60- ANNEE 119' VOLUME - DePaul University · 60- ANNEE 119' VOLUME JOURNAL ·UNIVERSEL...

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60- ANNEE 119' VOLUME

JOURNAL ·UNIVERSEL •

SAMEDI 26 AVR.IL 1902

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ABONNEMENTS ,

FRANCE ETRANGER PARIS, DEPARTEMENTS ET ALGÉRIE PAYS FAISANT PARTIE DE L'UNION POSTALE

Un an, 36 fr. - Six mois, 18 fr. - Trois mois, 9 fr. Un an, 48 fr, - Six mois, 24 fr. - Trois mois, 12 tr.

RIS TREAU 13. E SAI G

un

• 0 3087 L ' TL L US TRATTON '.2(; AYI1IL 190'.?

La sa lle Saint-Joseph l'és e l' v ée a ux détenues 111ères.

LA PRISON DE SAINT-LAZARE (S uite. ) Voi,' no l ro num lro du 8 r vri c r 1902.

l' étude sur 1(1 pri on dc oint- Lazar c, desl inée il

ertaine id éc humonitaircs

pd onni, l' li

Un so litoi r .

dc bruit ; moi s'il s vouloient p l'endr leur vol, il ~ heurt eraicnt d lou cô l é. ;i d'énorm es IHII' l'ca ux dc fel' il d 'épa i . cs cl oi ons. Du ciel , il s n':Jperço i \'Cnt que dc morceaux chichcmcnt mcsuré , déchiquctés cntrc de hautes murail le ct de toit onguleux ; pour eux , l e ténèbres inquiétantes des longs co rrid or ne s'éclai ­rent guère quc du fugitif fai s eau dc lu mièrc s'échappa nt d'un judas dém:u:qué ou d'un e 1 ortc dc ce llul e momentanément ouvertc.

Déte nues dons leur squore.

Cc pendant, afin de les pr 'server de l'étioleme nt, on leul' oclroie un bain de plein air, quand Ic temps le permet , etles mère bénéfici ent de cette faveul' hygié­niqu e.

Tout au rond de l'encl os, denièr e l 'infirmerie spéciale et près du j ardin parli­cu liel' du dirccteur, un ten ain 1 !anté se rt de" square" aux" familles" qui, dan la bell e sa ison, ont admi se il y séjournel', de onze hcures il midi ct d trCl is heures il cinq heure . Là, les détenues nc ont assuj etties ni il l a promenode en fil e indienne, ni ou ilence absolu ; ell e. pcuvent o i -"'IlCI' le cnfant" , les amu el', survei ll el' leurs j cux, tout en se li vrant il quelque travoi l dc cou­ture .

L e souvenir qu e nous avons conservé ùc ce coin arTreste date d'une fin d'été. nc verdurc prcsque lu:xuriante emblait narguer le gri mOl'lle de murailles voisine, se donnait des ai l's d'in­dépendan ce. Çù et là, sur la " pclou c ", des groupes de femmes ass ises par l erre, des 11101'­

tnots 'éboUant et se vautrant ; il l' écart, u>lle oli ­tail'e juchée en une immobilité de statue . ur le l'ebord ù'u-ne cuve de piel' l'e, créa turc étrange, don t l es ,'eux fixe s ne s'allumaient d'unc lu eur pas ag re' que pour jeter un l'egard doulou l'cu x au bébé a<:cl'oupi à ses pi eds; puis, toujoul's pré cnte, la sœul', lirant l 'aiguillc , d'un ges te me uré, S3n pcrdre de vue l e troupeou confié il

a ga rd e. Dame 1 ce n'é l ait ni le Tuilerics, ni le Ln sœur surve ill ante .

--

• ,

:.6 A\"RIL 190'2 L'TLLUSTRATION ,,0 3087 - 29;:;

Mon au ; mai un lai'" 1 an dl' ciel bleu . 'élendait au­ll'avel' le quelle I1lll'a ient de ga i

:omm nl, n etTe l , ne pa 'atll'i ICI' au pe ln le de l'inno nc capti \' , rivée pal' un haine étl'oi l e au vice, il ln bonle au cl'Îm ? :ommenl ne pn- plaind l'e ce

Au jordin.

pauvres enfanls qu i aUl'on l pa é leur première année , leul'- anné s " blon che n, enl l'e l e noires c lôlul'es d 'un pri on '? ux de t l'oi il quall' an , - 1';\O'e où l 'image de ètres et des chose co mm nce il e préci . l' ct il . 'imp l'i m l' dan le cer veau, - quel s SO U\· nil's un l ei séj ol1l' l eu r r ésel've- l - il '? POU l' le moment , il ne savent pa , il s ne compl'ennenl pa ,i l .i oui sent pleinement de p l'pl'O"a livc de l eur inco n cienee et de leur i"nor ance. ~I a i s , p lus ta l'd, quand leul' mrllloil'e lrop fid i' le aU'l'a de ou Iain l'éveil '? Qu and leur intel'ro"ations inqu iHe ne l't' eVI'onl que des l'éponses embarl'aSSl'e ,équivoque c t troub lantes? ...

Au COUI' d 'un e de no v i ile , cn al'penlanl les cou lo i r. de la mai on, nous ne film s pa p u ul'pl'i - d'enlend l'e loul il coup 1 accol'Cl d'u ne mu ~ iqu e oCl're; on el'Il dil des vo i x d 'enfanl de chœul'. Cc sopl'an i , nolre "u id nou t'appl'i l , n 'é laiellt aull'es que des détenues compo onl la moill'i de la chapell.e l r éunies au l' ' fec lo il'e, où ell es l'épélni nL un hym ne ous la dil'ectioll d'une 50'UI' qui l enail l'hnl'monium.

Co n lruile ou hal'l s X, en l 'bl , ln clltlpe lle n ' /Tre ri en de bi en inlél'essa n l au po in t de vue al'chileclul'n l. Dans le v libule deux in cl' i pt ion u"ges ti ves: C'esl ici la maiso n de Dieu el la porle du ciel. - ilence .' Dicu es l près d'ici . L a déco­ration inléri eul'e n'esl pa somplu u "e; H uI le po lit nncluoiro consac ré il ln Vierge 0 di lin guo pn l' un ce rl ain luxe d'ol'l1 emcnl et l 'on voil boul de , uito qu'il est fnvori sé des oin s attentir de l a communaut é. Celle· ci , du l'es l e, a fnil se ll er pnrmi l es ex-vo l o un e p lnqu e commémorativ e porlant celte dédicace:

T émoignage cl'amour {tlial el cle reconn aissance Ct Alarie imm aculée p our la pl'olec­l ion spéciale donl les religieuse ,' cle Ma rie-J osep h 011 1 élé l'obj el pene/anlle sil\ge de l 'i0 el sous la Co mmune.

T ou s les dimanche, deux m esses sont cél ébrée::, l 'un e il , heure ' , l'autre '1

\l h . 1/ '2: l e délenues yas i stent, r éparties pa l' catégori es dan s la nef, les ba -cô l és et la "a lel'i o sup"l'iour .

Deu x aumôni ers as~ ul'en t l e sel'v ice du cu ILe ca th olique, un pasleu l' c t un rabbi n ce lui de cultes pl'otes lan t ct iSI'aéli te, alD:quel sont nn' cl és de' locaux pal'ti culi el's . Pendan t l es exer cice . , l e: délenues qui , il l eu r enll'ée, on t déclaré

ainl- I.azo r n'es t plus l 'uniqu e pri on p UI' femmes du d \pal'l m nt de ln cin e, depui s la c rén li on,;\ ' an te l'I'e, d 'un l ab li sem ent qui l'cçoil la miljeu l'e

par ti e de co ndamnées; mai, en m 'mo l om)1 qu 'elle l'es l e a fT el éc iJ la délen ti on préventi ve, la maison dem ul'e au s i l 'hôl ell eri e o lJli gn toire ll o laza r l des femm s de mouvo i se v i "en puni li on odmini lrativ n. C tl e douill e an'ecla ti on a loujours

1 été l 'objet de j'u tes 'ri tique . l\1.::lI gTé le divi ion, l es épal'ations ct 1 s g rill es, il n r ésulle une f" cheu e promi cu i lé ct, ' ui v~lI11l' ex l l'es i on de l\(axime Du Ca mp, " un v n t cl déprHvaLion ouft1 e:\ trav l' l e. clùlures .. .

Quoi lu'i l date d 'a z lo in déjà, le sombre tablenu qu e ce t éCl'Î vain a lrll é de ' ain l -Laza r e n'n g u l'e Il l'du cie , on exacli Lu de ; s' il conv ienl de le remetlre ail

point en c(m tal nnt cerlaines Ilmé lior [llion , ces que lque r cl ouches de dé l ail ne ·:.lUroienl en aLlénucr beaucoup le ca racti' r o général.

L e b;Uimenls, il la fois caducs c l l'é i . lan l , cèdent lelllement oux in élu c­l able cn'el de la vélu té. De partie ti enn enl enco re; il raul en sou leni r d 'a ulr!' au moyen de charp enles et d 'él ai ,masquel' de plâlr 10 piloyable décrép itu de de. murs zébré de léza rde, r ongé, de a lp 'lrc, Demande- l -on de go r o répa rati on::, la l' qu ête l'c{:oit in va l'Înb lemeolla m êm e r "pon c : "A quo i bon , pui~qu e lu démo­lition l o lal e t imminenle? "

L es arnéna ement., Ics conditi on hygiéniqu es, l 'o rguni c:a ti on cie l 'étDlJ li ::se­m ent e l'CS enlenl, nnlure ll ement, de la d(>l'eclu o ilé dcs locau x , L 'admini tration pén iLentiaire, ob ligée cie sc r é i " nel' ;'1 cet él at de choses, 'e /To rce d 'en pil lli el' Ic, inconvén i enl ' d(lIl ' la me ure du po ibl e, l celte m e ure es t bien limilé . lII ais le servi ces mnrchenlquand même ; il s continueront longlemps peut-é~re de marchel' ain i : c'esl un bel cxem pl e de la p roverbial e pe l'pétuilé du pl'ovi oi r e en nolre chel' pay ' .

n m mbre du ConEe il supérieu l' des pri sons a dit: " L a démolition de , ainl-

Couloir d e sse r vant les ce llules d es déte nues rn èpes,

296 - N° 30Si L'TLLUSTRATION 26 AVRIL 1902

26 AVRIL 1902 L'ILLUSTRATI ON NO 3087 - -:.. '2U7 .

L e parloir de l a pr ison de S a in t-Lazare .

Lazare s' impose, car ceLLe pl'iso n, dans une ville com me Paris, e t un e vé ritabl e honte . " Des années se sont écoul ées depuis le jouI' où un e voix parli culi ère menl autorisée prononça ces paroles sévè l'es , et Sa int-Lazare es t encol'e de bout. La vieille geô le-lazarel s'attarde, anachronisme choq uant, en pl ein cœur d'un des quar­tiers les plus vivants de la capitale , pl'esque en bordul'e du bouleval'd Magenta,

Chapelle de la Vierge.

s ill o nn é de tramways, il proximilé des deux g rand es ga res du \'ord e t de l'E t i e ll e y occup e une enclave co ns idé rab le, qui otrl'Ïraitun Le rra in s in guliè rem ent propi ce à d 'utiles trav a ux d 'édilité , Condamn ée il disparaître co mm e ont di s paru laws, la Roq uette , Sainte-Pé lagie, e lle a, pal' un privil ège pe u jus tifi é, bénéfi cié jusq u 'à pl'és ent d 'un L1I's i sa n cesse reno uve lé. On es t cepcnd ant unanim e il pensel' quc ses diverses catégo ri es de pens io nna ire s se l'a ie nt , so us tous les l'apports, beau 'o up mieux in s Lall éc s il la cam p"gne c t li souha iter le tran s felt de ses se l'vices dans la banlie ue,

C'est a u consc il général de la Sei ne, leque l se con fond avec le conseil muni­cipal de Paris , qu 'il apparlient de réali se r ce vœ u un an im e, en votant le crédits nécessaircs. Il ne saura it. m oi ns fa ire pour les fe mm e qu ' il n'a fa it . pour les hommes, dotés de la prison modèle d Fresnes et, SU I' ce po.int, il ne 'ache pas ses exce ll entes intention , il les a mê me chiffrées da ns son dernier budget. Mais quand se transformeront-elles en lib é ra lités efficaces? Bientot, a sure-t-on.

D'aill e urs, ce " bienLOl ", s i so uven L répéLé, émeut méd iocrement aujou rd 'hui le scepticisme dcs Parisiens i souvent le ul'I'é i il le ur cappe ll e trop le " demain " du pel'l'uquier légend a ire . No us ne cl'o iron à la s uppression définitive dc Saint­Lazare que le jour où nous verrons c loué a u portail de la lugubre pri son l'écriLeau : iIIatériau.!; de démolitions à vendre.

EDMO:'>lD FR.I.N!'-

NOTES ET IM PRESSIONS

CHOSES ~LECTORALES

La pluralité est la meilleure vo ip., parce qu'ell c es t vi ibl c, e t qu'e lle a la force pour se faire obéi!' : Summum jus , Sl!mma injuria . PASCAL.

On n'cs t forL qu 'à la condition de se, tl'ompe l' avec tout le mond e. RENA:'>I .

La majol'ilé tend au despotisme , pa l' c,ela seul qu 'elle es t la force.

Les minorités sont touj ours intéressante s : ne pouvant r eco urir li la furce, elles io.voquent sa ns cesse la jus tice. ACHILLE TOURNIE R.

Le suffrage universel ne conn a ît pas les nu ances: Lout candidat e t, pour lui , jés uite o u fra nc-maçon: pas de milie u. AD RI EN TELL.

Da ns unc démocl'aLi c, chaque citoyen cst un soldaL qui a pour a rm e un bull etin de vote i s'ab tcnir, c'es t m e Ure la Cl'O s~ en l'air. 11. DES HOL:x.

La politique e t un g uèpier dont il ne faut jamai s s 'approche r sa ns gant et sanS masque. . A. CLA VEA .

On ne réclame g uère le respect de toutes les opinions que lorsqu 'on n'a pas la force d ' impose r les s iennes,

11 y aurait, SUI' le marché é lectOl'al , bien moin d 'enchérisseurs , si les enchèl es devaient être garanties par un cautionnement.

La vie politique a ses périodes où Loutle monde ment sans trompe r pcrsonne, G,-M, VALTOUR.