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- Magazine - L’HONORÉ Horlogerie Joaillerie Mode Beauté Art de vivre | PRINTEMPS | 2016 | N°1 | Comédie Française Trois siècles de créativité - Three centuries of creativity

L'Honoré Magazine #1

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- Magazine -L’HONORÉ

Horlogerie

Joaillerie

Mode

Beauté

Art de vivre

| PRINTEMPS | 2016

| N°1 |

C o m é d i e F r a n ç a i s e

Trois siècles de créativité - Three centuries of creativity

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Edito_

R A I S O N D ' Ê T R E

Le quartier de la rue Saint Honoré et de la place Vendôme a ceci de particulier qu’en plus d’abriter une

part importante du patrimoine de la Capitale, il demeure, dans le monde entier, le symbole d’une certaine vision

du luxe et de l’élégance à la française. Les grandes maisons y côtoient de nombreux artisans d’art et, de ce

fait, le quartier peut se targuer de concentrer nombre de savoir-faire. Les mettre en avant est une manière de rendre hommage à ceux qui les perpétuent ; c’est

précisément notre raison d’être.-

The area around Rue Saint Honoré and Place Vendôme is very special. Not only is it home to much of the heritage

of Paris, it is also the embodiment of a distinctive, French-style vision of luxury and elegance, acclaimed

worldwide. Major firms rub shoulders with innumerable craftsmen ; the neighbourhood lays claim to an extremely high concentration of knowhow. Promoting these different

skills is a way of honouring those who perpetuate this expertise ; and that’s precisely what we’re here for.

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2 0 9 RU E S A I N T H O N O R É - PA R I S 0 1 + 3 3 1 4 9 2 6 9 1 6 6

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REDACTION

Rédacteur en chef - Romain Riviere

Tél. 06 61 06 82 32

[email protected]

-

Mode et stylisme - Blanche Rivière

Tél. 06 46 39 51 58

[email protected]

TRADUCTION

David Buick - Delos Communications

DIRECTION ARTISTIQUE

& GRAPHISME

Elodie Dages

[email protected]

PUBLICITE

Aubin Gandillot

Tél. 06 18 25 77 83

[email protected]

IMPRIMERIE

Imprimerie de Champagne (France)

CONTACTS

L’Honoré Magazine est un support trimestriel

gratuit édité par Faubourg Presse SAS,

au capital de 1.000 euros, RCS 817807720

166, rue Saint-Honoré, 75 001 Paris

Président et directeur de la publication :

Romain Rivière

Dépôt légal : à parution

OmbelineDE LOUVIGNY

CécileBERNARDINI

Journaliste

Touchant aussi bien à la télévision qu’à la presse écrite, Ombeline de Louvigny est spécialisée dans les secteurs de la mode, du lifestyle et de la culture. Affecting both on television and the written press, Ombeline de Louvigny is specialized in fashionable, lifestyle and culture sectors.

Journaliste

Cécile Bernardini, rédactrice en chef de Chrono Lady, est une experte en horlogerie féminine. Pour L’Honoré Magazine, elle fait le point sur les tendances en la matière. Cécile Bernardini, Chrono Lady’s editor in chief, is an expert in women’s watches. For L’Honoré Magazine, she reports on trends in the field.

C O N T R I B U T E U R S

© Jean

Bou

tang

Et aussi :

Horlogerie | Olivier Muller Art de vivre | Sophie Lamigeon Automobile | Frederic Edmond

Epigramme | Altavilla

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S O M M A I R E

Épigramme

Au fil de l’histoire

Actualités | News

Rencontre | Meet Jean-Charles de Castelbajac

Reportage | Report Fragonard

Beauté | BeautyJoëlle Ciocco

Dossier | FeatureHorlogerie

Portfolio

Patrimoine | HeritageLa Comédie Française

Boutique | ShopColette

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S O M M A I R E

Mode | FashionPetit Bateau

Enquête | EnquiryMaroquinerie d'art

Savoir-faire | Expertise Orfèvrerie

Arts de la table | Table arts Bernardaud

Styles | StyleUn mariage au Mansart

Tendances | Trends

Héritage | Heritage Mellerio dits Meller

Portrait | PortraitMathieu Boulay

Quartiers libres | Free sideAuto - évasion - Conso

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ÉPIGRAMME _

Cygnes princesses et les pierres précieusesVoici la beauté monstrueuse

Vieille et pourtant éclose elle se dresseC’est Monsieur de Nemours épiant la princesse

La canne dans ses mains les pensées luxurieuses

*Ville qui vous carrez autour de ma mémoire

plus largementvotre beauté n’a pas d’oreilles

et vous parlez pourtantplus précisé

-mentdans les vitrines

luxueuse-ment

« Il vit qu’elle en faisait des noeuds à une canne des Indes, fort extraordinaire,

qu’il avait portée quelque temps. »

Pa

r - b

y A

lta

villa

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Au fil de l'histoire History_

V E N D Ô M EA peu de choses près, les suites du Ritz auraient donné vue sur une place vide. La colonne Vendôme, en effet, n’a pas

toujours été une évidence. Erigé en 1810 par Napoléon Bonaparte, désireux de

commémorer sa victoire à Austerlitz, ce monument, composé de 98 tambours de

pierre et recouvert du bronze de 1 200 canons pris aux armées russes et autri-chiennes, a d’abord été baptisé colonne Austelitz, puis colonne de la Victoire, et

encore colonne de la Grande Armée. D’un diamètre moyen de 3,60 mètres, il s’élève,

haut et fier, à plus de 44 mètres. A son sommet, trône une statue de l’empereur.

Mais en 1871, lors de l’insurrection de la Commune de Paris, le peintre Gustave Courbet exige sa démolition, considé-

rant la colonne comme un monument de barbarie, un symbole de force brute et de

fausse gloire, une affirmation du milita-risme, une négation du droit international,

une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus et, enfin, comme un attentat

perpétuel à l’un des grands principes de la République : la Fraternité. L’œuvre est

alors déboulonnée, pour n’être recons-truite que deux ans plus tard.

Pa

r - b

y B

lan

che

Riv

ière

S A N S C O L O N N EW h e r e w o u l d P l a c e Ve n d ô m e b e

w i t h o u t i t s c o l u m n ?

The Ritz suites might conceivably have offered views over an empty square ; indeed, the Vendôme Column’s destiny as a permanent fixture was anything but a foregone conclusion. The monument – made of 98 stone cylinders and covered with the bronze of 1,200 cannons captured from the Russian and Austrian armies – was erected by Napoleon Bonaparte in 1810 to commemorate his victory at Austerlitz. It has also been known at various times as the Austerlitz Column, the Victory Column and the Column of the Grande Armée. Standing proud at a height of 44 metres, and with an average diameter of 3.6 metres, it is topped by a statue of the Emperor himself. However, in 1871, during the Commune de Paris uprising, painter Gustave Courbet demanded that it be demolished, deeming the column to be a monument to barbarity, a symbol of brute force and vainglory, a celebration of militarism, a negation of international law, a permanent insult by the victors to the vanquished, and an unmitigated assault on one of the major principles of the Republic – Fraternity. The structure was therefore dismantled, only to be rebuilt two years later.

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Actualités News_

L ’emblématique marque de la mode des sports extrêmes, Vans, célèbre

cette année son cinquantième anniver-saire. Lancé en 1966 en Californie, le petit tennis en toile est maintenant présent dans 75 pays, et quelque 450 boutiques. Pour cette occasion, Vans sortira, tout au long de l’année, des produits spéciaux à l’instar du Pack Late Night, mettant à l’honneur nos mets favoris : impossible de résister ! Vans, the iconic fashion brand for extreme sports, is celebrating its fif-tieth anniversary this year. Launched in California in 1966, its canvas tennis shoes are now to be found in 75 countries and some 450 boutiques. To celebrate the occasion, throughout the year Vans will bringing out special products, such as the Late Night Pack, giving pride of place to our favourite foods – irresistible !

La marque de couture britannique Paul Smith remettra à jour, dans sa collection

automne – hiver 2016, les lignes définissant sa griffe. Par souci de simplification, les lignes actuelles se voient regroupées en deux col-lections : Paul Smith, et PS By Paul Smith, plus casual. Costumes aux lignes parfaites un brin british, rayures traditionnelles et impri-més animaux – dinosaures, tigres, girafes… -, couleurs vives des tableaux Pop Art, touche de cachemire et de cyclisme – Paul Smith étant un ancien cycliste… - Tout est là pour créer un look vintage parfaitement sixties, et pour habiller les businessmen anglosaxons… et français ! The British clothing brand Paul Smith will be updating its hallmark lines for its Autumn-Winter 2016 collection. The cur-rent ranges are being streamlined into two collections : Paul Smith and the more casual PS By Paul Smith, featuring perfectly-cut suits with a rather British touch. As well as traditional pinstripes, there’s also a selection of animal print casual wear (dinosaurs, tigers and giraffes), along with houndstooth patterns, bright psychedelic colours, touches of cash-mere, and shades of cycling (Paul Smith used to be a cyclist) ; in short, everything it takes to create that perfect sixties vintage look for businessmen – on either side of the Channel.

Après Londres, Berlin et Pékin, le constructeur automobile allemand

Audi prépare l’ouverture, en juin 2016, de son centre Audi City Paris. Situé place du Marche Saint-Honoré, ce showroom inno-vant proposera à la clientèle une expérience interactive inédite à travers des technologies de pointe. After London, Berlin, and Beijing, German carmaker Audi is preparing to open its Audi City Paris centre in June 2016. This innovative showroom on Place du Marche Saint-Honoré will offer customers a brand-new, interactive experience using state-of-the-art technology.

N E W S

Vans célèbre ses 50 ans

-Vans turns 50

Audi prépare son arrivée place

du Marché Saint-Honoré-

Audi prepares to arrive at Place

du Marché Saint-Honoré

Paul Smith ressort sa griffe

-Paul Smith makes its mark – again

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Actualités News_

La marque de mode enfantine Jacadi lance, au printemps, une nouvelle ligne

dédiée à la cérémonie. Baptisée Moments d’Exceptions, elle propose notamment des robes précieuses et délicates, et des petits costumes « fittés ». Une collection de quelques pièces créatives conçues en asso-ciation avec des artisans français. Pour cette première saison, la marque met à l’honneur la précieuse dentelle de Calais, grâce à la participation de la Darquer, célèbre maison dentellière du Nord. De quoi faire rêver les petits… comme les plus grands. This spring, children’s fashion brand Jacadi will be launching a new line especially for ce-remonies. Dubbed Moments d’Exceptions, it features gorgeous, delicate dresses and little ‘fitted’ suits in a limited collection of creative garments designed in association with French tailors. For this first season, the brand is giving pride of place to precious Calais lace, thanks to the involvement of Darquer, the legendary lace firm based in the Nord department of France. The result is the stuff of dreams – of both children and adults.

Le spécialiste des chemises et accessoires d’inspiration anglaise a ouvert sa se-

conde boutique parisienne rue de l’Arcade, à deux pas de la Madeleine. Dans leur espace de vente de 45 m2, inspiré par l’univers élégant du voyage, les fondateurs, Erwann et Renaud, mettent en avant un décor de malles en bois où sont exposés différents espaces de chemises, de cravates, de bou-tons de manchettes, de chaussettes et de maroquinerie. The English-style shirt and accessories specialist has opened a second boutique in Paris in Rue de l’Arcade, just a stone’s throw from La Madeleine. In their 45sqm sales area, which draws inspiration from the elegant world of travel, founders Erwann and Renaud have gone for decor featuring wooden chests, with different dis-play spaces for shirts, ties, cufflinks, socks and leather goods.

A l’occasion du 85e anniversaire de son emblématique Reverso, la manufacture

horlogère suisse Jaeger-LeCoultre offre à sa collection des habits de fête, nés de la rencontre avec Christian Louboutin. Pour le créateur, une montre est indissociable de son bracelet. Il a donc envisagé ses modèles à la façon de la création d’une collection de bijoux, leur don-nant à chacune une identité forte : éxubérante, transparente, brillante, ultraféminine… For the 85th anniversary of its iconic Reverso, Swiss watchmaking manufacture Jaeger-LeCoultre has decked out its collection in new finery – the fruit of a meeting with Christian Louboutin. Firm in the conviction that a watch and its strap are one and the same thing, the designer has approached this undertaking just as if it were a jewellery collection, giving each piece a characteristic identity : exuberant, transparent, brilliant, ultra-feminine, and more besides.

The Nines s’installe à la Madeleine

-The Nines sets up shop

at La Madeleine

Christian Louboutin revisite la Reverso

de Jaeger-LeCoultre -

Christian Louboutin revisits Jaeger-LeCoultre’s Reverso

Jacadi en dentelles

-Jacadi in lace

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Actualités News_

Ouverte il y a huit ans au 271 de la rue Saint Honoré, la boutique Hublot – alors

sa première au monde – a rouvert ses portes après un mois de travaux. Le point de vente s’est doté de nouvelles façades extérieures et s’est penché sur un réaménagement de ses espaces de vente, selon son concept d’Art de la Fusion : un jeu subtil de matières, de tissus et de styles, conférant à la boutique une atmosphère de luxe et d’élégance et une ambiance feutrée. L’art est présent au cœur de la boutique puisque la manufacture horlogère suisse a fait réaliser par des artisans italiens des plaques en verre spatulées et argentées, destinées à mettre en avant ses pièces maîtresses.The first Hublot boutique in the world originally opened eight years ago at 271 Rue Saint Honoré – and has now reope-ned after a month of remodelling works. The outlet now boasts new outside facades and redesigned sales areas, in line with its Fusion Art concept : a subtle interplay of materials, fabrics and styles, giving the boutique an elegant, luxurious atmosphere with a friendly feel. Art is also present at the heart of the store : to show off its masterpieces, the Swiss watch manufacturer has had silver-coated, spoon-shaped glass plates made by Italian craftsmen.

Hublot fait peau neuve rue Saint Honoré

-A facelift for Hublot

in Rue Saint Honoré

Le joaillier de la place Vendôme Jaubalet franchit une étape supplémentaire dans

son développement, en proposant de nou-veaux services reposant sur l’utilisation de la 3D et de la cire. La maison met au service de ses clients son savoir-faire sur son site Internet, animé en direct par des experts au moyen d’un service de discus-sion. Jaubalet accompagne ainsi chaque client, du croquis initial aux détails de fi-nitions, en leur proposant notamment la validation d’une maquette de cire en 3D. De cette manière, le joaillier peut vendre ses bijoux dans le monde entier, le plus simplement du monde. Jaubalet jewellers on Place Vendôme has taken further step forward, offering new services based on the use of 3D and wax. The firm can now make its knowhow available to customers live on its website using a chat service. Jaubalet assists each customer, from the original sketch down to the finishing details – and, in addition, offers final confirmation in the form of a 3D wax model. It’s a smart and simple way for the firm to sell its jewellery anywhere in the world.

Jaubalet, le joaillier 3.0

-Jaubalet – jewellery 3.0

Tous les grands footballeurs de la planète l’ont déjà porté. Mais peu savent que

le Fifa Ballon d’Or est une œuvre conçue, depuis sa création en 1956, par le joaillier Mellerio dits Meller, fondé, lui, il y a quatre siècles. Nécessitant des dizaines d’heures de travail, ce trophée passe entre les mains de nombreux artisans : l’orfèvre, le repousseur, le ciseleur, le graveur, le doreur, le polis-seur, etc. Depuis 1956, cette statuette n’a quasiment pas changé : elle est constituée de deux demi-sphères de laiton, soudées au chalumeau, et remplies de cire. Connu pour son travail pour les têtes couronnées d’Europe depuis le XVIIe siècle, Mellerio dits Meller conçoit également des trophées pour d’autres organisations. Many of the world’s greatest footballers have held it aloft at some point, but few know that the Ballon d’Or trophy was originally designed in 1956 by jewellers Mellerio dits Meller, founded four centuries ago. Requiring many hours of work, the trophy is passed from craftsman to craftsman : goldsmiths, turners, cutters, engravers, gilders, polishers, and so on. The trophy has remained virtually unchanged since 1956 : two brass half-spheres, welded together and filled with wax. Mellerio dits Meller, renowned for its work for European monarchs since the seventeenth century, also designs trophies for other organisations.

Le Ballon d’Or selon Mellerio

-The Golden Ball

a Mellerio creation

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Actualités News_

Le joaillier italien Buccellati, jusqu’alors installé place Vendôme, a ouvert son

nouveau point de vente rue de La Paix, au numéro 1. Cette nouvelle boutique, qui s’étend sur 200 m2, est inspirée du nouveau concept mis en place par l’atelier Vudafieri Saverino Partners, et habillant déjà les boutiques de New York, de Bal Harbour, de Chicago ainsi que les cornes des Galeries Lafayette à Paris, de Neiman Marcus à Palm Beauch ou de Gump’s à San Francisco.Italian jewellers Buccellati, previously located on Place Vendôme, has opened its new outlet at 1 Rue de La Paix. The new 200sqm boutique draws inspiration from the new concept imple-mented by Vudafieri Saverino Partners, already used to decorate the New York, Bal Harbour and Chicago stores, as well as the shops-in-shops in Galeries Lafayette in Paris, Neiman Marcus in Palm Beach, and Gump’s in San Francisco.

La marque de bijouterie grecque Apriati a ouvert, fin 2015, un nouveau point de

vente à Paris, en rive droite, au 310 de la rue Saint Honoré. Spacieux et lumineux, il reprend les codes forts de l’entreprise : bois naturel et vitrines noires. Apriati y présente des bijoux flottant, volant ou s’animant sur de longues colonnes en marbre blanc. A l’intérieur, les créations, toutes réalisées à la main dans l’atelier d’Athènes, sont installées sur du sable noir. In late 2015, the Greek jewellery brand Apriati opened a new outlet on the Paris right bank, at 310 Rue Saint Honoré. The store is light and roomy, and makes use of the firm’s distinctive style codes : natural wood and black windows. The jewellery displayed at Apriati floats, flies and dances across tall white marble columns. The creations inside – all hand-made in the Athens workshop – are showcased on black sand.

Parce que son histoire est atypique, Tournaire a tenu à la recenser dans un

ouvrage de grande qualité : Tournaire, une histoire. Installé place Vendôme, la maison française est née de la fascination de Philippe Tournaire pour les méthodes primitives per-mettant aux hommes d’autrefois de façonner des objets. L’autodidacte raconte son par-cours, ses années de travail en solitaire dans une cave abandonnée, son refus, d’abord, de travailler les métaux précieux, puis son développement : sa première boutique chez lui, à Montbrison ; sa seconde à Lyon, puis sa troisième au cœur de la joaillerie mondiale, place Vendôme. Il y met en avant, également, le travail et la vision de son jeune fils Mathieu, déjà auteur de collections significatives.Tournaire’s story is like no other – and so the firm has decided to set it down in a high-qua-lity book : Tournaire, une histoire. The French maison on Place Vendôme was the outcome of Philippe Tournaire’s fascination with the primitive methods used in ancient times to fashion objects. The self-taught craftsman tells of his years working alone in an empty cellar, his original refusal to work with precious metals, and his later developments : his first boutique in his home town, Montbrison ; his second in Lyon ; and his third at the heart of world jewellery, on Place Vendôme. He also highlights the work and vision of his young son Mathieu, who has already produced some significant collections himself.

Apriati s’offre un écrin rue Saint Honoré

-Apriati finds a showcase

on Rue Saint Honoré

Buccellati s’offre La Paix-

Buccellati heads for La Paix Tournaire, l’histoire-

The story of Tournaire

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Rencontre Meet_

Vos couleurs et vos dessins renvoient souvent à un univers enfantin. Etes-vous atteint du syndrome de Peter-Pan ? Dans le village de Mesnières-en-Bray, où se trouvait ma pension, notre uniforme était gris et il pleuvait tout le temps. Enfant, j’ai un jour décidé de capturer l’arc-en-ciel. Il ne m’a jamais quitté. C’est pour cette raison qu’il y a toujours de la couleur dans mes dessins. Ils renvoient à l’héraldisme, qui est la science des blasons, à celle des drapeaux et aux vitraux. Plus que celui de l’enfance, mes dessins renvoient souvent à un monde presque médiéval. Plutôt que Peter Pan, je préfère Miguel de Cervantes qui a dit : « garde toujours dans ta main celle de l’enfant que tu as été ». Celui que j’ai été, je ne l’ai jamais lâché. D’ailleurs, comme Saint François d’Assise, j’aime parler aux oiseaux et je discute spontanément et facilement avec les enfants.

L’année dernière, vous avez créé Castelbajac Creative Agency, pour conseiller les marques. Une suite logique à votre carrière, en fin de compte…Ce qui me touche le plus, quand je regarde quarante ans de ma vie, c’est la cohérence. Ma vie est faite de colla-borations : Basquiat, Keith Haring, Vivienne Westwood, Xavier Veillant, Mappelthorpe, Cindy Sherman, Livero Toscani… En dehors de la mode, j’ai souvent été sollicité pour être le directeur artistique de différents projets, pour créer des événements… C’est ma vision que cherchent les marques. Creative Agency, c’est tout cela et c’est aussi l’aventure d’un père avec ses deux fils. C’est notre sens de la famille.

Que pensez-vous de tous ces grands créateurs - Elbaz, Raf Simons… - qui, dernièrement, ont quitté les maisons

Pa

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J E A N - C H A R L E S D E C A S T E L B A J A C

Artiste hétéroclite aux multiples talents, Jean-

Charles de Castelbajac est inclassable : créateur de

mode, designer, costumier, écrivain… Rencontre

avec un homme au cœur d’or qui peut se targuer

d’avoir habillé des personnalités aussi différentes

que Jean-Paul II ou Lady Gaga.

Jean-Charles de Castelbajac is an eclectic and

multi-talented artist. Part fashion designer, part

stylist, part costume designer, part writer, he sim-

ply defies categorisation. Meeting him, we disco-

vered a man with a heart of gold who has clothed

everyone from Pope John Paul II to Lady Gaga.

Your colours and designs often have something of the childlike about them. Have you been afflicted by the Peter Pan syndrome ? My boarding school was in the village of Mesnières-en-Bray. Our uniforms were grey and it rained non-stop. As a child, one day I decided I would capture the rainbow, and it’s never got away from me since ! That’s why there’s always colour in my designs. They remind me of heraldry : the science of coats of arms, flags and stained-glass windows. I think my designs are more often evocative of a quasi-medieval world than simply of childhood, though. Rather than Peter Pan, I think in terms of Miguel de Cervantes, whose advice was : “ never let go of the hand of the child you once were ”. I’ve never let go of the child in me. And like Saint Francis of Assisi, I like to talk to the birds, and find it easy to strike up conversations with children.

Last year, you set up the brand consultancy Castelbajac Creative Agency. Was that simply the logical next step in your career ?What strikes me the most, when I look back on the last forty years of my life, is consistency. My life is one of partnerships. Basquiat, Keith Haring, Vivienne Westwood, Xavier Veillant, Mappelthorpe, Cindy Sherman, Livero Toscani… outside the world of fashion, I’ve often been called on to act as artistic director for a range of projects, create events, and so on. Brands are drawn by my sense of vision. Creative Agency is all this and more – a father’s adventure with his two sons. It’s all about our sense of family.

What do you think about the great designers such as Elbaz and Raf Simons having left their positions as artistic directors of various French haute couture firms ?

“ L a m o d e e s t e n m a l d ’ e g o ”

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Mo

de

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shio

n

Rencontre Meet_

>

“ F a s h i o n b a d l y

n e e d s m o r e p e r s o n a l i t y ”

de haute-couture françaises pour lesquelles ils étaient directeur artistique ? Quand j’ai commencé et que je réalisais un croquis, je n’avais pas affaire à des personnes sortant d’écoles de commerces et de marketing me disant comment le revisiter. Lorsque les choses se passent de cette manière, votre dessin finit par ne plus exister. Il est complétement désincarné. Le problème, donc, est que tous ces jeunes talentueux ne sont pas au service de leur propre style. Ils doivent intégrer l’idée du créateur

When I started out, and produced a sketch or something, I didn’t have to deal with people from marketing or fresh out of business school telling me what needed doing to it. Once you get to that point, your design ends up disappearing altogether. The life and soul is cut out of it. The problem is that all these budding talents haven’t really developed their own style. They have to get to grips with the idea of being a creative designer and not impose their own identity, or they end up sending out mixed messages.

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> et ne pas mettre leur propre identité en avant, afin d’éviter la confusion des genres.

Votre regard sur la mode d’aujourd’hui ?Elle est en mal d’égo. La mode a besoin de l’art pour mettre en avant des produits désincarnés et, d’autre part, elle a besoin de créateurs talentueux pour créer et recréer autour de la marque. Bien souvent, les créateurs, en mal de reconnaissance, s’éloignent de l’identité de la marque. Pour Rossignol, par exemple, je dessine depuis treize ans et travaille toujours sur l’identité de la marque.

Vous avez habillé des personnalités multiples. Laquelle aimeriez-vous particulièrement habiller aujourd’hui ? Le Pape François, car c’est un propagateur et un homme extrêmement courageux. J’aimerais également habiller Marina Hands, que je trouve aussi belle que mystérieuse. Elle est différente. Mais je pense aussi à Catherine Deneuve dont la beauté, depuis toujours, est de l’ordre de la présence charismatique.

Votre rapport à la religion ? J’entretiens avec la religion un rapport assez intime et mystérieux. Il y a une très grande osmose entre mon travail et ma foi. Cette dernière est importante pour moi, mais au-delà de cet aspect, je parle d’espérance dans mon travail. Ces anges que je dessine partout sont comme des messages très simples. Ils sont devenus l’un des symboles de ma maison, sans doute car j’ai une relation spirituelle à mon travail. Avec André Courrèges, nous faisions parti du Comité national d’art sacré. C’est à travers lui que, dans les années 90, Monseigneur Lustiger a été amené à me contacter pour habiller le Saint Père. A vrai dire, je suis très fier d’être l’unique créateur à avoir habillé un Saint. La chasuble de Jean-Paul II est aujourd’hui conservée dans le trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Parmi toutes vos rencontres, laquelle vous a particu-lièrement ému ?Je me souviens surtout de celle avec Jean Paul II, qui m’a dit la plus belle phrase entendue de toute ma vie : « vous avez utilisé la couleur comme ciment de la foi. » Monseigneur Lustiger avait d’ailleurs ajouté : « et de l’espérance ».

Vous dites souvent que le seul créateur a avoir compris votre univers était André Courrèges…En effet. J’ai aimé faire de la mode pour sa dimension expérimentale, pour inventer des choses : des flous, des transparences… Et le seul qui ait vu que je ne parlais pas de mode mais de style, c’était André Courrèges. Il m’a contacté une première fois dans les années 70, mais rien ne s’est fait car nous avions deux fortes personnalités. Il m’a rappelé dans les années 90, et nous avons eu, cette fois, deux collaborations magiques.

What’s your view of fashion today ? It badly needs more personality. Fashion needs art to promote ethereal products, and needs talented creatives to come up with new ideas and refine others for the brand. Creative types often feel the need to assert themselves, and so end up not reflecting a brand’s identity. For my part, while I’ve been doing design work for Rossignol for thirteen years now, I’ve never broken step with the brand’s identity.

You’ve designed clothes for many public figures in your time. Is there someone who you’d particularly like to do that for right now ? Yes, Pope Francis : he’s a communicator, and a very cou-rageous individual. I’d also like to design something for Marina Hands, who I find as beautiful as she is enigmatic. She’s different somehow. And, too, there’s Catherine Deneuve, whose beauty has ever been bound up with her charismatic presence.

What’s your relationship with religion like ? My relationship with matters of faith is quite intimate and mysterious. There’s a lot of interplay between my work and my faith. My faith is important to me, but even more importantly, my work itself expresses hope. The angels I draw here, there, and everywhere are like a little message. They’ve become one of the symbols of my firm, no doubt because I have a spiritual relationship with my work. André Courrèges and I were members of France’s National Committee for Sacred Art. It was through him that in the 1990s, Mgr Lustiger ended up contacting me to design clothes for the Pope. And the truth is, I’m very

“ Les anges sont les symboles de

ma maison, car j'ai une relation spirituelle avec

mon travail ”

Rencontre Meet_

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LE PREMIER ARRONDISSEMENT DE CASTELBAJAC

CASTELBAJAC’S FIRST ARRONDIS-SEMENT

Avant d’y ouvrir sa première

boutique, Jean-Charles de

Castelbajac a vécu dans le « 1er » :

au Brighton d’abord, puis au

Meurice. Ses adresses fétiches :

> LE BAR DU MEURICE, au

228 rue de Rivoli : il lui a créé le

cocktail JCDC à base de gin et de

gingembre ;

> LA LIBRAIRIE DELAMAIN, au

155 rue Saint Honoré ;

> LA BOUTIQUE RARISSIME, au

18 rue Saint Roch. « L’une des plus

étroites et anciennes de Paris. Sa

devanture indique 1638 ! » ;

> EBIS, au 19 rue Saint Roch. « Le

meilleur restaurant japonais de

Paris. »

> LA CONTRIE, au 11 rue de la

Soudière. « Une femme y crée des

sacs sur mesure. »

He lived there before he ever

opened his first store there :

firstly at Hôtel Brighton, then at

the Meurice. Here are his abso-

lute favourite haunts :

> THE MEURICE BAR – and the

JCDC cocktail he created for it,

based on gin and ginger ;

> THE DELAMAIN bookshop at

155 Rue Saint Honoré ;

> THE RARISSIME STORE at 18

Rue Saint Roch : “ one of the

narrowest shops in Paris, and

one of the oldest, too : its timber

frontage bears the date 1638 ” ;

> EBIS, “ the best Japanese

restaurant in all Paris ”, at 19 Rue

Saint Roch ;

> LA CONTRIE : a woman

leatherworker who makes

bespoke bags at 11 rue de la

Sourdière.

proud of being the only stylist to have clothed a saint ! John Paul II’s chasuble is now part of the treasure kept at Notre Dame de Paris cathedral.

Of all the people you’ve met, who has made the most impact on you ?Most of all I remember meeting Pope John Paul II, who said the most wonderful thing I’ve ever heard : “ you’ve used colour as mortar to hold faith together ”. And Mgr Lustiger went on to add : “ and hope ”.

You often say that the only designer to have understood your world was André Courrèges.Indeed. I like working in fashion because of its experimental aspect ; it provides opportunities for invention. There are blurred lines, see-through layers – and the only person to have grasped that I was addressing style rather than fashion was André Courrèges. He contacted me initially in the 1970s, but nothing came of it because we both had such strong personalities. He got back in touch in the 1990s, and on that occasion, we enjoyed two magical opportunities to work together.

Rencontre Meet_

Mo

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Reportage Report_

F r a g o n a r d ’ s n e w p a r i s s h o w c a s e

La presque centenaire maison de parfumerie Fragonard, née à Grasse dans

les années 20, s’offre un nouvel écrin au cœur de la Capitale, à quelques

pas de l’Opéra Garnier. Ce Nouveau Musée du Parfum s’avère, en réalité,

une formidable vitrine du patrimoine. Visite guidée. It’s nearly one hundred

years since the Fragonard perfumery was founded in Grasse in the 1920s.

Now it has a new showcase in France’s capital city, just a stone’s throw

from the Palais Garnier Opera House. A visit to this ‘New Perfume Museum’

reveals just how good an advertisement for that heritage it is.

D’abord, il y a cette adresse qui en dit long sur le site : square de l’Opéra Louis-Jouvet, à deux pas de l’Opéra Garnier, en plein cœur de la

Capitale. Le Nouveau Musée du Parfum Fragonard promet de s’inscrire dans un cadre chargé d’histoire. Puis il y a cette promesse tenue : le lieu, héritage évident de plus d’un siècle d’histoire, est bien plus qu’un musée du parfum. Il est le gardien d’un patri-moine, le témoin du temps qui court. Après un an et demi d’intensifs travaux, réalisés selon les souhaits les plus strictes de l’entreprise et de son architecte, François Muracciole, le lieu, ouvert en septembre 2015, demeure le garant d’une certaine continuité. De fait, l’histoire et le patrimoine y jouent un rôle omniprésent : les multiples facettes du lieu sont au centre même du musée, des poutres Eiffel aux murs de briques, en passant par les pavés de verre ou encore par cette immense verrière surplombant la boutique adjacente au musée.Il faut dire que, peu connue du grand public, l’adresse abritait, depuis 1880, l’Eden Théâtre. Rebaptisé par la suite Grand Théâtre, il accueille alors bals féériques et autres représentations en vogue. Rapidement, en raison d’une gestion hasardeuse, le théâtre est contraint de fermer et, en partie détruit, laisse la

The address itself speaks volumes : Square de l’Opéra Louis-Jouvet, a stone’s throw from the Garnier Opera House, at the very

heart of Paris. The implicit promise of Fragonard’s New Perfume Museum is that it will acknowledge the surrounding weight of history here. As in-deed it does : the edifice clearly embodies over a century of human activity, and is by nature far more than just a perfume museum. It is the custodian of a heritage, bearing witness to a whole bygone era. After eighteen months of intensive renovation work, carried out strictly according to the firm’s wishes and those of its architect, François Muracciole, the venue opened in September 2015, preserving a suitable air of continuity. Indeed, history and heritage are everywhere you look here. The many facets of the building embody the ethos of the museum – from the Eiffel beams to the brick walls and glass panels, not forgetting the huge glass roof above the shop next to the museum.The address may be little known to the general public, but originally (from 1880 onwards) it was home to the Eden Theatre. Later renamed the “ Grand Théâtre ”, this was a venue for fairytale

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place à un manège vélocipédique installé à la place de l’ancien fond de scène. Mais ce vélodrome du quartier de l’Opéra, prisé des parisiens désireux, pour une dizaine de francs, de se familiariser avec ce nouveau moyen de transport tout à fait moderne, devient rapidement le show room du négociant de meubles anglais, Maple & Co, profitant de l’immen-sité du lieu, affichant près de 1 200 mètres carrés, pour imaginer une nouvelle façon de présenter le mobilier à ses clients. Finalement, en 2014, après 118 ans d’exploitation du lieu, Maple & Co cède cet ensemble à la maison de parfumerie Fragonard, désireuse, justement, d’installer un nouveau musée dédié à son environnement : la matière première, le métier de parfumeur, les secrets de fabrication, mais aussi à ses impressionnantes collections de flacons et d’étiquettes. Là, dans une ambiance authentique, la maison de parfumerie, fondée en plein âge d’or du parfum, en 1926, invite le visiteur à remonter le temps.

MÉLANGEUR À AILETTES

Ce voyage s’articule autour de la salle de fabrication, où trône un mélangeur à ailettes pour matières premières, provenant de l’une des plus anciennes usines de parfumerie de Grasse : un gigantesque appareil, participant à conférer au lieu son caractère authentique permettant au visiteur de plonger di-rectement dans l’ambiance d’une usine il y a près de cent ans. A ses côtés, sur la coursive qui a été conservée, sont exposés alambics et autres cuves de macération, datant de la fin du XIXe siècle et dont le visiteur apprend qu’ils étaient, à l’époque, portatifs,

balls and other fashionable shows of the day. Suffering from poor management, the theatre was soon forced to close, and was partially demolished – with a bicycle merry-go-round installed where the backstage area used to be. It was not long, however, before this velodrome in the Opéra district – descended on by Parisians willing to fork out a few francs to discover this new-fangled means of transport – became the showroom for Maple & Co, an English furniture trader. The vast area, totalling some 1,200sqm, offered the firm a new way to display furniture to its customers. After having been in business on the site for 118 years, in 2014 Maple & Co sold the premises to the Fragonard perfumery, which was keen to set up a new museum displaying aspects of its own very special world : raw mate-rials, the perfumery trade, some manufacturing secrets, and an impressive collection of bottles and labels. As a result, the perfumery – founded in 1926 when the golden age of perfume was at its height – can invite visitors to travel back in time in an absolutely authentic atmosphere.

AUTHENTIC ATMOSPHERE

The journey is organised around the manufactu-ring room, where an agitator for mixing raw ma-terials from one of the oldest perfume factories in Grasse takes pride of place. This huge piece of apparatus helps give the venue its authentic atmosphere, immediately plunging visitors into the factory environment of nearly a century ago. Next to it, along a preserved walkway, there is

l 1 l Au centre du

musée, la salle de

fabrication.

l 2 l Le cabinet de

curiosités et ses

objets hétéroclites.

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Reportage Report_

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Reportage Report_

“ La

maison de

parfumerie

invite

le visiteur

à voyager

dans le

temps ”

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de manière à être utilisés dans les champs de fleurs.Dans les salles adjacentes, un ensemble de photogra-phies noir et blanc retracent les étapes de fabrication du parfum. Réalisé au début du XXe siècle à Grasse, ce repor-tage s’impose comme un té-

moin majeur d’un temps révolu. Des films mettent également en lumière les différents procédés – cueillette, enfleurage, distillation, laboratoire… – et l’importance de l’homme, pilier de ce savoir-faire artisanal. Un peu plus loin, le musée expose un orgue à parfum sur lequel sont exposées quelque 250 essences différentes. Un éveil des sens marqué par les notes acidulées des agrumes, laissant tantôt la place à des notes florales ou fruitées, tantôt à des touches épicées ou boisées. L’occasion d’ap-prendre l’évolution olfactive d’un parfum au fil des heures, et de comprendre le mécanisme des notes de tête, de cœur et de fond : les notes d’agrumes ou d’aromates, prépondérantes les deux premières heures, laissent ensuite la place aux notes fleuries, vertes, fruitées ou épicées, puis, passée la sixième heure, aux notes boisées. C’est autour de ce grand principe et de ces multiples essences que le maître parfumeur met au point, parfois à force de longs mois de travail, ses recettes.Passées ces étapes, le Nouveau Musée du Parfum présente au visiteur une impressionnante collection de flacons anciens. Un véritable voyage dans le temps, permettant de redécouvrir l’évolutions des cultures à travers les siècles et, même, les millénaires, puisque le plus ancien exposé est daté de – 3 000 ! De l’Egypte ancienne jusqu’aux parfums coutures des temps modernes, en passant par l’art du fla-connage des XVIIe et XVIIIe siècles, les pots-pourris de Louis XIV, ou encore les nécessaires de voyage et les coffrets précieux du XVIIIe siècle… pas moins de 300 objets retracent l’histoire de la parfumerie. ◊

a display of stills and maceration tanks dating back to the late nineteenth century ; visitors learn that in the past these items were portable, so that they could be used in the flower fields.In the adjacent rooms, a series of black and white photographs show the stages in per-fume manufacturing. This photo-report was made in Grasse in the early twentieth century, an important testimony to an age long since departed. There are also films showing the details of different processes such as picking, enfleurage, distillation and lab work – as well as highlighting the importance of the people themselves, the cornerstone of this craft. A little further on, the museum displays a perfume organ featuring some 250 different essential oils. The resulting awakening of the senses introduces sharp citrus scents, giving way to floral and fruity fragrances or spicier, woody notes. This is the place to learn how the scent of a perfume changes with the passage of time and understand the mechanism of top, heart and base notes : citrus or herbal notes dominate for the first couple of hours, before making way for floral, green, fruity or spicy notes and then, after six hours, woody notes. Master perfumers use this great principle – and the many different essential oils at their disposal – to perfect their recipes, sometimes calling for many months of work.Following on from these sequences, the New Perfume Museum presents visitors with an im-pressive collection of historic bottles. This voyage through time depicts changing cultures down through the centuries, and indeed millennia – the oldest bottle on display dates back to 3000 BC. There are over three hundred objects covering the history of perfume-making, from Ancient Egypt to the designer perfumes of modern times, not forgetting the bottle art of the seventeenth and eighteenth centuries, Louis XIV’s pot pourris, and eighteenth-century travel kits and caskets. ◊

“Le témoin majeur d’un temps révolu ”

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Reportage Report_

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L’usine qu’occupe la maison de parfume-

rie figure comme l’une des plus anciennes

parfumeries de Grasse, puisque son

origine remonte à 1782. En 1926, cette

fabrique prend le nom de Fragonard,

en hommage au peintre Jean-Honoré

Fragonard – 1732 – 1806 –, fils du gantier

parfumeur grassois François Fragonard.

C’est là que l’entreprise familiale produit

encore, selon son savoir-faire artisanal,

des parfums, eaux de toilettes, cosmé-

tiques ou savons. Depuis peu, Fragonard,

en plein développement, s’ouvre égale-

ment à d’autres univers proches comme

celui de la décoration et de la maison.

The factory occupied by the perfu-

mery is one of the oldest in Grasse,

having been in existence since

1782. In 1926, the establishment

took on the name of Fragonard in

homage to the painter Jean-Honoré

Fragonard (1732-1806), the son of

Grasse perfumer and glovemaker

François Fragonard. The family firm

is still there, using its craftsmanship

to produce perfumes, toilet waters,

cosmetics and soaps. More recently,

Fragonard has expanded and

broadened out to encompass other

related spheres, such as decoration

and homecraft

DU PEINTRE À LA MAISON

DE PARFUMERIE

FROM PAINTER TO PERFUMERS

Musée

Nouveau Musée du Parfum3 - 5, square de l’Opéra

Louis Jouvetdu lun. au sam. de 9h à 18h

Reportage Report_

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Marque Brand_

La peau nous parle », assure Joëlle Ciocco. Elle en sait quelque chose : ses quarante années d’expérience lui ont permis de la comprendre

d’abord, puis d’élaborer une nouvelle discipline, bap-tisée l’épidermologie. Une sorte de haute cosmétique, à mi-chemin entre la psychothérapie et la cosmé-tique. « L’épiderme n’est pas neutre, au contraire : il dispose d’un éco-système vivant, capable d’évoluer et de se modifier selon les personnes, les origines génétiques, les modes de vie, les états émotionnels, etc. A chaque perturbation, il se déséquilibre, perd sa protection naturelle et vieillit », ajoute la biochimiste de formation, désormais reconnue internationalement pour son travail et dont le centre de soins est installé, depuis des années, en plein cœur du luxe parisien, place de la Madeleine. L’epidermologie ? « C’est à la fois l’étude du vêtement de la peau, et une méthode du soin par l’hygiène et la respiration pour l’embellir », reprend Joëlle Ciocco, ajoutant que « l’épiderme d’aujourd’hui montre de nouveaux besoins pour respirer et s’alimenter afin de mener à bien sa quête de jeunesse. » Cette quête, c’est la mission de cette cinquantenaire, que les grands noms de la mode et du show-biz s’arrachent, de même que L’Oréal qui en a fait son experte internationale. Concrètement, il s’agit de construire un équilibre cutané grâce à l’application de produits intelligents, en vue d’offrir une peau calme, rassurée et capable de se défendre des agressions.Pour y parvenir, la maison Joëlle Ciocco assure une prestation globale et entièrement Made in France : le

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Our skin talks to us, ” insists Joëlle Ciocco. And she should know : her forty years’ experience have helped her understand

skin and go on to form a new discipline, known as epidermology. It’s a kind of fine cosmetics, half-way between psychotherapy and cosmetics itself. “ The epidermis is anything but inert : it has its own living eco-system, capable of altering and changing depending on the individual, genetic origin, lifestyle, emotional state, and so on. Every time it’s disturbed, it loses its balance and na-tural protection – and ages, ” adds the qualified biochemist, now internationally acclaimed for her work, and with a treatment centre of many years’ standing located at the very heart of the luxury district in Paris, on Place de la Madeleine. So just what is epidermology ? “ It’s both the study of the skin covering, and a treatment method for enhancing it, based on hygiene and breathing, ” explains Joëlle Ciocco, adding that “ nowadays, to succeed in its quest for youth our epidermis is expressing new needs when it comes to breathing and nourishment. ” This quest is also the mission of this woman in her fifties, much sought after by the big names in fashion and show business, not to mention L’Oréal, which has made her their international expert. Practically speaking, it involves building skin balance through the application of intelligently-devised products, so as to provide calm, reassured skin that’s capable of fending off attacks. To do so, Joëlle Ciocco offers a global service

«

L A H A U T EC O S M É T I Q U E D E J O Ë L L E C I O C C O

Au fil de quarante ans d’expérience, Joëlle

Ciocco a élaboré une discipline de haute

cosmétique reposant sur l’étude de l’éco-

système de la peau : l’épidermologie. Elle

l’exerce depuis son centre de soins, situé

place de la Madeleine.

With over forty years of experience,

Joëlle Ciocco has developed a discipline

of fine cosmetics, based on a study of

the skin’s eco-system : epidermology.

She practices this art in her treatment

centre on Place de la Madeleine.

F i n e c o s m e t i c s a s p r a c t i s e d b y J o ë l l e C i o c c o

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laboratoire à taille humaine qu’elle a créé, en région parisienne, développe et fabrique des produits de soins à la façon d’un atelier d’art cosmétique, c’est à dire en suivant un cahier des charges extrêmement strict, répondant aux exigences les plus pointues de ses clients. Chaque étape – extraction des matières premières, conditionnement sous vide… – préserve l’efficacité des formules et respecte l’environne-ment. Ce sont ces produits, et uniquement ceux-ci, que l’epidermologue applique à ses patients depuis son centre parisien. Et comme la demande ne fait qu’augmenter, Joëlle Ciocco s’apprête à ouvrir, place de la Madeleine, sa propre école de formation. Une sorte d’aboutissement. ◊

that’s entirely Made in France : the human-sized laboratory she’s set up in the Paris region develops and manufactures treatment products in a practice akin to a cosmetics craft workshop. That means following extremely stringent specifications, and complying with the most demanding requirements of its clients. Each stage – extracting raw materials, vacuum packaging and so on – protects the efficacy of the formulas and is environmentally-friendly. These products are the only ones used for patients by the epidermologist in her Parisian treatment centre. And since demand is ever-increasing, Joëlle Ciocco is preparing to open her own training school on Place de la Madeleine – a fitting culmination. ◊

“ Un véritable atelier d’art de la cosmé-tique ”

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Made of Tour Eiffel

TOUR EIFFEL

When the world’s most famous monument

becomes a timepiece.

T O U R E I F F E L . S A I N T H O N O R E . C O M

When the world’s most famous monument

becomes a timepiece.

BOUTIQUE SAINT HONORE PARIS326, rue Saint-Honoré75001 Paris01 42 60 14 01

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Dossier Feature_

L’ANNÉE DE LA PAIRE

HORLOGERIE FÉMININE :

LES TEMPS DANSENT

NOUVEAUTÉS

PAIRING OFF

2016 : THE TIMES

THEY ARE A-DANCING

NEWS

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3

H o r l o

g e r i e

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l 1 l Le top model

Cara Delevingne,

ambassadrice TAG

Heuer, a su charmer

une nouvelle

clientèle féminine.

l 2 l Chopard,

marque de source

joaillière, a su

conquérir le coeur

des hommes

avec des modèles

masculins racés.

l 3 l L’Oyster

Perpetual Lady-

Datejust 28, futur

best-seller de

Rolex, la seule

marque horlogère

dont l'offre est à

stricte parité.

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Dossier Feature_

L ’ A N N É E D E L A P A I R E

Ce sera l’adage le plus entendu de ce pre-mier trimestre horloger : 2016, année de la femme. La chanson a été poussée aussi

bien courant janvier au SIHH - Salon International de la Haute Horlogerie -, qu’à Baselworld deux mois plus tard. Loin de révéler une subite em-pathie pour la gente féminine, les marques horlogères chérissent ce public pour sa capa-cité - espérée, fantasmée - à compenser des ventes masculines en baisse. Moins glamour, mais plus réaliste. Comme toujours, l’histoire donnera probable-ment raison a celles qui auront le plus anticipé ce mouvement en créant des collections fémi-nines aujourd’hui bien établies. Ces marques sont encore rares. Baume & Mercier est l’une des seules à avoir anticipé ce recentrage, depuis plus de deux ans. La marque genevoise dispose aujourd’hui d’autant de collections féminines que masculines. Rolex, malgré sa discrétion habituelle, n’en a pas fait moins : 96 modèles pour lui, 96 pour elle. Le hasard n’a plus sa place dans cet équilibre parfait. Pourtant, malgré ce bel affichage paritaire, les ventes ont parfois du mal à s’aligner. Avoir autant de modèles pour femmes que pour hommes ne signifie pas qu’ils sont vendus à quantités égales. A ce jeu, c’est bien souvent le positionnement natif de la marque qui détermine son succès dans cette entreprise.Dans l’inconscient collectif, Zenith, Breitling, parmi tant d’autres, sont en effet des marques sportives donc pour hommes. Ces deux-là ont

P a i r i n g o f f

Gouvernance, politique, domestique, professionnelle : la parité se conjugue en

tous lieux. Sauf en horlogerie ? Si beaucoup de marques clament leur amour

de la femme, la réalité est parfois bien différente. - In governance, politics,

domestic and professional life, sex equality is everywhere. Is watchmaking the

exception ? While many brands boast about their love for women, the underlying

realities are often somewhat different.

The most popular mantra in watchma-king in this first quarter will be “ 2016 is women’s year ”. In this respect, both the

SIHH International Fine Watchmaking Show and Baselworld two months later are singing from the same songsheet. Far from revealing a sudden sense of empathy for the fairer sex, watchmaking brands’ fresh enthu-siasm for the ladies is motivated by something rather less glamourous and more realistic : the capacity of women (or at least their hoped-for and dreamed-of capacity) to offset falling sales of men’s watches.As always, history will probably favour those who anticipated this trend well ahead of time, creating women’s collections that are by now well-establi-shed. Such brands are still few and far between. Baume & Mercier is one of the very few to have been preparing for this new focus for more than two years now. Today, the Geneva brand has as many women’s collections as it does men’s. While it has been as discreet as usual, Rolex has equalled that score, with 96 men’s models and 96 women’s models – a perfect balance that in times like these, has nothing to do with chance.Such fine displays of equal opportunity are not always mirrored in sales, however. Having as many women’s as men’s models on offer does not au-tomatically translate into equal quantities of each being sold. When it comes down to it, a brand’s retail successes are often determined by its native positioning. In the collective unconscious, Zenith and Breitling – to name but two players – are sports

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des difficultés à charmer les femmes. A l’inverse, les marques de tradition joaillière sont perçues comme presque exclusivement féminines, mal-gré les qualités évidentes de leur garde-temps masculins : la Dandy de Chaumet, la Pierre Arpels de Van Cleef & Arpels, la Première XL de Poiray, parmi d’autres. Pétris d’orgueil viril ou de simples préjugés, rares sont les hommes à pousser la porte de ces maisons pour y faire leurs emplettes horlogères. Deux exception subsistent : Cartier et Chopard. La première, en développant no-tamment des complications de haute voltige, a su s’attirer les faveurs de monsieur. La seconde, sous l’impulsion directe de son co-président, a développé des gammes sportives et classiques également très techniques qui ont trouvé leur public.

Stricte parité

Mais l’industrie révèle parfois ses surprises et contradictions. TAG Heuer, par exemple. La marque suisse du groupe LVMH, dopée à la course automobile, à la haute précision et aux sports extrêmes, dispose aujourd’hui des col-lections réparties à stricte parité. Et, de plus en plus, la femme TAG s’affirme dans la croissance de la marque. Que TAG Heuer ait réussi ce tour de force ne doit rien au hasard : depuis de nom-breuses années, elle signe à tour de bras des ambassadrices de charme. Du top modèle à la sportive de haut niveau, de Cara Delevingne à Maria Sharapova, la jeune femme du nouveau millénaire aime à se retrouver dans l’univers marketing de TAG Heuer. Car, au final, si le marketing fera la différence, il n’arrivera pas à équilibrer les ventes tout seul. Derrière une volonté très paritaire, les canaux de communication et de vente restent très sexués. En publicité, par exemple : monsieur sera sou-vent abordé avec un visuel produit nul, froid et technique, le plus souvent sur fond noir et sans environnement. Pour madame, ce seront de vastes campagnes où l’esthétique primera toujours : celle d’un corps, d’un paysage, d’une célébrité. Avec une montre, accessoirement. Car pour beaucoup d’entre elles, la montre reste un accessoire. En somme, cette noble volonté paritaire ne saurait se réduire à un simple équilibre de col-lections. Il faudra l’accompagner de messages marketing, publicitaires et commerciaux. Si les deux premiers sont en train d’être adaptés pour un public féminin, les espaces de vente ont en-core du chemin à parcourir. Certaines marques ont déjà compris que l’on ne pouvait accueillir un homme et une femme avec le même dispositif. Poiray, par exemple, a été la première à ouvrir

“ Dans l’inconscient collectif,

Zenith et Breitling sont des

marques pour hommes ”

brands, and therefore for men ; neither finds it easy to win over women. On the other hand, brands with a jewellery tradition are perceived as being almost exclusively for ladies, despite the incontrovertible qualities of their timepieces for men : Chaumet’s Dandy, the Pierre Arpels from Van Cleef & Arpels, Poiray’s Première XL, and many more. Whether it’s down to macho pride or mere prejudice, very few guys go to these brands to buy their watches. There are, however, two exceptions : Cartier and Chopard. Cartier has successfully aroused the in-terest of men by developing sophisticated compli-cations. And Chopard, under the direct impetus of its co-president, has developed sports and classic ranges that are also very technical – and which have found their target.

HAVING IT BOTH WAYS

Despite all this, the industry sometimes throws up surprises and contradictions. Take the case of TAG Heuer, the LVMH Group’s Swiss brand. Inextricably linked with motor racing, high precision and extreme sports, it now boasts equal numbers of men’s and women’s collections – and increasingly, TAG women’s watches are fuelling the brand’s growth. The fact that TAG Heuer has pulled off such a feat is no accident : for many years, it has been relentlessly signing up winsome female ambassadors ranging from top models to top sportswomen – from Cara Delevingne to Maria Sharapova. Clearly, young women of the new millennium love to identify with the marketing universe of TAG Heuer. Marketing does makes a difference, but at the end of the day it alone cannot balance sales. Even as they strive to achieve universal appeal, communications and sales channels remain very gender-specific. In advertising, for example, men are often targeted by product visuals that are uninspiring, imperso-nal, and tech-heavy, more often than not on a black background devoid of surroundings. Women, meanwhile, are treated to huge campaigns in which aesthetics are everything – highlighting bodies, landscapes and celebrities, and just happening to

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des « strap bar », ou bar à bracelets, où chaque cliente peut venir se poser en toute décontraction pour choisir ses bracelets interchangeables au fil de ses humeurs, des saisons. Autre exemple : Chaumet. Dans son hôtel particulier de la place Vendôme, la maison a créé un musée éphémère qui permet à ses clientes de naviguer librement dans l’histoire de la marque sans être plongée immédiatement dans un processus de vente. Cette tendance ne fait d’ailleurs que confirmer que l’achat d’un garde-temps se joue principale-ment à l’image qu’il véhicule et pas seulement à ses capacités techniques. Et cela, c’est unisexe. ◊

include a watch somewhere ; the idea being that for many women, watches remain nothing more than an accessory. All in all, the noble desire for equality involves a lot more than simply producing equal numbers of watches. It needs to be accompanied by marketing, advertising and sales messages. While the first two are now being adapted for a female audience, there is still progress to be made when it comes to sales outlets. Some brands have already rumbled the fact that men and women require differing kinds of welcome. Poiray, for instance, was the first to open “ strap bars ”, where a customer can come and take her time to choose interchangeable straps to suit the season, or her mood. Another example is Chaumet. The firm has created a temporary museum in its mansion on Place Vendôme, allowing its female clientele to wander freely through the brand’s history, without having to engage immediately in a sales process. What is more, this development serves to confirm the fact that buying a timepiece is increasingly tied to the image it conveys, rather than solely being a question of its technical capabilities – a fact that applies to both sexes. ◊

l 4 l Richard Mille

a longtemps

joué les codes de

l'ultra-masculin.

Aujourd'hui, la

marque séduit une

proportion crois-

sante de femmes

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H O R L O G E R I E F É M I N I N E : L E S T E M P S D A N S E N T

2 0 1 6 : t h e t i m e s t h e y a r e a - d a n c i n g

L’horlogerie féminine se cherche. C’est une véritable partie d’échecs

qui va se jouer sous nos yeux en 2016. Les marques qui ont la femme

dans leur ADN ont une confortable avance face aux acteurs qui, eux,

vont tenter de se faire une place dans leur cœur. There’s a battle on

for the heart and soul of watchmaking for women, and 2016 promises

some fascinating tactical developments. Brands with women’s watches

in their genes will have a head start over those just beginning to trying

and win over the ladies.

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Van Cleef & Arpels,

Cadenas, 2015.

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C ette année, rares seront les dénominateurs communs en horlogerie, mais il y en aura malgré tout quelques-uns : des montres

de forme ronde, poétiques, un diamètre modéré et une indéniable considération de la montre comme un accessoire, de mode ou joaillier. Une chose est sûre, plus grand monde ne jugera la montre féminine comme la diminution sertie d’une montre masculine !Chaque maison suivra ce crédo avec une seule stratégie : pas de mouvement brusque. Van Cleef & Arpels restera poétique, Richard Mille technique et Chaumet, joaillière. L’industrie horlogère devrait donc jouer selon des partitions déjà écrites en articulant ses modèles iconiques autour de messages plus ou moins renouvelés. Et, fort heureusement, les poncifs de l’univers masculin, comme le néo-vintage ou la com-plication pour la complication, ne devraient pas passer les frontières de la féminité. Autre idée globalement partagée : l’importance de l’univers de la marque. En marketing, on parle de « story telling ». L’univers masculin, jusqu’à présent, peut en partie s’en passer. La montre suffit, la technique parle souvent d’elle-même. L’horlogerie féminine, elle, ne fera pas l’impasse en 2016 sur l’univers de la maison à laquelle elle appartient : son histoire, son passé prestigieux (ou imaginaire). La récente éclosion de Fabergé concentre à elle seule l’ensemble de ces ten-dances : insistance sur l’héritage historique de la marque, montre compliquée mais poétique, forme ronde et importance de la montre bijou.Le discours théorique risque toutefois de trouver une limite pratique : le prix. Beaucoup de maisons s’accordent encore à considérer la montre fémi-nine comme un accessoire. Mais entre l’acces-soire richement serti en série limitée à 500 000 euros et la petite montre accessoire à bracelet interchangeable à mille euros, il existe un fossé que peu de clientes accepteront de combler sans contrepartie : un produit qui vaut véritablement le prix demandé. Pour Jean-Jacques Weber, dis-tributeur multi-marques depuis plus de trente ans dans le sérail, « le risque pèse principale-ment sur les marques hybrides, possédant par exemple simultanément une griffe mode est un pôle horloger ». On pense à Dior, Chanel, entre autres, sans sous-estimer le poids commercial de Calvin Klein, Karl Lagerfeld, Michaël Kors, et consorts. Ces marques là possèdent incontesta-

There won’t be many common denominators in watchmaking this year, but there will at least be a few : rounded, lyrical watches,

of medium diameter, and an approach that un-deniably sees the watch as a fashion or jewellery accessory. One thing is sure : few will persist in seeing women’s watches as nothing more than smaller, bejewelled versions of men’s watches.Each firm will be sticking to this new formula, along with a single precept : no sudden changes. Van Cleef & Arpels will remain poetical, Richard Mille will stay technical, and Chaumet will still be all about jewels : in short, the watchmaking industry is set to pursue well-worn paths, arranging its iconic models against a backdrop of semi-rejuvenated messages. And fortunately enough, there’s little likelihood of women’s watches being swamped by same-old, same-old features from the world of men’s watches, such as neo-vintage styles or complications for complications’ sake.

l 2 l Baume & Mercier,

Petite Promesse acier.

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blement un univers de marque plus développé que les pure players horlogers, mais elles ont également un positionnement plus ambigu : véritable produit horloger ou accessoire fashion et jetable ? A vouloir jouer sur les deux tableaux, ce seront probablement les clientes qui finiront par trancher elles-mêmes. A l’heure actuelle, haute horlogerie et montre connectée n’ont pas (encore) un lien très fort. Cependant, ces pièces se font une place auprès des sportives 2.0 ou soucieuses de leur bien-être. Pour celles désirant concilier high-tech et esthé-tisme, Alpina avec sa Horological Smartwach a probablement su viser juste. En dehors de ce cas d’exception, la cliente horlogère préférera probablement avoir deux pièces distinctes, dont l’une totalement dédiée au sport ou à son envi-ronnement numérique. In fine, dans le cœur des femmes, montre connectée et belle horlogerie vont certainement continuer à évoluer ensemble mais sur des routes parallèles, l’une ne pouvant se substituer à l’autre.

Asseoir les fondamentaux

2016 et les années à venir vont continuer leur (r)évolution dans l’horlogerie féminine. Des diamètres plus fins vont revenir parer des montres-bijoux aux côtés des rééditions ico-niques comme Jaeger LeCoultre avec sa Reverso pour femme, la Cadenas de Van Cleef & Arpels ou encore la Liens de Chaumet. Certes, cette année ne sera probablement pas celle de l’ex-travagance ou de la révolution horlo-féminine, mais elle aura au moins le mérite d’asseoir des fondamentaux encore fragiles. ◊

Another idea on which there is now a broad consensus is the importance of a brand uni-verse. Marketing talks in terms of “ storytelling ”. So far, men’s watches have largely been able to get away without this : the watch itself, especially its technical prowess, speaks for itself. Women’s watches, however, will no longer be able to exist in isolation from the universe of the firms that produce them, their history and their glorious (or in some cases, imaginary) past. The recent Fabergé hatchling exhibits all of these trends : an emphasis on the brand’s historical heritage ; and a complex, yet poetic watch, round in shape and pointing up the importance of the jewellery watch.This theoretical approach does however run the risk of hitting a practical limit : the price. There is still broad agreement among many firms that women’s watches should be seen as accessories. However, there’s a gulf between a richly-jewelled accessory produced in a limited edition for €500,000 and little wristwatches with interchangeable straps going for €1000 – a gap few clients will be ready

“ Montres connectéeset haute horlogerien’ont pas encorede liens forts ”

l 3 l Richard Mille

restera quoi qu’il

en soit technique…

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to dive into without something in exchange. In short, a product that really is worth the asking price. According to Jean-Jacques Weber, a multi-brand distributor who’s been in the business for over thirty years, “ the risk is the most acute for hybrid brands, such as those with both a fashion aspect and a watchmaking line. ” This would include Dior, Chanel, to name but a few ; the commercial weight of Karl Lagerfeld, Michael Kors, and others of their ilk should not be underestimated either. These names undeniably have a more sophisticated brand universe than the pure players in watch-making, but their positioning is more equivocal : are they producing genuine horological products, or a disposable fashion accessory ? If they keep trying to have it both ways, the clients themselves will probably end up deciding matters for them.

THE ROLE OF THE CONNECTED WATCH

So far, there have been few links forged between fine watchmaking and connected watches. All the same, these new timepieces are beginning to be adopted by ‘2.0’ sportswomen, as well as the more health-conscious. For women seeking to re-concile high-tech products with aesthetics, Alpina has probably hit the mark with its Horological Smartwatch. Apart from this one-of-a-kind example, female watch-lovers will probably prefer to have two dis-tinct timepieces, one of which will be dedicated to sport and their digital environment. At the end of the day, both connected watches and fine watches will no doubt continue to gain ground in women’s sentiments, but along parallel tracks, since neither can really replace the other. 2016 and the coming years will doubtless see an ongoing (r)evolution in watches for women. Jewellery watches featuring smaller diameters will emerge alongside iconic new editions like Jaeger LeCoultre’s Reverso for women, Van Cleef & Arpels’ Cadenas and the Liens from Chaumet. This year is unlikely to be marked by extravagances, or herald a revolution in women’s watches, but it should at least see some as yet fragile foundations made stronger. ◊

“Dans les années à venir, l’horlogerie

féminine continuera sa révolution”

l 4 l Poiray,

Ma Preferée.

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LESCHICS

SPORTIVESLES

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| LES CHICS | 01. Frédérique Constant, Classics Index GMT - Prix : 1850 euros. | 02. Jaeger-Le-Coultre, Reverso Tribute Duoface - Prix : 9 450 euros. | 03. Glashütte Original, Senator Perpetual Calendar - Prix : 19 000 euros. | LES SPORTIVES | 04. Baume & Mercier, Capeland Shelby Cobra. - Prix : 4 100 euros. | 05. Vacheron Constantin, Overseas Chronographe - Prix : 31 100 euros.

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LES COMPLIQUÉES

LES JOAILLIÈRES

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| LES COMPLIQUÉES | 06. Audemars Piguet, Royal Oak Concept Supersonnerie - Prix nc | 07. Lange & Söhne, Datograph Perpetual Tourbillon - Prix nc | LES JOALLIÈRES | 08. Saint Honoré, Charisma - Prix 840 euros | 09. Piaget, Limelight Gala - Prix 38 400 euros. | 10. Chanel, Montre à Secret Signature Morganite - Prix sur demande.

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| Photographe - Photographer |

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Titulaire de l’orgue de l’église de La Madeleine depuis 1979, François-Henri Houbart, succède ainsi à Camille Saint-Saëns et à Gabriel Fauré sur cet instrument de soixante jeux répartis sur quatre claviers, fort de 4 426 tuyaux. Inauguré en 1846, cet orgue est aujourd’hui classé Monument Historique. Il est la deuxième maison du musicien, dont la carrière est internationale. Camille Saint-Saëns and Gabriel Fauré were among the organists at La Madeleine Church to have pre-ceded François-Henri Houbart, the incumbent since 1979. It boasts sixty stops on four separate manuals – and 4,426 pipes. Inaugurated in 1846, the organ is now listed as a Historic Monument, and is like a second home for the musician, who has an international career.

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C O M É D I E F R A N Ç A I S E : T R O I S S I È C L E S D E

C R É A T I V I T É

On parle d’elle comme d’une ruche bour-

donnante, symbole d’une créativité foi-

sonnante. Depuis trois siècles, la vénérable

maison est l’institution la plus embléma-

tique du théâtre français. People see this

venerable theatre as a hive of activity, and

a symbol of burgeoning creativity – it’s

been the epitome of French dramatic art

for over three centuries.

Déambuler dans le foyer et les galeries de la Comédie Française au moment de l’entracte est toujours un grand moment d’émotion : c’est

là que se font face, saisis dans le marbre, Molière et Voltaire. Admirer les portraits des grands auteurs et des célèbres comédiens qui ont façonné l’illustre maison, se recueillir devant le fauteuil de Molière est un vrai bonheur. La compagnie théâtrale, qui allait devenir la Comédie Française, est née en 1680 de la fusion, ordonnée par le roi Louis XIV, de deux troupes rivales alors sous sa protection : celle de l’Hôtel de Bourgogne, s’illustrant dans le répertoire tragique, et celle de l’Hôtel Guénégaud, constituée des anciens comédiens de Molière, mort sept ans plus tôt. Le dessein du roi de France était de doter le pays d’une institution unique, chargée de maintenir et enrichir le répertoire dramatique national. Une lettre de cachet signée à Versailles consacre la fondation d’une troupe unique, composée de vingt-sept comédiens et comédiennes choisis par le roi pour leur excellence, dans le but de « rendre les représentations des comédies plus parfaites ». La troupe réunit des comédiens illustres : Armande Béjart, Catherine De Brie, La Grange, Hubert, Du Croisy, Baron, Jeanne Beauval, Mlle Champmeslé - interprète favorite de Racine -, Poisson… Ainsi Corneille, Molière, Racine, Scarron ou Rotrou sont joués à Paris et dans

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C o m é d i e F r a n ç a i s e t h r e e c e n t u r i e s o f c r e a t i v i t y

Wandering through the foyer and corridors of the Comédie Française during the interval never fails to be a stirring experience : pass beneath the

marble statues of Molière and Voltaire staring each other down ; admire the portraits of the great writers and famous actors who have shaped this grand old theatre ; pause in silence before Molière’s armchair – what’s not to like ? The theatre company that was later to become the Comédie Française was first formed in 1680 by the merger, on the orders of King Louis XIV, of two rival companies under his patronage. Hôtel de Bourgogne performed trage-dies, while Hôtel Guénégaud was comprised of Molière’s troupe, the playwright himself having died seven years previously. With this merger, the King of France sought to give the country a single institution, responsible for maintaining and further expanding the national repertoire. A lettre de cachet signed in Versailles established a single company, comprising twenty-seven actors and actresses chosen by the king for their excellence, with the aim of “ perfecting the performance of plays ”. The company brought together some legendary actors : Armande Béjart, Catherine De Brie, La Grange, Hubert, Du Croisy, Baron, Jeanne Beauval, Miss Champmeslé (Racine’s favourite actress), Poisson, and others. The works of Corneille, Molière, Racine, Scarron and Rotrou were per-formed in Paris and its suburbs by the troupe, exercising their royal monopoly to muscle out other successful acts such as the Comédie Italienne and the Théâtre de Foire fairground theatre. The following year, the actors entered into a deed of association which is still in place today. In the mid-eighteenth century, the company’s actors took the theatre a step further : they had little boxes built (with the invaluable support of Voltaire) and got rid of the benches on the stage reserved for special spectators. Thanks to the influence of Miss Clairon in particular, staging, decor and costumes became more authentic and natural. After being buffeted by the unforeseen cir-cumstances of history (not least the French revolution), under the leadership of the tragedian Talma the Société

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© Cosimo Mirco Magliocca, coll.

Comédie-Française, la salle Richelieu,

un emblème de la troupe française

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les faubourgs par les Comédiens Français, exerçant leur monopole face à la comédie italienne et au théâtre de foire alors prospères. L’année suivante, les comédiens se lient entre eux par un acte d’association qui est toujours d’actualité de nos jours. Au milieu du XVIIIe siècle, les comédiens de la maison font évoluer le théâtre : ils construisent de petites loges et, avec l’appui précieux de Voltaire, débarrassent la scène des banquettes réservées aux spectateurs privilé-giés. Grâce, notamment, à l’influence de Mademoiselle Clairon, la mise en scène, les décors et les costumes gagnent en authenticité et en naturel. Emportée par les aléas de l’histoire, ballotée par la Révolution fran-çaise, la société des Comédiens Français conduite par le tragédien Talma s’installe rue de Richelieu en 1799, dans le Théâtre Français de la République qui lui est concédé par le gouvernement. C’est ce bâtiment érigé par l’architecte Victor Louis qu’elle occupe toujours aujourd’hui.Napoléon devient alors le protecteur de la Comédie Française. Il signe, en 1804, le fameux décret de Moscou, constituant une troupe permanente au sein de la société des Comédiens Français. Mais la mort de Talma prive la troupe de sa principale étoile. Les pièces traditionnelles sont un temps laissées de côté au profit d’un nouveau genre : Alexandre Dumas, Alfred de Vigny, Victor Hugo imposent au répertoire le drame romantique qui connaît son point culminant avec « la bataille » d’Hernani, le 25 février 1830, tandis qu’évoluent le jeu des acteurs, la mise en scène et la conception du décor. La tragé-die classique revient à la mode avec Rachel, véritable vedette d’une troupe renouvelée. Entrée à 17 ans à la Comédie Française, nommée sociétaire dès 1842, elle triomphe sur scène. C’est le prince-président Louis Napoléon qui, en 1849, crée la fonction d’administrateur - dépendant direc-tement du ministère de l’Intérieur -, mettant fin à une longue période de flottement administratif et financier de

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des Comédiens Français moved into Rue de Richelieu in 1799, setting up home in the Théâtre Français de la République, made available to it by the government. Erected by architect Victor Louis, this is the building which it still occupies to this day.Napoleon then became the protector of the Comédie Française. In 1804, he signed the famous Decree of Moscow, constituting a permanent troupe within the Société des Comédiens Français. However, the death of Talma deprived the company of its leading light. Traditional plays were neglected for a while in favour of a new genre : Alexandre Dumas, Alfred de Vigny and Victor Hugo imposed romantic drama as the mainstay of the repertoire. The genre peaked with Hernani’s “ La bataille ”, on February 25, 1830, amid further changes to acting styles, staging and stage design. Classical tragedy came back into vogue with Rachel, the star of a renewed troupe. Having joined the Comédie-Française at the age of 17, she was appointed secretary in 1842, and was an unrivalled success on the stage. In 1849, the Prince-President Louis Napoléon created the position of Administrator, answering directly to the Ministry of the Interior and thus bringing to an end a long period of administrative and financial uncertainty for the institution. The Administrator was in charge of putting on the classic works, whilst leaving plenty of room for more recent creations. Over the course of three centuries, the Comédie Française has put together an enormous repertoire of over three thousand plays. The company has stood the test of time. The Italian-style Richelieu theatre was severely damaged by a fire in 1900, but its strong steel framework prevented it from collapsing. To comply with safety rules and provide more comfortable seating for spectators, the number of seats has been reduced from the original 2000 or so to 862. The company has however expanded since then via other venues, with the Théâtre du Vieux Colombier opening in 1993, followed by the Théâtre-Studio in 1996.

“ La meilleure ambassadrice de la langue française ”

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l’institution. Chargée de représenter les grandes œuvres tout en faisant une large place aux plus récentes créa-tions, elle a constitué en trois siècles le plus important des répertoires dramatiques - plus de 3 000 pièces. La Comédie Française a su traverser le temps. La salle Richelieu, construite à l’italienne, a été ravagée par un incendie en 1900. L’effondrement de la salle est évité grâce à la résistance de la structure métallique. Afin de respecter les règles de sécurité et d’augmenter le confort des spectateurs, le nombre de places, à l’origine proche des 2 000, est réduit à 862 places. Depuis, elle n’a cessé de s’agrandir avec l’ouverture du Théâtre du Vieux Colombier en 1993, et du Théâtre-Studio en 1996. Aujourd’hui dirigée par le sociétaire Eric Ruff, nommé administrateur général par décret en 2014 à l’initiative du Président de la République, la Comédie Française compte 450 permanents, comédiens et salariés confon-dus, répartis dans des services administratifs, artistiques et techniques, illustrant parfaitement l’emblème de la ruche. À l’image de la devise simul et singulis - être ensemble et être soi-même -, chacun participe à la création des spectacles et s’avère indispensable au fonctionnement du théâtre. La troupe, composée de 84 membres - 39 sociétaires, 24 pensionnaires, 21 sociétaires honoraires -, est un vivier de talents, des plus reconnus aux tout jeunes. Une troupe brillante dont la renommée est internationale, et, qui plus est, la meilleure ambassadrice de la langue française. Le style des comédiens du théâtre français étant cette diction irréprochable et mettant en valeur les textes du répertoire. ◊

Currently directed by society member Eric Ruff, appointed Chief Administrator by decree in 2014 on the initiative of the President of the Republic, the Comédie Française has 450 permanent staff, including actors, busy in its administrative, artistic and technical departments – a perfect embodiment of its beehive emblem. Faithful to its motto, simul et singulis (‘together and individually’), each individual contributes to the creation of shows and is indeed vital to the smooth running of the company. The troupe, comprising 84 members – 39 ‘society members’, 24 ‘guests’ and 21 ‘honorary society members’ – is an immense resource that combines well-established and emerging talent. With its international reputation, the company is also an unparalleled ambassador for the French language – the style of the troupe’s actors being characterised by impeccable diction, really bringing the plays in the repertoire to life. ◊

l 2 l La Comédie

Française a consti-

tué, en trois siècles,

le plus important

des répertoires

dramatiques.

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C O L E T T E , L ’ A U T R E T E M P L E

D U S H O P P I N GC o l e t t e – t h e a l t e r n a t i v e s h o p p i n g s h r i n e

Désormais ancré dans le paysage local et, même, international, le pionnier

des concept-stores célèbrera, l’année prochaine, son vingtième anniversaire.

Histoire d’une saga parisienne. Now firmly rooted in the local landscape,

and indeed internationally, the concept store pioneer will be celebrating its

twentieth anniversary next year. We look back at an epic Parisian saga.

Colette Rousseaux et sa fille Sarah Andelman sont les cofondatrices du temple du shopping parisien, Colette,

situé au numéro 273 de la rue Saint Honoré. Souriantes et discrètes, elles arborent, depuis qu’on les connaît, la même coupe à la garçonne. La mère est à la gestion, la fille aux achats. Derrière des fonctions bien terre à terre, elles ont surtout réussi à se forger une image in-saisissable. Appliquant le mantra « pour vivre heureuses, vivons cachées », elles accordent peu d’interviews. D’ailleurs, lorsqu’on demande à les rencontrer, le service de presse nous répond qu’elles ne souhaitent pas être médiatisées et qu’il n’existe aucune photo d’elles. Avant que l’aventure ne commence pour de bon, Colette avait sa boutique dans le sentier. Et Sarah faisait l’école du Louvre. Un jour de 1997, mère et fille décident de louer un local en dessous de leur appartement, afin d’y présenter tous les produits qu’elles aiment et qu’on ne trouve pas forcément à Paris. Malgré leur flair, il n’est pas certain qu’elles aient un jour ima-giné avoir plus de 120 salariés à leur actif. Dès les débuts, Sarah, acheteuse et dénicheuse, a pour objectif de mettre dans la lumière ceux qui sont dans l’ombre et en qui elle croit. Ce qui n’était au début qu’une adresse qu’on se passait sous le manteau, obtient rapidement une renommée mondiale. On vient des quatre coins de la planète pour découvrir les dernières tendances. Temple de la « hype » de la rue Saint-Honoré, Colette en chamboule rapidement son univers trop chic et trop guindée.

Colette Rousseaux and her daughter Sarah Andelman are the co-founders of Colette, the Parisian shopping shrine at 273 Rue Saint

Honoré. Ever since we first met them, both these two discrete, smiling women have sported the same shingle bob cut. Colette deals with management, Sarah with purchasing. But aside from these mundane tasks, they’ve succeeded in weaving a web of mystery around themselves. Faithful to the maxim of “ to live happy, live hidden ”, they give few interviews. When we asked to meet them, their media department replied that they did not want any mass coverage, adding that there would be no photos of them. Before the adventure really got going, Colette had her own boutique along the way, while Sarah was at the prestigious Ecole du Louvre school. One day in 1997, mother and daughter decided to rent premises below their apartment and stock all the products they liked that were hard or impossible to find in Paris. Their flair was indisputable, but it seems unlikely that they ever envisaged 120 people would be working for them one day. Right from the start, Sarah, the purchaser and scout, sought to focus on those she believed in that weren’t in the limelight. What started out as an address passed furtively from one satisfied customer to another quickly became world famous. People came from all over the globe to discover the latest trends. When the Rue Saint-Honoré premises became a shrine to hype, Colette lost no time in revolutionising an environment that had become too snobby and too starchy. Colette is a pioneer in concept stores – somewhere you can eat, or read, or buy clothes, perfume, a stereo, or the very latest mobile phone. When you go there,

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Colette, c’est le pionnier des concepts-stores, lieu où l’on peut manger, lire, s’habiller, s’ache-ter un parfum, une chaine hi-fi ou encore le portable dernier cri. S’y rendre, c’est en réalité entrer dans un univers de 7 000 m2 dont les codes ont été soigneusement pensés et dé-finis. Le client doit se sentir bien, afin d’avoir envie de découvrir chaque recoin des trois niveaux. Et pour cela, tout est bon : playlist sur-mesure – laquelle est bien évidemment commercialisée –, restaurant concept « water bar » proposant un choix d’une centaine d’eaux minérales venues du monde entier, pour une pause snob et chic ! Pour développer le concept Colette toujours plus loin, le magasin propose désormais des ateliers cuisine gratuits une fois par mois : les cooklettes ; des rendez-vous d’artistes et des lancements de nouvelles collections ou de collaborations entre certaines marques en présence des créateurs ; des après-midi dégus-tation… Chaque semaine, les vitrines changent et évoluent, afin de proposer aux clients des tendances nouvelles et attirer continuellement leurs attentions. Sarah n’hésite pas à cultiver les collaborations avec des marques plus ou moins connues ou prestigieuses - Lacoste, Hermès, Dr Marteens, Le Labo, Casetify, Chanel… - afin d’éditer des produits uniques en petite quantité, la rareté créant le désir. En 2017, Colette célèbrera ses vingt ans d’existence et l’on se dit presque : seulement ? Tant ce lieu, devenu mythique, semble ancré dans le paysage parisien depuis toujours. ◊

you enter a world spread over 7000sqm, in which every style detail has been painstakingly thought out and defined. Indeed, customers have to feel good if they’re going to want to explore every corner of all three floors – and no detail has been forgotten in ensuring that’s the case. There’s a tailor-made playlist (which you can of course buy), and a ‘water bar’ concept restaurant, offering the choice of a hundred or so mineral waters from all around the world – just right for a chic, exclusive break ! Pushing the Colette concept still further, the store now offers free cookery workshops once a month, known as ‘cooklettes’ ; meets with artists ; and new collection launches. Then too, there are the joint ventures with key brands, designers in attendance ; tasting afternoons ; and much more. The window displays are changed each week, offering customers new trends and constantly attracting their attention. Sarah does not hesitate to forge partnerships, with both lesser known and renowned, prestigious brands such as Lacoste, Hermès, Dr Marteens, Le Labo, Casetify and Chanel, to name but a few, producing small quantities of unique products – after all, rarity nurtures desire. In 2017, Colette will be celebrating its twentieth anniversary, and the reaction is : has it really been only that long ? The place has become so legendary, it feels as if it’s been part of the Parisian landscape since time immemorial. ◊

Boutique

COLETTE 213 rue Saint-HonoréTél. : 01 55 35 33 90

Du lun. au sam. de 11h à 19h

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Plus de 120 ans après sa création, Petit Bateau, indémodable et inusable, est toujours là. Tout commence en 1893, lorsque Pierre Valton

fonde, à Troyes, une usine de bonneterie – sous-vê-tements, ndlr. Peu à peu, le créateur développe son savoir-faire et lance, en 1912, le premier sous-vêtement en coton lavable destiné à remplacer le peu-confor-table et antihygiénique vêtement en laine. Quelques temps plus tard, surfant sur le succès de son père, Etienne Valton, qui a repris l’entreprise, ampute l’his-torique caleçon long et crée la première culotte en coton doux, lavable, inusable. Le fabricant affirme ainsi son souhait de développer le côté pratique des sous-vêtements avant leur paraître. Le ton de la saga est donné.En 1920, le succès des petites culottes pousse les dirigeants à créer la marque Petit Bateau. Symbole de confort, de bien-être, et synonyme d’enfance, la marque séduit rapidement le monde entier. Soucieuse d’asseoir sa position sur un marché en plein essor, Petit Bateau fait preuve, encore et toujours, d’innova-tion en mettant au point l’une des toutes premières campagnes de publicité de l’époque : une aventure aussi grandiose qu’osée ! Laquelle repose sur son égérie, Marinette, petite fille mêlant humour et audace. En 1937, la firme, devenue symbole de bourgeoisie française, se distingue en recevant le Grand Prix de l’Exposition Universelle de Paris pour sa célèbre Petite Culotte. Dans son esprit d’innovation, Petit Bateau invente, en 1950, le body à emmanchure américaine, permettant à l’enfant d’enfiler aisément son tee-shirt. Dix ans plus tard, le pyjama à bouclette éponge et bouclette velours est créé, et offre davantage de douceur et de mouvements aux enfants. En 1970, la marque dévoile le milleraies, un tricotage inédit offrant une multitude de rayures bicolores capables de résister au lavage. Plus que jamais, la griffe s’impose comme un gage de qualité. Dans les années 80, le fabricant pense aux bébés et à leurs mères et dote ses bodys de pressions à l’entrejambe : une révolution !

Over 120 years after it was founded, Petit Bateau is still sailing on – never wearing out, and never out of fashion. It all began in 1893, when Pierre

Valton started a hosiery factory in Troyes. Gradually building up his expertise, in 1912 the designer launched the first ever washable cotton underwear, designed to replace much less comfortable (and much less hygienic) woollen garments. A little later, Etienne Valton took over the business. Riding the wave of his father’s success, he cut short the historic long johns, thereby creating the first washable soft cotton knickers that would not wear out. It was a statement by the manu-facturer of his desire to develop the practical aspects of underwear, rather than their appearance – and he never looked back.Encouraged by their knickers’ success, in 1920 the ma-nagement created the Petit Bateau brand. Epitomising comfort and wellbeing, and synonymous with child-hood, the brand quickly made inroads the world over. Petit Bateau was keen to establish its position on a booming market and was constantly introducing innovation – not least one of the very first adverti-sing campaigns of the day, a bold and grandiose undertaking. This was based on its muse, Marinette, a mischievous little girl. In 1937, the firm, by this time an icon of the French bourgeoisie, was honoured by being awarded the Paris Exposition’s Grand Prix for its legendary underwear. In the same spirit of innovation, in 1950 Petit Bateau invented the vest with armholes like those on GIs’ underwear, making it easier for children to put on. Ten years later came pyjamas made from terry fabric and velour, providing children with more softness and freedom of movement. In 1970, the brand unveiled a pinstripe variation : a brand-new weave with a myriad of colour-fast two-tone stripes. Increasingly, the name was seen as a watchword for quality. In the 1980s, the manufacturer’s attention turned to mums and babies, adding press-studs at the bottom of their vests so they could be fastened between the legs, thereby creating the bodysuit – a revolution indeed !

Créée à la fin du XIXe

siècle, la marque fran-

çaise Petit Bateau s’est

distinguée en recevant le

Grand Prix de l’Exposi-

tion Universelle de 1937

pour son astucieuse

Petite Culotte. Et en de-

venant, dès les années

20, l’une des premières

marques à lancer une

véritable campagne de

publicité reposant sur

son égérie, Marinette.

Founded in the late

nineteenth century,

the French brand Petit

Bateau earned the dis-

tinction of a 1937 Paris

Exposition Grand Prix for

its innovative knickers.

By as early as the 1920s,

it had become one of the

first brands to launch a

full-blown advertising

campaign based on its

muse, Marinette.

U N S I È C L E D E S U C C È S P O U R

P E T I T B A T E A UP e t i t B a t e a u a c e n t u r y o f s u c c e s s

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Boutique

PETIT BATEAU 9, rue du 29 juillet

du lundi au samedi, de 10h30 à 19h30.

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Ils ne comptent pas les heures qu’ils passent dans leurs ateliers. Ils créent ainsi des pièces uniques et inégalables, entièrement made in France, permettant à la mode française de rayonner

à travers le monde. L’artisanat de luxe, également appelé métier d’art, connaît un intérêt croissant, notamment auprès d’une clientèle exigeante et lasse des productions standardisées. Il faut dire que ces entreprises, dotées d’un savoir-faire ancestral et toujours soucieuses du détail et de la qualité, s’entourent d’artisans spécialisés capables de travailler les matériaux les plus nobles, les plus rares ou les plus précieux, afin de proposer des produits à forte valeur ajoutée.Moynat fait partie de ces entreprises. Fondée en 1849 par la marchande Pauline Moynat, cette maison est, au XIXe siècle, l’un des malletiers les plus célèbres. L’entreprise disparaît en 1976 mais Bernard Arnault, qui en découvre l’histoire et les produits, en tombe sous le charme. Il en acquiert les droits et confie la direction à Guillaume Davin, un ancien de Louis Vuitton Japon. Pour l’accompagner, l’homme d’affaires offre la direction artistique de la marque à Ramesh Nair, naguerre chez Hermès assistant de Martin Margiela et de Jean-Paul Gaultier.C’est à quelques pas de sa sublime boutique, ouverte en 2011 au 348 de la rue Saint Honoré, que Moynat a choisi d’installer ses ateliers. Le maroquinier y emploie huit artisans, réalisant l’ensemble de la production à la main. Obsédés par le détail et la qualité, ils opèrent sous l’œil vigilent du directeur artistique, capable de passer quarante heures sur la confection d’un seul sac à main. « Rien que le gainage de la poignée nécessite une journée

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L ’ E X C E L L E N C E D E S M A R O Q U I N I E R S D E L U X E

Portraits croisés de deux maroquiniers

de luxe, Moynat et La Contrie, fondés

par des femmes, et situés en plein cœur

du premier arrondissement, à quelques

pas de la rue Saint Honoré.

T h e e x c e l l e n c e o f l u x u r y l e a t h e r g o o d s m a n u f a c t u r e r s

We compare and contrast two luxury leather

goods makers, Moynat and La Contrie – both

founded by women, and both located at the

very centre of Paris’ first arrondissement, a

stone’s throw from Rue Saint Honoré.

They spend innumerable hours in their workshops : it’s the only way to create the unique, unrivalled items, 100% Made in France, that allow French fashion to hold sway

around the globe. Luxury craftsmanship is attracting increasing interest from a demanding clientele that is tired of assembly-line products. And there’s no denying that these firms, endowed with ancestral knowhow and unfailingly attentive to detail and quality, have the benefit of master craftsmen who know how to work with the noblest, rarest and most precious materials, creating products with immense added value.Moynat is one such firm. Founded in 1849 by trader Pauline Moynat, the business was one of the most famous luggage ma-kers of the nineteenth century. The company closed its doors in 1976, but when Bernard Arnault learned all about its history and products, he fell in love with the firm. After purchasing the rights to it, he entrusted management to Guillaume Davin, formerly of Louis Vuitton Japan. To assist him, the businessman invited Ramesh Nair, previously assistant to Martin Margiela and Jean-Paul Gaultier at Hermès, to become artistic director of the brand.Moynat decided to set up workshops just round the corner from its sublime boutique, which opened in 2011 at 348 Rue Saint Honoré. The leather goods maker employs eight craftsmen, who produce all the goods by hand. Obsessed with details and quality, they work under the eagle eye of the artistic director – who has been known to spend forty hours making a single handbag. “ It takes a whole day’s work just to cover the handle, if you want to get rid of every last crease, ” explains Guillaume Davin. The

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de travail, si l’on veut effacer tout pli », explique Guillaume Davin. Pour colorer ses cuirs, la maison se fournit chez un coloriste du XVIIIe arrondissement de Paris et qui a créé une peinture spéci-fique, sur mesure. La personnalisation des sacs ou des malles, sur lesquels sont apposés dessin ou initiales, s’effectue, elle aussi, à la main : du pochoir à l’application des lettres, jamais l’ordinateur n’intervient. « Aucun artisan ne propose cette personnalisation sur bagage souple comme nous le faisons chez Moynat », se félicite le directeur de la marque.Pas loin de là, La Contrie est égale-ment portée par la quête de l’excellence. Edwina de Charrette de la Contrie, sa fondatrice, a opéré un véritable grand écart pour lancer sa marque de sacs. Ancienne rédactrice en chef de Paris Dernière, cette aris-tocrate, issue d’une illustre famille bre-tonne évoluant dans le secteur du vin et du champagne, a d’abord eu l’envie d’un sac sur me-sure. Très vite, elle déchante face aux difficultés d’accéder à l’artisanat. « C’était inaccessible pour un client lambda. Il faut savoir à qui s’adres-ser, avoir du temps, des notions de vo-lumes, et un budget de six ou huit mille euros minimum. Les artisans proposent des copiées de grandes marques ou des reproductions de modèles qu’ils ont réalisés pour d’autres clients », raconte-t-elle. La logique et les codes de la maroquinerie s’imposent donc à elle comme une évidence. Edwina de Charrette de la Contrie commence alors à confectionner plusieurs sacs et accessoires en cuir, pour sa propre utilisation. Très vite, son salon déborde de peaux en tout genre et, finalement, l’idée de créer sa marque émerge. En passant par hasard rue de la Sourdière, elle découvre un espace à vendre, dont l’espace au sous-sol permet de loger un atelier : sa condition sine qua non. « Je voulais proposer à mes clients la possibilité de commander un sac sur mesure, à la façon d’un tailleur de Savile Row, reprend la fondatrice. C’est un cérémonial très beau de choisir ses cuirs, ses couleurs, et de sentir la colle et la teinture en train de brûler. »Aujourd’hui, La Contrie propose neuf modèles de sacs, déclinables à l’infini grâce à la centaine de couleurs et aux multiples peaux, boucles de fermetures et zips que les clients peuvent choisir. A

firm sources its leather dyes from a colourist in the eighteenth arrondissement in Paris who has created a specific, bespoke paint. Bags and luggage on which pictures or initials are placed are also customised by hand – whether it’s for stencil patterns or lettering, computers are never used. “ No other craftsman offers the kind of soft luggage customisation that we do at Moynat, ” boasts the brand’s director.Not far away, La Contrie is also driven by the quest for excel-lence. The launch of this bag brand was an amazing accom-

plishment by its founder, Edwina de Charrette de la Contrie. It all began when this aristocrat from an i l lustr ious Breton family in the wine and c h a m p a g n e trade, a former editor-in-chief of Paris Dernière, went looking for a bespoke bag. Her enthu-siasm was soon quenched when she found out just how inac-cessible genuine craftsmanship was. “ It simply wasn’t affor-

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“ Chez Moynat, tout est entièrement

réalisé à la main. ”

l 3 l La fabrication manuelle

demeure un gage de qualité.

l’exception des doublures piquées à la machine, tout est réalisé à la main et nécessite entre un et quatre mois d’attente, selon le planning de l’atelier et le niveau de personnalisation des produits – monogramme, blason, etc. Et, pour les budgets plus serrés, la marque propose également de la petite maroquinerie. ◊

dable for the average customer. You have to know where to go, have time to spare, an idea of sizes – and a minimum budget of between six and eight thousand euros. And when all’s said and done, craftsmen merely offer copies of major brands or replicas of models they’ve made for other customers, ” she sighs. For her part, Edwina de Charrette de la Contrie found the reasoning and style codes underpinning leather goods self-evident – and so began making leather bags and accessories for her own use. It wasn’t long before her living room was overflowing with all kinds of skins, and not much longer before she had the idea of creating her own brand. One day when she happened to be in Rue de la Sourdière, she stumbled on shop premises with room in the basement for a workshop – a vital prerequisite as far as she was concerned. “ I wanted to give my customers the opportunity to order a bespoke bag in much the same way as you order a suit from a Savile Row tailor, ” explains the founder. “ Choosing your

leathers and colours is a delightful ritual, accompanied by the smell of the glue and the dye as they burn. ”La Contrie now offers nine models of bag – each of which can be personalised in any number of ways, with customers able to choose from around a hundred colours and a whole host of different leathers, buckles and zips. Everything (apart from the machine-sewn linings) is handmade. You’ll have to be willing to wait between one and four months, depending on the workshop’s order book and the extent to which the product is customised with your monogram, coat-of-arms, and so forth. And just in case your pockets aren’t quite that deep, the brand offers small leather goods, too. ◊

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“ La créatrice de La Contrie a voulu

démocratiser le sac sur-mesure. ”

l 4 l Ancienne journaliste, Edwina de Charrette

de la Contrie a opéré un virage radical pour créer

non seulement sa marque, mais aussi et surtout

son propre atelier de maroquinerie.

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L ’ O R F È V R E R I E C O N J U G U E P A T R I M O I N E

E T C R É A T I V I T É

Longtemps cantonnée aux tables d’ap-

parat, l’orfèvrerie contemporaine cherche

depuis plusieurs années à renouveler son

registre. Les maisons françaises les plus

prestigieuses marient avec bonheur tradi-

tion et inventivité.

Art de travailler les métaux précieux, l’or-fèvrerie est traditionnellement rattachée à l’office religieux, à la table et aux com-

mandes spéciales. L’introduction de procédés industriels et du métal argenté, moins lourd que l’argent et beaucoup moins cher, va lui donner un nouveau souffle. Au XXe siècle, l’orfèvrerie sort des sentiers battus pour faire cohabiter patrimoine et nouveaux usages. Si Christofle s’appuie sur l’inno-vation technologique et les créations de designers, la maison Puiforcat s’attache à établir un nouvel art de vivre lié au goût. Ercuis mise sur le couvert sur-mesure, tandis que Richard Orfèvre apporte un nouveau regard sur son savoir-faire. La maison Christofle, qui excelle depuis 1830 dans l’art de travailler l’argent, conjugue tradition et innovation. Après avoir récemment mis au point une méthode révolutionnaire permettant de lutter contre l’oxydation naturelle de l’argent, l’entreprise a créé une belle surprise avec Mood, un concept inédit qui relègue au placard les ménagères et autres écrins pour les couverts. Cette pièce dé-corative ovale, compacte et éclatante, cache un nouveau couvert épuré en métal argenté pour six

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Long confined to the most grandiose of

tables, for several years now contem-

porary silversmithing has been seeking

to renew its repertoire. The most pres-

tigious French firms combine tradition

and inventiveness with brio.

Silversmithing – the art of working precious metals – is traditionally associated with church plate, tableware, and special commissions. The intro-

duction of industrial processes and silver-plated steel, lighter than silver and much cheaper, has given it a new lease of life. In the twentieth century, silversmithing began to explore pastures new, combining historic values with new uses. Christofle has developed an emphasis on technological innovation and stylists’ creations, while Puiforcat has sought to establish a new art de vivre in all things taste-related. Ercuis, for its part, has focused on bespoke cutlery, while Richard Orfèvre offers a whole new take on its chosen field of expertise. Christofle, which has excelled in silversmithing since 1830, now combines tradition and innovation. After having recently developed a revolutionary method that has made it possible to combat the natural oxidation of silver, the company has come up with an exciting and innovative concept called Mood, consigning cruets and other tableware holders firmly to the cupboard. This oval decorative piece is both compact and dazzling. It houses a new, minimalistic set of silver-plated cutlery for six. In a break with tra-

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personnes. Bousculant les codes traditionnels de la table, Mood est en adéquation avec un mode de vie en perpétuelle évolution. Christofle dévoile ici sa vision avant-gardiste d’une convivialité dé-complexée, mais toujours élégante et raffinée. L’empreinte Christofle est aussi marquée par la collaboration de grands artistes et designers aux collections de la maison : de Jardin d’Eden de Marcel Wanders à Arborescence d’Ora-Ïto, de Silver Time de Jean-Marie Massaud à la toute nouvelle collection Céleste d’Eric Schmitt, qui présente des objets de haute-orfèvrerie à la sensuelle rondeur mêlant l’argent et l’albâtre, belle rencontre entre éclat du métal et douceur de la pierre… Tous parti-cipent au renouvellement stylistique de Christofle, qui déploie son savoir-faire dans l’univers de la table, de la maison et du bijou.Créée en 1867 par le curé d’un petit village de l’Oise nommé Ercuis, la société éponyme s’est longtemps spécialisée dans l’orfèvrerie religieuse. Peu à peu, Ercuis se consacre à l’orfèvrerie de table et développe la fabrication du couvert. L’orfèvre acquiert alors une renommée de première impor-tance auprès des grands hôtels de la Riviera et de la côte basque. Son savoir-faire est apprécié des établissements de prestige tels le Royal Monceau Raffles ou le Shangri-La Hôtel, à Paris. Ercuis a aussi équipé les plus grands paquebots, à l’instar du Normandie et du France, ainsi que le train mythique Venice Simplon Orient-Express. Avec la création du couvert Citeaux, Ercuis ouvre la voie de la modernité. Son expertise dans l’argent massif se confirme avec le succès du couvert L’Insolent, qui fait appel à un montage si sophistiqué qu’il est proche du sertissage de la haute joaillerie. Aujourd’hui, Ercuis apporte une nouvelle person-nalité au couvert avec une collection évoquant les grandes tendances des arts décoratifs français. Petit

l 1 l L’orfèvrerie fait désormais

cohabiter patrimoine et nouveaux usages.

“ Depuis plusieurs an-

nées, le métier cherche à re-nouveler son

registre. ”

ditional tableware design codes, Mood is the perfect match for our ever-changing lifestyles. The piece reveals Christofle’s avant-garde vision of friendship – joyously uncomplicated, but no less elegant and refined for all that. Partnerships with leading artists and designers also feature largely in Christofle’s approach to its various collections : from Jardin d’Eden by Marcel Wanders to Arborescence by Ora-Ïto, via Silver Time by Jean-Marie Massaud – and not forgetting the very

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> dernier de cette collection, le couvert Coupole se décline en trente couleurs de laque, puis est gravé de motifs guillochés, avant d’être doré ou argenté. La collaboration d’Ercuis avec la chef étoilée Anne-Sophie Pic prouve que la gastronomie est source d’inspiration pour l’orfèvre. Cet engouement pour la gastronomie n’a pas échappé à Puiforcat. Fondée en 1820 par Émile Puiforcat, l’entreprise familiale doit sa notoriété à Jean Puiforcat, membre de la quatrième génération, dont les créations avant-gardistes bouleversent la haute orfèvrerie moderne. Propriété d’Hermès depuis 1993, Puiforcat s’attache à imaginer les classiques de demain, portée par un savoir-faire d’exception et les collaborations de grands de-signers. Face à l’évolution des modes de vie, la volonté de Puiforcat est de poser les bases d’un nouvel art de vivre : un art du goût, défini par l’as-sociation d’une riche tradition orfèvre aux usages d’aujourd’hui. La table reste le centre de toutes les attentions. Au travers de ses collections, la maison réinvente tous les temps de la gastronomie, de la préparation au dressage, jusqu’à la dégustation. Ainsi, Puiforcat développe son expertise autour du vin avec la collection Sommelier. L’orfèvre s’est attiré la complicité d’Enrico Bernardo, élu meilleur sommelier du monde en 2004. Le designer londo-nien Michel Anastassiades a apporté sa maîtrise de la lumière et du métal pour sublimer l’expérience de la dégustation. Serviteur, vasque, carafe, verres pour chaque type de vin, mais aussi pour les diges-tifs et l’eau… La collection Sommelier affiche un parti-pris novateur : le récipient en verre est posé sur un socle de métal, le pied du verre disparaît. C’est donc dans la séparation que cohabitent le métal et le vin, pour tendre vers une dégustation

“ Les maisons françaises marient

tradition et inventivité. ”

latest Céleste collection from Eric Schmitt, bringing us fine silverware with sensual curves that blends silver and alabaster – a delightful encounter between the sheen of metal and the softness of stone. All of them testify to a new era of design for Christofle, whose expertise also extends to the realms of tableware, home furnishings and jewellery.Established in 1867 by a priest in a little Oise village called Ercuis, for many years the company of the same name specialised in church plate. Gradually, Ercuis shifted its focus to silverware for the table and developed cutlery manufacture. This was the spring-board for the firm’s stellar reputation, endorsed by the grand hotels of the Riviera and the Basque coast. Its expertise has been acclaimed by such prestigious establishments as the Royal Monceau Raffles and the Shangri-La Hotel in Paris. Ercuis also went aboard several ocean liners, including the Normandie and the France, as well as the legendary Venice-Simplon Orient Express. Ercuis took its first steps into mo-dernity with its Citeaux line of cutlery. Its expertise in solid silver was further confirmed with the success of its L’Insolent cutlery, making use of assembly tech-niques of a sophistication more often associated with luxury gem-setting. Today, Ercuis has added further character to cutlery with a collection that embodies the greatest trends in French decorative arts. Coupole cutlery, the latest addition to the collection, is available in thirty different lacquer colours, then engraved with

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parfaite. Dans cette approche d’un art de vivre lié à la table, à la décoration et à l’usage, Puiforcat a su trouver son équilibre entre continuité et renouveau.Dans son atelier au cœur de Paris, Richard Orfèvre perpétue un savoir-faire artisanal centenaire, où chaque pièce en argent massif est fabriquée à la main. Outre son expertise en restauration d’orfèvre-rie ancienne et en sur-mesure, la maison Richard, conduite par Jean-Pierre Cottet-Dubreuil, fait appel à la jeune garde du design et de la création pour apporter un nouveau regard sur l’orfèvrerie : Ruth Gurvich, 5.5 Designers ou Non Sans Raison… Des couverts Lingots au chausse-pied martelé, en passant par la coupe Eclipse et les boutons de manchettes personnalisables, Richard Orfèvre décline des pièces d’exception en version contem-poraine et s’inscrit pleinement dans son époque. ◊

guilloche motifs before being gold or silver-plated. And Ercuis’ co-operation with Michelin-starred chef Anne-Sophie Pic demonstrates that silversmithing can draw inspiration from gastronomy. This enthusiasm for gourmet food has not been lost on Puiforcat, either. Founded in 1820 by Émile Puiforcat, the family firm owes its fame to Jean Puiforcat, a fourth-generation family member, whose avant-garde works have completely revolutionised prestige silversmithing. Owned by Hermès since 1993, Puiforcat aims to design the classics of the future, backed by exceptional knowhow and partnerships with leading designers. As lifestyles change, Puiforcat seeks to lay the foundations for a whole new art de vivre : the art of taste, in which a wealth of silversmithing tradition is drawn on to match today’s eating habits. Tableware remains the central focus of attention, but the firm’s collections reinvent every phase of gastronomy, from preparation through to serving and of course, tasting. With its Sommelier collection, Puiforcat is also deve-loping wine knowhow. The firm has enlisted Enrico Bernardo, voted the world’s best wine steward in 2004, as a willing partner, while London-based designer Michel Anastassiades has contributed his expertise in light and metal in order to take the tasting experience to new heights. Featuring serving caddies, wine bowls, carafes and glasses for each type of wine, as well as for after-dinner liqueurs and water, the Sommelier collection adopts an innovative approach, in which the glass recipient is set on a metal base, without a glass stem. Metal and wine cohabit, but remain separate – so the tasting is all the better. In focusing on the table, decoration and use in its approach to the ‘art of living’, Puiforcat has struck the perfect balance between renewal and continuity.In its workshop in the heart of Paris, meanwhile, Richard Orfèvre continues to uphold artisanal skill that stretches back a hundred years, with each solid silver item made by hand. In addition to their expertise in restoring historic silverware and bespoke pieces, Richard, headed up by Jean-Pierre Cottet-Dubreuil, is also seeking out emerging talent in design and styling to provide a fresh perspective on silversmithing, including Ruth Gurvich, 5.5 Designers and Non Sans Raison, to name but a few. From Lingots cutlery to hammered shoe horns, via the Eclipse cup and customisable cufflinks, Richard Orfèvre offers unpre-cedented, contemporary pieces, and is wholly in step with the times. ◊

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B E R N A R D A U D , L E L U X E A U Q U O T I D I E N

Dans sa boutique de la rue Royale à Paris,

la célèbre manufacture de porcelaine de

Limoges présente ses dernières collections

empreintes d’élégance et de raffinement.

On connaît l’audace créative de Bernardaud, son savoir-faire d’exception, mêlés à une recherche constante de l’inno-vation. La manufacture de porcelaine a toujours su faire

des choix audacieux pour exploiter les nombreuses qualités de cet « or blanc » aux propriétés insoupçonnées. En résultent des pièces exceptionnelles, créées par les plus grands artistes et designers : De Jeff Koons à Marjane Satrapi, d’Olivier Gagnère aux Frères Campana, de Philippe Stark à India Madhavi, tous contribuent à perpétuer l’esprit créatif de la maison Bernardaud en révélant de nouveaux usages. La porcelaine est une matière qui se réinvente en permanence et s’affiche à la fois comme un artisanat, une industrie et un art. Elle investit tous les espaces de la maison : chaque service, chaque bijou, chaque meuble, chaque luminaire ou objet signé Bernardaud habille le quotidien d’un luxe simple. Elle s’invite chez les grands chefs sur les plus belles tables du monde. La manufacture sait parfaitement bien humer l’air du temps : ses toutes nouvelles collections subliment la table, comme Sol, une collection rayonnante et lumineuse au style contemporain, déclinée dans un jeu de couleurs Or, Lazuli, Cajou ou Myrte. La collection s’enrichit d’un « surtout » de table dont l’on peut composer les pièces en fonction de la taille de sa table. Dressé au centre de la boutique Bernardaud, le service Sol offre sa splendeur au visiteur qui peut découvrir toutes ses pièces et faire aussi son choix parmi les autres collections subtilement mises en valeur. Plus délicate dans des tons de rose ou d’amande, la collection Chronos joue les effets de matières entre le mat et le brillant sur une assiette très plate, soulignée par un large filet or. Bernardaud a aussi imaginé avec la Maison Petrossian un service à caviar original : les assiettes Ecume – en blanc, or ou platine – servent indifféremment d’écrin à une boîte de trente ou cinquante grammes de caviar, renfermée sous une cloche en porcelaine décorée d’un esturgeon or ou pla-tine. A la fois esthétiques et techniques, ces assiettes sont le fruit d’une collaboration entre un savoir-faire français et des produits gastronomiques de qualité. Fidèle à sa philosophie, Bernardaud fait confiance à ses intuitions, et revendique ses coups de cœur. Ainsi, cette version en porcelaine du « Balloon Dog », l’une des œuvres les plus marquantes du

E v e r y d a y l u x u r y f r o m B e r n a r d a u d

The legendary Limoges china manu-

facturer presents its latest refined and

elegant collections, in its Paris boutique

on Rue Royale.

The creative audacity and exceptional knowhow of Bernardaud are well-known, as is its constant quest for innovation. The china manufacturer is a past master in

resolutely seeking out unprecedented ways of getting the very best out of this ‘white gold’ and its undreamed-of properties. The result is outstanding items, created by the greatest artists and designers : from Jeff Koons to Marjane Satrapi, from Olivier Gagnère to the Campana Brothers, and from Philippe Stark to India Madhavi – all have contributed to upholding Bernardaud’s creative ethos by coming up with new uses. China is a material that is constantly being reinvented, proclaiming itself to be a craft, an industry, and an art, all at the same time. It’s at home eve-rywhere in the house : Bernardaud’s tea-sets, jewellery, furniture, light fittings and ornaments all add a touch of simple luxury to everyday life. And of course, china is welcomed by the greatest chefs onto the finest tables in the world. The firm has always had an excellent feel for what’s fashio-nable ; its latest collections are a sublimation of tableware. Sol is a radiant, contemporary-style collection available in different colours including Gold, Lazuli, Cashew and Myrtle. The collection now includes a surtout de table centrepiece whose contents can be adjusted depending on the size of your table. Taking pride of place in the centre of the Bernardaud boutique, the Sol set parades its splendour to visitors, who can inspect every item in the range – or of course choose from among the other discreetly displayed collections. In more delicate pink tones, the Chronos collection highlights an interplay of matte and gloss materials and features a flatter-than-usual plate, set off with a broad gold line. Working with Petrossian, Bernardaud has also designed a distinctive caviar set. The white, gold or platinum Ecume plates are a beautiful showcase for a thirty or fifty-gramme tin of caviar, enclosed beneath a china cover decorated with a gold or platinum sturgeon. Combining technical prowess and beautiful aesthetics, the plates are the outcome of close cooperation combining French knowhow and high-quality gourmet products. True to its philosophy, Bernardaud trusts its intuition and doesn’t hesitate to show off the most outstanding results. For the china

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Boutique

BERNARDAUD11 rue Royale, du lundi

au samedi de 10h à 19h

designer Jeff Koons : l’acier inoxydable au poli miroir de la célèbre sculpture fait place à une glaçure jaune métallisée fixée sur une assiette de porcelaine dans laquelle elle se réfléchit. Cette œuvre exclusive en édition limitée a nécessité toutes les compétences des modeleurs, décorateurs et émailleurs des ateliers Bernardaud, ainsi que la mise en œuvre de technologies nouvelles. En édition limitée, elle est exposée dans la boutique de la rue Royale. ◊

“ La manufacture sait humer l’air

du temps ”

version of “ Balloon Dog ”, one of the most striking of designer Jeff Koons’ works, the original’s mirror-finish stainless steel has been replaced by a metallic yellow glaze, and the celebrated sculpture has been set on a china plate, in which it is reflected. This exclusive, limited-edition work called for all the skills of the modellers, decorators and enamellers in Bernardaud’s workshops, together with the implementation of new technologies. The limited edition is on display in the Rue Royale boutique. ◊

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U n m a r i a g ea u M a n s a r t

Champagne Taittinger | Présentoir Ercuis | Assiettes Bernardaud | Flûtes Baccarat | DouceursLa Maison Du Chocolat | NappeLe Jacquard Français.

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Maquillages et parfums Chanel | Chaussures et pochette Jimmy Choo | Voile et couronne Jenny Packham | Alliance Poiray | Pendentif Valérie Danenberg

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Veste De Fursac | Chemise The Nines | Chaussures et lunettes Tommy Hilfiger | Montre Pequignet | Sac Moynat

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Robe Dior | Couronne Bonpoint | Bracelet Redline | Voiture Baghera M

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Tendances Trends _

Printemps aux tuileries

| 01. JIMMY CHOO, sandales Dora, 775 euros. | 02. PAUL & JOE BY MADURA, enveloppe de coussin Anniversary, 45 euros. | 03. TOURNAIRE, bague Marélie, 2 050 euros. | 04. PAUL SMITH, blazer en crêpe de laine vert, 990 euros. | 05. CARVEN, robe jersey imprimé, 290 euros. | 06. BONPOINT, veste Charlize, 380 euros | 07. LANCASTER, pochette Patchwork cuir, 125 euros. | 09. CHLOÉ, jupe en tweed, 75 euros. | 09. FREYWILLE, foulard Magic Sphynx, 75 euros. | 10. TARTINE ET CHOCO-LAT, robe chasuble, 85 euros.

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Ethnique

| 01. BOUCHERON, boucles d’oreilles Nuri. 22 100 euros. | 02. JUNIOR GAULTIER : haut ethnique. | 03. YVES SAINT LAURENT, sandale Monster en cuir et daim. 695 euros. | 04. MEYROWITZ, lunettes Broadway. 490 euros.| 05. PAUL SMITH, robe Caftan. 445 euros. | 06. BCBG MAX AZARIA, robe Malgosia Striped Cutout Dress. 458 euros. | 07. PAUL ROCO, fauteuil Tuna. 1 495 euros. | 08. LYDIA COURTEILLE, bague Reine de Saba. Prix sur demande. | 09. JIMMY CHOO, sac Lockett XB. 2 350 euros.

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Marin marin qui revient de loin

| 01. FRATTELI ROSETTI, Hobo sport. 300 euros.| 02. MAISON DU MONDE, Fauteuil | 03. DIOR, Teddy bleu en cuir d’agneau. 1 400 euros.| 04. TOMMY HILFIGER, ceinture. 49,90 euros. | 05. JACADI, robe sans manche. 59 euros. | 06. PAULE KA, robe en crêpe envers satin. 490 euros. | 07. HARTFORD, pull marine. 110 euros. | 08. PETIT BATEAU, ciré jaune. A partir de 69 euros | 09. REPETTO, richelieu en veau nappa. 265 euros. | 10. CHANEL, collier Signature de Saphir. Prix sur demande

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M E L L E R I O , l e j o a i l l i e r é t e r n e l

M e l l e r i o , j e w e l l e r s s i n c e t i m e i m m e m o r i a l

La maison de joaillerie Mellerio dits Meller a célébré,

en 2013, son 400e anniversaire et, en 2015, le

bicentenaire de sa présence rue de La Paix. Il est peu

dire que son histoire est riche.

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Boutique

MELLERIO DITS MELLER9, rue de la Paix.

Du lundi au samedi de 10h30 à 19h.

In 2013, jewellers Mellerio dits Meller celebrated their

four hundredth anniversary – followed in 2015 by the

bicentenary of their installation on Rue de La Paix. ‘Steeped

in history’ is an understatement when it comes to this firm.

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Joai

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Héritage Heritage_

Dans le paysage de la haute joaillerie parisienne, Mellerio dits Meller tient une place particu-lière : la maison française, indépendante, est

la première à s’être installée rue de la Paix, en 1815, sous l’impulsion de Jean-François Mellerio. Et plus de 200 ans plus tard, elle y est encore ! Mais cette installation, si elle reflète le caractère à la fois no-vateur et culotté de la maison, n’est qu’une étape dans le développement de l’entreprise. En effet, son histoire commence bien plus tôt, au tout début du XVIIe siècle. Les Mellerio, issus d’un petit village niché entre le Piémont et la Lombardie, arrivent en France à l’aube du XVIe siècle, après les guerres d’Italie, pour y exercer les métiers de fumistes, de colporteurs ou de mar-chands saisonniers. Mais, en 1613, Marie de Médicis leur accorde sa protection pour services rendus au Royaume de France, et, par arrêt du Conseil du Roy, leur offre le privilège exceptionnel d’exercer leur métier à Paris sans se soumettre aux contraintes administratives ordinairement appliquées. C’est à cette date que la famille fait le choix de se concentrer sur le métier de marchand d’objets précieux. Les années passent et, finalement, le XIXe siècle est celui de la consécration pour les Mellerio, qui s’offrent une réputation inégalée pour la qualité du style, de la fabrication et du choix des pierres précieuses. Rapidement, les têtes couronnées d’Europe et du Monde se tournent vers la maison, qui devient, de fait, le joaillier des reines. Soucieuse de préserver son savoir-faire, l’entreprise s’attache à transmettre ses secrets à chaque nouvelle génération. Cette volonté, plus de 400 ans après sa création, demeure intacte puisque Mellerio dits Meller est aujourd’hui dirigée par la quinzième génération du nom. ◊

Le joailliertransmet son savoir-faire à

chaque nouvelle génération

Mellerio dits Meller has a very special place in the Parisian fine jewellery landscape. The independent French firm was the very first to move onto Rue

de la Paix, in 1815, at the initiative of Jean-François Mellerio. And two hundred years later, it’s still there ! While the (then) new location embodied the very essence of the maison’s unabashed, innovative nature, it was just one more step in the development of a business whose story had begun well before then, at the turn of the seventeenth century. Originally from a tiny village nestled between the Piedmont region and Lombardy, the Mellerio family arrived in France at the start of the sixteenth century in the wake of the Great Italian Wars, working as chimneysweeps, peddlers and seasonal vendors. However, in 1613, Marie de’ Medici granted them her protection for services rendered to the Kingdom of France and by order of the King’s Council, offering them the unprecedented privilege of plying their trade in Paris without being subjected to the mountains of paperwork this usually involved. That was when the family decided to concentrate on a trade in precious objects. The years passed, and in the nineteenth century the Mellerios sealed their reputation, earning themselves unrivalled acclaim for the quality of their style, manufacture and choice of pre-cious stones. The crowned heads of Europe – and the rest of the world – called on the firm’s services ; and so it was that it became the “ jeweller of queens ”. Keen to protect its knowhow, the company carefully hands down its secrets to each new generation. Over four hundred years on, this desire remains intact : Mellerio dits Meller is now run by the fifteenth generation of the same name. ◊

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M A T H I E U B O U L A Y

A 23 ans, le chef du

Louvre Bouteille exerce

une cuisine classique et

authentique. Rencontre

avec un passionné,

valeur montante de la

gastronomie parisienne

et qui ne cache pas son

rêve d’étoile. Aged just

23, the Louvre Bouteille’s

chef practises authentic,

traditional cuisine.

We met up with this

enthusiast who’s on the

up and up in the world

of Parisian gastronomy –

and making no secret of

his dream of stars.

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Portrait Portrait_

S u r l a r o u t e d e s

é t o i l e sLe hasard fait bien les choses. Lorsqu’il entre au Louvre Bouteille, ce jour de janvier 2015, Mathieu Boulay s’attend à tout sauf à en ressortir avec un

contrat de travail. « J’étais venu déjeuner avec un ami », dit-il. « Mais j’ai fini par discuter avec Frédéric Lebel, qui m’a finalement demandé si j’étais disponible. » Quelques coups de téléphones plus tard, passés aux anciens patrons de Mathieu Boulay, le tour est joué : Frédéric Lebel, sommelier de renom et alors patron du restaurant depuis quelques semaines, lui confie les clefs de sa cuisine. Avec un objectif : réaliser une authentique gastronomie française, parfaitement accordée avec ses vins et permettant de retrouver le plaisir de la table.La vraie cuisine, Mathieu Boulay la connaît bien. « Mes pa-rents étaient restaurateurs en Bourgogne », raconte-t-il. Très tôt, le voilà éduqué au respect du terroir. A six ans, il montre déjà des aptitudes à la cuisine. A quinze, il intègre l’école de Château-Chinon, en BEP. « Deux années compliquées, sans confort, sans eau chaude ni chauffage, passées à travailler de façon acharnée », se souvient le jeune chef. Les week-end, il les passe chez l’étoilé Jérôme Brochot, « mon mentor ». En 2011, le natif de Rosny-sur-Seine décide de retourner en région parisienne. Il débarque à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle : lui qui était habitué à la gastronomie, le voilà au Flo, à faire de la quantité. Sans passion, Mathieu Boulay se met à la gestion, et se retrouve, finalement, manager du point de vente sous douane Exki, au terminal 2F. « Malgré les difficultés du métier, j’ai beaucoup appris en gestion à cette occasion », note le chef. Après un an d’exercice à la section VIP du catering de l’aéroport du Bourget, le jeune homme retourne finalement à Paris, où il trouve un poste au Très Honoré, dans le premier arrondissement. Avant de rejoindre, début 2015, le Louvre Bouteille, dont il est désormais associé.A 23 ans, le chef est maintenant à sa place. A la tête d’une cuisine qu’il dirige comme il l’entend. « Ma cuisine a évolué, depuis que je suis ici », dit-il. « Mais j’ai la chance de pouvoir exercer des classiques comme je le souhaite, de l’authentique cuisine, le genre de cuisine que ma génération ne sait plus pratiquer depuis que la téléréalité nous a fait croire qu’on pouvait devenir chef en quelques semaines... » Fidèle à ses valeurs de respect du terroir, il s’approvisionne lui même, à Rungis où dans une ferme des Yvelines. Et il se prépare, avec une volonté féroce, à ses prochains concours : s’il a déjà brillé à la finale nationale des Jeunes Chefs Rôtisseurs, il entend maintenant mettre tous les atouts de son côté pour obtenir, un jour, le titre de Meilleur Ouvrier de France et, même, une étoile au Michelin. « J’y travaille », assure-t-il. ◊

Fate is a great provider. When he walked into the Louvre Bouteille restaurant in January 2015, the last thing Mathieu Boulay was expecting was to leave with a

job. “ I’d come to have lunch with a friend, ” he says. “ But I ended up talking to Frédéric Lebel, who eventually asked me if I was available. ” After a few phonecalls to Mathieu Boulay’s former employers, it was in the bag : Lebel, a well-known wine waiter who had been in charge of the restaurant for a few weeks, handed Mathieu the keys to the kitchen. The goal ? Authentic French gastronomy, serving enjoyable meals that would be a perfect match for Frédéric’s wines. Mathieu Boulay is no stranger to real cuisine. “ My parents had a restaurant in Burgundy, ” he explains, “ so I was brought up to respect local produce from a very early age ”. By the time he was six, he was already proving to be gifted in the kitchen. At fifteen, he started a vocational course at a Château-Chinon school. “ I had two difficult years there, deprived of home comforts such as hot water and hea-ting, working flat out, ” recalls the young chef. He spent his weekends with Michelin-starred chef Jérôme Brochot, his mentor. In 2011, the native of Rosny-sur-Seine decided to return to the Paris region. His first port of call was Roissy Charles-de-Gaulle airport : although gourmet cooking was his thing, he found himself doing mass catering at the Flo brasserie there. For want of enthusiasm, Mathieu Boulay turned his hand to management and ended up running the Exki airside outlet in terminal 2F. “ It was a tough job, but I did learn a lot about management, ” says the chef. After another year working in the VIP catering section at Le Bourget airport, the young man finally went back to Paris itself, where he found a job at the Très Honoré, in the first arrondissement, before moving to Louvre Bouteille, where he is now a partner, in early 2015.At 23, the chef has at last found his rightful place : in charge of a kitchen that he runs his own way. “ My cuisine has moved on since I’ve been here, ” he says. “ But I’m still lucky to be able to do traditional dishes just as I like them : authentic cuisine – the kind of cooking that my generation no longer knows how to do, having been taught by reality TV that anyone can become a chef in a matter of weeks. ” Faithful to his precept of respect for local produce, Mathieu sources his products himself at Rungis, or from a farm in the Yvelines – and all the while, is preparing determinedly for his upcoming competitions. Having already put on a brilliant performance at the national ‘Young Chefs Rôtisseurs’ contest, he now intends to ensure the odds are in his favour to win a Meilleur Ouvrier de France Craftsmanship Award one day soon – or even a Michelin star. “ I’m working on it, ” he assures us. ◊

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P O R S C H EC A Y E N N E G T S

Chez Porsche, les modèles GTS sont toujours le symbole d’un caractère sportif

affirmé. Le SUV Cayenne en est le témoin, avec son moteur V8 de 440 chevaux,

son comportement dynamique et son apparence sans équivoque. Essai. Porsche’s

GTS models never fail to embody a decidedly sporty look and feel. The Cayenne

SUV is one such example, with a 440HP V8 engine, dynamic handling – and

styling that banishes any remaining doubts. We took it for a spin.

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Moteur : V6 Cylindrée : 3 604 cm3

Puissance : 440 chCouple : 600 Nm entre 1 600

et 5 000 trs/min0 à 100 km/h : 5,2 sec

Vitesse max : 262 km/hConsommation mixte : 10 litres / 100 km

Engine : V6Displacement : 3 605 cm3Power : 440 hpTorque : 600 Nm at 1 600to 5 000 trs/min 0 to 100 km/h : 5,2 secTop speed : 262 km/hCombined consumption : 10 l / 100 km

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Si elle n’est pas la plus puissante de la gamme, la version GTS du Cayenne demeure la plus spor-tive. Fidèle à l’esprit GTS, symbole, chez Porsche,

de sportivité, ce SUV se distingue d’ailleurs des autres modèles en ce qu’elle affiche clairement ses prétentions. A l’avant, ainsi, le Cayenne GTS arbore une entrée d’air élargie, des feux à led redessinés, des phares bi-xénon teintés et un long capot à bosselage. La poupe, de son côté, est dotée de doubles sorties d’échappement noire mat, d’un bouclier spécifique et d’un béquet de toit. Enfin, le Cayenne GTS est monté de jantes de 20 pouces teintées de noir et d’étriers de freins rouges, symbole, là encore, de sportivité. Conjugués à un châssis abaissé de 24 mm, à des jupes latérales et à des élargisseurs d’ailes redessinés, ces aspects confèrent au SUV une évidente virilité.

ALCANTARA OMNIPRÉSENT

Fidèle à son rang de SUV premium, le Cayenne GTS béné-ficie d’un habitacle parfaitement fini et doté de matériaux de grande qualité, comme l’alcantara, omniprésent. Avec ses mensurations, il peut accueillir quatre grands gaba-rits dans un confort royal. Le conducteur, parfaitement maintenu dans le siège baquet à commandes électriques huit réglages, bénéficie d’un accès facile à une console centrale ergonomique et traversant l’habitacle. Sous le capot, cette version GTS est équipée d’un moteur essence V8 de 4,8 litres, porté à 440 chevaux. Avec son couple de 600 Nm disponible entre 1 600 et 5 000 tours par minute, ce bloc, au timbre rauque et puissant, offre au SUV une souplesse appréciable et des performances à la hauteur : il atteint les 100 km/h en 5,2 secondes, et grimpe allègrement jusqu’à 260 km/h. Heureusement, les six pistons à l’avant et les quatre à l’arrière mordent avec force les disques de freins de 390 mm, générant un freinage sécurisant. La boite automatique à huit rapports courts pour plus de sportivité, transmet efficacement la puissance aux quatre roues motrices, ce qui participe à l’agrément de conduite. Ces performances se traduisent par une consommation moyenne de l’ordre de 10 litres aux cent kilomètres.Sur la route, le Cayenne GTS dévoile un comportement exceptionnel. Monté sur un châssis dynamique, doté de barres anti-roulis et de suspensions fermes, il demeure solide sur ses appuis et offre, de ce fait, une grande précision en courbes. Seule la direction, très légère, peut être pénalisée par un léger flou en point milieu. Ce qui n’empêche pas la SUV d’enchainer les virages serrés à des allures interdites. Pour être encore plus radical, les réglages du châssis peuvent être modifiés et rigidifiés au moyen de boutons sur la console centrale. Là, inutile de chercher le confort : chaque irrégularité de la route se ressent immédiatement. Le Cayenne GTS se monnaie, hors options, à partir de 101 330 euros et, à ce prix, heu-reusement, les équipements ne manquent pas. ◊

The GTS isn’t the most powerful car in the Cayenne range, but it’s certainly the sportiest. Indeed, Porsche’s GTS label is all about that added

sports touch, and this SUV is no exception, standing out from the other models in all the right ways. At the front end, the Cayenne GTS features an extra-large air intake, specially designed LED lights, tinted bi-xenon headlamps and a long, embossed bonnet. At the rear, meanwhile, it boasts twin matte black exhaust pipes, a specific bumper guard and a roof spoiler. To complete the sporting look, the Cayenne GTS is fitted with black-tinted 20-inch rims and red brake shoes. Combined with a chassis that’s 24 mm lower than usual, side skirts and re-designed wheel arch flares, it all adds up to an SUV with unmistakeable machismo. True to its status as a premium SUV, the Cayenne GTS has an impeccably finished interior fitted out with top quality materials, including acres of Alcantara. Its size is generous too, capable of seating four large adults in regal comfort. The driver, perfectly supported in an electrically-controlled bucket seat with eight different settings, enjoys easy access to a user-friendly central console that extends into the passenger compartment. Under the bonnet, the GTS version is fitted with a 4.8-litre V8 producing 440 HP. Delivering 600 Nm of torque between 1,600 and 5,000 rpm, this throaty, powerful engine offers welcome flexibility and ample performance for the SUV : 0-100 km/h in 5.2 seconds, and effortless acceleration up to 260 km/h. It’s just as well that the six front and four rear pistons provide plenty of grip on the 390 mm brake disks : braking is reassuring as a result. The automatic gearbox features 8 close ratios, providing a sportier feel and delivering efficient power transmission to the four-wheel drive, further enhancing the driving experience. All this adds up to average fuel consumption of around 10 litres per 100 km (28 mpg).

DYNAMIC CHASSIS

On the road, the Cayenne GTS is simply outstanding to drive. Mounted on a dynamic chassis and boasting anti-roll bars and firm suspension, it stays resolutely all four wheels, remaining firmly glued to the road on any bend. The only slight niggle is the ultra-light steering, which is rather slack at the midpoint – but that doesn’t stop this SUV rounding endless tight curves at speeds well over the limit. To push the en-velope still further, the chassis settings can be altered and tightened using controls mounted on the central console. If you do venture do to so, though, forget the smooth ride : the slightest bump in the road will jangle your spine. The price tag for the Cayenne GTS, excluding options, starts at €101,330, though there’s no shortage of items fitted as standard – just as well at that price. ◊

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L A S U I T E H A U T E C O U T U R E

D ’ A I R F R A N C E

Air France achève le déploiement de sa nouvelle cabine haut de gamme, La

Première, placée sous le signe de la haute couture. Entrée en service fin 2014,

elle a déjà été distinguée pour ses prestations. Présentation. Air France has just

finished rolling out La Première, its new-high class cabin, characterised by haute

couture. First installed in late 2014, it has already won awards for its services.

We paid a flying visit.

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Le 29 septembre 2014, Air France mettait officiellement en service sa nouvelle cabine de première classe, baptisée La Première, sur la ligne de Singapour. Un an et demi

plus tard, le transporteur tricolore achève son déploiement, et met en ligne son 19e appareil de type Boeing 777-300 équipé de cette nouvelle configuration de cabines haut de gamme. Signe de réussite et de reconnaissance pour la compagnie, La Première a été distinguée, courant janvier 2016, à l’occasion des Hurun Best of the Best Awards où elle a reçu le prix de la « meilleure première classe disponible entre la Grande Chine et l’Europe ». Organisé par l’influent magazine Hurun Report, dédié à l’industrie du luxe, ce prix récompense cette fois la compagnie aérienne française désireuse, à travers sa stratégie de montée en gamme initiée il y a quelques années, d’offrir à sa clientèle une expérience de voyage inoubliable.A bord de cette cabine, les voyageurs disposent d’une suite haute couture, promettant une parfaite intimité. Les quatre suites qui la composent ont, en effet, été habillées d’épais rideaux aux accents tweed retenus par des embrasses en cuir : ceux-ci permettent au client de s’isoler totalement ou partiellement. En un rien de temps, le fauteuil se décline en un lit tout à fait horizontal, long de plus de deux mètres. Mieux : l’équipage installe un matelas sur le fauteuil du passager prêt à s’endormir, afin d’optimiser son confort. Parallèlement, la compagnie propose évidemment à ses voyageurs La Première un panel de services innovantes et de qualité : repas conçus par des chefs étoilés, écran 24 pouces, salons exclusifs dans les principaux aéroports, et, même, service d’aviation d’affaires permettant de relier l’aéroport de Paris Charles-de-Gaulle à plus de 1 200 plates formes d’Europe. ◊

On September 29, 2014, Air France officially launched its new first class cabin, dubbed La Première, on its Singapore route. Eighteen

months on, the French airline has now completed the rollout, commissioning its nineteenth Boeing 777-300 aircraft to feature the new top-class cabin layout. In January 2016, the company’s success and acclaim was acknowledged at the Hurun Best of Best Awards, with La Première scooping a prize as the “ best first class available on flights between Greater China and Europe ”. The award, organised by the Hurun Report, an influential magazine dedicated to the luxury indus-try, is a fitting tribute to the French airline’s keenness to provide its customers with an unforgettable travel experience, as evidenced by the upgrading strategy it began just a few years ago.Passengers in this class enjoy a haute couture suite that ensures complete privacy. The four suites have been decked with thick curtains in a tweed style, held in place with leather tie-backs that allow passengers to choose total or partial seclusion. In no time at all, the seat converts into a fully flat bed, two metres long. And to provide even greater comfort, the crew installs a mattress on the seat as passengers prepare to sleep. Alongside all this, the airline naturally offers its La Première passengers a range of innovative, high-quality services : meals concocted by starred chefs, a 24-inch screen, exclusive lounges in main airports and to top it all, a business aviation service connecting Paris Charles-de-Gaulle airport to over 1200 hubs throughout Europe. ◊

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| LA BOUTEILLE |

The bottle

A travers son Mas Ventenac, la maison lan-guedocienne présente un vin dense et précis. Cette cuvée 2010 révèle en bouche des arômes de fruits noirs, des notes de graphite et de menthol, et des tannins souples et délicats. Avec son toucher de bouche soyeux, ce grand vin de la maison Ventenac, composé à 40 % de Cabernet Franc, à 40 % de Syrah et à 20 % de Merlot, séduit tant par sa richesse que par son originalité. Mas Ventenac, from the epo-nymous Languedoc winery, is an intense, yet clear-cut wine. The 2010 cuvée reveals black fruit aromas on the palate, along with graphite and menthol notes and soft, delicate tannins. With its silky mouthfeel, this grand vin wine from Ventenac – 40% Cabernet Franc, 40% Syrah and 20% Merlot – is compellingly rich and original.

| LE LIVRE |

The book

Pour célébrer le centenaire de sa création, la Bayerische Motoren Werke – BMW – met à l’honneur le design à travers une succession de gros plans sur les grandes périodes au cours desquelles le constructeur automobile allemand a manifesté sa volonté d’innovation. Créativité, esthétique et technologie, en effet, se sont toujours associés chez les ingénieurs et designers de la marque à l’hélice, pour donner naissance à des piliers de l’histoire de l’industrie automobile. Généreusement illustré et facilement lisible, cet ouvrage, paru aux éditions Chêne, se veut indispensable à tout passionné de BMW. To celebrate its centenary, Bayerische Motoren Werke – BMW – is honouring design in a series of close-ups covering key periods during which the German automobile manufacturer has demonstrated its taste for innovation. Creativity, aesthetics and technology have always gone hand in hand for BMW’s engineers and designers as they bring forth some of the most outstanding vehicles in the history of the motor industry. Published by Chêne, this generously-illustrated and highly readable book is a must-have for all BMW enthusiasts.

| LE SMARTPHONE |

The Smartphone

Dans le cadre de son partenariat avec le constructeur automobile, Vertu lance le Signature Touch pour Bentley. Il s’agit d’un Smartphone moderne et puissant, gainé de deux tons de cuirs Bentley, Beluga et Hotspur avec surpiqures Hotspur, le téléphone est doté de touches latérales moletées, d’un coussi-net d’écoute et d’une barre de son uniques. Son application Bentley lui permet d’offrir un contenu exclusif. En plus de sa qualité de fabrication hors pair, il allie évidemment des performances technologiques de premier rang ainsi qu’un affichage des plus dynamiques. Son système d’exploitation Android 5.1 Lollipop lui garantit une rapidité accrue. Vertu is launching the Signature Touch for Bentley as part of its partnership with the motor manufacturer. It’s a powerful, state-of-the art smartphone, clad in Bentley’s Beluga and Hotspur leather finishes, with Hotspur overstitching. The phone fea-tures unique knurled side buttons and comes with its very own headset and sound bar. The Bentley application allows it to deliver exclusive content. In addition to unparalleled manufactu-ring quality, the smartphone naturally combines cutting-edge technological performance and the very best in dynamic display. The Android 5.1 Lollipop operating system ensures swift functionality.

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BMW, 100 ANS DE DESIGN

Serge Bellu - Éditeur : Epa

Prix : 35 euros

MAS VENTENAC, 2010

Maison Languedocienne

Prix : 22 euros

VERTU, BENTLE

Signature Touch

Prix : 13 250 euros

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Contacts Contact_

N o s a d r e s s e s

| JOAILLERIE |

Brigitte Ermel - 191 rue Saint Honoré

FreyWille - 167 rue Saint Honoré

et 5 rue de Castiglione

Jaubalet - 10, place Vendôme

Lydia Courteille - 231 rue Saint Honoré

Tournaire - 7, place Vendôme

Valérie Danenberg - 1 rue du marché

Saint Honoré

| HORLOGERIE |

Chronopassion - 271 rue Saint Honoré

Glashütte Original - 6 rue de la Paix

OChrono - 3 rue Perrault

Saint Honoré - 326 rue Saint Honoré

| MODE |

Jenny Packham - 2 rue d’Aguesseau

Louis Purple - 6 boulevard Malesherbes

The Nines - 8 rue de l’Arcade

et 162 rue du Faubourg Saint Honoré

| PARFUM & BEAUTE |

Fragonard - 3-5 square de l’Opéra Louis Jouvet

Joëlle Ciocco - 8 place de la Madeleine

Penhaligon’s - 209 rue Saint Honoré

| EBENISTERIE & MAROQUINERIE |

Alexandre Mareuil - 16 rue Vignon

Elie Bleu - 8 rue Boissy d’Anglas

| RESTAURANTS |

Nomad’s - 12 rue du marché Saint Honoré

Le Coupe d’Or - 330 rue Saint Honoré

Louvre Bouteille - 150 rue Saint Honoré

| AUTRE |

Mairie d’arrondissement - 4 place du

Louvre

| HOTELS |

Hôtel de Crillon - 10 place de la Concorde

Hôtel Mansart - 5 rue des Capucines

Hôtel de Vendome - 1 Place Vendôme

| AVIATION D’AFFAIRES |

Air France - 10 salons business à Rois-

sy-CDG et Orly

iXair - Aéroport du Bourget

| SEMINAIRES |

L’Hôtel Particulier - 7 rue de Liège

Eurosites George V - 28 avenue George V

Salle Wagram - 39-41 avenue de Wagram

-1 r ue du marché Sa in t Honoré

Lundi au samedi - 11 à 19h01 42 60 19 59

www.valeriedanenberg.fr-

-Hau te Joa i l l e r i e

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