l’Irlande du Nord, ne font pas partie du Royaume-Uni et ont longtemps lutté pour leur indépendance. Souhaitant effectuer mon master 2 recherche entre mon sixième et mon 7e semestre, j’ai donc postulé au début de ma 3e année d’internat pour le Master 2 Recherche de Santé Publique de la faculté de médecine du Kremlin-Bicêtre, Université Paris Sud XI. Ce master impose une liste de laboratoires agréés pour le stage de master et propose une série de sujets de recherche qui sont en ligne sur le site web de la faculté du KB. C’est ainsi que j’ai d’emblée repéré dans la liste des sujets de recherche la proposition, faite par une chercheuse INSERM détachée sur un poste en Irlande, de stage à l’université de Dublin, au sein de l’école de Santé Publique et de science de la population (University College Dublin, School of Public Health and population science). J’ai ainsi postulé à ce stage en même temps qu’au master de Paris XI, et effectué trois demandes de bourse (Année Recherche, bourse de la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) et bourse de l’Académie de médecine) pour le sujet en épidémiologie sociale sur lequel il m’était proposé de travailler en Irlande. Finalement, la bourse de la FRM fut décrochée : c’était parti pour l’expérience irlandaise ! Quelques mois avant le début du master, ma demande de mise en disponibilité pour deux semestres pour formation avait été transmise aux affaires médicales du CHU de Tours. Ainsi, après trois mois de formation théorique au KB d’Octobre à Janvier, je faisais mes valises pour sept mois pour l’Irlande. P our la partie enseignement théorique, la réputation de sérieux et de qualité du master m’est apparue tout à fait justifiée, et nécessitait un bon investissement personnel pour bénéficier pleinement de la formation. Quant au stage en Irlande portant sur les explications des inégalités sociales observées dans la dépression et l’anxiété, il répondait pleinement aux attentes d’un travail de recherche en épidémiologie, avec l’avantage d’être très bien encadré par cette chercheuse INSERM détachée à l’University College Dublin. Evidemment avoir un responsable de stage français présentait des atouts et des inconvénients : une plus grande facilité et rapidité dans le travail mais une progression en langue anglaise et une intégration avec les collègues irlandais ralentie (mais réussie en définitive !). La vie à Dublin par ailleurs est très agréable, on y trouve de nombreux parcs, dont le plus grand d’Europe « Phoenix park », la plage au bord de la ville, et de petites stations balnéaires charmantes (Howth, Dun Laoghaire…) avec de superbes chemin côtiers à trente minutes à peine de train ou vélo… L’ambiance y est très chaleureuse et à son apogée dans les pubs lors des incontournables concerts de musique traditionnelle irlandaise. Au final, à l’issue de ces sept mois je me sentais beaucoup plus à l’aise à l’oral en anglais à la fin du séjour (vive la colocation !), avec toujours malgré tout de petites lacunes en vocabulaire, et le mémoire, bien que soutenu à Paris en français, fut rédigé également en anglais me permettant de mettre en pratique l’anglais médical scientifique. Ce fut aussi une aventure humaine très enrichissante, l’occasion de créer des amitiés internationales (irlandais, israéliens, turkmènes, allemands…), de découvrir une autre culture (celle de la Guinness…) et les magnifiques paysages sauvages de l’Irlande (les îles d’Aran, le Connemara, le Ring of Kerry etc.) lors de quelques expéditions touristiques. A distance, je garde un souvenir pas si mouillé que ça de ces sept mois irlandais, et je conseillerais à tout interne pouvant se permettre un éloignement temporaire (parfois très relatif, 1h40 d’avion entre Paris et Dublin par exemple) de profiter de son année-recherche pour faire l’expérience de l’étranger. En effet, cette expérience enrichissante d’un point de vue personnel, et linguistique, trop peu répandue dans la filière des études médicales, est à notre portée ! Saisissons l’occasion ! Slàinte !!! Emilie Chazelle Interne de Santé Publique en 7 e semestre à Tours [email protected] IRISH RESEAR CH EXPERIENCE International

Irish resear ch experience

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30 N° 09 - Mars 2011 N° 09- Mars 2011 31

International

Faire le choix d’une année de recherche au cours de son internat, c’est s’engager à prolonger d’une année des

P endant l’internat de santé

publique et médecine sociale,

réaliser un master 2 recherche ou

professionnel est un passage quasi-

obligatoire permettant, entre autres,

une sorte de sur-spécialisation dans

cette vaste spécialité qui recouvre

de nombreux domaines (prévention,

épidémiologie, économie de la santé

etc. etc.). Ainsi, comme un certain

nombre d’internes toutes spécialités

confondues, je me suis inscrite en

2009-2010 en master 2 recherche, pour

ma part un master de Santé Publique

en spécialité épidémiologie, option

recherche clinique. L’originalité

a résidé dans le fait d’effectuer la

période de stage du master à l’étranger,

en République d’Irlande à Dublin !

L’idée était de mettre doublement à

pro$t cette année de recherche, avec

la volonté ferme de progresser à l’écrit

comme à l’oral en langue anglaise,

l’anglais étant un outil indispensable

dans le monde de la recherche auquel

je me destine dans le domaine de

l’épidémiologie (littérature, congrès,

publications). Mais peut-être était-ce

sans compter sur le redoutable accent

irlandais…. Ensuite, effectuer ce

stage de recherche en Irlande devait

me permettre de découvrir une autre

approche de la santé publique de type

anglo-saxon, mais attention surtout pas

British ! Cela froisserait les irlandais,

qui rappelons le, à l’exception de

l’Irlande du Nord, ne font pas partie du

Royaume-Uni et ont longtemps lutté

pour leur indépendance.

Souhaitant effectuer mon master

2 recherche entre mon sixième et

mon 7e semestre, j’ai donc postulé

au début de ma 3e année d’internat

pour le Master 2 Recherche de Santé

Publique de la faculté de médecine

du Kremlin-Bicêtre, Université Paris

Sud XI. Ce master impose une liste

de laboratoires agréés pour le stage de

master et propose une série de sujets de

recherche qui sont en ligne sur le site

web de la faculté du KB. C’est ainsi

que j’ai d’emblée repéré dans la liste

des sujets de recherche la proposition,

faite par une chercheuse INSERM

détachée sur un poste en Irlande, de

stage à l’université de Dublin, au sein

de l’école de Santé Publique et de

science de la population (University

College Dublin, School of Public

Health and population science). J’ai

ainsi postulé à ce stage en même temps

qu’au master de Paris XI, et effectué

trois demandes de bourse (Année

Recherche, bourse de la Fondation

pour la Recherche Médicale (FRM)

et bourse de l’Académie de médecine)

pour le sujet en épidémiologie

sociale sur lequel il m’était proposé

de travailler en Irlande. Finalement,

la bourse de la FRM fut décrochée :

c’était parti pour l’expérience

irlandaise ! Quelques mois avant le

début du master, ma demande de mise

en disponibilité pour deux semestres

pour formation avait été transmise aux

affaires médicales du CHU de Tours.

Ainsi, après trois mois de formation

théorique au KB d’Octobre à Janvier,

je faisais mes valises pour sept mois

pour l’Irlande.

P our la partie enseignement

théorique, la réputation de

sérieux et de qualité du master

m’est apparue tout à fait justi$ée,

et nécessitait un bon investissement

personnel pour béné$cier pleinement

de la formation. Quant au stage en

Irlande portant sur les explications

des inégalités sociales observées dans

la dépression et l’anxiété, il répondait

pleinement aux attentes d’un travail

de recherche en épidémiologie, avec

l’avantage d’être très bien encadré par

cette chercheuse INSERM détachée

à l’University College Dublin.

Evidemment avoir un responsable de

stage français présentait des atouts et

des inconvénients : une plus grande

facilité et rapidité dans le travail mais

une progression en langue anglaise

et une intégration avec les collègues

irlandais ralentie (mais réussie en

dé$nitive !). La vie à Dublin par

ailleurs est très agréable, on y trouve

de nombreux parcs, dont le plus grand

d’Europe « Phoenix park », la plage au

bord de la ville, et de petites stations

balnéaires charmantes (Howth, Dun

Laoghaire…) avec de superbes chemin

côtiers à trente minutes à peine de

train ou vélo… L’ambiance y est très

chaleureuse et à son apogée dans les

pubs lors des incontournables concerts

de musique traditionnelle irlandaise.

Au $nal, à l’issue de ces sept mois je

me sentais beaucoup plus à l’aise à

l’oral en anglais à la $n du séjour (vive

la colocation !), avec toujours malgré

tout de petites lacunes en vocabulaire,

et le mémoire, bien que soutenu à

Paris en français, fut rédigé également

en anglais me permettant de mettre en

pratique l’anglais médical scienti$que.

Ce fut aussi une aventure humaine

très enrichissante, l’occasion de créer

des amitiés internationales (irlandais,

israéliens, turkmènes, allemands…),

de découvrir une autre culture (celle

de la Guinness…) et les magni$ques

paysages sauvages de l’Irlande

(les îles d’Aran, le Connemara, le

Ring of Kerry etc.) lors de quelques

expéditions touristiques.

A distance, je garde un souvenir

pas si mouillé que ça de ces sept

mois irlandais, et je conseillerais à

tout interne pouvant se permettre

un éloignement temporaire (parfois

très relatif, 1h40 d’avion entre Paris

et Dublin par exemple) de pro$ter

de son année-recherche pour faire

l’expérience de l’étranger. En effet,

cette expérience enrichissante d’un

point de vue personnel, et linguistique,

trop peu répandue dans la $lière des

études médicales, est à notre portée !

Saisissons l’occasion ! Slàinte !!!

Emilie Chazelle

Interne de Santé Publique

en 7e semestre à Tours

[email protected]

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