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8/20/2019 Courrier du Crédit mutuel Arkéa à ses salariés
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L”Essentiel N u m
é r o s p é c i a l
Mardi 1er décembre 2015
QUESTIONS A...
Jean-Pierre Denis Les conseils d’administration
de caisses locales votentcontre la réforme de la CNCM
Réunis tout au long du mois de novembre, les conseils
d'administration des caisses locales du CMB, du
CMSO et du CMMC se sont opposés au projet de réforme
initié le 14 octobre par la Confédération Nationale
du Crédit Mutuel (CNCM) (voir notre encadré pagesuivante) . Eclairage sur la portée de ce scrutin et retour
sur les grands éléments du dossier, en compagnie deJean-Pierre Denis, Président du Crédit Mutuel Arkéa et
du Crédit Mutuel de Bretagne.
Les conseils d’administration des caisses de nos trois
fédérations se sont prononcés, de la façon la plus nette
qui soit, contre le projet de réforme initié en octobre par
la Confédération. Pour commencer, pouvez-vous nous
dire ce que traduit, selon vous, ce résultat ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et ce vote, c’est une certitude,
fera date. Il est même historique, car la décision qui s’en
dégage ne saurait être plus légitime et plus souveraine. Les
caisses locales, constituant les fédérations du Crédit Mutuel
de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif Central, se sont
prononcées, et cela sans la moindre ambiguïté, contre le projet
de réforme porté par la Confédération. Elles l’ont fait à l’issue
d’un scrutin organisé dans des conditions conformes aux
exigences d’un établissement coopératif et, de ce fait, tout à fait
indiscutables. C’est d’ailleurs tout à l’honneur d’une banque
coopérative et mutualiste comme la nôtre que d’avoir demandé
à l’ensemble des administrateurs de nos caisses locales, qui
représentent 1,6 million de sociétaires, de "fixer la ligne" sur
une question aussi déterminante pour l’avenir de notre groupe.
Ce vote traduit sans la moindre réserve l’attachement de nos
caisses locales à l’autonomie du groupe Crédit Mutuel Arkéa.Une autonomie qui constitue, nous en avons aujourd’hui
l’éclatante démonstration, le cœur même de notre ADN. Et
c’est précisément au nom de cette autonomie que nous nous
opposons à toute forme de centralisation qui conduirait à placer
le Crédit Mutuel Arkéa sous l’influence déterminante, et pour
tout dire "sous la coupe", de CM11-CIC. C’est un choix clair et
définitif. Il donne aux dirigeants de notre groupe le mandat de
défendre, sans la moindre concession possible, notre statut
de banque territoriale. Un statut qui est pour beaucoup, je le
rappelle au passage, dans la réussite de notre entreprise.
Plus concrètement, quelle est la véritable portée de ce
vote sur l’évolution du dossier ?
Ce vote revêt une signification toute particulière, dans la
mesure où, par la voix des administrateurs qu’ils ont élus,
ce sont les sociétaires, autrement dit les propriétaires du
Crédit Mutuel Arkéa, qui viennent de s’exprimer. S’agissant
d’une décision aussi essentielle et irréversible, ils étaient,
naturellement, les seuls à pouvoir se prononcer en toute
légitimité. Leur vote s’impose désormais à tous. Ne pas le
reconnaître reviendrait à mettre en cause le principe mêmed’une banque coopérative comme la nôtre. Pour ceux qui
auraient encore des interrogations sur la portée de ce scrutin,
je rappelle que le Crédit Mutuel Arkéa est une société anonyme
constituée sous forme coopérative. Ses actionnaires sont les
334 caisses locales et c’est à elles, et à elles seules, que revient
la responsabilité, dans le respect du droit des sociétés, du code
du commerce et de la loi de 1947 sur la coopération, de prendre
les décisions stratégiques qui orientent et engagent la vie de
leur entreprise. Il n’appartient à personne d’autre de "fixer le
cap" du Crédit Mutuel Arkéa, et surtout pas à un établissement
concurrent qui cherche à se dissimuler derrière la Confé-
dération, quand il ne se confond pas avec elle. N’oublions jamais que le Crédit Mutuel Arkéa n’est pas la filiale de
CM11-CIC et la CNCM n’est pas notre maison-mère. CM11-CIC
et Crédit Mutuel Arkéa sont deux groupes coopératifs distincts,
et rien n’autorise l’un à s’approprier l’autre, sous couvert
d’une réforme statutaire au demeurant illégale. Dit autrement,
8/20/2019 Courrier du Crédit mutuel Arkéa à ses salariés
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notre liberté de développement ne saurait être bridée,
réduite ou aménagée sans notre accord exprès. Et le
moins que l’on puisse dire, c’est que la communauté
des sociétaires du Crédit Mutuel Arkéa ne souhaite
pas s’engager dans une telle voie qui aurait, chacun
le sait, des conséquences directes sur nos centres de
décision et nos emplois dans les services centraux
et les filiales bien sûr, mais aussi, il ne faut pas s’y
tromper, pour nos réseaux de caisses locales. De ce
point de vue, je ne peux redire, ici, que ce que je disaisdans ces mêmes colonnes, le 13 novembre dernier.
Vous parlez d’une réforme statutaire illégale.
Qu’entendez-vous par là ?
Au-delà des modalités mêmes de la réforme que nous
contestons, il faut bien garder à l’esprit que seule la loi
pourrait, et encore sous certaines conditions, étendre
les pouvoirs de l’organe central du Crédit Mutuel qui
sont, au sens juridique du terme, des "prérogatives de
puissance publique". Cela signifie concrètement que
la CNCM n’est pas fondée, par le canal d’une simple
réforme statutaire, à s’attribuer des pouvoirs renforcésà l’égard de ses affiliés sans leur consentement
unanime et à mettre gravement en cause, pour
l’occasion, les principes constitutionnels qui protègent
le droit de propriété et la liberté d’entreprendre.
C’était précisément pour cette raison que la BCE avait
demandé, en novembre 2014, aux autorités françaises
de prendre l’initiative d’une réforme législative, ce
qu’elles n’ont pas fait jusqu’à présent.
Certaines communications ont été émises
récemment, indiquant qu'une centralisation du
Crédit Mutuel serait finalement "sans grande
conséquence" pour le Crédit Mutuel Arkéa. Que
pensez-vous de cette position ?
J’ai effectivement pris connaissance de certaines
prises de position ou déclarations, au demeurant
très minoritaires, selon lesquelles la réforme
engagée n’aurait pas de grandes incidences sur le
Crédit Mutuel Arkéa. Je l’ai même lu sous la plume
du Président de la CNCM et je dois dire que de tels
propos me laissent tout à fait perplexe. Car, de deux choses
l’une : ou bien il ne connaît pas le détail de la réforme élaborée
par ses équipes ; ou bien il cherche à nous abuser par des
discours qui se veulent rassurants et ne sont, en réalité,
que des rideaux de fumée destinés à brouiller les pistes et
à discréditer notre combat. Nous avons malheureusement
une grande habitude de ces façons de faire. Ce que je
n’accepte pas, en tous cas, c’est de voir notre groupe accusé
de colporter des "mensonges" ou d’entretenir je ne sais
quelle "propagande". On pourrait tout de même attendre des
dirigeants de la Confédération qu’ils assument leurs choix.
Pour notre part, nous nous contentons d’analyser, avec toute
l’objectivité requise, cette réforme, point par point, sans
avoir besoin d’en rajouter tant elle est caricaturale. Elle
n’a en réalité qu’un objectif : mettre au pas, une bonne fois
pour toutes, le Crédit Mutuel Arkéa, en l’intégrant dans une
gouvernance centralisée aux mains de CM11-CIC. Nul besoind’être un exégète des textes sur la coopération ou un expert
du mutualisme pour le comprendre.
Pourriez-vous illustrer votre propos par des exemples ?
Bien sûr, puisque nous avons reçu, en septembre,
communication du projet de réforme de la CNCM. C’est dire
que nous nous basons sur des écrits et des documents dont
le contenu est particulièrement clair. Je passe très vite surles dispositions qui ont pour objet de consolider la mainmise
de CM11-CIC sur la gouvernance confédérale : dans tous les
cas de figure, quelle que soit l’instance – assemblée générale,
conseil d’administration, ou direction générale de l’organe
central – quelle que soit la majorité requise, simple ou qualifiée,
les décisions seraient, compte tenu de l’attribution de droits de
vote, de facto prises par CM11-CIC et les quatre fédérations qui
lui sont déjà fonctionnellement rattachées. Le Crédit Mutuel
Arkéa serait, quant à lui, toujours maintenu en dessous de "la
minorité de blocage", c’est-à-dire totalement marginalisé et
privé de toute capacité d’influence. Une situation inacceptable,
chacun le comprendra sans peine. Mais le plus important,
et la véritable nouveauté dans cette réforme, réside dans
le renforcement des pouvoirs que l’organe central souhaite
s’attribuer sur les groupes régionaux. La mise en œuvre de ce
projet conduirait à un degré de centralisation tout à fait inédit
au Crédit Mutuel, et contraire à son histoire et à ce qui fait toute
Résultats des votes concernant le projet
de réforme confédéral*
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son originalité. Je l’affirme sur la base de l’analyse objective
du projet de réforme que personne ne peut sérieusement
contester, sauf à faire preuve de naïveté ou de mauvaise foi.
Concrètement, cela se traduirait par quels types de
changement ?
La réforme telle qu’elle nous a été présentée donnerait à
la CNCM tous les moyens pour mettre en place un groupe
bancaire totalement centralisé.
Elle prévoit par exemple quel’organe central soit habilité
à, je cite, « donner des
instructions » aux dirigeants
des établissements affiliés, ce
qui reviendrait à lui accorder un
véritable pouvoir de direction
sur le Crédit Mutuel Arkéa,
y compris ses filiales. Il lui
serait aussi reconnu le droit de
« coordonner le développement
du groupe Crédit Mutuel » ,
dans toutes ses dimensions,filiales comme réseaux de
caisses locales, avec toutes les
conséquences et les arbitrages que l’on peut imaginer. Cette
situation serait sans précédent au Crédit Mutuel dont l’organe
central est aujourd’hui cantonné en vertu de la loi, je le rappelle,
à des missions de représentation et de contrôle, assorties de
certains pouvoirs de sanction. Et, comme si cela ne suffisait
pas, des dispositions spécifiques sont prévues par ailleurs pour
encadrer la capacité de développement de notre groupe : nos
prises de participation seraient contrôlées, voire soumises
à l’autorisation préalable de l’organe central ; nos limites de
risques seraient définies par la CNCM qui détiendrait ainsi le
pouvoir de brider notre développement sur certains marchés
géographiques ou filières économiques. C’est le cœur même
de notre stratégie commerciale qui serait ainsi touché. J’ajoute,
dans un autre domaine essentiel pour notre autonomie, que la
réforme placerait le groupe Crédit Mutuel Arkéa sous un régime
de "tutelle financière", l’organe central se voyant conférer
le droit de s’immiscer dans la définition et la mise en œuvre
de notre politique de gestion de bilan et de refinancement.
Pour parachever le tableau, est prévue la mise en place d’un
mécanisme national de solidarité financière, à la discrétion de la
CNCM, assorti d’un « engagement inconditionnel et irrévocable
des affiliés de répondre aux sollicitations de la direction
générale de l’organe central » , avec des mesures coercitivesà la clé. On ne peut être plus clair pour signifier que nos fonds
propres et, plus généralement, nos capacités financières
pourraient être mobilisés pour couvrir les besoins de certains
de nos concurrents. Ce ne sont là que quelques illustrations
parmi d’autres, car j’aurais pu aussi évoquer le sujet essentiel
des ressources humaines, celui des règles de territorialité ou
encore des conditions d’usage de la marque. Dans tous les cas,
l’objet de la réforme ne fait aucun doute : il s’agit de consacrer
un modèle trop connu de centralisation parisienne, autrement
dit un "pouvoir vertical" qui ferait disparaître le Crédit
Mutuel Arkéa en tant que banque territoriale de plein exercice.
Autant dire qu’il n’est pas question pour nous d’accepter cette
mise sous tutelle, qui serait tout à fait contraire à la position
que viennent d’arrêter nos caisses locales. Au vu de l’ensemble
de ces éléments, j’ai envie d’ailleurs de poser une question
très simple : comment le Président de la Confédération peut-
il prétendre, dans une lettre du 18
novembre dernier largement diffusée,
que « l’activité, c’est-à-dire les missions
de l’organe central ainsi réformé,
resterait inchangée » ? J’avoue avoir un
peu de mal à comprendre.
Quel message souhaiteriez-vous
adresser aujourd'hui aux salariés
et aux administrateurs qui vouslisent ?
Je leur dis que notre groupe vit un moment
historique et nous avons une très grande
responsabilité à l’égard des générations
qui nous succéderont. Nous sommes
tous, en réalité, les acteurs et les garants
d’un groupe parfaitement autonome qui
maîtrise, aujourd’hui, l’ensemble de ses
décisions et de ses moyens de développement. Et que l’on soit
salarié, administrateur, représentant du personnel ou dirigeant,
notre responsabilité collective, maintenant, c’est de faire
entendre notre voix et de nous mobiliser, ensemble, sur tousles terrains, contre cette réforme que la Confédération cherche
à nous imposer au prix d’un rapport de force inacceptable.
Je maintiens que la centralisation du Crédit Mutuel serait, et
mon devoir est de le dire, très lourde de conséquences pour
nos centres de décision et l’emploi dans nos services centraux,
l’ensemble de nos filiales et nos réseaux de caisses locales en
Bretagne, dans le Sud-Ouest et dans le Massif Central. Et ce
ne sont sûrement pas les discours
du Président de la Confédération,
par voie de presse ou auprès
de certains de nos soutiens, qui
sont de nature à nous convaincre
du contraire. Nous aurions sans
doute préféré un langage direct,
qui s’assume en toute franchise
et en toute transparence. Mais
au fond peu importe, puisque nos
caisses locales, avec la légitimité
indiscutable et indépassable
qui est la leur, viennent de
"fixer le cap". Ce cap est celui
d’une autonomie revendiquée
et pleinement assumée. Je puis
vous garantir, au nom de l’ensemble des dirigeants de notre
groupe, que nous mettrons cette décision en œuvre avec laplus grande résolution, en nous appuyant sur l’ensemble des
acteurs et parties prenantes de notre entreprise. Nous n’avons
pas l’intention de marchander notre liberté : ce n’est tout
simplement pas dans nos habitudes.
« Nousn'avons pas
l'intention demarchandernotre liberté :ce n'est toutsimplement
pas dans noshabitudes ».
« La miseen œuvrede ce projetconduirait àun degré decentralisationtout à faitinédit au CréditMutuel ».
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