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État de Droit et Femme en Mauritanie1
État de Droit et Femme en Mauritanie
Instituto de Estudios Jurídicos Internacionales “Conde de Aranda”Pº de los Artilleros s/n 28032 Madrid.Copyright de esta edición: IEJICopyright de los autores y traductores
I.S.B.N: 978-84-690-9275-0Depósito Legal: M 50392-2007Imprime: Gráficas Pedraza
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État de Droit et Femme en Mauritanie
MINISTÈRE CHARGÉ DE LA PROMOTIONFÉMININE, DE L’ENFANCE ET DE LA FAMILLE
État de Droit et Femme en Mauritanie
Guide Parlementaire
Participation politique et promotion du statut juridique de la femme en Mauritanie.
Bases pour l’intégration démocratique II
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Auteurs :
François-Régis DUCROS (Université Paris XI)Luisa MORENO (Instituto de Estudios Jurídicos Internacionales)Cristina AGUILAR (Universidad Rey Juan Carlos, Madrid)Alberto HERRANZ (Universidad Rey Juan Carlos, Madrid)
Coordination:
Carla FERNÁNDEZ-DURÁN (Instituto de Estudios Jurídicos Internacionales)Margarita SÁENZ DE LA CALZADA (Instituto de Estudios Jurídicos Internacionales)
Traduction :
Cabinet: Moctar OULD MOHAMEDÈNE, NouakchottAmina MINT KHLIL (Instituto de Estudios Jurídicos Internacionales)Ousmane N’GAIDE Amadou (Instituto de Estudios Jurídicos Internacionales)
Direction du Projet:
Alberto MURO (Instituto de Estudios Jurídicos Internacionales)
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Lettre de présentation du Directeur de l’Institut d’Études Juridiques Internationales,
Monsieur Bruno AGUILERA BARCHET
Les récentes élections mauritaniennes ont su montrer la volonté de ce pays de s’inscrire dans le cadre nouveau de la démocratie en soulignant particulièrement la place et le rôle de la femme en politique. En ce sens, il faut saluer l’effort de la République Islamique de Mauritanie de mettre en œuvre efficacement les mesures visant la parité, que cherchent encore certaines démocraties européennes.
À l’appui de cette entreprise, et avec le concours du Ministère de la Promotion Féminine, de l’Enfance et de la Famille, l’Institut d’Études Juridiques Internationales a eu le souci d’apporter son aide par le biais de formations politiques et juridiques, tant en amont avec les candidates aux élections municipales, législatives et sénatoriales, qu’en aval, notamment lors de conférences sur le droit parlementaire mauritanien.
De cette mission que l’IEJI a menée, pour la partie parlementaire du projet, entre février et novembre 2007, il en est résulté ce guide qui se veut une ébauche, sans doute essentielle, dans le jeu démocratique moderne.
En espérant qu’il sera reçu avec autant d’enthousiasme que celui dont ont pu témoigner, jusqu’à présent, celles et ceux qui ont eu la gentillesse de nous accueillir et de nous associer à l’ambition de leur pays,
Bruno AGUILERA BARCHET
Directeur de l’I.E.J.I.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Lettre de présentation de S. E. M. Président de l’Assemblée Nationale de la République Islamique de Mauritanie,
Monsieur Massoud Ould BOULKHEIR
La femme mauritanienne a accompli, à la faveur des dernières consultations électorales, une percée remarquable sur la scène politique nationale : à peu près une trentaine de députées et de sénatrices ont, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, franchi en si grand nombre, le seuil du parlement.
Elles concrétisent, de la sorte, le rôle éminemment constructif qu’elles ont joué dans l’heureux aboutissement d’un processus démocratique qui, par moments aura connu d’inquiétantes phases de balbutiements.
Au mois de juillet dernier, dix sept femmes députées et neuf sénatrices, ont, à l’initiative de l’Institut d’Études Juridiques Internationales, activement participé dans les locaux de l’Assemblée Nationale, à un séminaire portant sur l’ État de Droit et la Femme Mauritanienne titré droit parlementaire . Trois jours durant lesquels elles ont traité de divers thèmes relatifs à cette problématique.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Le « guide du parlementaire » que j’ai l’honneur de vous présenter aujourd’hui, fruit de ces journées de formation et d’échange, constitue sans aucun doute un outil de travail et d’orientation, une sorte de précieux bréviaire que tous nos parlementaires sans la moindre distinction, pourront exploiter et en tirer le meilleur parti.
Tant pour l’initiative que pour les résultats obtenus, nous tenons à en remercier très sincèrement nos amis espagnols, l’Institut d’Études Juridiques Internationales de l’Université Rey Juan Carlos I de Madrid en particulier, pour l’appui constant et généreux qu’ils n’ont cessé d’apporter à notre pays, surtout chaque fois qu’il s’est agi de l’émancipation et de la promotion de la femme mauritanienne.
Que toute l’équipe d’encadreurs, de formateurs, de coordinateurs et d’assistants espagnols, français ou mauritaniens ayant activement pris part à cette noble entreprise, trouve ici l’expression de notre profonde reconnaissance et de nos sincères remerciements ; car l’œuvre accomplie (sa dimension pédagogique surtout) répond à l’un de nos soucis majeurs, en cette phase cruciale de renaissance de nos jeunes institutions : à savoir enraciner et consolider l’idée de la démocratie dans l’esprit et le cœur de toutes les composantes de notre peuple.
Signé : Massoud Ould BOULKHEIRPrésident de l’Assemblée Nationale de la République Islamique de Mauritanie
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Lettre de présentation de S. E M. le Président du Sénat de la République Islamique de Mauritanie,
Monsieur BA Mamadou, dit : M’Baré
Le séminaire de formation autour du thème : Droit Parlementaire dont viennent de bénéficier les femmes Parlementaires nouvellement élues au Sénat et à l’Assemblée Nationale, animé par l’Institut d’Études Juridiques Internationales de l’Université Roi Juan Carlos de Madrid et financé par la Communauté Autonome de Madrid, a été positif à plus d‘un titre. Il a permis à nos femmes parlementaires de prendre conscience de leur rôle et d’apprécier par la même occasion l’ampleur de la tâche qui leur attend.
Je saisis ici l’occasion qui m’est offerte pour adresser mes remerciements à la Communauté Autonome de Madrid, présidée par Madame Esperanza Aguirre et à l’Institut d’Études Juridiques Internationales, notamment à son Directeur, M. Bruno Aguilera, à M. Alberto Muro, Coordinateur des programmes de l’Institut, à Madame Carla Fernández-Durán, Coordinatrice des projets IEJI en Mauritanie et à Madame Mettou Mint Khlil, assistante des projets en Mauritanie.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Enfin nous espérons que ce séminaire et ce guide servent de point de départ pour des futures relations de partenariat entre le Sénat de la République Islamique de Mauritanie et l’Institut d’Études Juridiques Internationales de l’Université Roi Juan Carlos de Madrid.
Signé : BA Mamadou, dit : M’Baré Président du Sénat de la République Islamique de Mauritanie
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Lettre de présentation de la Présidente de l’Assemblée de Madrid
C’est un grand honneur pour moi de collaborer au Guide Parlementaire que l’Institut d’ Etudes Juridiques Internationales a élaboré dans le cadre du programme “Etat de Droit et Femme en Mauritanie”.
Le travail que l’Institut et le Gouvernement de Madrid sont en train de développer depuis septembre 2006, afin de fomenter l’insertion des femmes dans le cadre parlementaire et ainsi renforcer les institutions démocratiques en Mauritanie a mon support inconditionnel depuis la Présidence de l’Assemblée de Madrid.
J’espère que tous les parlementaires mauritaniens et très spécialement les femmes trouviez dans ce guide un appui à votre labeur et qu’elle vous aide à représenter le peuple de Mauritanie en vertu de la confiance qu’il a déposé en vous dans les dernières élections législatives et locales.
Mª Elvira Rodríguez HerrerPrésidente de l’Assemblée de Madrid
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Table de matières
I.- Le statut parlementaire et fonctionnement administratif du Parlement
A.- Le mandat parlementaire 13
1.- Nature juridique et politique du mandat 2.- Le mandat dans le temps 3.- Protection du mandat parlementaire
B.- Les groupes politiques parlementaires 21
C.- Les bureaux des chambres parlementaires 23
1.- Le Bureau2.- Le Président3.- Le Questeur 4.- L´ordre du jour
II.- Le travail parlementaire 28
A.- Commissions parlementaires législatives 29
1.- Commissions législatives permanentes2.- Commissions législatives spéciales
B.- Commissions parlementaires d’enquête 36
1.- Les commissions ad hoc 2.- Les autres commissions d’enquête et de contrôle:
* La femme dans les commissions parlementaires 39
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État de Droit et Femme en Mauritanie
C.- L´Adoption de la loi par le Parlement 42
1.- Le droit d’amendement 2.- La navette parlementaire
D.- La responsabilité du Gouvernement devant le Parlement 47
1.- Les déclarations2.- La question orale3.- La question écrite4.- Vote de confiance5.- Motion de censure
III.- L´exécutif et le Parlement
A.- La Dissolution des Chambres: 58B.- La promulgation de la loi: 59C.- La procédure de règlement par ordonnances: 61
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État de Droit et Femme en Mauritanie
I – LE STATUT PARLEMENTAIRE
ET FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF DU PARLEMENT
A – Le mandat parlementaire
Le Parlement mauritanien est composé de deux chambres qui sont l´Assemblée nationale et le Sénat.
L´Assemblée nationale et le Sénat ont deux fonctions principales : une fonction législative, faire la loi, et une fonction de contrôle du pouvoir exécutif, c'est-à-dire du Gouvernement, tant sur le plan politique que juridique (même si le contrôle politique sénatorial est moindre que celui de l’Assemblée nationale).
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PARLEMENT
L'Assemblée Nationale
Sénat
Art. 46 CRIM
État de Droit et Femme en Mauritanie
1 – La nature juridique et politique du mandat
14
Suffrage
direct
indirectdans les conditions prévues
par la loi
Suffrageuniverselégal
secret
Électeurs
tous les citoyens de la République
majeurs des DEUX sexes
jouissant de leurs droits civils et politiques
Art. 3 CRIM
est l'expression suprême de la volonté du peuple.
Tous sont tenus de s'y soumettre. La loi
Art. 4 CRIM
État de Droit et Femme en Mauritanie
Est nul Tout mandat impératiftoute délibération hors du temps des sessions ou hors des lieux de séances.
Le Président de la République peut demander au Conseil Constitutionnel de constater cette nullité.
Le droit de votedes membres du Parlement est personnel
MAIS une loi organique peut autoriser exceptionnellement la délégation de vote
Dans ce cas, nul ne peut recevoir délégation de plus d'un mandat
Art. 51 CRIM
- Les séances de l'Assemblée Nationale et du Sénat sont publiques.- Le compte-rendu des débats est publié au Journal Officiel.- Chacune des assemblées peut siéger à huis clos sur demande du Gouvernement ou du quart (1/ 4) de ses membres présents.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Le mandat parlementaire se caractérise par deux aspects : il est d’abord général, indépendant et irrévocable enfin.
• Le mandat est général : l´élection d´un représentant n´établi pas de relation de type contractuel entre les électeurs d´une circonscription et leur élu, qui est nommé « dans » une wilaya, mais non « par » une wilaya. Il n´y a pas davantage de lien juridique entre l´élu et la circonscription dans laquelle il a été nommé. Il est un élu du peuple mauritanien et non celui d’une circonscription en particulier. Il représente une fraction du peuple dans son ensemble.
• Le mandat est indépendant et irrévocable : le parlementaire élu se détermine librement dans l´exercice de son mandat et n´est juridiquement pas lié par les engagements qu´il aurait pu prendre avant son élection, ni par les manifestations de volonté de ses électeurs en cours de mandat. Le principe a depuis été repris par toutes les constitutions et figure dans la Constitution mauritanienne à l’article 51 qui dispose que « tout mandat impératif est nul ». L’interdiction du mandat impératif signifie qu’il n’existe pas de rapport de droit entre le mandataire et le ou les mandants, tel que le premier se trouve dans leur dépendance étroite. Par conséquent, un élu ne peut être démis de ses fonctions au motif qu’il ne remplit pas ses engagements politiques. Seules les élections suivantes le sanctionneront éventuellement.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
2 – Le mandat dans le temps
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Le Parlement se réunit
de plein droit en deux (2) sessions ORDIN AIRES chaque année
La durée de chaque session ORDIN AIRE ne peut excéder deux (2) mois.
La première session ordinaire s'ouvre dans la première quinzaine de novembre
La seconde dans la première quinzaine de mai
Art. 52 CRIM
État de Droit et Femme en Mauritanie
La session ordinaire s´ouvre automatiquement à date fixée, sans convocation, à la différence de la session extraordinaire (exception faite du cas du vote de la loi de finances [a. 68 C RIM]). La session ordinaire correspond à la plénitude de la compétence parlementaire, au titre de la législation, du contrôle et de l´information ; c´est-à-dire, que la réunion est de plein droit : elle doit avoir lieu.
Les sessions ordinaires du Sénat et de l´Assemblée nationale sont ouvertes chaque année le deuxième lundi de novembre pour la première et le deuxième lundi de mai pour la deuxième session. Une session parlementaire ne peut excéder deux mois (a. 52 C RIM).
Néanmoins, les sessions peuvent être clôturées antérieurement à ce délai si la conférence des présidents, pour le Sénat, le demande ; à l’Assemblée nationale, il faut que la chambre le décide et que le gouvernement l’autorise (a. 76 RAN).
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Le Parlement peut être réuni en session EXTRAORDINAIRE
à la demande
du Président de la République
de la majorité des membres de l'Assemblée Nationale
sur un ordre du jour déterminé
La durée
ne peut excéder un mois
Elles sont ouvertes et closes par un décret du Président de la République.
A rt. 5 3 C R IM
Art. 68 CRIMVote de la loi de finance si elle n´est pas adoptée en session ordinaire
État de Droit et Femme en Mauritanie
3 – Protection du mandat parlementaire
La finalité de l’immunité parlementaire est de protéger le mandat, tant en ce qui concerne son indépendance (irresponsabilité judiciaire) qu´à l´égard des entraves qui pourraient être apportées à son exercice (inviolabilité). Ce n’est pas tant la personne que l’on protège que les fonctions qu’elle exerce.
Autrement dit, ce régime est destiné à favoriser l´indépendance des élus. Il ne doit pas être interprété comme un privilège contraire au principe constitutionnel d´égalité de tous devant la loi.
C´est toujours le mandat qui est protégé à travers la personne du parlementaire, mais il y a deux possibilités pour exercer cette protection ; dans l’une, l´irresponsabilité et, dans l’autre l´inviolabilité. Il faut donc distinguer l’irresponsabilité de l’inviolabilité.
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Aucun membre du Parlement ne peut être
poursuivirecherchéarrêtédétenu ou
jugé
à l'occasion des opinions ou des votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions.
Les immunités parlementairesArt. 50 CRIM
État de Droit et Femme en Mauritanie
L’irresponsabilité couvre le parlementaire à raison des actes accomplis dans le cadre de son mandat. Cette protection, qui vise à assurer la liberté d´expression et de décision du parlementaire, présente un double caractère. Elle est absolue, car elle concerne tous les actes accomplis par celui-ci dans l´exercice de son mandat, et perpétuelle, car elle concerne les actes et non la personne. Donc les actes du parlementaire, même à la fin de son mandat, restent couverts par cette irresponsabilité tant qu’ils ont été faits dans le cadre de son mandat.
Cependant l´irresponsabilité ne concerne que les actes directement rattachés à l´exercice du mandat, à l´exclusion de ceux qui en sont détachables. L’immunité couvre ainsi :
• les propos et votes en séance• en commission• au sein des groupes• les rapports et propositions• ainsi que les activités en mission
En revanche, l´irresponsabilité ne protège pas les activités qu´on peut appeler extérieures : comme les discours en réunion publique ou les articles de presse.
L’inviolabilité s´analyse en une immunité de procédure, garantissant le parlementaire, pris en tant qu’individu, contre des poursuites pénales abusives intentées contre lui à raison de faits étrangers à l´exercice du mandat. Destinée à éviter que cet exercice ne soit entravé par des poursuites ou par une arrestation, l´inviolabilité protège le parlementaire pour garantir l´intégrité de la représentation nationale.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
L’immunité parlementaire est cependant limitée (a. 50 C RIM) : avec l´autorisation de la chambre, ou du bureau, auquel les parlementaires appartiennent, ou bien pour avoir commis un flagrant délit, l’immunité du parlementaire peut être levée.
D’une part, la chambre, comme le bureau, autorise l´action judiciaire pénale lorsqu´elle estime que la demande est sérieuse, c´est-à-dire qu´elle repose sur des faits constitutifs de crime ou délit imputables au parlementaire, loyale et sincère, c´est-à-dire non fondée sur des opinions politiques. Toutefois, le bureau n´a pas à se prononcer au fond, car cela est domaine des juges.
D´autre part, ces dispositions ne font pas obstacle, lorsque les parlementaires auront commis un cas de flagrant délit, aux poursuites pénales hors de leur mandat. Contrairement à l’irresponsabilité, l’inviolabilité parlementaire n’est pas perpétuelle.L´arrestation en cas de flagrant délit vise une infraction que se commet actuellement, ou qui vient de se commettre, ou encore quand la personne soupçonnée se trouve en possession d´objets ou qu´il existe des indices laissant penser qu´elle a participé au crime ou au délit.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
B – Les groupes politiques parlementaires
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Les Partis Politiques
concourent
à la formationet l'expression de la volonté politique
forment et exercent
Exercent leurs activités librement
sous la condition de respecter les principesdémocratiques
et de ne pas porter atteinte par leur objet ou par leur action à la souveraineté nationale, à l'intégrité territoriale à l'unité de la Nation et de la République.
La loi fixe
les conditions de création
fonctionnement
dissolution des partis politiques
Art. 11 CRIM
État de Droit et Femme en Mauritanie
La création de groupes reste une faculté, non une obligation, et, en vertu du principe d´indépendance inhérente au mandat parlementaire il est loisible à un élu de ne pas s´inscrire dans un groupe. Le fait de n´appartenir à aucun groupe représente cependant une situation marginale et comporte des inconvénients.
En effet, les groupes constituent un rouage essentiel de la vie parlementaire, notamment dans la désignation des membres des commissions, la fixation des temps de parole et le régime des questions au Gouvernement. Les groupes contrôlent, ou plus exactement rationalisent, d’une certaine manière, les initiatives de leurs membres comme le dépôt de propositions, d´amendements ou de questions. Ainsi, les groupes politiques parlementaires organisent de manière raisonnée la vie politique parlementaire.
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Les Députés appartenant à un même groupe politique peuvent s´organiser en un groupe parlamentaire.
N ombre
Assemblée Nationale
Sénat
10 Députés
5 Sénateurs
Art.13 RAN
Art. 6 et 7 RS
Les Députés appartenant à des groupes politiques qui ne disposent pas du nombre requis peuvent se regrouper ou s´apparenter à des groupes de leur choix.
ConditionsIl en est de même pour les Députés n´appartenant pas à des groupespolitiques qui peuvent toutefois, dans le cadre des travaux de commissions, s´organiser pour se faire représenter.
Les Députés qui n´appartiennent à aucun groupe politique peuvents´apparenter à un groupe de leur choix, avec l agrément du Bureau de ce groupe.
État de Droit et Femme en Mauritanie
C – Les bureaux des Chambres Parlementaires
1 – Le Bureau
De manière générale, le Bureau a tous les pouvoirs pour procéder aux délibérations du Sénat et pour organiser et diriger tous ses services dans les conditions déterminées par le règlement du Sénat (a. 3, al. 3 RS).
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Bureau
Est l organe Directeur de l AN
plan parlementaire
plan administratif
- Détermine les règles d´organisation et de fonctionnement des services de l AN - ainsi que le statut du personnel- Il fixe les modalités d´aplication,d´interprétation, les cas échéant, et d´exécution du règlement. - Les règlements administratif et financier sont soumis àl approbation de l AN par le Bureau
Art. 10 RAN
ses attributions sont fixées par le règlement.
État de Droit et Femme en Mauritanie
À l´Assemblée nationale, le Bureau est l´organe directeur de la chambre.
Le Bureau est l’organe le plus important de l’administration des chambres parlementaires. C’est lui qui tranche les problèmes posés par leur fonctionnement.
COMPOSITION DU BUREAU
Assemblée nationale Sénat1 Président 1 Président5 Vice-présidents 3 Vice-présidents1 Questeur 1 Questeur5 Secrétaires 3 Secrétaires
Le Président de l´Assemblée nationale est élu au début de la législature pour la durée de celle-ci. Les autres membres du Bureau sont élus au cours de la séance qui suit l´élection du Président et renouvelés chaque année à la séance d´ouverture de la seconde session ordinaire. En revanche, la durée du mandat du bureau sénatorial est de deux ans. Il est renouvelé à chaque élection partielle de la chambre.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
2 – Le Président
Lorsque le Président du Sénat est appelé à exercer les fonctions de Président de la République, par application de l´article 40 de la Constitution, il est remplacé provisoirement par l’un des Vice-présidents dans un ordre défini. (a. 14, al. 3 RS).
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État de Droit et Femme en Mauritanie
3 – Le Questeur
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Questeur
- Chargé, sous la haute Direction du Bureau du Contrôle des Services Financiers de l AN. - Il prépare le budget de l AN et en assure l exécution. - Il présente à la Commission des Comptes un rapport annuel sur l exécution du budget de l AN avant le 30 avril de chaque année.- Il fournit à cette Commission, à la fin de chaque semestre, un état des dépenses pour le semestre précédent.
Art. 11 RAN
Sécretaires
- Supervisent la rédaction du compte-rendu intégral. - Ils inscrivent les députés qui demandent la parole, - contrôlent les appels nominaux, - constatent les votes à main levées ou par assis et levé, - dépouillent les scrutins
Art. 12 RAN
État de Droit et Femme en Mauritanie
4 – L´ordre du jour
La conférence des présidents est convoquée chaque semaine, s´il y a lieu, par le Président de la chambre, en vue d´examiner l´ordre des travaux du Sénat et de faire toutes propositions concernant le règlement de l´ordre du jour, en complément des discussions fixées en priorité par le Gouvernement. (a. 30 RS). Le Gouvernement, qui peut être représenté à la chambre par l’un de ses membres, est avisée par le Président, de la date et de l´heure de la conférence des présidents.
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L´ordre du jour
Cette conférence est composée à
l´AssembléeNationale
- Président- Vice-Présidents- Présidents des Commissions,- Rapporteur Général de la commission des finances,- Présidents de Groupes Parlementaires.
- Les Présidents des commissions spéciales y sont convoqués lorsqu´une affaire examinée par leur commission est susceptible d´être inscrite à l ordre du jour
Art. 34 RAN
L´ordre du jour de l´AN établi par une conférence dont la convocation constitue uneprérogative du Président
Cette conférenceest composée au
Sénat
- Président- Vice-Présidents- Présidents des Commissions permanentes,- Les Présidents des commissions spéciales intéressées- Présidents de Groupes Parlementaires.
Art. 30 RS
État de Droit et Femme en Mauritanie
II – LE TRAVAIL PARLEMENTAIRE
Le travail parlementaire consiste à adopter la loi (a. 45 C RIM) et à informer par le biais du contrôle (v. notamment a. 72 C RIM).
Ce travail parlementaire se fait essentiellement au travers des commissions parlementaires. Celles-ci se partagent entre les commissions législatives (I), qui sont chargées de l’examen des projets et propositions de lois, et les commissions ad hoc (II) compétentes pour enquêter dans des domaines définis.
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Le travail parlementaire
adopter la loi contrôler
Commissions Parlementaires
Commissions Législatives (examen de propositions et projets de loi)
Commissions Permanentes
Commissions Spéciales
Commissions parlementaires d’enquête
Commissions ad hoc
Commissions d’enquête et de contrôle
Au Sénat
État de Droit et Femme en Mauritanie
A – Commissions parlementaires législatives
Les commissions législatives se composent des commissions permanentes (1) et des commissions spéciales (2).
1 – Commissions législatives permanentes
1. Création et composition
Les commissions législatives permanentes sont prévues par la Constitution (a. 64) et définies par les règlements intérieurs des chambres (a. 14 RAN ; a. 8 RS). Leur caractère permanent provient du fait qu’elles ont un domaine propre et fixé par le règlement intérieur et que leurs fonctions ne cessent jamais durant la législature.
Leur nombre est fixé à cinq dans chacune des assemblées.
Leur composition reflète le partage politique de l’hémicycle, c'est-à-dire que le nombre de parlementaire au sein d’une même
30
Commissions
Législatives
caractère
nombre
permanent leurs fonctions ne cessent jamais durant la législature.
domainePropre
Fixé par le Règlement
composition
reflète le partage politique
Bureau sous la
charge d’un président
Président participe à la conférence des présidents
fixant l’ordre du jour des débats en commission
5 Commissions
État de Droit et Femme en Mauritanie
commission est proportionnel au nombre de parlementaires dans la
chambre. C’est grâce au bureau des partis politiques que la liste de composition des commissions est fixée.
Les commissions permanentes sont l’organe de droit commun de discussion des projets et propositions de loi. L’importance de ce travail, préalable à la discussion générale en assemblée plénière, permet à la chambre saisie du texte de travailler plus vite et plus efficacement en ne s’arrêtant que sur les points de désaccord ou qui importent véritablement dans le débat politique.
Elles sont composées d’un bureau sous la charge d’un président qui participe notamment à la conférence des présidents fixant l’ordre du jour des débats en assemblée plénière.
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Organisation
votes majorité absolue
quorumsuffisant il y a débat et vote
PAS suffisant il y a débat reportée à la séance suivante(au moins une heure après)
séancesvoix consultative
ouvertes à tous les parlementaires
Commissaires d´autres commissions
gouvernement s’il désire le faire ou s’il est invité
voix délibérative les commissaires uniquement
Compétencesl’examen des projets et proposition de lois
proposer des amendements
Rapporteur
chargé d’analyser le texte,
recueille les amendements proposés rédige le rapport pour le débat législatif en séance publique.
d’en souligner les inconvénients
d’en dégager les éléments essentiels
État de Droit et Femme en Mauritanie
2. Organisation
Si la commission se veut le reflet politique de la chambre dont elle est issue, elle en reprend également le fonctionnement dans ses décisions.
Ainsi, les votes sont pris à la majorité absolue des membres qui la compose. La question de la participation des commissaires repose aussi sur le quorum : si les commissaires ne sont en nombre suffisant pour décider, la débat est reportée à la séance suivante (a. 30 RAN) qui ne peut avoir lieu moins d’une heure après (a. 20 RS).
Si les séances de ces commissions sont ouvertes à tous les parlementaires qui souhaitent assister aux débats, seuls les commissaires ont voix délibérative (a. 26 RAN ; a. 16, al. 7).
Pareillement, le gouvernement peut être entendu en commission s’il désire le faire ou s’il est invité par la commission à fournir des explications sur le projet de loi (a. 27 RAN ; a. 18 RS). Il n’a qu’une voix consultative, c'est-à-dire qu’il ne peut pas voter au sein de la commission. Il est même prévu que le gouvernement se retire lors du vote (a. 18 RS).
32
État de Droit et Femme en Mauritanie
3. Compétences
Ces commissions sont, sauf cas contraires, en charge de l’examen des projets et proposition de lois.
Les parlementaires intéressés peuvent à ce moment proposer des amendements sur les articles des projets ou proposition de loi. C’est lors de ces débats en commissions que tout député peut déposer des amendements, directement ou par le biais du président de l’Assemblée nationale, sur le bureau de la commission qui est saisie du texte (a. 29, al. 4 RAN).
Les amendements portés en commissions sont essentiels dans la mesure où le gouvernement, lors de l’examen en séance plénière, peut ne retenir que ceux qui ont été débattus en commission (a. 65 C RIM).
33
Avis
Sénat
-une commission permanente qui n’est pas saisie au fond sur le projet ou proposition de loi
- qui s’estime compétente pour donner un avis sur ce texte
peut
- en faire part au président du Sénat- rôle consultatif de la commission des lois constitutionnelles
- la présence d’un commissaire a voix consultative
pour les lois à caractère interprétatif ou rétroactif.
AssembléeNationale
les commissions permanentes ne peuvent donner d’avis
quand une commission spéciale est saisie d’un texte.
un commissaire appartenant àune commission permanente
peut être amené à donner un avis lors des travaux de la commission des finances
dans le cas d’une participation du rapporteur de la commission des finances dans les autres commissions quand il s’agit de questions budgétaires
État de Droit et Femme en Mauritanie
Le rapporteur y joue un rôle primordial : il est chargé dans le travail en commission d’analyser le texte, d’en souligner les inconvénients et d’en dégager les éléments essentiels. C’est lui qui recueille les amendements proposés et qui encore, après le travail en commission, rédige le rapport et le présente devant l’assemblée pour le débat législatif en séance publique.
Si le rôle premier de la commission permanente est l’examen du projet ou proposition de loi, elle peut encore donner un avis.
D’une part, au Sénat, il est envisagé plusieurs cas d’avis des commissions. D’abord, une commission permanente qui n’est pas saisie au fond sur le projet ou proposition de loi et qui s’estime compétente pour donner un avis sur ce texte peut en faire part au président du Sénat (a. 17, al. 1 RS). Ensuite, l’alinéa 2 accorde pareillement un rôle consultatif à la commission des lois constitutionnelles pour les lois à caractère interprétatif ou rétroactif.
Enfin, le troisième alinéa permet la présence d’un commissaire qui a voix consultative au sein de la commission saisie au fond lors d’un renvoi (procédure de l’article 45-1° RS).
D’autre part, l’article 19 du RAN prévoit que les commissions permanentes ne peuvent donner d’avis quand une commission spéciale est saisie d’un texte. A contrario, les permanentes ont donc compétence pour donner des avis.
L’article 27, al. 3 du RAN précise ainsi qu’un commissaire appartenant à une commission permanente peut être amené à donner un avis lors des travaux de la commission des finances. Réciproquement, l’alinéa 4 envisage le cas d’une participation du rapporteur de la commission des finances dans les autres commissions quand il s’agit de questions budgétaires.
34
État de Droit et Femme en Mauritanie
2 – Les commissions législatives spéciales
Les commissions spéciales trouvent leur fondement dans l’article 64, al. 1, de la Constitution. Les articles 19 du RAN et 16, al. 5 RS, précisent la composition, le fonctionnement et les compétences de ces commissions.
Deux caractéristiques majeures sont à retenir pour ce type de commissions : elles sont temporaires et ne sont compétentes que pour l’examen d’un projet ou proposition de loi1. Elles sont créées en vue
1Il est prévu au Sénat que ces commissions peuvent s’informer et enquêter avec l’accord du Sénat (a. 21 RS).
Commissions législatives spéciales
caractéristiquestemporaires
compétentes que pour l’examen d’un projet ou proposition de loi
l’examen particulier, et non pour donner un avis, cessent leurs fonctions lors de l’adoption du projet ou proposition de loi.
convocation Initiative
de création
Sénat
- Gouvernement, - président de la chambre ou - d’un groupe parlementaire ou -d’une commission permanente
Assemblée nationale
- Gouvernement, - président de la chambre ou - d’une commission permanente
elles sont de plein droit s’il n’y a pas d’opposition d’une commission permanente
La décision de créer se fait lors de l’annonce du dépôt du texte sur le bureau de la chambre. La commission reflète proportionnellement la composition de la chambre dont elle est issue
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État de Droit et Femme en Mauritanie
de l’examen d’un projet de loi particulier, et non pour donner un avis, et elles cessent leurs fonctions lors de l’adoption du projet ou proposition de loi.
Elles sont convoquées au Sénat à l’initiative du Gouvernement, du président de la chambre ou d’un groupe parlementaire ou d’une commission permanente (a. 16 RS).
C’est le même principe, sauf pour les présidents de groupes politiques parlementaires, qui vaut à l’Assemblée nationale (a. 19 RAN). Cependant, elles sont de plein droit s’il n’y a pas d’opposition d’une commission permanente. La décision de créer une commission spéciale pour l’examen d’un projet ou proposition de loi se fait lors de l’annonce du dépôt du texte sur le bureau de la chambre.
Dans les deux cas, c’est la chambre qui vote la création de cette commission spéciale qui reflète proportionnellement, comme pour les commissions permanentes, la composition de la chambre dont elle est issue (a. 11 RS).
L’organisation de ces commissions repose sur davantage de souplesse que pour les commissions permanentes. Aussi, le règlement du Sénat prévoit-il que la composition du bureau de ces commissions est libre (a. 14, al. 7 RS). Toutefois, le règlement de l’Assemblée nationale préfère reprendre les règles de fonctionnement des commissions permanentes (a. 19 RAN).
Hormis cela, le fonctionnement de ces commissions spéciales ressemble à celui des permanentes : les décisions sont prises à la majorité des commissaires (a. 20, al. 3 RS) et l’importance du rapporteur est la même.
De la même manière, ces commissions ont vocation à l’examen d’un projet ou proposition de loi, même si leur spécialisation sur un texte en particulier pourrait laisser penser à une solution plus proche de l’avis que d’un examen ordinaire.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
B – Les commissions parlementaires d’enquête
Elles sont qualifiées de commissions ad hoc par les règlements intérieurs (a. 12 RS et 20 RAN). Cependant les enquêtes ne sont pas de la compétence exclusive des commissions ad hoc. Ainsi, il faut distinguer les commissions ad hoc proprement dites (1) des commissions d’enquête ayant une forme autre que celle de ces commissions (2).
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commissions
ad hoc
Commissions parlementaires d’enquête
missiond’enquête
de contrôle
Compétences(souvent)
envisagés par les règlements intérieurs et
concernentquestions d’immunités parlementaires
de règlement intérieur
leurs compétences ne peuvent recouper celles des commissions permanentes
Au Sénat
- sont sous le contrôle des commissions permanentes -composition repose également sur la règle de proportionnalité-sans jamais excéder huit membres.La publicité des séances est possible par des communiqués dans la presse
À l’Assemblée nationale
- fonctionnement commissions permanentes - y compris pour ce qui est de la composition.
État de Droit et Femme en Mauritanie
1 – Les commissions ad hoc
Elles ont une mission d’enquête ou de contrôle. En ce sens elles se distinguent clairement des commissions législatives qui examinent un texte. Souvent les domaines de leurs compétences sont envisagés par les règlements intérieurs et concernent notamment les questions d’immunités parlementaires ou de règlement intérieur2 ; dans tous les cas, leurs compétences ne peuvent recouper celles des commissions permanentes (Ordonnance n° 92-03, 18 février 1992, a. 11).
Au Sénat, les commissions ad hoc sont sous le contrôle des commissions permanentes (a. 12, al. 2 RS). Leur composition repose également sur la règle de proportionnalité qui vaut dans les commissions législatives, sans jamais excéder huit membres.
La publicité des séances de ces commissions est rendue possible par des communiqués dans la presse (a. 16-9° RS).
Une chose est cependant à noter quant aux commissions ad hoc et leur champ d’action : à lire les dispositions de l’ordonnance de février 1992, les commissions ad hoc ne peuvent intervenir dans les matières qui relèvent de la compétence des commissions permanentes (a. 11), toutefois, l’article 12-2° RS précise (au titre des commissions ad hoc) que ces commissions peuvent être investies de missions d’enquête et de contrôle dans les services publics ou les entreprises nationales. Or, rares sont sans doute les services ou les entreprises publics qui ne relèvent pas de la compétence des commissions permanentes. D’autant plus (v. infra) que les commissions permanentes sénatoriales ont également un pouvoir d’enquête et de contrôle.
À l’Assemblée nationale, le fonctionnement de ces commissions reprend celui des commissions permanentes (a. 20, al. 2 RAN), y compris pour ce qui est de la composition.2Pour l’Assemblée nationale ; au Sénat, c’est une commission permanente qui est chargée des questions du règlement intérieur (a. 8-4° RS).
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État de Droit et Femme en Mauritanie
2 – Les autres commissions d’enquête et de contrôle
C’est à cause de la réserve de l’article 11 de l’ordonnance de 18 février 1992, mentionné précédemment, que des commissions autres que les commissions ad hoc ont un pouvoir d’enquête et de contrôle.
Ainsi les articles 21 et 56, respectivement des règlements du Sénat et de l’Assemblée nationale, mentionnent la possibilité pour les commissions permanentes de remplir des fonctions de contrôle ou d’enquête dans leurs domaines de compétences ou de créer des commissions d’enquête qui ne soient pas des commissions ad hoc.
Au Sénat, les commissions permanentes qui désirent intervenir à titre de contrôle ou d’enquête en font part au président du Sénat qui soumet au vote la composition et le budget et l’objet précis de cette commission. Le rapport de la commission peut-être publié.
À l’Assemblée nationale, les commissions permanentes peuvent connaître d’une proposition visant à la création de commissions d’enquête ou de contrôle dans leurs domaines de compétences. Il faut que ces commissions d’enquête aient un objet précis de contrôle (service public ou entreprise nationale).
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commissions d’enquête
et de contrôle
-Une possibilité pour les commissions permanentes - dans leurs domaines de compétences ou - de créer des commissions d’enquête qui ne soient pas des commissions ad hoc- Au Sénat les commissions permanentes ont des fonctionsd´enquête et de contrôle ou peuvent proposser la création de tellescommissions. -À l AN les commissions permanants ne peuvent que se prononcer sur la création de commission d´enquête.
État de Droit et Femme en Mauritanie
Conclusion
Dans tous les cas les rapports des commissions d’enquête, qu’elles soient ad hoc ou permanentes, visent à informer le Parlement sur une situation en particulier et éventuellement conclure à une solution législative. En ce sens elles rejoignent, toutes proportions gardées, les commissions législatives dont l’objet est l’examen d’un projet ou proposition de loi.
*La femme dans les commissions parlementaires
Le travail parlementaire, qu’il soit législatif ou d’enquête, passe essentiellement par le travail en commissions parlementaires. Parmi celles-ci, diverses possibilités s’offrent pour valoriser la place de la femme dans la vie politique mauritanienne.
La première forme que prennent ces commissions est celle des commissions permanentes. Elle est sans doute celle qui est le plus appropriée pour appuyer une politique qui veut accorder aux femmes une position raisonnable.
En effet, la constitution prévoit (art. 64) que les chambres parlementaires fonctionnent avec cinq commissions permanentes. Elle ne précise cependant pas leurs domaines de compétences de ces commissions. Ce sont les règlements intérieurs des chambres qui le font.
Ainsi, le règlement de l’Assemblée nationale détermine les compétences de chaque commission permanente (art. 14) qui ne sont pas exactement les mêmes que celles définies par le règlement intérieur du Sénat (la promotion de la famille entre, par exemple, dans le domaine de compétences de la commission de l’orientation islamique, des ressources humaines et des affaires socio-culturelles de l’Assemblée nationale, alors que le Sénat n’accorde cette attribution à aucune de ses commissions permanentes).
On constate donc que les commissions permanentes
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État de Droit et Femme en Mauritanie
trouvent leur justification dans la Constitution, mais voient leurs compétences fixées par les règlements intérieurs des chambres parlementaires.
Il est donc possible d’envisager, et c’est certainement la solution qui semble être la plus simple et la plus efficace, d’élargir, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat, le champ d’action d’une commission permanente à la promotion de la condition féminine.
En l’état actuel des règlements intérieurs, la commission de l’orientation islamique, des ressources humaines et des affaires socio-culturelles de l’Assemblée nationale semble la plus à même de remplir cette tâche (il est raisonnable de rattacher, à l’instar du découpage ministériel, la promotion féminine avec celle de la famille).
Le Sénat, quant à lui, pourrait dévouer cette promotion à la commission des lois constitutionnelles, de la législation, du suffrage universel, du règlement et de l’administration générale qui a en charge, notamment, l’examen des questions relatives aux libertés publiques.
Cette solution de la commission parlementaire permanente assure la continuité et l’efficience de la promotion ou de la prise en compte des femmes dans la vie politique, aussi bien dans son fonctionnement et ses décisions que dans l’objet même de la loi. Cela les commissions spéciales et ne le permettent pas, puisqu’elles ne sont qu’exceptionnelles et à durée limitée.
De plus, les commissions permanentes permettent non seulement le travail législatif, ce qui est également du ressort de compétences des commissions spéciales, mais elles permettent encore un travail d’enquête, conformément aux articles 57 et 21-1°, respectivement des règlements de l’Assemblée nationale et du Sénat.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Les commissions permanentes peuvent ainsi répondre à favoriser la prise en compte de la femme dans l’objet de la politique dans l’ensemble du travail parlementaire, tant dans celui de l’élaboration de la loi que dans celui de l’information politique.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
C – L´adoption de la loi par le Parlement
Suite aux travaux des commissions parlementaires législatives s’ouvre le débat en séance plénière devant la première chambre saisie du projet ou proposition de loi.
La séance publique s’ouvre par un discours du Gouvernement s’agissant d’un projet de loi (a. 44-2° RS ; a. 42, al. 3 RAN) et l’audition du rapport de la commission saisie au fond. Le rapport peut conclure à trois solutions différentes : rejet du texte, adoption ou amendement.
Pendant la discussion générale sur le texte déposé sur le bureau du Parlement, il est possible, devant chacune des chambres, de soulever des motions de procédure qui sont des irrecevabilités ou des renvois.
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Adoption de la LoiRapport de la Commission
Présentation gouvernementaledu texte
Motions de procédure
Discussion générale
Amendements
Discussion et votepar article et amendements
Vote sur l’ensemblede la Loi
Navette parlementaire
Assemblée nationale Sénat
Examen du texte transmis au BureauExamen du texte transmis
par le Gouvernementou texte voté par l’AN ou rapport
s’il s’agit d’une proposition sénatoriale
Exception d’irrecevabilité (Art. 46 RS)
Renvoi en commissionQuestion préalable
Renvoi en commissionMotion de rejet (Art. 42 RAN)
Art. 47 – 48, 51 – 53 RSArt. 43 – 45 RAN
État de Droit et Femme en Mauritanie
Au Sénat, un sénateur peut faire valoir une exception d’irrecevabilité (art. 47 RS), c'est-à-dire invoquer l’inconstitutionnalité du texte proposé. De la même façon, il peut encore demander à ce que le texte soit renvoyé à la commission qui en fut saisie au fond dans le cas où des éléments nouveaux de nature à modifier la politique de la loi seraient intervenus (a. 46-5° RS)3. Enfin, il est encore possible de soulever une question préalable (a. 46-3° RS) qui vise à rejeter l’ensemble du texte. L’ensemble de ces propositions fait l’objet d’un vote par la chambre.
Vient ensuite le vote par article et amendement. Chaque article et les amendements et sous-amendements qui l’accompagnent sont soumis à la discussion en séance publique et au vote. Puis on procède au vote sur l’ensemble du texte présenté. Ce texte est celui déposé par le Gouvernement pour les projets de lois et, pour les propositions de lois, celui de la commission qui en était saisie au fond (a. 44-6° RS), alors qu’à l’Assemblée nationale la discussion porte toujours sur le texte originel du projet ou proposition de loi (a. 42-2° RAN).
3Une procédure similaire de motion de rejet existe à l’Assemblée nationale (a. 42, al. 7 RAN).
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État de Droit et Femme en Mauritanie
1 – Le droit d’amendement
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Le droit
d’amendement
parlementaire
Gouvernemenaux propositions et projet de
limiter les amendements ésen és par les dépu és ou les énateur
Le gouvernement peut refuser, ès l’ouverture des ébats, les qui ’auraient pas été portés en commission Le Gouvernement peut (vote é) demander à la chambre de prononcer par un seul vote sur le ou partie du texte, en ’examinant que les amendements ’il souhaite retenir,
ou l’intervention de commission mixte (CMP) si le déclare ’urgence. Dans cas de la éation ’une telle commission, aucun ’amendement ’est recevabl
LIMITE
Ne sont pas recevables amendement qui «diminuent les recettes publique »ou aggravent charges (art. 62
État de Droit et Femme en Mauritanie
Le droit d’amendement offert aux parlementaires ne leur est cependant pas une compétence réservée. Ceci se justifie par les articles 61 et 62 de la Constitution4. Aussi le Gouvernement peut également présenter des amendements aux propositions de lois et limiter les amendements présentés par les députés ou les sénateurs.
Amender, c’est apporter des modifications à un texte. Ce droit, dont profitent souvent les parlementaires, connaît donc certaines limites.
La première est constitutionnelle : l’article 62 dispose que les amendements ne sont pas recevables s’ils « diminuent les recettes publiques » ou aggravent les charges publiques. Plus simplement, les amendements ne peuvent restreindre le budget de l’État en prévoyant plus de dépenses ou moins de ressources.
La seconde fait intervenir le Gouvernement. Sur le fondement de l’article 65 de la Constitution, le Gouvernement peut d’abord refuser, après l’ouverture des débats, les amendements qui n’auraient pas été apportés en commission. Le Gouvernement peut enfin, c’est la procédure dite du vote bloqué, demander à la chambre de se prononcer par un seul vote sur le texte, ou partie de texte, en n’examinant que les amendements qu’il souhaite retenir.
La troisième limite est constituée par l’intervention de la commission mixte paritaire (CMP) si le Gouvernement déclare l’urgence. Dans le cas de la création d’une telle commission, plus aucun n’amendement n’est recevable (a. 66, al. 1 C RIM). On ne peut donc plus discuter que sur les amendements qui auraient déjà été joints aux articles, c'est-à-dire bien souvent ceux qui ont été retenus par la commission saisie de l’examen au fond du projet ou proposition de loi.
4Art. 62 : « Le Gouvernement et le Parlement ont le droit d’amendement ».
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État de Droit et Femme en Mauritanie
2 – La navette parlementaire
En raison du bicamérisme, le texte de loi doit être adopté dans les mêmes termes par les deux chambres. Elles doivent donc se mettrent d’accord sur un contenu identique du texte. Le texte adopté par une chambre est donc transmis à l’autre pour qu’elle l’adopte à son tour en y apportant les modifications qu’elle juge nécessaires. Cependant, ce va-et-vient du texte, cette navette qui se fait entre les deux assemblées, peut durer longtemps dans le cas d’un désaccord profond entre le Sénat et l’Assemblée nationale.
Aussi, si le Gouvernement le décide, une commission mixte paritaire, c'est-à-dire composée d’autant de sénateurs que de députés, est réunie pour examiner les dispositions litigieuses du texte de loi. Dans ce cas, comme il a été souligné plus haut, aucun amendement n’est plus recevable.
Finalement, si cette commission n’aboutit pas dans ses travaux, le Gouvernement peut demander à la seule Assemblée nationale de se prononcer sur le texte. Cette procédure qui donne le dernier mot à l’Assemblée nationale évite, on le comprend bien, un éventuel blocage institutionnel par lequel aucun texte de loi ne pourrait plus être adopté.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
D – La responsabilité du Gouvernement devant le Parlement
La raison d’être de la responsabilité du gouvernement devant le Parlement est fixée dans la Constitution.
Le Parlement est l’institution qui représente les citoyens, mais à cause de sa propre constitution et à sa façon de fonctionner, il ne peut pas être l`instrument ordinaire de direction politique de la société, devant confier cette tâche au Premier ministre et à son gouvernement.
Parce qu’il représente la nation, lui revient la fonction de contrôler l’action du Gouvernement, notamment lors des questions au Gouvernement.
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La responsabilité du gouvernement devant le Parlement
1. Déclarations, 2. Questions écrites 3. Questions orales4. Question de défiance5. Motion de censure.
La responsabilité du gouvernement devant le Parlement- de fournir au parlement,
- dans les formes prévues par la loi,
- toutes explications qui lui auront été
demandées sur
Le gouvernement est tenu
sa gestion et sur ses actes.
Art. 72 CRIM
État de Droit et Femme en Mauritanie
Le contrôle parlementaire est généralement fait, mais pas exclusivement, par le groupe politique parlementaire de l’opposition notamment lors des votes des textes législatifs.
Le terme de contrôle désigne encore les activités politiques des assemblées par opposition à leur activité législative et recouvre une grande diversité d´opérations, qui vont de l’enquête à la mise en jeu de la responsabilité du Gouvernement.
Selon les dispositions de l’article 72 de la C RIM, le Gouvernement est tenu de fournir au Parlement toutes les justifications sur sa gestion et sur ses actes. Cette responsabilité s’exprime de deux façons générales : soit à l’initiative du Gouvernement (déclarations), soit à la demande du Parlement (questions au Gouvernement, défiance et motion de censure).
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-- Les projets et propositions de la loi adoptés par l AN sont transmis par le Président de l AN au Premier ministre. -- Le rejet des projets et propositions par l AN est notifié dans les mêmes formes.
Les communications de l Assemblée Nationale
au Président de la République au Gouvernement
sont faites par le Président de l AN
Le Premier ministre
- fait une fois par an, - au cours de la session de novembre, - un rapport à l'Assemblée Nationale
- sur l'activité du gouvernement pendant l'annéeécoulée - expose les lignes générales de son programmepour l'année à venir.
A rt. 7 3 C R IM
Le Premier ministre et les ministressont responsables devant l Assemblée
Nationale
État de Droit et Femme en Mauritanie
1 – Les déclarations
Quelle que soit le type de déclaration faite, qu’elle soit avec débat ou qu’elle ne soit pas suivie de débat, aucune déclaration ne peut donner lieu à un vote. Ce n’est qu’un débat politique au sein d’une des deux assemblées.
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Aucun vote de quelque nature qu´il soit ne peut avoir lieu à l occasion des déclarationsprévues au présent article
Déclarations
En dehors des déclarations prévues à l article 74 de la Constitution
le gouvernement peutou à son initiative
à la demande de l AN
faire des
avec débats
la conféérence des Présidents en tient compte au niveau de l ordre du jour conformément aux dispositions de l article 35.
sans débats
A rt. 5 5 R A N
État de Droit et Femme en Mauritanie
2 – La question orale
Le droit d´interroger le Gouvernement est une prérogative parlementaire traditionnelle reconnue par la Constitution. À la différence des déclarations un débat peut avoir lieu (a. 61 RAN et a. 73 RS) suite à ces questions.
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- Sont posées par un député à un ministre; - celles qui portent sur la politique générale du Gouvernement sont adressées au Premier ministre. - Les questions orales doivent être sommairement rédigées et limitées à des éléments strictement indispensabes à la compréhension de la question.- Elles ne peuvent en aucun cas citer nommément des tierces personnes. Les
questions orales
A rt. 6 1 R A N
- Tout député qui désire poser une question orale en remet le texte au Président de l AN qui le notifie au Gouvernement.- Les questions orales sont publiées au journal des débats.- Au fur et à mesure de leur dépôt les questions orales sont inscrites au rôle de la Présidence de l AN. - Les questions orales et les questions visées à l article 61 peuvent donner lieu à un débat.
État de Droit et Femme en Mauritanie52
Le Ministre peut repliquer
Procédure de la question orale
Inscrite au rôle est appelée par le Président;
le Ministre interrogé y répond
L´auteur de la question dispose de la parole pendant quinze minutes
A rt. 6 3 R A N
Le Président a la faculté de
donner en outre la parole
pour une durée que ne peut dépasser cinq minutes;
à d´autres députés
État de Droit et Femme en Mauritanie
3 – La question écrite
C´est une exception à la règle selon laquelle « la procédure écrite n´est pas d´essence parlementaire », les questions écrites sont entièrement traitées hors de la tribune et elles ne participent pas à la vie parlementaire proprement dite. Elles sont prévues aux articles 68 et 69 du RS, et 65 RAN.
Tout parlementaire peut demander, par écrit, à l’un des membres du Gouvernement un éclaircissement sur un point particulier de la politique gouvernementale.
Toute question écrite à laquelle il n´a pas été répondu dans les délais prévus, est convertie en question orale si son auteur le demande (a. 69, al. 3 RS et 65 RAN).
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Que l intérêt public ne leurpermet pas de répondre
soit, à titre exceptionnel, de demander un délai de huit jourspour rassembler les éléments de leur réponse dans un délai, son auteur est invité par le Président de l AN à lui faire connaître s´il entend ou non la convertir en questions orales
Dans le cas où la question écrite est transformée en question orale, celle-ci prend rang au rôle des questions orales dans les conditions prévues à l avant-dernier alinéa de l article 61
questions écrites
Art. 65 RAN
questions écrites
sont rédigées et notifiées dans les conditions fixées par l article61
Les réponses des ministres doivent parvenir à l AN dans les huit jours suivant la notification des questions.
État de Droit et Femme en Mauritanie
4 – Vote de confiance
Le vote de confiance est le moyen par lequel le Premier ministre peut solliciter un renouvellement de la confiance totale octroyé le jour de son investissement comme chef du Gouvernement.
Le vote de confiance, plus qu’un instrument de contrôle se présente comme un mécanisme de pression du Gouvernement sur le Parlement. Blondel, le définit comme « une menace de suicide du Gouvernement, qui chercher à persuader le Parlement sur le besoin d’un appui plus ferme ».
La clé de cette mesure est l`initiative du Gouvernement, et lui sert pour tester l’appui parlementaire dont il dispose, pour faire face à une opposition circonstancielle du Parlement, sur une décision politique qu’il considère essentielle pour sa politique.
Le vote de confiance peut porter sur un point particulier du programme gouvernemental ou sur une déclaration de politique générale.
Le résultat de ce vote de confiance peut confirmer la majorité gouvernementale ou, dans le cas contraire, provoquer la démission du Gouvernement ; dans cette dernière solution il est procédé à un remaniement gouvernemental, c'est-à-dire que l’on change certains membres du Gouvernement auquel le Parlement n’a pas renouvelé sa confiance, ou l’on change complètement le Gouvernement, ou, en cas de blocage définitif, c'est-à-dire si aucun accord n’intervient entre le Parlement et celui qui est chargé de constituer le Gouvernement, on peut envisager de dissoudre l’Assemblée nationale et procéder à de nouvelles élections législatives.
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État de Droit et Femme en Mauritanie
Il semblait résulter de ces dispositions que le Premier Ministre avait l´obligation d´engager la responsabilité du Gouvernement sur son programme, tandis que l´approbation d´une déclaration de politique générale relevait de l´opportunité, mais cette interprétation a cédé la place à une pratique selon laquelle l´engagement de responsabilité est facultatif et n´intervient pour cette raison que sur une déclaration de politique générale.
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La mise en jeu de la responsabilitépolitique résulte
question de confiance
ou de la motion de censure.
Après délibération du Conseil des Ministres
engage devant l'Assemblée Nationale la responsabilité du Gouvernement sur
son programme
et éventuellement surune déclaration de politique générale.
A rt. 74 C R IM
Le Gouvernement
État de Droit et Femme en Mauritanie
5 – La motion de censure
La motion de censure, comme le vote de confiance, doit être utilisée avec précaution et en vue d’un interêt constructif car au cas où elles serait adoptée, elles entraine la démission immédiate du Gouvernement.
Pendant la mise en place de la motion de censure, la faculté du Président de la République de dissoudre les chambres est suspendue.
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- Conformément aux dispositions de l article 74 de la
Constitution
- le tiers des députés composant l AN
- peut déposer une sous forme de document remis au Président
de l AN une motion intitulée “Motion de censure”
- suivi de la liste définitive de ses signatures.
- Un même député ne peut signer plusieurs motions de censure à
la fois.- La motion de censure est notifiée
Motion de censure
au Gouvernementle Président en donne connaissances à l AN, et la fait afficher
État de Droit et Femme en Mauritanie57
Une motion de censure
- déposée par un député- doit porter expressément ce titre et - la signature de son auteur. - Une telle motion n'est recevable que si elle estsignée par un tiers (1/ 3) au moins des membres de l'Assemblée Nationale.
Le vote ne peut avoir lieu que quarantehuit (48) heures après le dépôt de la question de confiance ou de la motion de censure.
Art. 74 CRIM
Le vote de défiance ou d'adoption de motion de censure
entraîne la démission immédiate du Gouvernement.
Ils ne peuvent être acquis qu'à la majoritédes députés composant l'Assemblée Nationale
seuls sont recensés les votes de défiance
ou les votes favorables à la motion de censure.
Art. 75 CRIM
Le Gouvernement démissionnaire
continue à expédier les affaires courantes jusqu'à la nomination
par le Président de la République, d'une nouveau Premier Ministre et d'un nouveau Gouvernement
État de Droit et Femme en Mauritanie58
Si une motion de censure est rejetée
ses signataires ne peuvent en proposer une nouvelle au cours de la même session
Le Premier ministre , après délibération du Conseil des Ministres, engage la responsabilité du Gouvernement devant l'Assemblée Nationale sur le vote d'un texte
Dans ce cas , ce texte est considéré comme adopté
sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre (24) heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues au premier alinéa dans cet article.
Le Premier ministre a la faculté de demander au Sénat l'approbation d'une déclaration de politique générale.
Art. 75 CRIM
Si, dans un intervalle de moins de trente six (36) jours sont intervenus deux (2) changements de gouvernement à la suite
d'un vote de défiance
ou d'une motion de censure
le Président de la République peut, après avis du Président de l'Assemblée Nationale, prononcer la dissolution de celle-ci.
En ce cas il sera procédé à des nouvelles élections dans un délai de quarante (40) jours au plus.
La nouvelle Assemblée Nationale se réunit de pleindroit trois(3) semaines après son élection.
A rt. 7 7 C R IM
État de Droit et Femme en Mauritanie
III – L´EXÉCUTIF ET LE PARLEMENT
A – La Dissolution des Chambres
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ART. 31 CRIM
Le Président de la Républiquepeut APRÈS consultation
du Premier Ministre
et des Présidents des assemblées
prononcer la dissolution de l'Assemblée Nationale
Les électionsgénérales ont lieu trente (30) jours au moins et soixante(60) jours au plus après la dissolution
L'Assemblée Nationale se réunit de plein droit quinze (15) jours après son élection. Si cette réunion a lieu en dehors des périodes prévues pour les sessions ordinaires, une session est ouverte de droit pour une durée de quinze (15) jours.
Il ne peut être procédé àune nouvelle dissolution dans les douze (12) mois qui suivent cesélections.
État de Droit et Femme en Mauritanie
B – La promulgation de la loi
La loi adoptée parle Parlement doit être promulguée, doit être signée, par le Président de la République pour être parfaite, c'est-à-dire pour que rien n’y manque et qu’elle puisse être applicable.
C’est une obligation pour le Président (a. 70 C RIM). La loi doit être promulguée dans un délai compris entre 8 à 30 jours après son adoption par les chambres.
Une possibilité lui est cependant offerte de renvoyer le texte adopté devant l’Assemblée nationale pour une seconde lecture. C’est une décision purement politique et le Président n’a pas à justifier de ce choix ; dans les rares cas où cela se produit, cela s’explique par la polémique et la controverse sociale que crée le texte adopté. Afin de donner plus de légitimité au texte, le Président le renvoie devant
60
État de Droit et Femme en Mauritanie
l’Assemblée pour qu’elle confirme, ou infirme, la décision qu’elle a rendue.
Toutefois, après cette dernière lecture, le Président de la République est obligé de promulguer cette loi. C’est une compétence liée.
La loi ainsi adoptée par le Parlement et promulguée par le Président de la République devient applicable dès le lendemain du jour de sa publication au Journal officiel (a. 70 C RIM).
Cette dernière mesure qui rend effective le texte promulgué permet la publicité de la loi qui, selon la Constitution5, ne peut être ignorée de personne.
5Article 17 : « Nul n’est censé ignorer la loi ». Afin que cette ignorance n’existe pas, il faut que la loi fasse l’objet d’une publicité. Cette publicité est assurément faite par voie de presse, par radio et la télévision, mais les médias ne s’intéressent souvent qu’aux textes touchant les intérêts de la société civile ; certains textes, on le sait, ne font pas l’objet de l’attention des médias et par conséquent ne sont connus que par publication au Journal officiel. De plus, seul la publication au J.O. fait référence, c'est-à-dire que cette publication est la seule qui puisse être invoquée devant les tribunaux, contrairement à celle faite par les médias qui n’est qu’une vulgarisation de la loi.
61
État de Droit et Femme en Mauritanie
C – La procédure de règlement par ordonnances
Autre aspect du travail parlementaire, à côté de l’adoption de lois normatives, le Parlement est encore la source de lois d’autorisation.
La procédure de législation par ordonnance permet au Gouvernement de prendre par voie réglementaire des mesures qui appartiennent au domaine de loi (cf. a. 57 C RIM). Le Parlement est donc dessaisi temporairement de sa compétence ordinaire qui est celle d’adopter la loi.
Toutefois, si le Parlement est écarté, ce n’est pas sans son accord : le Gouvernement ne peut légiférer par voie d’ordonnance qu’avec son autorisation (a. 60, al. 1 C RIM).
La loi d’autorisation adoptée par le Parlement précise donc plusieurs points : d’abord le délai pendant lequel le pouvoir exécutif peut prendre des mesures législatives par ordonnances. Enfin, la loi d’habilitation doit encore préciser les domaines dans lesquels le Gouvernement peut prendre des ordonnances.
Une limite supplémentaire est fixée au Gouvernement dans cette procédure de règlement par ordonnance : si les ordonnances entrent en vigueur dès leur publication, « elles deviennent caduques si le projet de loi de ratification n’est pas déposé devant le Parlement » (a. 60, al. 2 C RIM).
Il ne faut cependant pas confondre dépôt de projet et adoption. Seul le défaut de dépôt, et non d’adoption, rend caduque l’ordonnance. Il suffit donc que le projet soit déposé, non que le Parlement l’adopte, pour que l’ordonnance conserve sa valeur législative.
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