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Les intentions de vote des categories populaires à la présidentielle 2012 en France. Analyse réalisée à partir d'un cumul d'enquêtes de l'institut CSA.
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Contact presse - Hélène TABOURY
01 44 94 34 02 • [email protected]
NOTE D’ANALYSE - janvier 2012
NOTE D’ANALYSE DU DÉPARTEMENT OPINION
CSA décrypte…le vote des catégories populaires
DES CATÉGORIES POPULAIRES POLITIQUEMENT MARQUÉES
PAR LE CLIVAGE ENTRE ACTIFS ET RETRAITÉS
La victoire à l’élection présidentielle de
2012 passera-t-elle par la conquête des
catégories populaires ? Cette question est
au cœur de la campagne qui s’ouvre tant
la performance de Nicolas Sarkozy au 1er
tour de la présidentielle 2007 a paru
facilitée par les suffrages portés sur son nom
par les employés et les ouvriers. Quelques
données viennent d’ailleurs appuyer cette
conviction puisqu’au 1er tour de la
présidentielle 2007 environ un tiers des
employés et un quart des ouvriers (32% et
26%) ont apporté leur suffrage à l’actuel
chef de l’Etat, devançant ainsi Ségolène
Royal (24% et 25%) et Jean-Marie Le Pen
(13% et 16%).
A l’issue d’une année 2011 riche en
actualité politique et marquée par
l’assombrissement des perspectives
économiques et sociales en France et en
Europe, nous avons souhaité nous pencher
sur la proximité partisane et les intentions de
vote des électeurs issus des catégories
populaires dans la perspective des rendez-
vous électoraux du printemps prochain.
Notre analyse prend appui sur un
échantillon important constitué sur
l’ensemble du quatrième trimestre 2011. Au
cours de cette période, 2 700 personnes
inscrites sur les listes électorales ont été
interrogées, parmi lesquelles 912 individus
issus des catégories populaires.
Ces effectifs permettent de disposer de
données statistiques à la fois solides et
fiables, les données sur les catégories
populaires ayant été calculées sur la base
de l’ensemble des employés et des
ouvriers, qu’ils exercent une activité
professionnelle, soient à la recherche d’un
emploi ou aient désormais atteint l’âge de
la retraite.
MéthodologieLes données d’enquête présentées dans ce document ausujet de l’élection présidentielle 2012 sont issues d’un cumuldes enquêtes mensuelles réalisées par l’institut CSA enoctobre, novembre et décembre 2011 pour « La Course 2012 »BFMTV / RMC / 20 Minutes. Chaque enquête mensuelle a étéréalisée auprès d’un échantillon d’environ 1 000 personnesinterrogées par téléphone, représentatif de la populationfrançaise âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Autotal, 2 700 personnes inscrites sur les électorales ont étéinterrogées au cours de cette période. Les résultats de cesenquêtes sont disponibles sur www.csa.euLes données 2007 citées dans ce document sont issues del’étude post élection présidentielle 2007 réalisée par leCEVIPOF avec le soutien du Ministère de l’intérieur, l’enquêteétant produite par l’Ifop.
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NOTE D’ANALYSE - janvier 2012
LA PROXIMITÉ PARTISANE DES MILIEUX
POPULAIRES
Les milieux populaires sont-ils de gauche ?
S’ils ont longtemps été positionnés à
gauche, les milieux populaires manifestent
aujourd’hui un positionnement politique très
proche de celui du reste de la population.
Au cours de la période étudiée (octobre-
décembre 2011), si l’on raisonne selon un
axe gauche-droite classique sur lequel
seraient positionnées les principales
formations politiques françaises, 46% des
employés et des ouvriers s’identifient à un
parti classé à gauche, 5% au centre
(MoDem) et 41% à droite. Il s’agit de scores
quasiment équivalents à ceux observés
auprès de l’ensemble des Français
(respectivement 47%, 6% et 39%), les écarts
observés étant dépourvus de toute
significativité statistique.
A titre de comparaison, 67% des ouvriers
interrogés par la SOFRES à l’issue du premier
tour de l’élection présidentielle de 1981
déclaraient un vote en faveur d’un
candidat classé à gauche. Ils étaient
encore 60% en 1988 (CSA).
Cette répartition des forces politiques ne
doit cependant pas masquer un trait
différenciant majeur des couches
populaires, et notamment celles se disant
de droite. A un niveau d’analyse plus fin, le
poids de l’extrême droite y apparaît en effet
beaucoup plus important que dans le reste
de la population. 17% des ouvriers et des
employés (qu’ils soient actifs ou retraités) se
déclarent proches du Front national, soit 6
points de plus que son audience moyenne
à l’échelle de l’ensemble des électeurs. Ici,
la formation présidée par Marine Le Pen fait
alors quasiment jeu égal avec l’UMP (19%).
Le Parti socialiste reste néanmoins le
premier parti politique auquel s’identifient
les catégories populaires (30%).
L’attractivité du Front de gauche s’avère
quant à elle assez faible : seuls 6% des
individus issus des milieux populaires s’en
déclarent proches, à raison de 4% pour le
Parti de gauche et 2% pour le Parti
communiste.
LES INTENTIONS DE VOTE
AU PREMIER TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE
Cette convergence de la proximité
partisane des milieux populaires avec celle
du reste de la population se vérifie
pleinement à l’analyse des intentions de
vote exprimées pour la prochaine élection
présidentielle.
Les grands équilibres politiques observés à
leur échelle s’avèrent eux aussi très proches
de ceux obtenus pour l’ensemble de
l’électorat et ne laissent apparaître aucune
différence politique majeure. La totalisation
des scores d’intentions de vote obtenus par
les candidats classés à droite confère
toutefois à leur camp un léger avantage
sur la gauche (46% contre 43%). Ceci
s’explique par le score élevé de Marine Le
Pen chez les ouvriers et les employés :
créditée de 22% des intentions de vote, elle
obtient parmi eux un score supérieur de 6
points à celui enregistré auprès de
l’ensemble des électeurs.
Compte-tenu du nombre élevé d’individus
issus des catégories populaires au sein de
notre échantillon trimestriel, ces résultats
peuvent être affinés pour mieux
comprendre les scores obtenus par les
principaux candidats testés.
Ensemble des
électeurs
Catégories populaires
Ecarts
Extrême gauche
4 4 =
Gauche modérée
43 42 -1
Centre 6 5 -1Droite modérée
28 24 -4
Extrême droite
11 17 +6
Sans préférence
7 7 =
Tableau 1 : La proximité partisane des électeurs (données trimestrielles CSA, octobre-décembre 2011)
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L’avantage de François Hollande sur ses
concurrents, et plus particulièrement sur
Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, se vérifie
auprès de la quasi-totalité des segments de
population composant les milieux
populaires. Il est toutefois intéressant
d’observer que le chef de l’Etat y conserve,
selon un schéma déjà observé en 2007, un
pouvoir d’attraction non négligeable
auprès des femmes et plus particulièrement
des personnes les plus âgées parmi
lesquelles il parvient à faire jeu égal avec le
candidat socialiste.
Ces bons résultats pour Nicolas Sarkozy au
sommet de la pyramide des âges
(majoritairement composée de femmes)
apparaît surtout comme la manifestation
d’un clivage important opposant ouvriers et
employés en activité d’une part à ceux
arrivés à la retraite d’autre part. Alors que
François Hollande et Nicolas Sarkozy sont
tous deux crédités d’un tiers des intentions
de vote parmi les retraités, le premier
distance très nettement le second chez les
seuls salariés (16 points d’écart en faveur du
candidat socialiste) et ceux déclarant être
à la recherche d’un emploi (33 points
d’écart).
De fait, le principal concurrent de François
Hollande chez les actifs issus des catégories
populaires est Marine Le Pen. Cette
dernière y recueille 25% d’intentions de
vote. Auprès des chômeurs, elle obtient un
score encore plus élevé (29%). A l’inverse,
c’est parmi les retraités, où Nicolas Sarkozy
obtient ses meilleurs scores, que Marine Le
Pen atteint son plus bas niveau (17%).
Ensemble des électeurs
Catégories populaires
Ecarts
Nathalie Arthaud 1 1 =Philippe Poutou 1 - -1Jean-Luc Mélenchon 5 4 -1
François Hollande 34 34 =Jean-Pierre Chevènement
1 =
Eva Joly 3 3 =Corinne Lepage 1 1 =François Bayrou 9 8 -1Dominique de Villepin 2 2 =Hervé Morin - - =Nicolas Sarkozy 26 23 -3Christine Boutin 1 1 =Nicolas Dupont-Aignan
- - =
Marine Le Pen 16 22 +6
Tableau 2 : Les intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle (données trimestrielles CSA, octobre-décembre 2011)
FrançoisHOLLANDE
NicolasSARKOZY
MarineLE PEN
Ensemble des ouvriers et des employés (actifs et retraités)
34 23 22
Sexe
Homme 36 18 25
Femme 33 27 21
Age
18 à 24 ans 30 18 19
25 à 34 ans 30 12 27
35 à 49 ans 35 21 27
50 à 64 ans 36 24 22
65 ans et plus 35 34 16
Statut
Salarié 35 19 25
Dont : secteur public 33 16 27
Dont : secteur privé 35 20 24
Chômeur 42 9 29
Retraité 33 33 17
Niveau de diplôme
Sans diplôme/Primaire 32 26 28
B.E.P.C./C.A.P/B.E.P 37 21 23
BAC 34 24 16
BAC + 2 28 24 17
Région
Ile de France 46 25 15
Province 33 23 23
Tableau 3 : Les intentions de vote au premier tour par sous-populations (données trimestrielles CSA, octobre-décembre 2011)
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A la lecture de ces données trimestrielles,
François Hollande dispose d’un soutien
potentiellement élevé chez les catégories
populaires, sensiblement supérieur à celui
dont avait bénéficié Ségolène Royal en
2007. Chez les seuls ouvriers (actifs ou
retraités), il est crédité au quatrième
trimestre de 33% des intentions de vote, soit
huit point de plus que celui obtenu par
Ségolène Royal auprès de ce segment en
avril 2007.
Ceci ne doit cependant pas masquer le
fait que Marine Le Pen se tient en
embuscade : c’est elle qui, par
comparaison au score de son père, en
2007, y enregistre la plus forte progression
potentielle. Elle tutoie aujourd’hui chez les
ouvriers un niveau équivalent (29%) à la
totalisation des voix d’extrême droite le 21
avril 2002 et supérieur de 13 points à celui
de Jean-Marie Le Pen le 22 avril 2007.
Nicolas Sarkozy accuse quand à lui une
chute sévère avec seulement 18%
d’intentions de vote sur la période contre
26% au premier tour de la présidentielle de
2007.
Ces écarts significatifs expliquent pour
partie les dynamiques observées en fin
d’année 2011. En ce sens, l’évolution des
rapports de forces politiques au sein des
milieux populaires au cours des prochains
moins pourrait être à nouveau
déterminante de l’issue du scrutin
présidentiel et plus particulièrement de
l’ordre d’arrivée des candidats au premier
tour de scrutin.
Yves-Marie Cann
Directeur d’études au Département Opinion
Retrouvez sur www.csa.eu nos précédentes notes d’analyses :
Des primaires populaires ? Analyse de la participation à la primaire socialiste (nov. 2011)http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2011/opi20111031-des-primaires-populaires.pdf
Bilan 2011 de la popularité du Chef de l’Etat (décembre 2011)http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2011/opi20111231-bilan-de-l-annee-2011-pour-nicolas-sarkozy.pdf
DÉPARTEMENT OPINION
Jérôme SAINTE-MARIE, Directeur
Yves-Marie CANN, Directeur d’études
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