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La volonté et l’influence « La vie est, à mes yeux, instinct de croissance, de durée, d'accumulation de force, de puissance : là où la volonté de puissance fait défaut, il y a déclin. » Nietzsche Le meilleur moyen de comprendre ce qu’est l’influence est de la vivre soi-même et de l’observer. C’est comme si quelqu’un prenait le contrôle des désirs d’autrui et les assimilés à ses propres désirs. L’influencé se calibre alors sur la norme de valeurs du « manipulateur ». Cette manipulation est le plus souvent inconsciente. Prenez un groupe de personne, et observez les interactions entre les membres de ce groupe, vous verrez rapidement apparaître un leader, des suiveurs et peut-être dans de rares cas, un électron-libre. Le leader est celui qui possède une forte volonté de puissance, de forts désirs, il est sûr d’eux et ne fait aucune concession, alors que les suiveurs, ont des désirs non réellement définis, presque sans forme. Pour reprendre les termes de Carl Gustav Jung, on pourrait dire que les désirs des suiveurs sont encore trop inconscient, que le conscient et l’inconscient ne sont pas encore assez décantés. Alors leur individualité a du mal à se définir, ils ont besoin dans ce cas, de trouver une substitution à leur manque. Ce manque sera alors comblé par la volonté du leader. L’électron-libre sera celui qui aura acquis suffisamment

La volonté et l’influence

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La volonté et l’influence

« La vie est, à mes yeux, instinct de croissance, de durée, d'accumulation de force, de puissance : là où la volonté de puissance fait défaut, il y a déclin. » Nietzsche

Le meilleur moyen de comprendre ce qu’est l’influence est de la vivre soi-même et de l’observer. C’est comme si quelqu’un prenait le contrôle des désirs d’autrui et les assimilés à ses propres désirs. L’influencé se calibre alors sur la norme de valeurs du « manipulateur ». Cette manipulation est le plus souvent inconsciente. Prenez un groupe de personne, et observez les interactions entre les membres de ce groupe, vous verrez rapidement apparaître un leader, des suiveurs et peut-être dans de rares cas, un électron-libre. Le leader est celui qui possède une forte volonté de puissance, de forts désirs, il est sûr d’eux et ne fait aucune concession, alors que les suiveurs, ont des désirs non réellement définis, presque sans forme. Pour reprendre les termes de Carl Gustav Jung, on pourrait dire que les désirs des suiveurs sont encore trop inconscient, que le conscient et l’inconscient ne sont pas encore assez décantés. Alors leur individualité a du mal à se définir, ils ont besoin dans ce cas, de trouver une substitution à leur manque. Ce manque sera alors comblé par la volonté du leader. L’électron-libre sera celui qui aura acquis suffisamment d’individualité, de liberté d’être , pour demeurer distant, observateur du groupe auquel il appartient. Il ne sera ni leader, ni réellement suiveur. Il deviendra en quelque sorte cette troisième force, qui fait face entre le pôle actif et le pôle passif. On pourrait l’appeler la force neutralisante, c’est lui qui fera interface entre les énergies polarisées. De plus, il pourra de part sa double polarisation actif/passif, donneur/receveur, se mettre dans les différentes positions. On retrouve ceci aussi dans le livre du Zohar, c’est l’Alliance nécessaire entre le masculin et le féminin dans une même personne. Il ne faut pas chercher son opposé/partenaire à l’extérieur mais d’abord l’incarner intérieurement. Ensuite la projection externe pourra avoir lieu. Ce n’est que lorsque l’individu se sent complet qu’il peut réellement devenir individuel, et donc devenir le véritable maître de sa vie. Tant qui lui manquera une partie, il cherchera au devant du monde à la trouver, et créera à l’extérieur des situations lui permettant de combler ce manque, qu’il possède déjà en lui. Ainsi une personne de nature timide, effacée, au premier abord, aura tendance à chercher

en l’autre la partie active, entreprenante, extraverti. On observe d’ailleurs de nombreux couples naturellement équilibrés en terme de polarité actif/passif ; extraverti/introverti. Cependant même s’il est bien entendu nécessaire de trouver sa complémentarité dans le monde extérieur, il est nécessaire de faire de même intérieurement afin de réajuster sa propre nature et ses propres limites. Le but étant de nuancer ses qualités intrinsèques en trouvant leur opposé en soi.

Le psychisme est un système complet en Soi, équilibré et harmonieux. Ce que l’on trouve dans le conscient, se retrouve en son contraire dans l’inconscient. Ainsi pour reprendre le cas de cette personne timide, effacée , son inconscient nourrira de l’agressivité (refoulée), des rêves de puissance et de force. Ainsi cette personne possède déjà en elle-même la totalité de ses qualités, il faut cependant travailler sur ses émotions, programmations biologiques et instinctives acquis durant l’enfance, afin de les retrouver et de comprendre la liberté inhérente à l’existence humaine. Dans cette compréhension et acceptation de la liberté d’être, l’homme pourra alors être à même de ne plus subir les influences passivement. La liberté n’est pas l’absence d’influence mais la possibilité de choisir sous quelle influence on se place. En étant conscient des influences qui nous gouvernent nous devenons actif, et nous ne subissons plus l’inconscient de l’autre (dans la mesure de nos capacités). Car finalement l’influence, peut se matérialiser comme une manipulation d’inconscient à inconscient. Prenez quelqu’un qui a le besoin de dominer, d’être valorisé par son entourage pour se sentir exister, et mettez le avec une personne qui, d’instinct, se met en retrait, de peur de paraître inintelligente, inintéressante. Vous verrez alors une parfaite complémentarité d’inconscient s’établir, le besoin des deux sera parfaitement confondu l’un dans l’autre. Le  « dominé » sera complétement identifié à celui qui prend le rôle de la force active, ce qui fait qu’il s’identifiera, par conséquent, à son rôle d’élément passif. On pourrait croire que cette situation naturellement établie peut être laisser à son compte et que deux individus de cette trempe jouiront de la vie à leur convenance, et se complairont dans cette confortable situation de complémentarité. Mais il est sans rappeler, que la nature humaine tend vers une évolution constante, si elle s’en prive, en se confortant dans des programmations biologiques et psychiques naturelles, et ne se fait donc pas violence vers une quête d’évolution, elle sentira en elle un profond manque, des frustrations, un besoin de changement. Ainsi une personne naturellement timide pourra renfermer une grande dose de colère ou de frustration. Celle-ci se résorbera dans une mauvaise utilisation de l’énergie sexuelle (possible névrose) ou encore dans des états d’agitation non congruents avec la situation. Elle sentira en elle, le besoin de s’imposer, de montrer sa présence et ses qualités, mais, privé naturellement (du fait d’un système de défense acquis durant l’enfance mais plus d’actualité aujourd’hui) de cette capacité de se mettre au premier plan et de faire valoir ses idées, elle se renfermera encore plus sur elle-même, et continuera à alimenter sa frustration inconsciente, intérieure. Le but sera alors de se connecter avec cette frustration, avec cette colère afin d’en récupérer le saint-graal, c’est à dire la volonté de puissance. En se « connectant » avec sa colère interne, la personne apprend à la dompter, à sentir le mouvement propre à cette émotion engrammée. Peu à peu, en l’intériorisant, cette énergie violente à première vue, se dissipera pour ne

laisser qu’un point intense, concentré qui est la partie positive, utile de cette émotion. Et alors grâce à cette colère/frustration, transformée en volonté de puissance, la personne pourra apprendre à ne plus rougir devant des prises de décisions majeures.Un autre point important de l’effet de l’influence dans nos vies est important d’être détaillé. Être influencé c’est aussi être balloté au grès des désirs d’autrui et ainsi n’être que l’outil de la volonté de puissance d’autrui. C’est se mettre au service , sans être pleinement conscient de son dévouement. Bien entendu, à une plus grande échelle, nous sommes tous sous l’influence d’évènements extérieurs (météo qui agit sur notre humeur, conditions économiques et politiques, famille) et intérieurs (émotions, humeurs.. ) ; cependant en étant influencés par ces dernières, nous nous mettons sous l’influence d’un ordre plus grand qui pourrait être appeler Nature et non sous l’égide (positive ou négative) d’un autre. Nous serons toujours sous la loi de forces supérieurs dont nous ne comprenons pas le sens. Le discernement est donc important dans cette phase. Le discernement c’est choisir sous quelle influence je peux me situer. Chez les mystiques chrétiens, musulmans, juifs, zen, la source d’influence était le maître spirituel dont le but était de se libérer de toutes influences terrestres, matérielles afin de se situer directement sous l’influence supérieur, Les disciples se plaçaient alors sous l’influence divine, par l’intermédiaire de leur maître. On pourrait comparer ceci avec l’influence qu’exerçait le Roi de France sur la population. Le Roi était l’incarnation de Dieu sur Terre et la population en se plaçant sous son influence se mettait alors sous la protection divine. Il dépend donc à chacun de choisir sous quelle influence il souhaite mener sa vie. Il est possible aussi, de sentir en soi un but défini, et de s’y soumettre. On sera alors moins enclin à être le pantin d’autrui, on deviendra plus stable dans ses choix et la force qui en résultera agira sur autrui et sur nous-même. En se définissant un but qui nous anime de l’intérieur et en prenant la responsabilité de s’y tenir et de le mener à terme, on s’engage sous une loi d’influence totalement différente de ce qu’on aurait pu faire avant. Tous nos choix, nos rencontres tendent alors vers ce but et nous devenons l’outil de son oeuvre. C’est comme si l’acte créateur, ou la création elle-même se manifestait à travers notre personne. Bien sûr, ce but sera lui aussi sous l’influence de la Nature et de ses manifestations parfois violentes et destructrices mais il aura plus de chance à s’accomplir grâce à la force intérieure et à la loi d’influence sous laquelle on s’est manifestement placée.Dit comme cela, on pourrait penser qu’il est simple alors de redéfinir sa vie et de la mener vers une plus grande maîtrise créative. Même s’il est simple de redéfinir consciemment ses buts et de se penser à prime abord, assez fort et enthousiaste pour les accomplir, il ne faudra jamais oublier que ses propres programmations biologiques lutteront dans un premier temps ardemment contre le changement. En changeant d’influence, on enclenche aussi une modification des programmations instinctuelles. Mais celles- ci ne se laisseront pas transformer d’elles-mêmes. La transformation nécessite patience, force de l’esprit et du cœur, et sacrifice. On pourrait reprendre ces termes pour décrire les qualités d’un Michel-Ange réalisant le plafond de la chapelle Sixtine. La transformation intérieure est donc à l’image de la création externe, elle est l’œuvre d’un processus alchimique de transmutation du plomb en or. Le plomb symbolise nos conditionnements biologiques mais aussi ceux que l’on a dû

construire enfant face aux dangers du monde adulte. L’or symbolise cette transformation consciente vers laquelle on souhaite tendre, ce nouvel Homme primordial que l’individu crée de lui-même et par lui-même.