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II Actu Le point sur Bordeaux VI Effervescence En avant, la culture ! VIII Agitateur Que l’intrépide capitaine Fradin s’amuse ! XII BD Joue-la comme Alfred XIV Guide Par ici les sorties XXII Inspirés Ces passionnés secouent la scène bordelaise XXVI Entretien Marc Minkowski : « Je trace mon chemin… » XXX Tremplins Des écrins archi-artistiques XXXII Bouillonnant Et c’est ainsi que Mollat est grand XXXIV Coin lecture Des librairies qui gagnent à être connues XXXVI Ecurie Les pépites de Finitude XXXVIII « Street art » Quand Bordeaux s’encanaille XL Détonnant Daniel Firman mise sur Bordeaux XLII Immobilier Toujours la hausse XLVI A la cave avec Olivier Bompas XLVIII A la carte par Thibaut Danancher Dossier coordonné par Jérôme Cordelier BORDEAUX Soif de culture ! Le futur pont Simone-Veil, conçu par Rem Koolhaas. CLÉMENT BLANCHET/REM KOOLHAAS

« Bordeaux, soif de culture ! » : Le Point Novembre 2017

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Page 1: « Bordeaux, soif de culture ! » : Le Point Novembre 2017

II Actu Le point sur Bordeaux

VI Effervescence En avant, la culture !

VIII Agitateur Que l’intrépide capitaine Fradin s’amuse !

XII BD Joue-la comme Alfred

XIV Guide Par ici les sorties

XXII Inspirés Ces passionnés secouent la scène bordelaise

XXVI Entretien Marc Minkowski : « Je trace mon chemin… »

XXX Tremplins Des écrins archi-artistiques

XXXII Bouillonnant Et c’est ainsi que Mollat est grand

XXXIV Coin lecture Des librairies qui gagnent à être connues

XXXVI Ecurie Les pépites de Finitude

XXXVIII « Street art » Quand Bordeaux s’encanaille

XL Détonnant Daniel Firman mise sur Bordeaux

XLII Immobilier Toujours la hausse

XLVI A la cave avec Olivier Bompas

XLVIII A la carte par Thibaut Danancher

Dossier coordonné par Jérôme Cordelier

BORDEAUX

Soif de culture !Le futur pont Simone-Veil, conçu par Rem Koolhaas.

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Hermès débarque à Saint-Vincent-de-PaulLa nouvelle en a épaté plus d’un : le groupe de luxe Hermès va ins-taller son cinquième site de production de la Nouvelle- Aquitaine à Saint-Vincent-de-Paul. Où ça ? Dans un village de 1 000 habi-tants – « le Petit Poucet de la métropole », re-connaît avec humour son premier adjoint au maire, Gilles Béraud-Sudreau –, au nord-est de Bordeaux. A partir de 2020, dans un bâtiment construit à cet effet, 100 personnes viendront fabriquer les célèbres sacs Kelly. Elles devraient être 250 (280 avec les enca-drants) en 2024. « C’est stratégique : Hermès ne dépasse jamais des ateliers de 200 à 250 salariés en France, explique un connais-seur de la filière cuir en Aquitaine. Car, avec sa culture de la discrétion, la marque veut bien connaître son personnel et maîtri-ser les ressources humaines. »Pôle emploi est déjà en alerte. Le cluster régional d’entreprises et de formation Réso’cuir, basé à Thiviers (Dordogne), dispose aussi d’un vivier de jeunes formés en CAP de maroquinerie. « Ce sont 250 créations nettes d’emploi, des gens venant de tout le ter-ritoire de la rive droite et au-delà qu’Hermès va devoir former », in-dique l’élu. Avec comme critères essentiels la dextérité et l’amour du beau travail. Pour apprendre le métier et l’exigence Hermès, ils passeront tous pendant dix-huit mois entre les mains d’ar-tisans maison expérimentés, installés dans un atelier de for-mation, qui ouvrira à la rentrée 2018 à Ambarès-et-Lagrave, juste à côté de Saint-Vincent-de-Paul. Cette installation va ren-forcer la filière historique du cuir, qui représente 4 000 emplois en Nouvelle-Aquitaine § C. C.

Blandine Filet La directrice générale de la clinique Bagatelle pi-lote le projet Bahia, qui doit réunir d’ici à 2021, à Talence, Bagatelle et

l’hôpital militaire Robert- Picqué, installé depuis plus d’un siècle à Villenave- d’Ornon. Un projet ambitieux sur les ser-vices et sur l’investissement (90 millions).

Cyril Viguier Fort du succès de sa matinale sur LCP-Public Sénat (canal 13 de la TNT), le journaliste vedette pousse à

l’émergence d’un réseau de télévisions des métropoles mêlant info continue de proximité et services aux téléspecta-teurs. Associée à des entreprises perfor-mantes locales et le groupe Sud-Ouest avec sa chaîne TV7, la première de ces télés pourrait voir le jour à Bordeaux à la fin de l’année prochaine.

Etienne Parin L’urbaniste, ex- directeur du Grand Projet de ville de la rive droite, impulse la création d’une Maison des écritures à Lormont,

une structure au rayonnement métropoli-tain dans une jolie villa à rafraîchir. Elle sera le lieu d’expression de toutes les disciplines artistiques sous forme d’événements, de résidences, d’accueil. Ouverture prévue en janvier 2019.

Patrice PichetLe promoteur immobi-lier veut ouvrir un hôtel de luxe 5 étoiles dans les anciens chais Calvet, aux portes des Chartrons.

Un projet à 25 millions d’euros pour une centaine de chambres, avec un design signé Philippe Starck, qui a déjà dessiné pour le promoteur les chais du château Les Carmes Haut-Brion.

Petites mains. Le site de Montbron.

Le point sur BordeauxPAR JÉRÔME CORDELIER ET CLAUDIA COURTOIS

EN VUE

SPÉCIAL BORDEAUX

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Naissance d’un géant des neurosciencesAprès vingt ans d’attente, le Neurocampus vient d’ouvrir officiellement. Attenant au CHU, les 30 000 mètres carrés de bâtiments accueillent 700 chercheurs, 50 équipes de recherche et 6 instituts. « C’est un des plus gros ensembles destinés aux neuro­sciences en Europe », selon le Pr Pier Vincenzo Piazza, Grand Prix Inserm 2015, spécialiste des addictions et directeur d’un des instituts. Etat, région, université, Inserm et CNRS ont mis la main à la poche pour cette structure de 70 millions.

Alain Juppé consulte les Bordelais

A partir du 1er janvier, Alain Juppé lance une grande consultation populaire, qui sera menée pendant un an et est destinée à définir les priorités pour le territoire à l’horizon 2050. Un point de départ pour un programme électoral ? « Ce n’est pas le pro­jet d’Alain Juppé, précise son directeur de cabinet, Ludovic Martinez. De toute façon, il n’a pas besoin de cela pour prouver qu’il a une vision… »

Juppé quitte LR (en Gironde)Laurent Wauquiez élu à la tête de LR ou pas, Alain Juppé a d’ores et déjà annoncé son départ de la présidence départementale du parti, dont les instances sont élues jusqu’en juin, quoi qu’il arrive.

« La relève »… bordelaise ?Le maire désignant le Premier ministre – son ancien bras droit – Edouard Philippe

comme « la relève », voilà qui n’est pas tombé dans l’oreille de sourds à Bordeaux. Et au premier chef de Ludovic Martinez (photo) : « Le sujet n’est pas d’actualité. Mais cela aurait de l’allure. En matière de juppéisme, de vision, d’intelligence, on a avec Edouard Philippe un excellent échantillon. Il a d’ailleurs pris beaucoup exemple sur Bordeaux pour transformer Le Havre… »

Les collabos de LormierAprès son livre explosif paru à la ren-trée de sep-tembre « Les 100 000 colla-bos. Le fichier interdit de la collaboration française » (Cherche Midi), l’historien bordelais Dominique Lormier promet des révéla-tions sur les artistes, écrivains et journalistes qui ont collaboré avec l’Alle-magne dans un ouvrage pour les éditions de L’Archi-pel. En attendant, plus posi-tif : il publiera au mois de mai, aux Editions du Rocher, un ouvrage sur les chrétiens qui ont résisté à Hitler.

Enfin un vrai port de plaisanceLes travaux du port de plaisance ont débuté en novembre et se termineront au printemps 2018. But : créer 9 pontons pour accueil-lir jusqu’à 268 bateaux. Le Grand Port maritime prend en charge 100 % de l’investissement (3 millions). Le loyer moyen annuel sera de 1 800 euros pour un bateau de 10,50 mètres, contre 700 aujourd’hui.

Arrêts de bus à la demande pour rassurer les femmes A titre expérimental pendant six mois, Bordeaux Métropole a demandé à Keolis, le délégataire des transports en commun (SNCF), de tester l’arrêt à la demande à partir de 22 heures sur les lignes 7 et 10. Cette initiative a été généralisée sur toutes les lignes de bus de l’agglo-mération de Nantes.

Rouveyre prépare 2020Chez les socialistes, la bataille des munici-pales est lancée. Comme Vincent

Feltesse, Matthieu Rouveyre (photo), chef de file du groupe municipal, a monté son association. Installé rue du Cerf-Volant, son Labo bordelais vise à repérer des thématiques et des per-sonnes pour une future liste. « On a une fenêtre de tir, car il est probable que Juppé ne se représentera pas, estime l’opposant. A condition de ran­ger nos ego au second plan. Je cherche un candidat qui soit ca­pable de remporter Bordeaux. » Et d’ajouter, malicieux : « Je suis sûr qu’il peut y avoir meilleur que moi. »

Le chant d’espoir de René LenoirLes jeunes générations connaissent le fils, Frédé-ric Lenoir, qui enchaîne

les livres à succès – le dernier en date, « Le miracle Spinoza », vient de sortir chez Fayard. Mais

les plus anciens se sou-viennent du père, René Lenoir. Ce haut fonction-naire discret fut l’un des grands serviteurs de l’Etat des années 1970 aux an-nées 1990. Ce centriste, né à Alger le 21 janvier 1927, travailla au gouvernement au côté de Simone Veil, fut secrétaire d’Etat sous Valéry Giscard d’Estaing et un conseiller influent de Jacques Chirac. Mais, surtout, René Lenoir fut un directeur de l’Ena respecté et voua une grande partie de sa car-rière aux exclus – aux-quels il consacra, en 1974, un livre-référence. Retiré près de Bordeaux, il publie à 90 ans un ouvrage très émouvant, pétri de poésie et de sagesse, dans lequel il aborde toutes les ques-tions du monde – sociales, politiques, scientifiques et surtout spirituelles. Un testament littéraire dans lequel transparaît sa grande connaissance de la nature humaine, ac-quise par la fréquentation des plus puissants aux plus humbles, et son amour immodéré, « sans pourquoi », de la terre et du ciel étoilé. Ce chant-là est plein d’espoir § J. C.

« Le chant du monde est là », de René Lenoir (Albin Michel, 140 p., 12 €).

Le Neurocampus.

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Luxe encore, luxe toujoursMichel Ohayon, promoteur de bâtiments commerciaux et d’hôtels de luxe, a de nouveaux et grands projets en Gironde : au-delà de l’ex- Virgin à Bordeaux, dont il veut faire un hôtel standing

Saint-André comme vous ne l’avez jamais vuDepuis plusieurs années, la créative maison d’édition alsacienne La Nuée bleue a l’excellente idée de confectionner des beaux livres sur les cathédrales de France, sous la direction de Mgr Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg. Elle s’attaque aujourd’hui à celle de Bordeaux. Voilà un livre-album magistral de 528 pages réalisé sous la direction du cardinal et arche-vêque de Bordeaux, Mgr Jean-Pierre Ricard, sur la primatiale d’Aqui-taine. Les textes érudits des plus grands spécialistes de la DRAC et de l’université Bordeaux-Montaigne voisinent avec des photos époustouflantes de Bernard Bonne-fon pour rendre grâce à ce sublime édifice dans lequel, depuis huit siècles, se sont enchevêtrés tous les styles – les travaux continuent… –, un « lieu clos où l’atmos-phère de la ville ne pénétrait pas », comme le célébrait François Mauriac en son temps § J. C.« Saint-André, primatiale d’Aquitaine, la grâce d’une cathédrale » (La Nuée bleue, 528 p., 85 €).

de 150 chambres, il compte agrandir le Grand Hôtel Le Régent de Bordeaux pour ajouter 20 suites aux 130 chambres existantes, une pâtisserie, un nouveau salon de thé, un restaurant également bar à vins et une

galerie d’art. Livraison prévue : fin 2018. Au château Trianon, un saint-émilion grand cru qu’il a acheté début 2017, l’homme d’affaires souhaite ouvrir un hôtel de luxe. Avec ce nom, les étrangers vont ado-rer ! Dernier projet à moyen terme : un autre pa-lace avec balnéo-thérapie sur le bassin d’Arcachon.

Un whisky made in BordeauxDeux entrepre-neurs – Yves Médina et

Jean-Philippe Ballanger, PDG de Jock – ont eu cette folle idée de lancer un whisky de Bordeaux, distillé dans la capitale dans des fûts de sauternes ou de vin rouge du Bordelais : le Moon Har-bour, qui signifie le port de la Lune. CQFD. En sep-

tembre 2017, ils ont carrément ouvert une distillerie (vi-

sitable) dans un ancien bunker allemand près de la base sous-marine. Un investisse-ment de 3 mil-lions d’euros.

Grand Hôtel Le Régent.

SPÉCIAL BORDEAUX

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PAR JÉRÔME CORDELIER ET CLAUDIA COURTOIS

F abien Robert se frotte les mains. On peut même dire que l’élu trentenaire (MoDem) auquel

Alain Juppé a confié les clés de la culture à Bordeaux exulte : la sai­son, qui a pris fin le 25 octobre, est un succès. 600 000 visiteurs pour des événements nouveaux – dont 10 000 jeunes en plein mois d’août pour un concert de musique élec­tronique au Jardin public ! –, une programmation démultipliée pour célébrer l’arrivée de la LGV, les sculp­tures d’Anthony Gormley parse­mant la ville, les illuminations de la compagnie Carabosse… Vive la culture à Bordeaux ! « C’est un axe de développement pour notre métro-pole, et je l’ai affirmé comme tel dès le

Effervescence. Bordeaux est en train de devenir un grand labo­ratoire des arts.

début du mandat, en 2014, en deman-dant un document stratégique à Fa-bien Robert », affirme Alain Juppé, égratigné sur le sujet par son adver­saire socialiste Vincent Feltesse pen­dant la campagne municipale.

Savez­vous ainsi que la ville des 3M (Montaigne, Montesquieu, Mauriac) est aujourd’hui la deu­xième ville de la BD en France (lire page XII) ? Que nombre de petites maisons d’édition, Finitude par exemple (lire page XXXVI), y taillent depuis les bords de la Garonne des croupières aux grandes ? Que la scène rock, autrefois mythique, se revivifie avec le pop rap d’Odezenne ou le « rock garage » de JC Satan ? L’écrivain Marc Dugain s’y installe et le danseur Patrick Dupond y ouvre une école. Bordeaux est en pleine mue culturelle. En témoigne l’apparition de nouveaux grands lieux, de l’Arena à la Fabrique Pola, le futur « Darwin » des arts créatifs (lire page XXXVIII). « On voit bien que des gens s’activent, que des choses peuvent se passer, qu’il y a un poten-tiel, relève le sculpteur Daniel Fir­man, qui vient d’implanter son atelier aux Chartrons (lire page XL).

Mais il faut encore trouver un bouil-lonnement qui n’est pas naturel à la ville. » C’est le même constat que dresse Norbert Fradin, le concep­teur et financeur du futur musée de la Mer et de la Marine (lire page VIII), l’un des grands patrons avec Bernard Magrez à investir dans le domaine. « Il faut créer une émul-sion culturelle, lâche l’entrepreneur. Aujourd’hui, Bordeaux vit, il y a une vraie action globale, pas seulement des façades ravalées. Nous devenons une vraie métropole culturelle. Mais il y a encore des choses à faire, en accueillant notamment les initiatives qui sou-tiennent les grandes institutions. »

Outre sa beauté exceptionnelle et son attractivité forte, la ville a plusieurs arguments pour séduire les passionnés de culture. « Bor-deaux bénéficie de quatre atouts, qui sont le résultat de son histoire, sou­ligne Fabien Robert. Son patrimoine, qui est encore vivant ; la littérature, qui y est présente, la musique, en plein renouvellement, et aussi son Opéra, l’un des cinq nationaux en France mais le seul à compter trois forces ar-tistiques en permanence, à savoir le ballet, le chœur et l’orchestre. »

Succès. Un concert de musique électronique a rassemblé 10 000 personnes cet été dans le Jardin public. Et sans débordements…

En avant, la culture !

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Las, de nombreux acteurs cultu-rels reprochent à la ville d’englou-tir beaucoup d’argent pour l’orchestre et le ballet de Bordeaux (35 millions de budget moyen en régie personnalisée). La mairie ré-torque que l’Opéra, c’est de l’em-ploi (400 salariés à temps plein) et qu’il est impossible de rayer d’un trait de plume ces équipements culturels structurants. Depuis longtemps, les 11 musées munici-paux doivent s’accommoder avec des budgets d’acquisition en baisse, voire réduits comme peau de cha-grin – à l’exception du musée des Arts décoratifs et du Design, dopé par Constance Rubini, l’ex-direc-trice des Arts déco à Paris, qui a pu faire de nouvelles acquisitions en matière de design et organiser des expositions qui font date (lire notre guide page XIV).

Las, les acteurs se plaignent de devoir pratiquer l’« équilibrisme » financier, comme le dit le direc-teur de l’Opéra, Marc Minkowski (lire page XXVI). « On pourrait sans doute faire mieux, notamment en ma-tière de spectacle vivant », reconnaît Alain Juppé, accusant « des marges de manœuvre financières limitées », tout en rappelant que le Fonds d’aide à la création a injecté 650 000 euros dans la culture locale. « Ce qui a permis à des pro-jets qui n’avaient pas trouvé grâce au-près de structures d’exister », indique Eric Roux, directeur de la Rock School Barbey.

Reste la question d’un grand événement fédérateur comme si-gnature culturelle de la ville… Les deux éditions d’Evento (2009 et 2011) et la biennale d’art contem-porain ont donné des résultats mi-tigés. Mais, par exemple, Agora, biennale d’architecture et d’urba-nisme, sous la houlette depuis le début de Michèle Laruë-Charlus, directrice générale adjointe de l’ar-chitecture à la ville, connaît un succès certain – la 7e édition s’est achevée cet automne. « S’il y a un grand événement à soutenir, c’est bien

celui-ci, car il n’y en a nulle part ail-leurs et Bordeaux est une ville d’ar-chitectes », assure un acteur de… la scène musicale girondine. De nou-veaux festivals prometteurs ren-contrent aussi leur public comme le Festival du film indépendant de Bordeaux, animé par des passion-nés, ou, depuis deux ans, le Festi-val des arts de Bordeaux, né sur les cendres de Novart, en collabora-tion avec le Carré-Colonnes. Exemples parmi d’autres. Mais un grand événement-totem ? Que nenni ! « Ce n’est pas cela qui fait une politique culturelle, sauf si on recherche les paillettes », tranche Alain Juppé. « On ne court pas derrière un totem, renchérit Fabien Robert. Plutôt que de concentrer les moyens sur un court laps de temps, il vaut mieux soutenir un foisonnement culturel et artistique sur une saison, en mélangeant artistes locaux et étrangers. Un mois à un mois et demi d’intensité culturelle avec une thématique renouvelée tous les deux ans me paraît le bon format pour une saison ; on y travaille pour 2019. »

Intuition. Blaise Mercier, direc-teur de la Fabrique Pola, se félicite du dialogue renoué avec les asso-ciations : « La ville a une intuition plutôt bonne : elle s’appuie sur l’ADN de structures existantes comme les arts visuels, vivants, musicaux pour les faire monter en puissance. La transformation ne passera que grâce à des écosystèmes qui ont leur propre dynamique, comme Darwin ou Pola, par exemple. » Certes, il reste des parents pauvres comme la danse, le jazz ou la photo, pour laquelle les acteurs demandent une mai-son – « On a besoin d’un lieu, car, malheureusement, peu de photo-graphes ont pu se faire un réseau à Bordeaux malgré une vraie culture photographique », dit Bruce Mil-pied, organisateur d’événements photographiques. Jean-Louis Gauthey, le patron de l’éditeur de BD Cornélius, lui, se veut plutôt optimiste. « Bordeaux a une histoire culturelle, glisse-t-il. Elle a été im-portante dans les années 1970-80, puis a souffert d’un creux entre 1990 et 2000, mais aujourd’hui on peut dire que la culture, ici, est en redéveloppe-ment. » Stimulant §

Eclectique. Les spectacles de l’Opéra (en haut), dirigé par Marc Minkowski, attirent de nouveaux publics. Installées partout dans la ville, les sculp-tures d’Anthony Gormley (ci-dessus) ont été l’une des attractions de la saison. C’est un jeune élu (MoDem), Fabien Robert, qu’Alain Juppé a choisi pour faire vivre la culture à Bordeaux (ci-contre).

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Que l’intrépide capitaine Fradin s’amuse !

PAR JÉRÔME CORDELIER

L e nouveau château de Norbert Fradin ressemble à… un châ-teau d’eau. Une bâtisse vintage

dans le quartier de Mériadeck, inspirée par le musée Guggen-heim de New York et qui repré-sente « l’un des plus grands exemples européens de l’architecture organique et brutaliste » selon son nouveau propriétaire. Brutal, c’est le mot : de fait, avec son alliage béton- pierre, l’endroit au premier abord est brut de décoffrage. Les Tontons

Agitateur. Avec son musée de la Mer et son aquarium, le promoteur sti-mule la vie cultu-relle bordelaise.

sur mesure… Le patron de Fradin Promotion voudrait recustomi-ser l’endroit pour en faire un centre culturel et d’exposition, en le baptisant, comme il se doit, La Caisse. C’est comme si c’était fait ! Ce promoteur iconoclaste bien connu des Bordelais – il fut l’un des premiers à miser sur le renouveau des Chartrons et l’amé-nagement des berges de la Ga-ronne –, au regard enfantin et au faux air du comédien Denis Po-dalydès, est en train de devenir le grand agitateur de la vie cultu-relle bordelaise. Ce toqué de course automobile trace son sil-lon depuis des lustres dans le do-maine. « Tombé dans l’immobilier, par hasard » à l’âge de 18 ans et demi – parce qu’il était devenu père –, Norbert Fradin a, en paral-lèle de programmes plus commer-ciaux, restauré cinq ou six (il ne sait plus précisément) châteaux classés dans la région, dont le spec-taculaire Villebois-Lavalette, en Charente, entouré d’un demi-ki-lomètre de remparts du XIIe siècle, ainsi que le bien visible (il touche le pont d’Aquitaine à Bordeaux) Prince-Noir, des bâtisses patrimo-niales dont il a confié – gratuite-ment – la gestion à des associations culturelles. « Je les appelle

Chantier. Norbert Fradin devant le futur musée de la Mer et de la Marine, dans le quar-tier des Bassins à flot.

Monumental. Le mu-sée, qui s’étendra sur 13 000 m2, près de la base sous-marine, devrait prendre forme à la fin de l’année.

flingueurs se seraient coulés avec aisance dans cet immeuble de 5 étages qui leur siérait à merveille, quoique plutôt seventies. Cette bâ-tisse, ancien siège de la Caisse d’épargne d’Aquitaine, est un lieu très kitsch de 3 000 m2 aux volumes et perspectives incroyables, avec son immense – et baroque – salle des coffres, sa salle du conseil avec vue sur Bordeaux et son audito-rium aux sièges et tablettes en bois

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des châteaux orphelins parce qu’ils ne sont pas des lieux de rési-dence », précise Norbert Fradin.

Mais, surtout, l’homme est l’ini-tiateur, le concepteur, le finan-ceur, l ’âme, bref, le grand ordonnateur du futur musée de la Mer et de la Marine, qui doit ou-vrir le 15 juin 2018 dans le quar-tier Bacalan/Bassins à flot et fait déjà saliver les Bordelais. Car Nor-bert Fradin, qui a le sens du pa-nache et du « buzz » médiatique, a promis pour l’inauguration d’y faire venir 41 tableaux de Monet ainsi qu’une quinzaine de dessins – et même la palette et les lunettes du peintre –, des œuvres prêtées par le musée Marmottan, à Paris, dirigé par Patrick de Carolis. « On a vu haut et ambitieux pour montrer que ce musée sera aussi un lieu apte à recevoir de grandes expositions ; nous avons déjà des projets avec la Bibliothèque nationale de France et de grands musées français », lâche le Bordelais. Le grand vaisseau (13 000 m2 de planchers, dont 10 000 couverts, 7 000 m2 de salles d’exposition, un amphithéâtre de

350 places) devrait prendre forme à 200 mètres de la Cité du vin et de la base sous-marine à la fin de l’année. Son capitaine sexagénaire assouvit là un rêve d’enfant… Un de plus ! « Gamin, je voulais entrer à l’Ecole navale, raconte Norbert Fradin, les voies de la destinée m’ont orienté vers d’autres horizons. Mais j’ai toujours fait de la voile et du ba-teau, et, si je me suis passionné pour la course automobile, je continue à en faire. J’ai délaissé la mer, mais j’ai constitué une collection d’objets de marine et de maquettes de bateaux de plusieurs milliers de pièces : pour-quoi ne pas en faire profiter les autres ? C’est ainsi que, d’un simple lieu d’exposition basique, on est passé à l’ambition d’un vrai espace cultu-rel dédié non seulement à la mer, mais aussi à la marine. »

Immergé. Et, puisqu’il navigue comme un poisson dans l’eau à Bordeaux, Norbert Fradin a un autre projet liquide en cours. L’idée ? Installer un aquarium géant (10 000 m2, « comme les grands aquariums européens ») sur

Euratlantique, en bordure de la Ga-ronne. Là encore, le financement est intégralement assuré par lui-même et son groupe, et, comme pour le musée, son président-fon-dateur reste discret sur les mon-tants. Tout juste concède-t-il que cela fait « pas mal d’argent ». Un pro-jet qui vient d’être lancé et devrait aboutir en 2021, mais qui défraie déjà la chronique. Et pour cause ! Norbert Fradin promet, en effet, un aquarium « nouvelle génération », à savoir avec des poissons qui ne seront pas forcément tous… phy-siquement présents ! Evidemment, dit comme cela, cela prête à rire ; certains crient même à l’esbroufe.

Audacieux. C’est sous-évaluer l’ambition du projet et sous-estimer les progrès considérables de l’in-telligence artificielle en cours et à venir… « Il vient de s’ouvrir à Time Square, à New York, sous les aus-pices de National Geographic, un aquarium 100 % virtuel, se défend notre entrepreneur audacieux. Nous, ce ne sera pas forcément le cas. Nous aurons des bassins avec des poissons, pour favoriser la reproduc-tion. Mais tous les grands animaux que l’on ne peut plus garder en cap-tivité seront montrés dans leur mi-lieu naturel. Et le visiteur sera complètement immergé dans leur réalité, grâce aux techniques 3D, aux images invasives. On pourra voir des animaux qu’on ne peut jamais approcher, dans aucun aquarium. Et on pourra presque les toucher ! » L’impression, assure son promo-teur, sera encore plus palpable que dans le film « Océans », de Jacques Perrin, avec lequel l’équipe tra-vaille. « On ne peut plus agir vis-à-vis des espèces animales comme autrefois », constate Norbert Fra-din, qui a bien conscience du poids de plus en plus grandissant des militants écologistes et des défen-seurs du bien-être animal. L’im-portant est de rêver et de faire rêver, n’est-ce pas ? Quand on lui de-mande ce qui le meut, le capitaine Fradin répond tout à trac, en fixant son interlocuteur de son regard malicieux, enfantin : « Je m’amuse. » Alors, que Fradin s’amuse : c’est bon pour Bordeaux ! §

Kitsch. Une fois réhabi-lité, l’ancien siège de la Caisse d’épargne hébergera des com-merces et des espaces culturels et artistiques.

Norbert Fradin promet un aquarium « nouvelle génération » avec des poissons qui ne seront pas forcément tous… physiquement présents !

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Joue-la comme Alfred

PAR JÉRÔME CORDELIER

« En France, je ne me verrais pas vivre ailleurs qu’à Bor-deaux. » Le dessinateur

Alfred est né à Grenoble, se dit très attaché à ses racines italiennes, ne dédaigne pas l’expatriation – il re-vient d’un périple de sept mois en Asie avec compagne et fille –, mais il a fait de la métropole de Bordeaux son port d’attache, et ce depuis dix-sept ans. Alfred (c’est un pseudo, mais il souhaite qu’on ne l’appelle qu’ainsi) partage un atelier – bap-tisé Flambant neuf – avec d’autres artistes dans le quartier Saint-Pierre, et il habitait jusqu’à récemment le quartier Saint-Michel, avant d’em-ménager dans une maison à Bègles. Ce quadragénaire sympathique et curieux est l’une des grandes signa-tures de la bande dessinée. Il est l’auteur de la série « Octave » (6-9 ans), du récit noir de son

Pétillant. Qui l’eût cru ? La cité de Montaigne est la deuxième ville de BD en France.

scénariste et ami Olivier Ka, « Pour-quoi j’ai tué Pierre », d’un livre avec Etienne Daho – qu’il a suivi partout pendant deux ans et demi – et de spectacles dessinés avec Jean-Pierre Nataf (le chanteur des Innocents), Brigitte Fontaine, le jazzman Ra-phaël Imbert… Et son album solo « Come Prima » a décroché le fauve d’or 2014 au Festival d’Angoulême. Bref, Alfred est un auteur qui compte. Et il vit à Bordeaux.

Comme nombre de ses collè-gues, tels David Prudhomme, Christian Cailleaux, Richard Gué-rineau, le dessinateur de la série « XIII », et Fabien Nury, son scéna-riste vedette, ou encore Eric Corbeyran, Winshluss (meilleur album à Angoulême en 2011 avec « Pinocchio » et Pépite d’or à Mon-treuil l’année dernière), Lucie Dur-biano, Rachel Deville… Bordeaux compterait 200 auteurs et scéna-ristes de bande dessinée.

Pôle. Pourquoi un tel engouement d’auteurs de BD pour la capitale gi-rondine ? La proximité d’An-goulême, où nombre d’entre eux ont fait leurs études, n’y est pas pour rien. Ainsi que l’implantation d’édi-teurs comme Akileos, La Cerise, l’antenne française du FRMK, mais surtout Les Requins Marteaux, qui ont quitté Albi pour intégrer la fa-brique Pola, nouveau pôle créatif bordelais (lire page XXXI), suivi quelques années après par un autre poids lourd du secteur alternatif, Cornelius. « Avant d’opter pour Bor-deaux il y a quatre ans, raconte le pa-tron et fondateur de Cornelius, Jean-Louis Gauthey, on a étudié les villes de Lyon, Marseille, Toulouse et Nantes. Bordeaux était une ville en phase de développement, pas très loin de la mer, pas très chère à l’époque – mais ça a beaucoup changé… » Pour Gauthey, qui est aussi porte-parole du Syndicat des éditeurs alterna-tifs, Bordeaux est aujourd’hui la deuxième ville de BD en France. « Très peu d’auteurs peuvent encore vivre à Paris à cause du prix des loyers, constate-t-il, et ici on peut s’implan-ter facilement, car on mutualise avec d’autres acteurs. » Résultat, les librai-ries spécialisées pullulent comme Le Passeur ou Le Contretemps, et les grandes librairies comme La Ma-chine à lire ou Mollat poussent les murs pour faire place aux albums, quand les manifestations se mul-tiplient, comme le festival Regard 9, par exemple. A Bordeaux, on fa-brique aussi des bulles… §

Attachement. Le dessinateur Alfred, qui a notamment consacré un album à Etienne Daho, s’est installé quartier Saint-Michel il y a dix-sept ans.

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PAR CLAUDIA COURTOIS

MUSIQUES« Carmen » revisitéC’est l’histoire d’un opéra – « Car-men », de Bizet –, mais en version théâtre d’objets et sous la houlette de Michel Laubu, qui, depuis trente ans, récupère, transforme, sublime et « poétise » tout ce qui traîne dans les placards. Avec sa complice, Emili Hufnagel, il transporte cette histoire d’amour du XIXe siècle dans une contrée imaginaire, la Turakie ! Un vrai théâtre de méta-morphose, à voir et à entendre. « Une cArMen en Turakie », du 12 au 14 décembre, à Saint-Médard-en-Jalles, www.carrecolonnes.fr.

La nouvelle voix du jazz Cécile McLorin Salvant, jeune Franco-Américaine – un père haï-tien, une mère guadeloupéenne –, envoûte et charme par sa voix. Elle a tout juste 30 ans et a déjà rem-porté le 1er prix du concours inter-national de jazz Thelonious Monk (2010). Son premier disque – «Wo-manChild » – a été nominé aux Grammy Awards en 2014. Le 21 janvier, à Cenon, www.lerocherdepalmer.fr.

Guitare jeune A 22 ans, il est déjà un virtuose en guitare classique et a récolté de nombreux prix internationaux. Thibaut Garcia, de père espagnol, a grandi à Toulouse et, à l’âge de 7 ans, a rencontré une guitare qu’il n’a plus quittée. Le beau gosse

Legende

Par ici les sorties !

Guide. Théâtre, musiques, expos… Les choix du Point

pour bien profiter de Bordeaux.

Poésie. La compagnie Turak transforme « Carmen » en fait divers amoureux loufoque et surréaliste.

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enivre et berce par ses interpréta-tions délicates et un son très rond, caractéristique de la guitare clas-sique. Le 16 décembre, www.opera-bordeaux.com.

La boum des petits et… des grands ! Pour que nos chères têtes blondes se déhanchent et se défoulent tout en se cultivant sur l’histoire de la pop, du rock ou du jazz, le Kraka-toa propose, à l’heure du goûter ou presque, des Krakaboum : musique, boules à facettes, lumières de cou-leur et, surtout, une programma-tion top, exigeante et adaptée. Il y a même des bonbons ! La musique anglaise est à l’honneur pour cette boum de fin d’année. Le 16 décembre, à Mérignac, www.krakatoa.org.

Opéra classiqueDans le cadre du cycle Debussy, l’opéra « Pelléas et Mélisande » est une nouvelle production de l’Opéra national de Bordeaux. On y chantera l’amour, la mort et la jalousie sous la baguette de Marc Minkowski (voir entretien, page XXVI) et dans la mise en scène de Philippe Béziat. Du 19 au 21 janvier 2018, www.opera-bordeaux.com.

Depeche Mode en ouverture de l’Arena Pour la seule date française, avec Paris, de leur Global Spirit Tour, le groupe anglais mythique inau-gure l’Arena le 24 janvier. C’est leur première tournée depuis près de trois ans. Toutes les places ayant été vendues en quelques minutes,

il ne reste plus qu’à casser sa tire-lire pour réserver son pass VIP à… 403 euros ! Le 24 janvier, www. bordeauxmetropolearena.com.

Cœur de rockLa 14e édition du festival Bordeaux Rock tiendra ses promesses avec, entre autres, la présence du chan-teur pop Bertrand Burgalat, de la DJ allemande Helena Hauff ou en-core de la chanteuse et actrice Dani. La soirée Rock en ville (le 25 jan-vier) offre un coup de projecteur sur la fine fleur de la scène locale, avec la participation d’une

vingtaine de groupes dans huit lieux différents. Une formidable déambulation musicale urbaine. Du 24 au 28 janvier 2018, www.bordeauxrock.com.

Jusqu’au bout de la nuit au conservatoire Chaque fois, c’est la même chose : le conservatoire de musique de Bordeaux se transforme en ruche avec, en guise d’abeilles, de jeunes musiciens et chanteurs qui s’égaillent dans autant de salles- alvéoles ! C’est la 5e Nuit des conser-vatoires, une manifestation nationale : jusqu’à minuit, les oreilles et les yeux se régalent dans une ambiance familiale et bon en-fant. Même si on n’a pas de rejeton dans la place, ça vaut le détour. Entrée libre. Le 26 janvier 2018. 05.56.92.96.96.

Parker met le paquetMaceo Parker, une des grandes fi-gures du funk et du soul jazz, qui a débuté avec James Brown et joué avec Prince avant de se lancer dans une carrière solo, sera au Kraka-toa le 29 novembre. Il est même le parrain de la salle de concerts. Le 29 novembre, à Mérignac, www.krakatoa.org.

THÉÂTRE ET DANSE« Marys’ à minuit » Catherine Marnas, à la tête du TnBA depuis 2013, programme « Marys’ à minuit », de Serge Va-letti, à laquelle elle a déjà travaillé avec lui. Mise en scène par cette spécialiste du répertoire contem-porain, la pièce aborde la solitude d’une femme qui, dans l’attente de l’amour, dénoue les fils de sa pensée. Du 23 janvier au 9 février 2018, www.tnba.org.

Soufflé, DecoufléLe chorégraphe et sa compagnie DCA présentent cinq pièces inter-prétées par sept danseurs. Une tra-versée des genres avec du cirque et de l’acrobatie, de la danse pure sur du Vivaldi, un duo aérien et un voyage magique au Japon à travers la peinture, les tremble-ments, les apparitions et les

Icônes. C’est Depeche Mode qui va inaugurer la toute nouvelle Arena début 2018.

Merveilleux. Decouflé et sa compagnie offrent de brefs morceaux de vie et d’art. Magique !

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disparitions. Avec toujours, en fil d’Ariane, l’imaginaire, l’ex-travagance, la finesse et l’humour de cet artiste à la renommée inter-nationale, qui est associé au Théâtre national de Chaillot. Du 30 novembre au 2 décembre, www.carrecolonnes.fr.

EXPOSITIONSLa prison libérée, la prison coloréeL’exposition « Oh couleurs ! » du musée des Arts décoratifs et du De-sign a tellement plu qu’elle joue les prolongations. Une mise en scène ludique, épurée et sans trop de bla-bla, que l’on doit à Pierre Charpin, créateur 2017 du Salon Maison & Objet. Autre plaisir : cette exposi-tion est installée dans une ancienne prison. Situé derrière le bâtiment principal, un hôtel particulier du XVIIIe siècle, cet espace atypique a préservé les traces de son histoire.Jusqu’au 3 décembre, www.madd-bordeaux.fr.

Viva Gonzalez !C’est la première rétrospective en Europe de Beatriz Gonzalez,

une artiste emblé-matique et fonda-mentale de la scène artistique d’Amé-rique latine. C’est la reine colombienne du pop art. L’exposition, organisée dans le cadre de l’année France-Co-lombie, est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture. Y parti-cipent le CAPC, le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia de Ma-drid et le KW Institute for Contem-porary Art de Berlin. Jusqu’au 25 février 2018, www.capc-bordeaux.fr.

Images en questionsL’Institut culturel Bernard-Ma-grez prête les cimaises de l’hôtel Labottière à Valérie Belin, une photographe française qui a reçu le prestigieux prix Pictet en 2015. Son approche esthétique est ci-nématographique et américaine, tout imprégnée de l’univers de la mode. Dans cette exposition, qui est conçue un peu comme une rétro spective de son travail, elle questionne les formes, l’image de la femme, les stéréotypes et ce qui fait sens, valeur et réalité dans la futilité. Jusqu’au 25 mars 2018, www. institut-bernard-magrez.com.

Mythologie, peinture et poésiePascal Daudon est un artiste

peintre et plasticien landais. Il peut trans-former des objets en œuvres d’art, que ce soit en gravant sur des plateaux de tables ou des chaises en Formica, ou plus simplement en uti-lisant crayons de

couleur et encre sur des surfaces en bois ou en papier. Le quinquagénaire présente ainsi un travail autour des mythologies mais à sa façon : Pascal Daudon joue avec l’ombre portée du corps de son modèle et le mythe que ce dernier a préalablement choisi. Il réalise ainsi une œuvre compo-sée d’humains, d’animaux, de vé-gétations, d’histoires, de cultures et d’époques différentes. A voir à l’espace Beaulieu, un lieu éton-nant face au lycée Saint-Genès et qui dépend de la maison diocé-saine de Bordeaux. Parfait pour les expositions, les séminaires et même pour se restaurer. Du 6 décembre au 3 février 2018, www.espacebeaulieu.fr.

Le débarquement des AméricainsUne bonne leçon d’histoire au Centre Jean-Moulin sur l’arrivée des Américains à Bordeaux en 1917, leur quotidien et leur legs à la ville, notamment le jazz. Peu de Bordelais savent que leur ville était une base arrière qui assurait la logistique des soldats

Emblématique. Le « Fauteuil Proust », d’Alessandro Mendini (1978), présenté au musée des Arts décoratifs et du Design.

Vivantes. La photographe Valérie Belin joue avec les couleurs exubérantes de ses natures mortes.

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30e saison2017/2018

Billetterie - Renseignements :05 56 97 82 82 www.lepingalant.com

sam. 20 janvier / 20h30dim. 21 janvier / 16h

Billetterie - Renseignements :Venez en Tram ! Ligne A - Arrêt Pin Galant

Plus de 80 spectacles programmés ! Nuit de la Saint-Sylvestre

Ça c’est Paris !Revue musicale et son Dîner-Spectacle

Mise en scène : Fabrice LELIÈVRE Direction musicale : Claude CUGUILLÈRE Chorégraphie : Fabby RENAUD

dimanche 31 décembre 20H

samedi 23 décembre / 20h30AHMED SYLLAavec un grand a

vendredi 1er décembre / 20h30VINCENT NICLO5.0

dimanche 3 décembre / 14h - 17h30GENERATIONSirish celtic

mardi 5 décembre/ 20h30LA TRAVIATAopéra côté chŒur

samedi 16 décembre / 20h30LES BALLETS TROCKADERODE MONTE-CARLO

mardi 19 décembre/ 20h30PAYSAGES INTÉRIEURSCompagnie Philippe Genty

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21 et 22 décembre / 20h30FRANCIS HUSTER - RÉGIS LASPALÈS

À DROITE À GAUCHEde Laurent RUQUIER

vendredi 8 décembre/ 20h30HANSEL & GRETELComédie musicale d’après les frères Grimm

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mercredi 20 décembre/ 20h30ELEKTRIKCompagnie blanca li

jeudi 28 décembre/ 16hALICEComédie musicale d’après Lewis Carroll

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Venez partager une soiréede réveillon inoubliable !

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américains allant com-battre sur le front de l’est de la France. Avec des photos, des vi-déos et une étonnante maquette reproduisant l’impressionnante base médicale de Mérignac, qui pouvait accueillir 20 000 soldats. Bref, pour tout savoir sur cette histoire incroyable. Jusqu’au 7 janvier 2018. 05.56.10.19.90.

Pellicules magiquesL’équipe organisatrice, Flip-Book, prépare la 27e édition des Nuits magiques, un festival internatio-nal du film d’animation qui n’est pas réservé qu’aux petits, loin de là. Il se déroule au cinéma Le Fes-tival (Bègles), mais aussi à L’En-trepôt (Le Haillan) et à la bibliothèque Mériadeck (Bor-deaux). Au programme, la fa-meuse compétition internationale des courts-métrages d’animation (sept thématiques), des rencontres avec, notamment, le réalisateur

russe Konstantin Bronzit ou encore le réalisateur fran-çais Nicolas Bianco-Levrin. A ne pas manquer : les films au charme désuet du Tchèque Jiri Trnka, à la fois peintre, cinéaste et ma-rionnettiste, qui se situe dans la veine poétique de Paul Grimault mais en version marionnettes. Du 29 novembre au 10 dé-cembre. 05.56.51.76.60, www.lesnuitsmagiques.fr.

Le bluffant Samuel BoulesteixUn surdoué de la sculpture façon pop culture. Samuel Boulesteix, autodidacte de la sculpture de BD, numéro un du genre, vient expo-ser pendant trois semaines ses œuvres – statues, bronzes et plâtres – chez BD Avenue, ce nou-veau temple du 9e art en plein cœur de Bordeaux. Même les non-amateurs de BD ou de

personnages fantastiques ne peuvent qu’être bluffés par son travail précis de sculpture et de patine. Le 10 décembre en présence de l’artiste, www.bdavenue.com.

L’art contemporain en sucetteAprès avoir roulé sa bosse, un jeune couple, Olivier Moss et Ma-rie Toni, aussi amoureux que cu-rieux, a décidé de tester à Bordeaux une idée qui rend la ville plus poé-tique et créative. Grâce au finan-cement participatif, les deux trentenaires exposent des artistes émergents sur des… Abribus. Ils se sont demandé « comment pro-poser plus d’art dans la ville tout en réduisant les espaces publicitaires au profit de moments poétiques, d’une émotion gratuite dans un monde où tout va si vite ». Ils ont trouvé ! En plus, l’art sort de son univers élitiste. Et, pour les plus intéressés, il est possible

Partage. Grâce au financement participatif, Olivier Moss et Marie Toni exposent des artistes émergents dans la rue.

Pour tous. Un festival du film d’animation qui enchantera petits et grands.

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d’acheter une reproduc-tion. L’événement devrait avoir lieu tous les trois mois.Du 27 novembre au 3 décembre sur 34 panneaux prêtés par la mairie de Bordeaux.

Bouteilles en beautéHélène Soète, native de Bordeaux et céramiste à Lille, présente, en exclusivité à la galerie des Sélènes, ses bouteilles, dans lesquelles chantent les âmes, pour paraphra-ser Baudelaire. Des blanches, des grises, des noires, des brillantes, des satinées, d’autres aux reflets

métalliques. Hélène Soète joue avec la lumière. Le résultat pro-vient entre autres d’un délicat tra-vail de cuisson au bois, dans des fours anagama de 4 mètres de lon-gueur ou du raku.« Pourvu qu’on ait l’ivresse », jusqu’au 13 janvier 2018, 09.72.45.16.21.

Sur un petit nuageComme chaque année, le festival jeune public de Pessac (jusqu’à 10 ans) réserve surprises et décou-vertes artistiques, avec sa pro-grammation pluridisciplinaire et de qualité, dans plusieurs quar-tiers de la ville et même à Bègles. Au total, une quinzaine de spec-tacles auxquels on peut assister dès l’âge de 6 mois, qui abordent tous les aspects contemporains du théâtre, de la musique, de la danse, du cirque et de la marion-nette. Il y a même des ateliers de pratique artistique, encadrés par des professionnels, et des concerts pop pour bébés ! Du 15 au 22 décembre, à Pessac, www.pessac.fr/ sur-un-petit-nuage.html.

Art sans brutes« Abstractions faites », ce sont 160 œuvres, dessins, peintures, sculptures, de la collection du mu-sée de la Création franche, un lieu consacré à l’art brut unique en Nouvelle-Aquitaine. Une occa-sion de partir à la découverte de cet espace atypique, devenu équi-pement d’intérêt métropolitain depuis l’été. §Jusqu’au 27 mai 2018, www.musee-creationfranche.com.

Surprises. Au festival de Pessac, le jeune public pourra suivre, de fil en fil, la belle histoire de « Ficelle ».

Equilibre. Les créations d’Hélène Soète, où le hasard imprime sa patte sur les couleurs vibrantes, à la cuisson, lors de l’émaillage.

ConférencesVoyage et littérature Parmi les invités de la 34e saison des rencontres IEP-Sud-Ouest, l’écrivain, aventurier et marcheur Sylvain Tesson, auteur de romans, d’essais et de nombreux récits de voyage, sera l’invité dans le cadre de « Demains les savoirs ». Une belle rencontre avec « l’homme qui aime le temps qui passe » et « préfère les origines aux promesses ». Le 14 décembre à Station Ausone (Mollat). Paroles, paroles géopolitiques Dans le cadre du cycle de conférences « Montaigne » (organisées par l’université éponyme), une conférence de géopolitique est à marquer sur son agenda : « La Russie de Vladimir Poutine, un retour à l’empire des tsars ? », animée par Marie-Pierre Rey, professeure d’histoire russe et soviétique, et directrice du Centre de recherches en histoire des Slaves à l’université Paris-1. Le 18 janvier 2018. www.paxaquitania.fr/2017/ 10/cycle-de-conferences- montaigne.html.

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Ces passionnés secouent la scène bordelaise

PAR CLAUDIA COURTOIS

LUCILE ET FANNY ARNAUDLes pétroleuses de la gastro bordelaise Elles sont sœurs, jeunes, pétillantes et fourmillent d’idées autour de la gastronomie. Après des premières expériences professionnelles à Pa-ris, Lucile et Fanny Arnaud, origi-naires d’Andernos, sont revenues poser leurs bagages et leur fraî-cheur à Bordeaux. Elles sont com-plémentaires : Lucile, 28 ans, un CAP de cuisine en poche, adore mitonner, Fanny, 32 ans, préfère manger. Leurs idées sont simples : d’abord, créer un « réseau autour de la bonne bouffe à Bordeaux. Ici, les gens de la scène culinaire partagent moins, car chacun est à fond dans son travail sans forcément se rencontrer », a constaté Lucile, productrice pen-dant trois ans du festival Omni-vore à Paris. Les sœurs ont alors créé le Bordeaux Food Club. Tous les deux mois, cuisiniers, ostréi-culteurs, brasseurs, viticulteurs, producteurs et autres amateurs de bonne chère, la trentaine en moyenne, se rencontrent pour un apéro informel dans un restaurant ou un bar. Chacun apporte ce qu’il veut. Autre initiative des sœurs gourmandes : elles organisent des événements décalés et abordables autour de la gastronomie. Ce sont, par exemple, les « dîners plan-qués ». Le premier a eu lieu fin oc-tobre dans une brasserie à Lormont avec le chef étoilé Vivien Durand,

Inspirés. Branchés gastronomie, BD, photo… Ils ont l’art du partage.

du Prince noir, et un artiste qui a peint une cuve en direct. Le pro-chain est prévu début janvier. « Il faut des trios – chef, lieu, artiste – qui fonctionnent bien », prévient Lucile. Et les pétroleuses de la gastro ont plein d’autres idées pour organi-ser des événements hybrides et vivre de leur passion. « Bordeaux est un beau terrain de jeu. » On veut bien les croire.

MARC FAUJANETUn Tintin businessman au pays de la librairieL’homme est pressé mais n’en donne pas l’air. Il faut dire qu’il a de quoi être (pré)occupé : en quelques années, après une autre vie dans la construction et

l’exploitation de maisons de re-traite (groupe Mieux vivre – 10 000 employés), Marc Faujanet, à peine la soixantaine, s’est lancé dans la… librairie. Mais pas n’im-porte laquelle ni n’importe com-ment. « Mon idée était de créer des lieux et de se différencier des autres. » Pourquoi le livre ? « C’est la soif de culture du sportif », a répondu un jour l’ancien patineur artistique à Alain Juppé. Alors, après avoir (bien) vendu ses parts, il va ouvrir des librairies avec, comme concept original et dans l’air du temps, un espace snack. L’ancien sportif de haut niveau débute à Pessac en 2015, où se trouve le siège social du holding familial, continue à Arcachon (Librairie des Marquises) en juin 2017. Depuis deux ans, l’ex-président de la Fédération fran-çaises des sports de glace est aussi à Bordeaux avec la Librairie de la Comédie et BD Avenue.

L’homme, futé et pragmatique, a aussi lancé les pâtisseries Opéra, qui alimentent en desserts ses lieux de culture. « Avec le livre seul, on ne peut pas gagner d’argent. » D’ail-leurs, en parallèle, l’homme d’affaires compte ouvrir d’ici à 2019 une vingtaine de

Fraîches. Les sœurs Lucile et Fanny Arnaud, créatrices du Bordeaux Food Club.

Ancré. Marc Faujanet dans sa librairie 45e Parallèle, à Pessac.

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pâtisseries dans l’agglomé-ration — cinq pour le printemps 2018, outre celle du cours de l’In-tendance, en décembre – et recru-ter à terme 100 personnes. Sa dernière pépite : BD Avenue, ou-verte à l’été 2017 dans un bâtiment à la structure Eiffel. « Avec 950 mètres carrés, c’est la plus grande librairie de BD de France », assure celui qui a ouvert sa première bou-tique de sports en 1968 à Gradi-gnan. On trouve de tout dans cet antre de la BD (350 000 références), et surtout des figurines de collec-tion et des tirages de tête grâce au réseau de Jean-Luc Castrec, l’actuel responsable de la librairie, pas-sionné de BD et collectionneur de-puis des lustres. Marc Faujanet est lui aussi un amateur – il possède le premier exemplaire de « Tintin au pays des Soviets », exposé jus-tement à la librairie.

LAURENT VÉDRINEUn fil entre l’homme et son histoireLa voix est douce et le propos clair. Laurent Védrine, 45 ans, le tout nouveau directeur du musée d’Aquitaine, prend la suite de Fran-çois Hubert, resté treize ans à la tête de l’établissement. Un défi. Le nouvel arrivant a plein de projets, mais ne cherche pas non plus à renverser la table. Il connaît un peu la maison aux 5 000 mètres carrés d’exposition permanente, une des plus grandes superficies de France. Pour son diplôme de conservateur, l’ancien directeur du musée d’Histoire de Marseille y a effectué son stage. Cet amateur d’histoire a également fait ses études dans la ville chère à Mon-taigne, dont le musée d’Aquitaine possède le magnifique cénotaphe. Laurent Védrine reste épaté par « l’épaisseur historique » de ce musée, qui retrace, pas toujours de ma-nière attractive, 600 000 ans d’his-toire. « A nous de tendre un fil d’Ariane au public sur ce parcours unique (…), de développer la relation de l’homme à son histoire et de donner de la chair aux objets inanimés. » Vaste pro-gramme pour celui qui va pour-suivre le projet de nouvelles salles du XXe et du XXIe siècle (2019).

Rendez-vous dans six mois pour les premiers changements dans ce musée à l’immense patrimoine (plus de 1,4 million d’objets).

MILENA OLDFIELDL’apprentie pas sorcièreC’est la deuxième année que des étudiants en master management culturel à Sciences po Bordeaux jouent aux pros ! Ils ont eu la bonne idée de profiter des rutilants nou-veaux locaux de l’Institut d’études politiques pour y accrocher des œuvres d’art. Mais tout le monde peut en profiter. Ils ont ainsi créé une association au nom un peu abscons, le Mouvement rhizo-

matique, et ont surtout noué un partenariat avec le Frac Aquitaine et Les arts au mur, l’arthothèque de Pessac, dont la mission est jus-tement de prêter des œuvres à des entreprises, particuliers ou associations. Milena Oldfield, 23 ans, la nouvelle présidente du Mouvement rhizo, travaille d’arrache- pied avec une quinzaine d’étudiants bénévoles à la pro-chaine expo, prévue le 14 janvier. Comme ses prédécesseurs, la com-missaire en herbe constate que « les jeunes, et même ceux de Sciences po, ont des préjugés sur l’art contem-porain pas évidents à casser ». Aux cimaises !

BRUCE MILPIEDRévélateur de photographes Le quadragénaire a deux passions : le jazz et la photographie. Il vit des deux : il est photographe docu- mentaliste de musiciens de jazz. L’homme à la crinière ondulée est aussi passeur pour d’autres photo-graphes amateurs ou débutants. Quand il a cocréé, en 2011, C dansla boîte, association de promotion de la photo graphie d’auteur en Nouvelle- Aquitaine, il avait fait le constat que, « malgré une vraie culture photo à Bordeaux, il n’existait pas de lieu consacré » à cet art, à l’exception de la galerie Arrêt sur l’image et de la vieille église de Mérignac, aux programmations d’envergure sou-vent nationale. Alors, lors des Mer-credis photographiques (quatre ou cinq fois par an), il expose des ar-tistes dans un atelier près des Bas-sins à flots « pour que les photographes puissent montrer leur travail et que ça ne reste pas dans les cartons ». Avec son équipe, il organise aussi les Nuits noires de la photo à Talence. Les prochaines sont programmées en janvier 2018. L’idée est de « faire se rencontrer les gens, amateurs comme professionnels, débutants et confir-més ». Au programme de cette se-conde édition : Denis Dailleux, plusieurs prix World Press sur son CV, Delphine Blast, une photo-graphe qui monte, et Matthieu Cha-zal, un Bordelais « fou furieux » qui a écumé l’Europe centrale jusqu’aux frontières de l’Orient §

Jeune pousse. Milena Oldfield, présidente de l’association Mouve-ment rhizomatique, à Sciences po Bordeaux.

Impétrant. Laurent Védrine, nouveau directeur du musée d’Aquitaine.

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Satisfecit. « Parce qu’un artiste français a toujours du mal à se faire reconnaître dans son propre pays, ma nomination ici fut pour moi une grande fierté », se réjouit Marc Minkowski.

SPÉCIAL BORDEAUX

XXVI | 23 novembre 2017 | Le Point 2359

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Marc Minkowski : « Je trace mon chemin… »

PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME CORDELIER

Le Point : Nommé en juillet 2015, vous avez commencé à officier à la rentrée 2016. Quel premier bilan tirez-vous de cette année passée à la tête de l’Opéra de Bordeaux ?Marc Minkowski : Je ne tire aucun bilan. Je regarde ce qui se passe. La saison actuelle plaît beaucoup, et j’en suis heureux. La saison précé-dente avait été réalisée avec des moyens extérieurs, dans des cir-constances très tendues, mais je n’ai pas voulu communiquer sur une saison de transition. Là, ça va. Même si je trouve qu’il y a un peu d’animosité…Avez-vous trouvé votre rythme ?Il y a un temps d’apprivoisement qui est important. Cela fait plai-sir de constater les abonnements qui s’accroissent, les projets qui se développent. Le public rajeu-nit, ce qui est une bonne chose vu l’image que peut avoir l’opéra.Vous accueillez aussi de nombreux projets comme Démos, qui a pour vocation de monter des orchestres de jeunes dans les quartiers défavorisés et auxquels participent 120 petits Bordelais depuis un an.C’est un travail très long, très émou-vant, qui se déroule dans une am-biance bon enfant. Nous accueillons

Direct. Le direc-teur de l’ONB se confie sur ses am-bitions et répond aux critiques.

ce projet, qui est piloté par la Phil-harmonie de Paris, avec bienveil-lance. Nous faisons ainsi beaucoup d’expériences, notamment avec les étudiants. L’Opéra de Bordeaux n’est pas un supermarché culturel comme certains voudraient le croire. Nous sommes avant tout une maison d’opéra ! Beaucoup de grands chanteurs français s’arrêtent chez nous, des artistes que les Alle-mands, les Italiens, les Américains s’arrachent, mais qui ne sont pas toujours bien reçus dans leur pays. Nous sommes une vitrine lyrique de haut niveau. Moi qui virevolte

partout dans le monde, je suis content de créer dans un lieu où il est possible de faire naître une com-plicité avec le public. Bordeaux est-il désormais le premier Opéra de France après Paris, ambition que vous vous êtes fixée à votre arrivée ?Il se passe de très belles choses à Lyon, Marseille, Strasbourg, par exemple, mais je ne sais pas si d’autres maisons connaissent au-tant de variété que la nôtre. J’ajoute que nous sommes le premier em-ployeur pour le spectacle vivant : dans cette maison voisinent des artistes et des artisans. Vous qui connaissez Bordeaux de longue date, comment percevez-vous son évolution culturelle ?On parle énormément de la ville, de son architecture, de sa gastrono-mie, du tourisme. J’espère que l’on va parler autant de la culture. On peut, on doit aller plus loin en la matière. Beaucoup de personnes ici discutent sur la culture, la jugent, mais on ne les voit jamais aux évé-nements culturels. Enfin, bon, ne nous plaignons pas, le public est là ! Nous avons l’un des plus beaux théâtres d’opéra du monde, qui plus est dirigé par un artiste, ce qui est rare – je n’aime pas beaucoup par-ler de moi, mais je suis un artiste avec une carrière et un carnet d’adresses, cela compte. Il y a vingt ans, quand il a pris la tête de la ville, Alain Juppé a mis fin au mandat d’un artiste, Alain Lombard [après un audit démontrant des dépasse-ments budgétaires, NDLR], il a au-jourd’hui confié les clés de cette institution à un autre artiste, l’image est forte ! Maintenant, j’aimerais bien que les moyens immenses consacrés au

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Solidaire. Le projet Démos, lancé en Gironde par Marc Minkow ski, a pour but d’initier à la mu-sique des enfants issus de quartiers en difficulté.

Rayonnement. Marc Minkowski pour-suit sa carrière interna-tionale, comme ici avec sa formation Les Musiciens du Louvre.

L’Opéra de Bordeaux n’est pas un supermarché culturel. C’est une maison d’opéra !

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développement de cette ville soient aussi orientés vers la culture. Dans la gestion quotidienne, nous sommes souvent obligés de prati-quer l’équilibrisme, de jongler avec de nombreuses contraintes.Vous poursuivez votre carrière internationale, notamment avec Les Musiciens du Louvre, la formation que vous avez créée. Comment partagez-vous votre temps ?L’essentiel de mon action se déroule ici, mais quelques éléments de mon passé sont importants. Pour me consacrer à Bordeaux, j’ai quand même renoncé à la Semaine Mo-zart à Salzbourg, que je dirigeais de-puis cinq ans. En tant que directeur de l’Opéra de Bordeaux, je suis en permanence en fonctions, et, quand je vais ailleurs, je le fais rayonner, en lançant des projets communs, des coproductions comme avec San Francisco ou le Japon, par exemple. Que faut-il encore développer pour la culture à Bordeaux ?Un grand festival de musique clas-sique et d’opéra, comme il en exis-tait un naguère et dont on parle toujours avec nostalgie : le Mai mu-sical. Je suis en phase de réflexion pour mener un projet similaire. On y arrive progressivement, mais, pour cela, il faut rapprocher le monde du vin de l’univers lyrique,

comme le faisait le Mai musical, festival itinérant. Nous y travail-lons et nous devons aller plus loin. Les cultures du palais et du cerveau sont les mêmes, elles doivent com-muniquer. J’ai été séduit par l’Arena de Rudy Ricciotti, c’est un lieu pour y faire de l’opéra populaire. Comment vous sentez-vous accueilli ici ?J’ai été remarquablement reçu par le public. Médiatiquement, il y a des soubresauts ; dès que l’on pro-pose des choses nouvelles, c’est compliqué…Que pensez-vous de la petite polémique sur la supposée fronde antiparisienne ?C’est désolant et drôle, mais épi-sodique. Je n’ai jamais ressenti à Bordeaux de racisme parce que je venais de Paris. Le vrai Bordelais,

né en Aquitaine, devient une es-pèce rare.Vous sentez-vous bordelais ?Oui, mais, attention, je suis quelqu’un de très multiforme. Je suis un Français issu d’une famille américaine par ma mère et polo-naise par mon père, avec des catho-liques d’un côté et des juifs de l’autre, et même un grand-père maternel tchèque évangéliste. Je ressens en moi un grand ensemble de courants ethniques et religieux, et voilà pour-quoi je me sens bien à Bordeaux, ville de grand brassage. Et parce qu’un artiste français a toujours du mal à se faire reconnaître dans son propre pays, ma nomination à la tête de l’Opéra de Bordeaux fut pour moi une grande fierté. D’autant que j’ai une relation de longue date avec cette ville, à travers Jean Lacouture, qui fut un ami de mon père et au-quel je souhaite dédier une salle du Grand Théâtre. Où en est la crise sociale que vous avez dû affronter ? Est-elle réglée de votre point de vue ?C’est de la mousse. Je n’y ai jamais cru. C’est une maison dont on at-tend beaucoup, le cahier des charges est immense. Je trace mon chemin… Mais si l’on veut que Bor-deaux soit une ville de culture, il faut y mettre les moyens. Et cela ne peut pas seulement venir de la ville. Il va falloir faire appel à des partenariats privés. Et je ne de-mande pas mieux non plus que de porter les couleurs de la région sur le territoire… §

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PAR CLAUDIA COURTOIS (AVEC JÉRÔME CORDELIER)

LE PONT SIMONE-VEILS’il tient ses promesses, le futur pont Simone-Veil (appelé encore Jean-Jacques-Bosc), dessiné par l’architecte Rem Koolhaas, a des chances de devenir l’un des grands lieux festifs de Bordeaux. En tout

Tremplins. De nouveaux lieux dédiés à la culture voient le jour. En avant !

cas, c’est le pari. Car, outre un axe destiné à la circulation, l’ambi-tion est de créer – sur une largeur équivalente – « une zone supplémen-taire où, en plus de celle dévolue au trafic, tout est possible : un marché, un concert, un festival… Le pont de-vient, aussi, un espace public », comme l’expliquait Rem Koolhaas dans un entretien au Point le 26 oc-tobre. « Au lieu d’épuiser le budget dans la prouesse architecturale, nous l’utilisons pour inventer un double usage. Nous ouvrons des possibili-tés », soulignait le créateur. Bref, se réjouit à l’avance Fabien Robert, l’adjoint chargé de la culture, ce pont sera « un nouveau terrain de jeu pour les artistes ».

LE GALET DU SPECTACLE De la rive gauche on ne voit qu’elle : posée sur les rives de Floi-rac, juste en face du futur pont Si-mone-Veil, la salle Arena est quasiment achevée. Signé par l’ar-chitecte Rudy Ricciotti, ce lieu tant attendu, qui pourra accueil-lir de 2 500 à 11 300 spectateurs, sera inauguré en décembre et ou-vrira officiellement ses portes en janvier 2018. Le premier concert ? Dépêche Mode, le 24 janvier. L’investissement de 75 millions (supporté à 80 % par Bordeaux Métropole) permettra d’organiser des concerts et des événements sportifs dans un espace modulable sans piliers intérieurs. L’Arena sera la 5e salle de spectacle de France en capacité d’accueil.

LE ROCHER VOIT GRAND On connaît Le Rocher de Palmer à Cenon, lieu de concerts voué aux musiques actuelles et du monde (400 manifestations par an) et doté de trois salles (1 200,

Ludique. Le pont Simone-Veil, où « tout sera possible », selon l’architecte, sera l’un des endroits les plus festifs de la ville.

Extension. Le Rocher de Palmer s’agrandit avec une nouvelle salle de 2 500 places.

Futuriste. La salle de spectacle Arena en cours de construction.

Des écrins archi-artistiques SPÉCIAL BORDEAUX

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650 et 250 places). Créé il y a sept ans, il est devenu une place in-contournable de la scène musi-cale régionale. En raison de ce succès, il est prévu de construire une nouvelle salle de 2 500 places, à l’emplacement du gymnase Pal-mer, situé juste à côté. Les travaux débuteront mi-2018 pour une li-vraison fin 2019.

MUSÉUM, QUELLE HISTOIRE ! Presque dix ans de patience auront été nécessaires pour revoir Fanny, l’éléphante du Muséum d’histoire naturelle de Bordeaux, et 1,1 mil-lion d’autres spécimens. Il faudra attendre octobre 2018 pour décou-vrir la mue de ce musée théma-tique créé en 1791 (un des premiers

en France) et installé depuis 1862 dans l’hôtel particulier de Lisleferme. Sous la houlette de l’ar-chitecte Sébastien Loiseau (Basalt Architecture), une attention par-ticulière a été portée aux aspects environnementaux de la réhabili-tation. Trois types d’expositions seront présentés : les classiques ex-pos temporaires et permanentes, mais aussi les semi-temporaires, sur une durée de trois à cinq ans. A noter que les expositions tem-poraires seront installées dans les sous-sols du musée, jamais ouverts jusqu’ici. Un espace sera même ré-servé aux tout-petits. L’agence Die Werft, qui a réalisé la scéno-graphie, a proposé des dispositifs modulaires tout en respectant les normes de conservation avec des vitrines patrimoniales étourdis-santes et des dispositifs interactifs accessibles à tous.

LE MECCANO DE LA MÉCA C’est la dernière ligne droite pour la Maison de l’économie créative et de la culture, la Méca. Ce projet architectural décoiffant, réa lisé par les architectes néerlandais de BIG (associés aux Français de Freaks), devrait être fini à la rentrée 2018 pour une ouverture début 2019. Installé sur l’emplacement des anciens abattoirs de Bordeaux, il réunira les trois agences cultu-relles du conseil régional Nou-velle-Aquitaine : l’Ecla (pour le livre et l’audiovisuel), l’Oara (pour le spectacle vivant et les arts de la scène) et le Frac Aquitaine (le plus grand fonds régional d’art contem-porain après celui d’Ile-de-France). La collectivité territoriale a mis le paquet et finance la quasi-totalité

de l’investissement (52 millions d’euros sur 56). On y découvrira alors un des plus beaux points de vue sur la rive droite.

POLA ET TRALALA Ça y est : après des années d’erre-ments dans plusieurs villes de l’ag-glomération, Pola, le collectif qui réunit une vingtaine d’associa-tions culturelles, artistiques et techniques, a trouvé son nid et compte bien le consolider. Il a posé une partie de ses valises en 2015 dans une ancienne entreprise de peintures sur les quais de la rive droite, pile en face de la prome-nade du parc aux Angéliques et à deux minutes à vol d’oiseau de Darwin. Une autre partie est tou-jours dans un ancien collège à Bor-deaux. Mais, d’ici à janvier 2018, tout le monde sera dans les locaux de la rive droite – 4 000 mètres

carrés de surface et 600 mètres car-rés de jardin –, en pleine réhabili-tation. « L’idée est d’en faire un lieu ouvert et accessible aux gens de pas-sage, aux professionnels, mais aussi aux habitants et associations du quar-tier », insiste Blaise Mercier, le di-recteur (7 salariés). Bientôt, on y trouvera une salle d’expositions, un lieu de conférences, un autre de formation, une salle d’accueil et une « cantine » ouverte sur l’ex-térieur. « Ce nouvel outil va nous per-mettre de déployer toutes nos fonctions professionnelles », poursuit-il. Comme un incubateur de projets pour jeunes architectes (avec l’école d’archi de Bordeaux) ou un centre de recherche interdiscipli-naire sur l’aménagement du terri-toire avec l’école d’archi, celle des Beaux-Arts et les futurs ingénieurs des Arts et Métiers. Enfin, la « Po-lamobile », intitulé rigolo pour parler d’un dispositif souple qui se déplace sur le territoire régio-nal, prendra toute son ampleur en 2018. Pour les impatients, le chan-tier se visite. www.pola.fr §

Décoiffant. Le chantier de la Méca, future Maison de l’économie créative et de la culture, ouvrira début 2019.

Créatif. Blaise Mercier, directeur de Pola, un lieu réservé à la création contempo-raine et à la production artistique.

Peau neuve. Après presque dix ans de travaux, le Muséum d’histoire naturelle va rouvrir ses portes.

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Et c’est ainsi que Mollat est grand !

PAR JÉRÔME CORDELIER

L e métier de libraire mène à tout, y compris au pilotage de drones. Denis Mollat, qui a

propulsé l’entreprise familiale au premier rang des librairies pri-vées de France, avait peut-être be-soin de prendre de la hauteur. En tout cas, l’homme s’amuse beau-coup avec son drone, qui sert no-tamment à filmer les maisons d’écrivain. Et nourrit ainsi en images spectaculaires les produc-tions maison concoctées dans les entrailles de la librairie.

En septembre 2016, pour les 120 ans de la librairie, Denis Mol-lat a, en effet, ouvert dans un an-cien parking contigu la Station

Bouillonnant. Premier libraire de France, Denis Mollat investit la télé et la Webradio.

Ausone, regroupant deux audi-toriums, afin d’accueillir des ren-contres avec des auteurs et toute personnalité de passage… Le plus grand des deux est équipé de sept caméras et d’une régie de télévi-sion pro destinée à capter les images des conférences pour les diffuser ensuite sur YouTube. « L’audio, la vidéo, c’est le truc de De-nis Mollat, souligne Emmanuelle Robillard, directrice des projets du groupe. C’est lui qui a imaginé et conçu cet espace, en partie financé sur ses deniers personnels. »

Pas besoin d’en dire davantage, il suffit de regarder le maître des lieux dans son costume bleu ma-rine aux fines rayures blanches tripoter les touches du banc de régie, tapoter les caméras, claquer dans ses mains pour montrer la pureté du son ou faire entendre sur son smartphone la MollatVox, la Webradio que l’entrepreneur est en train de lancer et qu’il ali-mentera par des reportages de ses libraires dépêchés chez les auteurs et dans les festivals du livre, partout en France… « Nous

sommes dans une société virtuelle, les publics bougent, il faut accompa-gner le mouvement », témoigne notre homme.

Que ne ferait l’entreprenant M. Mollat pour attirer visiteurs, auteurs et stars en tout genre, qui se bousculent ici, d’autant plus depuis que la LGV a rapproché Paris de Bordeaux ? Sans jamais quitter son port d’attache, en plein centre-ville, Mollat a prospéré, grignotant les mètres carrés. Cette réussite n’est pas due seulement à l’ancrage de la famille et à l’entre-gent de son patron, bien placé dans tous les réseaux qui comptent – y compris le Medef, dont il est le tré-sorier – et même consul (actif) du Mexique… Denis Mollat a beau être réputé impatient et autori-taire, s’il continue de faire venir à lui les forces vives de la culture, c’est qu’il n’est jamais resté inerte, et qu’il tisse des liens tous azimuts avec son environnement.

« Synergies ». Des institutions culturelles comme les Beaux-Arts, le conservatoire, l’université, les écoles, les associations, les collec-tivités, les médias… Tout partena-riat est bon à nouer pour faire rayonner la place. « Le propre de la culture est qu’il n’y a rien de pré-visible, constate Denis Mollat. Il faut des lieux qui puissent accueillir et favoriser la rencontre, je dirais même l’alchimie entre des personna-lités créatives et ceux qui permettent à ces talents de s’exprimer. Nous sommes là pour créer des synergies, afin de participer à n’importe quelle forme de vie. »

Et voilà comment Mollat est devenu bien plus qu’une librai-rie, un pôle majeur de la vie cultu-relle et sociale bordelaise. Feu l’écrivain Alexandre Vialatte avait l’habitude de conclure ses billets dans La Montagne en s’exclamant : « Et c’est ainsi qu’Allah est grand ! » S’il avait collaboré à Sud-Ouest, il aurait pu lancer : « Et c’est ainsi que Mollat est grand ! » §

Global. Denis Mollat a doté sa librairie de deux auditoriums équipés d’une régie télé professionnelle pour diffuser les confé-rences sur YouTube, et lancera même bientôt une radio Web.

En chiffres• 26 millions d’euros de chiffre d’affaires• Un espace vente passé de 600 à 2 700 mètres carrés• 2 auditoriums, de 50 et 290 places• 110 salariés, dont la moitié de libraires

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Page 34: « Bordeaux, soif de culture ! » : Le Point Novembre 2017

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Passionné. L’Ascenseur végétal, spécialisé dans les livres de photographies.

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XXXIV | 23 novembre 2017 | Le Point 2359

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Des librairies qui gagnent à être connues

PAR CLAUDIA COURTOIS

L’ASCENSEUR VERS LA LUMIÈREC’est une librairie rare, intrigante et élégante, dans le quartier de la Grosse Cloche. Spécialisée dans la photographie, elle présente des livres d’éditeurs indépendants, qu’ils soient français, européens ou même japonais. Des livres rares, impossibles à trouver sur Amazon ou à la Fnac, exposés sur de grandes tables en bois. Même si son gérant, Claude Lemaire, se défend d’être galeriste, il expose régulièrement sur les murs anthracite de cette grande et profonde boutique des photographes régionaux ou natio-naux. Ce passionné, qui a com-mencé en 2013 par ouvrir un site de vente en ligne de livres de pho-tos, dénichera le livre et la théma-

Coin lecture. Certaines sont installées dans le paysage, d’autres moins. Petit tour non exhaustif.

tique que vous recherchez.L’Ascenseur végétal, 20, rue Bouquière, 06.86.68.23.70,www.ascenseurvegetal.com.

MON ŒIL !La façade (qui change régulière-ment) donne le la : « Marche ou… rêve », avec un doigt levé vers le ciel ! Cette librairie-maison d’édition, créée il y a vingt et un ans par Ca-role Lataste et installée depuis seize ans tout près de la Grosse

Cloche, est atypique. Elle propose des ouvrages qu’on ne trouve nulle part ailleurs : des petits livrets de bisous à faire sous toutes leurs formes, une collection de livres « pas chers pour enfants intelligents », ou pour créer sa propre pièce de théâtre ainsi que des pin’s décalés ou des cartes postales qui dé-tournent les villes du coin (« Cenon & Garfunkel » ou « Pamela Ander-nos »). Le Lonely Planet la recom-mande. Pour un cadeau original et découvrir une grande palette de créativité dans l’écriture et le gra-phisme, il ne faut pas hésiter. N’a qu’1 œil, 19, rue Bouquière, 05.56.51.19.77, www.naqu1oeil.com.

GEORGES DANS LA JUNGLE… DES LIVRES On en parle moins que de Mollat, mais la librairie familiale, instal-lée à Talence depuis 1974, fait par-tie des plus anciens commerces du livre du Bordelais : elle est née en 1904 ! Dans la famille Bory, on adore communiquer sa passion du livre et de la littérature. Deux ou trois rencontres sont organi-sées par semaine, sous forme de café ou de petit déjeuner (quatre fois par an avec un auteur ou un comédien) : on vient pour le Café scientifique ou le Point géo, en par-tenariat avec le CNRS et l’univer-sité de Bordeaux, pour le Café histoire ou encore les ateliers d’écriture ou les rencontres litté-raires avec les auteurs. « Avec la concurrence d’Internet, on se doit d’être accueillants et chaleureux, et les gens sont demandeurs », souligne Cécile Bory, l’actuelle propriétaire, membre de la quatrième généra-tion de libraires. Bref, personne ne se perd dans la jungle des livres ! Librairie Georges, 300, cours de la Libération, Talence. 05.56.04.68.00.

TOUT SUR LE VIN A la Librairie de la Comédie, ouverte en juin 2016, il faut monter à l’étage pour trouver une rareté : une bonne

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Brav’ gens. La Mau-vaise Réputation ne fait de mal à personne, plutôt du bien, avec des livres érotiques, sur la musique, le graphisme ou le cinéma.

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partie des éditions de « Bordeaux et ses vins » (publié chez Féret), un ouvrage classique (et volumi-neux) sur le monde viticole. La pre-mière édition remonte à 1812 ! C’est la bible des châteaux référen-cés, décortiqués, datés. Et, ce qui n’est pas en rayon peut être com-mandé sur catalogue, consultable sur place. Il existe un ouvrage si-milaire sur les notables de Bor-deaux (même éditeur). Tout le fonds de la maison Féret est pro-posé dans la librairie car son propriétaire, Marc Faujanet, a ra-cheté l’éditeur en 2016. Sinon, moins techniques et plus grand public, plein d’autres ouvrages sur le vin, la gastronomie et l’art de vivre sont aussi disponibles. Librairie de la Comédie, 48-50, cours du Chapeau-Rouge, 05.56.05.05.13, www.librairiedelacomedie.fr

UNE BELLE RÉPUTATIONElle porte bien son nom avec ses rayons fournis de littérature éro-tique et de polars. Mais ce serait

dommage de s’arrêter là car cet éta-blissement, créé par Rodolphe Urbs, un Bordelais dessinateur de presse (Le Canard enchaîné, Sud Ouest), regorge de pépites d’édi-tion. Encore plus depuis l’ouver-ture d’une galerie d’art, juste en face, qui a libéré de l’espace au fond de la librairie. A l’honneur, de

superbes livres sur la musique (les éditions MR ou encore Alias), sur le graphisme et son histoire, sur le cinéma, le street art ou encore le tatouage. La Mauvaise Réputation, 19, rue des Argentiers, 05.56.79.73.54.

POUR LES ESPRITS POÉTIQUES Avec son store rouge bordeaux, en face de la place du marché des Chartrons, cette librairie res-semble à celle des années 1980, où les livres sont rois, même avant le client ! Depuis sa création, en 1986, on y trouve de la littérature, des arts, de la philosophie et, moins courant, beaucoup de poésie. Des lectures sont souvent organisées en présence des au-teurs. Il y a vingt ans, le proprié-taire des lieux, Jean-Paul Brussac, a cofondé le festival le Marché de la poésie, qui se déroule en mars (le prochain, les 2 et 3 mars 2018) §Librairie olympique, 23, rue Rode, 05.56.01.03.90.

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Passionnés. Emma-nuelle et Thierry Boizet, éditeurs, avec Marisa (au centre), assistante d’édition et créatrice du blog Les Liseuses de Bordeaux.

Les liseuses de BordeauxPassionnés de lec-ture, ce blog est pour vous ! Les Liseuses de Bordeaux, créé par Marisa, docu-mentaliste qui vient de rejoindre Fini-tude comme assis-tante d’édition, est suivi par 2 000 aficionados. On comprend pour-quoi : c’est bien fait, bourré d’idées et de projets. Ses ani-matrices modèrent de plus en plus de rencontres dans des festivals alentour comme Lire en poche, Lettres du monde ou Escale du livre.

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Les pépites de Finitude

PAR JÉRÔME CORDELIER

V ous ne connaissez peut-être pas Victor Pouchet. Mais vous ne connaissiez proba-

blement pas non plus Olivier Bourdeaut avant que son roman « En attendant Bojangles » de-vienne un phénomène éditorial – 310 000 exemplaires vendus (plus 200 000 en format poche, 30 traductions)… Vous allez donc découvrir Victor Pouchet, si ce n’est déjà fait, puisque son « Pourquoi les oiseaux meurent » a été repéré par des critiques influents (dont Jé-rôme Garcin) pendant la rentrée littéraire. Pouchet est le dernier poulain de l’écurie Finitude, la pe-tite maison d’édition lancée il y a quinze ans par Thierry et Emma-nuelle Boizet et sise derrière le jar-din public. Pouchet, comme Bourdeaut, a atterri par hasard dans le salon-bureau des Boizet, par la grâce de La Poste. Depuis « Bo-jangles », 4 000 manuscrits par an empruntent ainsi le même chemin jusqu’à eux – contre 1 000 à 1 200 auparavant.

Pour… 7 ou 8 livres publiés par an : malgré les vents porteurs, les Boizet ont réduit la voilure – Fini-tude publiait 10 à 12 livres par an avant « Bojangles ». « En sortant un livre par mois, on n’a pas le temps de bien s’en occuper, disent ces éditeurs iconoclastes. Pour bien gérer la par-tie commerciale et la communication, il faut s’y consacrer deux mois avant la sortie et six mois après. » D’autant que Thierry et Emmanuelle ont besoin de temps pour fureter. La littérature contemporaine ne re-présente qu’un tiers de leur pro-duction. Un autre tiers est constitué

Ecurie. Etre édité par Emmanuelle et Thierry Boizet : le début d’une grande aventure.

de littérature étrangère traduite – anglo-saxonne, italienne, grecque. Le dernier tiers ? C’est la marotte de ces bibliophiles passionnés, qui ont commencé comme libraires, en vendant des livres anciens : « La revie littéraire », comme ils disent, soit la réédition d’œuvres oubliées, tel « Jérôme », le premier roman de Jean-Pierre Martinet, leur premier succès. Leur réussite, ils la doivent à « un mélange de goût personnel et de flair ». « On n’hésite pas à partir sur des projets fous, enchérit Thierry, comme la publication du journal du philosophe américain du XIXe siècle Henry David Thoreau, qui n’avait ja-mais été traduit car il compte plus de 7 000 pages, et dont nous allons publier un volume par an pendant quinze ans. »

Adaptation. Ces découvreurs consentent au débauchage d’au-teurs qu’ils ont dénichés, tel Oscar Coop-Phane, Prix de Flore 2012 pour « Zénith Hôtel », parti chez Grasset. « On fait un travail de fourmi, mais il arrive un moment où les au-teurs ont besoin de plus d’ampleur. » Mais ils travaillent à les garder. C’est ainsi qu’Emmanuelle déve-loppe la cession de droits pour le

passage en poche, la traduction étrangère et l’adaptation au ci-néma. « Derrière les panneaux il y a des hommes », de Joseph Incar-dona, Grand Prix de littérature policière 2015, est en cours d’adap-tation. Et le roman de Pouchet est déjà l’objet de « touches sérieuses ». « Bojangles », qui vient de sortir en bande dessinée et sera adapté au théâtre, à Paris, mi-janvier, sera tourné en 2019 par « un grand réalisateur ». En attendant, Olivier Bourdeaut livre son nouvel opus, « Pactum salis », une histoire d’ami-tié dans la région de Guérande. Sortie le 4 janvier 2018 §

Les micro-éditeurs, fous de BordeauxLa cité girondine est devenue la place forte de plusieurs petites (par la taille) maisons d’édition. On connaît Le Castor Astral et Monsieur Toussaint Louverture. Mais il y a aussi Mirobol, L’Arbre vengeur, Agullo…

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Quand Bordeaux s’encanaille

PAR CLAUDIA COURTOIS

D ans la galerie Cox, la seule spé-cialisée dans le street art à Bor-deaux, on n’avait jamais vu

autant de monde que ce 15 no-vembre, soirée de vernissage avec Hopare, une tête d’affiche natio-nale en matière de graffiti. A cette occasion, l’artiste offre une de ses œuvres réalisée spécialement pour financer l’antenne bordelaise de l’association Teo, qui opère, en Afrique, des nourrissons atteints de malformations. Une œuvre de

Street art. Galeries, collectifs d’artistes… Les graffeurs sont entrés dans la ville.

street art pour une association à vocation médicale et humanitaire, les graffeurs vandales doivent s’étrangler. Pas l’artiste de 27 ans. « Enfin, notre art peut servir à quelque chose », lâche-t-il. Les vieilles dames bien mises se pressent pour se faire prendre en photo en compagnie du jeune artiste. Pour l’association Teo, aucun souci non plus que ce don soit une œuvre de rue : « C’est dans la mouvance et il s’agit d’un art comme un autre », défend Jean- Rodolphe Vignes, professeur de neurochirurgie et président de Teo Bordeaux.

Quand même, il y a vingt ans, une telle rencontre aurait été im-possible. Jean Robble (c’est un pseudo) fait partie de ces premiers graffeurs de Bordeaux. Fondateur d’un groupe, un crew, Les Frères Coulures, il y a neuf ans, il a suivi

la forte évolution du graff dans la ville et son acceptation sociale. « Il y a un engouement général grâce à In-ternet, aux réseaux sociaux, au tra-vail de vulgarisation fait auprès des plus jeunes, et aux expos grand pu-blic », dit le trentenaire, cofonda-teur d’un collectif d’artistes, Transfert, qui crée événement de-puis six ans : le groupe invite des artistes régionaux et nationaux qui investissent des lieux souvent gi-gantesques et étonnants. La der-nière manifestation en date, dans l’ex-magasin de Virgin, a attiré 84 000 visiteurs en trois mois. D’autres collectifs, comme Shake Well, organisent de grands événe-ments autour du street art, avec le soutien, souvent, des collectivités. « Aujourd’hui, toutes les villes et les maires un peu intelligents créent leur événement street art. C’est à la mode »,

Exposition. Laurent Tritschler, directeur de la galerie Cox, présente une œuvre de Bault.

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fait remarquer Alber, une figure emblématique du graff à Bordeaux.

Passionnés. Autre initiative qui a ébranlé un peu plus les préjugés sur le sujet : le MUR de Bordeaux, animé par l’association Pôle Magne-tic et financé en grande partie par la ville. Tous les mois, un graffeur de renom vient peindre un mur dans le quartier des Chartrons. « C’est bien rodé, bien identifié et ça plaît », assure son président, Pierre

Lescaroz. Le prochain vernissage a lieu le 25 novembre. Le jeune pas-sionné de graffiti anime en paral-lèle une page Facebook sur le street art à Bordeaux qui compte… 12 755 abonnés ! Il y a même des expos chez des particuliers, comme celles qui ont lieu chez Erwan Eno, à La Bastide. Ou encore une jeune animatrice culturelle proche du collectif Transfert organise des vi-sites guidées des sites de street. Cela n’est pas du goût de tous les

artistes de rue, mais ça marche. Il y a aussi des têtes d’affiche

comme Alber, Selor, les Monkey Bird (partis depuis pour Paris), Amo, Möka, Monsieur Poulet ou encore Mika. Des lieux plus ou moins publics comme Darwin, à La Bastide, qui est une caisse de ré-sonance publique pour beaucoup d’entre eux, même si on graffait les murs du coin avant sa création. « De toute façon, on trouvera toujours des murs ici ou ailleurs », sourit Al-ber devant l’évidence.

Il n’empêche, la brigade antitag de la ville n’hésite pas à recouvrir les graffs sans autorisation. Et la police course régulièrement les graffeurs. Autre constat frustrant pour les artistes qui voudraient vivre de leurs créations : les ache-teurs bordelais se font rares. « Les trois quarts de mes clients sont pari-siens : ils semblent plus ouverts cultu-rellement », lâche David Selor. Mais l’auteur de Mimile, un renard orange, souvent pensif et plein d’humour ou de gravité, ne sou-haite pas quitter Bordeaux pour autant : « Je suis convaincu que ça bougera dans cinq, six ans. Au-jourd’hui, il faut se battre, se faire dé-foncer des fresques, prendre des amendes. Mais c’est ici qu’il faut faire son trou. » §

Quand Bordeaux s’encanaille

Acidulé. L’association Pôle Magnetic anime le MUR, qui demande chaque mois à des artistes (ici, Amandine Urruty et Nicolas Barrome) de peindre un mur dans le quartier des Chartrons.

Enigmatique. Une fresque signée Alber, qui graffe depuis l’âge de 16 ans.

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Daniel Firman mise sur Bordeaux

PAR JÉRÔME CORDELIER

L e sculpteur Daniel Firman par-tage son temps entre New York, Istanbul et Séoul. Il a gardé

outre-Atlantique un atelier à Brooklyn et travaille de plus en plus en Corée – scellé dans le sol par la trompe, l’un de ses monu-mentaux éléphants est actuelle-ment exposé à Séoul. Mais l’artiste a choisi Bordeaux pour installer son atelier principal – dans la dis-crète rue des Chartrons – et habite dans le quartier Saint-Seurin. « J’avais besoin d’une base arrière, et Paris, c’était compliqué pour des rai-sons logistiques et de qualité de vie, explique-t-il. Quand on bouge entre trois grandes métropoles internatio-nales, cela fait du bien d’avoir un es-pace plus calme, qui plus est proche

Détonnant. Le sculpteur travaille à New York et Séoul. Mais c’est ici qu’il a sa base arrière.

de l’océan et disposant d’un climat doux. » Né en 1966 à Bron, dans la banlieue de Lyon, Daniel Firman se souvient de Bordeaux à la grande époque du CAPC, qu’il fré-quentait quand il était étudiant à Angoulême. Il admire le tra-vail du paysagiste Michel Cora-joud, l’homme qui a restauré les quais et créé notamment le Mi-roir d’eau, il voit bien la dyna-mique de la ville mais déplore que, dans sa rue notamment, les volets restent clos et que les gens vivent dans leurs jardins : « Il faut ouvrir

davantage. » Et cette préoccupa-tion rejoint le débat sur la culture. « Cette ville dispose d’un fort poten-tiel pour devenir un pôle culturel, lâche l’artiste. Mais elle ne l’est pas encore. Quand on pense Bordeaux, on ne pense pas immédiatement culture. Il y a des gens qui s’activent, et des choses peuvent se passer. Maintenant, il faut trouver un bouil-lonnement qui n’est pas naturel à la ville. Certaines villes ont créé une si-gnature culturelle que Bordeaux pour l’instant n’a pas. Les artistes et les galeries peuvent émerger rapidement, mais si derrière vous n’avez pas de cohérence, de soutien de la part des élites politiques et économiques, de visibilité, l’effet peut retomber très vite. »

Vie quotidienne. Entre deux avions, ce sculpteur contempo-

rain, dont les œuvres sont calées sur la vie la plus quotidienne qui soit – à voir ses corps, moulés au

plus près sur des êtres de chair et d’os, qu’il rhabille de vêtements courants et qui ont tout l’air de vrais quidams –, songe à quelques suggestions. « Si, déjà, pendant la fermeture des théâtres en juillet-août, on faisait en sorte que l’art contemporain prenne le relais, les choses avanceraient », soutient Daniel Firman. A bons entendeurs… §

Socle. Exposition « Black Whole for whales », été 2017 : l’artiste investit la Base sous-marine.

Equilibriste. La sculp-teur Daniel Firman, ici dans son atelier borde-lais, rue des Chartrons. L’un de ses éléphants empaillés en équilibre sur sa trompe est actuellement exposé à Séoul.

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Toujours la hausse

DOSSIER COORDONNÉ PAR BRUNO MONIER- VINARD ET RÉALISÉ PAR CLAUDIA COURTOIS

E lle n’en finit pas d’attirer tou­ristes et nouveaux habitants. Rien d’étonnant donc à ce que

la capitale girondine figure en tête du dernier classement des villes où il fait bon vivre de Harris Inter­active. La cerise sur le gâteau ? L’ou­verture le 2 juillet de la LGV qui met Paris à deux heures, favori­sant les échanges et les installations d’entreprises ou de travailleurs in­dépendants. D’ailleurs, les Pari­siens représentent désormais 7 %

Surchauffe. Intra­muros ou en péri phérie, la pierre bordelaise fait recette.

des acheteurs immobiliers à Bor­deaux et dans l’agglomération, se­lon la chambre des notaires de Gironde. Résultat, cet été ont fleuri ici et là des tags et autocollants contre la venue des Parisiens dans la capitale régionale. Pas futé. Tous ces phénomènes impactent néan­moins le prix de l’immobilier, plus dans l’ancien que dans le neuf. « Nous avons un marché presque pa-risien, avec des prix de plus en plus élevés et une tension forte entre l’offre et la demande », relève Jean­Marie Duffoire, vice­président de la Fnaim Gironde. Au centre­ville, l’ancien part entre 5 000 et 6 000 €/ m2, voire un peu plus. Ajou­tez à cela une offre raréfiée. « Beau-coup hésitent à vendre, de peur de ne pas trouver mieux ou de devoir ache-ter beaucoup plus cher. Ils préfèrent donc attendre », constate François Bibes, responsable de Century 21 Talent Immobilier. De fait, la

Fnaim fait état d’une flambée des prix de 7 à 10 % depuis le début de l’année 2017. Et pas de trêve élec­torale pour calmer le jeu comme ce fut le cas récemment. Ainsi, le mètre carré s’affiche aujourd’hui entre 4 000 et 5 000 € dans tous les quartiers périphériques, dépassant 6 000 € dans l’hypercentre. A l’image des Chartrons, quartier couru pour ses lofts, ses apparte­ments et son ambiance de village chic. « Nous y avons vendu un stu-dio rénové de 24 m2 à 8 000 €/ m2. Les Bordelais peinent à suivre », indique M. Duffoire. « Tout le monde veut acheter dans le coin, note Guillaume Touroul­ Chevalerie, directeur de l’agence de Jane. Le manque de biens de prestige conforte les vendeurs dans leurs prétentions à la hausse. Quatre chambres, vue sur la Ga-ronne… Un appartement refait à neuf de 230 m2 s’est vendu dès la première visite au sein d’un immeuble

Boom. Dans le neuf (ici, quartier Belcier), le prix moyen affichait 4 150 €/ m2 sans parking au 1er trimestre 2017.

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en pierre sur les quais, contre un chèque de 1 350 000 euros, soit 5 650 €/m2 ! »

Entre le centre et la périphérie, il n’est pas rare de devoir ajouter 200 000 euros pour habiter une échoppe ou un appartement su-périeur à 120 m2. De nouveaux quartiers ont aussi le vent en poupe, tel Saint-Michel, longtemps – et encore –populaire et bigarré. « Il y a un engouement extraordinaire pour ce secteur, qui devient de plus en plus difficile d’accès », commente François Bibes. Idem vers la gare où, impasse Dagen, dans le quar-tier Sacré-Cœur, une maison de 250 m2 avec jardinet s’est vendue 971 000 €. Même son de cloche dans le quartier populaire de la Bastide, où échoppes, petites maisons bour-geoises et immeubles neufs lon-geant le tramway voient leurs prix s’envoler à près de 4 000 €/ m2. « Les délais se raccourcissent avec des ventes en une semaine. Depuis deux ans, ça s’accentue », lâche Laure Vinolo, responsable des ventes chez Cen-tury 21. Dans les rangs des ache-teurs dans l’ancien, les investisseurs restent présents mais ne sont pas plus nombreux qu’en 2016. On note une forte demande de la part de retraités, actuels ou à venir, en quête d’un 2-pièces comme pied-à-terre, contre 250 000 à 300 000 €. « Les jeunes couples ou familles peinent à trouver en primo-accession et pros-pectent désormais la première cou-ronne à l’extérieur des boulevards (Bègles, Talence, Pessac, Le Bouscat), voire au-delà de la rocade », poursuit Laure Vinolo.

Le neuf a aussi le vent en poupe. Au 1er semestre 2017, son prix moyen à Bordeaux affichait 4 150 €/ m2 (hors parking), soit 6,4 % d’augmentation. Cela n’inquiète pas les professionnels, qui évoquent un « rattrapage » des prix. Dans la métropole, il faut compter 3 700 €/ m2, selon l’Observatoire de l’immobilier du Sud-Ouest (Oiso). Et tous les types de logements voient progresser leur prix moyen de vente. « Mais nous restons encore en deçà des valeurs des grandes mé-tropoles », tempère le président de l’Oiso, Laurent Mathiolon (voir en-cadré ci-contre). Comme pour l’an-cien, les jeunes couples actifs se rabattent sur la périphérie : « Beau-coup vont à Mérignac, Pessac, Talence ou Bègles, plus accessibles pour eux », confirme William Arnold, conseil-ler au Crédit agricole immobilier.

Néo-Aquitains. Il existe bien des dispositifs publics, comme l’Opération 50 000 logements de Bordeaux Métropole ou les Volumes Capables dans le futur quartier Brazza (incités par la mairie de Bor-deaux), mais leur offre est insuffi-sante. Et il faut se décider vite car, même sur plan, tout part très rapi-dement. Si les investisseurs restent majoritaires (59 %), ce sont les pro-priétaires occupants qui augmen-tent le plus : + 49 % au dernier semestre 2017. « Bordeaux a une at-tractivité forte pour les personnes ex-térieures à la ville », souligne le président et directeur du promo-teur Aqprim. Ces investisseurs, des Néo- Aquitains pour la plupart,

souvent préretraités, savent aussi qu’un flux important de nouveaux habitants arrive chaque année. « Dans notre clientèle investisseurs (70 % des ventes), la moitié est locale, bien plus présente qu’il y a dix ans », assure Pierre Aoun, PDG de LP Pro-motions, actif à Bordeaux et à Tou-louse, son bastion historique. Malgré une activité florissante (2 000 ventes en résidentiel en moyenne par an à Bordeaux et sur le bassin d’Arcachon), le vice- président de la Fédération des pro-moteurs immobiliers d’Aquitaine prône le principe d’une accession à prix maîtrisés inscrit dans le PLU de la métropole, comme c’est le cas à Toulouse : « On atteint aujourd’hui la limite du système. Pas de risque de bulle immobilière grâce à l’offre toujours présente, mais, quand la rentabilité sera affaiblie et que les taux d’intérêt augmenteront, ça posera problème. » §

AVIS D’EXPERT – LAURENT MATHIOLON* « Un stock de neuf au plus bas »

Le Point : 2017, un bon cru dans la promotion immobilière ? Laurent Mathiolon : Les trois premiers trimestres 2017 ont connu leur plus forte activité depuis 2009. Alors que d’habitude

les ventes se tassent en période électorale, nous n’avons observé aucun attentisme. Côté prix : + 6,4 % de hausse, en moyenne, ce qui créé une tension indéniable sur le marché. L’offre est-elle suffisante ?En juin 2017, il y avait 3 000 logements à vendre, soit cinq mois de stock, un niveau particulière-ment bas malgré un bon renouvellement de l’offre (+ 3,7 % par rapport au 2e trimestre 2016). La demande ne cessant d’augmenter, nous rechar-geons moins vite que les besoins nécessaires. La hausse des prix du neuf est-elle éphémère ou conjoncturelle ?Tout a grimpé dans beaucoup de villes. Pour le moment, Bordeaux est en phase de rattrapage. Nous allons continuer à surveiller l’offre et nous verrons bien. A noter que le marché borde-lais est assez solide, car il comprend près de 40 % de propriétaires occupants § PROPOS RECUEILLIS PAR CLAUDIA COURTOIS*Président de l’Observatoire de l’immobilier du Sud-Ouest.

Prestigieux. Sur les quais, un appartement de 230 m2 dans un im-meuble en pierre s’est vendu, dès la première visite, 1 350 000 euros.

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UN CRÉDIT VOUS ENGAGE ET DOIT ÊTRE REMBOURSÉ. VÉRIFIEZ VOS CAPACITÉS DE REMBOURSEMENT AVANT DE VOUS ENGAGER.« Aucun versement de quelque nature que ce soit ne peut être exigé d’un particulier, avant l’obtention d’un ou plusieurs prêts d’argent. » « Pour tout prêt immobilier, l’emprunteur dispose d’un délai de réflexion de 10 jours ; l’achat est subordonné à l’obtention du prêt ; s’il n’est pas obtenu, le vendeur doit rembourser les sommes versées. » CAFPI S.A., siège social : 28, route de Corbeil - 91700 Sainte-Geneviève-des-Bois - Tél. 01 69 51 00 00 - E-mail : [email protected] - S.A. à Directoire et Conseil de Surveillance au capital de 11 572 500 euros - SIREN N° 510 302 953 - RCS ÉVRY - N° DE GESTION 2009 B 00365 - CODE APE 6619 B - ORIAS 09047385 - RCIOB N° 48278570 - Courtier en opérations de banque et en assurance - Membre de l’APIC, Association Professionnelle des Intermédiaires en Crédits - Retrouvez l’ensemble de nos partenaires bancaires sur www.cafpi.fr.

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Les terroirs à portée de boucheLa Talenquère

Sébastien Wintzer : « J’avais envie d’être au contact des clients. »

« Nous avons ouvert il y a un peu plus de deux ans, avec Pierre Costa, un ami d’enfance. On a travaillé ensemble quand on était jeunes, on faisait les saisons. J’étais assis-tant maître de chai à Pauillac et j’avais envie de voir autre chose, d’être au contact des clients… On propose environ 150 vins et une quinzaine de cuvées au verre, qui changent chaque semaine. On a toutes les régions de France, avec bien sûr Bordeaux, puis le Languedoc et la vallée du Rhône, mais rien n’est figé, on fonc-tionne au coup de cœur, au fil des rencontres, des Salons… On essaie de faire découvrir de nouveaux vignerons. Je propose aussi les vins des six châteaux dans lesquels j’ai tra-vaillé durant mes stages dans le Borde-lais ; je les connais bien, j’ai participé à leur élaboration. On a aussi une

vingtaine de références étrangères, plutôt d’Amérique du Sud. Pierre s’occupe plus du côté grignotage, des choses simples : de la bonne charcuterie d’un artisan de Saint- Estèphe, dans le Médoc, et aussi de Catalogne, en direct de chez l’éleveur ; des fromages de Jean d’Alos, fromager- affineur à Bordeaux ; et des tapas. On organise des dégus-tations en présence des vignerons qui viennent parler

de leur terroir. En fait, les Bordelais aiment bien faire des décou-vertes. Par exemple, ils sont amoureux de la syrah… Ils ne le savent pas, mais je le ressens (rire). Ils se laissent conseiller, ils ont une vraie curio-sité. »

8, place Saint-Pierre, Bordeaux. 09.82.54.02.89, www.latalenquere.fr. Du mardi au samedi, de 18 heures à minuit.

Carnet d’adresses

Le Millésime4, rue du Puits-Descujols, Bordeaux. 05.56.30.05.38, www.le-millesime.netSitué dans le cœur historique de Bordeaux, ce bar à vins-restaurant, cossu et chaleu-reux, propose une belle carte de vins ré-gionaux, ainsi qu’une sélection d’une trentaine de cuvées à déguster au verre. Quelques grands crus classés (dernière sélection en date : Yquem 1995, Cheval- Blanc 2004 et Haut-Brion 2002), ainsi que des vins en provenance de Bourgogne, de la vallée du Rhône, de la Loire, ou encore d’Espagne ou d’Amérique du Sud. En ac-compagnement, de délicieux tapas à base de produits régionaux et espagnols. Le petit plus : de généreuses grillades accom-pagnées de frites maison.Du lundi au samedi de 11 h 30 à 15 heures et de 18 h 30 à 2 heures. Fermé le samedi midi.

La Ligne rouge6, rue de la Porte-Cailhau, Bordeaux. 09.83.55.18.64, www.laligne-rouge.comLa devise de la maison (comme le nom l’indique), « Osez franchir la ligne rouge » et risquez-vous à la découverte ! Ici, les vins de Bordeaux ne représentent qu’une petite partie de la sélection, qui permet de découvrir quelques pépites de l’en-semble du vignoble français et de très nombreux vins étrangers, à déguster sur place ou à emporter. Une douzaine de cu-vées sont proposées au verre. En accom-pagnement, de délicieuses charcuteries artisanales, des fromages affinés à point et d’excellentes pâtisseries. Les petits plus : la chaleur de l’accueil et le service aussi professionnel que convivial.Du dimanche au mercredi, de 18 à 23 heures, et du jeudi au samedi de 18 à 1 heure.

Le Métropolitain49, cours d’Alsace-Lorraine, Bordeaux. 05.57.34.64.46, www.lemetropolitainbordeaux.comA la fois cave à vins et cave à manger, le Métropolitain propose une gamme de vins de toute la France, des grands crus bordelais aux cuvées « découverte » du Languedoc, que complètent une origi-nale sélection de champagnes et une carte de bières artisanales régionales. Du côté de la cave à manger, de généreuses tar-tines et douelles (pièces de bois qui servent à fabriquer les barriques) sont garnies de charcuterie, fromages de premier choix ou légumes à croquer et sauces maison. Le petit plus : les ateliers d’initiation à la dégustation.Du jeudi au samedi de 15 à 23 heures, le mer-credi de 15 à 22 heures.

XLVI | 23 novembre 2017 | Le Point 2359

SPÉCIAL BORDEAUX À LA CAVE AVEC OLIVIER BOMPAS

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COMMUNIQUÉZOOM SUR BORDEAUX

ZOOM SUR BORDEAUX

380, Avenue de la Libération 33110 Le BouscatAgences à : Biganos, Créon, Langon, Bordeaux lac,

Saint André de Cubzac et Mont de Marsanwww.maisons-lca.com - 05 57 22 38 38

CA Concept Cuisines9bis, rue Joliot Curie 33130 Bè[email protected]

NEO Aménagement65, Chemin de Brignon 33140 Villenave d’[email protected] / 06 76 41 82 78

LCA

NEO Aménagement s’associe àCA Concept Cuisines

Constructeur de maisons individuelles personnalisées

Conception de cuisines sur-mesure

Présentez-nous LCA !LCA est une entreprise familiale, qui a vu le jour en 1982 à Bordeaux. Avec aujourd’hui cinq agences en Gironde et une dans les Landes… Plus de 5000 maisons réalisées en Aquitaine depuis l’origine ! Notre équipe compte désormais 45 personnes. Nous réalisons chaque année une moyenne de 250 maisons. Nous avons le projet de deux ouvertures d’agences en 2018, avec un nouveau siège social et un showroom.

Quels sont vos points forts ?LCA a tous les atouts d’un constructeur local, le savoir-faire et la proximité. Autre atout, le parfait respect des plannings et des devis. Nous proposons un catalogue de maisons modernes, 100% personnalisables. Ce qui nous permet de réaliser des maisons qui s’adaptent aux budgets de nos clients, avec un très bon rapport qualité-prix, sur la base du projet choisi sur catalogue, tout en restant attentifs aux idées et au style de chacun. Chaque maison est unique !Quelles sont vos valeurs ? Nous sommes une entreprise à taille humaine et nous le resterons. Nous sommes à l’écoute de nos clients et nous les suivons du début du projet jusqu’à la remise des clefs et même après la livraison. Nous instaurons un véritable contrat de confi ance ! Nous ne travaillons qu’avec un réseau solide d’artisans locaux que nous connaissons bien et avec qui nous travaillons depuis de nombreuses années. Notre fi erté ? La qualité de nos réalisations !

Christophe Aitali et Romain Détrieux, comment est née votre agence ?Nous avons décidé d’associer nos savoir-faire respectifs de professionnel du second œuvre et de cuisiniste, pour déployer au 1er trimestre 2018 une structure basée au sud de Bordeaux (dans la communauté de communes de Montesquieu) et ses environs. Nous off rons de concevoir et poser des cuisines sur mesure en réalisant des chantiers clef en main. Nos artisans qualifi és sauront faire preuve de professionnalisme et de rigueur tout au long de leurs prestations.En pratique, que proposez-vous ?Nous off rons à nos clients une prise en main complète de leurs dossiers, allant de la dépose de leur ancienne cuisine jusqu’à la fi nalisation de leur nouveau projet. Nos équipes sauront répondre à toutes les problématiques qu’un chantier peut engendrer : carrelage, plomberie, électricité, plâtrerie, menuiserie, peinture etc. Une prestation globale et un suivi optimum, de A à Z !Quels sont vos atouts?Notre atelier de menuiserie nous permet de répondre à des demandes d’aménagement sur mesure, avec des créations en bois massif ou des agencements spécifi ques. Nous nous adaptons au budget de la clientèle, du projet locatif aux cuisines haut de gamme. Nous travaillons principalement avec trois fabricants : allemand, italien et français, afi n de répondre à tous les types de demandes. Un seul leitmotiv : La qualité. Nous ne proposons pas de meubles en kit mais du meuble monté, collé et pressé en usine !Qui sont vos clients ?Nous travaillons aujourd’hui principalement avec le particulier, qu’il soit investisseur ou acquéreur, mais nous souhaitons développer notre off re aux professionnels : agences immobilières, constructeurs, maîtres d’œuvre… D’ores et déjà, nous sommes opérationnels et à l’écoute de chaque projet.

AVANT

APRÈS

d’œuvre… D’ores et déjà, nous sommes opérationnels et à l’écoute de chaque projet.

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Page 48: « Bordeaux, soif de culture ! » : Le Point Novembre 2017

I ls se sont connus chez Christopher Coutanceau à La Ro-

chelle. L’un officiait en cuisine et l’autre en salle au 2-étoiles de la plage de la Concur-rence. En s’installant à Bordeaux, David Grangier et Olivier Rouland n’ont pas changé le casting : le premier fait tou-jours valser les saveurs aux fourneaux et le second dirige le ballet du service. Les deux compères ont fait de leur Davoli – contraction de David et Oli-vier – un boudoir chic avec ses murs en pierre ancienne, ses belles voûtes, ses fauteuils lie-de-vin, ses tableaux colo-rés, ses grandes fenêtres et sa douce lu-mière tamisée.

Dans l’assiette, ça swingue au fil des inspirations de David Grangier qui mêlent le classique au contemporain. Le foie gras de canard mi-cuit cancane pour les betteraves multicolores, la fine

gelée de bouillon de poule à la citronnelle et la compotée de coings et prunes. Les saint-jacques snackées et leurs ravioles coif-fées d’une émulsion ci-tronnelle et noix de coco batifolent avec

des topinambours. Le lingot croustil-lant de jarret de porc s’encanaille de po-timarrons en différentes textures, d’un nem de champignons à l’estragon, de poires et d’un jus de veau moutardé. Pour clore le bal, une délicate douceur : la pomme dans tous ses états – compres-sion, sorbet, bâtonnets, jus –, crème pra-linée, glace à la vanille, sorbet céleri. Notre seul regret ? Avoir été relancé trois fois par SMS les jours suivants pour dé-poser notre commentaire sur Internet. Agaçant harcèlement textuel §Le Davoli, 13, rue des Bahutiers. 05.56.48.22.19. Menus : de 24 à 28 € (déjeuner), 40, 52, 60 €. Carte : de 46 à 73 €.

Exquis Davoli

Eclatant Atelier des FauresSeul dans sa cuisine ouverte sur sa salle, Roman Winicki (photo) s’en donne à cœur joie. Epaulé par sa compagne, Caroline, au service, cet autodidacte passé par Sciences po Bordeaux livre un éclatant réci-tal depuis son ouverture en juin : huîtres, soubressade ; falafels aux cinq parfums, sauce au saté ; thonine, œufs de hareng, purée, carottes ; poitrine de porc confite, boudin noir, patate douce, raci-naires ; mousse dulce de leche, crémeux chocolat, shortbread.L’Atelier des Faures, 48, rue des Faures. 09.86.42.45.45. Menus : de 15 à 18 € (déjeuner). Carte du soir : de 20 à 32 €.

Raffiné C’YushaIl a conservé le meilleur de ses années passées chez les plus grands (Alain Du-casse, Michel Guérard, Bernard Loiseau…). Pierrick Célibert rivalise d’imagination pour titiller les papilles au gré d’une carte pleine d’allant : saint-jacques, citron caviar, cocos de Paimpol, fenouil de mer, poireaux crayons ; cochon aux feuilles de tabac, jus au grué de cacao, écrasée de pommes de terre ; barrette de chocolat au chanvre fumé, yuzu, crème glacée à la flouve odorante.C’Yusha, 12, rue Ausone. 05.56.69.89.70. Menus : 19 € (déjeuner), 34, 45 €. Carte : de 40 à 50 €.

Canaille MAprès avoir écumé les maisons étoilées, Arno Busquet (photo, à g.) et David Person-naz (à dr.) ont pris leur envol en septembre 2015. Les voilà réunis pour jouer leur parti-

tion qui fleure bon le canaille : œuf parfait sur un ragoût automnal ; tête de veau sauce gribiche ; pavé de cabillaud laqué d’un caramel au gingembre, ragoût de lentilles du Puy, petits légumes ; aiguil-lettes de magret de canard, poires confites au vin rouge épicé ; opéra café-chocolat.Le M, 53, rue Lafaurie-Monbadon. 05.56.79.01.64. Menus : de 12,50 à 18 € (déjeu-ner), 42 € (dîner).

L’incontournable Les valeurs sûres

Raffiné. David Grangier, chef du Davoli. En médaillon : ris de veau, croustillant de blettes et épinards.

SPÉCIAL BORDEAUX À LA CARTE PAR THIBAUT DANANCHER

XLVIII | 23 novembre 2017 | Le Point 2359

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