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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
Jean-Paul Nozière
Gallimard Jeunesse 2012
Dossier réalisé par Madame Anna Caprioli sous la direction de Madame Magali Censier, Attachée de
coopération éducative,
Institut Français d’Autriche
Prix des lycéens autrichiens 2015
2015
Prix des lycéens autrichiens
2015
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Comment utiliser ce dossier ?
Ce dossier est destiné à faciliter votre lecture du roman. Il comprend trois grandes parties :
un travail préliminaire sur le titre et la couverture du livre,
une évocation des références culturelles et historiques, une présentation des personnages, une
analyse thématique, une analyse narratologique et une courte bibliographie,
un parcours du roman chapitre par chapitre, incluant des pistes de lecture sous forme de
questions, des renvois à des faits de civilisation, une analyse du lexique, et des propositions
d’approfondissement ou de recherche,
une tâche finale à mener en classe dans la cadre d’une approche actionnelle.
Ce dossier doit accompagner votre lecture et aider votre prise de notes dans votre carnet de bord, qui
reste votre principal instrument de travail. Ce carnet permet en effet de noter vos impressions de lecture
chapitre par chapitre, de dresser et d’affiner au fur et à mesure le portrait des personnages principaux, de
dessiner la topographie des lieux, de relever les indices dispersés dans le roman, de faire le point sur les
thèmes abordés, etc. C’est à partir de ce carnet que vous préparerez votre présentation du roman en
classe.
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Sommaire Comment utiliser ce dossier ? ......................................................................................... 2
Introduction ...................................................................................................................... 4
I. Références culturelles et historiques ......................................................................... 6
1. Le contexte historique : l’Algérie française............................................................. 6
2. La guerre d’indépendance ou « les événements » ................................................ 8
II. Présentation des personnages .............................................................................. 9
1. Les personnages principaux .................................................................................. 9
2. Les personnages secondaires ............................................................................... 9
III. Analyse narratologique ........................................................................................ 10
1. La structure du roman .......................................................................................... 10
2. L’histoire .............................................................................................................. 11
IV. Etude thématique ................................................................................................. 12
1. Sétif ..................................................................................................................... 12
2. La révolte de Salim .............................................................................................. 12
V. Pour aller plus loin .............................................................................................. 13
1. Bibliographie : ...................................................................................................... 13
2. Filmographie : ...................................................................................................... 13
VI. Au fil des chapitres .............................................................................................. 14
1. Première partie (pp. 9-11) 5 Juillet 1962 .............................................................. 14
2. Chapitre 1 (pp. 13-38) Juin 1958 ......................................................................... 14
3. Chapitre 2 (pp. 39-76) .......................................................................................... 16
4. Chapitre 3 (pp. 77-94) .......................................................................................... 19
5. Chapitre 4 (pp. 95-112) ........................................................................................ 20
6. Chapitre 5 (pp. 113-120) ..................................................................................... 23
7. Deuxième partie (pp. 123-128) ............................................................................ 24
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L’Algérie pendant la guerre d’indépendance de 1954 à 1962
Introduction
Analyse de la première et quatrième de couverture -Décrivez la photo de la première de couverture, à quoi le personnage vous fait-il penser ? -Lisez la quatrième de couverture, quelles hypothèses pouvez-vous faire sur l’histoire ? Sur la première de couverture, on peut voir la photo en noir et blanc et en gros plan d’un garçon
d’environ 14 ou 15 ans dont le visage est marqué par le sérieux. Il porte un béret de laine sur la tête. Il s’agit d’un jeune garçon d’origine arabe, on pense à un berger, à quelqu’un qui vit au grand air.
La quatrième de couverture montre la photo en noir et blanc d’un autre garçon du même âge vu de dos tandis qu’il marche dans un champ de blé. Deux textes sur fond vert et rouge sont insérés verticalement à gauche. Le texte sur fond vert résume l’histoire de Paul et de Salim qui se déroule dans l’Algérie française du temps de la guerre d’indépendance en 1958. Paul est le fils d’un colon français qui possède une exploitation agricole, Salim est le fils d’un des employés arabes de la ferme. Sur décision du père de Paul, propriétaire de la ferme, Salim doit arrêter ses études au lycée et travailler à la ferme comme son père. Le texte sur fond rouge mentionne les nombreuses récompenses obtenues par le livre. Le vert, le blanc, et le rouge sont les couleurs du drapeau algérien.
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Le vert représente la prospérité et la terre, mais c’est aussi la couleur du paradis dans l’Islam. Le blanc représente la pureté et la paix. Le croissant représente le chemin que doit parcourir le musulman durant sa vie pour espérer accéder au Paradis. L’étoile à 5 branches représente les cinq piliers de l’islam: - La foi - La prière - Le ramadan - La zakat (aumône) - Le pèlerinage à la Mecque. La couleur rouge représente le sang des martyrs de la guerre.
Analyse du titre -Qu’évoque pour vous la juxtaposition de ces trois mots ?
Le titre en caractères rouge pourrait évoquer une période de vacances, ou une passion amoureuse, le visage sérieux du jeune garçon arabe contredit cette impression et renvoie à l’histoire compliquée de l’Algérie.
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I. Références culturelles et historiques
1. Le contexte historique : l’Algérie française
L'Algérie contemporaine commence à se constituer territorialement au début de la Régence d'Alger, au XVI
e siècle, le régent étant alors nommé par l’Empire ottoman. La colonisation française étendra les
frontières du pays aux limites du Sahara et bouleversera la société existante. La conquête de l'Algérie par la France débute en 1830 .Cette conquête se conclut par l'annexion de l'Algérie à la République française, via la création des départements français d'Algérie en décembre 1848.
Dès 1830, la conquête de l'Algérie est accompagnée d'une colonisation de peuplement : les militaires français deviennent des colons en s'installant et aménageant le territoire conquis. Les pionniers sont par la suite rejoints par des compatriotes tels les Corses ou les Alsaciens-Lorrains dont la région a été annexée par l'Allemagne en 1870, et également par des immigrants étrangers arrivant par vagues successives des pays méditerranéens voisins, surtout d'Espagne, mais aussi d'Italie et de Malte.
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Avec une superficie de 2 381 741 km
2, l’Algérie est à la fois le plus vaste pays d'Afrique, du monde
arabe et du bassin méditerranéen. Il partage au total plus de 6 385 km de frontières terrestres, avec la Tunisie au nord-est, la Libye à l'est, le Niger et le Mali au sud, la Mauritanie et le Sahara occidental au sud-ouest, et enfin le Maroc à l’ouest. L'émergence au début du XX
e siècle d'un mouvement national algérien mène au déclenchement de
la guerre d'Algérie en 1954, une insurrection armée qui s'achève par l'indépendance du pays en 1962 et la constitution de l'État actuel.
a. Qui étaient les colons ?
Les colons français étaient des militaires, des employés, des scientifiques et des enseignants détachés par le gouvernement français et des agriculteurs venus de différentes régions françaises. D’autres colons, venus de pays comme l’Espagne, l’Italie, Malte se sont installés sur le sol algérien et ont obtenu la nationalité française. Lors de la décolonisation, les Français d’Afrique du nord seront appelés « Pieds-noirs ». Dans les années 1940, on compte un million de colons contre 9 millions d’autochtones
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musulmans. Parmi les colons, beaucoup d’agriculteurs ayant peu de surface agricole resteront pauvres. Seuls ceux qui ont de grandes exploitations s’enrichiront, au prix parfois d’un énorme travail, grâce auquel les cultures de la vigne et des céréales seront développées à un niveau jamais atteint auparavant.
b. Quel était le statut des indigènes ? Les autochtones algériens acquièrent dès 1834 la qualité de « sujet français », mais aucune procédure ne leur permet d'accéder à la pleine nationalité française. En 1889, la loi accorde la nationalité française à tous les descendants d’Européens présents en Algérie, mais pas aux musulmans. En 1912, les musulmans d’Algérie sont astreints au service militaire. Pendant la guerre de 1914-1918, sur les milliers de soldats appelés et engagés venant d’Algérie, 25 000 Algériens musulmans contre 22 000 Européens sont tués. En 1944, le Général de Gaulle supprime le code de l’indigénat et accorde la citoyenneté française à 65 000 Algériens. En 1947, dans le cadre d’une déconcentration des pouvoirs de la France coloniale, une assemblée algérienne est créée dans laquelle les Français d’Algérie et les Algériens musulmans ont le même nombre de sièges, alors que les musulmans sont neuf fois plus nombreux que les Français.
2. La guerre d’indépendance ou « les événements »
Même si des soulèvements ou des attentats contre les Français ont été commis avant novembre 1954,
c’est cette date qui est retenue pour marquer le début de la guerre d’indépendance algérienne, que les
Français nommeront longtemps « les événements d’Algérie ». Le Front de Libération Nationale (FLN),
dirigé par le révolutionnaire Ben Bellah, et sa branche armée ALN (Armée de Libération Nationale)
déclenchent une série d’attentats contre les colons mais aussi contre les Algériens fidèles à la France.
La guerre dure près de huit ans, elle se déroule principalement sur le territoire algérien, mais a également
des répercussions sur le territoire français (manifestations en faveur de l’indépendance durement
réprimées). Elle oppose les nationalistes algériens à l’armée française, mais également des Algériens et
des Français entre eux. Elle alimente toutes les conversations en métropole. Certaines opinions ne
peuvent plus être exprimées à cause de la censure. Des hommes politiques français s’engagent auprès
de nationalistes algériens, leur apportant de l’argent ou des armes (« les porteurs de valises »). Des
Algériens se retournent contre leurs frères travaillant pour les Français et les assassinent. Le climat
politique se détériore, la guerre s’exporte dans les rangs des gouvernements de la Quatrième République
et radicalise les esprits. Elle entraîne une crise politique en France et le retour en politique du Général de
Gaulle en 1958.
Ce dernier signera, avec le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), en 1962 et
après un référendum sur l’indépendance duquel les Français et autochtones d’Algérie seront exclus, les
Accords d’Evian, mettant fin à la guerre et reconnaissant le droit à l’autodétermination de l’Algérie.
Aujourd’hui encore, le nombre de blessés et de tués des deux côtés n’est pas établi avec certitude. Ce qui
est par contre sûr, c’est que beaucoup de civils algériens, et, dans une proportion moindre, de colons
européens, qu’ils aient été pro-nationalistes ou non, ont perdu la vie dans une guerre qui a marqué les
mémoires par son aspect féroce (guérilla, attentats, terrorisme, meurtres sauvages de civils, répression
systématique de l’armée, utilisation de la torture).
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II. Présentation des personnages
1. Les personnages principaux
a. Salim Bellilita est le personnage principal du roman. Il vit avec sa famille sur la ferme de
Monsieur Barine qui a un fils du même âge. Au début du roman, il fréquente le lycée de la ville voisine avec Paul Barine. Les deux adolescents s’entendent bien, ils jouent ensemble à la ferme, mais se séparent au lycée, chacun rejoignant son groupe d’appartenance, les Français pour Paul, les musulmans pour Selim. Leur amitié est fragile et va se fissurer puis éclater à mesure que Selim prendra conscience de l’injustice de son sort et de celui de son peuple.
b. Paul Barine est le fils du propriétaire de la ferme, il a conscience de sa position de dominant et la fait valoir auprès de Selim. Ce fils unique est élevé comme un héritier qui ne mesure pas ses privilèges. Il est aussi déçu par l’absence de modernisme dans sa vie. Il aimerait que les colons français fassent de l’Algérie un état moderne, avec des machines agricoles, le développement commercial des ports. Il ne doute en aucune façon de l’issue de la guerre en faveur des Français.
c. Edmond Barine, père de Paul est un colon grand travailleur plutôt en bons termes avec ses ouvriers à qui il adresse parfois la parole avec quelques mots de salutation arabes. Il ne fait pas partie des colons les plus fortunés, sa voiture est une vieille Dauphine, à la ferme on fait des conserves pour avoir des provisions l’hiver. Il aime l’Algérie qui est son pays et le pays de sa famille depuis 1858. Il est progressiste, il a financé la scolarité de Selim afin que celui-ci remplace son père illettré avec plus d’efficacité. Il est plutôt paternaliste avec ses employés mais n’oublie jamais ses intérêts et trace le destin des gens qui l’entoure comme il le souhaite. Cependant, avec l’augmentation du nombre d’attentats contre les colons, il se radicalise peu à peu et choisit de soutenir son camp.
d. Lakdar Guerroudj est le mécanicien de la ferme. Il est illettré, bougon, et se fait passer aux yeux du propriétaire pour un homme simple. Il conduit tous les jours Paul et Salim au lycée, et les observe. Il se rapproche de Salim et le convainc de rejoindre la résistance. Salim découvre en lui un homme dont la réflexion dépasse la condition, qui s’efforce de se cultiver, qui cite Albert Camus. Lakdar est amer, après une vie de travail, il ne possède rien, n’a obtenu aucune reconnaissance de son employeur qu’il a fini par détester. Lorsque la ferme sera incendiée par le FLN, il sera arrêté, torturé et exécuté par l’armée française.
2. Les personnages secondaires
a. La famille de Selim :
Tayeb, le père, Khadija, la mère, et Zohra la sœur (17 ans) travaillent à la ferme. Aucun d’eux ne sait lire ni écrire. Le grand-père Si Ahmed, deux autres sœurs plus jeunes que Salim, Farroudja et Latifa, vivent à la ferme et sont, selon Monsieur Barine, des « bouches inutiles ». Tayeb et Kadhija ont aussi deux fils plus âgés qui travaillent en France. Tayeb a participé à la guerre du côté français, il ne remet pas en question l’ordre colonial établi. Il ne comprend d’ailleurs pas que pour les soldats français, il fasse partie du camp ennemi. Sa dernière phrase avant sa mort est que deux de ses enfants vivent en France. Sa femme Khadija donne des conseils de prudence et de résignation à son fils Selim. La sœur Zohra est courtisée par Paul, qui, à la manière d’un maître cherchant à s’amuser avec une domestique, lui manque de respect, de même que les
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soldats français lors des contrôles d’identité, ce qui fera basculer Selim dans le camp des rebelles.
b. La famille Barine : Solange, la mère de Paul, est une femme oisive et neurasthénique qui n’aime pas sa vie à la ferme, préfère les villes et les stations balnéaires, et voudrait habiter en France. La vieille Barine, la grand-mère paternelle de Paul, est une méchante femme, raciste envers son personnel, méprisante envers les employés arabes de la ferme dont elle se méfie en permanence.
c. Rachid, une connaissance de Lakdar, est un chef de la résistance algérienne qui enrôle Selim et lui donne des indications, sans lui dire toute la vérité sur les conséquences de l’incendie de la ferme pour sa famille.
d. Michel, le soldat français, est un appelé obligé d’être en Algérie sans en avoir envie. Comme beaucoup d’intellectuels français de l’époque, il trouve cette guerre stupide et injuste et trouve légitime que les autochtones chassent les Français.
e. Djamilla la folle est citée mais n’apparaît pas dans l’action. C’est une vieille femme qui a prédit à
Selim un destin funeste. Ses prédictions concernent aussi l’Algérie et le malheur qui s’abat sur le pays. Sa voix fait écho aux dépêches de journal de Constantine insérées comme des parenthèses en début du 2
ème chapitre et en fin de roman.
III. Analyse narratologique
1. La structure du roman
Le livre totalise 135 pages. Au dos de la page de garde sont mises en exergue deux citations, l’une d’Albert Camus journaliste, philosophe et écrivain français né en Algérie (1913-1960) et l’autre de Roland Dorgelès, journaliste et écrivain français (1885-1973). La citation de Camus est extraite de son roman La Peste, critique du totalitarisme, celle de Dorgelès est extraite de son roman Les Croix de bois dont le contexte est celui de la guerre de 14-18 (les cadavres des soldats étaient enterrés à la hâte directement dans la terre dans laquelle on fichait des croix de bois). L’auteur a dédié son livre à ses élèves du lycée de jeunes filles de Sétif où il a été professeur d’histoire-géographie. Le nom du lycée est « Malika Gaïd » qui est une martyre de la guerre d’Algérie, originaire de la région de Sétif, morte en 1957. La première partie (pp. 7-11) introduit le roman en 1962, le 5 juillet, date de la proclamation officielle de l’indépendance de l’Algérie. Le narrateur est Selim. Le premier chapitre opère un retour en arrière, en juin 1958, en pleine guerre. C’est le seul chapitre qui porte un titre : « Juin 1958 ». La première partie, la plus longue (pp. 9-120), comporte 5 chapitres sans titres. L’histoire est écrite à la première personne, le narrateur est Selim.
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La deuxième partie va de la page 121 à la page 128 et adopte un point de vue externe. Un épilogue, pp. 129-133 revient à l’année 1962, le point de vue est là encore externe. Un rappel des principales dates de la guerre d’Algérie pages 134 et 135 clôt le livre. Le livre a été une première fois édité en 1990 et a reçu le Prix de la Société des Gens de Lettres. La présente réédition date de 2012. L’auteur, Jean-Paul Nozière, avait 15 ans en 1958. L’arrivée de Salim dans la capitale, Alger introduit le roman. Mais le théâtre principal de l’action est le Constantinois, département dans lequel est située la ferme de Monsieur Barine. Le lycée Albertini se trouve dans la ville de Sétif., Cette ville a joué un rôle particulier dans la révolution algérienne. En mai 1945, des manifestations de partis nationalistes algériens avaient dégénéré en émeutes après qu’un jeune garçon arabe eut été tué par un policier français. La répression française avait fait plusieurs morts algériens.
2. L’histoire
Dans les environs de Sétif, Paul et Salim ont été élevés ensemble, ils s’entendent bien, ils jouent ensemble, ils fréquentent le même lycée. Paul est le fils d’un Français propriétaire agricole, Selim est le fils d’un Algérien employé comme contremaître sur le domaine du père de Paul. La mère et les sœurs de Selim sont employées comme domestiques à la ferme. De toute la famille, seul Selim sait lire et écrire. Grâce à la générosité du père de Paul, Edmond Barine, il a pu faire des études au lycée jusqu’à l’âge de 15 ans. Au lycée, les Français et les Arabes suivent les leçons ensemble, mais dans la cour de récréation, ils ne se mélangent pas. Un employé de la ferme, le mécanicien Lakdar, conduit et va chercher Paul et Selim au lycée tous les jours. Nous sommes en 1958, les colons européens commencent à avoir peur des attentats et des dégradations opérés par les rebelles algériens du FLN (Front de libération national) qui se multiplient. A la ferme, c’est la vieille Barine, mère d’Edmond, qui règne. Elle n’aime pas les Arabes et le fait savoir par des réflexions racistes. Edmond Barine est un maître moderniste et modéré, il se montre paternaliste avec ses employés et surtout avec le père de Salim qui fait fonction de contremaître à la ferme. Cependant, il n’oublie pas les réalités économiques. Il annonce au père de Salim que ce dernier doit arrêter ses études au lycée pour le seconder sur le domaine. Salim, qui se plaît aux études et n’a aucune envie de travailler la terre, ressent toute l’injustice de sa situation. Il devient conscient que son propre sort est lié au sort de son peuple, dépendant du bon vouloir des colons. L’amitié qui le lie à Paul se fissure à mesure que Paul emprunte le langage des adultes pour justifier les représailles contre des civils algériens par des soldats français apeurés et sur les dents. Salim prend conscience du destin de son pays et s’engage aux côtés de la résistance de son peuple contre les Français.
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IV. Etude thématique
1. Sétif
La ville martyre, symbole des massacres de la population algérienne en 1945, est le lieu qui permet à l’auteur, qui y a passé deux ans, de résumer, sur une période de quatre ans, cent cinquante ans d’histoire coloniale entre la France et l’Algérie. Dans Un été algérien, la ville européanisée symbolise pour Salim l’accès au savoir qui lui est refusé par le propriétaire de la ferme Monsieur Barine. Ce dernier possède une exploitation agricole qui permet à la famille de Salim de survivre plutôt que de vivre. La ferme, mais aussi les ouvriers qui y travaillent, appartiennent à Monsieur Barine, qui, bien que moderne et « éclairé », défend son bien, sa famille, sa terre avant tout. Monsieur Barine nuit au destin de Selim en l’obligeant à rester travailler à la ferme. Il lui ferme l’accès au monde moderne urbain symbolisé par la ville de Sétif. A part le soldat Michel, personne, parmi les Français de l’histoire, ne doute que cette terre soit française. Le pouvoir colonial se réserve le pouvoir de contrôler les indigènes, de les contraindre à partager le sort de la patrie (pendant les deux guerres, comme Tayeb, le père de Selim), mais ne leur accorde pas plus de droits civiques qu’au début du siècle. De plus, dans le contexte de la guerre, tous les Algériens musulmans sont suspectés d’être au service des rebelles, même le mécanicien Tayeb. Salim est jeune, mais il sait lire et écrire, il comprend que son sort n’est pas différent de celui du peuple algérien lorsque l’injustice le frappe. Sa révolte personnelle est encore plus grande lorsqu’il réalise le nombre d’injustices commises par les colons envers sa famille, envers son peuple. Lorsque son ami le trahit à son tour, car Paul ne prend pas cause pour lui, critique ouvertement les Algériens ou en parle comme des objets, Salim réalise que les colons seront toujours les mêmes oppresseurs, il deviendra alors tout à fait ennemi du pouvoir colonial.
2. La révolte de Salim
En 1958, Salim atteint l’âge où l’on commence à comprendre comment fonctionne la société. Lui qui a eu le privilège de faire des études secondaires au collège ouvre les yeux sur sa condition lorsqu’on le prive de la possibilité de continuer à étudier. Aveuglé par le paternalisme de Monsieur Barine, il n’avait pas réalisé que celui-ci, bien que se présentant comme une personne tolérante et éclairée, est en réalité comme tous les autres colons, et même pire selon le mécanicien Lakdar, car sa tolérance s’arrête dès que ses intérêts personnels sont en jeu. Il a besoin de personnel pour sa ferme. Tayeb devient âgé et a une famille nombreuse dont certains membres, trop vieux ou trop jeunes, ne rapportent rien, lui « coûtent ». Salim comprend que Monsieur Barine ne voit pas les membres de sa famille comme des personnes mais comme des objets lui appartenant. Si ces objets peuvent effectuer un lourd travail, il les garde, sinon il est prêt à s’en débarrasser. D’autre part, Salim pensait que Paul était son ami, qu’ils étaient égaux. Mais Paul se fiche de son sort, manque de respect à sa sœur, parle mal des Arabes. Salim comprend que Paul est, comme son père ou sa grand-mère, un colon qui a pris possession d’une terre qui n’est pas à lui, et qui pense que tous les habitants de ce pays qu’il a fait sien doivent obéir au sort qui a été décidé par d’autres qu’eux.
Le réveil brutal de Salim à la réalité de sa propre condition va le conduire à observer plus attentivement le sort de sa famille tout d’abord, et ensuite celui de son peuple. L’injustice qu’il ressent à l’idée de ne plus pouvoir étudier au lycée en septembre se gonfle de la colère qu’il ressent à voir comment les membres de sa famille, ainsi que les employés de la ferme ou des fermes environnantes, se font traiter par les soldats ou les colons.
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Sa conversion à la cause des rebelles n’est pourtant pas soudaine. Une série de petits épisodes apparemment sans grande importance vont se rejoindre dans la tête de l’adolescent et lui offrir un tableau de la condition du peuple algérien nécessairement révoltant. Cela va de l’humiliation de son père par Monsieur Barine qui annonce que Salim doit travailler au domaine, du traitement honteux des habitants d’un petit hameau par des soldats français les accusant de renseigner les rebelles, détruisant les récoltes, et abattant un homme innocent, au manque de respect envers sa sœur de la part de Paul, puis de la part de soldats français contrôlant les identités, jusqu’aux discussions enfin avec Lakdar et Michel. Si Michel fait comprendre à Salim qu’il existe des Français pour lesquels le souhait d’indépendance du peuple algérien semble fort légitime, c’est le mécanicien Lakdar qui le met en contact avec un chef de la résistance algérienne. Salim va fournir des renseignements pour que les rebelles algériens puissent détruire la ferme de Monsieur Barine, ce qui entraînera la mort de son propre père et celle de Lakdar.
V. Pour aller plus loin
1. Bibliographie :
Algérie 1954-1962. Benjamin Stora 2012 Les Arènes
Chroniques algériennes. Albert Camus 1958 Gallimard
L’Algérie en 1957. Germaine Tillion 1957 Éditions de Minuit,
Les Ennemis complémentaires. Germaine Tillion 1960 Tirésias
2. Filmographie :
Avoir 20 ans dans les Aurès. René Vautier 1972
Cartouches Gauloises Medhi Charef 2007
El Gusto Safinez Bousbia 2011
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VI. Au fil des chapitres
1. Première partie (pp. 9-11) 5 Juillet 1962
a. Ce qu’il faut avoir compris Pourquoi cette date est-elle importante pour l’histoire de l’Algérie ? Quelle ambiance y a-t-il dans les rues ?
b. Culture et civilisation
La fête nationale en Algérie a lieu le 1er
novembre, date qui commémore le début de la révolution en 1954. La fête de l’indépendance a lieu le 5 juillet.
c. Lexique p.9
Les youyous des femmes Les cris de joie
Al Djezaïr
Algérie en arabe
d. Pour approfondir
Quel est le nom de la rue ? Celui du magasin de chaussures ? Quel effet cela produit-il ?
2. Chapitre 1 (pp. 13-38) Juin 1958
a. Ce qu’il faut avoir compris
Pourquoi Monsieur Barine recommande-t-il à Ladkar d’être prudent ? Comment est décrite la grand-mère de Paul ? Pourquoi y a-t-il des soldats français à la ferme et dans les rues ? Que pense Paul de la production agricole en Algérie ? Qui est fouillé lors du contrôle d’identité ? Comment se comporte Tayeb, le père de Salim, lors de la discussion avec M. Barine ? Quels sont les sentiments de Salim à l’idée de ne plus retourner au lycée en septembre ? A quoi Salim associe-t-il le henné ?
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b. Culture et civilisation P.30 : référence à la venue du Général de Gaulle à Alger le 4 juin 1958 où il déclare aux Français d’Algérie, après un Putsch avorté de la part de militaires français le 13 mai, que l’Algérie restera française. Le retour du Général de Gaulle au pouvoir en France marque la fin de la Quatrième République et le début de la Cinquième, qui dure jusqu’à aujourd’hui. P. 32 : la scolarisation des indigènes est voulue jusqu’à un certain point. Les enfants de musulmans doivent être assez instruits, mais pas au point de risquer de devenir des intellectuels pouvant contester l’ordre colonial. Depuis 1867, tous les enfants, français ou indigènes, fréquentent ensemble l’école primaire française gratuite. Dans l’enseignement secondaire (le collège et le lycée), les élèves sont séparés, cela jusqu’en 1954 où les élèves suivent les mêmes cours jusqu’à l’âge de 13 ans. A la veille de la guerre d’indépendance, et malgré le développement de la scolarisation, 15% seulement des enfants musulmans de moins de 14 ans fréquentent un établissement scolaire primaire. Pire encore, un enfant européen sur trois va au lycée, contre un enfant musulman sur … 125 ! La fin de la gratuité de l’enseignement à partir du lycée n’est qu’une partie de l’explication, l’autre partie étant que l’administration française souhaite offrir un enseignement court et technique aux enfants arabes. Le lycée, en Algérie comme en Métropole, est encore réservée à une élite, même si le système de bourses scolaires permet à des élèves d’origine modeste d’aller jusqu’á l’université. c. Lexique p. 13
le suint odeur de la peau des chevaux
seriner répéter
disparate différent
un hangar grand garage avec un toit mais sans murs
p.14
un gandin homme élégant et un peu ridicule
p.15
un mécano (fam.) mécanicien
p.17
une Dauphine voiture de la marque Renault
p.18
un fellagha mot arabe désignant un bandit, puis un combattant algérien
la quille (fam.) le retour à la vie civile, pour un soldat
toiser regarder de haut en bas, mesurer
16
p.20
la baraka mot arabe désignant la chance
le Ville d’Alger bateau reliant Alger à Marseille
p.24
une chochotte (fam.) personne fragile et maniérée
un frangin (fam.) frère
p.30
une bicoque (fam.) petite maison
p.33
des Pataugas (masc.plur) chaussures montantes en toile avec une grosse semelle
p.34
un oued mot arabe désignant une rivière
p.36
les oripeaux (masc.plur.) vêtements usés
p.38
l’Aïd-el-Kébir grande fête musulmane marquant la fête du Ramadan
d. Pour approfondir
Salim écrit à son professeur de géographie Monsieur Sirmain pour l’informer de la décision de Monsieur Barine et pour lui demander de l’aide.
3. Chapitre 2 (pp. 39-76)
a. Ce qu’il faut avoir compris
Quelle impression produit le bulletin du journal en tête de chapitre ? A quoi jouent Selim et Paul ? Pourquoi leur relation change-t-elle ? Qui a mis le feu dans un champ de blé, comment le feu s’est-il propagé ? Que font les soldats français contre la population algérienne ? Que dit le soldat Michel à Selim ?
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Que découvre Selim chez Lakdar ? Quelle citation de Camus bouleverse Lakdar ? Que demande Lakdar à Selim ?
b. Lexique p. 39
le Djebel la région des montagnes, arabe
une draisine un train qui tire un autre train
p.40
teigneux méchant
p.41
gironde ronde, bien en chair
un bidasse (fam.) un soldat
p.43
les fellouzes (fam.) les Fellagas, rebelles
les couilles (fam. vulgaire) les parties génitales masculines
les Horaces et les Curiaces combattants de la Rome antique
p.44
les moudjahidin les combattants en arabe
p.45
les djounoud les soldats en arabe
la mechta ensemble de maisons
un gourbi une cabane misérable
p.46
un bicot (fam. raciste) un arabe
charrier (fam.) exagérer
p.48
un bleubite (fam. vulgaire) un débutant
p.50
un gugusse (fam.) un clown
18
p.51
un pauvre bougre (fam.) un pauvre malheureux
p.52
pouilleux qui a des poux
le lieut (fam.) le lieutenant (prononcer le « t »)
p.55
la fournaise très grande chaleur, comme dans un four
s’empiffrer (fam.) manger avidement de grosses quantités
botter les fesses à quelqu’un (fam.) frapper, humilier
p.56
Toussaint Louverture chef de la révolution anti-esclavagiste à Haïti, alors colonie française
faire le con dans le bled (fam. vulgaire) faire l’idiot dans le village
roupiller (fam.) dormir
p.57
une gandoura costume traditionnel arabe en forme de longue robe
une velléité une intention non réalisée
un monte-paille ou monte charge une machine pour monter des paquets
p.59
piquer (fam.) voler
p.60
la buanderie pièce où on fait la lessive
p.61
mettre le holà stopper
péter (fam.) exploser
p.64
échu (échoir) fini, terminé
p.66
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se baguenauder (fam.) se promener
se gargariser (ici fam.) se vanter, être fier de
p.69
une tanière abri dans la terre pour un animal
p.70
bouffer (fam.) manger
p.74
un bourricot un âne
4. Chapitre 3 (pp. 77-94)
a. Ce qu’il faut avoir compris A quel sabotage se livre le mécanicien Lakdar ? Comment se détériorent les relations entre Selim et Paul ? Qui est Rachid ? Quel rôle confie-t-il à Selim ? Qui a trouvé la mort ? Pourquoi les militaires français viennent-ils à la ferme ? Que font-ils ? b. Culture et civilisation La ville de Tichy est une station balnéaire méditerranéenne située en Kabylie. Cette région de montagnes du nord de l’Algérie est en 1958 un bastion de l’A.L.N. Les Kabyles sont un peuple d’origine berbère ayant une langue distincte de l’arabe. Bisdra est une ville ancienne située aux portes du désert du Sahara. La bataille du Garigliano a été menée par les alliés et l’armée de la résistance française sur le sol italien pendant la deuxième guerre mondiale. De nombreux Maghrébins ont combattu aux côtés des forces dirigées par le général Juin. c. Lexique p. 77
tenir rigueur à qn en vouloir à qn
p. 78
« Pauvre pomme ! » (fam.) Pauvre idiot
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fichue maudite
bifurquer changer de chemin
p.80
le piston (fam.) une aide pour obtenir un avantage
le pitaine (fam.) le capitaine
blairer (fam.) supporter
p.81
croupir se dégrader en restant sur place
se barber (fam.) s’ennuyer
un tire-laine (fam.) un voleur
p.82
obnubiler obséder
le dépit la déception
p.85
un ton mi-figue, mi-raisin un ton agréable et désagréable à la fois
p.86
livide très pâle
le mutisme
action de ne pas parler
d. Pour approfondir
Pensez-vous que Selim a raison de s’engager à renseigner les rebelles de l’A.L.N ? Est-ce pour vous du courage ou de l’inconscience ? Justifiez votre point de vue.
5. Chapitre 4 (pp. 95-112)
a. Ce qu’il faut avoir compris Quelle est l’humeur de Selim avant d’aller au marché ? Pourquoi Monsieur Barine est-il joyeux avant le départ ? Que se passe-t-il sur la route ?
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Qu’arrive-t-il au marché ? Quelles sont les réactions de Selim et de Paul ? Pourquoi Selim demande-t-il de l’aide à Paul ? b. Lexique p. 98
la khaïma la tente, mot berbère
une chicane un obstacle installé sur la route pour obliger les voitures à ralentir
Fangio nom d’un champion de formule 1 dans les années 50
p. 100
Mozabite nom d’un peuple berbère
le haïk le voile portée par les femmes
p. 101
le fel (fam.) fellagha, combattant, rebelle
« arrête ton cinoche » (fam.) arrête ta comédie
« ne nous casse pas les bretelles » (fam.) ne nous embête pas
« purée » (fam.) bon sang !
un môme (fam.) un enfant
une foutue guerre (fam.) une maudite guerre
p. 102
faire le mariole faire l’idiot
« on n’en a rien à glander » (fam.) on n’en a rien à faire
se magner les fesses (fam.) se dépêcher
avoir du bol (fam.) avoir de la chance
un cheval de frise une barrière utilisée par les militaires pour bloquer un accès
un étal table pour exposer la marchandise
un bazar un marché couvert, en persan
une nasse un filet pour attraper le poisson, un piège
p. 103
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une démarche chaloupée une démarche dansante
adipeux gras
roublard (fam.) rusé
p. 104
les Bourgeois de Calais Au XIVème
siècle six bourgeois de la ville de Calais, pour permettre aux autres habitants d’être épargnés, ont été livrés et mis à mort par le roi d’Angleterre.
ourassek je t’en prie, en arabe
p. 105
le brouhaha le bruit de la foule
p. 110
une pitchenette un petit geste de la main
la poêle à frire (fam.) le détecteur de métaux, en forme de poêle
une moukère une femme, en arabe, de l’espagnol mujer
d. Pour approfondir De retour à la maison, Khadija raconte à son mari ce qui s’est passé au marché. Imaginez leur dialogue.
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Affiche de propagande
6. Chapitre 5 (pp. 113-120)
a. Ce qu’il faut avoir compris Que donne Salim à Rachid ? Quelle est la description de l’Algérie faite par Rachid ? Salim approuve-t-il l’attaque de la ferme ?
b. Lexique p. 113
émacié maigre
une kouba un monument funéraire
p. 119
un chassé-croisé un croisement entre des gens qui partent et d’autres qui arrivent
Salim ali koume Jeu de mots sur le prénom Salim et « Assalamu alaykoum », salutation arabe (que la paix soit sur
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toi)
se tirer (fam.) Partir
d. Pour approfondir Lisez la description de l’Algérie par Rachid p.115. Sur le même modèle, décrivez votre pays ou bien un pays que vous aimez particulièrement.
7. Deuxième partie (pp. 123-128)
a. Ce qu’il faut avoir compris A quelle heure est attaquée la ferme, pourquoi ? Pourquoi les rebelles veulent-ils tuer Tayeb, le père de Selim ? Comment Tayeb appelle-t-il les rebelles ? Pourquoi demande-t-il à Selim de partir avec eux ? Que se passe-t-il avec Lakdar ? Comment Tayeb meure-t-il ? Que dit le journal au sujet de la mort de Tayeb ? b. Lexique p. 123
aguerri expérimenté
8) Epilogue (pp. 131-133) a. Ce qu’il faut avoir compris Qui raconte l’histoire ? Que se passe-t-il pour les Algériens et les Français d’Algérie en 1962 ? Que sont devenus Paul et Salim ? Comment s’appelle désormais l’ancien lycée Albertini de Sétif ? b. Culture et civilisation Les Pieds-Noirs Le nom de Pieds-Noirs désigne de manière familière les Français originaires d’Algérie qui y vivaient et qui ont été rapatriés en France en 1962. L’origine de ce nom demeure obscure. Pour certains, le nom fait référence à la coloration des pieds des viticulteurs francais d’Algérie, pour d’autres aux chaussures militaires des soldats colons.
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Le nom « Pieds-noirs » apparaît dans un roman publié en 1954, et ensuite dans les années 60 dans des articles de presse. Il a une connotation négative, il renvoie au dénuement et à la pauvreté des Français ayant tout perdu lors de l’indépendance algérienne. En 1962, malgré les accords d’Evian qui prévoyait le maintien des Français en Algérie, les départs de ces derniers se sont précipités devant la répression dont ils ont fait l’objet, le FLN pratiquant la politique de « la valise ou du cercueil ». Ces Français ou Européens, ainsi que les Harkis algériens qui ont réussi à se sauver, arrivent en France en nombre au cours de l’été 1962. Cette arrivée massive de plus de huit cent mille à un million de personnes selon les sources met la métropole au défi de créer des conditions d’accueil décentes pour ces ressortissants qui pour la plupart d’entre eux, n’y ont jamais mis les pieds. Les Pieds-Noirs sont souvent regroupés dans des camps de transit. Ceux parmi eux ayant de la famille en France sont recueillis, les autres doivent attendre que des possibilités de logement leur soient offertes. Pour les Harkis, au nombre de soixante à quatre-vingt-dix mille selon les sources, l’hébergement dans les camps sera bien plus long. La France mettra beaucoup de temps à régler leur situation. En France, le nom harki est souvent utilisé comme synonyme de « Français musulmans rapatriés » (FMR) à partir de 1962, En Algérie, harki est devenu synonyme de traître et de collaborateur.
VII. Tâche finale
1. Biographie de Salim et de Paul depuis l’attaque de la ferme Barine.
Par groupes de 4 personnes, imaginez ce que Salim et Paul ont fait depuis l’été 1958.
Où ont-ils vécu ? Ont-ils fait des études ? Que sont devenus les membres survivants de leurs familles ?
2. Rencontre entre Salim et Paul.
En 1969 à Sétif, Salim et Paul se rencontrent par hasard au marché de Sétif.
Par groupe de 2 personnes, imaginez ce qu’ils se disent, ce qu’ils font. Décrivez leur rencontre sur une
page et affichez-la. La classe vote pour la meilleure histoire.
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