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7/23/2019 Erotique Malade
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Corps malade et corps érotique
1
7/23/2019 Erotique Malade
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Table des matières
Avant-propos....................................................................................3
1. Clinique de l’enfant..........................................................................9
Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune
enfant.............................................................................................1!
"e eu # $ coucou %.....................................................................13
"e &ourra'e de l’am&ulance.......................................................1(
"es mara&outs............................................................................1)
*i&lio'raphie..............................................................................+!
milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/...........++
*i&lio'raphie..............................................................................3+
"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le
trian'le : p0re-m0re-&é&é...............................................................33
*i&lio'raphie..............................................................................3
volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant
de 11 ans atteint d’une maladie osseuse.......................................
2iscussion...................................................................................(+
*i&lio'raphie..............................................................................(
+. Clinique de l’adulte........................................................................((
"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu
o&servations de maladie rhumato4de/............................................()
5éance du 1+-+-196....................................................................)!
"a séance suivante 1( ours plus tard/.....................................)+
5éance du +3-1+-196..................................................................)6
7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite
hémorra'ique.................................................................................
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remier cas.................................................................................61
2eui0me cas..............................................................................6(
*i&lio'raphie..............................................................................9)
3. ;echnique.......................................................................................96
2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation
en pschosomatique.......................................................................99
*i&lio'raphie............................................................................11!
ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes...........111
. ;héorie.........................................................................................1+
2es processus de somatisation....................................................1+(
*i&lio'raphie............................................................................11
schosomatique et pschanalse...............................................1+
2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e.. .1(!
>ntroduction..............................................................................1(!
"e culte du héros : un m?le-entendu........................................1(+
@t le masochisme ...................................................................1((
Bpoth0ses et conclusion.........................................................1)!
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Avant-propos
Ce volume paraît à un moment où la psychosomatique n’en est
plus à ses débuts. Le terme « psychosomatique » a fait carrire sans
qu’on sache tou!ours si cette dernire est liée à l’ouverture d’un
champ d’investi"ation qui o#re des perspectives encore neuves au$
psychanalystes% ou si elle n’est qu’une manire de penser
con!oncturelle.
La psychosomatique% donc% inau"ure une clinique et une théorie
qui dépassent le champ classique de la psychanalyse des névroses et
conduisent à l’élar"issement de la pratique analytique. L’&nstitut de
'sychosomatique% qui a ouvert ses portes à l’()pital de la 'oterne
des 'eupliers% à 'aris% en *+,-% sous la direction de '. arty% permet
en ce domaine de centraliser une importante e$périence clinique.
Ce volume voudrait souli"ner que la /echerche reste au premier
plan des préoccupations en dépit de ce que l’on pourrait croire%
quant à l’achvement d’une théorie psychosomatique.
0n sait qu’en matire de psychosomatique e$istent de nombreu$
courants cliniques% techniques et théoriques qui vont de la médecine
1dite psychosomatique2 à l’approche psychanalytique des patients
qui sont atteints dans leur inté"rité corporelle en passant par des
pratiques centrées par les « consultations de liaison » dans les
h)pitau$ "énérau$% les "roupes 3alint% la notion de stress% les thses
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Avant-propos
a"ressolo"iques% le behaviourisme% la psycholo"ie e$périmentale% la
neurophysiolo"ie% voire la neurochimie.
4u sein de cette pluralité qui occasionne de vi"oureuses
contradictions% dont certaines vont parfois !usqu’à l’anta"onisme% ce
volume limite son territoire au$ approches psychanalytiques et à
elles seules. 5on par manque d’éclectisme mais parce qu’à
l’intérieur m6me de ce territoire e$istent des controverses
nombreuses dont l’en!eu est asse7 important pour nourrir un débat
public.
&l est peut86tre utile de rappeler% en "uise de préambule% que pour
les psychanalystes% il n’e$iste pas de maladie psychosomatique% pas
plus que de malade psychosomatique. &l y a des maladies physiques
décrites et répertoriées par la médecine% mais il n’est nullement
question de faire sur des critres psychopatholo"iques un
quelconque parta"e entre celles qui seraient plus psychiques et
celles qui le seraient moins.
'sychosomatique est plut)t réservé à la dési"nation d’une
approche des patients% d’une technique psychothérapeutique etd’une théorie% qui cherchent à rendre compte de ce qui se !oue
mentalement pour le su!et qui réa"it au$ événements et au$ con9its
en « tombant malade » ou% comme on dit plus techniquement% en
somatisant. :t ceci quelle que soit la "ravité de la maladie physique
en cause ; il s’a"it tout aussi bien de l’infarctus du myocarde que du
cancer du sein% de l’insu#isance rénale que de l’hyperthyro<die. 0u
pour s’e$primer autrement% on peut dire que l’infarctus du myocarde
n’est pas psychosomatique. C’est l’investi"ation qui est
psychosomatique% dans la mesure où elle cherche à analyser
pourquoi le patient a nécrosé une partie de son muscle cardiaque
plut)t que déclenché une crise de nerfs% une dépression ou un délire.
=s lors que la notion de psychosomatique est ainsi délimitée% il
devient clair que son champ ne peut 6tre envisa"é sans référence au
reste de la psychopatholo"ie. &l est tout à fait impossible
(
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Avant-propos
d’entreprendre une approche psychosomatique qui serait coupée de
l’approche psychanalytique des névroses et des psychoses. =e
nombreu$ travau$% depuis une trentaine d’années% ont
particulirement insisté sur ce qui caractériserait% mentalement% les
patients qui sont les plus vulnérables au$ atteintes somatiques ; ces
derniers seraient moins aptes à réa"ir par des troubles
psychonévrotiques. :t si des structures mentales particulires
peuvent 6tre ainsi dé"a"ées par l’investi"ation psychosomatique%
elles se di#érencient des autres par des détails qui concernent la
qualité du fonctionnement psychique.
ais la nécessité de faire référence au reste de la clinique
psychanalytique apparaît plus évidente encore lorsqu’il s’a"it de
comprendre l’apparition% ou l’évolution% voire la "uérison d’une
maladie somati8que che7 un su!et dont on sent qu’en d’autres
circonstances il réa"it par des sympt)mes névrotiques en épar"nant
alors son corps.
Certains malades sont connus pour réa"ir tant)t par un délire%
tant)t par une maladie somatique. :st psychosomatique l’attitude
qui consiste pour le psychanalyste à considérer que la survenue de la
maladie physique n’est pas seulement le fait d’un processus
biolo"ique étran"er à l’analyse et inanalysable% mais que le
fonctionnement mental et ses impasses sont impliqués dans la
somatisation d’une manire spéci>que qu’il convient !ustement
d’analyser.
=e m6me qu’il n’est plus "ure pensable que le psychanalyste
i"nore tout des psychoses% car il risque d’avoir à en découdre avec
des patients qui un !our commencent à délirer et à halluciner sur le
divan% de m6me% il n’est plus possible% d’ores et dé!à% de faire
l’économie de la clinique% de la théorie et des conséquences
techniques qu’implique la psychosomatique.
'our employer une formule dont on e$cusera le ton un peu
lapidaire% on pourrait dire que s’il n’est pas possi&le d’tre
)
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Avant-propos
pschosomati-cien sans tre pschanalste, il est périlleu d’tre
pschanalste sans tre pschosomaticien.
'eut86tre n’est8il pas inutile de souli"ner qu’il n’y a pas de lutte ni
m6me de concurrence entre la médecine et la psychosomatique pour
s’approprier le champ des maladies du corps. ?ous les patients ont
un fonctionnement mental et un fonctionnement biolo"ique. @ue l’on
puisse avoir accs par l’analyse à une maladie physique% et in9échir
son cours D voire son déclenchement% son évolution% ses crises% ou
sa "uérison D n’équivaut nullement à dénier la vérité des processus
biolo"iques qu’ils soient physiolo"iques ou patholo"iques A tout au
plus sur"issent de temps à autre des controverses entre les deu$
spécialistes sur la méthode à utiliser% hic et nunc, avec tel patient. &l
peut arriver que le médecin et le psychosomaticien ne parviennent
pas à un accord sur la conduite à tenir. ais plus souvent les deu$
traitements peuvent 6tre menés paralllement et de faBon
complémentaire.
Cette complémentarité est possible parce que le médecin
s’attaque avant tout à la maladie en soutenant ou en stimulant les
fonctions biolo"iques de ré"ulation et de défense% tandis que le
psychosomaticien s’intéresse surtout au malade, à son terrain% à ses
modalités habituelles de réaction ou à son « idiosyncrasie ».
La psychosomatique% si elle est parfois critique à l’é"ard de la
pratique médicale% reste tou!ours respectueuse en revanche du « roc
biolo"ique ».
'our ce volume% le Comité de /édaction a choisi de rassembler des te$tes sur le thme ; Corps malade et corps érotique. Ceci a>n
de souli"ner d’entrée de !eu la préoccupation ma!eure de la pratique
psychosomatique ; si du corps malade on a une notion relativement
simple dans une approche descriptive% voire phénoménale% il est
beaucoup plus compliqué d’en donner une dé>nition ou d’en saisir
les caractéristiques en termes psychanalytiques. Le corps malade ne
donne pas tou!ours lieu à un éprouvé douloureu$% ni à une
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Avant-propos
perception psychique claire pour le su!et. 0n peut vivre avec une
insu#isance rénale% avec un cancer peu évolué% avec un diabte% sans
m6me le savoir. 4 l’inverse% le corps peut occasionner de redoutables
sou#rances alors m6me que les lésions sont relativement discrtes%
comme par e$emple dans une arthrose% un 7ona ou une mi"raine. Le
corps malade donc% se manifeste psychiquement de faBon tout à fait
insolite et irré"ulire% il fait sur"ir de faBon e$emplaire la place de la
sub!ectivité en tant qu’elle renvoie au su!et% à sa structure% à son
histoire% et à la désor"anisation ou à l’or"anisation de ses pulsions ;
pulsions se$uelles et pulsions d’auto8conservation d’abord% m6me si
la référence à cette premire théorie de reud sur les pulsions peut
paraître à certains désute% voire inutile% hors du champ de la
psychosomatique. La cécité du su!et ou son inquiétude e$cessive sur
l’état de son corps le conduit à accorder une place inhabituelle à
l’investi"ateur% qu’il soit médecin ou psychanalyste. Car il ne peut
6tre e$clusivement question dans ce cas d’un déchi#rement de
l’inconscient refoulé et représenté. L’arbitraire sub!ectif ici risque
d’alterner entre le non8représenté et le début d’une élaboration
délirante dans le cadre d’une hypocondrie.
Le psychanalyste se trouve parfois dans une position bien
inconfortable car il travaille dans une ré"ion psychique innommée et
inconnue du patient. C’est comme si ce dernier consultait l’analyste
sans pouvoir le reconnaître comme tel. :t ceci ne relve pas d’un de
ces tours de prestidi"itation que l’on doit au refoulement% mais d’une
position topique de l’analyste dont% précisément% il n’y a peut86tre
pas de réplique dans l’inconscient de ce patient.
4 l’opposé des manifestations psychiques si étran"es du corps
malade% on pourrait décider de situer le corps "uéri ou le corps sain.
C’est du moins en ces termes que se ferait un repéra"e médico8
biolo"ique. ais dans une telle perspective% le corps sain ne peut
6tre cerné que par une série de variables mesurables qui évoluent
dans la fourchette de valeurs « normales »% ou plus correctement de
6
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Avant-propos
« valeurs habituelles % ou « statistiquement les plus fréquentes ».
C’est pour cette raison qu’il est médicalement si di#icile% voire
impossible% de donner une dé>nition de la santé ou de la bonne
santé.
=ans cette a#aire% la psychanalyse est peut86tre mieu$ armée que
la médecine ou la biolo"ie. Le corps "uéri pour le psychosomaticien
n’est pas seulement un corps non8malade. &l est m6me des cas où le
corps% indemne de toute a#ection actuellement repérable% est
suspect de ne pas l’6tre quand m6me% ou d’6tre en situation ou en
attente de devenir malade. Cette a#irmation% cette suspicion% ou ce
doute peuvent 6tre formulés lorsque le corps% m6me sans sympt)me
somatique visible% est coupé du fonctionnement psychique. 'lus
précisément lorsque le corps ne s’inscrit nulle part dans la parole du
patient comme corps désirant% ni comme corps éro"ne% ni comme
corps support d’une activité fantasmatique or"anisée par les
théories se$uelles infantiles.
4 l’inverse% le corps peut lé"itimement 6tre supposé sain% ou
mieu$% à l’abri d’une maladie somatique lorsque précisément il se
manifeste dans la parole comme corps érotique% c’est8à8dire lorsque
le corps est représenté psychiquement% comme ima"e du corps%
en"a"ée dans des investissements érotiques D auto et hétéro8
érotiques D impliquant une dialectique qui s’enracine dans la
solidité du narcissisme et la qualité des relations ob!ectales.
:n renonBant au corps "uéri% nous voudrions formuler dans le
thme m6me de ce volume la question de savoir s’il peut e$ister un
autre corps sain que le corps érotique.
Cette question s’avre >nalement cruciale. Le corps érotique
renvoie en e#et à la se$ualité% cette se$ualité tellement malmenée
depuis quelques di7aines d’années. L’interdit qui ré"nait !adis sur la
vie se$uelle a été enfreint par la psychanalyse. 4insi a été révélée
l’importance fondamentale de la se$ualité dans la "ense des
troubles psychonévrotiques. 4lors qu’au!ourd’hui la se$ualité n’est
9
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Avant-propos
plus l’ob!et d’aucun tabou% et que la perversion et la porno"raphie
s’e$hibent sans limite dans notre vie quotidienne% il n’est pas inutile
de !eter un re"ard en arrire sur la se$ualité que visait
l’investi"ation freudienne. Cette se$ualité que révle la psychanalyse
dési"ne avant tout la se$ualité psychique% celle qui se construit à
partir du mystre pour l’enfant de la se$ualité de ses parents% de la
scne primitive% des fantasmes ori"inaires et des théories se$uelles
infantiles. La se$ualité renvoie certes au corps% mais au corps
érotique% au corps du désir% et non au corps physiolo"ique ni au
corps du besoin% fDt8il se$uel. La di#érence est fondamentale à
saisir ; le corps du désir appelle l’ob!et d’amour% le corps du besoin
n’e$i"e que la déchar"e é"ocentrique et aveu"le. Ei le désir fait vivre
beaucoup plus que le plaisir% le besoin% en revanche% est plut)t
destructeur par sa violence et son ur"ence A et le corps or"anique
est moins en dan"er aprs la déchar"e de l’e$citation qu’avant. Le
corps érotique s’oppose donc économiquement au corps or"anique%
et la se$ualité psychique est qualitativement d’une autre espce que
la se$ualité physiolo"ique ou « animale ».
4insi doit8on dé"a"er le parado$e qui veut que la mise sous
tension du corps érotique soit au service de la vie% alors que la mise
sous tension de la se$ualité animale soit plut)t mortifre. C’est de ce
parado$e que dérive la contradiction indiscutable entre l’approche
psychanalytique et l’approche endocrinolo"ique de la se$ualité.
Ei% nombreu$ sont ceu$ qui reprent intuitivement ou
théoriquement cette di#érence% il n’en demeure pas moins dans la
communauté médicale aussi bien que psychanalytique une 7one
obscure sur les relations qui e$istent entre se$ualité psychique et
se$ualité animale% entre corps érotique et corps or"anique.
L’idée asse7 répandue que la premire dériverait de la seconde
dans une succession naturelle liée au processus d’hominisation% est
en fait asse7 discutable.
1!
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Avant-propos
&l n’est nullement évident que la se$ualité psychique soit
l’héritire naturelle de la se$ualité viscérale. &l se pourrait bien
qu’entre instinct et pulsion il n’y ait pas de continuum% mais bien
plut)t hétéro"énéité radicale. Ei la se$ualité viscérale dérive bien de
la maturation et de l’actualisation d’un pro"ramme hérité
"énétiquement% la se$ualité psychique% elle% dériverait plut)t des
relations qu’établit l’enfant avec ses parents au travers d’une
« brume fantasmatique » qui serait déterminante. La di#érence
entre se$ualité viscérale et se$ualité psychique se manifesterait de
faBon e$emplaire dans le calendrier onto"énétique ; les fonctions
"onadiques ne sont activées qu’entre *F et *G ans d’H"e% alors que la
se$ualité psychique lorsqu’elle advient% est en place entre I et G ans%
aussi bien que le corps érotique J
0r% la clinique psychosomatique su""re pourtant que la santé du
corps or"anique n’est pas indépendante de la se$ualité psychique.
Le corps érotique et la se$ualité psychique sont au fondement m6me
du fonctionnement psychique sans lequel le corps somatique n’est
plus proté"é des a#ections or"aniques. Le corps érotique serait donc
nécessaire à la santé du corps somatique J Le premier parado$e en
vertu duquel le corps physiolo"ique et le corps érotique naissent et
se développent à partir de deu$ courants éminemment di#érents se
double d’un second parado$e ; le corps physiolo"ique a besoin du
corps érotique pour ne pas se désor"aniser. Ces remarques
conduisent à l’hypothse que si e$istent des relations entre se$ualité
animale et se$ualité psychique% ces relations ne sont pas dans la
succession naturelle qui va de la se$ualité animale à la se$ualité
psychique. &l n’y a pas davanta"e% en dépit de la chronolo"ie dans
l’ordre de l’onto"énse% de succession de la se$ualité psychique vers
la se$ualité animale. La santé serait plut)t le résultat de la
conver"ence à l’adolescence des deu$ courants !usque8là séparés.
0n retrouve ici la question de Kintrication entre instinct de
11
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Avant-propos
conservation et pulsion se$uelle et de la période cruciale à cet é"ard
de l’adolescence.
0n ne s’étonnera pas de la contradiction entre la position
analytique qui fait tou!ours référence à la se$ualité psychique et à
ses échecs% et la position médicale% reprise par la péda"o"ie scolaire
qui n’envisa"e et n’ensei"ne que la se$ualité animale% viscérale et
endocrinienne% sans mentionner la se$ualité psychique ou le corps
érotique. 0r% cette position médico8péda"o"ique n’est pas sans
conséquence% car elle o#icialise le cliva"e entre corps or"anique et
corps érotique. 'eut86tre m6me contribue8t8elle à désa"ré"er les
deu$ courants fondamentau$ de la se$ualité adulte% et à "6ner
l’intrication pulsionnelle dé!à si di#icile spontanément à
l’adolescence% intrication qui% pour se réaliser% a peut86tre besoin%
précisément% d’ambi"u<té et d’équivoque. 'eut86tre en>n le discours
7ootechnique sur la se$ualité seriné par tous les médecins au nom de
la science ob!ective% favorise8t8il% par la liquidation du mystre% le
déploiement d’une se$ualité désérotisée% qui débouche sur la
se$ualité porno"raphique et bient)t violente.
/este à savoir% quand on i"nore encore autant de choses sur le
processus de l’intrication% comment manier la se$ualité psychique et
approcher le corps érotique de malades somatisants che7 lesquels
précisément l’érotisme est tellement insaisissable et tellement
vulnérable. C’est poser la question de la technique d’analyse d’une
se$ualité qui n’est pas seulement con9ictuelle mais plus souvent
insu#isamment or"anisée.
:t à ce su!et% nous renvoyons le lecteur au$ articles de /.
(er7ber"8'olonieca et de M. de ’N7an sur la technique auprs de
malades hospitalisés dans des Eervices de réanimation% et auprs de
malades s’en"a"eant dans une cure de rela$ation% dont on sait le
"rand intér6t en clinique psychosomatique.
@uant au mouvement qui va de l’absence% ou des aberrations% des
investissements libidinau$ à leur or"anisation dans le corps érotique%
1+
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Avant-propos
c’est un processus redoutablement comple$e qui reste en "rande
partie à élucider% et qui pourtant sous8tend la pratique et
l’orientation m6me de la psychosomatique. Eur ce processus% peu de
travau$ ont à ce !our été publiés et on a beaucoup plus insisté% ce qui
se comprend aisément pour des raisons lo"iques et historiques% sur
le processus inverse% c’est8à8dire celui de la somatisation. 6me si la
psychanalyse s’applique plus à comprendre le comment que le
pourquoi et formule ses interprétations et sa théorie dans l’aprs8
coup% il faut bien reconnaître qu’en en"a"eant des cures avec des
malades somatiques on travaille bel et bien avec une technique qui
suppose un processus analysable de réor"anisation D mentale et
psychosomatique. Ce volume ne fournit pas de réponse "lobale à
cette question% il apporte des embryons de réponse. :t encore
convient8il de souli"ner que ces ébauches soulvent de nombreuses
contradictions.
4ussi ne s’étonnera8t8on pas de remarquer entre les auteurs des
diver"ences qui pourraient passer pour une incohérence. ais ce
!u"ement serait in!uste car% de ce processus évolutif on ne propose
pas encore de théorie e$haustive% mais seulement des hypothses.
0n lira avec intér6t l’article de =. Lheritier8Le 3euf qui situe
remarquablement bien le passa"e clinique du corps malade au corps
érotique che7 un enfant% de m6me que celui de C. Oimeray à propos
d’un nourrisson% et celui de /. =ebray% qui insiste plus que les
précédents sur le travail mené auprs des parents autour de
l’inté"ration érotique du corps d’un enfant malade. L’article de L.
/esare concerne un enfant plus H"é !usqu’à son adolescence. 4. ine
et P. 0badia présentent des cures ou des fra"ments de cures
d’adultes pour soutenir des élaborations théoriques ori"inales% sur le
mouvement qui va du corps malade au corps érotique.
Nn article si"né de . ain est consacré à l’élaboration théorique
d’une série de questions fondamentales sur le fonctionnement
13
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Avant-propos
mental% questions qui sont directement issues de la clinique et de
l’investi"ation psychosomatique.
L’article théorique de '. arty vient% en contrepoint% apporter des
précisions sur les derniers développements de sa conception sur les
processus de somatisation.
4 la suite de cet article% a été placé un te$te de =. 3raunschQei"
qui porte la discussion contradictoire% dans le champ m6me de la
théorie de '. arty% et su""re ainsi que ce volume ne soit pas
compris comme un tout clos% mais comme une invitation à élar"ir le
débat sur la psychosomatique.
C. 2eours
1
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1. Clinique de l’enfant
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie
chez un jeune enfant
ar 2. "’Beureu-"e *euf
Eicolas est amené par ses parents # la consultation pour une
constipation chronique apparue peu apr0s sa naissance. Fn
comportement encopré-sique caractérisé s’est installé depuis l’?'e
de + ans. "’attention de toute la famille est accaparée par ce
smpt=me enfermant l’enfant dans une relation élective, érotisée et
centrée sur la fonction d’élimination, compromettant l’éla&oration
mentale de l’analité. "e pro&l0me du corps malade et du corps
érotique est soulevé au cours de cette o&servation G on sait
l’importance de la phase anale dans la formation de l’ima'e du corps
et dans l’édiHcation des processus mentau.
A partir de quelques séances de pschothérapie, faites
conointement avec la m0re et l’enfant, ’essaierai de montrer le
mouvement qu’on a pu o&server tant dans la relation m0re-enfant
que dans l’or'anisation pschique de ce petit 'arIon. "a 'rossesse,
la naissance et les trou&les précoces du &é&é, auraient réactivé chez
les parents certains éléments de leur névrose infantile. "es questions
relatives au devenir de cet enfant restent pour moi une
interro'ation.
J@K>LJ@ 5AEC@
1)
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
Eicolas est un oli 'arIon de 3 ans 1M+, délicat, les cheveu &londs
et le teint p?le. 2urant la premi0re séance, il reste presque tout le
temps pr0s de sa m0re, son nounours serré dans les &ras. >l ne parle
pas mais écoute, attentif, sa maman me raconter les derni0res
vacances. Nacances enti0rement accaparées par ce qu’elle nomme la
$ constipation % de Eicolas, son refus acharné d’aller au pot, ses
douleurs, le eu avec les selles. ;out ceci est vécu de faIon
dramatique par les parents. @lle me décrit le rituel qui dure depuis
presque + ans : une ou plusieurs fois par our, quand Eicolas va # la
selle ou essaie d’ parvenir, il s’isole dans sa cham&re, &loque la
porte et s’installe la face contre le sol, appué sur les 'enou et les
fesses en l’air. C’est dans cette position &ien particuli0re, poussant,
en sueur, qu’il fait dans sa culotte.
Kme O. tol0re mal le fait qu’il s’isole pour se livrer # son activité G
sans doute perIoit-elle l’auto-érotisme dans la conduite de son Hls et
le désinvestissement dont elle est l’o&et. @lle re'rette que Eicolas
ne fasse pas appel # elle. >l est arrivé que Eicolas accepte la
compa'nie d’une cousine G le p0re a alors tr0s mal réa'i,
pro&a&lement en raison de l’aspect trop ehi&itionniste et seualisé.
Kme O. rit de la réaction de son mari, complice peut-tre du plaisir
de son Hls ou de la petite Hlle.
arfois Eicolas enveloppe ses selles dans du papier et va les
montrer avec Herté # son p0re. 2’autres fois, il essaie de se nettoer
avec ce qu’il trouve sous la main, en met partout, fait ensuite
disparaPtre sa selle, dans le meilleur des cas au toilettes.
Cette conduite encoprésique se caractérise ainsi : Eicolas 'arde
ses selles plusieurs ours, voire une semaine, sou<re ensuite, puis en
laisse sortir un peu, et recommence # retenir. Qn perIoit un dou&le
plaisir : la rétention volontaire et l’ecitation au passa'e des f0ces,
plaisir que l’enfant ne peut se procurer que quand il est seul et qu’il
dose au cours de défécations fractionnées et douloureuses. $ Qn peut
supposer qu’# une sensation douloureuse s’aoute un sentiment de
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
volupté %, souli'ne Rreud dans les ?rois essais sur la théorie de la
se$ualité S1T,
Kme O. est une olie femme, &londe comme son Hls, réservée,
d’air un peu sév0re. Ue suis frappée par son attitude ri'ide et tendue,
toute droite sur le &ord de sa chaise. @lle dit ne pas comprendre ce
qu’on peut attendre d’une pschothérapie, mais que la situation
actuelle étant intena&le, elle veut tout tenter, &ien qu’un essai
antérieur de pschothérapie ait tourné court.
Au cours de cette premi0re séance Eicolas fait quelques pas en
direction des ouets, il demande ce qu’il veut en dési'nant l’o&et du
doi't, émettant des sons, ou en &redouillant : $ &é&é veut Ia %. >l a
un comportement et un lan'a'e tr0s ré'ressifs. "a m0re commente :
$ 7uand il fait le &é&é ainsi, c’est comme s’il ne savait plus parler. %
Eicolas choisit d’em&lée parmi les ouets : un &onhomme, une
ta&le, un lava&o et les ca&inets, reprenant dans ce choi d’o&ets les
paroles mme de sa m0re. 5i e m’occupe de lui en disant, par
eemple, ce qu’il fait, il est calme et intéressé. Kais d0s que sa m0re
me parle, il s’a'ite et devient &ruant. "e vacarme est tel qu’on nepeut plus parler, ce que e lui interpr0te. "a m0re conHrme qu’il fait
ainsi d0s qu’elle converse avec un tiers. 5on mari et elle ne peuvent
amais avoir de conversation en présence de l’enfant. >l sem&le que
la demande, ici l’attention eclusive, la frustration et les con8its ne
puissent s’eprimer que dans l’a'itation et la déchar'e motrice. @lle
est importante et peut passer du simple saut sur place au lancement
de tous les o&ets dans la pi0ce. >l s’a'it d’une $ ecitation non liée
qui dé&orde l’enfant % Rreud/ S+T, 2ans ces cas, Kme O. pense qu’il
est a&solument incontr=la&le et que Ia peut arriver n’importe oV et
dans n’importe quelle circonstance. Chez les encoprésiques, K. Rain
a noté $ cette incapacité de domestiquer les tensions internes dans
des possi&ilités motrices et mentales or'anisées et qui s’échappent #
travers une a'itation motrice % S3T.
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
Race # cette $ constipation % et devant ce comportement de leur
Hls, les parents ont une attitude di<érente consécutive de leurs
propres fantasmes, de leur faIon ori'inale de faire face # leur
an'oisse et en référence avec leur propre névrose infantile.
"e p0re a l’impression qu’il s’a'it d’une rétention, que Eicolas
$ fait epr0s, nous fait marcher... % et que sa femme, par son attitude
tolérante et surprotectrice, l’encoura'e. Kais il cache mal sa peur
qu’il soit malade. >l serait pour la méthode forte : $ tu fais caca,
sinon c’est la fessée. % K. O. s’occupe &eaucoup de son Hls et ceci
depuis la naissance. Kme O. me dira plus tard qu’il contr=lait mme
l’heure des &i&erons, la propreté de ceu-ci, etc. Eicolas est tr0s
attaché # son p0re. K. O. a perdu une sWur, morte # l’?'e d’un an
d’une diarrhée, et sa m0re, quand il avait ans, d’une maladie
di'estive. "ui-mme dans son enfance était suet au diarrhées.
Jeconnaissant tre o&sédé par ce pro&l0me de mati0res fécales, il ne
faisait aucune relation entre ce passé et ses inquiétudes pour son
Hls. 5on attitude autoritaire serait un essai de se rassurer contre ses
an'oisses de mort, sa peur étant que Eicolas fasse une occlusion
intestinale.
our sa part, Kme O. pense qu’il s’a'it d’une constipation et d’une
peur d’évacuer # cause de la douleur. @lle avait eu des pro&l0mes
sem&la&les durant son enfance G elle avait ou&lié cette période mais
sa propre m0re la lui a rappelée. Cette constipation était réapparue
d0s le dé&ut de la 'rossesse. Kme O. se sent responsa&le de la
constipation de son Hls. A cause de cette responsa&ilité qu’elle
s’attri&ue, et sans doute aussi par identiHcation, elle est tolérante et
réprouve la faIon $ autoritaire % d’a'ir de son mari. "es disputes #
ce suet entre les épou étant de plus en plus fréquentes : on était au
&ord de la rupture.
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
Le jeu à « coucou »
Au cours d’une séance quelques semaines puus tard, Eicolas se
met # ouer # la cachette avec moi. 2’a&ord en dissimulant son
visa'e. Ue lui dis : $ coucou %. >l va alors se cacher derri0re unechaise et se montre ensuite en riant. >l est tr0s content que e
m’intéresse # ce eu, mais se met # lancer des o&ets quand sa m0re,
qui ne le re'arde pas, veut parler. Ue dis que Eicolas aime ouer #
$ coucou % et qu’il voudrait que maman oue aussi. "e dé&ut de la
pschothérapie a co4ncidé avec l’entrée di<icile de Eicolas # la
maternelle : il pleure, ne veut pas quitter sa m0re, 'arde ses sucettes
une dans la &ouche, l’autre dans la main/ toute la ournée. Kme O.aoute qu’elle a aussi envie de pleurer, montrant sa 'rande di<iculté
# se séparer de son Hls.
"e eu reprend G lorsque Eicolas se cache derri0re la chaise, pour
réapparaPtre ensuite, e lui dis qu’il part, qu’il revient, reliant ce eu
avec sa crainte et son plaisir en rapport avec le départ et le retour de
maman. Ue pense sans le dire au plaisir et crainte liés # la rétention
et # l’epulsion des selles.Kme O. suit le eu, attentive et étonnée de mes ré8eions.
5oudain, elle s’écrie : $ Kais c’est eactement ce qu’il fait et rép0te #
la maison X Uamais e n’aurais cru qu’un tel eu pourrait avoir un
sens X >l s’est mme fait une cachette dans un placard de la cuisine,
sous le lava&o. Koi, e ne le cherche pas et il reste lon'temps. %
7uand e lui parle de la manipulation de la présence et de
l’a&sence, de la perte et des retrouvailles, dans un tel eu, elle aimmédiatement un mouvement de rapprochement et de rivalité qui
suscite une association avec le con8it qui avait interrompu la
premi0re pschothérapie : $ Ue comprends &ien ce que vous me dites
alors que e ne pouvais pas accepter ce que disait l’autre
pscholo'ue. % "a rupture s’était produite # la suite d’une
interprétation qu’elle aurait faite # l’enfant : $ ;u as peur que
maman te tue comme elle a tué le chat Arselme. %
+!
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
@lle me raconte alors l’histoire de ce chat
2epuis son maria'e, Kme O. a un chat qu’elle aime &eaucoup.
@nceinte, elle a pris l’ha&itude de le &ercer et le chat a continué #
aller sur ses 'enou au 'rand déplaisir de Eicolas qui en était alou.
Arselme avait fait des selles par terre plusieurs fois et s’était ainsi
attiré la col0re du p0re. Fn an auparavant ce chat tom&a malade, on
pense qu’il a été empoisonné. Eicolas se serait-il rendu compte que
le chat était malade ;=t un matin, les parents ont trouvé Eicolas
couché # terre avec Arselme dans ses &ras. Ce qui n’arrivait amais.
"es parents ont conduit leur chat chez le vétérinaire pour tre piqué
sans avertir l’enfant le chat sou<rait de vomissements et diarrhées/.
"a m0re aoute : $ Qn n’a pas epliqué # Eicolas... ’étais si triste...
peut-tre lui a-t-on dit qu’il était mort... >l nous a vu partir avec le
chat dans.une &oPte. Au retour la &oPte était vide. >l n’a posé aucune
question et c’est tout derni0rement qu’il a parlé d’Arselme en
voant un
chat. % Comment Eicolas a-t-il interprété cette sc0ne, qu’a-t-
il ima'iné
A l’écoute de ce récit, Eicolas demande ses sucettes et s’allon'e #
terre position qu’on retrouve encore ici/. >l en met une dans sa
&ouche et tient l’autre serrée dans la main. 2evant son an'oisse, il
a une ré'ression orale avec satisfaction auto-érotique par la sucette.
"a m0re fait face # sa propre an'oisse et # celle de son Hls en lui
donnant un o&et $ calmant % plut=t qu’en le prenant dans ses &ras
ou en lui parlant par eemple. @lle répond sans délai par une
compensation auto-érotique. Ue dis alors # Eicolas qu’il prend ses
sucettes parce que l’on parle du chat et qu’il est triste et inquiet. >l
reprend le eu de cache-cache en remettant sa sucette # sa m0re. >l
oue ensuite # faire disparaPtre et apparaPtre son nounours. >l rép0te,
en u&ilant, le eu dans le miroir. "e eu me sem&le alors une
tentative de maPtriser son an'oisse sur un mode plus or'anisé
pschiquement que la simple déchar'e motrice. Cette variante du
+1
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
$ eu de la &o&ine % ST, lui permet de s’assurer de la permanence de
l’o&et et de la maPtrise qu’il peut eercer. KaPtrise que nous pouvons
relier aussi au pro&l0me de la rétention et de l’epulsion de ses
selles.
"’évocation de la présence et de l’a&sence devait conduire # parler
d’un autre deuil, celui du 'rand-p0re paternel. Eicolas était tr0s
admiratif de son 'rand-p0re, dont il était le petit-Hls préféré, et qui
était le seul # le faire man'er sans di<iculté. A la mort du 'rand-
p0re, Eicolas 16 mois/ a fait une 'astro-entérite sév0re qui a
nécessité une hospitalisation. "es parents ont refusé de le laisser
plus d’une nuit sous o&servation, pensant qu’il était mieu avec eu
dans ce moment di<icile. Au cours de la ournée, Eicolas avait été
conHé # une 'ardienne, durant quelques heures, pour permettre au
parents d’aller # l’enterrement. 7ue s’est-il passé Eicolas a-t-il
réa'i ainsi # la séparation d’avec sa m0re U’aurais plut=t tendance #
croire que cette $ ré'ression somatique % Kart S(T/ a été
provoquée par la tristesse immense qu’il a perIue chez son p0re. Ce
qui indiquerait une faIon presque immédiate chez Eicolas de réa'ir
# l’an'oisse ou au fantasmes/ des parents, comme s’il en était mal
proté'é. Qn peut penser # une déHcience de la fonction $ pare-
ecitation % et # la di<iculté de faire le repli autoérotique et
narcissique su<isant pour éviter la patholo'ie somatique.
*ient=t, Eicolas se mit # faire ses selles ré'uli0rement et dans son
pot. "’atmosph0re familiale se détendit considéra&lement. "a
disparition ce smpt=me a soula'é les parents de leur peur commune
et leur a permis de reprendre un contact a<ectif, &eaucoup plus
détendu, avec leur Hls. Ce 'ain est pour Kme O. tr0s important : au
dé&ut des séances suivantes, elle demande # Eicolas de me dire qu’il
a fait $ trois cacas dans le pot cette semaine %. Eicolas ne répond
amais # cette demande. Au retour de chaque séance, il avait une
selle dont elle me décrit la consistance, l’odeur, etc., non sans
allusion # ses propres pro&l0mes de défécation.
++
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
;oute cette séquence est révélatrice, # travers le eu, d’une
pro&lématique fondamentale : celle de la présence et de l’a&sence.
5elon Yreen : $ l’eécution du eu a permis au fantasme de se
constituer et de se structurer % S)T, le fantasme or'anisant le eu
apr0s coup. "e comportement 'énéral de Eicolas s’est aussi modiHé :
&eaucoup plus calme et coordonné, l’a'itation motrice anarchique,
qui est chez les enfants si'ne du dé&ordement mental et précurseur
du corps malade, a presque compl0tement disparu.
Le bourrage de l’ambulance
Qn est dans le 3e mois de la pschothérapie. Eicolas oue avec
l’am&ulance. 5a m0re raconte qu’il continuait # aller au pot, mais
qu’elle est inqui0te : il n’ est pas allé depuis 3 ours. A ce moment
Eicolas ouvre l’arri0re de l’am&ulance et demande # sa m0re
quelque chose pour mettre # l’intérieur. Celle-ci répond qu’elle n’a
rien. >l s’impatiente. Ue reprend : $ Eicolas veut mettre quelque
chose # l’intérieur de la voiture. Kaman vient de dire que tu fais sur
ton pot, mais pas depuis 3 ours... % Eicolas s’approche : $ ;u me
donnes quelque chose pour mettre dedans la voiture. % Ue déchire un
morceau de serviette de papier. >l le prend, en roule un petit &out
soi'neusement dans sa main, le met # l’intérieur de l’am&ulance et
refait la mme chose usqu’# ce qu’il ait rempli compl0tement
l’intérieur de la voiture.
"a m0re a alors une vive réaction : $ Rais attention X ;u en mets
trop. ;u ne pourras plus les sortir X % U’interviens : $ Eicolas montre
# maman et # moi ce qui se passe avec son caca. % Kme O. est fort
étonnée de la relation faite entre le eu et la rétention des selles.
*eaucoup plus, sem&le-t-il, que Eicolas qui me re'arde de son air
coquin. >l enl0ve alors la &oule qui $ &ouche le trou %, me la donne
triomphant, comme il le faisait autrefois avec ses selles remises au
p0re, puis enl0ve les autres facilement. >l me laisse cette &oule tandis
qu’il continue son eu. Ue lui dis simplement : $ parti D revenu G
+3
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
dedans D dehors %, tentant d’introduire apr0s la présence-a&sence,
le dedans-dehors. Qn peut penser que si l’encoprésie est liée # des
pro&l0mes de perte il 'arde aussi une sucette en réserve/, elle
traduit aussi un sentiment d’incertitude quant au limites du corps.
A la Hn de la séance il ne me réclame pas, comme il le fait
ha&ituellement avec insistance, d’emporter un ouet # la maison.
Kme O. se montre plus souple que e ne l’avais cru lors des
premi0res séances. @lle est dans sa relation transférentielle avec moi
capa&le d’identiHcation, elle tire proHt de ses séances et le reconnaPt
volontiers. @lle peut avoir des réactions spontanées, comprendre ce
qui se passe, elle est plus détendue.
Fn our que Eicolas essuie avec vi'ueur les fesses de son ourson
apr0s un caca, elle dit en riant : $ >l fait eactement comme moi X %
ar son rire, sa connivence avec son Hls, la m0re reconnaPt ce 'este
au niveau du corps érotique et non seulement comme un soin
opérationnel c’est ce dernier qui domine quand il s’a'it du corps
malade/. Ba&ituellement, par ce dou&le investissement du corps
entier de son enfant, la m0re favorise les propres investissementsli&idinau de l’enfant sur ses fonctions corporelles, ceci sur le mode
de $ l’étaa'e % tel que décrit par Rreud S1T.
5i une telle relation thérapeutique et transférentielle ne peut
apporter de modiHcations profondes au niveau de sa propre névrose
infantile, peut-on penser qu’# travers cette relation avec moi et avec
moi m’occupantZ de son enfant, et qu’avec la levée du smpt=me,
elle a pu réintérioriser certains con8its qui avaient été réactivés vraisem&la&lement au moment de la 'rossesse et plus encore au
moment de la naissance de l’enfant Ces con8its avaient alors
trouvé une issue dans ses propres trou&les somatiques constipation/
et ensuite une voie d’etériorisation # la faveur du trou&le de
l’enfant. Fne telle modiHcation est importante mais limitée. Fn
chan'ement profond, si la m0re en e[t eprimé le désir, n’aurait pu
tre apporté ultérieurement que par une pschanalse.
+
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
Les marabouts
Eicolas s’est mis # dessiner, il a fait son premier &onhomme
devant moi. >l m’apporte des dessins qu’il fait chez lui pour moi,
montrant ainsi une continuité pschique dans sa relation avec moi.Ce our-l#, il me tend un dessin tout noir, disant que ce sont des
a&eilles. >l aoute : $ les a&eilles volent %, refoulant alors les a&eilles
piquent. >l laisse alors ses dessins et écoute sa m0re me raconter une
visite chez une amie # l’occasion de la naissance d’un &é&é, et au
cours de laquelle il s’était montré a'ressif puis tr0s ré'ressif.
"orsque e relie son attitude # celle du &é&é, et du &é&é qu’il veut
rester pour maman, Eicolas dit : $ le &é&é n’a pas de cham&re %, eteprime un fantasme : il aura un &é&é # la maison, qui prendrait sa
cham&re pour lui $ voler % sa place. Cette nuit-l# il avait fait pipi au
lit G il avait rvé qu’il faisait pipi et ne pouvait réussir, mal'ré ses
e<orts, # sortir du lit.
Alors Eicolas me raconte une 'rande peur qui l’empche de
s’endormir le soir : la peur des mara&outs. Kme O. me conHrme
cette peur, mais croait qu’elle ne concernait que les mara&outs deson livre d’ima'es ou ceu de cauchemars récents. Eicolas
m’eplique que les mara&outs sont tout noirs. U’aoute : $ comme les
a&eilles de ton dessin % D $ Qui, dit-il, ils sont tr0s 'ros, tout noirs
et méchants G avec de 'rosses ai'uilles au &out des doi'ts, qui
piquent. % >ls sont cachés derri0re les tentures de sa cham&re G il
en a deu dans le corridor, d’autres dans la salle de &ain. $ >ls
piquent le visa'e, quand Eicolas fait pipi, et l’épon'e avec laquellemaman lave le culcul. % >l aoute : $ apa est plus fort que les
mara&outs, il va les tuer. "es mara&outs ne sont pas contents. apa
va les mettre dans le trou de la salle de &ain, pas dans celui du
ca&inet. %
Ue ne fais pas d’interprétation. Kais e pense alors au inections
intramusculaires que lui avait faites son p0re autrefois. 2ans l’apr0s-
coup, la perception par l’enfant de l’érotisation des inections ne sera
+(
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
vraisem&la&lement pas sans retom&ée sur son homoseualité. Ue
pense aussi au chat que sa m0re &erIait comme lui et qui a été piqué
par le vétérinaire apr0s avoir déféqué sur le sol.
"a constitution de cette pho&ie avec déplacement de son an'oisse
de castration sur les mara&outs remet, actuellement, les con8its
dans des voies pschiques.
Qn peut se poser la question du contenu des pho&ies, pourquoi les
mara&outs Eicolas n’en a vu qu’une seule fois au zoo et n’a pas eu
alors de réaction. lus tard, il m’apportait son livre d’ima'e avec des
mara&outs. Qn pense, &ien entendu, au lon' cou du mara&out, ima'e
phallique et aussi # la ressem&lance avec les ci'o'nes, ima'e
maternelle. Ue ne le sais pas G c’est son histoire # faire.
arlant des mara&outs, la m0re évoque un 'rand noir africain qui
fréquentait la &outique de ses parents et qui se disait $ mara&out %.
Celui-ci a fait l’o&et de conversations avec son &eau-p0re uif
é'ptien, tr0s attaché # toutes les traditions. U’apprends # cette
occasion que K. O. s’était &rouillé avec son p0re parce qu’il avait
refusé de faire circoncire Eicolas. "e compromis aant été unecirconcision médicale dans une clinique, qui a été tr0s an'oissante
pour les deu parents, inquiets qu’elle puisse révéler plus tard ses
ori'ines. >ls sont dans la crainte de l’antisémitisme, d’une autre
'uerre, des camps de concentration. C’est depuis peu que K. O. peut
dire qu’il est uif et s’intéresser # ses ori'ines. "a m0re précise son
inquiétude personnelle : celle que son Hls ait un $ \i\i % di<érent des
autres, c’est-#-dire des enfants de ses soeurs, sous-entendant de son
propre p0re. Qn voit l’an'oisse de castration des deu parents
déplacée, # leur faIon, sur le pro&l0me de circoncision.
2epuis quelque temps Eicolas préf0re parler plut=t que de ouer.
>l met alors sa chaise tout contre la mienne et me nommant il dit :
$ Kadame "e *euf, on va parler %, nous isolant alors de sa m0re. >l
me raconte alors ses activités ou des histoires. >l est tr0s Her parce
+)
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
qu’il va sur le 'rand ca&inet comme papa. 5a m0re me dit qu’il
n’attache de pri qu’# ce que dit son p0re.
"e p0re de Kme O. vient de mourir. @lle parle peu de ses
sentiments mais les eprime en disant qu’elle n’a plus envie de
présenter sa th0se de doctorat en sociolo'ie. 5on p0re était le seul #
s’intéresser # $ sa th0se et # son Hls %. 5a relation avec Eicolas reste
&onne. Celui-ci n’a pas ré'ressé durant ce moment péni&le. >l a
instauré un nouveau eu : faire un petit trou et un 'rand trou avec la
&ouche.
"es peurs furent passa'0res au cours de cette pschothérapie qui
se poursuivit durant une année avec la m0re et l’enfant, et par
conséquent sans le p0re. Ue n’ai pas interprété le transfert paternel
&ien que la situation thérapeutique fut sans cesse char'ée d’a<ects
et de représentation sur les relations entre le p0re, la m0re et
l’enfant. Kon travail fut moins d’interpréter que d’accompa'ner, de
saisir et de faire des liaisons au cours de ce processus thérapeutique.
Ce cas nous fait constater la 'rande la&ilité entre le trou&le
somatique et le trou&le névrotique chez ce eune enfant. "esa<ections somatiques sont certaines, nom&reuses mais &éni'nes :
eczéma, disparu avec l’apparition de l’encoprésie, otites,
constipation. Fne constipation qui fut tr0s précoce et, selon le 2r
]reislerS3T, il est rare qu’un enfant nourri au sein soit constipé. Cette
constipation a pris # l’?'e de + ans un caract0re d’encopré-sie.
U’aurais tendance # penser que Ia se passe ici davanta'e dans des
voies mentales, c’est-#-dire que cette activité érotique anale n’est
pas uniquement un comportement, un a'i, mais est sous-tendue par
des fantasmes. Ue pense alors # la position particuli0re des fesses en
l’air que e ne peu interpréter.
Qn peut penser # un plaisir plus retenu et senti d’une défécation
dans une telle position, # un fantasme de pénis anal, # une
pénétration par l’anus, # un sentiment mé'alomaniaque de vaincre la
loi phsiolo'ique. Qn peut évoquer la position des inections, celle
+
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
d’une sc0ne primitive, ou la prostration mahométane qui, comme les
mara&outs ferait partie des traces mnésiques des parents.
Ce cas nous am0ne aussi # considérer comment un trou&le #
epression somatique, ici une constipation, peut avoir une
importance primordiale dans la relation qu’auront le p0re et la m0re
avec leur &é&é. Ceci étant lié # leur névrose infantile, oV les
pro&l0mes de l’analité étaient au premier plan. @t de ce point de vue
Eicolas a été, si l’on peut dire, particuli0rement '?té.
Kme O. qui avait eu, comme son Hls, une période de 'rande
constipation étant enfant s’est retrouvée enceinte avec ce mme
pro&l0me. "a 'rossesse et la naissance d’un enfant sont venues
réveiller chez la eune femme des éléments de sa névrose infantile.
@t c’est dans ce sens qu’elle a été si sensi&le # ce trou&le chez son
&é&é, somme toute assez &anal. 5on inquiétude d’a&ord au suet de
sa propre constipation la renvoant # ses fantasmes infantiles liés #
l’érotisme anal et s’insérant dans la chaPne associative inconsciente :
f0ces D enfant D pénis. Autour de la naissance de son Hls il a une
réactivation de son con8it Wdipien et de sa culpa&ilité en rapport
avec la rivalité avec sa m0re : son Hls est le premier petit m?le de la
famille, sa m0re aant eu cinq Hlles. @t enHn, la maman a &ien
reconnu, dans la conduite encoprésique de son Hls, tout le plaisir lié
# la rétention et # l’epulsion mais qui, # cause de la valeur
sm&olique des f0ces, la ram0ne # l’an'oisse de castration. C’est
donc avec cette réactivation de sa névrose infantile, son an'oisse,
ses fantasmes inconscients que la maman donne naissance # son
&é&é et doit pourvoir # ses &esoins d’tre humain G avec ses carences
mais aussi avec la richesse de sa propre vie fantasmatique, et aidée
par son intuition maternelle.
Jappelons que de son c=té, K. O. avait perdu une petite sWur
d’un trou&le intestinal, et sa m0re morte quand il avait ans d’une
maladie di'estive, quelques mois apr0s avoir donné naissance # un
Hls. 5on attitude autoritaire cache mal son an'oisse de mort en
+6
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
partie liée autour de ces événements dramatiques de sa petite
enfance. An'oisse qui se traduit dramatiquement au moment oV il
est question de faire circoncire son Hls.
Qn comprend mieu alors le surinvestissement des deu parents
et la surchar'e li&idinale apportée sur la fonction anale de leur
enfant. 2e son c=té, par son eu de maPtrise, l’enfant 'arde le &esoin
de déféquer touours présent, il érotise la retenue et le eu de $ va-et-
vient % des selles. arcours # contre-courant de l’étaa'e de la
pulsion seuelle sur une fonction corporelle. "a fonction serait alors
$ pervertie % par la seualité ST et cesserait d’tre auto-érotique : un
sst0me de relation complee avec les parents se noue.
>l convient de discuter de ce comportement anal contre-nature.
2ans leur discussion au suet de l’encoprésie, Rain et 5oulé ont mis
l’accent sur cet aspect de perversion ou de préforme d’acte pervers
qu’il ne faut pas né'li'er.
Rain souli'ne que $ l’érotisme anal partiel et antiphsiolo'ique est
surinvesti alors au détriment d’un érotisme total et phsiolo'ique %,
l’accent étant mis chez ces enfants sur le contr=le et l’aména'ementde la relation perverse plut=t que sur l’érotisme total S3T.
C’est l’éla&oration ultérieure qui constitue l’élément essentiel,
souli'ne Rreud dans les ?rois essais S1T, eut-on penser que cet auto-
érotisme anal antiphsiolo'ique et soumis au eu des pulsions
partielles se $ Hera % sans se déseualiser poursuivant une
évolution autonome, ou au contraire que la pré'énitalité s’articulera
avec une seualité su&ordonnée au primat du 'énital apr0s lesrefoulements et les su&limations de la période de latence. Alors
prendra place le corps érotique, di<érencié et seué.
7uel est le poids de cette perversion inscrite par rapport # la
sm&olisation, car il me sem&le qu’il avait modiHcation, # travers
cette sm&olisation de l’a'ir et du faire "e poids des Hations et
des ré'ressions anales sera sans doute important, mais sa capacité
d’instaurer une pho&ie rév0le une évolution essentielle : la possi&ilité
+9
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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant
d’eprimer et de résoudre les con8its par des voies pschiques dans
une pro&lématique oV le con8it Wdipien et l’an'oisse de castration
sont présents. @lle s’inscrit dans $ l’en-deI# % de la seualité
Wdipienne "e&ovici S6T/.
Cette discussion reste ouverte : apr0s les remaniements ultérieurs
apportés par le complee d’^dipe, la formation du surmoi et la
période de latence, l’intériorisation et la rééla&oration $ apr0s coup %
de la con8ictua-lité constituera alors son or'anisation pschique
ori'inale.
ibliograp!ie
S1T Rreud 5. D ?rois essais sur la théorie de la se$ualité% 19!(.
Yallimard, aris, coll. $ >dées %, 19)+.
S+T Rreud 5. D &nhibition% sympt)me et an"oisse% 19+), aris,
.F.R., 19)(.
S3 ]reisler "., Rain K., 5o[le K. D L’enfant et son corps. .F.R.,
aris, 19.
ST Rreud 5. D Au-del# du principe de plaisir, in ; :ssais de
psychanalyse% 19+!. aot, aris, (-(, 19(1.
S(T Kart . D Les mouvements individuels de vie et de mort% ;.
1, aot, aris, 19) G L’ordre psychosomatique% ;. +, aot, 196!.
S)T Yreen A. D Jépétition, 2i<érence, Jéplication. /ev. r.
'sychanal., )1-(!1,
19!.
ST Rain K., *raunsch_ei' 2. D &ntervention sur la
communication d’4#ect A. Yreen/, J.R.., tome >N, 11(-63, 19!.
S6T "e&ovici 5. D Japport du OOO>O` Con'r0s des
schanalstes de lan'ue franIaise, aris 199, .F.R., /ev. r.
'sychanal.% 196!.
3!
7/23/2019 Erotique Malade
http://slidepdf.com/reader/full/erotique-malade 31/226
Émilie (psychothérapie d’un nourrisson atteint
d’eczéma
par C. imera
Caresse7 un cercle% il devient vicieu$.
Jamond 7ueneau
C’est # partir de la pschothérapie d’@milie, qui depuis l’?'e de +
mois sou<rait d’eczéma atopique, que se sont particuli0rement
imposés # moi les avatars du passa'e de l’érotisme au corps malade.
@milie avait 1 mois lorsque sa m0re a accepté unepschothérapie, devant l’échec des multiples thérapeutiques
entreprises usqu’alors. 5on mari avait lui aussi Hni par s’ rési'ner.
Ue savais de lui qu’il eerIait un métier # hautes responsa&ilités,
'érant en quelque sorte des vies humaines par électronique
interposée, et qu’il était hostile au traitement. C’est sa m0re qui
m’am0ne @milie, ecusant son mari qui ne peut se li&érer.
U’ai devant moi une femme épuisée, déprimée, qui lutte contre leslarmes, cherche # faire &onne H'ure G elle porte @milie qui ne
marche pas encore seule.
C’est une enfant qui sem&le ro&uste, emmitou8ée dans une
com&inaison d’oV dépassent le visa'e et les mains. ;out ce qu’on
aperIoit de peau est a&Pmé par la maladie, le visa'e est &oursou8é,
on n’en voit pas les traits G le tour de la &ouche, du nez, les oues
sont une plaie vive.
31
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
@milie est assise sur les 'enou de sa m0re G e pose sur une
petite ta&le &asse # c=té une &oPte de ouets en l’invitant # les
re'arder, # les prendre. @lle me re'arde et me sourit sans &ou'er, sa
m0re essaie de la poser # terre en l’ehortant # re'arder les ouets G
@milie résiste, Kme *. me dit que $ c’est touours ainsi, elle a des tas
de ouets mais ne sait pas ouer %, elle ne veut que rester
cramponnée # elle G elle n’en peut plus.
@lle se met alors # pleurer en me disant qu’elle se fait &eaucoup
de reproches parce qu’elle a touours refusé cette enfant. @lle avait
dé# eu trois Hlles lorsqu’elle s’est retrouvée enceinte, elle ne voulait
pas de cette 'rossesse, mais a espéré donner enHn un 'arIon # son
mari. Kais cette fois, elle a particuli0rement mal supporté de voir
son corps déformé, de se comparer au autres femmes sur la pla'e,
son mari la trouvait a&surde, elle ne pouvait en parler # personne et
a vécu un supplice, dont elle ne voait pas la Hn.
"’accouchement a été tr0s péni&le, et la naissance, pour Hnir,
d’une quatri0me Hlle a terminé de la plon'er dans une dépression
telle qu’elle pleurait toute la ournée, elle était am0re, en voulait # ce
&é&é et s’ est peu intéressée. 2e plus @milie était laide, pleurait
tout le temps. Ce dont Kme *. se souvient le plus, c’est de sa
solitude morale # ce moment de sa vie. Fn a&Pme d’incompréhension
la séparait de sa famille, encore plus que d’ha&itude G elle se
reproche d’avoir alors né'li'é @milie, de n’avoir pas fait l’e<ort de
l’allaiter, mais elle était trop fati'uée, n’avait pas de lait, et n’en
avait d’ailleurs pas la moindre envie. 2e ces premi0res semaines de
la vie d’@milie, c’est tout ce dont elle peut se souvenir, de son
impression que c’était pour elle-mme une période noire.
A l’?'e de + mois, le lendemain du our oV l’on a installé @milie
dans un nouveau lit, l’eczéma a démarré, d’em&lée intense et re&elle
au traitements. 2e our comme de nuit, il a fallu s’occuper d’@milie
qui pleurait, la &ercer, la calmer, la prendre, tenter de l’apaiser et
surtout l’empcher de se 'ratter, ce qui la fait sai'ner et surinfecte
3+
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
les plaies. etit # petit la vie de toute la famille a tourné autour de la
maladie d’@milie, elle-mme n’a pas connu de répit depuis un an.
@lle est totalement esclave. "a nuit, son mari et elle se relaient et
pratiquement chaque nuit, @milie prend la place de l’un d’entre eu
dans le lit conu'al, l’autre va dormir au salon, tous sont Hnalement
épuisés.
@milie n’a amais sucé son pouce, ou ses doi'ts, ou une couche.
Uamais elle n’a eu d’animal en peluche. Au dé&ut parce qu’elle était
trop petite, ensuite pour la proté'er des aller'0nes. 5a m0re lui a
souvent donné son &i&eron # mme le lit, le calant sur des oreillers
d0s qu’elle a pu le tenir, pour lui permettre de s’endormir aussit=t
apr0s et la maintenir au calme en se reposant elle-mme.
7uant # l’apprentissa'e de la propreté, Kme *. n’a pas pensé # la
mettre sur le pot car elle se 'ratterait, elle l’a mme chan'ée
&eaucoup moins que ses autres enfants $ pour éviter l’irritation %.
@lle trouve le calme lorsque @milie, épuisée par ses nuits,
s’endort, dans la matinée et souvent l’apr0s-midi.
Kme *. ne se risque que tr0s peu # la conHer # des emploées&ien que les quelques fois oV cela arrive, cela se passe tr0s &ien G
@milie n’est pas $ sauva'e %, mais Kme *. n’est pas tranquille, elle
craint qu’elle ne se 'ratte.
endant que Kme *. me raconte tout cela d’une traite, comme on
se soula'e d’un fardeau trop lourd, @milie a Hni par se laisser 'lisser
# terre et re'arde les ouets. ;out en écoutant sa m0re, e ver&alise
les a'issements d’@milie, lui nomme les ouets qu’elle sort. @milie mesourit, émet des slla&es incompréhensi&les. Kme *. me dit qu’elle
ne parle pas, qu’elle n’essaie mme pas, mais qu’elle comprend tout
et sait se faire comprendre, surtout lorsqu’elle veut quelque chose.
"’attitude 'lo&ale de Kme *. est celle d’une petite Hlle prise en
défaut et qui veut se corri'er. endant la séance, elle calque ses
réactions envers @milie sur les miennes. @lle constate : $ A la maison
@milie ne reste amais tranquille comme Ia # ouer %, et e réponds
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
qu’# la maison elle-mme ne s’accorde pro&a&lement pas le répit
d’tre un peu tranquille # propos d’@milie et le droit de penser # elle.
Noil# qu’@milie se met # se frotter les eu de ses poin's fermés.
5a m0re &ondit alors, la prend au &ras, lui écarte les mains du
visa'e, @milie résiste et pleure. 5a m0re me dit que Ia veut dire
qu’elle a sommeil, quand elle commence # se 'ratter les eu.
C’est d’ailleurs la Hn de la séance, @milie est rha&illée en un tour
de main, cette activité qui crée une diversion l’apaise usqu’au
départ.
"a semaine suivante, d0s la salle d’attente, Kme *. m’annonce la
'rande nouvelle : @milie marche seule. @lle lui tient le doi't pour la'uider dans le couloir de l’h=pital, elles sem&lent aussi H0res l’une
que l’autre. @milie s’asseoit devant les ouets en me faisant des
sourires et Kme *., comme elle le fera # chaque séance, va
commencer par me raconter les mauvaises nuits qu’@milie leur a fait
passer, puis demande # @milie de lui montrer les ouets. @milie lui
tend, puis # moi, une petite poupée de chi<on, au cheveu de laine
rou'e qui sera son ouet d’élection, qu’elle cherchera touours enpremier, mais ne tentera amais d’emporter. Apr0s quoi, Kme *. se
tait quelques minutes et sur mon incitation # continuer # me parler,
comme la semaine précédente, de ce qu’elle voulait, elle me dit que
cela fait lon'temps qu’elle pense avoir &esoin d’une pschothérapie
pour elle, et qu’elle sent &ien qu’elle a des pro&l0mes depuis
touours.
5ans entrer dans le détail, e dirai seulement qu’elle évoque unerelation di<icile et lointaine avec une m0re touours préoccupée
d’elle-mme, et dont elle ne s’est amais sentie aimée, une rivalité
encore actuelle avec une sWur aPnée plus &rillante, plus conforme
au crit0res maternels. 2e son p0re elle était tr0s proche, mais lui
n’avait aucun presti'e # ses eu.
5on discours, aussi &ien dans sa forme que dans son contenu, est
en retrait par rapport # l’intensité émotionnelle et ver&ale qu’elle
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
avait manifestée # la séance précédente. @lle m’apparaPt mieu
défendue sur un mode pho&ique.
C’est ainsi que vont se poursuivre les séances oV Kme *. va
utiliser la possi&ilité qui lui est o<erte de faire sa propre
pschothérapie 'r?ce # @milie G @milie pendant ce temps ouant
aupr0s de nous, tandis que e suis attentive # l’une et # l’autre, que e
commente pour @milie ses eu, ses a<ects, ses acquisitions, la
mani0re dont elle retrouve sa poupée préférée D e lui souli'ne
qu’elle est rou'e comme elle quand elle est malade D son humeur du
our et du moment.
5a m0re l’ha&ille avec plus de coquetterie, sa peau sem&le moins
irritée mais Kme *. se plaint a&ondamment des nuits, touours aussi
épouvanta&les et épuisantes. Autant elle se plaint d’@milie,
eprimant # son é'ard ver&alement une easpération et un reet
eplicites et conscients, autant elle cherche # contenir la violence
phsique qui la su&mer'e parfois # son é'ard pendant la séance,
essentiellement lorsqu’elle tente de la maintenir et de l’empcher de
se 'ratter.
@lle insiste sur le fait qu’elle vient pour @milie, et qu’elle ne le
ferait pas pour elle toute seule, mal'ré le &énéHce qu’elle en retire
pour elle-mme, il lui arrive cependant de venir parfois seule,
ustiHant l’a&sence d’@milie par le fait qu’elle dormait. Ces ours-l#,
elle se dira plus calme, soula'ée. Cependant, la plupart du temps, e
suis frappée de ce que la présence d’@milie, lorsque Kme *. parle
d’elle-mme, ne la 'ne aucunement G spontanément, sa m0re ne
sem&le pas voir com&ien @milie la re'arde, par eemple lorsqu’elle
pleure, et ne sem&le pas ima'iner que sa Hlle puisse tre suscepti&le
de comprendre, sinon le contenu, du moins l’a<ect de ce qui est
évoqué. U’essaie alors de ver&aliser ce qui peut se passer dans la tte
d’@milie, ne serait-ce qu’en disant : $ 7u’est-ce qu’elle a, maman, de
la peine % ou $ elle est contente % ou $ elle est f?chée %/.
3(
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
Ainsi se déploient simultanément une relation pschothérapique
entre Kme *. et moi, une relation entre @milie et moi, et une relation
sur un mode nouveau de découverte m0re-Hlle.
Ue terminerai cette présentation clinique par deu séances
particuli0rement éloquentes :
@milie arrive de mauvaise humeur. @lle refuse de dire &onour, ce
que sa m0re lui demande de faire, elle se détourne, 'ro'ne, se frotte
les eu. 5a m0re me dit qu’elle est tr0s enrhumée, qu’elle a passé
une mauvaise nuit, qu’elle dormait dans la voiture et s’est mal
réveillée. @lle a fait $ le cirque % toute la nuit. Qn la couche le plus
tard possi&le pour qu’elle soit &ien fati'uée, parce qu’elle tom&e de
sommeil vers 19 h et que si elle dormait alors, elle se réveillerait
pro&a&lement compl0tement vers 1 h du matin. 2e plus, son p0re
rentre tard, il veut la voir avant qu’on la couche, c’est lui qui la
couche apr0s avoir oué ensem&le, mais elle est si ecitée qu’elle ne
peut pas s’endormir avant +3 h ou minuit. @lle dort ensuite usqu’au
prochaines déman'eaisons.
@milie, qui était assise sur les 'enou de sa m0re et me re'ardait,se laisse 'lisser # terre, se met # re'arder les ouets, sort la poupée,
la pose par terre, sort une petite voiture. 5a m0re me raconte sa
préoccupation d’avoir # chan'er de femme de ména'e.
"e nez d’@milie coule, il est manifeste que cela la 'ne G elle
essaie de s’essuer, n’ parvient pas, s’ reprend # plusieurs fois, son
nez coule de plus en plus fort, elle 'ro'ne, et e lui dis $ tu essaies de
te moucher, @milie %. 5a m0re alors la re'arde, cherche unmouchoir qu’elle ne trouve pas, s’ecuse d’avoir # me demander un
\leene. @milie, le nez propre, marche le lon' du divan en laissant
traPner son &ras dessus. @lle s’arrte au niveau d’un morceau de toile
cirée qui le recouvre en partie, pose sa oue dessus, reste tranquille
ainsi quelques instants les eu mi-clos, puis cherche # 'rimper sur
le divan et n’ arrive pas. Ue lui demande : $ ;u veu monter % et
aussit=t, sa m0re va l’aider en disant : $ @lle n’ restera pas. % @n
3)
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
e<et, @milie redescend quelques instants apr0s, 'ro'nant, veut
monter sur les 'enou de sa m0re qui la reprend. @milie &lottit son
visa'e contre l’épaule de sa m0re qui me dit : $ Nous voez, c’est
parce que ’ai une veste de t_eed, Ia la 'ratte, elle adore Ia X
D @t aussi se faire c?liner
D Qh non X C’est pour se 'ratter, e la connais, arrte, @milie...
D @n tout cas, Ia lui fait plaisir...
D "e plaisir, Ia, si on la laissait faire...
D Qui ...
D @lle se 'ratterait usqu’au san', vous ne pouvez pas savoir, et
elle est comme en etase, c’est... insupporta&le...
D ... ourquoi
D arce que Ia s’infecte, apr0s elle recommence et on n’en sort
plus... et moi e supporte pas, ’ai touours eu horreur du san'...
b ...
D 2’ailleurs heureusement, ’ai eu mes r0'les # 19 ans
seulement, Ia a commencé par m’arran'er, apr0s ’ai Hni parm’inquiéter de ne pas les avoir, ’avais peur de ne pas tre
normale... %
Ue lui montre alors le lien qu’elle fait entre le san', les r0'les,
l’inquiétude de ne pas tre normale et sa peur du plaisir qu’@milie
éprouve # se 'ratter et qu’elle ne supporte pas.
Kme *. me répond : $ a n’a rien # voir, c’est pour que Ia ne
s’infecte pas, c’est tout. % C’est l’heure de la Hn de la séance."a semaine suivante, @milie est amenée par ses deu parents.
Kme *. paraPt tr0s heureuse de me présenter son mari, qui porte
@milie, en me disant : $ Auourd’hui, il a pu se li&érer et c’est lui qui
nous accompa'ne. %
K. *. me dit &onour, il entre dans le &ureau # la suite de sa
femme qui s’assoit # sa place ha&ituelle. K. *. re'arde autour de lui,
3
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
un sourire un peu narquois au l0vres, et me dit : $ Ue dois vous dire,
la pscholo'ie, c’est pas mon raon. % >l s’asseoit de c=té, sur la
chaise qui fait face # la ta&le, oV il uche @milie de&out. Celle-ci est
tr0s ecitée, tr0s oeuse, pousse des cris, e lui dis : $ ;u es
dr=lement contente que ton papa soit l#. % 5on p0re lui dit $ allez,
saute X % @milie se laisse tom&er dans le vide devant la ta&le, sans la
moindre appréhension, sans non plus prendre d’élan, ni choisir de
point de chute autre que ce qui est devant elle et oV son p0re n’est
pas car lui-mme doit s’avancer pour la recevoir. ;out se déroule en
fait comme si @milie s’en remettait # lui pour faire ce qu’il fallait, ce
qui se produit. "e eu recommence # plusieurs reprises.
Kme *. me dit : $ Ah X il n’ en a que pour son p0re quand il est
l#, c’est touours comme Ia, d0s qu’il ouvre la porte le soir, elle se
précipite et c’est pareil, elle l’accapare, et ils ne font plus attention
au autres X % @n e<et, @milie et son p0re ne nous ettent pas un
re'ard, ils sont 'ais et &ruants. Ue demande comment les autres
Hlles supportent que leur p0re ne s’occupe que d’@milie. $ Qh X dit
Kme *., elles sont contentes, elles adorent leur petite sWur et puis
pendant ce temps elle ne les em&te pas... c’est parce qu’elle est
malade... %
K. *. sem&le ne pas entendre ce qui se dit. Eous nous taisons.
Apr0s un moment, K. *. dit # @milie $ allez, c’est Hni % et il l’asseoit
sur la ta&le G mais @milie n’est pas prte # a&andonner, il la prend
alors sur ses 'enou, puis la pose # terre G @milie lui tapote les
am&es, les 'enou qui sont # sa hauteur, puis va vers les ouets.
K. *. s’adresse alors # moi G $ Nous savez, moi, tout ce qui est
ps... Ue veu &ien venir, qu’@milie vienne avec sa m0re si Ia lui fait
plaisir, mais pour ce qui est de sa maladie... enHn on a trouvé une
pommade qui a'it... @lle dort mieu cette coquine... @lle comprend
tout, hein ... mais elle est paresseuse pour parler, hein @milie %
Celle-ci retourne # son p0re qui la remet de&out sur la ta&le, ils
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
reprennent leur eu du dé&ut. Kme *. me dit : $ 7uand elle est avec
son p0re, e peu souer X %
>l ne me paraPt pas nécessaire de poursuivre plus avant la relation
de ces moments cliniques su<isamment riches pour soulever toutes
sortes de pro&l0mes au premier plan de ce qui nous occupe, la
relation maladieMérotisme # travers ce qui peut tre pour cette toute
petite Hlle la constitution d’un corps éro'0ne # partir de ses
epériences de satisfaction et ses investissements, # partir aussi de
la constitution de son narcissisme et de ses premi0res relations
o&ectales, de ses capacités de constitution d’o&ets internes
vecteurs d’ima'os et d’o&ets eternes distincts d’elle-mme.
@milie a d’em&lée été amenée dans une pro&lématique sous-
tendue par les fantasmes de castration maternels, présentés d’a&ord,
d0s la 'rossesse, comme une &lessure narcissique par l’intermédiaire
de son corps déformé G ensuite le see du &é&é, encore une Hlle, puis
de nouveau échec # travers la maladie d’@milie. >l sem&le que les
fantasmes conscients et inconscients aant accompa'né cette
'rossesse aient été particuli0rement actifs, contrai'nants, et que
cette quatri0me Hlle, avec sa maladie de surcroPt, a été vécue comme
un événement traumatique pour le narcissisme de la m0re, sans
doute dans un apr0s-coup qui serait # évaluer.
Kme *. s’est occupée de sa Hlle depuis le dé&ut sans plaisir, dans
un vécu dépressif qui la privait des possi&ilités de vivre une situation
satisfaisante pour les deu, de préoccupation maternelle primaire, oV
satisfaction et érotisme se seraient répondus et tissés ensem&le. Qn
peut penser que sa fonction pare-ecitante a été insu<isante, et
qu’@milie, chan'ée de lit a perdu des rep0res etérieurs qu’elle
percevait comme indistincts d’elle-mme, mais dans une continuité
rassurante.
"e vira'e du $ chan'ement de lit % qui va déclencher l’eczéma
co4ncide avec le moment théorique oV la m0re peut redevenir épouse
et partenaire seuelle, oV les &r0ches ainsi ouvertes dans la relation
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
m0re-enfant vont permettre, # travers $ la censure de l’amante %
pour reprendre l’epression de *raunsch_ei' et Rain, # la fois la
constitution de la satisfaction hallucinatoire du désir D dont nous
savons qu’il représente le fondement de la vie pschique et de la
constitution de l’o&et interne D et l’introduction fantasmatique du
p0re dans cette relation.
Qr, il sem&le &ien qu’@milie ait eu # faire face de faIon tr0s
précoce # l’epérience de l’a&sence pschique de sa m0re, due # sa
dépression et la conduisant, en particulier, # satisfaire
mécaniquement, voire a'ressivement les &esoins de son &é&é,
entravant toute possi&ilité d’apport li&idinal positif. "a maladie
d’@milie a contraint Kme *. # une préoccupation maternelle
permanente, envahissante, empchant le retour # sa seualité de
femme, en faisant d’@milie un o&stacle au couple de ses parents,
tandis qu’elle rendait impossi&le, pour @milie, la constitution d’une
temporalité fondée sur l’alternance et la frustration.
>l n’est pas dans mon intention d’epliciter ici les raisons sur
lesquelles s’éta&lit la profonde complicité de Kme *. avec la maladie
d’@milie, au re'ard de sa vie conu'ale, pour entretenir cette
situation, voire la créer activement : l’ecitation de l’heure du
coucher par eemple. @lle se montre ici prisonni0re de la mise en
actes de ses fantasmes inconscients # travers les possi&ilités qui lui
sont o<ertes, la maladie d’@milie en étant une.
"a place du désir paternel seué Wdipien apparaPt aussi
con8ictuelle que la place du partenaire seuel dans le couple
conu'al. Kme *. lui reconnaPt un r=le de relai d’elle-mme, une
duplication de sa propre fonction maternelle, c’est $ tant=t l’un,
tant=t l’autre %, c’est ainsi qu’elle dénie au sWurs aPnées la moindre
intension de alousie : $ pendant ce temps, elle ne les em&te pas...
c’est parce qu’elle est malade %. Rinalement, ce qui importe, c’est
que la seualité disparaisse de cette enfant, mme lorsque K. *. oue
avec @milie et que, comme on a pu en tre témoin, leur plaisir
!
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
réciproque est indénia&le, leur relation chaude et aimante. Kme *.
ne veut en retenir que le fait qu’elle a $ la pai %, et il a fallu un lon'
travail d’éla&oration pour qu’elle puisse reconnaPtre dans leurs eu
autre chose qu’un contre-investissement # l’auto-érotisme que
constitue le 'ratta'e, et oV apparaPt le con8it maeur qui met au
prises Kme *. et @milie, ou plus eactement avec lequel Kme *. est
au prises # travers @milie.
Alors nous pouvons nous interro'er sur le sens et la valeur
économique de cette activité si con8ictuelle. @lle constitue pour
@milie l’apaisement d’une ecitation douloureuse, la déman'eaison,
qui sert de support # un plaisir or'astique si on la laisse se 'ratter G
la satisfaction li&idinale qui succ0de # la déchar'e, d’autant plus
complee qu’elle intéresse le corps entier l’eczéma étant atopique/,
# cette réserve pr0s qu’@milie n’a pas acc0s # tout son corps. >l est
aussi important de considérer le r=le de la douleur dans
l’or'anisation de l’auto-érotisme d’@milie G d’apr0s Rreud, cette
$ coecita-tion li&idinale lors de la tension de la douleur et du
déplaisir serait le mécanisme infantile-fondement phsiolo'ique sur
lequel est ensuite édiHé dans le pschisme le masochisme éro'0ne %.
Kme *. nous a, de mani0re éloquente, dévoilé la travée des
fantasmes conscients et inconscients : mastur&ation, culpa&ilité,
castration, #
laquelle la renvoie l’activité d’@milie, fantasmes si pressants dans
leur astreinte qu’apr0s les avoir évoqués Kme *. a éprouvé le &esoin
d’aména'er la présence de son mari # la séance suivante, pour
pouvoir lutter contre les an'oisses évoquées, en particulier
l’an'oisse de castration.
Cette satisfaction auto-érotique masochiste si intoléra&le pour
Kme *.
D et pour son mari pour des raisons sans doute di<érentes, mais
tout aussi coercitives, a pour résultat de voir s’instaurer tout un
sst0me de $ néosatisfactions % telles que *raunsch_ei' et Rain les
1
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
ont décrites, néoepériences de satisfaction dont le &ut est de court-
circuiter tout sst0me de déchar'e auto-érotique, dans la visée de
supprimer l’ecitation mais de mani0re # répéter l’epérience de
satisfaction, s’opposant donc en cela # la satisfaction hallucinatoire
du désir, oV apparaPtrait le risque de satisfaction li&idinale, donc
seuelle. Ainsi en est-il des &ercements, constituant par la suite des
néo-&esoins, en un recours permanent # l’o&et.
>l s’a'it l# de satisfactions réelles, dan un &esoin réitéré qui tr0s
évidemment pose pro&l0me quant au capacités ultérieures d’@milie
de pouvoir or'aniser une activité fantasmatique et la constitution de
ses o&ets internes, eternes distincts d’elle-mme, de son Koi, et de
son narcissisme.
>l m’apparaPt ici tout # fait intéressant d’en référer # la notion de
$ 5oi %, telle qu’elle a été proposée par @. et U. ]estem&er' : $ C’est
cet investissement de la dade m0re-enfant au sein du vécu corporel
primaire que nous avons appelé le 5oi. Ainsi l’auto-érotisme ne serait
pas déHni seulement par l’ecitation des zones ero'0nes mais
traduirait une relation préo&ec-tale qui contri&uerait #
l’or'anisation de la relation o&ectale... >l interviendrait donc
économiquement dans l’or'anisation des con8its et de la
fantasmatisation qui les traduit. % @t les auteurs aoutent : $ "e 5oi
ainsi déHni pourrait tre conIu comme le nucléus du Koi corporel et
fonctionnerait comme une instance suscepti&le de continuer #
dé'a'er la spéciHcité du Koi dans sa fonction or'anisante au sein du
principe de réalité... et de souli'ner la continuité entre
l’investissement narcissique et l’investissement o&ectai... %
5i e me suis attardée sur cette déHnition, c’est qu’elle me paraPt
sin'uli0rement éclairer, dans ce cas précis, mais aussi dans
&eaucoup de cas, que la clinique pschosomatique du tr0s petit
enfant nous conduit # voir, les aléas de l’évolution de la relation
d’o&et, de la constitution d’un o&et distinct permettant la
di<érenciation intérieurMetérieur, ne pouvant départa'er du plaisir
+
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
ou du déplaisir, de l’ecitation ou de son apaisement, ce qui est de
son fait ou du fait de l’o&et, parce qu’ils sont confondus, et que ce
qui caractérise le narcissisme primaire, c’est-#-dire cette dade,
perdure.
C’est pendant toute sa premi0re année qu’@milie va voir
s’interposer entre ses tensions, &esoins, malaises, désirs, sa m0re ou
son p0re dans une fonction maternelle/ et donc tre entravée dans sa
capacité # dé'a'er ce qui vient d’elle et de l’o&et, l’eterne, sans
loisir d’halluciner désir, plaisir, ni o&et.
;out aussi lié au précédent m’apparaPt tre le pro&l0me de
l’or'anisation interne d’@milie # partir de la motricité. 5a m0re a
raconté comment toute petite, elle laissait # @milie le soin de
prendre son &i&eron seule # mme son lit. "a conqute motrice
prend-elle le pas sur la frustration relationnelle "e con8it entre
@milie et sa m0re se traduit sur le plan moteur, et sur un mode
coercitif, puisqu’il vise # l’empcher de se 'ratter. @st-ce dans cette
perspective qu’il faut comprendre qu’@milie n’ait pas marché plus
t=t C’est-#-dire o&éissant au désir de sa m0re de ne pas la laisser
s’autonomiser par des initiatives motrices Qu la di<iculté
corrélative de s’tre constitué une ima'e rassurante de son corps
Qn peut faire état ici de la séance oV @milie se ette dans le vide
devant son p0re, mais non dans ses &ras, sans appréhension D
stricto sensu D sans appréciation du risque, dans une étonnante
passivité, s’en remettant enti0rement # son p0re pour la maPtrise de
son corps dans l’espace.
>l sem&le que la proection sur ma personne des fantasmes dont
@milie était porteuse ait pro&a&lement permis un désserrement des
liens m0re-Hlle, au &énéHce de l’autonomisation de celle-ci puisque
d’em&lée, # la seconde séance, la marche était acquise, et avec elle
un champ d’action autoérotique mettant en eu le corps en son
entier, les activités d’eploration, la distinction concr0te d’avec
l’o&et.
3
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
Kme *. se permet une identiHcation, ou plut=t imitation de moi
ei'ée par son o&éissance surmoique, qui lui permet de voir en
@milie une autre qu’elle-mme. A ce propos, il sem&le intéressant de
remarquer le contraste entre sa vi'ilance lorsqu’@milie essaie de se
'ratter et com&ien # l’inverse elle est peu attentive # la perception
des &esoins propres de sa Hlle qui ne la renvoient pas # ses
fantasmes le mouchoir/. Ce mouvement, qui a permis # Kme *. de
desserrer un peu l’étau qui la maintenait contrainte # empcher tout
mouvement auto-érotique de sa Hlle, peut-il l’aider # se li&érer de
certains contre-investissements par trop éprouvants, sans que pour
autant nous cessions de nous interro'er sur ce qui, de ces toutes
premi0res epériences, pourra tre repris par le Koi d’@milie, et
sous quelle forme
U’ai tenté de montrer # travers cette illustration clinique une
partie des di<icultés qu’@milie doit surmonter pour pouvoir
or'aniser de faIon satisfaisante les fondements de sa vie pschique,
et ce, depuis sa naissance. ar $ satisfaisante %, ’entends : sans que
soit 'revée trop sév0rement l’assise qui permettra l’instauration d’un
préconscient fonctionnel, messa'er des motions pulsionnelles
inconscientes vers le Koi. Kart nous rappelle que les or'anisations
de &ase, déviées ou défectueuses, restent fra'iles, et que quelles que
soient les possi&ilités de rattrapa'e ou de compensation, les
sst0mes de défense présenteront des failles. Eous voons ici
com&ien, # partir des interdits de la fantasmatique maternelle,
inscrits dans sa propre histoire, peuvent tre o&érées les &ases du
fonctionnement de la vie pschique.
(is ma!esty the baby% souveraine nue, pourra-t-elle un our, au-
del# des em&[ches de son fallacieu néo-roaume, trouver sa place
la plus di<icile d’acc0s, parce que la plus simple, celle de $ suet %
ibliograp!ie
*raunsch_ei' 2., Rain K. D La nuit% le !our. aris, .F.R., 19(.
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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/
Rain K. D rélude # la vie fantasmatique. /ev. r. 'sychanal.% IG%
+91-3), 191. Rreud 5. D La vie se$uelle% .F.R., aris, 19.
Rreud 5. D ?rois essais sur la théorie de la se$ualité% aot, aris,
191.
Rreud 5. D :ssais de 'sychanalyse% aot, aris, 1961.
]estem&er' @. U. D Contri&ution # la perspective 'énétique en
pschanalse. /ev.
r. 'sychanal.% IR% (61-13, 19)).
]reisler "., Rain K., 5oulé K. D L’enfant et son corps% .F.R., aris,
19. Kart . D L’0rdre psychosomatique% aot, aris, 196!.
innicott 2. D =e la pédiatrie à la psychanalyse% aot, aris,
19)9.
(
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!es "alancements de la symptomatolo#ie
psychosomatique dans le trian#le : p$re-m$re-
"é"é
par J. 2e&ra
"a naissance de (is a!esty the 3aby S1T survenant apr0s une
'rossesse désirée peut apparaPtre comme la réalisation incarnée des
désirs pulsionnels érotiques de chacun des partenaires du couple
parental. 5i tel est le cas, ce &é&é, fruit de la passion amoureuse de
son p0re pour sa m0re et réciproquement, devrait tre détenteur
d’un potentiel li&idinal tel qu’il le mettrait # l’a&ri de toute
smptomatolo'ie somatique pour un temps vraisem&la&lemmet lon'.
C’est ainsi du reste que l’on pourrait comprendre autrement D c’est-
#-dire du point de vue de l’économie pschosomatique du sst0me
complee que constitue la dade m0reMenfant D l’immunité que
présente le &é&é dans les premiers mois de sa vie. Kuni d’un tonus
de vie de haute qualité puisque proportionnel # l’intensité de la
passion amoureuse qui a présidé # sa conception, puis # son &on
développement dans le ventre de sa m0re et proté'é # présent par
un environnement qu’il com&le et qui le com&le, le &é&é ne pourrait
que croPtre et s’éveiller au monde dans l’harmonie, voire la sérénité.
C’est l#, &ien s[r, une vision tr0s idéalisée que les réalités de la
vie humaine comme celles du fonctionnement mental des individus
s’emploient # modiHer 'randement. >l n’en demeure pas moins que
)
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
l’hpoth0se selon laquelle il est nécessaire pour qu’un enfant soit
conIu, puisse se développer, naPtre et vivre qu’il soit d0s l’ori'ine
investi d’une quantité su<isante de li&ido érotique de la part de ses
deu 'éniteurs sem&le pouvoir tre retenue. @t c’est dans cettemme perspective que l’on pourrait comprendre la survenue de
nom&re de fausse-couches spontanées : le fWtus insu<isamment
résistant ou vivant ne parvenant pas # se maintenir dans la paroi
utérine 1.
Chez certaines m0res dont les &é&és vont présenter des trou&les
pschosomatiques précoces et qu’il nous est donné de suivre $ au
lon' cours % # travers des pschothérapies conointes, cette lutte
entre ce qui peut apparaPtre comme des mouvements contradictoires
de la m0re et du fWtus, l’un vis-#-vis de l’autre, va sem&ler eister
tout au lon' de la 'rossesse, annonIant en quelque sorte les
di<icultés qui vont suivre.
C’est ainsi que la m0re de *éatrice a été hospitalisée # deu
reprises pour vomissements incoerci&les et nécessité de cercla'e du
col de l’utérus d0s
+ mois 1M+ de 'rossesse, devant ultérieurement rester couchée
pratiquement usqu’# la naissance de son &é&é en raison de douleurs
a&dominales intenses d0s qu’elle se mettait de&out, ainsi que de la
présence d’une hernie in'uinale qui s’est spontanément réduite
apr0s l’accouchement. Celui-ci, lon' et di<icile, fut précédé #
nouveau de ) heures de vomissements ininterrompus. *éatrice était
cependant une enfant désirée, conIue ans apr0s une Hlle aPnée,
é'alement désirée et pour laquelle les choses ne s’étaient 'u0re
mieu passées.
"orsqu’elle est ?'ée de 6 mois 1M+, sa pschothérapie conointe
avec sa m0re dé&ute dans une atmosph0re dramatique : *éatrice
vient en e<et de su&ir sa 13e dou&le paracent0se. "es otites avec
paracent0ses ont commencé d0s l’?'e de + mois 1M+ alors qu’elle
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
était encore nourrie au sein. as pour lon'temps il est vrai, car la
m0re l’a sevrée &rutalement # 3 mois sous le coup d’une menace
d’a&c0s au sein. C’était répéter l# ce qui s’était dé# passé pour la
Hlle aPnée, sevrée dans les mmes conditions mais # l’?'e de
3 semaines.
2ans ce trian'le : p0re, m0re, &é&é, tout # fait sin'ulier que
constituait *éatrice et ses deu parents, l’intrication entre les
di<érents facteurs : 'énétiques, &iolo'iques, somatiques au sens
lar'e, pourrions-nous dire, et les facteurs environnementau,
relationnels, a<ectifs liés # la pro&lématique personnelle de chacun
des prota'onistes a pu paraPtre particuli0rement serrée. ;ous o<rant
cependant di<érentes voies d’a&ord qui chacune, # leur mani0re,
aurait pu ustiHer d’une eplication causale.
C’est ainsi que la m0re mit d’em&lée l’accent avec moi sur
l’importance des éléments aller'iques chez ses deu enfants, issues
d’une dou&le li'née aller'ique chez leur p0re comme chez leur m0re.
2ans sa famille # elle, on sou<re essentiellement d’aller'ies
dermiques D elle a du reste elle-mme une plaque d’eczéma
transitoire sur la oue D chez son mari, il s’a'it plut=t de mi'raines,
d’otites # répétition dans l’enfance, puis d’aller'ies alimentaires
déclenchant des crises d’urticaire 'éant. ;outefois depuis son
maria'e, ces derni0res manifestations auraient eu tendance #
disparaPtre chez le p0re au proHt de crises d’asthme intermittentes.
2e sorte que l’etrme fra'ilité au infections et les otites 'raves
# répétition dont sou<rait *éatrice pratiquement depuis sa naissance
pouvaient tre rapportées # premi0re vue # ce qui lui venait de son
p0re, a''ravé sans doute par l’hérédité maternelle d’autant qu’elle
présentait é'alement de l’eczéma. Celui-ci évoluera au cours de sa
+e année sous forme de crises 'énéralisées entraPnant surinfection et
furonculose mais # une période oV les otites auront totalement
disparu. Ce n’était pas l# cependant la seule smptomatolo'ie qu’elle
6
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
présentait car elle sou<rait aussi d’insomnies précoces et sév0res D
tout comme sa sWur aPnée avant elle D réveillant ses parents par ses
hurlements au minimum trois fois par nuit et pouvant rester éveillée
plusieurs heures d’a<ilée en réclamant la présence de son p0re ou desa m0re. @n dépit de ce qu’ils essaaient de se relaer aupr0s d’elle,
la m0re se disait épuisée par le manque de sommeil et l’inquiétude
que lui procurait sa Hlle.
C’était une &elle eune femme &londe, 'rande, sthénique et tr0s
active, chez laquelle le vécu de crise qu’elle a<rontait depuis la
naissance D et mme depuis la 'rossesse D de son &é&é sem&lait se
traduire # travers un état de tension et de nervosité sensi&le dans
son dé&it de parole comme dans ses 'estes, notamment avec sa Hlle.
20s la premi0re séance elle a pu se montrer tendre et attentive vis-#-
vis de son &é&é, puis su&itement non disponi&le, l’installant D alors
que *éatrice était manifestement fati'uée et souhaitait tre prise
dans les &ras D face # une mallette ouverte, remplie de couches, de
&i&eron et de '?teau en lui disant qu’elle aurait &eaucoup # faire
pour tout vider et en me racontant alors avec animation comment*éatrice était tom&ée sur la tte deu ours plus t=t de son 'rand
landau an'lais alors qu’elle le tenait le dos au vent D c’est-#-dire
sans voir l’enfant
D pour la proté'er d’un éventuel coup de froid au oreilles.
endant que sa m0re me parlait. *éatrice s’appuait sur le re&ord de
la mallette, sans s’intéresser # son contenu, en lui imprimant une
inclinaison qui me Ht craindre que le couvercle ne se referme
&rutalement sur ses doi'ts... ce qui se produisit e<ectivement.
"’aspect contradictoire de l’investissement maternel se retrouvait
chez l’enfant au niveau mme de son ha&itus, car en dépit de sa
p?leur et de la 'ravité de ses atteintes somatiques répétées, il
s’a'issait d’un &é&é 8orissant quant # son rapport staturo-pondéral.
Comme si la smptomatolo'ie $ somatique % : les otites, et
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
$ pschosomatiques % : les insomnies, n’avait au total apparemment
que peu de retentissement sur son développement 'énéral. 2e
mme, sur le plan relationnel, ’ai pu tre frappée par ce qui m’a
sem&lé tre sa fati'a&ilité, sa capacité d’entrer en contact avec moi,tout en marquant un temps assez lon' de réserve indiquant qu’elle
me percevait &ien comme non-famili0re, était de &onne qualité.
@n somme, si la m0re de *éatrice, tout comme *éatrice elle-
mme, ne manquait pas de tonus li&idinal, celui-ci sem&lait devoir
répétitivement se déchar'er dans des $ crises % de tpe épreuve de
force, en'a'eant au premier chef le corps, # l’ima'e de ses
vomissements incoerci&les du dé&ut de la 'rossesse et # nouveau
lors de l’accouchement, la laissant apparemment épuisée mais
Hnalement encore vaillante pour ce qui allait suivre. Ce mme mode
de fonctionnement se retrouvait dans tous les domaines et
notamment en ce qui concernait sa vie professionnelle oV alternait
une &rillante réussite &ient=t suivie d’une &ruante rupture touours
en relation, sem-&lait-il, avec des con8its de rivalité mettant en cause
la alousie. >l apparut tr0s nettement au cours de la pschothérapieque c’était l# une mani0re chez la m0re de *éatrice de répéter, sans
le savoir clairement, un tr0s ancien con8it de son enfance qui visait #
la faire triompher d’une sWur aPnée rivale pour o&tenir l’admiration
de son p0re. "e fait qu’il lui était quasiment impossi&le de ouir de
son triomphe en raison de l’intense an'oisse qu’il entraPnait aussit=t
chez elle, nous a &eaucoup retenu. >l nous sem&le que l’on peut en
e<et voir comme l’ori'ine de ces crises itératives qui surviennentaussit=t que quelque chose qui est de l’ordre de la réalisation des
désirs apparaPt dans la vie de cette eune femme. Ainsi s’éclairent les
particularités de ses relations d’o&ets que celles-ci soient amicales,
professionnelles, sentimentales et mme maternelles. Kais alors que
ses relations d’o&ets dans le monde des adultes si l’on peut dire, se
ré'ulent # travers des sc0nes de séduction puis de ruptures D
entraPnant d’ailleurs le plus souvent un accompa'nement par des
(!
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
manifestations somatiques associées D il ne peut plus en aller de
mme lorsqu’il s’a'it de porter, de mettre au monde et d’élever un
enfant, fruit de la réalisation de ses désirs etrmement
contradictoires. 2’oV cette smptomatolo'ie somatique d’em&lée&ruante qui en'a'e le corps de la m0re puis celui de l’enfant tout en
préservant néanmoins la vie de l’une comme de l’autre. 2’oV aussi,
me sem&le-t-il, cette rapidité avec laquelle *éatrice a cessé de faire
des otites, quasiment d0s le dé&ut du traitement pschothérapique,
devenant mme &ient=t plus résistante que sa sWur, sa m0re et son
p0re au a<ections rhinopharn'ées. ar contre, le smpt=me
d’insomnie s’est montré &eaucoup plus re&elle et, nous l’avons dé#si'nalé, l’eczéma s’est installé, évoluant par crises et devenant alors
'énéralisé mais dans un contete con8ictuel qui nous a touours
sem&lé compréhensi&le sinon interpréta&le.
Qn peut s’interro'er pour tenter de saisir pourquoi ce sont les
otites qui ont cessé alors mme que les insomnies vont persister
usqu’# ce que *éatrice ait plus de + ans. @t ceci d’autant plus que
pour la m0re l’insomnie était secondaire # l’otite qui réveillaitl’enfant en raison de la douleur et de la température élevée qu’elle
entraPnait. our notre part, nous pensons qu’aucune réponse simple
ne saurait convenir car il s’a'it # l’évidence de modiHcations
complees intervenant au sein des deu économies
pschosomatiques de cette petite Hlle et de sa m0re en'a'ées dans
des interactions elles-mmes complees. ;out au plus peut-on
avancer l’hpoth0se selon laquelle le lien transférentiel qui se seraittr0s vite éta&li entre la m0re de *éatrice et moi-mme aurait
contri&ué # lever pour une part le poids trop 'rand des motions
contradictoires qui s’eprimaient vis-#-vis de l’enfant, rendant celle-
ci moins fra'ile, c’est-#-dire éventuellement plus apte # réa'ir
favora&lement au traitement médical spéciHque auquel elle était
soumise.
(1
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
"a question des insomnies et de leur persistance nous paraPt
d’une autre nature mme si leur installation a pu tre favorisée par
l’eistence des otites. >l s’a'it en e<et avec les insomnies précoces
d’une smptomatolo'ie qui tr0s vite s’inscrit directement dans lechamp relationnel mettant en cause les trois prota'onistes de notre
trian'le : p0re, m0re, &é&é D mise en cause violente pour peu que
les insomnies soient sév0res et dura&les car le manque de sommeil
répété induit un état d’épuisement et d’easpération di<icile #
maPtriser. >l en résulte le plus souvent, une situation chaotique : les
cris du &é&é entraPnant # plus ou moins lon' terme des réactions
punitives de tpe fessée suivies ou non de tentatives de compromisoV l’enfant peut se retrouver incité # dormir dans le lit avec ses
parents. "e mme scénario avec ou sans variantes, pouvant se
répéter plusieurs fois par nuit.
@n ce qui concerne l’enfant, il nous sem&le que le fait qu’il se
réveille la nuit n’est pas si'niHcatif en soi mais &anal sinon ha&ituel
pour ce qui est en tous cas des &é&és que nous avons pu suivre.
7uand il n’ a pas # proprement parler d’insomnie, l’enfant serendort # l’aide souvent d’une activité autoérotique : suIotement,
&alancement, voire se co'ner la tte, ce qui est le cas d’une enfant
mérciste de + ans. Chez nos petits insomniaques, le réveil entraPne
quasi immédiatement les cris pour faire apparaPtre la m0re ou encore
le p0re et faire cesser un état de solitude ou de vide apparemment
intoléra&le. asser ainsi sans transition aussit=t que cesse le sommeil
# un état d’ecitation avec cris rév0le nous sem&le-t-il # la fois lafai&lesse ou la faillite, éventuellement temporaire, des activités auto-
érotiques et l’ec0s de tension # ce moment précis du sst0me
complee que constitue le &é&é. 5ans doute peut-on évoquer ici ce
que Kart appelle $ la mosa4que premi0re % S+T correspondant au
particularités constitutives de tel nouveau-né et qui, alliée # ses
caractéristiques concernant sa réactivité, son rthme et le stle de
ses déchar'es, permettrait d’apprécier les 'randes li'nes de son
(+
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
économie pschosomatique. "es caractéristiques fondamentales de
nos petits insomniaques pourraient comporter alors certains
éléments qui rendraient compte, en partie du moins, de cette tension
en ec0s car, quelles que soient en déHnitive ces caractéristiquesori'inaires, nous savons qu’elles sont tr0s vite reprises dans le
réseau des interactions S3, T, qui va unir le nouveau-né # sa m0re
faisant intervenir du mme coup les particularités de l’économie
pschosomatique du moment de cette derni0re. Qr, et nous l’avons
dé# souli'né ailleurs S(T, ce qui frappe dans la smptomatolo'ie
pschosomatique que présentent les &é&és c’est la précocité de son
apparition, d0s les premi0res heures de la vie pour certainesanoreies S)T, >l en va vraisem&la&lement de mme pour un certain
nom&re d’insomnies précoces mme si on ne peut pas les décrire en
tant que telles avant que le &é&é n’ait atteint + mois, le sommeil
étant tr0s ha&ituellement pertur&é pendant cette toute premi0re
période de la vie ST.
Cette précocité d’apparition de la smptomatolo'ie chez le
nouveau-né nous a conduit # décrire l’eistence d’une $ situation decontrainte % qui dans ces cas-l# préeisterait # sa venue ou en
découlerait. 2es éléments tr0s divers peuvent participer # cette
situation de contrainte et en particulier l’état de la m0re, que celui-ci
soit lié # la réactivation lors de l’accouchement de sa pro&lématique
personnelle antérieure ou que divers facteurs etérieurs
contri&uent dont les particularités constitutives du &é&é ou encore la
déconvenue liée # son see par eemple, l’o&li'eant alors # faire untravail trop co[teu de réaustement entre le &é&é fantasmatique
qu’elle portait et ce &é&é réel qu’elle a mis au monde.
Kais pour *éatrice et sa m0re, nous l’avons dit, cette situation de
contrainte eistait d’ores et dé# durant la 'rossesse, ce qui est loin
d’tre touours le cas. C’est dire que les éléments liés # la
pro&lématique personnelle de la m0re étaient tout # fait pré'nants,
(3
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
ce que la suite de la pschothérapie viendra conHrmer. 2e fait, étant
donné le caract0re tr0s contradictoire de ses investissements et ce
qui nous a sem&lé tre son intolérance # voir se réaliser ses désirs, il
paraissait tr0s vraisem&la&le que sa vie sentimentale et enparticulier seuelle n’aille pas sans poser pro&l0me. Comment en
tout état de cause la reprise de relations seuelles heureuses peut-
elle se faire dans un contete de crise intermina&le puisque
entretenue par la &ruante smptomatolo'ie du &é&é Rormulé dans
la terminolo'ie de Rain S6T, c’est dire que $ la censure de l’amante %
ne peut pas se mettre en place chez la m0re, ce qui ne va pas sans
inconvénients pour le développement pschique de l’enfant. Avec lacensure de l’amante éprouvée par la m0re tandis qu’elle s’occupe de
son &é&é, il s’a'it en e<et d’un donné # vivre &ien particulier pour ce
dernier confronté # sa m0re phsiquement présente mais
mentalement a&sente parce que reprise par des désirs érotiques
pour son partenaire et cherchant donc éventuellement # calmer son
enfant pour qu’il s’apaise et qu’il dorme, ce qui aiderait # la
réalisation de ses désirs. "’enfant, face # ce quelque chose quimanque dans la qualité de l’échan'e relationnel qu’il a avec sa m0re,
peut répondre par un état d’ecitation entraPnant par eemple la
mise en route de ses auto-érotismes ou une activation fantasmatique,
vérita&le $ prélude # la vie fantasmatique % S9T # valeur
compensatoire.
@n somme, si tout va &ien dans le trian'le p0re, m0re, &é&é, apr0s
les austements réciproques que commandent la survenue du &é&éréel touours sensi&lement autre que le &é&é fantasmatique D pour
le p0re comme pour la m0re &ien que di<éremment D et apr0s la
période du tout dé&ut de la vie oV la m0re accaparée par son &é&é
développe ce que innicott a décrit comme la $ préoccupation
maternelle primaire % S1!T, l’investissement maternel doit devenir
pro'ressivement moins constant et permettre le retour des désirs
érotiques et le réinvestissement des relations avec le p0re. C’est #
(
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
cette condition que le &é&é, d’a&ord surinvesti, c’est-#-dire com&lé
par son environnement, puis moins investi voire désinvesti d’une
mani0re transitoire, va pouvoir faire l’epérience d’un manque
auquel il cherchera # répondre par ses propres moens, constituantainsi pro'ressivement son propre en-dedans pschique. "es activités
auto-érotiques viennent s’insérer dans ce mouvement 'énéral comme
un temps essentiel favorisant une certaine autonomie de
fonctionnement comme la constitution d’assises corporelles et
narcissiques solides.
Ce sont ces activités auto-érotiques qu’une m0re intrusive ou trop
constamment présente va entraver et le &é&é devra trouver alors
d’autres moens pour ré'uler son économie pschosomatique : la
smptomatolo'ie pschosomatique pouvant constituer une issue.
"orsque celle-ci eiste et pour peu qu’elle ait une certaine vi'ueur,
l’état de crise s’instaure D notamment lorsqu’il s’a'it d’insomnies
précoces en raison de l’épuisement et de l’easpération réciproque
de nos trois prota'onistes D l’ensem&le du sst0me paraissant
s’auto-entretenir dans un mouvement destructeur.
2u fait, nous sem&le-t-il, que le désir pulsionnel renaPt
constamment chez le &é&é ou le eune enfant, provoquant tr0s
facilement son réveil et ceci avec d’autant plus d’intensité que la
réponse de l’environnement sera plus ecitante : les cris, les sc0nes,
l’éventuel a&outissement dans le lit des parents etc., la diminution,
voire la sédation de l’insomnie précoce passe nécessairement
d’a&ord dans notre epérience par des modiHcations de l’économie
pschosomatique de la m0re. >l faut en e<et que sa participation # la
smptomatolo'ie de son enfant se transforme pour que celui-ci
puisse sortir du cercle de la répétition et accéder # un autre mode de
fonctionnement oV la capacité d’attendre va pouvoir s’instaurer
pro'ressivement, favorisant du mme coup le réendormissement
dans le calme.
((
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
"e caract0re etrémiste des choi concernant l’or'anisation de sa
vie mettait la m0re de *éatrice dans une situation di<icile : c’est en
e<et # la suite d’un con8it particuli0rement violent sur le plan
professionnel qu’elle avait décidé de renoncer # travailler et de faireun deui0me enfant, estimant qu’alors il lui revenait de se consacrer
enti0rement # sa famille. Ce tpe de choi en tout ou rien, s’avérait
en fait intena&le et entraPnait chez elle une lutte intense contre
l’a'ressivité et les sentiments de reet qu’elle éprouvait mal'ré elle
vis-#-vis de ses deu enfants et par contre-coup vis-#-vis de leur p0re,
qui du seul fait de leurs eistences la tenaient prisonni0re # la
maison. 2’oV en réponse, les attitudes de surprotection Dn’empchant pas pourtant des conduites de tpe $ actin' % comme
lorsque *éatrice était tom&ée de son landau par eemple D et des
rationnalisations lui interdisant de s’éloi'ner de son &é&é ou mme
de la conHer pour quelques heures étant donné sa fra'ilité
somatique. 2’oV aussi, ce mélan'e chez elle, percepti&le d’em&lée,
de tension, d’insatisfaction, d’easpération, masquant mal des
sentiments dépressifs sous-acents d’intensité proportionnelle etapparemment non éla&ora&les. "a réduction de l’état de crise passait
&ien évidemment par la diminution des sentiments de frustration de
la m0re et par sa capacité de parvenir dans un premier temps # se
séparer mme pour un court moment de *éatrice.
Ce fut un assez lon' cheminement mais *éatrice avait tout uste +
ans lorsqu’au cours d’une séance sa m0re a pu me dire en riant
qu’elle avait mis au total plus d’une année pour $ faire eactementce que e voulais %, # savoir reprendre un travail # mi-temps. 2ans
l’intervalle, sa Hlle 'uérie quasi immédiatement de ses otites, avait
maintenu ses insomnies devenues peu # peu intermittentes, mais
pouvant encore donner lieu # des sc0nes de col0re avec fessées.
C’était devenue une tr0s &elle enfant, 'rande, &ien développée avec
un lan'a'e précoce. "es manifestations aller'iques demeuraient
sous la forme d’aller'ies alimentaires transitoires D peut-tre au
()
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
'luten D lui faisant des selles diarrhéiques, ce qui inquiétait
épisodiquement la m0re, de mme que les crises d’eczéma
'énéralisé qui évoluaient par poussée avec surinfection et
furonculose.
"a participation active de *éatrice # son eczéma et # son
éventuelle surinfection s’est avérée # plusieurs reprises tout # fait
évidente. C’est ainsi qu’il lui est arrivé au cours d’une séance oV sa
m0re manifestement m’accaparait trop # son 'ré, de se mettre # se
'ratter d’une faIon de plus en plus compulsive, se faisant sai'ner,
pleurant et étant inconsola&le sur un mode qui rappelait # l’évidence
les états de désor'anisation anieuse qui présidaient # l’ori'ine # ses
insomnies. A l’issue de cette séance, il sem&lait manifeste que
*éatrice avait &esoin d’tre seule avec moi et ma proposition de la
voir en alternance avec sa m0re é'alement seule fut apparemment
immédiatement acceptée.
2iverses raisons peuvent tre avancées pour epliquer que ce
proet ne se soit pas en fait réalisé. "es plus superHcielles D pas
fausses pour autant D données par la m0re tenaient au impératifs
de son emploi du temps qui, du fait de son travail, l’amen0rent #
espacer les séances, et ceci d’autant plus aisément que ma
proposition intervenait peu avant la lon'ue séparation de l’été.
*éatrice, par ailleurs, allait de mieu en mieu, aant pratiquement
cessé toute insomnie # la rentrée de septem&re. Kais # c=té de ces
eplications contin'entes si l’on peut dire, les vraies questions nous
paraissent liées au aména'ements transférentiels et contre-
transférentiels qui se font dans ces traitements # trois. C’est en
somme la smptomatolo'ie pschosomatique &ruante du &é&é qui
est # l’ori'ine de la prise en char'e pschothérapique, et c’est elle
qui se modiHe, voire disparaPt, souvent trop rapidement, # la faveur
du lien transférentiel et contre-transférentiel qui s’éta&lit entre la
m0re et l’analste favorisant alors éventuellement # travers la fuite
(
7/23/2019 Erotique Malade
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
dans la 'uérison smptomatique la fuite du travail d’éla&oration
pschothérapique et l’arrt du traitement. 2ans &ien des cas le &é&é
a paru tre un allié précieu pour la poursuite du traitement en
développant une deui0me smptomatolo'ie # c=té ou en plus de sespremiers smpt=mes qui avaient été # l’ori'ine du traitement.
*éatrice était de ce tpe puisque apr0s les otites c’est l’insomnie
sinon l’eczéma qui a incité sa m0re # poursuivre les séances, lui
permettant en mme temps de nouer un lien transférentiel réel avec
moi, ce qui l’a poussée pro'ressivement # souhaiter me voir seule,
c’est-#-dire # l’a&ri des interférences de sa Hlle.
>l s’a'it l#, nous sem&le-t-il de l’évolution fréquente et favora&le
de ce tpe de prise en char'e oV le &é&é, 'uéri plus ou moins vite,
disparaPt peu # peu des séances au proHt de l’approfondissement du
travail avec la m0re. >l reste que la m0re peut # tout moment le faire
revenir soit parce qu’inqui0te # nouveau elle souhaite que e le vois,
soit encore parce que parvenue # un point délicat du travail
analtique elle se saisisse de cette possi&ilité pour remettre son
enfant entre elle et moi et l’utiliser en quelque sorte défensivementcomme une protection par rapport # un approfondissement qu’elle
redoute.
Qr'aniser l’alternance comme e l’avais su''éré pour *éatrice,
c’est aller # rencontre de tels aména'ements et c’est é'alement
confronter la m0re avec un autre aspect tr0s délicat, me sem&le-t-il,
de ces prises en char'e précoces : la massivité du transfert positif
que les &é&és et les tr0s eunes enfants peuvent développer vis-#-vis
de l’analste. Celui-ci peut prendre par moments l’allure d’un
vérita&le $ détournement d’enfant % en dépit du maintien chez
l’analste d’une certaine réserve indispensa&le # notre avis # la
poursuite de la relation. Qutre les manifestations de oie # ma vue et
les éventuels pleurs lors de la séparation # la Hn de la séance, la
rapidité avec laquelle des enfants mme tr0s eunes, ont pu se
(6
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
rappeler les lieu, les nommer, me nommer et me réclamer en dehors
des séances, sont des éléments qui m’ont paru d’em&lée frappants et
pro&a&lement di<iciles # supporter pour les m0res comme pour
certains p0res.
5i ces derniers sem&lent apparaPtre relativement peu, encore que
e les ai pratiquement tous rencontrés, non pas # ma demande mais
$ fortuitement %, c’est-#-dire vraisem&la&lement lorsqu’ils le
souhaitaient ou surtout quand la m0re le désirait, les particularités
de leurs relations avec l’enfant ainsi qu’avec leur femme font l’o&et
de tout un travail pschothérapique qui vise, comme pour chacun des
mem&res de notre trian'le, # une plus claire élucidation de leurs
caractéristiques personnelles. 2ans &ien des cas, la meilleure
compréhension du mode de fonctionnement du &é&é, transmis au
p0re # travers les dires de la m0re et entraPnant chez celui-ci des
modiHcations dans ses attitudes # son é'ard nous a paru tre un
élément décisif pour faire cesser la situation de crise et permettre
l’arrt de la smptomatolo'ie de l’enfant.
>déalement, nous l’avons dit, pour que le tr0s eune enfant puisse
accéder # une certaine autonomie de fonctionnement, il faut que ses
auto-érotismes se mettent en place, dé'a'eant son économie
pschomatique personnelle de celle de sa m0re avec laquelle elle
était usque-l# confondue, et pour ce faire le réinvestissement
li&idinal puis érotique du p0re par la m0re et réciproquement sem&le
en tre le meilleur 'arant en mme temps que le plus heureu
lorsqu’il témoi'ne de la reprise des sentiments amoureu.
ibliograp!ie
S1T Rreud 5. D our introduire le narcissisme 191/, in La Kie
Ee$uelle% .F.R., aris, 19!.
S+T Kart . D "es mouvements individuels de vie et de mort.
:ssai d’économie psychosomatique. aot, aris, 19).
(9
7/23/2019 Erotique Malade
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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-
m0re-&é&é
S3T *razelton *. D *ehavioral compétence in the ne_&orn
infant. Eeminars in perinatolo"y% Nol. 3, 1, anv. 199.
ST 5tern 2. D A microanalsis of mother-infant interaction, in
&nfant 'sychiatry. @d. Jeford, gale Fniversit ress, 19).
S(T 2e&ra J. D >nsomnie précoce chez le eune enfant et
pro&lématique maternelle, Ménitif% *% 3, -11, 199.
S)T ]reisler ". D "e &é&é du désordre, in La dynamique du
nourrisson. "es éditions @.5.R., 196+.
ST Cramer *. D "a pschiatrie du &é&é, in La dynamique du
nourrisson. "es éditions @.5.R., 196+.
S6T *raunsch_ei' 2., Rain K. D La nuit% le !our. aris, .F.R.,
19(,
S9T Rain K. D rélude # la vie fantasmatique. /ev. r.
'sychanal.% IG% +91-3),
191.
S1!T innicott 2. D 'rocessus de maturation che7 l’enfant.
aot, aris, 19!.
)!
7/23/2019 Erotique Malade
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Évolution des fantasmes au cours de la
psychothérapie d’un enfant de %% ans atteint
d’une maladie osseuse
par ". Jesaré
Ue vais tenter de tracer l’évolution des fantasmes d’un 'arIon de
11 ans, qui a été hospitalisé entre + ans et 6 ans pour une maladie
osseuse ostéochondrite de la hanche 'auche/. "es ) ans
d’hospitalisation se situent
> avant 19)!, dans un lieu appelé dans ce tete $ l’h=pital %. @n
septem&re 19)+,
# l’?'e de 11 ans, il sera pris en char'e par un éta&lissement
spécialisé, appelé ici $ l’h=pital de our %, d’oV il sort en décem&re
19)3 pour suivre une
i scolarité normale. 20s le dé&ut de son séour # l’h=pital de
our, il suit une
pschothérapie # un rthme de séances par semaine. "etraitement continue apr0s sa sortie de l’h=pital de our encore
pendant 3 ans mais # raison de + séances par semaine.
ierre a un passé lourd : sa m0re, étant enceinte, fait une
$ fu'ue % mais réapparaPt un peu plus tard/ et il est placé encore
tout &é&é chez une nourrice et, # deu ans, il sera hospitalisé. Fn
fr0re et deu sWurs sont nés pendant son hospitalisation. Considéré
comme su<isamment réta&li pour retourner chez lui, il apprend alors
)1
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
la disparition déHnitive de sa m0re, qui a quitté la maison sans
prévenir personne et sans laisser la moindre trace. "a m0re est
décrite par le p0re et par l’enfant comme $ énervée %, ce qui laisse
entendre Z un fonctionnement mental dé&ordé et sans 'randespossi&ilités d’inté'ra
tion des ei'eances pulsionnelles.
ar la suite, le p0re s’est remarié, ce qui o<re # ierre un cadre
familial, mais peu sécurisant : le p0re et la &elle-m0re passant par
des états dépressifs et des maladies somatiques.
ierre, qui vient d’tre admis # l’h=pital de our pour son
incapacité # suivre une scolarité normale et pour un comportement
&izarre avec des tendances d’auto-a'ression, se trouve dans un
état d’inor'anisation appa-
rente, accompa'né de smpt=mes somatiques : céphalées,
diarrhées, nausées, et il se plaint souvent de douleurs au am&es,
liées # plusieurs interventions chirur'icales. >l est tr0s lon' #
s’endormir, et son sommeil est pertur&é. "e réveil est lon' et péni&le,
et la di<érenciation entre le our et la nuit n’est pas nette.
"ors d’une discussion # propos de son cas, il sem&lait préféra&le
que son traitement dé&ute comme un $ materna'e % pour le
préparer # une pschothérapie ultérieure. Aant eu l’occasion
d’assister # quelques leIons # l’école de l’h=pital de our, ’ai pu
remarquer com&ien ierre était mal # l’aise en classe. >l était surtout
paniqué d’apprendre qu’il aurait comme tous les autres enfants de sa
classe # préparer une $ conférence % qui serait présentée devant la
classe et soumise # une critique.
2ans le &ut de lui fournir un cadre en créant un lien entre lui, son
maPtre et moi-mme, e lui ai proposé de l’aider dans cette t?che, oV
il s’a'it de faire un devoir réclamé par le $ maPtre %. >l accepte, mais
ses e<orts pour travailler restent vains, car il lui est impossi&le
d’or'aniser sa pensée. >l essaie d’apprendre par cWur quelques
)+
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http://slidepdf.com/reader/full/erotique-malade 63/226
volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
tetes, et mes propositions pour les lui epliquer échouent. 5ans
cette contrainte de travailler, il est envahi par des pulsions
destructrices qui peuvent epliciter son incapacité d’or'aniser sa
pensée. ar contre, il raconte un rve, contrastant avec lescauchemars qui persistent, oV il fait une $ conférence réussie %.
5on lan'a'e est désor'anisé, il ne connaPt pas les epressions
quotidiennes, ni mme les mots qu’il utilise. 5ans confondre les
pronoms personnels, la di<érence des sees n’est e<ectuée # aucun
niveau. Remmes et hommes sont &iseués, &ien qu’il fasse quelque
e<ort pour cacher cette conception. >l se plaint de ne rien savoir, de
ne rien avoir vu, $ mme pas comment est faite la tour @i<el %, et il
ne connaPt rien de aris. Cet état de confusion sem&le le proté'er
contre l’émer'ence d’une an'oisse insupporta&le, ceci au dépens de
l’estime pour lui-mme et sans doute de son sentiment d’identité.
5on identiHcation # moi, étran'0re en Rrance, lui permet de
mieu supporter son sentiment de ne pas tre comme les autres,
d’tre $ étran'er %. >l est tout étonné d’apprendre qu’il est franIais.
Fn rve d’allure $ simple réalisation de désir % D il est à la pla"e et
il fait beau D lui donne l’occasion de raconter qu’une fois, apr0s sa
sortie de l’h=pital, il a passé ses vacances avec sa famille en
*reta'ne. C’est un souvenir heureu, pro&a&lement condensé avec
quelques &ons souvenirs du temps de son séour # l’h=pital, et
su<isamment investi li&idinalement pour lui donner un sentiment
d’identité, car ce our-l#, il se sent sinon franIais, du moins &reton.
ierre vit ses relations # l’h=pital de our sur un mode parano4de.
;out le monde est contre lui, son maPtre, les maPtresses, et 2ieu lui-
mme ne le défend pas. 5elon ses parents, il n’aurait amais $ rien
compris du catéchisme % et il confond 2ieu et son p0re, p0re qui, par
ailleurs, est tr0s dévalorisé puisqu’il $ ne sait rien %. >l n’ a qu’une
&ande de voleurs et de &andits qui l’entoure, et les maPtresses ne
sont pas de vraies maPtresses. >l vient aupr0s de moi pour se
)3
7/23/2019 Erotique Malade
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
réconforter, mais aussit=t arrivé, il eplose : $ "es autres disent que
vous tes amoureuse de moi. % réoccupé par l’état de ses am&es et
enfoncé dans ses fantasmes, il oscille entre un sentiment intense de
persécution et un désinvestissement de l’entoura'e, les $ maPtressesqui ne sont pas de vraies maPtresses % rappelant $ les hommes
fa&riqués # la si quatre deu % du résident 5chre&er. ar ses idées
de persécution, il cherche # donner un sens # son malaise, # son état
d’étran-'eté, pour ainsi limiter l’impact des ecitations traumatiques.
5a sWur, qui a su&i une intervention chirur'icale, devient
$ insupporta&le % # la maison, et la &elle-m0re menace de la
renvoer, ce qui déclenche chez ierre une 'rande an'oisse. >lraconte alors une vision e<raante : il voit dans la nuit la lune avec
une &oule noire, la lune tourne vite, vite, mais la &oule reste sur
place, et il est envahi par la peur que la &oule noire ou un morceau
de la lune ne tom&e sur lui. >l s’a'ite en parlant de la lune
tournante : $ @st-il possi&le d’aller dans la lune eut-on la voir pour
de vrai Comment est-elle % Ceci se passe avant la marche sur la
lune./ @t le soleil, il voudrait tant le voir. >l devient rveur, c’estcomme si l’introduction du soleil dans la folie lunaire apaisait son
a'itation. >l commence # faire des proets de travailler un our dans
un la&oratoire, il lui sera alors possi&le, croit-il, de les connaPtre et
de savoir ce qui se passe. >l construit ainsi une $ sc0ne primitive %
cosmique # partir de la vision hallucination/ provoquée par
l’opération de sa sWur et l’idée de la disparition de celle-ci avec tout
ce que cela a réveillé en lui en écho des traumatismes précédents.2épourvu de surmoi protecteur, il est envahi par un transfert
massif qui provoque l’an'oisse parostique : $ Ue suis malade avec
vous. % >l parle &eaucoup de sorci0res D de &onnes et de mauvaises
D qu’il confond avec étran'0res, et quand e lui montre sa peur que
’en sois une, il se roule par terre, criant : $ Eon, non, mais vous avez
entendu parler de *lanche-Eei'e Ue suis mort, e suis mort. % 2ans
son identiHcation # *lanche-Eei'e avec les satisfactions
)
7/23/2019 Erotique Malade
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
inconscientes que cela peut lui procurer, il craint que e lui o<re des
choses dan'ereuses la pomme empoisonnée/ et que e lui arrache ce
qui lui appartient le morceau détaché de la lune/. >l se l0ve pour me
conHer un 'rand secret : dans un placard # l’h=pital, il a vu unsquelette sans am&es, et, $ comme on avait essaé de refaire ses
am&es sans amais réussir, on avait, dit-il, pris les am&es du
squelette pour les mettre dans les siennes, c’est pourquoi il a
touours mal %. >l ne me sem&lait pas eclu qu’il s’a'issait d’une
perception réelle, et e lui ai dit que ses am&es n’avaient rien # voir
avec celles du squelette et qu’il était si terriHé de voir qu’elles
manquaient au squelette qu’il croait qu’on lui avait pris les siennes.Content d’entendre que ses am&es sont # lui, il passe quelques
séances tranquilles, oV il s’oriente sur un plan de aris, marquant
soi'neusement le chemin qui m0ne chez le médecin qu’il voit
ré'uli0rement pour faire contr=ler l’état de ses am&es.
>l reprend ses eu répétitifs oV il met en sc0ne un squelette qui
vient me faire peur, me taper sur la tte, m’ordonner de me
désha&iller : $ Nous tes désha&illée, on ne voit plus votre &ite %, enindiquant son propre pénis. Kais plus encore que les squelettes et
les fant=mes, c’est $ l’homme invisi&le % qui lui fait peur, et c’est
d’ailleurs # l’occasion d’une crise apr0s une rencontre prétendue
avec l’homme invisi&le dans la cave, que sa &elle-m0re l’a amené
chez un pschiatre. ;our # tour, c’est lui qui est attaqué et lui qui
attaque. >l fait, entre ces mises en sc0nes, des dessins, surtout des
portraits de moi, mais il n’arrive pas # en faire un sans me déH'urer,m’enlaidir, en somme me transformer en homme # la fois dan'ereu
et dérisoire. >l ima'ine des attaques sadiques contre mon corps, c’est
$ l’homme invisi&le % qui me poi'narde. >l a peur qu’un accident
m’arrive car, sans moi, il ne saura pas faire de $ conférence %. >l se
vit touours démuni, i'norant et sans autre recours que sa toute-
puissance infantile : $ Ue suis le 'énéral de Yaulle. %
)(
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
5on élan transférentiel sera interprété comme une reviviscence
de son amour pour sa premi0re m0re avec l’an'oisse que e
disparaisse comme elle, intervention qui le rend d’a&ord tr0s ecité.
2ans un 8euve de paroles, il me parle de sa m0re, com&ien il l’aime,qu’il était son préféré. @lle venait le voir # l’h=pital, et il pense tous
les ours # elle, il ne cesse de se demander pourquoi elle est partie.
Kais, dit-il, comme elle n’aimait pas les Hlles, elle a été tr0s énervée
quand son dernier &é&é est né, puisque c’était une Hlle. $ C’est la
faute des enfants qui n’étaient pas sa'es. @lle s’est &eaucoup
énervée, et elle est partie. %
"es parents de ierre nous ont appris que, pendant son séour #
l’h=pital, il a vécu dans une relation homoseuelle avec un 'arIon
&eaucoup plus ?'é que lui, un adolescent qui lui donnait de l’ar'ent.
ierre disait lui-mme # ses parents que cette liaison avait duré
$ tout le temps % # l’h=pital. A son arrivée # la maison, il essaie de
reproduire cette situation avec son fr0re qui parta'e son lit. ierre
ne me parle pas de sa vie # l’h=pital, mais il dit que $ c’est l# oV tout
a commencé, toutes mes peurs viennent de l# %. @t il raconte lefantasme suivant : une nuit, quand tout le monde dort, la porte
s’ouvre et des hommes-loups entrent G ils s’approchent des ran'ées
de lits, et ils viennent pour lécher les pieds des 'arIons. >l a eu tr0s
peur, mais comme il avait &eaucoup de lits, +(!, et que son lit était
tr0s loin de la porte, ils ne sont pas arrivés # lui cette nuit-l#. >l
eplicite par un dessin : c’est un homme-loup qui tient un os dans sa
'ueule. Ce fantasme sera l’o&et de remaniements tout au lon' dutraitement.
Fne sc0ne primitive, qui se présente plut=t comme une variante
dSNn enfant est battu% commence # s’or'aniser : les maPtresses
re'ardent sans intervenir comment il est attaqué par les autres.
"e fantasme de la séduction par l’adulte qui prend de loin le pas
sur celui de la sc0ne primitive est situé par lui au temps de son
))
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
hospitalisation, et eprimé ré'ressivement sur un mode oral : avoir
les pieds léchés par le loup et l’os dans sa 'ueule, l’os qui ne se
trouve pas dans son récit, mais dans le dessin, donc davanta'e
$ refoulé %, et qui, en mme temps, fait allusion # la castration # lafois niée et désirée masochiquement.
;outes ses pho&ies prennent leur source dans ce fantasme. "a vue
du squelette sans am&es était, pour ierre, la preuve de la réalité de
la castration, et il rép0te e<raé : $ ’ai tout compris, moi %. "e
premier temps de la menace de la castration, le messa'e maternel
ver&al recommandant la prudence, 'lisse vers un messa'e
terrorisant G la disparition de l’o&et d’amour : $ 5i tu n’es pas sa'e,
e m’énerve, et e m’en vais. Ue disparaPtrai et ton see disparaPtra
avec moi. % Aucune notion du p0re dont la représentation devient
d’autant plus e<raante qu’il ne sem&le pas eister. ;oute l’an'oisse
de la castration a été déplacée sur les am&es # la suite des
interventions chirur'icales et conHrmée par la vue du squelette, ce
qui lie directement la castration # la mort. A l’arri0re-fond,
apparaissent les chirur'iens comme des $ hommes invisi&les %.
Fne telle an'oisse de la castration ne peut que marquer de son
sceau toute epression li&idinale, hétéroseuelle et homoseuelle.
2es compliments du maPtre, faits # un camarade de classe pour sa
conférence, déclenchent des crises de alousie. 5es désirs
homoseuels pour le maPtre du fait de l’impossi&ilité de leur
satisfaction contaminés par sa relation avec son ami de l’h=pital/ se
transforment en &esoin d’tre puni et maltraité par lui : il ne se
contente plus d’ima'iner en séance que le maPtre va le 'ronder s’il
ne travaille pas. >l le provoque en se roulant par terre et en se
mastur&ant en classe. >l se verra interdire par le directeur de
l’h=pital de our de se mastur&er en pu&lic. Ue suis au courant de ce
qui se passe par le maPtre, mais ierre ne m’en parle pas. >l est a'ité
et son a'itation monte usqu’# mettre le feu, au sens propre, dans la
)
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
salle de pschothérapie en dépit de mes interdictions. "es
interprétations données n’a'issent que lorsque ’introduis
artiHciellement dans mes interventions, le maPtre comme $ p0re
interdicteur % en me servant des rensei'nements reIus et avecl’interprétation de son comportement/.
eu # peu, il se calme, nous ne sommes plus dans l’a'i. endant
les séances, il dessine &eaucoup, des &atailles de 'uerres et des
caricatures d’hommes. 5on transfert touours vif est plus mania&le,
son sommeil est meilleur, et il ne fait presque plus de cauchemars. >l
raconte un rve : il a dansé toute la nuit avec une petite femme. Au
lieu des hommes qui viennent le tuer dans ses rves précédents, il
danse avec une femme. Aucune allusion # un o&stacle # ce plaisir, et
l’epression $ toute la nuit % souli'ne encore l’insu<isance de
censure. ierre n’indique pas qu’il a eu mal au am&es dans la nuit,
mais l’on sait qu’il a l# une préoccupation permanente,
préoccupation qui le poursuit dans son sommeil. "a douleur niée
dans le rve D tu danses, tu n’as pas mal au am&es, tu peu dormir
D permet l’epression du désir incestueu dé"uisé. >l ne sait pas quiest cette $ petite femme %, marque d’un refoulement, ce qui implique
une certaine acceptation des interprétations portant sur la di<érence
des sees et son an'oisse de la castration. 7uoi qu’il en soit, ses
capacités intellectuelles s’epriment davanta'e, et les acquisitions
scolaires deviennent importantes, le refus d’apprendre fait place #
l’am&ition d’tre le premier. Apr0s un an et demi, il peut quitter
l’h=pital de our pour reprendre une scolarité normale, ce qui ne sefait pas sans di<icultés.
ierre poursuit sa pschothérapie encore 3 ans, mais # un rthme
de
+ séances par semaine. "a disparition de sa m0re et la recherche
d’une représentation d’elle, permettant une ouverture vers la
seualité, est un des th0mes dominants G l’autre est son fantasme
)6
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
érotique des hommes-loups qui, en fait, concerne autant les hommes
que les femmes. "e contenu manifeste de ce fantasme prend
di<érentes formes et devient de moins en moins menaIant. >l pense
qu’il s’a'issait des hommes dé'uisés qui venaient faire peur auenfants pour Hnalement n’tre que le personnel qui venait #
l’occasion d’une fte distri&uer des &on&ons. "e squelette reste
comme un souvenir, mais sans provoquer la peur. 2ans les dessins,
apparaissent touours des fant=mes et il me demande : $ Comprenez-
vous % "es fant=mes, en 'énéral, sont considérés comme des
porteurs de vWu et de désirs non accomplis des tres disparus. @n
e<et, # sa sortie de l’h=pital, non seulement sa m0re avait disparu,mais il a é'alement perdu son ami de l’h=pital. 5a premi0re réaction
quand e lui ai parlé de ce 'arIon a été une haine violente et la fuite.
Cette haine ne me sem&le pas tre uniquement une réaction du Koi
contre les fauteurs d’ecitations, mais une mesure de défense contre
une mise en cause supposée du $ séducteur %, o&et d’amour repris
par le Koi. Rreud, dans une note dans Le oi et le Ta% remarque, #
propos de la di<iculté de transformer la culpa&ilité inconsciente enculpa&ilité consciente : $ Qn a une chance particuli0re de réussir
dans les cas oV il s’a'it d’un sentiment de culpa&ilité inconscient qui
est emprunté, c’est-#-dire qui résulte d’une identiHcation avec une
autre personne qui fut adis l’o&et d’une Hation érotique. "e
sentiment de culpa&ilité ainsi emprunté constitue souvent le seul
reste, di<icilement reconnaissa&le, des rapports amoureu
a&andonnés. % >l sera ultérieurement possi&le, apr0s l’analse de sescraintes d’tre condamné et u'é par moi, de lier ses sentiments de
culpa&ilité # ses relations avec l’ami perdu, eprimés # travers la
peur des fant=mes.
>l parlera avec reconnaissance de ce 'arIon, c’était un ami qui le
proté'eait et qui l’aidait dans toutes les circonstances # l’h=pital. @n
fait, il en parle comme d’une m0re, et il est profondément attristé de
ne plus savoir oV il est. >l décide de faire une recherche pour trouver
)9
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
son adresse. 2’autres souvenirs du temps de l’h=pital sur'issent,
comment et oV les eu étaient or'anisés, les visites de sa m0re et de
son p0re, la directrice qui était 'entille.
7uand sa m0re revient au centre de son discours, son transfert
s`intensiHe et il croit me voir dans la rue, tant=t c’est moi, tant=t
c’est sa m0re, et il est convaincu de nous avoir vues : $ Nous tes
comme elle, vous avez le mme visa'e qu’elle. % >l fait une recherche
administrative sans trouver d’autre trace d’elle qu’un etrait du
divorce qui lui attri&ue tous les torts. >l devient hostile # son é'ard,
et il ne comprend plus ce qu’il fait en pschothérapie puisque, de
toute faIon, il ne pense qu’# elle et ce qu’elle lui a fait. ensée
o&sédante, interprétée comme un moen de la 'arder pour lui, mais
é'alement comme une défense contre d’autres investissements
li&idinau. >l fuit de nouveau, mais revient apr0s quelques semaines
pour m’epliquer qu’il faut faire tr0s attention avec les femmes pour
ne pas avoir tant de malheurs que son p0re, qui n’a plus amais été
un homme apr0s avoir été a&andonné par sa femme.
Certes, il fait un travail considéra&le dans son traitement, mais il
me sem&le peu pro&a&le qu’un enfant ou mme un adolescent puisse
faire le deuil d’une perte aussi traumatique. ;outefois, il a une vie
assez satisfaisante, il ne lui reste qu’une seule peur, la peur de la
mis0re. C’est pourquoi Bitler est devenu son idéal car, si Bitler avait
'a'né il aurait enlevé toutes les mis0res en Rrance, et c’était son
devoir de tuer ceu qui s’ opposaient. 5i Bitler devient ainsi son
héros pour un temps, c’est &ien dans sa recherche d’un idéal, qui
ressem&le plus # l’identiHcation # l’a'resseur. Cette dominante
sadique était dé# décela&le chez les hommes invisi&les et les
chirur'iens qui constituent ses héros masculins. "es chirur'iens
n’ont-ils pas tenté d’enlever ses mis0res Qn sait com&ien les
chirur'iens ouissent de l’admiration de leurs malades et du
!
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
personnel, spécialement du personnel féminin, alors que ierre
consid0re son p0re comme ra&aissé par sa femme.
>l rve d’tre chirur'ien ou pschiatre, mais trouve le chemin
pour arriver trop lon' et trop di<icile, et il s’oriente vers un métier
plus accessi&le.
Au point de vue somatique, il va &ien : il ne se plaint plus des
céphalées, ni des diarrhées ou des nausées. >l dort &ien, et il fait des
rves qu’il ou&lie pourtant. Concernant ses douleurs de am&es, on
sait que ierre a eu plusieurs interventions chirur'icales et qu’il
faisait faire des contr=les ré'uliers quant # leur état. "a nature des
douleurs reste hpothétique : douleurs $ réelles % comme séquelles
de sa maladie, hpocondriaques ou Hations conversionnelles Ces
douleurs qui disparaissent peu # peu ont été interprétées dans le
sens d’une représentation de la castration et lar'ement commentées
par ierre, surtout apr0s sa derni0re visite médicale, oV il a été
déclaré 'uéri de sa maladie osseuse. Ce n’est qu’# ce moment-l#
quand la menace est formellement écartée, qu’il a pu eprimer
toutes ses peurs # propos de ses am&es : qu’elles ne tiennent plus,
qu’elles se cassent, ce qui l’a touours 'né dans ses activités
sportives. our se rattraper, il se fait inscrire dans un clu& de sport.
"’or'anisation pschique reste fra'ile, et des ré'ressions devant
les frustrations sont prévisi&les, mais comme il est &ien inté'ré dans
sa famille et dans ses études, nous décidons d’interrompre son
traitement.
ierre revient me voir quelques années plus tard pour me parler
de ses di<icultés avec les eunes Hlles qui l’intimident. 5es amis
'arIons disparaissent d0s qu’ils se trouvent une amie, et il se sent
tr0s seul. >l est choqué par la 'rossi0reté des 'arIons, qui ne parlent
que de strip-tease et de choses o&sc0nes. 2evant moi, il se sent mal #
l’aise, avec des manifestations phsiques de 'ne. Apr0s quelques
séances, il se sent mieu mais revient encore une année apr0s pour
1
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
ces mmes di<icultés relationnelles, et nous discutons la possi&ilité
d’entreprendre une pschanalse, démarche # laquelle il n’a pas
donné suite. >l part au service militaire, d’oV il m’écrit pour me
demander un rendez-vous. Cet entretien a lieu 1! ans apr0s notrepremi0re rencontre. Comme il l’a annoncé dans sa lettre, il se sent
&ien. >l a &ien supporté le service militaire, mais pour ne pas perdre
de temps, il a pris des cours par correspondance dans le &ut
d’avancer dans son travail. Qn lui a proposé de rester pour faire un
travail de &ureau, mais il a refusé. >l aime &ien la paperasserie, dit-il,
mais $ la vie militaire est trop contrai'nante %.
Ce n’est que vers la Hn de l’entretien qu’il me parle de ses
relations. >l sem&le avoir pu vivre une homoseualité su&limée, car il
se sent $ li&éré % et il sort maintenant avec des eunes Hlles. 2epuis,
e n’ai plus de nouvelles de ierre.
"iscussion
ierre a pu proHter d’une pschothérapie 'r?ce # la prise en
char'e dans un éta&lissement approprié et 'r?ce # sa capacité
d’investissement li&idinal mal'ré toute la force des pulsions
destructrices et des désinvestissements temporaires. >l s’est
présenté devant moi comme un enfant en détresse, e le sentais en
dan'er pscholo'iquement, et il éveillait en moi un désir de le
proté'er et de lui apprendre # vivre. @citation et séduction
mutuelles qui déclenchent en moi le &esoin d’un tiers pour donner un
sens intelli'i&le # notre situation. 7uand l’ecitation vient d’un
manque insupporta&le, elle frappe le complee de castration chez
l’analste d’une telle force qu’elle paralse les fantasmes
hstériques. Ue me suis donc en'a'ée dans une situation trian'ulaire
d0s le dé&ut avec le maPtre comme tiers. lus tard, au lieu de
travailler sur le manque de tiers, ’ai d[ me servir des personnes
réelles avec qui ierre avait des liens a<ectifs sans qu’il en parle
+
7/23/2019 Erotique Malade
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
dans ses séances pour ainsi essaer de construire des fantasmes
Wdipiens. "’intervention du directeur par rapport # la mastur&ation
en pu&lic a oué un r=le important dans son évolution.
ierre, qui, par son activité auto-érotique provocante, cherchait #
la fois une vériHcation de l’eistence de son see et une interdiction
de ses désirs incestueu, a vécu l’intervention du directeur dans une
an'oisse constructive, et les fantasmes Wdipiens peuvent tre
a&ordés.
"’équili&re des fantasmes ori'inaires témoi'ne d’un &on
fonctionnement mental, et pour devenir e<icients dans l’or'anisation
pschique de l’enfant, ils demandent une cononcture créée par
l’entoura'e. 2ans le cas de ierre, le premier temps de la menace de
la castration a été altéré par sa maladie somatique oV tout
investissement maternel parental/ a été focalisé sur le corps
malade. ;oute l’inquiétude reste centrée sur le corps.
"e deui0me temps de la menace, Hltré apr0s coup par la
vision du
squelette sans am&es maintient l’an'oisse au niveau des am&es.
"a di<érence des sees est déniée G l’a&sence de pénis se
condense avec la disparition de la m0re, ce qui rend le travail de
deuil impossi&le. 2’un
autre c=té, elle est prise en compte et mme désirée, car elle
maintient un
fantasme d’un acte seuel voluptueu, mais catastrophique."a $ sc0ne primitive % est a&sor&ée par le fantasme de séduction
par l’adulte, et quand elle apparaPt, c’est plut=t en forme d’un
fantasme. Nn enfant est battu : les maPtresses qui re'ardent sans
rien faire quand il est attaqué. "es maPtresses seraient-elles
$ indi<érentes % /. "e passa'e de l’investissement narcissique du
pénis au refoulement du fantasme Wdipien, imposé par le fantasme
3
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
de castration n’a pas été e<ectué chez ierre, qui n’a donc pas connu
de période de latence.
ierre s’est senti persécuté # l’h=pital comme # l’h=pital de our.
5on ami l’a proté'é et il lui a servi de personna'e maternel avec un
apport li&idinal important dans une cononcture oV sa vie était
dominée par la déception et les traumatismes. $ "orsque la
déception domine économiquement la vie pulsionnelle, le fantasme
se >$e dans une position où le su!et n’est plus que masochiste. "a
possi&ilité de dou&le retournement est altérée. >l peut se su&stituer
quelquefois un déni de ce masochisme inconscient avec, pour
résultat, identiHcation # l’a''resseur % K. Rain/. "’apport li&idinal
avec la réalisation érotique sem&le avoir créé chez ierre le
fantasme des hommes-loups qui, &ien que hautement anio'0ne, a
fourni des représentations aptes # lier dans une certaine mesure les
ecitations venant des traumatismes su&is. ;outes les pho&ies de
ierre étaient liées # ce fantasme.
7uand ierre oue tour # tour attaqué et attaquant, s’a'it-il d’un
dou&le retournement de la pulsion ou de l’identiHcation #
l’a''resseur ro&a&lement les deu, mais les réponses positives et
relativement rapides de ierre au mesures thérapeutiques
m’incitent # croire que l’identiHcation # l’a''resseur n’est pas au
premier plan. ierre, qui a été su<isamment réta&li de sa maladie
osseuse pour sortir de l’h=pital # l’?'e de 6 ans 1M+ se plai'nait
encore usqu’# un moment assez avancé dans son traitement de
douleurs au am&es et il avait # su&ir ré'uli0rement des eamens
médicau de contr=le. Ces douleurs disparaissent mais leur sens n’a
pu tre pleinement eprimé et interprété qu’apr0s que la menace
phsique d’une rechute a été formellement écartée par son médecin
qui l’a déclaré 'uéri et n’aant plus &esoin de contr=le médical. >l se
trouvait au dé&ut de sa pschothérapie dans un état $ traumatique %
qui ne faisait qu’empirer, ceci mal'ré le mouvement de
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
réor'anisation pschique qui allait de pair avec son réta&lissement
somatique qui lui avait permis de sortir de l’h=pital. Qutre ses
douleurs au am&es, il sou<rait de céphalées, de diarrhées et de
trou&les du sommeil.
ar le travail analtique avec l’éla&oration des fantasmes
s’installe pro'ressivement une meilleure or'anisation pschique et,
parall0lement, disparaissent les manifestations somatiques.
Cependant, lorsqu’il revient quelques années apr0s la Hn de son
traitement pour me parler de ses di<icultés relationnelles, liées au
fantasmes homoseuels inconscients, des si'nes de malaise phsique
réapparaissent, si'nes qui me sem&lent tre alors de nature
névrotique. A cette occasion nous avons discuté l’opportunité
d’entreprendre une pschanalse, proet apparemment accepté par
lui mais auquel il n’a pas # ma connaissance donné suite.
Au retour de son service militaire, 1! ans apr0s notre premi0re
rencontre, il me demande un rendez-vous au cours duquel il me dit
qu’il va &ien, qu’il est content de ses relations sociales et il me fait
part de ses proets pour l’avenir.
ibliograp!ie
Rain K. D Jé'ression dans la cure tpe D 5éminaire dans le
cadre de l’>..5.Q., mai 196!. Communication non pu&liée./
Rerenczi 5. D Confusion des lan'ues. inal contributions to the
problems and methods of psychoanalysis% 1933.
Rreud 5. D 'ulsions et destins de pulsions. Y. . O., 191(.
D L’homme au$ loups. Y. . O>>, 1916.
D 0n bat un enfant. Y. . O>>, 1919.
D Le oi et le Ta. Y. . O>>>, 19+3.
]reisler "., "e&ovici 5. D "’homoseualité chez l’enfant et
l’adolescent. La 'sychiatrie de l’enfant% Rasc. *. Nol. N>>>, 19)(.
(
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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans
atteint d’une maladie osseuse
Kart . D Les mouvements individuels de vie et de mort. aot,
aris, $ 5ciences de l’Bomme %, 196!.
)
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#. Clinique de l’adulte
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!e pro"l$me économique des ré#ressions (& propos
de deu' o"servations de maladie rhumatode
par U.. Q&adia
L’inconscient est certainement le véritable intermédiaire
entre le somatique et le psychique% peut86tre est8il le
« missin" lin » tant recherché.
5. Rreud
"a 'rande variété des formes cliniques que peut revtir la maladie
rhumato4de ainsi que le parallélisme saisissant entre l’évolutivité
rhumatismale et le niveau du fonctionnement mental appréhendé #
la lumi0re de la théorie pschanaltique et selon l’ensei'nement de
. Kart et de K. Rain, renvoie au pro&l0mes complees des
ré'imes économiques divers, le plus souvent massivement
surchar'és, qui soutendent les paliers ré'ressifs liés au
mouvements de désor'anisation pschosomatique.
"’ei'ence de sm&olisation que comporte un équili&re
pschosomatique de &onne qualité met d’em&lée l’accent sur
l’importance fonctionnelle
du sst0me préconscient dont l’évaluation clinique, dans le cadre
d’une séméiolo'ie pschosomatique K. Rain/, devrait nous
permettre de u'er des aptitudes ré'ressives et défensives d’un
individu malade.
6
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
"e préconscient, carrefour privilé'ié du lien sm&olique entre
représentation de mot et représentation de chose, lieu de la
rétention et de l’inhi&ition de la déchar'e de l’ecitation, si0'e de la
mise en latence des pensées, constitue essentiellement l’o&et denotre étude. >l s’a'ira &ien d’apporter au préconscient des chaPnons
intermédiaires, liens interssté-miques, pour fournir au char'es
a<ectives des pulsions, avides de représentations, l’occasion de
liaisons qualitatives nouvelles.
C’est &ien # partir d’opérations préconscientes défensives que
nous pourrons mesurer tant l’in8uence des processus primaires
déplacements, condensations, le plus souvent mal ré'ulées/ que
l’emprise du principe de plaisir.
2ou&le retournement pulsionnel, reet, désaveu, refoulement,
autant de mécanismes en eu, qui nous permettront d’évaluer cette
$ viscosité % si particuli0re de la li&ido liée essentiellement et selon
nous # l’altération traumatique de la onction sm&olique, avec pour
conséquence cette surchar'e éner'étique de l’économie li&idinale,
dont il faudrait savoir, dans une visée pronostique, en mesurer le
poids.
Eous essaierons, selon deu o&servations de cette 'rave maladie
# tr0s nette prédominance féminine qu’est la pol-arthrite
rhumato4de, de situer l’ampleur des désor'anisations
pschosomatiques, # partir des niveau ré'ressifs et des sst0mes de
Hation, en fonction des ratés de $ l’innervation hstérique % que,
dans les meilleurs des cas, nous pouvons espérer voir réapparaPtre.
Z
Z Z
C’est en raison de l’etrme 'ravité initiale de sa polarthrite
d’une part, mais aussi de son aptitude particuli0re # réa'ir de faIon
traumatique au événements de la vie que ’ai choisi l’o&servation de
Kme "efranIai en traitement chez moi depuis ans.
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
5ans m’étendre sur l’aspect médical de son cas, l’etrme
intensité des caract0res cliniques et &iolo'iques de la maladie, e
peu dire que d0s le départ, e me suis senti tr0s inquiet pour la vie
de cette patiente.
7uand elle vient me consulter pour la premi0re fois, elle est ?'ée
de 3 ans. C’est une femme tr0s &rune, avec ses 'rands eu noirs et
tristes, sa mai'reur, sa p?leur, sa di<iculté # se mouvoir, sa
sou<rance est telle qu’elle ne peut qu’eciter la pitié. @lle est uive
ori'inaire d’Al'érie, a dé# consulté une multitude de médecins et
plusieurs fois été hospitalisée dans les 'rands 5ervices de
rhumatolo'ie parisiens. "’impuissance des médecins # la soula'er lui
a fait a&andonner tout traitement médicamenteu lorsque,
reconnaissant mon nom comme familier, e<raée par l’intensité de
ses douleurs, la perte de l’appétit et du sommeil et surtout par des
impulsions suicidaires, elle se décide encore une fois $ # tenter sa
chance %.
C’est avec une inHnie prudence que e me suis pro'ressivement
départi, apr0s la mise en place initiale d’un traitement antal'ique et
anti-in-8ammatoire des plus puissants, de mon r=le de médecin
traditionnel pour a&order petit # petit un traitement de fond. Ainsi,
peu # peu, au Hl des ans, ’ai pu reconstituer une histoire.
5on nom m’avait dé# intri'ué. Ue ne peu malheureusement pas
le dire, c’est dans une lan'ue latine l’eact ana'ramme d’une
formule qui dirait qu’elle n’est pas uive. 2’oV le nom de Kme
"efranIai que e lui ai donné. 5on nom de eune Hlle, lui-mme,
avait fait l’o&et des sarcasmes de sa m0re : $ "a seule chose que ton
p0re avait de &ien, c’était son nom. % >l réalise encore un
ana'ramme, cette fois d’un mot 'rossier.
A 1 ans, elle chan'e de prénom : en secret, elle s’appelle Karie.
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
7uand elle me dira, &ien plus tard, le prénom de son p0re, Uoseph,
e ne laisserai pas échapper l’opportunité de lui analser son
fantasme inconscient de roman familial.
@lle a tr0s peu connu son p0re, ` Hlle d’une famille de ( enfants,
seul le dernier est un 'arIon, elle ne se souvient que des disputes
violentes qui éclataient entre ses parents, elle est certaine que sa
m0re, $ une force de la nature %, $ un taureau %, &attait son p0re et
mme, qu’elle l’a chassé de la maison.
;ouours est-il que sa m0re seule a élevé les enfants, en faisant
des ména'es, en travaillant $ comme une forcenée %. 2es Al'ériens,
dont elle parle parfaitement la lan'ue, elle 'arde un souvenir ému et
elle évoquera plus d’une fois sa nostal'ie d’une eune femme stérile
qui l’aimait tant qu’elle priait 2ieu de lui donner une petite Hlle
comme elle. @lle l’emmenait en p0lerina'e # un mara&out et
accomplissait avec elle de nom&reu rites oV, par eemple, elle
devait mettre ses mains sur le ventre de cette femme pour favoriser
une éventuelle 'rossesse.
"es dé&uts de la 'uerre d’Al'érie la déchirent et surtout la
terriHent au point qu’elle ne sort plus de chez elle. "a famille vient
rapidement s’éta&lir # aris oV sa m0re au dé&ut, ne cesse de lui
reprocher sa couardise. 7uand quelques années plus tard elle
retrouve son p0re # aris, elle est inHniment déIue et perd la foi. @lle
fait tr0s spontanément le lien entre ces retrouvailles et sa déception.
Eous verrons que pour l’essentiel c’est la déception qui domine sa
vie pulsionnelle. "e p0re implore qu’on le reprenne # la maison mais
sa m0re reste intraita&le et le laisse $ mourir dans un hospice %.
Ce retour du p0re ne va pas sans retentissement somatique : elle
dé&ute de tr0s violentes crises d’asthme pour lesquelles elle
entreprendra # l’h=pital 5aint-Uoseph tout de mme un traitement de
désensi&ilisation. "es crises sont tr0s fréquentes, elle a 1 ans, c’est
le dé&ut de la ronde des médecins, mais font place assez rapidement,
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
sans que nous aons pu en saisir une raison quelconque, # des
pho&ies massives et paralsantes qui l’o&li'ent momentanément #
cesser son travail de secrétaire sténo-dactlo. A +6 ans, elle n’est
touours pas mariée et sa m0re la harc0le. @lle lui dési'ne un voisin'entil, porteur d’un $ &eau % nom, qui sem&le s’intéresser # elle et la
salue touours aima&lement. @lle l’épousera.
endant un an, mariée, elle refusera tout rapport seuel. "es
propos 'rivois de sa m0re, # cette époque, la mettent hors d’elle. @lle
se demande encore comment elle a pu se trouver enceinte d’une
petite Hlle dont la naissance déclenche, avec une etrme &rutalité,
la premi0re crise de polarthrite. @lle a 33 ans X
@lle s’a<olle d’autant plus alors que sa sWur aPnée, atteinte
depuis 1! ans de la mme maladie, se trouve réduite # un état quasi
'ra&ataire mal'ré les nom&reuses arthroplasties chirur'icales
qu’elle a su&ies.
Jeprise de la ronde des médecins. Qn conseille une +` 'rossesse.
"a naissance d’une deui0me Hlle 3 ans plus tard, qui mettra un
point Hnal # toute tentative de rapport seuel, met le com&le # la
désor'anisation pschosomatique. @lle ne reconnaPt pas l’enfant
comme lui appartenant, ne se souvient pas de l’avoir mis au monde,
éprouve envers lui une totale indi<érence et, apr0s coup s’acca&le de
reproches : $ sans sa m0re # qui elle l’avait conHé, cet enfant
n’aurait pas vécu %.
;el est le contete dans lequel nous dé&utons notre traitement.
7u’apr0s ans, elle ait repris 1! \', que les si'nes cliniques et
&iolo'iques de sa maladie se soient considéra&lement améliorés, que
le traitement médicamenteu, &ien que comportant une dose
modérée de cortico4des Dce qui pose le pro&l0me délicat d’une
ostéoporose iatro'énique fra'ilisant le squelette D que le traitement
donc se soit notamment allé'é, l’aptitude # réa'ir traumatiquement
au événements de la vie reste touours préoccupante.
6+
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
C’est ainsi qu’apprenant l’an dernier une liaison de son mari # qui
elle refuse, e le rapelle, toute vie seuelle commune, faisant une
chute de sa hauteur il faut croire qu’elle tom&ait de haut/, elle se
fracture le col du fémur. Rort heureusement fracture en'renée sous-capitale qu’il a su<i d’enclouer et qui n’a laissé aucune séquelle
fonctionnelle.
$éance du 1#%#%1&'...
@lle a rvé la nuit derni0re. @lle est # O..., son villa'e natal, il a
plein de Eoirs. @lle se prom0ne avec un Eoir dans l’indi<érence
'énérale.
C’est tout, elle sourit, sem&le amusée. @lle ne voit pas du tout de
sens # ce rve et le rép0te : $ plein de Eoirs partout, partout et e me
prom0ne avec un Eoir %.
2’avoir répété le rve l’amuse encore plus, elle rit et se déclare
mme en tr0s &onne forme en ce moment. Ainsi hier, elle a reIu la
visite d’une voisine de son villa'e. C’est une femme &eaucoup plus
?'ée qu’elle qui a rencontré récemment au cimeti0re une parente de
qui elle a o&tenu son adresse et son téléphone. @lle est donc venue
hier lui rendre visite et n’en revenait pas de la voir si &ien installée.
$ Alors tu t’es tout de mme mariée % lui a-t-elle dit. $ Qui, tout de
mme %, elle insiste avec ironie sur ce $ tout de mme %. Kais, &ien
qu’elle ait savouré une 'rande revanche, Kme ". s’est sentie irritée.
Cette femme se disant si contente de la voir &ien mariée ne l’a amais
aimée, c’est une curieuse, une méchante femme... $ Eous étions si
pauvres petit moment discret de dramatisation hstérique, les eu
em&ués/... % @nHn, on a parlé de O le villa'e/ &ien s[r et c’est peut-
tre pour cela que ’en ai rvé % Koi : $ Qui, &ien s[r, mais les
Eoirs ... Nous sem&liez amusée en me racontant votre rve. %
@lle rit de nouveau et enchaPne : $ U’avais tr0s peur des Eoirs
quand ’étais petite. % @lle se souvient en particulier des processions
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
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rituelles des Yuinéens, elle redit le mot en Ara&e $ Ynaouah %, qui
promenaient le taureau sacré, animal de sacriHce, en dansant, ouant
de la 8[te autour de l’animal ornementé, faisant la qute.
Eous retrouvons avec plaisir des souvenirs $ @otiques %
communs et e lui demande si, selon elle, il s’a'issait d’un taureau ou
d’une vache dans ces processions. @lle reste d’a&ord un peu
interloquée par ma question puis répond qu’elle n’en sait rien, $ l’un
ou l’autre %... @lle pense alors que l’animal était noir aussi... peut-
tre un taureau.
Ue lui rappelle alors que c’est ainsi qu’elle nomme sa m0re, un
taureau, quand elle veut me dire com&ien elle la redoute. @t elle
d’enchaPner : $ Ue n’avais pas peur de ma m0re, ’étais la seule # lui
tenir tte, mais qu’est-ce que ’ai pu recevoir comme 'i8es X %
eut-tre a-t-elle eu l’impression hier, en recevant sa vieille
voisine, de lui rendre une 'i8e, lui dis-e et, nous laissant le soin
d’éla&orer respectivement ce rve et ce qu’il s’en est dit, e mets Hn
# la séance. >l s’a'it d’une malade qui rve tr0s peu, c’est dire le soin
avec lequel nous retiendrons celui-ci.
endant des années, en place de rves remémorés et pouvant
faire l’o&et d’un récit, Kme ". s’est surtout plainte d’hallucinations
diurnes : on l’appelait par son prénom Karie, dans la rue, on
chuchotait # ses oreilles des fra'ments de discours
incompréhensi&les qui mettait la patiente dans un état d’inquiétude
et d’an'oisse insupporta&les ou encore d’hallucinations acoustiques
nocturnes : on marchait dans sa cham&re, elle entendait craquer le
parquet et se réveillait dans un état de terreur. "es premi0res ima'es
oniriques rapportées étaient tr0s fra'mentaires, des immenses
étendues d’eau, un incendie, un trem&lement de terre, ou encore
tr0s violentes, on é'or'eait des moutons et des poulets, il avait du
san' partout, un individu vivant se faisait dévorer par des chiens.
;ant &ien que mal, alors, nous commencions # chercher du sens, h
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
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fournir du sens en utilisant quelquefois un sm&olisme onirique des
plus &anal pouvant néanmoins lui permettre de faire de moi un
nouveau Uoseph, celui cette fois qui interprétait les son'es.
Kais revenons au rve. Eotons qu’# l’énoncé de son contenu
manifeste s’est imposée # moi l’ima'e de la 5ulamite : $ Ue suis noire
mais e suis &elle % en mme temps que m’apparaissait la premi0re
tentative de Kme ".
de réaliser le rve tpique nj 1 de nudité. Eous en discuterons les
atpies mais il importe de noter que ce rve a dé# réussi sa fonction
essentielle de 'ardien du sommeil. our tre tpique, dit Rreud, le
rve de nudité doit s’accompa'ner d’un a<ect de honte spéciHque
auquel s’aoute une sorte de paralsie. "a représentation de nudité
n’est pas H'urée dans le rve, pas plus l’a<ect de honte qui, au
contraire, s’eprime sous forme inversée : elle est H0re quand elle
raconte son rve. "a paralsie aussi s’eprime par son contraire G elle
se prom0ne G les douleurs articulaires &ien que tr0s modérées
peuvent constituer une source somatique du rve, # c=té de
l’ecitation de la pulsion partielle ehi&itionniste, se montrer nue
devant des spectateurs indi<érents, activée la veille par la visite de
cette vieille curieuse. "’ehi&ition eprime encore le souvenir
traumatique d’une sc0ne de castration $ nous étions si pauvres %/
ainsi que les mécanismes de déni qui s’immiscent dans le tete
mme du rve $ plein de Eoirs %, utaposant le plein, au sens d’une
multiplicité et d’une plénitude, au vide du noir. 2u noir, pho&ie
primaire de l’enfant, certes, mais tr0s certainement du noir pu&ien
de sa m0re, noir animal de sacriHce, authentiHant le deui0me temps
de la castration.
$ Ue n’avais pas peur de ma m0re %, en contrepoint, peut
s’entendre comme un déni de la castration : $ Ue n’avais pas peur du
noir de ma m0re %, mieu encore, $ Ka m0re est noire mais elle est
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
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&elle. % Cliva'e du moi sur le mode du $ e sais &ien mais quand
mme %.
"’ecitation pulsionnelle voeuriste, alors, va s’eprimer par une
réalisation de désir homoseuelle dans un contete sado-masochiste
sous forme de 'i8es échan'ées entre femmes. Kon interprétation
$ Ee croez-vous pas que vous lui avez rendu une 'i8e %/ avalise
cette représentation d’un souhait Wdipien inversé réalisé.
"’ehi&ition du rve condenserait ainsi le maimum du désir
seuel que la patiente pourrait assumer si l’on tient compte de la
dominante homoseuelle de sa seualité.
7ue dire, enHn, de l’association au Yuinéens Qr pur du veau
d’or Barmonique si'niHante d’une pro&lématique anale totalement
occultée, ou &ien tentative d’éla&orer, # partir de traces mnésiques
phlo'énétiques réactivées par une telle manifestation sociale, un
crime primitif Ue ne le pense pas. Eous savons amplement, en e<et,
que l’idéal du Koi, classiquement héritier du narcissisme infantile,
n’a 'u0re laissé de place # l’instauration d’un 5urmoi # valeur
fonctionnelle apprécia&le.
2’ailleurs, son roman familial n’a pu s’éla&orer de faIon
personnelle et s’est calqué sur le mthe christique tout préparé lui
permettant # 'rand peine de maintenir refoulé dans l’inconscient la
représentation violente d’un p0re sadique et cruel.
La séance sui(ante )1* jours plus tard+
@lle s’ecuse d’avoir manqué la séance précédente, sa Hlle a eu la
'rippe, avec une H0vre # !j et elle n’avait pu la quitter et puis sa
m0re, son fr0re et sa &elle-sWur sont arrivés chez elle # l’improviste
de province : sa &elle-sWur s’est &r[lé l’Wil avec son fer # friser. >l
s’a'it d’une &r[lure de la cornée qui, tout compte fait n’est pas si
'rave, on va pouvoir lui faire une 're<e. @lle sourit ironiquement et,
devant mon attitude interro'ative elle poursuit : $ Ue souris parce
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
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qu’il a des années dé#, ’avais dit # ma sWur : $ celle-ci Hnira &ien
par se &r[ler les eu avec son fer # friser.
D Alors vous tes une voante
D Com&ien de fois e sens les choses # l’avance elle sem&le tr0s
H0re/. Nous pourriez croire que e lui ai fait le mauvais Wil parce que
e ne l’aime pas @lle a plusieurs fois parlé de cette &elle-sWur
qu’elle n’aime pas en e<et parce qu’$ elle est &te % et parce que,
touours selon elle, cette femme n’aime pas son fr0re : $ C’est une
coquette qui passe son temps devant la 'lace. %/ Eon, poursuit-elle,
e savais qu’il lui arriverait malheur.
D Nous saviez qu’elle prenait trop de plaisir toute seule devant
la 'lace et qu’elle serait un our punie %
@lle laisse passer quelques instants, son'euse, puis elle poursuit :
$ Kon fr0re me fait de la peine et mme si e me dis qu’il ne rend pas
sa femme heureuse, c’est pour lui que ’ai de la peine. %
Ue lui rappelle alors que son fr0re lui a touours fait de la peine et
’évoque un de ses souvenirs d’enfance oV elle le voit immo&ile dansle soleil, seul et triste dans un coin de la cour de sa maison.
U’enchaPne sur le fait plusieurs fois rapporté dans la cure que les
petits 'arIons lui faisaient touours de la peine. U’évoque encore un
autre souvenir-écran que e tiens en réserve depuis lon'temps, celui
d’un petit 'arIon a<amé et couché sous la nei'e, recouvert d’un sac,
sur le seuil de sa maison. @lle est tr0s émue et ses eu s’em&uent de
larmes... elle laisse passer un silence et : $ Ka Hlle dit que parfois,
quand e la re'arde, e lui fais peur... et ma m0re aussi, quand ’étais
petite, me 8anquait des 'i8es et me disait : kEe me re'arde pas
comme Ia. %
Ue lui demande si elle pense que ’ai peur d’elle ou si parfois e lui
fais peur.
@lle me He alors 'ravement dans les eu et, sans transition, me
relate le rve de la nuit précédente : $ 5a Hlle aPnée est tr0s malade,
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tr0s 'ravement G elle a une leucémie. uis elle est morte. Kais tr0s
curieusement, elle n’éprouve aucune peine et fait les préparatifs
d’enterrement. @lle est au cimeti0re, elle voit la tom&e ouverte, on
enterre sa Hlle, il a &eaucoup de monde. %
Noez comme e ne vous crains pas, sem&le-t-elle me dire dans
une sorte de déH, puisque ’ose de nouveau vous relater un rve,
mais qu’elle l’ait réservé pour la Hn de la séance alors qu’elle sait
tout l’intért que ’ porte montre &ien qu’elle ne souhaite pas
toucher, que les interprétations du rve précédent l’ont certainement
a<ectée. >l serait peut-tre mme possi&le de mettre l’infection
fé&rile de sa Hlle sur le compte de son ha&ituelle réponse
traumatique # ce qui l’a<ecte ou, tout au moins, déceler sous cette
relation la formulation préconsciente d’un reproche # peine voilé du
tpe $ voez ce que font vos interprétations %.
Kais ce qui importe le plus, c’est de l’entendre, # travers l’histoire
de sa &elle-sWur, continuer d’éla&orer le fantasme de castration avec
ses deu temps :
D U’avais prévenu ma sWur qu’il arriverait une catastrophe, ’ai pu
la contaster de mes eu, $ c’était donc vrai %.
ar mon intervention : $ elle prenait trop de plaisir devant la
'lace % miroir de la relation $ auto %, temps $ & % du dou&le
retournement pulsionnel/, elle serait punie %, e tente de relier la
castration # l’auto-érotisme, de mme qu’# travers les souvenirs-
écran, de réactiver le fantasme inconscient 0n bat un enfant% aveu
de la mastur&ation infantile, # quoi elle répondra sur un mode plus
$ évolué % : $ ma m0re me 8anquait des 'i8es % temps $ c % du
dou&le retournement pulsionnel/. Eotons au passa'e que le mauvais
Wil, représentation-mme de la castration, rappelle, en rapport avec
la séance précédente, sa pulsion voeuriste, son sst0me de pensée
ma'ique qui tente peut-tre de reprendre le complee de castration
dans le principe de plaisir.
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
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7uant au rve, c’est encore par l’intervention de l’a<ect de peine,
a<ect spéciHque, dit Rreud, du rve tpique nj +, mort d’un parent
aimé, qu’il rate sa tpicité. Comme l’atteste le contete de la séance,
s’éta&lit &ien le rapport décrit par Rreud dans 4u8delà du principe de
plaisir entre névrose traumatique et &lessure or'anique. Kme ". ne
connaPt certainement pas le thé?tre de 5ophocle mais elle retrouve,
par &elle-sWur interposée, la 'rave &lessure que s’in8i'e ^dipe,
&lessure qui, circonscrivant la source d’ecitation, empche la
survenue d’une névrose traumatique.
eut-on tout de mme penser, mal'ré l’atpie a<ective du rve,
que la patiente tente d’éla&orer le deuil d’un o&et pulsionnel Ue ne
le crois pas. "e cimeti0re, outre qu’il assure un pont avec la séance
précédente c’est au cimeti0re que la veille voisine avait o&tenu son
adresse/ pourrait condenser mort et castration et H'urer le $ Koi %
de la rveuse en tant que $ cimeti0re des amours du a %, ce moi
vidé, quasi mélancolique.
"a leucémie du rve, &lanc contre-point du noir de la séance
précédente, atteste encore ce vida'e li&idinal du moi, vampirisé et
évoque le verti'e de la castration conIue de faIon si terriHante
qu’elle s’eprime par une métaphore mortelle : $ Qn le p0re/ sai'ne
# &lanc un enfant en le ch?trant pour ouir de lui dans un co4t
déla&rant. %
"a source d’ecitation et de la castration, que la coecitation
seuelle ne parvient pas totalement # épon'er, si'nant une certaine
in8ation li&idinale du masochisme inconscient et du corps
douloureu, ne condamne-t-elle pas Kme ". en e<et, # une telle
dépense en contre-investissements qu’il est possi&le, dans le
contete du rve, de la séance, et de la cure, d’évoquer une
incoerci&le hémorra'ie li&idinale.
*ien loin d’éla&orer le deuil des o&ets Wdipiens, conséquence du
deui0me temps du complee de castration, il est alors possi&le
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
d’entendre la tom&e ouverte du rve comme une prise en compte de
la castration aussit=t contre-investie par le $ &eaucoup de monde %,
représentation du manque par son contraire. "’enterrement de sa
Hlle vient si'ner la réalisation du désir incestueu m0re-Hlle.
Ainsi, dans les deu séances rapportées, les rves échouent dans
leur tentative de réaliser des rves tpiques, nous montrant d’une
certaine faIon la limite actuelle au-del# de laquelle l’appareil
pschique de Kme ". s’av0re incapa&le de maPtriser des quantités
d’ecitation qui ei'ent d’tre liquidées.
>l reste remarqua&le qu’elle accomplit dé# depuis plusieurs mois,
sans que ’aie pu en saisir précisément le déclenchement, peut-tre #
partir de sa fracture de hanche, un formida&le travail mental, témoin
croons-nous d’une vérita&le mutation qualitative de l’ecitation,
attestant d’une nouvelle or'anisation du pré-conscient capa&le
d’éla&orer peut-tre enHn un a<ect d’an'oisse si'nal d’alarme.
"e cliva'e du moi entre la représentation de la castration
deui0me temps/ et son déni, H'e l’an'oisse de castration dans ce
compromis fétichique si particulier, si concret, si mstérieu que
réalise la maladie somatique elle-mme. >l témoi'ne d’une
insu<isante éla&oration en son temps du fantasme ori'inaire de
castration, en déséquili&re Rain/ avec les autres fantasmes
ori'inaires. A l’orée d’une période de latence, dont l’eistence mme
reste des plus discuta&le, s’est imposé le fantasme de séduction par
l’adulte, nullement médiatisé, avec son cort0'e de représentations
terriHantes d’une sc0ne primitive e<roa&le aant pour conséquence
le maintien de la patiente dans le rapport homoseuel passionnel #
sa m0re que l’on sait.
Eotre deui0me cas nous l’appellerons Aurore, nous a été
adressée par un confr0re rhumatolo'ue d’un 'rand h=pital parisien il
a 16 mois, pour une polarthrite tr0s in8ammatoire lui posant un
pro&l0me inha&ituel, celui du refus de toute thérapeutique
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
médicamenteuse. Ee sachant qu’en faire, il lui conseille de venir me
consulter # l’B=pital de la oterne de eupliers.
C’est une 'rande femme de 3( ans mince, &londe et fort &elle qui
a été un mannequin tr0s prisé dans la haute couture, le prt-#-porter
et mme les maillots de &ain l’ehi&itionnisme, le voeurisme,
l’investissement moteur sont au cWur de la question/ durant les
quelques années qui ont précédé sa premi0re et unique 'rossesse #
l’?'e de ++ ans, 'rossesse qui a mis Hn # sa carri0re et qu’il sera
possi&le de considérer dans l’apr0s-coup comme une rupture
traumatique de sa taille mannequin. Apr0s quelques années d’une vie
mouvementée avec un mari violemment détesté, avec qui elle s’est
souvent &attue, elle s’en sépare # la naissance de son Hls sans pour
autant 'arder l’enfant qu’elle conHe # sa m0re.
Au cours de ces derniers 16 mois de pschothérapie # la oterne,
traitement tr0s scrupuleusement suivi, les vacances donnant lieu #
des moments di<iciles dans la cure, elle a pu me &rosser le ta&leau
d’une enfance pieuse et malheureuse au sein d’une nom&reuse
famille : ( enfants, + 'arIons aPnés, 3 Hlles, elle est la entre deu
sWurs.
Au premier plan, les disputes familiales entre deu parents tr0s
contrastés : au col0res clastiques du p0re, dont la violence, d’autant
plus impressionnante que rendu impotent par une polarthrite sans
doute tr0s sév0re, il a passé les derni0res années de sa vie dans une
chaise roulante ne marchant qu’# l’aide d’une canne an'laise Ah X
ces coups de canne X/, s’oppose une m0re douce et passive, la mater
dolorosa.
"a relation des ch?timents corporels in8i'és par le p0re qu’ont
su&i ses fr0res et elle-mme le clan des 'arIons/ revient tr0s
ré'uli0rement dans son discours. C’est dans l’année qui suit la mort
de son p0re qu’Aurore dé&ute sa polarthrite, nous posant avec
acuité le pro&l0me de ses deuils impossi&les.
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
2ans les tous premiers mois de sa pschothérapie, la pression
douloureuse et invalidante des arthrites des mains et des 'enou
m’am0ne # lui faire accepter, non sans mal, un traitement par les sels
d’or mis en route # l’h=pital, mais tr0s souvent interrompu ou suivide mani0re tout # fait anarchique, sans pratiquer les contr=les
san'uins et urinaires ha&ituellement de ri'ueur.
Fne rupture des tendons du lon' a&ducteur du pouce droit et de
l’etenseur de l’inde droit survenant alors, restera plusieurs mois en
attente d’une réparation chirur'icale Hnalement acceptée. ApparaPt
d0s lors le th0me lancinant du co&&ae sur lequel les médecins
veulent faire des epériences, lui servant de prétete au oppositions
réitérées de toute thérapeutique médicamenteuse. Au 1!e mois de
notre traitement, # la veille des vacances de l’été 1961, apr0s une
amélioration nota&le du sndrome rhumatolo'ique, dans un contete
clinique un peu &izarre dépassant l’ha&ituelle ori'inalité, sans que la
pschothérapie n’ait donné lieu # quelqu’interprétation dnamique
ou $ profonde % que ce soit, mon r=le ne s’étant &orné qu’# une
écoute vraiment &ienveillante et # la mise en place ferme et aussitranquille que possi&le du cadre thérapeutique, cadre dont nous
verrons l’incapacité relative # mettre la patiente # l’a&ri de
l’ecitation et de la haine, me faisant l’avocat d’un consensus
médical de &on aloi, l’encoura'eant par eemple # la reprise d’une
activité $ saine % de dessin, la &lamant de son refus médicamenteu,
# la veille des vacances donc, coup de tonnerre dans un ciel qui
sem&lait s’éclaircir, alors qu’elle venait de renouer $ amicalement %ses relations avec son mari, sa m0re et son Hls, Aurore se met
&rutalement # délirer : on l’espionne, on la suit dans la rue, on veut
faire des epériences sur elle, on veut l’envoer faire la putain en
Afrique, on veut la vider de son san'... ce qui m’am0ne # la faire
hospitaliser en milieu pschiatrique. @lle sera traitée par des
neuroleptiques pendant tout le mois d’ao[t sans prendre le moindre
antal'ique. 20s sa sortie, elle cesse ce nouveau traitement et sem&le
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
se rasséréner avec la reprise évolutive de sa polarthrite
qu’apparemment elle cultive, si l’on ose dire, tant le moindre
médicament lui fait horreur.
Fne liaison avec un ournaliste d’un périodique satirique,
ournaliste qui porte le mme prénom que son fr0re aPné, se solde
par des coups échan'és et un coquard assez spectaculaire de l’Wil.
"es hommes sont tous des salauds, il n’ a rien # attendre d’eu, elle
les déteste tant, dit-elle, qu’elle se &rouille de nouveau avec son mari
et qu’elle se décide # refuser la pension qu’il lui verse. @lle cherche
alors du travail et, apr0s &ien des péripéties, entre # U:ncyclopedia
Nniversalis comme démarcheuse-vendeuse. Apr0s 3 mois sans une
seule vente, dans ce monde pourri oV les 'ens ne s’intéressent qu’#
l’ar'ent et au see, elle est mise # la porte. @t de conclure :
$ @ncclopedia Fnivers 5ali %. Car moi aussi, e suis un salaud, e
savais &ien qu’elle ne serait pas capa&le de 'a'ner sa vie et e l’ai
laissée volontairement s’en'a'er dans cette histoire dé'ueulasse
pour ouir de sa sou<rance et de sa défaite, e veu la démolir et
faire des epériences avec son corps. @lle me téléphone alorsquelques fois au milieu de la nuit pour m’insulter et me prévenir
qu’elle a&andonne son traitement usqu’# ce que e lui interpr0te sa
compulsion # répéter avec moi le ccle de violence &ien connu des
sévices, c’est son mot, paternels, des disputes avec son mari, des
coups échan'és avec son ami ournaliste. Ue la préviens que e ne
supporterai pas une telle déviation du traitement auquel, si elle
continue, e mettrai Hn moi-mme.
C’est dans ce contete que e choisis une séance particuli0rement
éloquente.
$éance du #,%1#%1&'...
Ue la reIois donc tr0s froidement et elle me tend, avec un sourire
d’enfant 'rondé qui veut se faire pardonner, un tr0s &eau livre :
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
$ C’est pour vous, c’est un cadeau. % >l s’a'it du catalo'ue de
l’eposition de photo'raphies de Kan Ja qui se tient alors au centre
*eau&our' et que e me proposais d’aller visiter.
5ur la couverture 'lacée, un assem&la'e photo'raphique
surréaliste : une tte penchée de femme en larmes, une tte
d’homme en pierre scultée, deu mains coupées, un &il&oquet, une
ampoule électrique, du rou'e.
Au dos du catalo'ue, un tete de Kan Ja qui mérite d’tre
rapporté :
$ 7u’est-ce qu’une &elle photo
7u’est-ce qu’une &elle femme Ue ne sais pas
7u’est-ce qu’une peinture a&straite
7u’est-ce qu’une peinture H'urative Ue ne sais pas
U’ai touours envié ceu pour qui une Wuvre est un mst0re... %
2ans le catalo'ue mme, de nom&reuses photo'raphies de nu
féminin avec des eu d’om&re et de lumi0re quelquefois # la limite
de la porno'raphie, femmes qu’il ne faut pro&a&lement pasconfondre avec des mannequins de mode. Comme nous le verrons,
elle pose d’em&lée tr0s précisément sa 'rande question, l’éni'me des
éni'mes : qu’est-ce-que c’est que ce see/ ce see de femme
Aurore donc, tr0s émue me sourit 'entiment tandis que e la
remercie et elle laisse passer un lon' silence. $ Ue suis la muette...
7uand ’étais enfant ma m0re me disait : kQn n’entend amais le son
de ta voi... usqu’# +! ans e suis restée tr0s silencieuse elle
sourit/, mais non licencieuse. Ue vais &eaucoup mieu... 2epuis (
ours ’ai cessé de prendre tout traitement et re'ardez mes mains
elle ouvre et ferme ses mains tr0s facilement, fait les marionnettes.
"es articulations des poi'nets et des mains sem&lent en e<et tout #
fait désen8ées/. U’ai décidé une fois pour toutes que e suis 'uérie,
que e ne prendrai plus amais un seul médicament. Je'ardez ma
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
cicatrice celle de la suture tendineuse sur le dos du poi'net droit/,
e suis marquée pour la vie elle s’attriste/. A la 5aint-Eicolas elle
s’était rendue chez sa m0re/ mon &eau-fr0re a s[rement re'ardé mes
mains... qu’est-ce qu’il a d[ penser eut-tre que ma m0re lui atout dit @t si e n’avais pas de polarthrite, hein @lle est tr0s
tendue et sem&le &rusquement tr0s irritée./ U’ai plut=t un urticaire,
un urticaire 'éant... ;iens, Alain son mari/ est au Caire en ce
moment et RranIois son Hls/ est toqué, non pas toqué mais Q] elle
rit/. Ah X e m’amuse, mais on peut faire la 'uerre avec des mots.
Nous savez, e ne désesp0re pas de trouver du travail, ’ai répondu #
une annonce pour un &oulot # mi-temps, e suis allée voir la dame etelle m’a dit que ce n’était pas du travail pour moi coudre des
corsa'es de soie peints # la main/, mais elle a été tr0s 'entille, elle a
mme pris mon adresse au cas oV elle trouverait quelque chose qui
me conviendrait, tr0s 'entille... Au fait, e crois mme qu’elle m’a
dra'uée, oui, d’ailleurs, tout le monde me dra'ue en ce moment, les
hommes aussi &ien que les femmes. Alain disait que les hommes
s’intéressaient # moi pour mon cul... Koi, e voudrais travailler pourrien, dans un \i&&outz par eemple ou alors, vivre dans un
monast0re, sur les hauts-plateau de l’Bimalaa....Ka m0re est
vénale, pas moi, elle 'arde RranIois pour l’ar'ent, e la déteste, elle
m’a touours alousée, toutes les femmes me alousent... Ue lui ai
téléphoné # la 5aint-Eicolas et e lui ai dit qu’elle était une ordure
elle m’a aussi traité d’ordure au téléphone/ et ’ai retéléphoné le
lendemain mais e suis tom&ée sur RranIois :$ D C’est vrai que tu as dit que *onne-Kaman est une ordure,
m’a-t-il demandé
$ D Qui, c’est vrai, c’est une ordure, ce n’est pas ma m0re.
$ D Bé &ien, tu n’es pas ma m0re non plus, m’a-t-il répondu, et Ia
m’a soula'ée comme elle a été soula'ée de ma fermeté au
téléphone/.
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
$ Eon, RranIois n’est pas mon Hls, c’est le sien... ;iens, ’ai rvé
cette nuit qu’elle était en face de moi elle avait du san' sur la tte et
Karc son fr0re/ était l# aussi, il avait du san' sur les mains cf. la
photo de l’al&um de Kan Ja/, ’ai dit # ma m0re : kC’est toi qui astué papa et e lui ai pris sa tte que ’ai plon'ée dans un lava&o oV il
avait des tas de chaussures et e lui disais kcr0ve, cr0ve, cr0ve
elle est au &ord des larmes et tr0s ecitée/.
$ U’ai horreur de ma m0re, c’est elle qui est responsa&le de notre
malheur # tous. 7uand elle prépare de la nourriture, par eemple,
c’est plein de maléHces et de mauvais messa'es. Ue ne m’en aperIois
pas sur le coup, alors e man'e, mais apr0s ’ repense et c’est alors
trop tard... Ainsi, pour la 5aint-Eicolas, elle avait fait des c=telettes
de porc comme pour nous dire kvous tes tous des porcs, de la
purée passée avec des chou, ce qui veut dire kvous étiez mes petits
chou dans le passé, maintenant vous tes de la merde. A Ueanne
sa sWur/ qui est si 'rosse, elle lui fait une 'rosse tarte :
ktu es une tarte. Ue sais que Karc son fr0re/ aussi n’attend
qu’une chose, qu’elle cr0ve pour qu’il s’en li&0re et qu’il reprenne
son métier de marin. C’est une femme mauvaise et sale, elle pue,
tout est 'ras chez elle, son fourneau, son lava&o, tout est crasseu.
Chez moi, il a de la poussi0re mais ce n’est pas sale. @lle a voulu
faire de moi une limace, Alain lui, oh X ils s’entendent &ien tous les
deu sur mon dos, il voulait faire de moi un escar'ot, toute seule
dans ma cham&re-coquille, d’ailleurs il aime les escar'ots de
*our'o'ne, il les &ou<e, il les &ou<e... tr0s ecitée/. C’est une
sali0re, vous savez, les sali0res oV la mer sta'ne pour qu’on laisse se
déposer le sel... Kais non, comment dit-on, pas une sali0re, des
salins... ce salaud d’Alain... Alors que moi ’aime la mer mouvante, la
vraie, la &onne mer oV on se &ai'ne. Ue ne retournerai plus la voir.
@lle 'arde RranIois pour l’ar'ent et RranIois ose dire :
kBeureusement qu’on a papa sinon on serait tous dedans... dedans,
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maladie rhumato4de/
dedans elle rit et pleure # la fois/. @lle m’a démolie, elle dit que ’ai
le derri0re trop &as alors que ’ai de lon'ues am&es... U’étais si
mince, et quand RranIois poussait dans mon ventre, e ne m’en
rendais mme pas compte. Ue ne suis pas vénale, moi. Qh X cettepschothérapie... Nous aussi vous me démolissez, e ne viendrai
plus. %
@lle part en pleurs et, sur le pas de la porte, ironique dans ses
larmes :
$ Alors, vous ne me faites pas hospitaliser chez les fous avant les
vacances % Ue lui réponds $ non % en lui souriant aima&lement, mais
e n’ose évidemment pas lui souhaiter de &onnes vacances et e me
sens inquiet. @lle a donc consulté la pthie, Kan Ja, photo'raphe et
po0te sur le nom duquel nous pourrons nous interro'er # loisir, dont
la parole oraculaire, &ien mstérieuse il est vrai, réactive ses propres
interro'ations quant # la question de la di<érence des sees dont
nous verrons que fondamentalement elle n’en veut rien savoir
mme si, tel est l’e<et du
cliva'e du moi, elle en tient tout de mme compte.
7u’est-ce donc qu’une &elle femme 5ois muette, sois &elle et tais
toi Kais que faut-il taire Noez ma cicatrice d’em&lée, d’entrée
de séance, l’entendu et le vu/, voez les sti'mates des pires tortures
que ’ai su&ies 7u’a d[ penser son &eau-fr0re # qui
momentanément elle m’assimile Ue si'nale que des deu fr0res
aPnés, l’un est homoseuel, celui qui l’a touours poursuivie quand
elle était enfant, dont elle a &eaucoup parlé dé#, reconnaissant
d’une certaine faIon une période de seualité infantile qu’elle a
mme pu éri'er en séduction réelle, nous donnant # voir un cliché
photo'raphique d’une sc0ne oV, # quatre ans, elle est nue sur une
pla'e du Eord en compa'nie de son 'rand fr0re qui lui met le doi't
dans le derri0re, conHrmant, comme c’est souvent le cas chez elle, la
nécessité oV elle se trouve de H'er les formes # des Hns de maPtrise
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narcissique G souvenir-écran auquel nous n’avons évidemment pas
$ touché % pour le moment. "’autre fr0re, le marin, est touours
céli&ataire # 36 ans. Kais revenons # la séance, l’urticaire, en lieu et
place de la polarthrite, vient accréditer le fantasme masochisteinconscient de l’enfant &attu, fouetté, écorché, fournissant par la
mme l’aveu de la mastur&ation infantile, le 'éant de l’urticaire
'éant/ condensant aussi &ien le p0re que l’énorme pénis qu’elle
s’attri&ue.
Kais le masochisme inconscient a &eaucoup perdu de sa valeur
li&idinale et ne parvient pas # u'uler la montée de l’ecitation, les
eu de mots $ au Caire, toqué, Q.]. %, epriment sans retenue, e
veu &ien dire dans la faillite des auto-érotismes primaires de
rétention, une déchar'e immédiate et tous azimuts de l’ecitation,
déchar'e motrice par des mots liés # des perceptions et non plus des
représentations, vérita&le poussée maniaque le contenu des
représentations désinvesties est proeté # l’etrémité perceptive
comme le dit Rreud # propos des paraphrases/. Ue m’amuse, dit-elle,
et, s’il est permis d’en douter, nous pouvons touours déceler uneHation en son temps $ & % du mouvement pulsionnel s’épuisant dans
sa tentative de se retourner masochiquement en une passivité
érotique # quoi l’invite $ on pourrait faire la 'uerre avec des mots %
pourrait faire penser.
"e fantasme de séduction par l’adulte, lui-mme, est tr0s mal
or'anisé : ou &ien tout le monde la dra'ue, hommes et femmes
mlés, ou &ien, et c’est ce qui prédomine ha&ituellement, les
hommes sont des salauds qui ne pensent qu’# &aiser-ch?trer-démolir
les femmes.
Eous la verrons tout de mme dans la séance tenter de freiner la
montée de l’ecitation dans un appel au idéau du moi, elle aimerait
travailler dans un \i&&outz discret élément de transfert/, vivre dans
un monast0re sa derni0re sWur est reli'ieuse/, nous voons ces
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représentations &alaées et céder vivement la place # sa passion
homoseuelle pour sa m0re. K0re vénale, anale, ordure, m0re
ecitante et ha4e en tant que $ fauteuse d’ecitation %. "’amour
transformé en son contraire e l’aime en e la hais/ sera proeté en :$ @lle me hait, elle me alouse % et reviendra # la faIon d’un retour
du refoulé, ou mieu, comme le dit Rreud de 5chre&er $ a&oli au
dedans, revient du dehors %. 5eul un mécanisme défensif utilisant le
déni de réalité pourra momentanément stopper le cours ré'ressif et
&rutal de l’ecitation et quelque peu soula'er la patiente : $ Eon, ce
n’est pas ma m0re % venant occulter le déni plus spéciHque de la
perception traumatisante, celle de l’a&sence de pénis de la m0re,contemporaine du deui0me temps du complee de castration.
Cliva'e du moi donc, s’o&ectivant en ce que K. ]lein nommerait
# coup s[r un cliva'e de l’o&et : la &onne m0re mouvante dans
laquelle on se &ai'ne et la m0re sta'nante, la sale m0re, la m0re
salée.
2ans ce contete proectif le rve qui, selon Rreud, constitue &ien
$ une etériorisation d’un processus interne % vient montrer une fois
de plus que les éléments traumatiques dominent chez elle le travail
du rve. 7u’en dirons-nous sinon qu’il tente d’éla&orer # 'rand peine
et dans l’etrme vivacité des représentations sensorielles le
fantasme d’une sc0ne primitive particuli0rement violente et si peu
déseualisée.
"a tte ensan'lantée, la main coupa&le, nous font associer,
déplacement du &as vers le haut, # une représentation de la
castration G les tas de chaussures représentant le manque par son
contraire G c’est toi qui as tué papa, pour c’est papa qui t’a ch?trée.
Kécanismes de retournement et de déplacement propres au travail
du rve.
$ Cr0ve, cr0ve, cr0ve % de mme souli'ne par sa répétition le
caract0re traumatique du rve, mais encore # la mani0re des
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contines enfantines, tente d’eorciser toutes ces horreurs ou, pour
mieu dire en termes métaps-cholo'iques, tente de désinvestir une
réalité trop an'oissante, non sm&olisée.
Eous ne prétendons pas ainsi # une vérita&le interprétation du
rve qui se rapprocherait en e<et plus d’un décoda'e, celui-l# mme
qu’Aurore tente dans la reconstruction délirante qu’elle fait des
repas maternels. Eous comprenons mieu pourquoi l’an'oisse si'nal
d’alarme dont l’or'anisation tient # un &on équili&re entre
investissements et contre-investissements ne puisse 'u0re
fonctionner chez notre patiente. @n référence # la premi0re
théorisation de l’an'oisse chez Rreud, nous pensons que
$ l’accumulation de tension seuelle somatique % ne pouvant se lier
pschiquement et ainsi se di<érencier en a<ects qualiHés, ne peut
que se déchar'er en an'oisse, en quantité d’an'oisse.
Eous voons donc notre patiente osciller entre les deu parties
clivées du moi :
D celle qui reconnaPt $ la castration % la m0re anale/,
D celle qui la refuse $ @lle dit que ’ai le derri0re trop &as alors
que ’ai de lon'ues am&es... Ce n’est pas moi qui suis sale, c’est
elle %/, pour se cantonner derechef dans une position que nous
dirions hermaphrodite en référence # la limace, # l’escar'ot dont la
Hne coquille en outre pourrait H'urer la minceur du pare-ecitation
personnel qu’elle a pu édiHer. Eous pouvons mesurer ainsi la
fra'ilité, la pi0tre qualité pschique de ce qu’on n’ose # peine
nommer &iseualité pschique.
Kais la réalité déniée n’en continue pas moins d’eister et de se
situer topiquement en dehors des limites du moi. "ors de son
hospitalisation en pschiatrie, alors que ’étais allé lui rendre visite,
elle m’avait fort impressionné en m’epliquant comment, dans
l’an'le supérieur droit de sa cham&re par rapport # son lit, elle
m’avait 'ardé dans un médaillon, avec ma pipe et en costume marin,
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témoi'nant d’une utilisation de ma personne # des Hns
fantasmatiques son $ narcissisme % ne serait donc pas tout # fait
$ détaché des o&ets %/. Ue rappelle que son fr0re Karc et son oncle,
le fr0re de son p0re, sont des marins, ce dernier capitaine au lon'cours et qualiHé d’homoseuel comme le fr0re aPné déplacement,
donc, # peine voilé, si'nant ainsi sa fai&le or'anisation économique,
mais déplacement tout de mme/. Ainsi ce médaillon représente-t-il
vraisem&la&lement, dans une tentative de retour de la li&ido, le
séducteur, l’adulte pervers situé topiquement hors des limites du moi
et de ce fait revenant sous forme d’hallucination o&sédante en ce
sens qu’elle constitue une source permanente d’ecitation entrantalors en concurrence avec la source d’ecitation somatique. Eous
savons l’alternance chez elle, comme chez &on nom&re de malades
somatiques 'raves, du délire et de la maladie somatique.
Autrement dit, la ré'ression du moi # partir d’un maintien
acon8ictuel du sens de la réalité qui pourrait se résumer par le déni
de la di<érence des sees, s’est-elle transformée en ré'ression
li&idinale pouvant aller usqu’# la perte de la réalité. 7uand elleeprime son désir inconscient d’tre dévorée les escar'ots, il les
&ou<e/ par sa m0re-Alain-moi indi<érenciés, elle nous laisse
entrevoir tout ce que ce souhait qui s’eprime comme dit Rreud dans
le lan'a'e de la pulsion orale, rec0le d’un potentiel ré'ressif,
marqué, comme nous l’avons vu, par la prédominance inconsciente
du fantasme de séduction par l’adulte, sur lequel K. Rain fait porter
l’accent que l’on sait, avec pour corollaire l’insu<isante inté'rationde l’ecitation émanant du fantasme de sc0ne primitive.
5ans 'rand risque d’erreur, nous pouvons considérer que les
capacités de liaison tant du masochisme primaire que des auto-
érotismes primaires, ont d[ tre lar'ement dé&ordés, voire qu’ils ont
perdu de leur valeur li&idinale. "a partie clivée de son moi qui
reconnaPt la di<érence des sees ne peut la concevoir que comme la
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conséquence d’un co4t 'randiose au cours duquel un séducteur
&rutal et sadique a tranché le pénis du petit 'arIon pour en faire une
petite Hlle ch?trée. "e fantasme $ on ch?tre un enfant % impose sans
nuances l’ima'e d’un séducteur &rutal et s’oppose ri'oureusement,dans une inhi&ition du fantasme de castration au fantasme $ on &at
un enfant %, fantasme a'i dont elle nous a donné maintes preuves,
qui témoi'nerait donc, # l’inverse, de la masculinité érotique
d’Aurore, identiHée tant au p0re qui &at qu’au 'arIon &attu et
surtout déniant la di<érence des sees et mme le con8it Wdipien.
Avec *raunsch_ei', nous évoquerions # ce propos un masochisme
masculin de la femme.
"e complee d’^dipe dont l’or'anisation s’est trouvée
particuli0rement altérée, loin d’avoir été $ détruit % pour laisser
classiquement place au surmoi, dont on rechercherait en vain
quelque trace dans la séance relatée et dans l’ensem&le de la cure, a
éclaté en morceau épars dont nous pouvons eaminer quelques
fra'ments qui, eu-mmes, reviennent du dehors. 2ans son versant
positif, la parole de son Hls : $ Beureusement qu’on a papa sinon onserait tous dedans %, ou encore la m0re salée, m0re morte, que nous
transformerons en statue de sel laissant au Hlles de "oth tout le
loisir de procréer avec leur p0re. 2ans son versant inversé, l’ima'e
d’@pinal, ardin des délices de la &onne m0re oV l’on se &ai'ne.
@nHn, qu’elle ait cité trois fois 5aint-Eicolas nous permet
d’entrevoir la petite lueur d’espoir d’une pensée ma'ique
em&ronnaire que résume &ien la lé'ende de ce saint ressuscitant
les trois enfants, pro&a&lement trois petites Hlles ch?trées, Aurore et
ses deu sWurs, qu’un horri&le &oucher sadique et cruel avait
cachées dans un saloir touours le sel, apr0s les sels d’or et la mer
de sel/, lé'ende que nous pouvons entendre comme ce qui témoi'ne
du plus évolué du fonctionnement mental de la patiente quand elle
oscille entre les deu temps du complee de castration, un $ Ia va
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
pousser % s’opposant # un $ c’était donc vrai %. Fn saint moderne,
Kan Ja, l’homme-femme, le thérapeute, possédera-t-il les mmes
vertus curatives que 5aint-Eicolas 2ans la séance qui suivra, # la
rentrée, nous la verrons tenter d’éla&orer son complee decastration, ou plut=t de le ouer, dirons-nous en paraphrasant Rreud,
tout entier au niveau de son front, se plai'nant de ce que son front
$ plisse % et se déforme, de mme qu’elle tentera d’appréhender tr0s
confusément le pro&l0me de son identiHcation inconsciente nous
savons que des ( enfants, elle est la seule # hériter de la polarthrite
du p0re, peut-tre mme de sa parano4a/.
Kais pour conclure sur la séance rapportée, le déséquili&re
économique entre les trois fantasmes ori'inaires Rain/, le cliva'e du
moi avec la coeistence de ses positions inconcilia&les, l’altération
des processus de sm&olisation, le déni du masochisme inconscient
ou peut-tre mme sa faillite li&idinale, la reseualisation des liens
homoseuels # la m0re dont nous pouvons mme nous demander s’ils
ont été amais quelque peu déseualisés, l’échec de la constitution
des idéau et des liens sociau, témoi'nent d’une 'rave altération dela période de latence, dont l’eistence mme reste des plus douteuse,
enHn la mauvaise or'anisation des processus primaires, tout cet
ensem&le laisse émer'er un complee d’̂ dipe tellement
inconsistant, tellement fra'ile qu’une pschothérapie, mme si elle
est dé# &ien investie, &ien enclenchée une névrose de transfert
pourra-t-elle amais s’éta&lir / qu’une pschothérapie donc, au
prises avec de si formida&les tensions d’ecitation, quand &ien mmenous pensons que c’est l# sa chance, risque fort de se perdre dans
des méandres d’autant moins contr=la&les que la ré'ression dans
son ensem&le, apr0s 16 mois de traitement, sem&le nous mettre en
rapport avec une pschose infantile qui pourrait &ien situer $ la
pointe évolutive % Kart/ # laquelle notre patiente soit amais
parvenue.
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
@n contre-point de ce pronostic pessimiste, nous pouvons
considérer qu’un préconscient, pour altéré qu’il soit, fonctionne
encore : $ Nous ne m’envoez pas chez les fous % est une pensée mise
en latence au cours mme de la séance, peut-tre mme depuis lesderni0res vacances. Aussi, n’est-il pas interdit d’espérer $ redonner
de la 8uidité # des choses qui paraissent dé# pétriHées % Rreud/.
Z
Z Z
Au terme de ces deu o&servations choisies en 'rande partie en
raison de leur caract0re spectaculaire, la ré8eion théorique en étant
d’une certaine faIon facilitée, nous espérons n’avoir pas fui les
'randes questions qui demeurent encore &ien mstérieuses et,
principalement, la question de la spéciHcité pschosomatique. Fne
lon'ue pratique de la pschothérapie des malades somatiques nous
aant solidement convaincu du chan'ement et de la réor'anisation
du fonctionnement pschique et somatique, reste # déterminer le
comment et le pourquoi de cette nouvelle distri&ution éner'étique,
de cette vérita&le $ mutation qualitative % de l’ecitation, dans
l’économie li&idinale.
>l est certain que nous assistons dans les désor'anisations
pschosomatiques # l’e<acement de &on nom&re de fonctions et que
nous sommes constamment o&li'és # une étude smptomatolo'ique
né'ative, # la recherche de ce qui aurait pu tre et qui n’a pas été,
en référence # un fonctionnement pschosomatique normal ou
névrotique, en tenant compte $ du r=le prépondérant, presque
démesuré, des fonctions mentales par rapport au autres fonctions
&iolo'iques % et $ de l’érotisme de haut niveau qui impr0'ne
l’activité mentale % Kart/. >l ne su<it cependant pas de mettre en
évidence, pour essentiels qu’ils soient, le dsfonctionnement des
processus primaires, l’altération traumatique du lien sm&olique, la
surchar'e éner'étique de l’économie li&idinale, les $ 'ou<res %
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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de
maladie rhumato4de/
ré'ressifs, l’$ hpo'énésie % du préconscient... autant de
$ malformations % qui peuvent se rencontrer dans la patholo'ie
humaine en l’a&sence de la moindre atteinte somatique, pour en Hnir
avec l’ancien cliva'e sché-5oma.
Qui, la maladie est une aventure qui se vit sur plusieurs sc0nes
qu’il serait illusoire de croire séparées par des cloisons étanches,
mais dont les éni'mes restent encore &ien opaques et nous
promettent encore &ien du travail. @t, pour terminer par des
questions, pourquoi, par eemple, la position pho&ique de Kme
"efranIai ne l’a-t-elle pas proté'ée d’une telle désor'anisation
pschosomatique Comment l’épisode délirant d’Aurore e<ace-t-il
de si 'raves désordres somatiques
1!(
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)uelques ré*e'ions et interro#ations autour de la
recto-colite hémorra#ique
par A. Rine
7u’est-ce qui donne # la J.C.B. son proHl de maladie vedette pour
les pschosomaticiens qui ont &eaucoup pu&lié # son suet
2’étiolo'ie médicale encore inconnue, elle laisse plus de champs
au hpoth0ses et mme les médecins insistent sur l’importance des
trou&les pscho-a<ectifs dans son déroulement.
"a J.C.B. se présente succinctement sur le plan somatique
comme une atteinte en continuité mais d’étendue varia&le des
muqueuses et sous-
muqueuses du rectum et du c=lon avec découverte
endoscopique d’une
muqueuse fra'ile, érosive ou ulcérée, qui $ pleure le san' %,
muqueuse souvent surinfectée, qui fa&rique des pseudo-polpes.
C’est une maladie dont la 'uérison totale ne peut amais trea<irmée G le plus souvent chronique, # évolution varia&le et
imprévue, alonnée de possi&les complications que nous ne décrirons
pas, et dont l’atteinte va d’une localisation peu étendue et a minima%
au drame recto-colique qui peut faire poser l’indication invalidante
d’une colectomie, voire d’une colo-proctectomie.
"es suets atteints de J.C.B. sont souvent ré'ressés et déprimés G
l’intrication et la profondeur de ces deu param0tres la situent pour
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
de nom&reu auteurs vers une or'anisation qui rappelle les
processus mélancoliques, plus d’ailleurs dans leur versant structurel
que clinique.
Cette proimité, associée parfois # des raptus pschotiques la
positionne par rapport # la pschose, en conti'u4té pour certains,
comme
dernier rempart contre la pschose, pour d’autres.
@nHn certains auteurs l’ont étudiée en termes de pscho'én0se,
d’autres de conversions pschosomatiques.
2e tout cela nous allons nous interro'er, sans prétendre a&order
toutes les théories d’une mani0re ehaustive, tout décrire ni faireune présentation statistique.
Eous si'nalons toutefois une lon'ue coha&itation avec cette
maladie aussi &ien dans son versant médical formation de 'astro-
entérolo'ue/ que pschosomatique nom&reu cas étudiés par
investi'ations en milieu hospitaliers ou institutionnels, plusieurs
suivis en pschothérapie, 6 ces derni0res années/.
Eous présentons, comme entrée en mati0re, la J.C.B. dans uneesp0ce de proHl-ro&ot sur lequel nous reviendrons &ien s[r/ de
suets adultes, eprimant en 'ros leur personnalité.
>l eiste souvent une immaturité a<ective ou un &loca'e avec une
certaine insta&ilité, des di<icultés relationnelles oV pointe
l’am&ivalence qui demande parfois # tre découverte derri0re une
faIade sta&le. @lle oue en cours d’investi'ation, et souvent, derri0re
la communication détaillée des smpt=mes, parfois d’allure o&sessive
avec désir de contact relationnel, pointent la réticence, l’a'ressivité
mme.
Am&ivalence retrouvée aussi dans la description des contacts avec
les médecins. @nHn am&ivalence plus profonde, plus latente # l’é'ard
des proches, vérita&le param0tre structural, qui se découvre au
cours de la pschothérapie.
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
"’a'ressivité est souvent manifeste, témoi'nant d’une haine de
tout o&et déclenchant un con8it ou une simple mise en tension,
d’une ecitation forte. 2erri0re ces manifestations se cache un
&esoin d’amour refoulé ou inapte # satisfaire, en référence # un idéal
ei'eant, inattei'na&le ou perdu.
2’autres fois, au contraire, l’a'ressivité est profondément
refoulée surtout contre les proches. ;out con8it est # éviter au pri
d’un appauvrissement relationnel. Cette recherche acon8ictuelle,
souvent idéalisée, ali0ne le suet # ses o&ets d’amour et masque un
fort désir de rupture des liens que rév0le la pschothérapie.
*ien s[r l’am&ivalence, manifeste ou latente, est un mode de
fonctionnement fréquemment retrouvé, mais dont la profondeur dans
les J.C.B. interro'e les pschosomaticiens nous reviendrons/.
Fn autre fait descriptif important, et si'nalé par presque tous les
auteurs, est l’importance du mouvement dépressif : dépression qui
dé&orde lar'ement la dépression dite $ somato'0ne % des désordres
somatiques. @lle est si'nalée 11 fois sur 16 cas par *onHls et 2e
K’Fzan S(T, 11 cas sur +1 chez *esanIon ST.@lle se manifeste parfois dans le cadre de la dépression
essentielle décrite par . Kart 3 cas sur nos 6 cas/ préludant mme
# la maladie ou # ses rechutes.
2ans d’autres cas, elle s’apparente au manifestations pscho-
névroti-ques souvent en rapport avec l’a&andon ou la mésestime
avec les sentiments de culpa&ilité di<use, manifeste ou latente. Cette
dépression charriée dans un 8ot ré'ressif massif est su<isammentimportante pour que certains auteurs *esanIon ST proposent une
chimiothérapie antidépressive associée # une prise en char'e
anaclitique que récusent d’ailleurs d’autres auteurs comme K.
5perlin' qui la dénonce comme accentuant la dépendance.
@lle peut prendre l’allure de dépression pschotique de tpe
mélancolique 3 cas : *onHls et 2e K’Fzan, 1 de mes cas/. Cette
corrélation fondamentale entre la J.C.B. et les états dépressifs est
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
un pivot essentiel des essais d’interprétation pschanaltique de
cette maladie pour la plupart des auteurs. Eous reviendrons. @lle
n’eclut d’ailleurs pas d’autres manifestations telles les traits
o&sessionnels, les pho&ies d’impulsions, les névroses d’an'oisse...
@nHn, il faut si'naler fréquemment des trou&les de la seualité.
Ce fait est rapporté par la plupart des auteurs. Cette pertur&ation
dé&orde la simple asthénie seuelle due # la maladie. @lle su&siste
d’ailleurs plus souvent chez la femme que chez l’homme en dehors
des poussées de J.C.B. *ien souvent la dimension de la seualité est
occultée en cours d’investi'ation et mme de pschothérapie.
;el patient qui se morfond sur l’aspect invalidant de sa maladie
n’a eprimé aucune plainte sur sa &aisse de li&ido. ;el autre a pu
parler seulement apr0s + ans de pschothérapie de sa peur des
femmes, au point d’avoir fui tout rapport seuel pourtant ei'é par
sa partenaire G an'oisse et fuite qui ont été des facteurs
déclanchants de sa J.C.B. lus tard et 'r?ce # la pschothérapie, il a
pu se laisser investir par une eune Hlle, apr0s plusieurs mois, tenter
infructueusement des rapports seuels, et lorsque la pénétration a
été enHn possi&le, or'aniser une éaculation précoce et déclencher
en retour chez sa partenaire un va'inisme. Fne femme acceptant
passivement les rapports seuels, nettement améliorée de sa J.C.B.
pendant une 'rossesse, a rechuté massivement apr0s son
accouchement avec or'anisation d’un reet de toute seualité.
Fn homme enHn, décrit tr0s &ien sa seualité comme &esoin
impérieu, &estial presque, avec une nette dissociation entre le
courant tendre et le courant sensuel, et nostal'ie d’une seualité
'lo&ale.
Aucun des patients n’a pu ou voulu a&order la seualité infantile :
suet ta&ou >mportant refoulement >nor'anisation de toute
pschoseualité infantile
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
"es circonstances déclenchantes d’entrée dans la maladie ou de
rechute/ sont retrouvées par la plupart des auteurs. ar eemple 16
cas sur + chez *onHls et 2e K’Fzan S(T, ) sur 6 de mes cas.
@lles peuvent paraPtre fortuites lors d’une premi0re investi'ation,
mais se modiHer en cours de pschothérapie au fur et # mesure de
l’émer'ence des contenus latents.
Eous nous sommes d’ailleurs demandé fu'itivement, devant la
trop &elle eemplarité de certains cas s’il ne s’a'issait pas d’une
reconstruction, apr0s coup, de l’un ou des deu prota'onistes
analste et analsant/, dans le &ut d’eorciser l’insaisissa&le et
l’inquiétant du somatique X X X X
Kais si, comme nous le pensons, des maladies or'aniques arrivent
souvent dans un $ ciel serein % sans qu’intervienne une pertur&ation
pschique évidente, ni mme une importante irré'ularité du
fonctionnement mental D failles dans lesquelles s’en'ou<re le
somatique D nous devons &ien constater qu’il en va autrement dans
la J.C.B.
Eous retrouvons aussi et les vi'nettes cliniques en apportent lapreuve/ des vécus de perte o&ectale, de &lessure narcissique avec
sentiments de dévalorisation, d’autodépréciation, d’impossi&ilité
d’assumer des responsa&ilités nouvelles.
Eous disons &ien vécus, c’est-#-dire issus de la réalité pschique
du suet G car les situations peuvent tre réelles ou fantasmées, au
niveau de fantasmes patents ou ramenés # la conscience par la
pschothérapie."es causes, plus que dans d’autres patholo'ies, orientent vers une
désor'anisation de l’équili&re narcissique, qui dépasse l’insta&ilité
relationnelle inhérente au $ &ruit somatique avec dépression du
somatique % et orientent vers un $ ae narcissique % de la dépression
dans la J.C.B. Josolato S19T/.
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
2e K’Fzan et *onHls S(T écrivent # propos de ces facteurs
déclenchants, une phrase que nous faisons n=tre : $ "e trait commun
# ces facteurs est la faculté de provoquer chez le malade une perte
d’estime de lui-mme dans la mesure oV il ne se croit pas aimé, ou se
sent incapa&le de surmonter une di<iculté. %
Eous voulons maintenant illustrer notre présentation par deu
vi'nettes cliniques, + cas choisis pour leur eemplarité # des titres
divers, plut=t que nos 6 cas qui auraient été trop schématisés pour
cet article.
-remier cas
>l s’a'it d’un patient ?'é de + ans, lorsque e le vois pour la
premi0re fois en milieu hospitalier. 5a J.C.B. est connue depuis
19). Apr0s une premi0re hospitalisation et une amélioration
transitoire, il fait une rechute importante qu’un traitement médical
intensif n’arrive pas # stopper. Fne colectomie totale avec
réta&lissement de la continuité iléo-rectale est pratiquée. Apr0s
l’intervention, au trou&les inhérents # la colectomie s’aoute
l’atteinte rectale persistante. Kais en cours de pschothérapie ils
s’atténueront nota&lement et ne feront plus partie du discours du
patient.
U’ai pu le voir deu fois avant son intervention et ’ai été frappé
par son apathie, son refus d’éta&lir le moindre contact, son univers
clos, tapissé seulement, si ’ose dire, de photos de coureurs
automo&iles. 5on refus d’éta&lir tout contact avec moi s’est
transformé apr0s la convalescence, peut-tre par prise de conscience
d’un con8it pscho-a<ectif dont e reparlerai.
"e dia'nostic de névrose de comportement avec dépression
essentielle m’a paru évident, et fait demander un aména'ement de
sa pschothérapie sans qu’il ne se soit a'i pour autant de prise en
char'e anaclitique.
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
>l avait évoqué cette intervention sans aucun a<ect d’an'oisse,
sans revendication, comme si son corps ne lui appartenait pas, était
désha&ité. Qn avait l’impression d’un au-del# des instincts vitau,
d’une proimité presque matérielle de l’instinct de mort, d’un désir
inconscient d’etinction comme résolution des pro&l0mes sous-
acents qu’apr0s de lon's mois, la pschothérapie am0nera
partiellement # our/.
"a ré'ression narcissique me paraissait massive et inapte # toute
restauration. ourrait-on évoquer ici le narcissisme né'atif de Yreen
S13T, et sa possi&le articulation avec la dépression essentielle
C’est un patient qui a des allures d’adolescent de 1) ans, assez
mou, au re'ard fuant et comme désha&ité, au départ, sans curiosité
ni participation au séances. our le réveiller il m’a fallu une
présence de tous les instants, un aména'ement technique avec
interro'ations, constructions transitoires pour rétrécir les mailles de
son histoire et servir d’ancra'es au souvenirs.
5es récits sont pauvres, souvent répétitifs, sans relief a<ectif
mme lorsqu’il évoque des sc0nes traumatiques G il reste au niveaudu factuel, la fantasmatisation et les rves étaient a&sents D ’écris
$ étaient % car apr0s + ans le fonctionnement mental s’est amélioré.
>l n’a retrouvé aucun souvenir en-deIa de 13 ans, mal'ré ses
tentatives, ce qui commence seulement # lui poser pro&l0me au point
qu’il a interro'é sa m0re. ;r0s eune il aurait été tr0s malade et
fra'ile, suscitant une surprotection, une inquiétude parentale avec
aména'ement acon8ictuel, qui or'anisent encore ses relations avec
son entoura'e familial.
>l est le e de ) enfants G les 3 aPnés ont rapidement fondé un
foer, le (e est mort noé nous reviendrons/, le )`, encore eune,
vit aussi chez les parents, mais il est dé# plus émancipé que lui.
"e patient paraissait nettement Hé # cette or'anisation
ré'ressive, sans aucun désir d’autonomisation, isolé, et fuant toute
relation vécue par lui comme con8ictuelle et destructrice. >l se
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
A l’occasion de départ du fr0re aPné de la petite entreprise
familiale, oV travaillaient aussi le p0re et le patient, celui-ci a d[ se
placer ailleurs. Cette responsa&ilité nouvelle, hors protection
familiale, a déclenché an'oisse, détresse, vérita&le traumatisme
&rutal, sans éla&oration pschique, suivi de la premi0re crise de
J.C.B.
ar la suite il a été décidé que l’entreprise serait mise # son nom
et que le p0re l’aiderait G la crise a diminué.
"a deui0me crise est survenue # cause de la demande
intempestive des parents de sa Hancée d’une date de maria'e. >l faut
dire que les HanIailles duraient depuis 3 ans, dans un climat passif
dont le moins qu’on puisse écrire était l’a&sence d’@ros. >l décrit
pratiquement + viols avortés que lui aurait fait su&ir sa Hancée. >l a
vécu cette ei'ence comme un forIa'e, une irruption morcelante de
toute son or'anisation fra'ile dans laquelle le maria'e, qui
matérialisait pour lui l’o&li'ation de l’acte seuel, et l’a&andon de la
compétition voiture, n’était qu’une va'ue possi&ilité lointaine. "a
crise massive de J.C.B. fut sa réponse, suivie de la rupture des
HanIailles.
Kais e pense qu’il faut évoquer aussi la mort du fr0re puiné.
endant l’adolescence et usqu’# l’?'e de 16 ans, le patient partait
l’été avec le fr0re aPné faire de la plon'ée sous-marine. Cet été-l# il
tom&e malade, le fr0re le remplace et se noie.
"e patient parle de tristesse et de dépression sans pourtant
pouvoir évoquer son fr0re, leurs relations, leurs con8its. ar contre,il est o&nu&ilé par la peur de l’ou&lier et lutte pour 'arder son
ima'e. 2é# les autres l’ont e<acé et il en est pertur&é. Fne va'ue
culpa&ilité plane sur cette mort, puisque le fr0re a pris sa place.
5erait-il mort lui A-t-il # paer d’tre encore en vie "e deuil, dont
le travail ne se fait pas, paraPt &loqué sur le mode nostal'ique : fr0re
comme dou&le, mort, qui doit continuer # le hanter sous peine
d’e<ondrement narcissique.
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
5a J.C.B. survenue ans apr0s cette mort tra'ique est articulée
par le patient lui-mme # sa premi0re crise de J.C.B., le deuil, en
quelque sorte mis en latence, a été ravivé au moment de sa possi&le
autonomisation par le travail, avec peur que cet en'a'ement dans la
vie active n’e<ace l’ima'e du fr0re mort. >l m’a &ien si'nalé com&ien
les o&li'ations du présent mo&ilisant trop les pensées, atténuent et
ra&otent les souvenirs, empchent le retrait sur soi et les
retrouvailles avec les o&ets perdus.
"a pschothérapie lui a permis de sortir de sa massive passivité G
il a pris quelques initiatives professionnelles sans la couverture
paternelle G il a moins peur de l’$ étran'er %, comprenant timidement
que l’a<rontement des points de vue di<érents, le con8it,
n’entraPnaient ni l’annulation des liens, ni la destruction de soi.
Kais l’essai de réor'anisation comportementale et mentale a &uté
sur sa peur profonde de la seualité # l’occasion d’échan'es
amoureu acceptés, voire suscités par les deu familles.
"e fantasme d’acon8ictualité inHltre sa relation de couple. >l veut
la vivre, plut=t la su&ir, comme &lanche de toute érotisation puis detout a&outissement seuel 'énital. "e désir est am&ivalentiel, décrit
davanta'e comme peur et désir inconscient de possession, que
comme plaisir parta'é. "’acte seuel pourrait déclencher un rapport
de force destructeur G dans cette or'anisation, le courant tendre
occulte le courant sensuel vécu comme trans'ression. 2erri0re ce
niveau manifeste se dessine &ien s[r une su&version du fantasme de
sc0ne primitive et une peur massive du see féminin dans ce qu’il a
d’inquiétant et d’e<raant.
"a peur de posséder, de faire mal, paraPt la forme inversée d’tre
pénétré. Rantasme refoulé de pénétration souli'né par Cain ST et
Yutton
S1T dans les J.C.B. d’enfants.
ar la suite, dans l’acceptation toute relative de l’accouplement, si
le partenaire prenait la position dnamique et active, pointait
11(
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
l’oscillation entre l’activitéMpassivité, virilitéMféminité sans pourtant
avoir pu articuler cette oscillation avec les di<érentes positions dans
la trian'ulation Wdipienne dans le Katériel.
Apr0s maints échecs de pénétration, il a or'anisé un
comportement d’éaculation précoce et induit chez sa future femme
un va'inisme.
"euième cas
>l s’a'it d’un homme de 33 ans adressé sur sa demande epresse
par son médecin, # l’>..5.Q.
>l vient pour une aide pscholo'ique dans sa lutte pour ne pastre opéré. "’indication d’une colectomie totale avec protectomie a
dé# été posée # plusieurs reprises, devant une atteinte assez sév0re
de l’hémi-c=lon 'auche et du rectum sans cédation nota&le, aant
dé# entraPné de nom&reu trou&les hématolo'iques, méta&oliques et
nécessité une alimentation enté-rale, des trou&les circulatoires avec
phlé&ites, des trou&les ostéoporotiques.
Kal'ré toutes ces complications invalidantes, l’intervention,souli'née comme salvatrice, est vécue par lui comme une déchéance
insupporta&le, plus dure que la mort. >l a accepté une fois de
rencontrer une colectomisée réinsérée socialement, pour aussit=t en
faire un o&et de moquerie et de reet.
>l faut si'naler par ailleurs sur le plan somatique la notion
d’eczéma des etrémités tr0s précoce et aant duré fort lon'temps.
Crises déclenchées uniquement lors de retrouvailles avec la famille,et pas en position d’éloi'nement qui était son lot ’ reviendrai plus
loin/. >l a eu de nouvelles poussées importantes d’eczéma + ans avant
la premi0re crise de J.C.B., déclenchée par une altercation avec ses
parents avec disparition des crises apr0s la poussée de J.C.B. Cet
eczéma pose le pro&l0me de l’aller'ie dans l’or'anisation
pschosomatique du patient, et le pro&l0me plus vaste d’un possi&le
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
param0tre immunolo'ique dans la J.C.B. et d’une possi&le
conti'u4té avec la structure aller'ique.
Bistoire personnelle. D Ramille provinciale d’ori'ine pasanne ou
plut=t terrienne. arents peu contrastés, décrits touours comme une
entité sans que l’un des deu apparaisse comme privilé'ié, comme
p=le plus ou moins. >l a une position touours défensive lorsqu’il en
parle, sans a<ect, sans tendresse, avec un vécu persécutoire et de
reet. >l est l’aPné de deu sWurs. 2’em&lée il aurait été reeté de la
cellule familiale, élevé d’a&ord par des 'rand-parents puis par un
couple nourricier, voant tr0s peu ses parents et envoé en colonies
de vacances au lieu d’tre récupéré dans la cellule familiale. A tr0s
mal vécu cette séparation. @lle est le traumatisme fondamental,
vérita&le pivot de toute son or'anisation ultérieure, toutes les
eplications de son vécu, tous ses traits de caract0re, voire tous ses
proets ultérieurs sont inhérents # ce reet, # ce traumatisme
indépassa&le.
ar eemple, en'a'ement précoce dans l’armée G proet avorté de
travailler comme pétrolier o# shore% proet actuel de trouver un petit
commerce, loin de ses parents.
Cette parentectomie a or'anisé un roman familial dans lequel son
p0re ne serait pas son vrai p0re, avec reet maternel pour éloi'ner
l’o&et de sa culpa&ilité. Ce roman défensif l’a aidé # surmonter la
profonde &lessure narcissique, sans cesse rouverte par le traitement
di<érent des deu sWurs et surtout de leurs enfants respectifs.
Au départ, rationalise-t-il, il proetait son a'ressivité sur lesparents nourriciers, essaant de proté'er les parents. Kais dans son
discours pointe l’am&ivalence et l’or'anisation des con8its en
privilé'iant les moindres actes des parents, vécus comme un reet
sans cesse renouvelé.
"a reprise de l’eczéma est survenue lorsque les parents n’ont pas
pu, ou voulu, prendre leur Hls en vacances.
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
"a premi0re crise de J.C.B., lorsqu’il a osé vraiment s’a<ronter
de face # eu avec essai de rupture. Au moment aussi oV, amateur de
&ateau, il donne des arrhes pour l’acquisition d’un petit voilier, et
pense aussit=t qu’il ne serait pas capa&le d’assumer cet achat, en
fait, pas capa&le de se faire ce 'rand plaisir vécu selon moi comme
une trans'ression possi&le/, achat décrit comme a<rontement au
parents incompréhensifs et alou de sa réussite.
Qn peut souli'ner comme circonstance déclenchante de cette
J.C.B., # la fois le ravivement de la &lessure narcissique, un vécu
or'anisé par lui, mais indépassa&le et am&ivalentiel, de possi&le
perte o&ectale par a<rontement direct au parents, enHn une
impossi&ilité d’assumer des responsa&ilités nouvelles, accentuant
aussi la &lessure narcissique # un autre niveau.
Kais ici, le &astion le plus solide du retrait narcissique est la
permanence de l’inté'rité corporelle mal'ré les remaniements de la
maladie : l’or'ane sou<rant et le corps comme entités sont pris dans
une relation con8ictuelle, vérita&le métaphore du con8it
intrapschique.
2’autre part, le patient a pu or'aniser une cellule familiale solide.
Karié avec une femme de la ré'ion en con8it aussi avec la famille
de la femme/, partie prenante dans la maladie, l’accompa'nant
partout, le maternant sans trop le lui faire sentir, essaant de
dédramatiser la maladie, n’aant apparemment déclenché aucun
mécanisme dépressif ou hostile mal'ré sa frustration. >mpression
que Y. a pu or'aniser avec sa femme une zone neutre, acon8ictuelle,
le proté'eant contre le monde etérieur vécu comme dan'ereu. "e
déplacement sur sa femme, accepté par elle, d’une prise en char'e,
de holdin', voire de nursin', # certains moments de 'rande détresse
pscholo'ique, a permis la création de certains &énéHces
secondaires.
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
>l a 3 enfants, dont il parle, qui sont &ien investis. >l essaie de ne
pas leur montrer sa détresse corporelle, de ne pas tre en position
de p0re déchu de sa force et dont il faut avoir pitié.
Qr'anisation et fonctionnement pschique. D "e discours de Y.
est répétitif, surtout lorsqu’il parle de ses trou&les, mais il en a
conscience et pense qu’il a des di<icultés d’évasion car il est envahi
# tous moments par les smpt=mes, par l’o&li'ation de prise de
médicaments, par les précautions alimentaires, par l’échec des petits
travau # cause de la fati'ue.
Kais mme lorsqu’il se permet un autre discours, celui-ci est peu
inHltré de fantasmes, surtout au niveau du factuel G mais le mode du
discours est vivant, riche en résur'ences d’a<ects, en en'a'ements,
et suscite la curiosité et de possi&les identiHcations.
2e sa relation au faits ressortent des en'a'ements massifs peu
maléa&les, peu médiatisés, souvent proches d’Actin's. ar eemple :
l’en'a'ement dans l’armée sur un coup de tte, chez les paras pour
tre un homme G certaines &a'arres décrites G un accident de voiture
'rave apr0s un état de tension important et dont il était responsa&le.Kais apr0s son insertion professionnelle en usine, comme ouvrier
spécialisé, il est sta&le, &ien inséré, &ien noté.
2ans sa relation avec autrui pointe l’am&ivalence. >l a eu des
relations et des amis, a pu éta&lir de &ons contacts, mais au moindre
mouvement de retrait de l’autre, # la moindre a'ressivité vraie ou
supposée, il rompt &rutalement la relation et 'arde une rancune
irréversi&le sans possi&ilité de retrouvailles pour ne pas porteratteinte # son inté'rité narcissique.
2erni0rement il a tr0s &ien montré comment il avait l’impression
que les autres avaient peur de lui, de sa maladie comme
possi&lement transmis-si&le, et le reetaient inconsciemment. Au lieu
de les inviter chez lui et de continuer l’échan'e, il induit une
vérita&le isolation avec retrait inté'ral dans la cellule familiale pour
se défendre contre le désarroi provoqué par sa fai&lesse.
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
Ces mouvements, # la limite de tpe persécutoire, se retrouvent
au niveau de son contact avec le milieu médical. "es éléments donc
de reet et de persécution sont proetés sur les équipes médicales,
trop cavali0res # son suet, lors des hospitalisations. >l se décrit
comme co&ae, vivant les di<icultés thérapeutiques, les hésitations
dans les indications d’eamens complémentaires, etc. comme une
atteinte, comme un morcellement de sa personnalité, sans amais
pouvoir tenir compte de la cononcture.
2erri0re les rationalisations descriptives de ses trou&les se cache
un fantasme de malédiction, de destin, or'anisé sur les restes de son
importante névrose infantile.
Qn assiste dans le hic et nunc # la résur'ence des ima'es
parentales vécues comme destructrices, tant au niveau du corps que
de l’or'anisation narcissique.
"ors de son hospitalisation pour une anémie, il a montré # la fois
l’indispensa&le des transfusions mais tout aussit=t la rechar'e
transfusion-nelle comme trop massive, mal adaptée, aant déclenché
d’importantes hémorra'ies rectales, avec critiques et acrimoniecontre les médecins peu avertis, peu attentifs.
ar ailleurs il ne rve pas, non seulement # cause de la prise de
médicaments, mais aussi par peur de rver et de se trouver en
contact avec son inconscient, cette formulation théorisée par moi
n’est qu’une traduction de son discours. 2epuis quelques temps, il a
pu a&andonner les hpnotiques et il est content # la fois d’tre
maPtre de ses smpt=mes D auparavant il se réveillait souillé de san'D et de retrouver ses capacités oniriques &ien qu’il ne se souvienne
pas de ses rves.
Ue pense qu’on peut parler, chez lui, de névrose de caract0re, avec
une certaine disponi&ilité de l’appareil mental, mais irré'ularité de
ce fonctionnement # la moindre alerte mettant en dan'er ce qu’il
pense tre son inté'rité narcissique. U’ai retrouvé aussi chez lui les
di<icultés d’intériorisation et de rétention o&ectale dont parle Kart
1+!
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
ST. "e fonctionnement mental n’est pas tr0s riche, mais on peut
parler chez lui de pensées opératoires, de relation &lanche. >l n’ a
pas de vérita&le o&turation entre le préconscientMconscient et
l’inconscient, mais les passa'es sont di<iciles et doivent tre induits
par le thérapeute.
Au niveau de la deui0me topique, le moi est fra'ile, mais mal'ré
tout structuré, plut=t avec des matériau pré'énitau. "a position
Wdipienne n’a pas été ressaisie mal'ré un an et demi de
pschothérapie. Qn a l’impression qu’il s’a'it d’un encrptement du
couple parental # partir d’un secret qui empche l’or'anisation, du
fantasme ori'inaire de la sc0ne primitive, mais non celui de la
castration, vécu lui sur un mode archa4que, persécutoire.
>ci il sem&le plut=t s’a'ir d’un surmoi d’emprunt dont l’archa4cité
recouvre celui issu de la liquidation du complee d’^dipe, et
s’étaant sur un idéal du moi fra'ile lui-mme, fait d’oripeau et non
d’identiHcations secondaires sta&les.
*ien s[r cette formalisation met &ien en eu l’or'anisation
narcissique de Y., fra'ile, insta&le, déchirée, dont le dernier rempartest l’inté'rité corporelle # tout pri, qui l’aide # retrouver l’estime de
soi et # ne pas &asculer dans un processus de mélancolisation.
osition pschothérapique. D C’est donc Y. qui a demandé une
intervention pschothérapique en opposition mme avec les
médecins, pour l’aider contre l’avis de son 'astro-entérolo'ue qui
indiquait l’intervention.
"’aména'ement de l’espace pschothérapique s’est fait sur lemode du respect complet de sa position quant # l’intervention, seul
'arant de la diminution de ses capacités am&ivalentielles.
>l m’a vécu d’em&lée comme &on o&et narcissisant.
>l m’a investi, e pense, sur le monde de l’identiHcation
narcissique, sans aména'ement de tpe hstérique.
1+1
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
>l n’a pas manqué de séance, sauf contraint et forcé par la
maladie, et ce mal'ré une 'rande fati'ue et l’o&li'ation de venir en
am&ulance, accompa'né sauf ce dernier mois/ de sa femme.
"a di<iculté D surmontée D a été de maintenir une &onne
distance entre un trop 'rand rapproché du pschothérapeute étaé
sur les capacités d’identiHcations, mais qui aurait pu induire par
peur de ce rapproché, l’oscillation vers la suspicion, le reet par
incapacité d’intériorisation, de rétention o&ectale du mouvement
transférentiel et une mise # distance, une neutralité orthodoe mais
froide qui aurait pu induire un transfert né'atif vécu sur le mode de
reet parental.
Ue n’ai pas oué le eu de la complicité au niveau de ses plaintes
somatiques, qui derri0re le paravent des &énéHces secondaires
aurait, # mon avis, entretenu la &lessure narcissique, tout en laisant
paraPtre des possi&ilités identiHcatoires.
U’ai essaé de transformer sa position d’assueti par la maladie,
formalisant les complications, comme eneu de sa lutte et non comme
fatalité du destin au sens de névrose de destinée/ avec commecorollaire la passivation et la &aisse de l’estime de soi, polarisée sur
le morcellement de son schéma corporel.
U’ai surtout pratiqué une analse caractérielle, avec lorsque c’était
possi&le, des interprétations plus profondes : par eemple lui
montrer la répétition de ses mouvements persécutoires comme
protection contre l’autre étran'er, mais en relation avec son vécu
infantile par rapport au parents. U’ai pu lui montrer com&ien il acceptait trop facilement ce qu’il
croait tre un reet des autres par peur de sa maladie par eemple
et qui pourrait correspondre # la hantise de montrer un corps
sou<rant captant le reet ou l’a'ressivité des autres avec fantasmes
d’infériorisation insupporta&le, voire de destruction par l’autre, ou
&ien de le montrer comme une donnée de la réalité surmonta&le
dans la relation.
1++
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
U’ai essaé mal'ré la maladie de lui faire retrouver des proets, un
avenir dans lequel les idéau peuvent retrouver leur place, au lieu de
rester H'é dans un idéal du moi, indépassa&le, rouvrant sans cesse la
&lessure narcissique et le mouvement dépressif.
>l sem&le donc &ien eister une parenté entre les états dépressifs
de la J.C.B. rappelons notamment les travau de 5perlin' S++T,
"inderman
S1(T, Keer S16T et, en Rrance, Cain ST, *onHls et 2e K’Fzan et
Yutton notamment/. Cette parenté paraPt d’ailleurs autant d’ordre
structurel, si l’on veut, que sémiolo'ique. "a dépression, comme
nous l’avons vu, ne serait pas simple retom&ée pschique du
désordre somatique, mais participerait et mme annoncerait ce
désordre. Certains auteurs parlent mme de $ mélancolie d’or'ane %,
de suicide or'anique, de dramatisation somatique de la mélancolie.
"a relation m0re-enfant est prévalante mais dans une sin'ularité
telle que le cliva'e m0re-enfant ne s’est pas constitué de faIon
disons normale G la relation dite sm&iotique avait été surtout
centrée sur la survie &iolo'ique du suet, aurait mme ei'é pourcertains 5perlin'/ qu’il f[t malade pour réactiver le souci maternel
or'anisant alors chez le suet un pré-fantasme de pénétration
Yutton, Cain/. Cette théorisation va dans le sens de ce que décrit
5earles de l’e<ort thérapeutique du patient pour permettre # la m0re
de devenir vraiment une m0re, si on aoute les retom&ées
somatiques : $ le suet devient plut=t ce qu’on pourrait appeler un
thérapeute sm&iotique. "’inté'rité de son moi est sacriHé, de
mani0re continue et avec un dévouement vérita&lement altruiste, #
la nécessité de compléter le moi incomplet de la personne
maternante et de celles qui, par la suite, auront dans son inconscient
la mme si'niHcation a<ective de m0re incompl0te dont le
fonctionnement du moi ei'e que l’enfant fasse constamment
partie. %
1+3
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
"es soins maternels centrés surtout sur le somatique seraient
donc peu li&idinalisés et peu aptes # or'aniser le corps éro'0ne de
l’enfant et # éveiller la fonction paternelle dans le re'istre du
sm&olique. Qn peut rapprocher de cette description trop
schématique et peut-tre aléatoire, ce que *raunsch_ei' et Rain S9T
écrivent de la m0re des futurs mélancoliques : $ "a m0re du
mélancolique, en raison de ses sst0mes de déni, ne reporte pas sur
l’enfant du our l’an'oisse si'nal d’alarme qu’aurait d[ éveiller la
perception du &é&é de la nuit... et, plus loin... la menace est
orpheline de toute inquiétude maternelle concernant le corps
éro'0ne du suet G l’inquiétude est remplacée par un déni maternel
a<irmant que l’enfant est e<ectivement son pénis auquel rien ne
peut arriver...
$ "e suet, contraint par ce déni de s’identiHer au pénis halluciné
de sa m0re, voit s’e<ondrer cette hallucination quand s’impose la
prise de conscience, # retardement, de la di<érence de soi # l’autre
qui ravive le traumatisme de la perception de la di<érence des
sees. %
Cette lon'ue citation a aussi le mérite, sans le dire eplicitement,
d’évoquer Hation et identiHcation narcissiques, ainsi que la fra'ile
omni-potence du Koi idéal, que l’on retrouve tr0s souvent dans les
cas de J.C.B.
Ainsi, il sem&le que ces suets n’auraient pu constituer et
développer un espace pschique oV ils auraient pu se trouver, en
trouvant d’autres o&ets que l’o&et primaire auquels ils se sentent
tr0s liés, ineora&lement et souvent con8ictuellement.
>l nous a sem&lé, # travers nos di<érents cas étudiés, que le p0re
n’est pas aussi carencé qu’il n’est décrit ha&ituellement par déc0s,
a&sence, carence a<ective etc./ mais qu’il n’a pu, su, ou voulu
or'aniser souvent # cause d’un discours et comportement maternel
déniant ou occultant sa fonction/ une fonction paternelle apte #
ori'iner une trian'ulation Wdipienne e<icace, des identiHcations
1+
7/23/2019 Erotique Malade
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
narcissiques, et notamment celles qui or'anisent le 5urmoi et
l’entrée dans le re'istre du sm&olique.
Eous pensons qu’il serait fastidieu de faire une étude plus
poussée de ce parall0le avec la mélancolie et qu’il vaut mieu
s’interro'er non pas tant sur sa validité réalité ou illusion théorique
trop construite / que sur ses retom&ées.
A notre avis, cette proimité a induit di<érentes hpoth0ses
concernant la J.C.B., notamment celles de maladie pscho'énétique
et celles de maladie, comme dernier &astion défensif contre la
pschose.
5perlin' écrit par eemple : $ "a J.C.B. représenterait ladramatisation somatique du mme con8it, avec moins de sou<rance
pschique, qui se trouve eprimée dans la mélancolie... comme
l’o&et est incorporé sadiquement sadisme oral/, il représente un
dan'er intérieur et doit tre éliminé sadisme anal d’epulsion/. "es
féc0s et le san' pourraient tre cet o&et dan'ereu. %
>ci, la théorisation \leinienne reprise par d’autres auteurs/
soutient l’eplication G il s’a'it de la mauvaise ima'o maternelle, et lamaladie est une vérita&le mise en acte de l’or'anisation mentale et
ses con8its, sm&olisés et orientant vers une pscho'én0se.
5i le parallélisme décrit plus haut est validé, on peut &ien s[r
concevoir que tout déséquili&re réel ou fantasmé, mettant en dan'er
l’o&et narcissique primaire D ou un $ personna'e-clé % "inderman/,
o&et de proection narcissique Josolato/ D Hant et le Koi idéal, et
les idéalisations aliénantes, crée une onde traumato'0ne que lefonctionnement mental n’arrive pas # endi'uer. "a ré'ression
narcissique sadique orale # visée incorporative, avec ce qu’elle a
d’am&ivalentiel, peut s’opérer e renvoie # l’article de Rreud : =euil
et mélancolie mais aussi 'our introduire le narcissisme S1+T/.
Kais c’est occulter le désordre somatique que de le ra&attre sur
une simple réiHcation du con8it et des ima'os.
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7/23/2019 Erotique Malade
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
"a ré'ression pour intense et pertu&atrice qu’elle soit, ne
représente pas le désordre somatique et e renvoie l# au travau de
Kart S1T/. >l faut certainement un $ en moins % pschique, et un
$ en plus % somatique G sinon ces suets &asculeraient dans la
mélancolie et non dans la J.C.B., deu facteurs qui charrient # notre
avis encore pour lon'temps, les inconnus des articulations profondes
pschosomatiques. C’est d’ailleurs ce qu’écrivent 2e K’Fzan et
*onHls : $ les éléments pscholo'iques retrouvés ne sont pas en eu
spéciHques et ne créent pas # eu seuls la J.C.B... >ls déHnissent
cependant un terrain assez particulier sur lequel certains facteurs,
encore inconnus, sont capa&les de provoquer une réaction dont le
si0'e, la nature, et l’évolution constituent la J.C.B. %
4lors X Jevenir # cette onde traumato'0ne, issue des profondeurs
du suet, li&érant l’instinct de mort, dé&ordant la ré'ression pourtant
massive et créant le désordre somatique, est plus proche de nos
vues, d’autant qu’elle a&orde toute l’économie pschosomatique,
mais nous renvoie # nos interro'ations et en pose d’autres. Eous
si'nalons qu’il s’a'it l# plus d’un proc0s lo'ique ou paralo'ique, que
d’avancées métapscholo'iques. 5i'nalons aussi que les irré'ularités
de fonctionnement mental comme &r0ches dans l’équili&re
somatique, ou le comportement défensif opératoire inapte #
l’assurer en cas de crise/ sont insu<isants comme eplications,
d’autant que tous les suets atteints de J.C.B. n’en p?tissent pas. "e
désordre somatique, en terme économique déqualiHé, dési'niHe le
smpt=me ce qui nous paraPt uste par rapport au
pscho'énéticiens/, mais nous éloi'ne aussi de l’articulation
dépressionMJ.C.B.
5i la désor'anisation pschosomatique atteint en quelque sorte un
médaillon somatique fra'ile fra'ilité constitutionnelle, endo'0ne ou
eo'0ne/ apte # déclencher le désordre somatique, pourquoi telle
désor'anisation particuli0re atteint-elle ustement le c=lon
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7/23/2019 Erotique Malade
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
@t si l’on oppose des Hations particuli0res, sur un or'ane
particulier, aant induit des fantasmes ou pré-fantasmes comme
celui de pénétration, d’e<raction anale etc./, on reste dans la sph0re
mentale avec attraction sur tel or'ane, mais non sur son atteinte
somatique.
*ien s[r, on peut comme Aleander S+T pourtant ap=tre de la
spéciHcité/ critiquer la pscho'én0se de la J.C.B., voir dans les
facteurs pschodnamiques une ori'ine plus élémentaire et moins
conceptuelle, et ne voir dans l’eplication des smpt=mes qu’une
éla&oration sm&olique secondaire. Kais la secondarisation n’est que
reconstruction et n’a pas valeur eplicative sinon dans ses retom&ées
fantasmatiques.
4lors X Alors il faut nous ra&attre encore sur le versant pschique
du pschosomatique.
Eous pensons qu’il faut rester tr0s prudent pour ne pas verser
dans des ec0s de théorisation qui ne pourraient tre que
schématiques, d’autant qu’ils feraient l’impasse du &iolo'ique, dont
l’éloi'nement, pour la plupart d’entre nous les ditpschosomaticiens/, ne devrait pas seulement prendre valeur
$ d’inquiétante étran'eté %.
"’hpoth0se de la structure pschosomatique que nous ne
développerons pas/ qui en'lo&erait tous les cas d’esp0ce, est
a&andonnée dans sa ri'idité, et dans les J.C.B. étudiées elle éclaire
seulement certains cas par eemple : celui de la névrose de
comportement/. ar contre, la notion du dé&ordement dufonctionnement mental par des situations dites traumato'0nes pour
le suet, reste opérante sinon su<isante. >l sem&le que, pour ces
suets atteints de J.C.B., la valeur traumatique de l’événement soit
induite comme nous l’avons vu/ par un fort déséquili&re de
l’or'anisation narcissique, plus que par les vicissitudes pulsionnelles
&ien que celles-ci soient en'a'ées et con8ictuellement par rapport #
cette or'anisation/.
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7/23/2019 Erotique Malade
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
&l faudrait s’interro"er à plusieurs niveau$ ;
D Earcissisme et prééminence des identiHcations narcissiques
avec fortes Hations et fai&le investissement o&ectai théorisation de
=euil et mélancolie2% avec déséquili&re entre les identiHcations
narcissiques et identiHcations hstériques qui donnent plus de
malléa&ilité au fonctionnement mental, et notamment au sst0me
préconscient.
D @n rapport s[rement avec ces Hations, archa4cité pro&a&le
de Hations infantiles et notamment du noau d’omnipotence du Koi
idéal, lui-mme induit par de fortes Hations maternelles avec
occultation inconsciente et préconsciente voire mme consciente/
du tiers G mauvaise or'anisation de sa fonction de parecitation et de
sa fonction de censure 1SCensure de l’amante% Rain/, mauvais
aména'ement de l’espace m0reM enfant, donnant peu de eu de e,
de self X/ # l’enfant dans la création de son espace dit
$ transitionnel % fonction de l’espace entrant aussi dans la
constitution du Koi idéal, Kart S1T/.
5i nous acceptons le concept de Koi idéal, en 'ardant faute demieu/ tout son coe<icient d’incertitude, nous pensons qu’il est
partie prenante dans les ratés de l’équili&re pschosomatique des
suets atteints de J.C.B., peut-tre par décala'e entre le Koi idéal et
la réalité, l’idéal du moi ou le moi G écart soit par eacer&ation du
Koi idéal, soit par défaillance réelle ou ima'inée devant l’o&et ou
l’idéal du moi.
D "es idéalisations constitutives aussi du narcissisme dontl’instance serait le Koi idéal pour Josolato/, se retrouvent aussi dans
de nom&reu cas étudiés de J.C.B., leurs caract0res souvent massifs
en font un sst0me antipulsionnel, peu trophique et inopérant #
certains moments, lourd alors de situations traumato'0nes.
"’hpoth0se de certains auteurs qui font de la J.C.B. un rempart
défensif contre la pschose nous apparaPt illusoire. "a proimité,
disons plus de certaines li'nes de forces pschiques que structurales
1+6
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
que nous avons trouvées entre les J.C.B. et les mélancolies, ne nous
permet pas cependant de suivre Kélita 5perlin' et d’autres/ qui voit
dans la manifestation somatique une simple représentation de la
mélancolie, mieu, une défense contre elle. Ainsi pour elle, si une
menace apparaissait de la relation m0reMinfans, l’infans chercherait #
récupérer l’o&et perdu par la maladie somatique, vérita&le défense
contre les pulsions destructrices qui, elles, or'aniseraient la &r0che
pschotique.
2’autres auteurs epliquent certaines maladies par un noau
pschotique qui se serait réfu'ié dans un or'ane Josenfeld S+!T/,
prenant ainsi la métaphore de $ l’om&re de l’o&et qui tom&e sur le
Koi % Rreud/, pour une réalité su&-anatomique.
"e smpt=me pschosomatique serait une défense du moi précoce
face au sentiments de destructions primitifs et une protection du
self contre un dé&ordement des dérivés de l’instinct de mort. Ces
Plots pschotiques seraient clivés du pschisme du suet, installés
dans l’or'ane corporel. Ce mur n’eisterait qu’envers la pschée,
mais une in8uence préudicia&le pour l’or'ane corporel se
déploierait # partir de ces Plots pschotiques tr0s destructeurs. Cet
ensevelissement dans l’or'ane serait donc une défense contre la
pschose.
Eous sommes &ien s[r déformants et partiau parce que hostiles
# cette conception. Conception qui pourrait se concevoir mais dans
un cadre purement mental qui a&outirait, selon nous, # une
hpochondrie et non # une maladie somatique, donc # un raptus
pschotique et non # une défense contre la pschose G et nous savons
com&ien le c=lon, or'ane souvent hautement li&idinalisé, peut tre
une &onne ci&le hpochondriaque. Kais dans la J.C.B., le c=lon ne
sem&le pas assurer le r=le d’un or'ane seuel, comme l’écrit Kélita
5perlin'.
7ue certains suets atteints de J.C.B. fassent des &ou<ées
délirantes ou des raptus pschotiques transitoires ne nous paraPt pas
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
un ar'ument allant dans le sens d’une défense dé&ordée, mais plut=t
d’un autre mode de désor'anisation.
Eous pensons que ces controverses, loin d’tre épuisées, un
auteur tel que Redida S11T est revenu derni0rement dans La
question de la théorie somatique dans la psychanalyse2 pourraient
faire l’o&et d’une étude plus poussée.
7u’en est-il du corps éro'0ne chez les suets atteints de J.C.B.
Eous avons dé# si'nalé, au niveau descriptif, des trou&les de la
seualité, trou&les qui ne recouvrent pas toute la question.
Avant la maladie, de nom&reu suets ont une seualité dite
normale, ce qui n’implique pas forcément une &onne construction ducorps éro'0ne. "es trou&les &ien s[r s’inscrivent dans le re'istre de
la ré'ression narcissique défensive et é'o4ste décrite par Rreud dans
'our introduire le narcissisme% au suet des maladies or'aniques G
mais # notre avis, ils la dé&ordent, s’étaant aussi sur cette
ré'ression narcissique décrite dans =euil et mélancolie Rreud/ avec
visée incorporative de l’o&et qui vise aussi # dénaturer les motions
pulsionnelles et # occulter le désir de nature incestueuse, l’en'luantdans l’or'anisation narcissique décrite plus haut. C’est peut-tre l#
oV oue le raté du passa'e de l’idéal du Koi au 5urmoi et une des
di<érences entre J.C.B. et mélancolie.
Cette ré'ression pourrait aussi raviver cette construction
inachevée du corps éro'0ne.
"es auteurs qui se sont occupés de J.C.B. chez l’enfant insistent
sur cet aspect notamment 5ichel et Ralsa S1!T/. Kais on peut penserque chez l’adulte il a été mis en quelque sorte en latence :
D >l aurait pauvreté de manifestations auto-érotiques souvent
inHltrées de masochisme conscient.
D our 5perlin' S++T, il aurait mme un mécanisme de
seualisation ecessive de l’a'ression dans la lutte contre les
13!
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
pulsions destructrices, apparentant ce mécanisme # celui de la
perversion et sans que la pschoseualité n’émer'e X X
Comme nous l’avons évoqué, il pourrait avoir une dstrophie
initiale de parecitation maternelle, suivie d’une insu<isance de
censure impré'née par la loi paternelle.
2ans le discours maternel la préoccupation serait au niveau des
&esoins, voire de néo-&esoins, plus qu’au niveau de la satisfaction de
la li&ido. "e souci maternel irait vers la résolution la plus totale des
tensions et non vers une or'anisation li&idinale.
"’insu<isance de cliva'e m0reMenfant &loquerait le développement
du corps éro'0ne. Celui-ci, insu<isamment investi, donc construitdans les premiers mois, se trouverait refoulé.
Cette 'rande fra'ilité du corps éro'0ne aurait ainsi pour cause un
surinvestissement maternel du corps &iolo'ique.
$ ;out se passe %, écrit Yutton S1T, $ comme si entre les
si'niHants maternels et le corps &iolo'ique de l’enfant, il se trouvait
un passa'e direct sans la défense du fantasme maternel du c=té de
la m0re/, sans la défense du corps éro'0ne du c=té de l’infans/."a J.C.B. précoce serait comme l’epression d’une faille dans les
intrications pulsionnelles et le développement du corps éro'0ne G
corps éro'0ne qui pourrait néanmoins or'aniser un certain nom&re
d’activités aHn d’échapper au refoulement maternel dont il serait
l’o&et avec la complicité d’un p0re trop peu li&idinalisé X/. Cet
inach0vement, &eaucoup plus poussé que normalement voir : La
naissance e$orcisée, de *arande S3T/ n’empcherait pasl’or'anisation seuelle, mais dans un re'istre etrme oV $ l’o&scur
o&et du désir % est en perspective de fuite, en relation d’inconnu
avec l’o&et incestueu, ou la pschoseualité se dé'a'erait mal de la
'an'ue narcissique décrite.
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
>nutile de répéter que ces constructions pour connues et
évocatrices qu’elles soient, nous laissent insatisfaits dans l’a&ord
d’un désordre somatique important.
ibliograp!ie
S1T A&raham E., ;oro\ K. D >ntroecter D >ncorporer. 5ouv.
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la rectocolite hémorra'ique. :ncéphale% WW% 19((.
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rou'e, .F.R., aris, 19+.
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13+
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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique
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S1T Kart . D ouvements individuels de vie et de mort.aot, aris, 19). L’0rdre psychosomatique. aot, aris, 196!.
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ulcéreuse chronique. ;ete dactlo'raphié pour l’>nstitut de
schanalse, aris, mars 19((.
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'sychanal.% **% (-3, 19(.
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états limites latents. ;ete dactlo'raphié pour l’>nstitut de
schanalse, aris, 1961.
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S++T 5perlin' K. D schoanaltic stud of ulcerative colites in
children. 'sychoanal. 7uaterl, *G% 3!+, 19).
133
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,. Tec!nique
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+iérentes modalités d’interprétation dans la cure
de rela'ation en psychosomatique
par Y. de K’Fzan
"ors d’un colloque récent, 5trauss et Cahen ont présenté une
rétrospective des concepts et des techniques de la relaation S1T, Ue
partirai de S+T la notion $ d’epérience tonique % de Auria'uerra sur
laquelle ces auteurs ont particuli0rement insisté pour étudier les
relations qui unissent la relaation # la pschanalse.
C’est ce dernier développement qui permet de comprendre les
rapports entre relaation et analse.
Ue diviserai mon eposé en deu parties. 2ans la premi0re, e
rappellerai les points essentiels de la technique que ’utilise. 2ans la
seconde, ’eposerai le développement d’une cure aHn d’illustrer ce
qu’il a, dans cette technique, de spéciHque.
Kais tout d’a&ord, e veu rappeler deu faits qui me serviront
d’introduction. Chaque analste a eu plus d’une fois l’occasion de
faire deu epériences inverses. "a premi0re a trait # la disparition
de smpt=mes somatiques au cours d’une analse classique. "a
seconde a trait au contraire, # l’apparition &rutale d’une
smptomatolo'ie somatique au cours de l’analse d’un suet
apparemment névrotique. Qn verra pourquoi il n’est pas inutile de
souli'ner com&ien l’ordre du $ mental % et l’ordre du $ somatique %
se recoupent souvent en certains points.
13(
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
"e deui0me fait concerne la ré8eion noso'raphique # laquelle
ont conduit les travau des pschosomaticiens de l’école de aris et
en particulier ceu de Kart. "e champ de la patholo'ie, toutes
entités mor&ides comprises, peut tre 'rossi0rement divisé en 3secteurs. Fn secteur # proprement parler $ mental %,
essentiellement celui des névroses, mais aussi de certaines
patholo'ies pschotiques. Fn second secteur comprenant ce qui a
été nommé névroses de comportement. "#, tensions et con8its ne
sont pas éla&orés au niveau pschique # travers la $ construction %
de smpt=mes, formation de compromis ou fantasmes. *ien au
contraire, c’est au comportement qu’est réservé un travailélémentaire, dominé par une ei'ence économique presque pure, de
déchar'e par eemple. @nHn, il est un troisi0me secteur, celui des
névroses dites de $ caract0res %, et dont Kart avance qu’il en'lo&e
une &onne part des personnes considérées comme $ normales % S3T,
>l a été éta&li que les névroses de comportement étaient
particuli0rement menacées de $ désor'anisation % oV s’enracine la
fra'ilité somatique. 2e leur c=té, dans les névroses de caract0re, siles patients n’échappent pas enti0rement au dan'er de voir se
déclencher des désor'anisations, ils disposent mal'ré tout de
capacités de ré'ression au sens classique, c’est-#-dire vers des
points de Hation aant un pouvoir restructurant.
Qn comprend donc que, dans ces cas, il ait place, # c=té du
processus de relaation proprement dit pensanteur, chaleur, etc./
pour une activité d’interprétation tout # fait compara&le # celle qui
déHnit les pschothérapies analtiques G le pro&l0me maeur étant de
repérer les moments oV l’on doit recourir.
7uoi qu’il en soit, tous ces patients sou<rent dans leur corps et la
relaation, ainsi comprise, o<re # ces patients une voie d’acc0s
thérapeutique &eaucoup plus facile dé#, en ce qu’elle est rassurante.
13)
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
@tant donnée la sensi&ilité toute particuli0re du malade
somatique au ecitations, réduire celles-ci autant qu’il est possi&le
est une nécessité. "es conditions mme de la cure répondent
silence, demi-o&scurité, position allon'ée/. 2e mme l’attitude duthérapeute, qui se fonde avant tout sur une compréhension de ce qui
se passe en lui, doit répondre # cette ei'ence en étant ni trop
neutre, ni trop frustrant, ni trop intrusif. Yarder ce cap est une
nécessité, si l’on pense qu’il faut encore éviter de donner droit # une
éventuelle tendance fusionnelle du patient, tendance o&scurément
niée et souhaitée. C’est ainsi qu’a des chances de se réaliser
pro'ressivement une réelle acceptation du thérapeute. Raute dequoi, le processus tournerait court, car il n’est pas possi&le en
relaation de travailler e<icacement et cela pendant lon'temps dans
un transfert né'atif. "e thérapeute a donc # proté'er son patient de
tout vécu de perte ou de toute ecitation ecessive.
Ue préciserai maintenant quelques-unes des directives techniques
données au patient qui s’en'a'e dans une cure de relaation.
Ue conseille, en 'énéral, une séance par semaine avec le
thérapeute, d’une durée d’1M+ h # 3M d’heure, et un entraPnement
personnel de 3 séances quotidiennes d’une durée de 1! # 1( mn
chacune, pratiquées chez lui et dans les mmes conditions de
confort, c’est-#-dire dans une pi0ce calme, dans une semi-o&scurité,
allon'é sur le dos, un coussin sous le creu des 'enou. >l est
recommandé de se proté'er du froid etérieur.
Ue commence alors l’induction au calme en procédant de la faIon
suivante : e demande au patient de se plon'er dans un souvenir
a'réa&le, un moment durant lequel il s’est senti heureu, &ien dans
son corps.
ar cette proposition, e place d’em&lée le patient dans un
contete de répétition et de remémoration d’un moment vécu avec
une partie &onne de l’o&et qu’il poss0de s[rement, mais dont il ne se
13
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
sert pas. 5urtout e le place dans un moment de plénitude
narcissique. uis, e passe # la recherche de détente musculaire sur
un mem&re, droit ou 'auche, selon la latéralisation. Ue l’avertis qu’un
contr=le aura lieu en Hn de séance, aHn de vériHer ensem&le lerésultat o&ectif de la détente avec les sensations su&ectives
ressenties au cours de l’eercice. "a premi0re séance est touours
courte, aHn de limiter des réactions anieuses, soit parce que le
patient n’o&tient pas ce qu’il recherche, soit parce que la détente
envahit trop vite son corps, risquant de provoquer des phénom0nes
de dépersonnalisation.
*ien que la premi0re séance soit tr0s courte, e veille, cependant,
# ce que le patient éprouve, d0s cette premi0re séance, une amorce
de la sensation de détente, utilisant mme pour ce faire D si cela est
nécessaire
D d’autres techniques G celle de Uaco&son, par eemple ST, Kais
comme e m’en tiens personnellement # éviter, autant que faire se
peut, le recours # la su''estion, ’oriente le patient &eaucoup moins
vers une sensation qu’il faudrait o&tenir # tout pri, que vers
l’apparition possi&le de cette sensation, la pesanteur, par eemple.
Ceci, dans le &ut de limiter l’an'oisse.
"a Hn de la séance doit tre marquée par une reprise, c’est-#-dire
des 8eions et des etensions du mem&re qui s’est détendu. Jeprise
qui permet de supprimer lés sensations inha&ituelles qui
accompa'nent la détente et de contr=ler personnellement la qualité
de cette détente.
"a recherche de la détente doit se faire dans une attention
8ottante, sans concentration ea'érée, les pensées ne devant pas
tre réprimées. Apr0s la recherche des muscles # contraction
volontaire &ras, am&es, épaules, dos, fesses, nuque, visa'e, eu/,
e passe # la recherche de la chaleur en suivant la mme
pro'ression, poursuivant par la détente respiratoire, le
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
ralentissement du rthme cardiaque, la détente au niveau du pleus
solaire, pour terminer par la recherche d’une sensation de fraPcheur
au niveau du front S(T,
Au fur et # mesure de la pro'ression de la cure, mon intervention
au niveau du corps se limite de plus en plus, aHn que le patient
acqui0re une autonomie plus 'rande et surtout que la prise en
char'e ne soit pas ecessive. >l est alors conseillé au patient
d’introduire les eercices dans d’autres positions, plus ha&ituelles :
assis, de&out, seul, en compa'nie, dans toutes les situations actives
de la vie.
"e contr=le cesse d0s que le patient prend lui-mme conscience
de sa détente 'lo&ale.
"e premier o&ectif est donc constitué par une recherche
pro'ressive d’une détente totale du corps. "es consi'nes se situant
au niveau phsiolo'ique.
"a détente qui est un o&ectif # atteindre occupe une place #
certains é'ards compara&le # l’o&et transitionnel. Ce
rapprochement, &ien s[r, ne doit pas tre pris au pied de la lettre. Ue
veu surtout marquer que l’utilisation de cette détente occupe vis-#-
vis d’un soi pschosomatique imparfaitement inté'ré une place
compara&le # celle occupée par l’o&et transitionnel vis-#-vis des
o&ets etérieurs, c’est-#-dire qu’il m0ne # l’inté'ration. Autrement
dit, de la mme mani0re que l’o&et transitionnel m0ne # l’o&et,
l’instrument que le patient acquiert est orienté narcissique-ment vers
une &onne relation avec le soi.
20s lors, le patient dispose d’une capacité personnelle de
maintenir une distance correcte face au menaces de fusion ou de
reection. "a capacité de ré'la'e de la distance acquise par le
patient lui permet d’investir li&idina-lement son thérapeute sans que
la relation soit trop érotisée. Qn se trouve alors, comme e le disais
139
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
plus haut, dans un re'istre d’allure névrotique. Ainsi deu notations
illustrent ce tpe d’évolution :
D Fn patient soumis # une ecitation non éla&ora&le sur le
mod0le névrotique, c’est-#-dire ne conduisant pas # la construction
d’un scénario ou d’un smpt=me mental, est menacé de
désor'anisation, il trouve dans la relaation un recours
particuli0rement propice. >l nous dit : $ Ue fais &eaucoup mes séances
de détente en ce moment, e m’ accroche comme # quelque chose
de mécanique, de cadré, Ia me rassure énormément. % Ailleurs, un
patient me dit : $ C’est &on de se sentir &ien dans son corps,
maintenant e peu penser. %
D "a cure de relaation peut a<ecter plusieurs modalités
évolutives.
2ans certains cas, en particulier dans les névroses dites de
$ caract0re %
et présentant parall0lement des manifestations somatiques
patholo'iques, on note l’eistence d’un moment important. @n e<et,
apr0s ce temps dominé, comme on vient de le voir, par un climat
rassurant et l’acquisition d’une technique, on est frappé de voir
apparaPtre spontanément des remémorations, des rves, des
fantasmes. >l convient alors de prendre en considération qu’une
nouvelle voie s’est ouverte et que corrélativement l’activité du
thérapeute doit évoluer. arall0lement # la poursuite de la détente, il
convient d’introduire des interventions ver&ales qu’on peut
considérer comme analtiques et qui en'a'ent le patient dans la
sph0re de la mentalisation. ar l#, e veu dire que les éléments
traumatiques au lieu de provoquer des désor'anisations,
mo&iliseront plut=t une ré'ression éventuellement restructurante.
@n fait, il n’ a pas de su&stitution d’une modalité # une autre,
mais, # partir du moment que nous venons de pointer, s’instaure une
alternance entre deu tpes de fonctionnement, les uns oV une
1!
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
réduction transféren-tielle est possi&le et les autres oV il est
nécessaire de revenir avec le patient # la pure recherche de détente.
Kais il est d’autres cas oV cette évolution ne se produit pas G e
pense en particulier au névroses de comportement chez lesquelles
la mentalisation de tpe névrotique ne sem&le pas s’opérer. >l
convient alors de tenir compte de la carence et de s’en tenir au
résultats positifs du premier temps de détente.
Fn eemple clinique va illustrer ces di<érents modes d’approche
dans la cure et pointer la di<érence d’avec une approche plus
eclusivement analtique.
Kme *. est ?'ée de +6 ans au moment oV elle nous consulte. @lle
est machiniste # la J.A.;.. Fn asthme sév0re a commencé dans sa
toute petite enfance. "es crises ont disparu entre 1 et +3 ans pour
reprendre il a ans quand son ami lui fait part de son intention de
retourner dans son pas d’ori'ine. 2epuis un an, la 'ravité et la
fréquence des crises se sont accentuées au point de nécessiter
plusieurs hospitalisations. résentement, les crises sont quotidiennes
et résistent au thérapeutiques ha&ituelles. >l est # noter qu’elles ne
se produisent pas quand elle est au travail mais seulement quand
elle est chez elle. "’asthme est dia'nostiqué sans am&i'u4té par les
pneumolo'ues. 7uand nous la voons # l’h=pital, la ventoline, la
théophlline, les anti&iotiques et la cortisone sont les médicaments
utilisés par la patiente.
"ors du premier entretien, nous avons noté que traits et
smpt=mes se distri&uaient selon + aes :
D Fn ae situé # un niveau archa4que et qui sur le plan clinique
s’eprimait par la sensi&ilité de la patiente face au pertes o&ectales
un deuil et une modiHcation du statut socio-professionnel/ et qui
reprenaient sous forme de répétition des ruptures relationnelles
vécues pendant son enfance, une carence de la représentation
11
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
paternelle Hant davanta'e la relation avec une m0re défaillante et
source de frustration.
D Fn second ae se situait # un niveau plus évolué. @n e<et, on
repérait dans le discours des évitements, des refoulements, mais il
sem&le que la pro&lématique Wdipienne, si elle a eisté, a toutefois
capoté # cause d’un manque d’ancra'e maternel sta&le, ce qui nous
renvoie # une Hation # une m0re décevante. Fne relation positive a
eisté avec un su&stitut maternel certes intermittent/, la sWur de la
m0re.
5’il a superstructure névrotique, de tpe pho&ique, cette
superstructure reste tr0s fra'ile.
"a cure va durer 13 mois # raison d’une séance par semaine et
d’un entraPnement personnel ournalier.
Kme *. arrive # sa premi0re séance tr0s oppressée, toute
occupée par l’an'oisse respiratoire D an'oisse sans doute
provoquée par la perspective d’un contact avec un o&et inconnu.
2ans ce premier temps, nous avons cherché # sécuriser la patiente, #
la calmer. Eous l’avons installée conforta&lement sur le divan en la
relevant # l’aide de coussins, nous avons mis la pi0ce dans la
pénom&re et calmement nous lui avons communiqué la premi0re
consi'ne : la recherche de détente dans le &ras droit. eu de mots
ont alors été échan'és, mais plut=t des 'estes marquant notre
présence, notre attention, notre protection. A ce moment-l# nous
sommes tr0s pr0s d’elle, mais d0s que l’an'oisse s’estompe, que
l’essouement diminue, nous reculons notre si0'e et nous restons
silencieu dans cette am&iance de calme. @n Hn de séance, le
siement a totalement disparu, la respiration est normale. 2e&out,
au moment de nous quitter elle nous remercie en nous
communiquant son étonnement et sa oie.
"a &onne distance a été respectée, un rapprochement positif a été
possi&le. "a relaation sinon le relaateur/ a eu pour elle un e<et
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
ma'ique. "e thérapeute a permis de faire face # l’an'oisse.
ro'ressivement la détente des deu &ras a été o&tenue sans
di<iculté.
Au cours des séances suivantes, Kme *. s’est sentie &ien, peu
d’essouement tant chez elle qu’# son travail. Comme touours elle
est peu locace : elle s’installe sur le divan, se détend tant chez elle
qu’ici avec nous dit-elle, et se tait : les résultats o&tenus permettent
alors d’aouter la recherche de détente de la am&e droite.
*rusquement ses eu s’ouvrent, elle montre une certaine
a'itation : respiration accélérée et siante, mouvements des am&es.
5ollicitée # nous dire ce qui se passe, elle nous décrit un malaise,
une impression de &ascule en arri0re. @lle n’a pu maPtriser une
détente qui a envahi 'lo&alement son corps. "# encore, elle constate,
elle transmet une sensation, montre un a<olement mais ne va pas au-
del# dans la ver&alisation.
Qn peut se demander si la détente de la am&e droite entraPnant
une détente du &assin, n’a pas provoqué une ecitation érotique trop
forte qui a menacé quelque chose dans son inté'rité corporelle. "e
sentiment de &ascule en arri0re peut évoquer un smpt=me
hstérique, la superstructure névrotique chez 1 asthmatique étant
souvent plus importante que dans d’autres a<ections somatiques,
mais il va sans dire que le trou&le, par son ampleur, son caract0re
di<us et l’an'oisse qu’il déclenche laisse penser # une modiHcation
de l’ordre de la dépersonnalisation. Eous avons alors l#, epliqué #
notre patiente ce phénom0ne de dé&ordement comme une non-
maPtrise et nous lui avons donné des conseils pratiques pour mieu
diri'er la détente, pour mieu la contr=ler : en faisant des séances
courtes, en 'ardant les eu ouverts, ce qu’elle a fait en notre
présence.
"a relaation par la maPtrise qu’elle représente a oué l# le r=le de
contre-investissement. Eotre intervention sur le comportement a eu
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
pour &ut de faire o&stacle # l’éventuel acc0s de représentations
inaccepta&les mais, comme nous allons le voir, elle a permis, dans un
second temps, un acc0s # la ver&alisation de ses souvenirs et # la
récupération d’un o&et homoseuel &on. Ainsi, au séancessuivantes, aant pu proHter d’une ré'ression &énéHque, elle peut
dire qu’elle $ ressent un 'rand &ien-tre et durant ses séances elle
retrouve le plaisir qu’elle a lorsqu’elle fait la planche, se laissant
porter par l’eau, ou encore ce souvenir de &ien-tre et de plénitude
alors qu’elle se dorait au soleil dans un pré chez sa tante &ien-
aimée %.
Eous avons l# un eemple de ces moments oV une remémoration,
qui a été induite d’a&ord par la seule recherche de la détente, est
l’indice d’une possi&ilité d’introduire, quand il le faudra, des
interventions qui ne se distin'ueront en rien de celles qu’on a en
analse.
Ainsi quelques mois plus tard, elle part # l’étran'er avec son ami,
aupr0s de la famille de celui-ci. "es crises réapparaissent et vont tre
permanentes durant tout le séour. @lle s’est sentie en opposition
avec sa &elle-m0re et sa &elle-sWur, tr0s choquée par l’attitude de
cette derni0re face # son Hls. Comportement qu’elle qualiHe de fai&le
et de démissionnaire. Ue lui dis alors : $ @n fait, ce que vous cherchez
# me faire comprendre, c’est que votre &elle-sWur s’est comportée
devant vous comme votre m0re s’est comportée avec son Hls. % @t
alors qu’elle associe sur ce fr0re cadet, un 'arIon e<éminé, pourri
par la m0re, elle dit tre tr0s contente de reprendre ses séances.
Eouvelle intervention de ma part : $ ;r0s contente d’tre # nouveau
seule avec moi. % 20s lors, elle est # mme de reprendre ses séances
de relaation, ce qu’elle avait né'li'é lorsque le contact avec une
m0re frustrante co4ncidait avec l’a&sence du thérapeute. 2ans un tel
moment, la relaation tend # se rapprocher d’une pschothérapie
ver&ale, c’est-#-dire que se trouve animé un processus qui utilise les
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
capacités transférentielles du patient. 2ans la premi0re phase de la
cure, les interventions du thérapeute se font aussi pr0s du corps que
possi&le, apprenant au patient # faire un trait d’union entre le
phénom0ne somatique et l’a<ect, ce qui le prot0'e des ecitations etlui permet d’instaurer un nouvel équili&re situé # un niveau plus
évolué. Alors peu # peu l’a<ect ne s’eprime plus uniquement par
des modiHcations du tonus musculaire, mais 'a'ne des chances de
s’articuler au niveau du C5 avec des représentations.
"a poursuite de la recherche de détente se déroule relativement
facilement. "a détente des fesses et du dos n’a pas présenté, ici, de
di<iculté particuli0re. Qn remarque seulement que la patiente est
touours peu 'énéreuse dans la description des sensations
éprouvées : $ c’est a'réa&le, c’est calme, c’est lourd, c’est détendu %,
ou alors, # d’autres moments de la cure, ce sera l’inverse : $ une
sensation de contracture % impossi&le # faire céder, un refus
d’entraPnement, une an'oisse.
2eu mois apr0s son retour de l’étran'er, elle nous annonce une
'rossesse dont le dé&ut se situe uste avant son retour en Rrance.
2urant ces + mois, deu di<icultés se sont rencontrées dans
l’o&tention de la détente :
D Au moment de la recherche de détente des épaules. Kme *.
nous dit prendre conscience de son attitude, les épaules touours
enroulées en avant et nous dit $ détendre les épaules, c’est
s’eposer %. U’interviens alors $ les rel?cher ici devant moi, c’est
s’ouvrir %, et en mme temps e me l0ve, m’approche d’elle, lui prend
le &ras, lui donne des conseils pratiques pour aider # trouver la
détente. Ce que e veu monter l# et ce qui me sem&le important,
c’est que parall0lement # cette intervention ver&ale, dont on a le
sentiment qu’elle pourrait, isolée, déclencher une an'oisse, voire
une amorce de dépersonnalisation, il convient d’associer une attitude
et des 'estes qui appartiennent en propre # la relaation.
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
D "’autre moment di<icile a été l’o&tention de la détente de la
nuque.
Cette détente entraPne # nouveau une sensation de &ascule en
arri0re, mais cette fois, Kme *. fait + associations : une sensation
d’évanouissement, &asculer dans un trou noir sans Hn/ G une
remémoration d’un rve # répétition dans lequel par une force
centrifu'e, elle est $ collée # la paroi eterne d’un escalier en
colimaIon et 'lisse le lon' de cette paroi dans une chute sans Hn %.
@lle se réveille alors dans un 'rand état d’an'oisse. *ien que la
remémoration d’un rve se situe dans la traectoire d’une
éla&oration, mon intervention ne sem&le pas ici avoir en'a'é un
processus &eaucoup plus avant. Kais il faut souli'ner qu’il a été
néanmoins possi&le d’aller plus loin dans la détente et on note que
les phénom0nes de dépersonnalisation ne se sont plus reproduits. "#
encore, et comme précédemment notre approche corporelle, le
toucher et les conseils pratiques ont eu lieu.
ar la suite, il a été de moins en moins nécessaire d’avoir recours
# une réassurance, d’eercer des contr=les concernant la détente,
tout se passant comme si la patiente s’était réellement approprié
quelque chose, comme si elle avait commencé # avoir un instrument
personnel # sa disposition. aradoalement, il lui est arrivé par la
suite de se servir de ces capacités nouvelles pour me tenir #
distance.
Fn our, la patiente arrive &ouleversée, déprimée. @lle s’allon'e et
me dit tout de suite qu’elle vient de passer quelques ours chez une
cousine hippie, dans une maison insalu&re et sale. @lle si'nale
qu’elle a eu une &rusque et violente crise d’asthme alors qu’elle se
'lissait dans des draps souillés.
Cependant qu’elle me rapporte tout cela, elle pleure et cette fois,
il ne sera pas question de détente. "’échan'e se situe sur le plan
ver&al. Ue lui dis alors : $ ;out se passe comme si, auourd’hui, vous
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
aviez apporté toute cette saleté ici. % @lle évoque alors la mort de la
tante, retrouvée 3 ours apr0s sa mort, tom&ée # c=té de son sceau
h'iénique renversé, et son remord de l’avoir si peu aidée # ce
moment-l#.
Fne autre étape de la cure se situe un peu plus tard au moment
de la recherche de la sensation de chaleur dans un &ras. Kme *.
éprouve une di<iculté. Ce n’est pas de la chaleur qu’elle éprouve,
mais une sensation de &r[lure qui lui fait penser au &r[lures
d’estomac dont elle sou<re présentement. U’ai le sentiment qu’il a
quelque chose de particulier dans la référence au mot &r[lure. Ue le
reprends donc sur le mode interro'atif. 5a réponse est encore une
fois pauvre, &analisante : $ C’est touours comme cela, ’ai du mal au
dé&ut de toute nouvelle recherche. %
Comme on aura l’occasion de le voir, ’ai alors recours # mes
propres associations, celles qu’elle aurait pu avoir elle-mme. A
certains é'ards, pour emploer une ima'e, mon appareil pschique
e<ectue le travail qu’elle serait presque capa&le d’opérer, mais
devant lequel elle échoue. Ue lui dis alors $ qu’elle doit se souvenir
qu’elle a connu une chaleur a'réa&le, celle qu’elle a ressentie alors
qu’elle se dorait au soleil dans un pré chez la tante &ien-aimée %.
2ans la pro'ression du processus, on arrive # la recherche de la
sensation des pulsations et de leur ralentissement. Cela se situe
alors qu’elle est enceinte de plusieurs mois. Qn remarque au passa'e
que cette 'rossesse ne m’a été annoncée qu’avec un certain retard et
que, &ien qu’elle soit tr0s importante pour elle, la patiente en parle
fort peu. Au reste, en ce moment comme en d’autres, les sensations
éprouvées ne suscitent que peu d’associations # l’inverse de certains
patients mieu mentalisés et &eaucoup plus proches des névroses de
caract0re. 2ans le cas de la recherche des pulsations, elle les sentira
tout de suite au niveau du cWur, sans que cela déclenche d’an'oisse
et elle n’est alors capa&le que d’un rapprochement analo'ique avec
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
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les mouvements du fWtus. A ce moment de la cure elle nous dit :
$ Ces séances, e les fais + ou 3 fois par our, elles me détendent
&eaucoup, e me sens de mieu en mieu G maintenant, e suis
heureuse d’avoir ce &é&é. %
"a smptomatolo'ie de la patiente étant l’asthme, on a&orde en
dernier la phase correspondant # ce secteur, # savoir la détente
respiratoire. Cette détente est di<icile # o&tenir et peut-tre d’autant
plus que nous devons nous a&senter pour les vacances de ?ques. Au
retour, elle annonce qu’elle a été 'née par sa respiration, qu’elle a
été un peu infectée, ce qui a nécessité la prise d’anti&iotiques, mais
qu’elle n’a pas ressenti l’étou<e-ment des crises d’asthme. @lle n’a
cependant # aucun moment trouvé, au cours des séances faites
pendant cette période, la vérita&le détente respiratoire. A propos de
cette incomplétude, elle nous dit avoir surtout peur de ne pas donner
su<isamment d’air # son enfant. Qn se demande alors si elle n’est
pas hantée par une identiHcation # une m0re frustrante comme la
sienne, c’est pourquoi ’interviens en lui disant : $ Comme si vous
aviez peur de faire # votre &é&é, ce que vous pensez que e vous aifait en m’a&sentant : ne pas vous en avoir donné assez %.
Kalheureusement on peut dire que cette amorce d’identiHcation que
e lui donnais est déIue. "’orientation vers une attitude
pschanaltique, comme on la voit s’a<irmer dans d’autres cas,
tourne court. Ce n’est pas qu’elle désinvestisse # proprement parler
la cure, mais elle en limite les secteurs au aspects les plus
étroitement fonctionnels : elle attend de moi que e lui faciliteseulement l’accession # la détente a'réa&le, rassurante, ce qu’elle
nous conHrme par la suite par toute une série de déclarations
concernant son &ien-tre et son plaisir # faire ses séances
personnelles.
Qn est en droit tout de mme de se demander si l’évolution dans
le sens d’un développement des pro&lématiques dans le re'istre
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
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mental ne s’est pas e<ectué dans la direction d’une résistance et
qu’elle utiliserait l’accession # cette détente &ienheureuse pour qu’il
ne soit surtout pas question de mettre d’autres pro&l0mes sur le
tapis. Ainsi, elle me dit qu’alors qu’elle est en parfaite détente, si ellesent # ce moment-l# une lé'0re contracture se produire, c’est parce
qu’elle pense que ’attends qu’elle parle, alors qu’elle n’a rien # dire.
Jefuse-t-elle d’en dire plus ou &ien n’a-t-elle rien # dire
Qn hésite touours # conclure # une carence. our le thérapeute, il
serait &eaucoup plus réconfortant de miser sur une résistance et sur
les chances d’une thérapie qui deviendrait # proprement parler
analtique, ce qui se voit avec d’autres patients de relaation au
cours du développement de la cure.
"a semaine avant l’accouchement, elle arrive anieuse. Kal'ré la
décision de l’accoucheur de lui faire une péri-durale, elle a peur.
2’a&ord parce que son ami ne veut pas assister # l’accouchement, il
trouve cela sale, et puis parce que lui revient constamment en tte
cette phrase &ien connue dans son milieu : $ tu accoucheras dans la
douleur %. Accouchement lui fait penser # déchirure. Ue lui dis alors :
$ Comme s’il vous était plus facile, ici, devant moi, de penser # la
douleur, la déchirure, qu’au plaisir que vous pourriez ressentir au
passa'e du &é&é tout 'lissant sur la muqueuse. % Ke revenait l#
dans mon intervention une phrase de Rreud que le 2r Ravreau
rappelle souvent et qui me sem&le touours fort importante : $ "e
pénis, l’enfant et le &?ton fécal sont des corps durs qui, par leur
entrée ou leur sortie, ecitent un canal muqueu. % Kais en toute
ri'ueur, e dois avouer que mon intervention avait pour &ut de lui
montrer que dans le transfert, elle me vivait peut-tre comme un
o&stacle au plaisir, et qu’elle préférait me donner des 'a'es
masochiques. @lle termine la séance en trouvant une &onne détente
et me demande en me quittant si elle pourra par la suite venir # ses
séances avec le &é&é, ce que d’ailleurs nous lui avions dé# proposé.
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
"a terminaison de la cure va me laisser perplee.
@n e<et, elle reste presque + mois sans donner de ses nouvelles
apr0s l’accouchement et elle revient avec son &é&é. @lle use alors de
tous les moens pour me tenir # distance aussi &ien d’elle que du
nouveau-né. @lle a<irme une nouvelle fois le &ien-tre auquel elle a
accédé mais nous informe en mme temps de sa décision de mettre
un terme # sa cure.
@lle n’a plus de crise d’asthme, mme depuis l’accouchement qui
s’est fort &ien passé, consciente au moment de l’epulsion, elle ne se
sent plus contractée ni tendue, ses relations avec ses parents se sont
considéra&lement améliorées, avec son p0re surtout, qu’elle peut
aimer maintenant. 5i elle n’a plus de crise, elle veut penser que c’est
l’enfant qui a eu cet heureu e<et, mme quand elle conc0de,
spontanément, que e dois avoir un autre point de vue.
*ien entendu, la 'rossesse, tout au dé&ut de la cure a retenu
notre attention. >l s’a'issait l# en l’occurence d’un déH qu’elle nous
lanIait pour nous diminuer tout en continuant # nous demander
notre concours. "a 'rossesse, tout comme la détente # certain
moment de la cure, a été utilisée pour me tenir # distance. "e
&énéHce qu’elle a tiré du travail e<ectué lui su<it. @lle ne veut pas
s’en'a'er plus avant.
Ue crois donc l# davanta'e # une interruption de la cure qu’# un
vérita&le ach0vement. 5on &rusque désir d’interrompre la cure,
imprévisi&le pour nous, nous fait penser qu’il s’a'it d’un phénom0ne
comportemental, mode ha&ituel de réaction de ce tpe de patient.
5’a'it-il d’une an'oisse o&scure s’étant &rusquement développée et #
laquelle seule une fuite o&ective permet de faire front Qu s’a'it-il,
quand on connaPt la facilité de chan'ement d’o&et de l’asthmatique
que l’essentiel des capacités d’investissement se soit déplacé
@n pareil cas, et étant donné la structure de la patiente, il nous a
sem&lé préféra&le d’accéder # sa demande aHn de lui laisser la
1(!
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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en
pschosomatique
possi&ilité de revenir éventuellement nous voir : elle me remercie
alors de mon accord et m’assure le cas échéant qu’elle m’écrirait.
2ans ce travail sur la clinique de la relaation, ’ai eu surtout pour
o&ectif de montrer comment deu voies d’approche apparemment
aussi éloi'nées : l’ordre sensori moteur et l’or'anisation de la vie
pschique, peuvent tre unies de faIon cohérente. C’est mme de
cette liaison que dépend souvent le succ0s thérapeutique.
ibliograp!ie
S1T 5trauss K.A., Cahen K. D *ref historique de la relaation
selon Auria-'uerra. Apport de la schanalse # cette méthode,
Colloque sur le corps en pschothérapie de relaation et dans les
ac\. aris, 3!-31 anvier 196+.
S+T Aiuria'uerra U. de, Yarcia *adaracco U., Cahen K. D
$ "’entraPnement pschophsiolo'ique par la relaation % G
Considération technique et indications, in A&oul\er U. et coll. : La
/ela$ation% aspects théoriques et pratiques% p. )1-6!. @pansion
5cientiHque franIaise édit., aris, 19(9.
S3T Kart . D ouvements individuels de vie et de mort% aot,
aris, 19).
ST Uaco&son @. D 'ro"ressive /ela$ation. Chica'o Fniversit,
ress, 1936.
S(T 5chultz U.K. D Le trainin" auto"ne 19()/. ;raduction
franIaise, .F.R., aris, 19(6.
1(1
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ériple en psychosomatique a la lumi$re des
sympt.mes
ar J. Berz&er'-oloniec\a
C’est la fréquentation en tant que pschanalste de patients
atteints de maladies somatiques, souvent de maladies somatiques
'raves, qui est # l’ori'ine de ce travail. "’eneu est important dans la
mesure oV les smpt=mes phsiques entravent la vie quotidienne et
peuvent en'a'er l’inté'rité corporelle, voire le pronostic vital.
Kon epérience de plus de 1( ans vient de plusieurs 5ervices
hospitaliers parisiens : B=pital >nternational de l’Fniversité de aris,
B=pital 5aint-Antoine, B=pital des 2iaconesses, du Centre de
Consultations de la rue Ral'ui0re, de l’B=pital de la oterne des
eupliers.
@n écrivant ces li'nes, e pense surtout # des patients atteints de
maladie de Cr=hn, de rectocolite hémorra'ique, d’asthme cortico-
dépendant aant présenté des états de mal asthmatique, de dia&0te
insulino-dépendant aant fait des comas, et de nom&reu malaises
hpo'lcémiques G ces patients étaient hospitalisés ou venaient en
consultation.
Ces smpt=mes nous interro'ent sur leur survenue et leur
développement d’une part, sur leur accalmie, leur disparition et leur
remplacement éventuel d’autre part ou encore sur leur association #
des smpt=mes névrotiques, voire leur remplacement par des
1(+
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
smpt=mes névrotiques. Ces smpt=mes nous interro'ent é'alement
sur l’intért que nous leur portons, sur le souci qui nous anime de les
voir s’améliorer, de les voir 'uérir. A travers leur eistence, la
sou<rance et l’inquiétude qui sont liés, le pronostic est présent. "es
souhaits d’amélioration ou de 'uérison, le pronostic, ne peuvent pas
tre éludés, ils sont le terrain sur lequel le patient et l’analste ne
peuvent pas ne pas se rencontrer, un terrain tr0s ancien, souvent
défaillant, celui des liens maternels précoces.
Ces liens maternels précoces ne comportent pas seulement les
divers liens # la m0re et de la m0re/ a<ectifs, pschiques et
phsiques mais aussi du p0re # travers le vécu que la m0re a de lui,
de sa présence, de son a&sence et selon la sin'ularité de chaque
situation, mais aussi dans la varia&ilité dans le temps # l’intérieur
d’une situation, de la relation de la m0re au p0re D : $ Censure de
l’amante % décrite par Kichel Rain et 2enise *raunsch_ei' D
ressentie par l’enfant G et aussi &ien s[r sem&le-t-il de plus en plus
souvent, de la place du p0re en tant que personne propre proche tr0s
t=t de l’enfant, prenant soin tr0s t=t de lui sur un mode qu’avant
$ 196 % on aurait appelé $ maternel %. 2iverses autres personnes
s’occupant de l’enfant ou aant un r=le important pour la m0re ou
pour le p0re prennent aussi une place dans ces liens maternels
précoces.
5’il n’ a pas trop de con8it de personne dont l’enfant est plus ou
moins l’o&et m0re-nourriceMm0re-sa propre m0reMm0re-autre
personne/ la m0re tiendra un r=le prépondérant, et mme s’il ne l’est
pas dans le temps qu’elle passe avec l’enfant, elle sera 'arante d’une
continuité au moins souhaita&le d’avec le temps de la 'rossesse et
des deu, trois premi0res années de la vie, l# la $ prématurité % de
l’enfant est si 'rande, rendant si fra'ile tous les équili&res que les
'randes fonctions et les divers stades de développement se mettent
en place.
1(3
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
5i e 'arde ces termes de liens maternels précoces, qui peuvent
paraPtre un peu plus, qui ne s’articulent pas clairement # la
métapscholo'ie freudienne, c’est parce qu’ils rendent compte des
présences proches de l’autre et de l’importance du temps de la toute
petite enfance et mme s’ils ne recouvrent pas toutes les strates,
tous les champs, toutes les personnes en cause mais dont le 8ou
mme et le pluriel laissent ouverts la compleité humaine, celle aussi
des premiers mois de la vie. Ces termes de liens maternels précoces
tendent # eprimer dans le lan'a'e de la secondarisation, et apr0s
toutes les reprises Wdipiennes, la compleité d’avant le lan'a'e. Ce
faisceau de relations se forme en mme temps ou recouvre
partiellement les prémices du narcissisme secondaire et du
narcissisme primaire dans certaines approches théoriques post-
freudiennes.
>l ne s’a'it ni de $ la 'uérison de surcroPt % ni de $ l’analse de
surcroPt %. "es aspects de fonctionnement mental d’un patient ou
d’un processus analtique puisqu’il a pschanalste et patient/ et
l’amélioration ou la 'uérison des smpt=mes sont intimement liés. >l
est désormais admis qu’un nourrisson n’est ni un tu&e di'estif, ni un
ensem&le de sensations et d’a<ects, mais les deu # la fois,
intimement liés. "a 'énétique, la &iolo'ie, la vie intra-utérine, et les
liens maternels comprenant aussi l’entoura'e de la m0re et de
l’enfant : p0re, autres personnes, lieu, choses/ des premiers temps
de la vie, eercent conointement et de faIon interdépendante leur
action.
"es smpt=mes : d’une faIon quelque peu schématique, leur
intensité, leur 'ravité, leur mode d’évolution, sont pour un individu
donné comme un papier de tournesol révélateur du fonctionnement
mental, et réciproquement les aléas du fonctionnement mental,
indiquent par avance, telle une autre lecture du réactif coloré, une
amélioration ou une rechute prévisi&le des smpt=mes, avec un
1(
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
certain temps de latence varia&le d’un individu # l’autre et d’un
moment # l’autre chez un mme individu.
5i dans ce travail le eu des smpt=mes prend la premi0re place,
c’est # la fois &ien s[r parce qu’il n’est pas possi&le de le né'li'er,
mais aussi parce qu’il oue un r=le révélateur, voire de loupe
'rossissante en tant que mode d’appréhension du fonctionnement
mental. "e vécu quotidien du pschosomaticien se déroule souvent
dans une situation d’ur'ence. "e vécu de cette ur'ence renforcé par
la connaissance du pronostic possi&le créé une attitude d’opposition
a<ective plus ou moins lon'ue # toute esp0ce de théorisation, en
raison de la prévalence accordée au pulsions d’auto-conservation
par rapport au pulsions seuelles su&limées.
Ce premier temps consiste # écouter, voir, s’intéresser et
recommencer. Ce n’est qu’apr0s ces lon's moments d’approche,
quand un certain nom&re d’éléments a pu tre recueilli, quand
l’étonnement des premiers mois a été dépassé, qu’alors, une
tentative de théorisation personnelle peut se faire : néanmoins ce
premier temps s’est déroulé avec la référence # une attitude
pschanaltique classique.
Ue voudrais préciser et insister sur le fait qu’en aucune faIon le
smpt=me n’est privilé'ié dans le travail analtique e reviendrai sur
l’emploi de cet adectif &ien qu’il s’a'isse le plus souvent de
pschothérapies/ G il est question du smpt=me comme du reste, de
tout ce qui vient, il n’est ni privilé'ié ni éludé, il fait partie du patient
comme ses rves, ses désirs, ses sst0mes d’identiHcation. arfois
c’est l’analste qui revient au smpt=me, alerté par une inquiétude
personnelle, inquiétude D si'nal d’alarme devant une insu<isance
d’eistence et de réaction des sst0mes d’auto-conservation du
malade. Cette inquiétude n’est pas dite la plupart du temps
spontanément mais d’une faIon secondarisée. C’est ainsi dans le eu
transfert-contre-transfert il s’a'it souvent et pendant lon'temps
plus de la possi&ilité pour le patient d’éta&lir une relation avec
1((
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
l’analste, de s’ intéresser, de sentir l’intért de l’analste, que d’un
transfert proprement dit, dont plus tard des éléments pourront se
développer/ : on se rend compte de l’insu<isance, répétée dans
l’actuel des liens autrefois éta&lis avec la m0re par l’insu<isance
d’inquiétude du patient # son propre é'ard, alors que le dan'er est
manifeste. Cette insu<isance peut se manifester notamment par un
'rand retard # consulter retard qui est d’autant plus 'rand, selon
des auteurs américains, que le processus patholo'ique est plus
'rave, au cours de maladies # smptomatolo'ie eterne équivalente :
tumeurs &éni'nes et cancers du sein/, soit par la di<iculté, voire
l’impossi&ilité d’émettre une plainte. 2u smpt=me souvent, et mme
quand il persiste, il n’est pas ou peu question. "’a&sence mme de
plainte prend une certaine valeur dans l’économie pschique du
malade. Ces insu<isances d’auto-conservation auraient # leur ori'ine
une insu<isance des relations précoces avec la m0re et de la m0re/.
>l s’a'irait l# d’une insu<isance des sst0mes d’étaa'e-'érance.
Eous nous interro'eons s’il serait possi&le, dans les aléas des
relations précoces # la m0re, de di<érencier ce qui, dans ces aléas
des diverses modalités de mise en place des sst0mes de pare-
ecitation, donnerait soit un versant de trou&le somatique, soit plut=t
pschique chez l’enfant, compte tenu des facteurs 'énétiques,
&iolo'iques, intra-utérins.
g aurait-il un destin plus particulier pour l’enfant quand les
trou&les essentiels seraient ceu d’un manque ou d’un en trop de
pare-ecitation de la m0re, ou &ien de l’impossi&ilité chez elle
d’éla&orer un con8it pschique ourrait-on par eemple l#,
envisa'er de di<érencier les passa'es de la m0re # l’enfant qui se
font directement par l’intermédiaire du toucher, de ceu qui se font
par l’odorat, la vision, et l’ou4e, et selon que le fonctionnement de ces
fonctions s’équili&re ou se con8ictualise avec le souci des instincts
d’auto-conservation. "’essai d’appréhender tout cela se fait
ultérieurement # travers la superposition et les chevauchements des
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divers stades de développement # travers toute la secondarisation,
dans les pschothérapies, soit dans les thérapies m0re-enfant mais
avec le 'auchissement de la présence du thérapeute et les pi0'es de
l’o&servation directe, c’est dire que l’etrapolation du précoce et du
quelque peu simple # travers la compleité ultérieure reste touours
quelque peu au moins aléatoire.
5i les pulsions d’auto-conservation ne sont pas assurées ou ont été
empchées partiellement d’tre assurées, les pulsions seuelles n’ont
pas la possi&ilité de s’étaer sur les pulsions d’auto-conservation, et
toute une partie du refoulement lié au pulsions seuelles ne se
mettra pas en place en mme temps que toute série de défenses
mentales ne se mettra pas en place. Qn sait dans l’Wuvre de Rreud la
proimité des notions de défense et de refoulement.
Eous avons fait allusions au fait qu’il s’a'it le plus souvent de
pschothérapies, pourquoi des pschothérapies plut=t que des
analses Eous n’allons pas traiter ici cette question qui maintes
fois a été traitée et développée par . Kart : essentiellement notion
de structure # travers les modes de fonctionnement ou de
dsfonctionnement des deu topiques freudiennes. "# aussi ce n’est
pas le smpt=me qui détermine le mode d’a&ord, mais la structure.
Qn sait comment les possi&ilités de supporter les frustrations
a<ectives doivent tre su<isamment fortes dans le cadre d’une
pschanalse, ce qui suppose un surmoi su<isamment en place et
une certaine mo&ilité # l’intérieur des deu topiques freudiennes. "es
possi&ilités de supporter les frustrations a<ectives sont amoindries
chez ces patients oV les modalités de sst0me de pare-ecitation #
l’intérieur des liens maternels posent pro&l0me.
2es frustrations trop 'randes par rapport # celles qui peuvent
tre éla&orées pschiquement peuvent ouer alors elles-mmes par
l’écho de frustrations précoces, elles non plus n’ont pas pu tre
éla&orées, un r=le de traumatismes pouvant amener # une
désor'anisation somatique chez ces patients, d’oV la nécessité de
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
manier tr0s prudemment les frustrations tout en 'ardant le
maimum de neutralité/ tant dans le cadre du face # face, que du
maniement prudent du silence et des niveau des interventions.
"es patients nous sont adressés par des confr0res médecins
a<rontés au limites des traitements classiques. "a demande vient
parfois directement du patient ce qui ne correspond pas
nécessairement # une demande telle qu’elle est décrite en
pschanalse, mais soit # une sensation 8oue de &esoin de parler
avec quelqu’un, soit plut=t # travers des rensei'nements recueillis,
par les médias et qui passent par un &esoin d’un certain consensus
social/. @lle est médiatisée par le smpt=me. @n fait, les médecins
nous adressent des patients qu’ils consid0rent comme $ pschiques %
ou quand une situation est etrmement inquiétante, voire
catastrophique : quelle mise en question de tant d’années d’étude et
de pratique ri'oureuse oV il a été si peu question de l’aspect
pschique de la maladie, dans cette décision d’adresser un patient
dont la maladie somatique a été dia'nostiquée/ chez le
pschanalste pschosomaticien X C’est ainsi que nous recevons des
malades qui présentent des pro&l0mes pscholo'iques, ou &ien une
maladie admise comme pschosomatique rectocolite hémorra'ique,
asthme, eczéma/, mais cette situation est en train de se modiHer, ou
&ien encore des maladies dont le pronostic est franchement 'rave,
telles que les maladies cardiovasculaires ou des cancers. 2e tels
patients nous arrivent adressés par des coll0'ues plus avertis et
souvent sont de leur entoura'e.
5i l’eistence du smpt=me somatique nous donne un écho
particulier du fonctionnement mental, elle complique sin'uli0rement
les aspects transfé-rentiels, contre-transférentiels, dans la mesure oV
chacun attend plus directement quelque chose de l’autre. Cette
attente souvent plus a<ective que raisonnée soins, intért, 'uérison
plus qu’éla&oration, interprétation/ sera touours au moins eprimée
sur un mode relationnel puisqu’elle devra passer par des mots
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di<érence des relaations strictes/ porteur d’un certain proet
évolutif, et sera soutenue par un intért théorique.
Aussi arrive-t-il que le récit d’une pschothérapie et de son
matériel apparaisse comme $ simple % sinon simpliste telle une
peinture a&straite dite enfantine pour certains/ &ien que l’analste se
serve d’une référence complee : l’or'anisation Wdipienne au stade
'énital, et mme si par moments il peut lui aussi fonctionner en
processus primaire ou tout au moins en processus apparemment peu
secondarisé. "a souplesse de son travail est d’tre, dans ces
moments apparamment peu secondarisés, particuli0rement proche
du patient et il est nécessaire cependant d’avoir en mme temps le
référant théorique pschanaltique en tte. Cela lui permet
d’appréhender les di<érences par rapport # ce référant dans ce
dialo'ue faussement anodin. C’est en pensant # ce référant Wdipien
nécessaire, inhérent au fonctionnement de l’analste, que ’ai parlé
tout # l’heure de travail pschanaltique mme si le cadre utilisé
n’est pas celui d’une pschanalse classique. "a souplesse consiste
aussi # accorder un intért réel # l’activité la plus investie du patient,
mme si c’est souvent une activité sociale, intért qui doit tre
parfois manifesté directement par des questions ou d’autres
marques.
"a connaissance du fonctionnement mental concomitant d’une
or'anisation Wdipienne structurée, la neutralité respectant la
sin'ularité des patients, l’utilisation autant que faire se peut des
mots utilisés par le malade ou si l’on veut, l’aptitude # repérer les
aspects les plus évolués des mécanismes pschiques, sont
nécessaires. "’incompréhension d’une intervention dans le fond, la
forme, le voca&ulaire ou la perception d’un trop 'rand écart dans le
mode de fonctionnement interne du patient d’avec celui de l’analste
écart que l’on peut et doit montrer mais.usqu’# un certain point
comme possi&ilité de fonctionnement/ peut tre ressenti par le
patient comme incapacité de sa part # comprendre # penser, comme
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
une &lessure narcissique et se sentir tre mis en question dans la
construction fra'ile et importante de son idéal du moi. ;out cela fait
du travail pschothérapique des patients aant une maladie
somatique un travail de pschanalste.
Qn aura # essaer de repérer les répétitions, le retour au
situations de plus 'randes intensités a<ectives dans les liens
maternels moments d’autant plus importants que les vécus de
manques ont été 'rands/. Ces situations $ privilé'iées % sont
recherchées mme si elles ont été insu<isantes, di<iciles, péni&les,
frustrantes, voire insupporta&les pour l’enfant, car elles témoi'nent
sur un fond de ressenti de manque ou d’insu<isance, que quelque
chose d’intense s’est au moins passé entre la m0re et l’enfant. >l
s’a'it en fait d’une activité tr0s évoluée, en dépit de l’apparente
simplicité, compleité due au référants nécessaires de l’analste et
au non-dits du patient, activité qui met en mouvement &ien plus de
matériel qu’il n’ paraPt.
"es patients en question sont souvent dans la plus 'rande
détresse somatique. >ls sont hospitalisés $ &ranchés % de toute part
quelques fois, une intervention chirur'icale peut tre envisa'ée, un
pronostic 'rave est en eu. 2ans la lutte, tout le monde se trouve
en'a'é, le médecin qui passe outre les usa'es de son métier, en
faisant appel # l’analste, l’analste qui n’a 'u0re l’ha&itude comme
tel de fréquenter les cham&res d’h=pital ni les 5ervices de
réanimation, le malade enHn, pour lequel parler ne sem&le pas facile,
utile ou di'ne d’intért et oV il doit l# prendre un r=le actif. "a
$ &a'arre % si elle n’est pas ha&ituelle en pschanalse, est pourtant
nécessaire ici, il faut faire vite étant donné la situation. Aller vite ce
n’est pas aller n’importe comment. C’est donc aller dans le corpus
théorique et # partir de la technique pschanaltique mme si elle
est modiHée/ c’est, entre autre, repérer rapidement les 'rands points
charni0res de la pro&lématique du patient deuils, a&andons,
manques, impossi&ilités ou di<icultés d’identiHcation qui n’ont pas
1)!
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pu tre éla&orés ni parfois mme a&ordés/ et donner la possi&ilité de
$ parler autour %, $ d’ouvrir %. >l s’a'it d’un moment sem&la&le au
premier entretien et au toutes premi0res séances d’une
pschanalse, # la di<érence pr0s qu’il a cette fois un eneu
immédiat, alors qu’en analse on a relativement le temps et on
n’intervient pas ou peu au dé&ut le plus souvent. >ci les interventions
non pas les interprétations au sens pschanaltique du terme/, les
marques d’intért seront nom&reuses s’il le faut pour soutenir les
dires du patient. 2ans ce premier temps qui peut tre lon', une
histoire est reconstituée, une trame tissée, un travail de &roderie est
commencé. "e travail de l’^dipe, le déploiement d’une tapisserie
familiale s’il peut se faire, ne viendra que &ien plus tard. >l faut s’en
tenir # un démla'e, # un défricha'e, envisa'er une possi&ilité de
reprise sur un mode ver&alisé, et dans une relation de tout ou partie
de ce qui a achoppé et autour de quoi les smpt=mes se sont
construits. @t c’est avec étonnement D dans la mesure oV l’on n’en
est qu’au moment de la relation et de la parole autour d’une histoire
D que l’on voit des smpt=mes 'ravissimes s’améliorer, céder. *ien
s[r ce résultat est fra'ile et tout reste # faire. Ce moment
dramatique et privilé'ié fait appel # l’analste en particulier dans
ses possi&ilités rapides d’identiHcation liées # ses possi&ilités rapides
de refoulement/ mais on ne peut réduire cela # l’aspect le plus
évolué de l’hstérie, il s’a'it aussi d’une motivation # s’occuper de
l’autre, # le soi'ner, # le sauver mme G étaa'e des pulsions
seuelles sur des pulsions d’auto-conservation.
arce que les pulsions d’auto-conservation sont défaillantes chez
le patient, défaillance qui serait liée # celle du lien maternel soit
directe, constitutionnelle de la m0re issue par eemple d’une
défaillance des liens maternels avec sa propre m0re, ou &ien
indirecte comme en période de deuil ou par suite d’une dépression
de la m0re lors de la 'rossesse ou des premiers mois de la vie de
l’enfant/, l’étaa'e des pulsions seuelles ne peut se faire
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
correctement sur elles, ce qui rend le travail du thérapeute plus
di<icile, faisant appel chez lui # une visée de reprise des pulsions
d’auto-conservation. >l se peut d’ailleurs que cet appel réponde # des
motivations personnelles liées # l’histoire du $ soi'nant %, il faut se
méHer alors du r=le que peuvent prendre de telles motivations en
raison mme du r=le repris par les pulsions d’auto-conservation et de
la nature $ actuelle % de l’étaa'e. "e risque serait, étant donné les
satisfactions personnelles d’ordre narcissique de l’analste, d’éviter
l’émer'ence et l’éla&oration d’un con8it mental chez le patient et
l’acc0s # l’^dipe.
Fn autre moment di<icile est celui oV parfois survient une
rechute de la maladie G que de questions se posent alors # nous X
7u’en est-il de ce lien maternel $ retravaillé % 7u’en est-il alors de
nos possi&ilités de reprise par rapport au défaillances des pulsions
d’auto-conservation du patient @n prenant de tels patients en
traitement, nous prenons le risque d’une confrontation directe #
notre propre idéal du Koi, voire # notre Koi-idéal mettant en échec
la fra'ile construction de nos ei'ences modelées, voire $ moulées %
sur les théories seuelles infantiles. "’un des facteurs de rechute
serait peut-tre la protestation du patient vis-#-vis de l’emprise de
l’analste sur lui # travers le mouvement des pulsions d’auto-
conservation, alors que l’éla&oration des con8its mentau n’est pas
possi&le D mais il s’a'irait &ien l# d’un des facteurs seulement D la
non possi&ilité d’éla&orer des traumatismes eternes et internes
venant, elle, au premier plan.
"e smpt=me n’est pas lors d’une rechute réor'anisateur en tant
que tel, parfois si tout se passe au mieu milieu médical et
hospitalier ouvert, attentif, e<icace, milieu familial su<isamment
inquiet et montrant sa tendresse/ et encore plus s’il a une
possi&ilité de reprise pschothérapique, la survenue et l’eistence du
smpt=me permet des possi&ilités de ré'ression qui n’eistaient pas
auparavant, encore faut-il qu’# d’autres moments le patient puisse
1)+
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
revenir. arfois un 'rand dan'er fait ressortir des possi&ilités
relationnelles avec l’entoura'e, permet la mise en mouvement de
pulsions d’auto-conservation qui ne se manifestaient pas, l# encore il
faudrait que ce chan'ement puisse $ tenir % dans une nouvelle
économie personnelle. Qn peut tre amené lors d’une rechute # voir
avec le patient com&ien il ne lui a pas été possi&le d’tre son propre
soi'nant, son propre thérapeute, son propre parent, celui qui
s’occupe de l’enfant malade. endant un certain temps, et touours
dans le souci d’éviter une &lessure narcissique porteuse de risques
de désor'anisation/ on ne parlera que de comment le patient ne
s’occupe pas su<isamment &ien de lui-mme sur le plan somatique,
sans faire le lien eplicite avec son sentiment que sa m0re, par
eemple, ne s’occupait pas su<isamment &ien de lui dans cela sont
incluses &ien s[r les séparations précoces/. A travers le re'ard et
l’attention, l’intért prolon'é que nous lui portons, le patient peut
retrouver les moments satisfaisants de ce lien dans son enfance, et
un certain $ mod0le % auquel il pourrait s’identiHer pour tre apte lui
aussi # s’occuper de lui-mme.
"’apparition dans un moment ultérieur du travail de smpt=mes de
la li'née névrotique concrétise les dé&uts du retour de la li&ido vers
un corps qui devient éro'0ne &ien que le con8it ne soit pas encore
éla&oré. Eous en parlerons ultérieurement. Ce moment particulier
du dé&ut permet aussi de voir l’etraordinaire intrication des
smpt=mes somatiques et du fonctionnement mental. "’intért
intellectuel pulsion partielle épistémophilique/ permet de m?tiner
m?ter/ les mouvements a<ectifs de l’analste dans un mouvement
de secondarisation.
Apr0s ce temps initial, le travail prend un rthme plus lent. "#,
l’o&servation des smpt=mes et de leurs aléas, de leur résur'ence
éventuelle, des choses dites autour, de leur transformation,
permettra une sémiolo'ie plus Hne et toutes sortes d’interro'ations
notamment sur ce qui s’est passé dans le premier temps du
1)3
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
traitement : moment de survenue du smpt=me, temps de latence
entre le traumatisme déclenchant écho des traumatismes, et des
manques plus anciens, souvent dé# eu-mmes répétés/ et
l’apparition du smpt=me. >l sem&le que la durée du temps de
latence entre la survenue du smpt=me et le traumatisme
déclenchant soit inversement proportionnelle # la qualité de
l’or'anisation mentale or'anisation mentale voulant dire l#
or'anisation des deu topiques freudiennes et en particulier fonction
du préconscient et point de vue économique et non pas qualités
intellectuelles/.
>l est pro&a&le cependant qu’interviennent d’autres facteurs
comme l’intensité du traumatisme, l’intensité de l’écho qu’il
provoque étant donné les traumatismes antérieurs et les facteurs
d’environnement du moment internes et eternes/. >l faut aussi
s’entendre sur ce que l’on appelera la survenue du smpt=me :
s’a'it-il du dé&ut, moment présumé du dé&ut du processus
patholo'ique somatique ou des premiers si'nes patholo'iques
eprimés par le patient ou découverts lors d’un eamen médical "a
concordance n’est pas aussi nette que dans les cas oV les smpt=mes
névrotiques sont clairement liés # l’échec mental devant un con8it
pschique.
Qn s’interro'era sur ce qui fait qu’un traumatisme n’a pu tre
repris sur un mode mental fut-il patholo'ique/ et que s’est
déclenchée # la place une désor'anisation somatique. Eous nous
interro'eons aussi sur le choi du smpt=me : pourquoi telle ou telle
maladie pour tel patient "a réponse reste encore parcellaire faute
de connaissances et d’informations pschanaltiques et purement
scientiHques.
2e K’Fzan a dit que $ le smpt=me est &te %. Cette formule
incisive des premi0res approches pschanaltiques en
pschosomatique, mme si par la suite elle a été remise en cause par
son auteur, s’insur'eait sem&le-t-il contre les toutes premi0res
1)
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
descriptions apparemment simpliHcatrices de Rrench, Aleander, et
Yarma &asées sur des proHls et sur des sens socio-réducteurs. >l faut
reconnaPtre # ces auteurs toutefois leur r=le de défricheurs car ils
ont ouvert une approche pscholo'ique des smpt=mes somatiques
dont la simplicité a séduit les médecins et les patients eu-mmes et
permis # travers les échan'es des améliorations cliniques. Fne
impulsion en a aussi résulté pour l’étude pschanaltique des
maladies somatiques. Cette formule $ le smpt=me est &te % doit
tre maintenant nuancée. >l n’est 'u0re possi&le d’assimiler le
porteur du smpt=me et le smpt=me : la sensi&ilité, l’intelli'ence de
soi-mme et des autres, se rencontrent tout autant avec des patients
dits $ pschosomatiques % qu’avec des patients névrosés, mme si
l’eorescence du fonctionnement mental, délice du pschanalste
comme les larmes d’azur du po0te/ n’ prend pas ha&ituellement la
mme importance. Ue n’a'réerai pas non plus enti0rement avec cette
formule parce que les facteurs héréditaires, em&rolo'iques,
&iolo'iques, immunitaires et identiHcatoires de l’histoire d’une
famille sur plusieurs 'énérations, peuvent avoir une place que nous
ne savons pas encore évaluer dans l’apparition de tel ou tel
smpt=me. our tenter d’éclaircir cette question, il faudrait par
eemple éta&lir une carte tr0s précise de l’em&rolo'ie des divers
sst0mes humains et, parall0lement éta&lir la liste des traumatismes
eternes et internes chose quasiment impossi&le pour la datation
des traumatismes et di<icultés de la m0re pendant la 'rossesse et les
premiers mois de la vie de l’enfant/, voir la concordance de l’époque
de maturation d’un sst0me et du traumatisme de la m0re avec les
smpt=mes somatiques, qu’ils surviennent dans l’enfance ou # l’?'e
adulte. Ce travail devrait donc tre # la fois scientiHque 'énétique
em&ro'én0se &iolo'ie/ et pschanaltique les traumatismes
eternes et internes de la m0re et leur fonction/. Collecter seulement
les informations sur une ou deu 'énérations avec une certaine
homo'énéité paraPt, avec nos moens actuels d’approche quasiment
impossi&le G le pro&l0me doit cependant tre soulevé.
1)(
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
Ce n’est pas parce qu’un travail demanderait # tre fait sur un
mode inter-disciplinaire oV le pschanalste aurait une place comme
l’em&rolo-'iste, le 'énéticien ou le &iolo'iste, qu’il faut
compl0tement l’écarter comme une hérésie pschanaltique. ar
eemple, le smpt=me n’est pas si &te si nous lui retrouvions une
$ mémoire de sst0me % : ainsi ce patient qui déclenche une recto-
colite hémorra'ique # +( ans, a eu une diarrhée du nourrisson, une
appendicite # 13 ans, deu épisodes a&dominau # l’adolescence
étiquetés intoication alimentaire mais survenus respectivement lors
d’un départ en voa'e et des épreuves du &accalauréat. 2ans
d’autres, on peut évoquer $ une vérita&le mémoire d’identiHcation de
famille % : chez tel malade, tous les trou&les or'aniques se sont
passés # 'auche, lui qui a été un enfant de remplacement d’une sWur
morte en &as ?'e d’une appendicite, # 'auche, compliquée
d’occlusion et péritonite. lusieurs années ont été nécessaires pour
que ce rapprochement simple se fasse tant du c=té du patient que du
c=té de l’analste : réalité ou reconstruction "a question &ien s[r
se pose. >l nous faudrait, par une analse su<isamment poussée,
nous interro'er sur la part hstérique dans la détermination de
certains smpt=mes somatiques compte-tenu de la fra'ilité des
sst0mes familiau.
5i le premier entretien nous donne une idée sur des facteurs
traumati-ques déclenchants, cette idée s’enrichira, se compliquera
lors de la pschothérapie. @t c’est seulement par ce travail que l’on
pourra se faire une idée de l’économie du smpt=me, lors des aléas.
Ainsi, # tel moment, alors que tout sem&le &ien aller sur le plan
phsique, c’est un 8échissement du fonctionnement mental avec une
moindre 8uidité associative, un recours plus 'rand # l’actuel et au
factuel, un intért moindre # soi-mme, ou au contraire une tr0s
'rande ecitation # tout stimulus eterne sans possi&ilité de reprise,
qui fera craindre, et parfois précédera une rechute G nous nous
interro'eons alors &ien s[r sur ce $ 8échissement % du
1))
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
fonctionnement mental et trouvons par eemple un rappel non
éla&ora&le encore par le patient, d’un deuil non fait, et dont
cependant il a été dé# question parler autour de/ dans le premier
temps de la pschothérapie, avec de rapides résultats
smptomatiques. Ce rappel peut tre lié # un personna'e su&stitut
de l’entoura'e disparu et qui était encore resté dans l’om&re. "#
encore, la rapidité des possi&ilités de reprise du patient et de
l’analste/ est 'arante de la rapidité de l’amélioration des
smpt=mes nouvellement réapparus. >l n’est pas possi&le ici de
$ laisser aller % comme on peut le faire en analse de la reprise de
smpt=me névrotique.
arfois il est &esoin d’un traitement pharmacolo'ique d’appoint
rapidement mis en place pour pallier un temps une désor'anisation
somatique et ses dan'ers, surtout si les points de Hation sont
fai&les : ne pas communiquer ou que tr0s eceptionnellement avec
les médecins traitants des patients. Ce principe pourrait tre plus
souple au dé&ut avec des patients aant des maladies somatiques
'raves. @n e<et le médecin traitant, le personnel inHrmier, le
pschanalste font partie, en tout cas dans les premiers temps du
travail pschothérapique, d’un mme $ pool % de soi'nants au
di<érents visa'es, divers su&stituts des liens maternels. "es émois
Wdipiens ont assez peu de place, de sorte que les communications
entre les diverses personnes de ce $ pool % ensem&le et piscine D
eau délimitée sans trop de remous D/ peuvent avoir un r=le de liens.
Ces communications doivent aller dans le mme sens de mani0re
# éviter les con8its dont le patient serait l’o&et. lus tard, ces
mmes relations du dé&ut pourront servir de relais # la mise en place
d’une trian'ulation. Cependant nous nous heurtons # la di<iculté de
sem&ler vouloir nous immiscer conseiller, en savoir plus/ dans les
traitements pharmacolo'iques des confr0res &ien qu’un
8échissement du fonctionnement mental et une non possi&ilité de
reprise pschothérapique de celui-ci est vu souvent par le thérapeute
1)
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
avant la survenue du smpt=me, et peut appeler si le smpt=me ou si
la maladie est 'rave, une mise en attente, une 'érance par
pharmacolo'ie/. Ce dialo'ue souhaita&le dans les cas 'raves entre
médecin et thérapeute demande une compréhension, une conHance,
une humilité de part et d’autre, rarement rencontrées.
2ans un &on nom&re de cas, parall0lement # un meilleur
fonctionnement mental oV le préconscient est plus en éveil et plus
souple par eemple un dé&ut de travail de deuil, ou d’identiHcations
ou reconnaissance des manques profonds/ les smpt=mes
s’améliorent, disparaissent souvent.
"e travail n’en est pas Hni pour autant, il devrait tre mené aussi
loin que possi&le dans la poursuite de l’éla&oration des deuils et des
con8its usqu’# la conH'uration Wdipienne. Cependant il faut
quelque fois laisser le patient interrompre un peu ou tr0s
prématurément son traitement en lui laissant la possi&ilité de revenir
quand il le souhaitera ou en aura &esoin, ou # la moindre rechute,
pour ne pas répéter une des situations d’emprises anciennes,
auquelles le patient revient comme par eemple le manque
d’intért pour ce qui est son propre souhait/ et qui ne sont pas
encore éla&ora&les.
A ce moment se posent de nouveau des questions importantes :
usqu’oV peut-on aller avec telle ou telle structure, mais cette
question, et mme surtout la réponse du thérapeute # cette question,
ne risquent-elles pas de rétrécir les potentialités
Qn doit aussi se demander si le stle d’approche du premiertemps de la pschothérapie, stle quelque peu de $ sauveta'e %
mettant en eu des pulsions d’auto-conservation de part et d’autre ne
risque pas de restreindre dans l’esprit de l’analste et parce que
cela $ l’arran'erait % lui-mme/ les possi&ilités d’étaa'e des
pulsions seuelles du patient attitude inqui0te du parent de l’enfant
malade ne dépassant pas, # l’adolescence, lors de la poussée
pu&ertaire, la menace de castration/, freinant ainsi le passa'e d’un
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
corps malade # un corps éro'0ne # un certain compromis : le corps
sans smpt=mes. "# encore un certain nom&re d’interruptions un
peu prématurées des traitements sont un compromis a'i de part et
d’autre donner la permission d’interrompre de la part de l’analste,
vouloir interrompre, de la part du patient/ de ces pro&l0mes. 5ans
que cela se passe dans une linéarité vers le mental, c’est la
possi&ilité d’éla&oration d’un con8it mental qu’il s’a'ira de repérer.
aradoalement pour l’entoura'e et le malade parfois, alors que les
smpt=mes somatiques ont disparu ou se sont améliorés, on peut
voir des smpt=mes névrotiques apparaPtre pho&ies, traits de
caract0re, an'oisses/, en mme temps. "e patient consulte son
médecin-traitant s’entend dire alors $ c’est dans votre tte que Ia se
passe % ou que $ c’est nerveu % alors que le smpt=me
apparamment est le mme. C’est une ima'e indirecte que des
niveau névrotiques ont pu tre atteints et nous sommes confortés
dans le déroulement de la pschothérapie.
2e nom&reu cas de H'ure de passa'e d’une smptomatolo'ie #
l’autre sont possi&les, suivant d’une faIon plus ou moins serrée ou
plus ou moins intriquée, l’émer'ence et parfois l’éla&oration du
con8it mental. Ainsi en prenant l’eemple de malades atteints d’une
maladie de Cr=hn, au lieu de crises a&dominales ai'us avec tout
leur cort0'e de complications et de dan'ers, quand les
pschothérapies ont permis de reprendre par eemple des con8its de
l’enfance, des identiHcations au parents, le travail d’a&andon et de
deuil, il peut se manifester des smpt=mes di<érents aller'iques
asthme, rhume des foins/ puis hstériques an'oisse, conversion
mme/ et pho&iques pho&ies des ascenseurs ou des 'randes
surfaces par eemple/ souvent intriqués les uns au autres.
Eous avons vu mme, touours lors d’une maladie de Cr=hn,
$ unité de lieu %, le passa'e de crises 'ravissimes de la maladie, #
des épisodes tr0s courts + h/ de diarrhée motrice spasmophilie
di'estive / survenant # des moments con8ictuels.
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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes
"es divers aspects de la douleur peuvent aussi nous interro'er. "a
sensation de douleur varie &eaucoup d’un malade # l’autre, # lésions
apparemment é'ales : seuil di<érent de la douleur : telle patiente qui
ne s’était quasiment pas plainte d’avoir mal pendant des crises
douloureuses a&dominales avec des lésions pourtant importantes, se
plaindra des années plus tard de dsménorrhées apr0s une
aménorrhée de plusieurs années lors de la 'rande période de
maladie. 5euils di<érents, douleurs di<érentes, attention di<érente #
soi-mme et # sa sou<rance, autant de questions ou de smpt=mes.
Qn peut aussi rappeler cette question importante et non résolue
mme si elle l’est partiellement dans les ulc0res/ : la douleur est elle
touours consécutive # la lésion ou &ien a-t-il auparavant des
phénom0nes de tpes conventionnels éla&orés dont la persistance et
l’importance provoquent la lésion en mme temps que se fait la
désor'anisation
"es questions sont plus nom&reuses dans ces quelques pa'es que
les réponses, cette forme est le re8et de notre moment actuel,
encore que de se poser une question peut tre une é&auche de
réponse. U’esp0re pouvoir répondre mieu plus tard # au moins
quelques-unes des questions que e me suis posées et donc #
continuer # me poser de nouvelles questions.
"a question de 'en0se, de forme, de développement,
d’amélioration, de 'uérison des smpt=mes apparaPt d0s que l’on a #
faire # eu. "’intrication de ce qui est mental et de ce qui est
somatique, est aussi complee et intéressant que ce qui est de la
théorie et de la technique.
1!
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/. T!éorie
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+es processus de somatisation
par . Kart
"’histoire de la médecine montre que la responsa&ilité premi0re
des maladies a, tour # tour été attri&uée selon les époques, soit # des
facteurs eo'0nes qui rendaient l’individu malade, soit # des facteurs
endo'0nes constitutifs d’une personnalité qui se prtait au mal.
"a médecine pschosomatique met avant tout l’accent sur les
facteurs endo'0nes des maladies, s’attachant cependant, au moins, #
préciser les divers temps de la conu'aison des a'ents réputés
eo'0nes avec les multiples éléments fonctionnels internes dont
l’ensem&le hiérarchisé constitue la personnalité, la structure des
malades.
2ans un mouvement parall0le qui nous paraPt avant l’heure
familier, la médecine contemporaine, et spécialement les travau qui
portent sur la 'énétique et sur l’immunolo'ie, tendent # souli'ner la
fréquence d’une complicité patho'0ne entre les facteurs que l’on
considérait surtout comme etérieurs # l’individu, et divers aspects
de la personnalité, de la structure &iolo'ique des malades.
"a médecine pschosomatique dépend de l’éta&lissement
pro'ressif d’une science pschosomatique. Cette science
pschosomatique se fonde # la fois maintenant :
D sur l’o&servation directe des adultes sains et malades,
1+
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2es processus de somatisation
D sur les hpoth0ses, émises a posteriori% qui concernent le
développement, pendant leur enfance, des adultes sains et malades,
D sur l’o&servation directe des nourrissons et des enfants sains
et malades.
"a science pschosomatique, dont l’ampleur tient # ce qu’elle
contient la pschanalse, dont elle est par ailleurs issue, en'lo&e
aussi les connaissances de la médecine, de la phsiolo'ie, de la
&iolo'ie. Eéanmoins elle insiste d’a&ord sur les particularités
individuelles de structuration évolutive, d’or'anisation économique,
de dnamiques fonctionnelles.
*ien que le point de vue pschosomatique ait touours lieu d’tre,mon proet d’auourd’hui n’envisa'e pas d’a&order certains
pro&l0mes de la patholo'ie et en particulier :
D ceu dans lesquels de lourdes tares con'énitales ont marqué
l’individu # son départ,
D ceu dans lesquels une infestation ou une intoication
massive a imposé tout # coup une char'e écrasante au moens
ha&ituels de défense de l’or'anisme,D ceu enHn oV des traumatismes phsiques ont directement
détruit des sst0mes fonctionnels maeurs.
C’est ainsi le pro&l0me de l’or'anisation, de la désor'anisation et
de la réor'anisation des diverses formes de personnalités qui va
occuper le premier plan de cette étude des processus de
somatisation.
Qn consid0re comme or'anisation, pendant l’enfance, l’état du
développement de l’enfant au moment oV il est eaminé, en tenant
compte au maimum des fonctions en $ pointe évolutive % dans sa
structuration.
Qn hésite naturellement, le plus souvent, # qualiHer l’état
structural d’un enfant, comme a fortiori% celui d’un nourrisson, voire
d’un nouveau-né. Au déterminisme qu’implique la notion de
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2es processus de somatisation
structure, chacun préf0re l’espoir, insensé parfois, des innom&ra&les
enrichissements fonctionnels auquels Wuvre le développement.
Cependant, des crit0res dont nous verrons la teneur actuelle se
dé'a'ent pro'ressivement, qui si'nalent certaines tendances
élémentaires, tpiquement structurales et relativement mesura&les,
dans l’or'anisation fonctionnelle et dans le comportement des
nourrissons et des nouveau-nés S3T.
"es raccordements qui ne manqueront pas de s’e<ectuer entre la
nature phsiolo'ique des nouveau-nés, leurs tendances élémentaires,
l’évolution de ces tendances pendant le développement, et les
a&outissements structurau de l’?'e adulte, permettront sans doute
de concevoir, point par point et phase par phase, le r=le des
interactions enfant-entoura'e, et enfant-m0re en particulier, dans
l’évolution fonctionnelle des individus, usqu’# la constitution de leur
structure d’adulte. "es études impliquées permettraient de
comprendre par eemple les diverses formules de vie des
insu<isances d’or'anisation, des névroses, des pschoses, des traits
de caract0re qui accompa'nent ces formules, de leurs composantes
aller'iques, hstériques ou $ anales %. @lles permettraient é'alement
d’envisa'er de mani0re précoce les mesures prophlactiques
convena&les.
"es désor'anisations sont le fait de mouvements contre-évolutifs
qui déstructurent l’individu plus ou moins profondément et plus ou
moins lon'temps.
"es réor'anisations s’éta&lissent sur certains sst0mesfonctionnels complees, dits de ré'ression, qui arrtent les
mouvements contre-évolutifs de désor'anisation. Ces sst0mes de
ré'ression correspondent 'lo&alement # d’autres sst0mes,
é'alement complees, dits de Hation, installés # di<érents niveau
évolutifs pendant le développement du suet au cours de sa
structuration.
1
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2es processus de somatisation
Chaque individu se constitue # la fois selon les pro'rammes
évolutifs 'énérau de sa race et de sa culture, et selon une
succession de particularités évolutives propres. "es pro'rammes
évolutifs 'énérau comprennent des pro'rammes d’acquisitions qui
Hnalement se trouvent plus ou moins réalisés.
Qn peut aussi &ien considérer comme pro'rammes évolutifs
'énérau les 'randes li'nes de la 'énétique, de l’em&rolo'ie et du
développement que, dans un autre ordre de réalités, les $ fantasmes
ori'inaires % dési'nés par Rreud.
"a réalisation des pro'rammes évolutifs 'énérau, qu’il s’a'isse
de 'énétique, d’em&rolo'ie, de développement, ou de $ fantasmes
ori'inaires %, se trouve quelquefois entravée, altérée ou aliénée par
certaines particularités évolutives propres # l’individu.
2es aventures ou des hasards de l’hérédité, de la 'rossesse, de la
naissance, peuvent donner lieu on le sait # des anomalies parfois
irréversi&les de l’or'anisation pschosomatique. 2’autres aventures
ou hasards précoces des interactions avec la m0re, aoutés ou non
au précédents, et ouant principalement sur la qualité des Hations,sont suscepti&les de 'auchir l’évolution élémentaire de l’enfant dans
ses or'anisations fonctionnelles, d’ordre sensorio-moteur, perceptif
ou di'estif par eemple.
C’est ainsi que dans les névroses de comportement, l’insu<isance
des représentations préconscientes et de leur éla&oration,
insu<isance souvent issue des tpes d’aventures précédemment
si'nalés, conduit l’individu # vivre directement, sans représentationsous-acente, sans autre ima'e que celle de la réalité immédiate, des
événements considérés du dehors comme autant d’epériences des
$ fantasmes ori'inaires %.
our qu’un individu réalise au moment voulu un pro'ramme
évolutif 'énéral, il ne s’a'it donc pas seulement qu’il rencontre les
conditions etérieures propices, il s’a'it aussi qu’il ait dé# acquis,
1(
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2es processus de somatisation
dans son développement, les instruments fonctionnels appropriés #
la réalisation en cause.
"es particularités évolutives propres # l’individu peuvent se
manifester dans :
D la mosa4que premi0re,
D les rassem&lements successifs et la hiérarchisation des
fonctions,
D l’or'anisation mentale, laquelle va souvent témoi'ner de
l’or'anisation 'énérale.
Qn s’intéresse par-dessus tout, en pschosomatique, #
l’or'anisation ha&ituelle et # l’état actuel de la premi0re topique,c’est-#-dire au sst0me >cs.-cs.-Cs. "’or'anisation de la deui0me
topique, c’est-#-dire le sst0me a-Koi-5urmoi, renvoie surtout au
pro&l0mes internes des névroses classiques. @lle n’intéresse
Hnalement la pschosomatique qu’en tant que lieu d’incomplétude ou
de fra'ilité structurale.
Ue vais # présent circonscrire un certain nom&re de points que e
viens d’évoquer.
"e nouveau-né représente un 'roupement de fonctions dont la
hiérarchisation ne se trouve assurée que d’une mani0re relative.
"’état du prématuré s’av0re particuli0rement démonstratif de ce que
’appelle $ la mosa4que premi0re %. Qn est en e<et o&li'é d’assurer
artiHciellement, chez le prématuré, la &onne marche d’une douzaine
de fonctions. Cela en mme temps, mais séparément pour chaque
fonction. "’autonomie respiratoire sera plus tard témoin de
l’accomplissement d’une premi0re individuation, et permettra de
supprimer les di<érents soutiens fonctionnels auparavant
nécessaires. 2es pro&l0mes identiques se retrouvent chez le
nouveau-né puis chez le nourrisson, qui doivent compter sur leur
m0re ou sur un su&stitut de celle-ci, pour réaliser sans trop de
di<icultés la succession des 'roupements et des hiérarchisations
1)
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2es processus de somatisation
fonctionnelles nécessaires au franchissement, les uns apr0s les
autres, des stades ultérieurs du développement inscrits au
pro'ramme.
2ans ce développement, certaines or'anisations fonctionnelles
ont une évolution relativement courte dans le temps avant
d’atteindre leur maturité : la plupart des or'anisations viscérales par
eemple G d’autres, une évolution plus lon'ue, par eemple la
fonction visuelle dont l’ach0vement se situe vers l’?'e de ( ans, ou
les fonctions motrices et d’équili&ration qui s’ach0vent dans la 1+`
année. 2e toutes, c’est l’évolution des fonctions mentales qui prend
le plus de temps, puisque l’or'anisation terminale idéale D e veu
parler de l’or'anisation 'énitale Wdipienne D ne peut s’instaurer
qu’apr0s la pu&erté G et encore des modiHcations peuvent-elles
intervenir pendant l’adolescence. Ue si'nale tout de suite l’intért,
pour la pschosomatique, des évolutions fonctionnelles lon'ues dont
la li'née mentale est l’eemple le plus représentatif. lus une li'ne
évolutive fonctionnelle est lon'ue dans le temps, plus elle a de
chances d’installer des sst0mes de Hations, lieu ultérieurs de
ré'ressions qui serviront d’autant de paliers d’arrt, puis de
réor'anisation, lors des désor'anisations contre-évolutives.
Qr, il faut savoir que les diverses or'anisations fonctionnelles que
nous venons d’évoquer, et &ien d’autres encore, n’ont pas été l’o&et,
le plus souvent, d’une évolution simple, linéaire, et relativement
indépendante de celles des formations fonctionnelles voisines. @lles
se sont en réalité chevauchées et com&inées entre elles, certes sur le
mod0le du développement classique, celui qui correspond au
pro'rammes 'énérau de la race et de la culture, mais aussi d’une
mani0re personnelle et ori'inale. Cela selon les aléas des rencontres
et avant tout selon les aléas des interactions avec la m0re,
personna'e sur lequel Rain et *raunsch_ei' se sont lon'uement
penchés S1T. Chaque m0re ou son su&stitut, aména'eant et 'érant #
sa mani0re les sst0mes d’ecitations et de pare-ecitations vis-#-vis
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2es processus de somatisation
"’essentiel des relations m0re-enfant rel0ve de la conu'aison
permanente des phénom0nes dont nous venons de parler chez
l’enfant, et des phénom0nes encore plus complees qui se produisent
chez la m0re.
"a locution classique qui s’adresse au $ fantasmes de la m0re %
re'roupe en e<et, d’une mani0re qui mérite analse selon les
moments de la vie de la m0re et selon les stades évolutifs de l’enfant,
# la fois des comportements de la m0re presque directement issus
des diverses formations de son inconscient et le fruit de
représentations tr0s diversement éla&orées par elle.
Qn conIoit dans ces conditions la multiplicité inHnie des
structures terminales, &ien qu’on puisse en déHnitive reconnaPtre,
au di<érents niveau évolutifs, des traits communs qui permettent
d’éta&lir une classiHcation noso'raphique communica&le.
our illustrer les aléas des rencontres avec la m0re en fonction
des stades du développement des enfants, e vais donner l’eemple
particuli0rement percepti&le des nanismes pscho'0nes.
Cette forme de nanisme, l’arrt de croissance qui l’installe donc,peut se produire # n’importe quel ?'e entre la naissance et la
pu&erté. "’arrt de croissance est d[ # l’arrt de sécrétion interne de
l’hormone de croissance. "a sécrétion de cette hormone somatotrope
a des pics d’activité prévalents pendant les phases de sommeil lent
de l’enfant. @lle diminue pendant les phases de sommeil paradoal.
"es nanismes pscho'0nes attei'nent des enfants dont les conditions
d’environnement familial sont hautement patho'0nes, voisines, sinonanalo'ues, # celles qui entourent les enfants victimes de sévices
corporels. "e nanisme pscho'0ne est en e<et caractérisé de
mani0re 'énérale :
D 2u point de vue de l’environnement, par la permanence des
ecitations traumatiques, par leur violence, par le reet de l’enfant.
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2es processus de somatisation
D 2u point de vue de la personnalité, par un état de mauvaise
or'anisation 'énérale, pscho-a<ective en particulier. >l s’a'it avant
l’heure de névroses de comportement.
D 2u point de vue du sommeil, par des trou&les 'raves de
l’or'anisation hpnique portant aussi &ien sur le sommeil paradoal
que sur le sommeil lent. Qn trouve fréquemment des conduites de
déam&ulations nocturnes.
Cependant, l’arrt de croissance se produit en un moment donné,
di<érent d’un enfant # l’autre. ]reisler, # qui e dois non seulement
ces rensei'nements mais aussi &eaucoup de mon instruction
pédiatrique, a remarqué que le nanisme pscho'0ne se produisait
ustement au moment oV la m0re, peut-tre en raison d’un état ou
d’un niveau de développement de l’enfant particuli0rement
insupporta&le pour elle, était devenue spécialement haineuse #
l’é'ard de celui-ci. Au autres moments du développement, la
situation etérieure, &ien que 'lo&alement la mme, n’avait pas eu
l’e<et d’un traumatisme désor'anisateur.
Fne derni0re caractéristique des nanismes pscho'0nes : saréversi&ilité si l’on soustrait l’enfant au conditions défavora&les
dans lesquelles il s’est déclenché. @n e<et, et ceci ouvre encore # de
nouvelles interro'ations, l’enfant en question, lorsqu’il est placé
dans un milieu convena&le, aima&le et cependant étran'er, reprend
immédiatement sa croissance, et rattrape mme souvent et
rapidement la taille due # son ?'e.
>l est évidemment nécessaire, pour approfondir les divers champsde cet immense domaine évolutif # peine défriché, et dont les
compleités individuelles ne sont sans doute pas toutes envisa'ées
actuellement, que les di<érentes sciences humaines confrontent et
relient pro'ressivement entre eu leurs travau. Qn se heurte
cependant ici au phénom0ne de la spécialisation scientiHque, comme
# la peine qu’éprouve chacun # dé&order de ses vocations.
16!
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2es processus de somatisation
@n ce qui nous concerne, ’ai si'nalé que la science
pschosomatique, dans son aspect le plus lar'e, était issue de la
pschanalse. Ainsi nous intéressons-nous &eaucoup # la constitution
du préconscient, espace périlleu et décisif du développement de
l’appareil mental.
"e préconscient constitue une pi0ce maPtresse de la théorie
comme de la clinique pschosomatique.
2ans la théorie, le préconscient représente un lieu de onctions
fonctionnelles d’ordres des plus di<érents, qui s’e<ectuent pendant
le développement, ainsi qu’un réservoir dont les contenus sont plus
ou moins prts # aeurer la conscience. >l se manifeste en
particulier comme lieu de onction entre la sensorio-motricité qui
met en place les représentations de choses, et les lan'a'es qui
installent les représentations de mots.
"e préconscient est aussi un mode tr0s stratiHé, dont les couches
profondes touchent # l’inconscient, au instincts, au pulsions, au
soma, et dont les couches supérieures reoi'nent Hnalement la
conscience+."a qualité du préconscient dépend # la fois de l’épaisseur
d’ensem&le de ses stratiHcations, de la mo&ilité intérieure des
formes de représentations qu’il assure entre ses di<érentes couches,
de la permanence enHn de son fonctionnement.
2ans la clinique, la qualité fonctionnelle du préconscient
rensei'ne # chaque eamen des suets sur la présence, l’a&sence, la
disparition ou le retour de la hiérarchisation fonctionnelle pluslar'ement pschosomatique de ces suets. @lle en est le témoin.
arfois faut-il tre attentif, d’un our # l’autre, au variations de cette
qualité. @ncore convient-il de se méHer de l’erreur que peut
introduire l’e<et ranimant sur le préconscient des suets, de leur
relation immédiate avec l’interlocuteur3.
Ue vais maintenant faire quelques remarques :
161
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2es processus de somatisation
*2 >l faut savoir que de nom&reu individus, sans doute plus d’un
quart de notre population occidentale, n’ont pas une or'anisation
convena&le de leur premier sst0me topique : >cs.-cs.-Cs. ar
conséquence, ils n’ont pas une or'anisation convena&le de leur Koi.
C’est dire que ces individus qui constituent le 'roupe des $ névroses
de comportement %, appellation maintenant passée dans le
voca&ulaire de la pscholo'ie et de la pschanalse, ne peuvent
aucunement éla&orer les quelques représentations qui parfois
émer'ent chez eu. Qn considérera en particulier leur impossi&ilité
de mise # distance des événements D ils sont soumis # la réalité
immédiate des pertes de leurs o&ets sans possi&ilités d’en faire le
deuil D, et la fra'ilité de leur homéostase, sans possi&ilités
ré'ressives d’ordre mental.
F2 "a plupart des 'ens considérés comme $ normau %
poss0dent une or'anisation mentale souple, mais fra'ile. @lle est
souple en ce qu’elle s’adapte le plus souvent au divers tpes
d’événements etérieurs. @lle est fra'ile en ce que cependant,
certains de ces événements etérieurs, de ce fait traumatisants,
désor'anisent et interrompent plus ou moins lon'temps le
fonctionnement de leur appareil préconscient. Fne telle
désor'anisation ne donne pas lieu # une quelconque maladie mentale
au aspects smptomatiques marqués. @lle donne seulement lieu #
une dépression, &aisse du tonus vital sans plus, vérita&le dépression
essentielle. Celle-ci ouvre la porte au désor'anisations somatiques
qui constituent le prolon'ement de la désor'anisation mentale.
5eules, en e<et, les patholo'ies mentales sstématisées et
soutenues, qu’elles soient d’ordre névrotique ou pschotique,
résistent dans la r0'le au désor'anisations somatiques.
I2 "’évolution mentale, nous l’avons dit, s’éta&lit en partie sur
des dnamismes somatiques individuels innés, puis modiHés avec la
m0re. Eous avons cité ceu que représentait la sensorio-motricité.
2’autres assises fonctionnelles eistent sans doute, d’ordre
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2es processus de somatisation
immunolo'ique par eemple, qui sont suscepti&les d’apporter de
nouvelles particularités # la construction mentale. U’en veu pour
témoin les caractéristiques personnelles de certains suets que ’ai
décrits en 19(, et qui sont auourd’hui reconnus comme
$ aller'iques essentiels %.
W2 "orsque les onctions fonctionnelles ne s’e<ectuent pas au
moment opportun dans l’harmonie de l’évolution individuelle et du
développement, un défaut fondamental s’inscrit dans la personnalité.
2es sst0mes de $ rattrapa'e % se mettent alors le plus souvent en
place, qui tendent # esquiver le défaut, # permettre # l’ensem&le de
la personnalité de dépasser le manque. 5eul un eamen approfondi
de cette personnalité, # l’occasion de quelque maladie somatique
souvent, permet alors d’identiHer le défaut initial. C’est ainsi qu’une
insu<isance visuelle, en rapport avec une vision monoculaire de
touours, peut tre apparemment dépassée par une compensation
auditive, pour une appréciation spatiale ha&ituelle de la profondeur.
Kais souvent le défaut ori'inel demeure au niveau des
représentations. C’est ainsi, par ailleurs, que des personnalités
apparemment tr0s riches cachent parfois, 'r?ce # un intellectualisme
développé, une insu<isance des relations avec leur propre
inconscient. Kais cette insu<isance est nota&le lors d’un eamen
approfondi.
G2 2’une mani0re 'énérale :
La forme des somatisations dépend :
D de l’hérédité,D de la con'énitalité vie intra-utérine et naissance/,
D du passé pschosomatique,
D dans l’actualité, d’a'ents etérieurs eceptionnellement dotés
eu-mmes d’un poids considéra&le/.
Le déclenchement et l’entretien des somatisations, ré'uli0rement
en rapport avec la rupture d’investissements a<ectifs importants
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2es processus de somatisation
pour l’individu en cause, dépendent de déséquili&res économiques de
divers ordres homéos-tatiques immunolo'iques par eemple/.
"a rupture de ces investissements conduit rapidement # la
patholo'ie somatique dans les névroses de comportement, en raison
de l’insu<isance de l’or'anisation préconsciente des suets. @lle
provoque d’a&ord une désor'anisation mentale dépression
essentielle/ dans les névroses de caract0re dont le fonctionnement
mental est fra'ile.
"orsqu’aucun sst0me ré'ressif d’ordre mental ou d’ordre
somatique qui tous deu donnent lieu # des manifestations
patholo'iques/ ne pare # la désor'anisation, celle-ci se poursuit
dan'ereusement dans le domaine somatique. >l s’a'it alors d’une
désor'anisation pro'ressive constituée d’une succession de
dissociations et d’anarchisations fonctionnelles.
V2 Fne maladie somatique déterminée, répondant # la
noso'raphie médicale classique un asthme &ronchique, par
eemple/ peut se présenter dans des conditions économiques
di<érentes d’un individu # l’autre, parfois di<érentes aussi chez unmme suet selon les moments. "a connaissance de la structure d’un
suet ainsi que l’appréciation des variations actuelles de cette
structure, sont nécessaires # chaque instant pour fonder un
dia'nostic, pour estimer un pronostic, pour décider d’une
thérapeutique.
,2 U’ai dit que la qualité du préconscient était un témoin de la
santé somatique des suets. >l faut que ’aoute que certainesmaladies présentent un déroulement, une évolution qui leur sont
propres, mme si le préconscient du patient D supposé défaillant
lors du dé&ut de la maladie D s’est réta&li spontanément ou 'r?ce #
la pschothérapie, pendant la maladie. A ce suet, # l’B=pital de la
oterne des eupliers, nous posons les premiers alons dans le &ut
d’évaluer les di<érents délais qui concernent les rapports entre les
traumatismes désor'anisateurs du préconscient et le déclenchement
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2es processus de somatisation
ré'ressions, partielles et profondes qui, touours liées # des a<ects,
parfois # des a<ects déterminés pour un individu donné, reoi'nent
des fonctionnements anciens, voire archa4ques de l’onto'en0se, voire
mme des fonctionnements que l’on retrouve dans le r0'ne animal. >l
s’a'it de l’epression somatique d’émois divers de l’inconscient. "es
pédiatres ont l’ha&itude de constater # tous les ?'es des réponses
automatiques de cet ordre. 2eu eemples de telles manifestations
se rencontrent fréquemment chez l’adulte : des hpertonies
musculaires striées, des diarrhées &anales.
"es hypertonies musculaires% d’une intensité souvent iné'ale d’un
suet # l’autre, mais suscepti&les d’atteindre le stade de
contractures, peuvent tre considérées # l’ori'ine comme la
préparation # un e<ort phsique qui ne s’accomplit pas. arfois les
hpertonies musculaires, particuli0rement sensi&les en raison des
manifestations al'iques qui les si'nalent au niveau du rachis en
particulier/ deviennent un vérita&le si'nal d’alarme, presque au
mme titre que certaines an'oisses. arfois, la représentation des
con8its qui les déclenche, et son éla&oration mme, atténue ces
hpertonies. @lle ne les supprime pas touours pour autant. "es
hpertonies musculaires et les varia&les de leur cort0'e
smptomatique représentent l’un des sndromes les plus répandus
de la clinique.
Certaines diarrhées accompa'nent immanqua&lement, chez
quelques personnes, des a<ects plus ou moins précis qui tiennent de
la peur. 2e tels trou&les, presque ré8ees, qui ne concernent
cependant que des individus déterminés, peuvent d’ailleurs servir,
dans certains cas, de support # des constructions patholo'iques
ultérieures plus complees, dans lesquelles la patholo'ie en cause,
intriquée # l’évolution mentale, survient # l’occasion de con8its
représenta&les, # des colites spasmodiques par eemple. "# encore,
l’éla&oration des con8its ne supprime pas forcément l’impulsion
diarrhéique initiale.
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2es processus de somatisation
@ntre les ré'ressions 'lo&ales et les ré'ressions partielles, toutes
les formules intermédiaires peuvent se rencontrer puisque l’aspect
'lo&al ou partiel des ré'ressions dépend en déHnitive de la part que
prend la li'née somatique en cause dans l’évolution mentale. Cette
part est quelquefois importante, quelquefois nulle.
Avant de donner un eemple des di<érences possi&les d’une
participation somatique # l’or'anisation mentale, e tiens # souli'ner
le dou&le intért de la distinction entre ré'ressions 'lo&ales et
ré'ressions partielles.
"e premier intért de la distinction concerne le dia'nostic dont
dépend la forme immédiate de la thérapeutique.
"e second intért de la distinction concerne la recherche, laquelle
met # our pro'ressivement les diverses modalités qualitatives et
quantitatives des onctions fonctionnelles dans la construction
individuelle. Ces diverses modalités de onctions se trouvent sans
doute liées au mises en place di<érentes des sst0mes de Hations.
Qn peut trouver des eemples montrant la diversité des
participations d’une or'anisation fonctionnelle somatique # laconstruction mentale dans de nom&reu domaines, et
particuli0rement ceu de di<érents secteurs sensoriels et moteurs,
ceu aussi de la 'énitalité, ou des parties haute et &asse du tu&e
di'estif qui ont viscéralement participé # l’or'anisation des zones
éro'0nes. Ue 'arde l’eemple de l’aller'ie, l’un des secteurs les plus
anciennement connus du domaine immunolo'ique. U’ai parlé dans
mes ouvra'es de $ li'nes latérales % lorsque les li'nes évolutivessomatiques ne participent pas pleinement # l’évolution mentale, et
de $ li'nes parall0les % lorsqu’elles n’ participent pas du tout.
"e maimum smptomatique apprécia&le dans l’or'anisation
mentale des aller'iques est composé :
D Au environs de 6 mois, de l’a&sence d’an'oisse # la vue d’un
visa'e étran'er # celui de la m0re.
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2es processus de somatisation
@t plus tard, prenant valeur # partir de la période de latence :
D 2’une 'rande et permanente familiarité des suets avec leur
processus primaire.
D 2’une indistinction entre soi et les autres auquels les suetss’intéressent a<ectivement. Cette indistinction, et la familiarité avec
le processus primaire, donnent parfois au suets une étonnante
faculté d’empathie.
D 2’une 'rande facilité d’éta&lir des relations avec les humains
en particulier, mais aussi avec les animau, les plantes, les o&ets
inanimés.
D 2’une 'rande aptitude # remplacer l’investissement d’uno&et par celui d’un autre o&et, quelles que soient les qualités, fort
di<érentes pour les étran'ers, des o&ets successivement investis.
D 2’une a&sence d’a'ression envers les autres. 5eule une
séparation rapide du suet avec les o&ets primitivement investis a
lieu lorsque ces o&ets primitivement investis se montrent par trop,
et trop lon'temps, di<érents du suet.
D 2’une esp0ce de représentation, que l’on pourrait ima'inercomme celle de la m0re idéale, dont les qualités sont attri&uées #
n’importe quel o&et investi.
D 2’une mani0re de vivre oV l’on s’occupe des autres qui sont
considérés comme des tres chers, mais qui s’av0rent néanmoins
interchan'ea&les.
2e ces caractéristiques découlent des traumatismes particuliers
au aller'iques essentiels, dont le plus spéciHque est celui de la
désor'anisation des suets devant l’incompati&ilité ouverte et
prolon'ée entre deu o&ets é'alement investis a<ectivement.
Qr, on peut ne rencontrer que tr0s partiellement ces traits du
caract0re aller'ique, traits directs d’une or'anisation profonde, qui
ne rentrent pas dans la caté'orie des contre-investissements.
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2es processus de somatisation
Qn peut, par eemple, ne trouver chez certains aller'iques que
l’indis-tinction de soi et des autres, alors qu’il n’eiste 'u0re de
proimité ha&ituelle avec le processus primaire. Qn peut aussi ne
rencontrer que l’incompati&ilité traumatisante entre deu o&ets
é'alement investis, alors que les o&ets ne s’av0rent nullement
interchan'ea&les.
Qn a tout lieu alors de supposer que la participation de la li'née
évolutive aller'ique # l’évolution mentale s’est e<ectuée, au 'ré des
Hations, d’une mani0re di<érente et plus ou moins puissamment
selon les individus. Qn a&orde ainsi l’un des o&ets de la recherche.
"ors des traumatismes a<ectifs chez les suets puissamment
alimentés par la li'ne évolutive aller'ique, les ré'ressions seront
'lo&ales, autant mentales que somatiques, et comporteront # coup
s[r une smptomatolo'ie somatique, un asthme &ronchique par
eemple. 2e cet asthme, le malade sortira du fait de l’utilisation des
mécanismes de défense spéciHques qu’il poss0de et que e viens de
si'naler.
"ors des traumatismes a<ectifs chez les suets dont l’évolutionmentale a été marquée, de mani0re relative seulement, par la li'née
aller'ique il s’a'it alors le plus souvent de névroses de caract0re
hstéropho&ique/, les ré'ressions ne s’e<ectueront que
partiellement au niveau somatique, et partiellement aussi au niveau
mental, sans correspondance touours nota&le entre les deu ordres
de manifestations. "’asthme &ronchique dans ces cas ne se
présentera pas automatiquement # chaque traumatisme désor'anisa-
teur. "’incertitude de la réponse asthmatique sera plus 'rande que
dans l’eemple précédent, ce qui ne si'niHera pas que la maladie soit
plus lé'0re. 2e cet asthme en e<et, le malade se dé'a'era parfois
moins facilement, du fait de la marque produite par une situation
traumatisante en rapport avec son or'anisation névrotique.
5i'nalons # ce suet que l’étude analtique de l’évolution d’un
asthme pendant la pschothérapie d’enfants qui ne présentent pas
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2es processus de somatisation
une or'anisation aller'ique essentielle 8a'rante, o<re touours
&eaucoup d’intért.
Eous savons aussi que les réponses par une smptomatolo'ie
somatique d’ordre aller'ique peuvent parfois correspondre au seul
ec0s d’aller'0nes, sans qu’un en'a'ement a<ectif des suets soit en
eu. C’est alors la cessation d’une ecitation produite par les
aller'0nes qui verra le malade se dé&aras-ser de la smptomatolo'ie
somatique.
Ue ne saurais a&andonner ce schéma des ré'ressions qui
comportent une participation somatique sans dire quelques mots des
conversions hystériques. >l s’a'it de ré'ressions partielles dans la
mesure oV l’apparition des smpt=mes de conversion D une
paralsie de fonctions aant eu antérieurement une valeur éro'0ne,
par eemple D ne modiHe que partiellement l’or'anisation mentale
des individus. 5i les représentations refoulées, qui sous-tendent de
mani0re précise le smpt=me, constituent en e<et une zone muette,
le reste du fonctionnement mental demeure la plupart du temps
convena&le, et ne se trouve pas forcément en état de ré'ression.
2ans les meilleurs cas D spontanément ou 'r?ce # la pschothérapie
D l’émer'ence préconsciente, puis consciente 'r?ce # la
ver&alisation des représentations refoulées, voit disparaPtre la
smptomatolo'ie somatique, sm&olique et ré'ressive.
>l sem&le que les conversions s’ins0rent dans une chaPne évolutive
de Hations &eaucoup plus vaste qu’on ne la consid0re souvent. Qn
ne met en 'énéral en avant que deu stades, il est vrai fascinants, de
cette chaPne : le smpt=me sans doute le plus profondément situé,
ré'ressivement/ et la représentation refoulée. "’epérience tend #
montrer que le smpt=me comme la représentation sont
surdéterminés, ce qui reoint la conception freudienne des
conversions mais qui ternit le presti'e du fameu $ saut du
pschisme dans l’innervation somatique %, l’ensem&le conversionnel
trouvant ses sources disséminées sur un lon' temps de l’évolution du
19!
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2es processus de somatisation
suet. "es phénom0nes en cause correspondent # mon sens au 'el
électif de moments de pro'rammations liés # la seualité infantile,
'el caractéristique des structurations hstériques.
U’ai parlé précédemment d’hpertonies musculaires striées ou
lisses. Celles-ci poss0dent une valeur sm&olique de par leur liaison
# des a<ects. "eur eemple est suscepti&le de servir de mod0les
premiers # ce qu’on peut qualiHer de $ conversions pré'énitales %.
2e tels phénom0nes peuvent marquer le dé&ut de chaPnes de
Hations qui donne un our lieu # des conversions classiques, les
représentations refoulées reoi'nant dans l’inconscient D et l’on
trouve l# un e<et des condensations D les formations et les
epressions plus primitives, plus $ nucléaires % de celui-ci.
"es désor'anisations pro'ressives, dont le dia'nostic, le pronostic
et la thérapeutique sont pour une maladie donnée tr0s di<érents de
ceu des ré'ressions, ont pour caractéristique commune de ne pas
voir su<isamment s’arrter le vaste mouvement contre-évolutif qui
les sous-tend. Eous savons que seuls, des mécanismes ré'ressifs
mentau ou somatiques seraient suscepti&les de provoquer l’arrt de
ce mouvement.
"’a&sence de mécanismes ré'ressifs au niveau mental, et
l’a&sence conointe de fonctionnement du préconscient, rendent
compte de la dépression essentielle et de la vie opératoire des suets.
U’ai souvent et lon'uement décrit ces éléments essentiels du
dia'nostic. Ue ne vais pas revenir sur eu.
"es désor'anisations pro'ressives en'a'ent théoriquement unmorcellement et une anarchisation de fonctions de plus en plus
archa4ques, le processus de désor'anisation se déroulant # l’inverse
de celui de l’évolution, constitué de 'roupements et de
hiérarchisations fonctionnels successifs.
@n réalité, dans la plupart des cas, le processus de
désor'anisation se présente de mani0re chaque fois ori'inale.
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2es processus de somatisation
immunolo'iques concernées. Qr la dépression essentielle et la vie
opératoire peuvent avoir disparu au moment du dia'nostic du
cancer. Celui-ci, dans une certaine mesure, poursuit une évolution
autonome qui n’est pas soumise immédiatement au modiHcations
favora&les du dnamisme préconscient des suets.
2e cet ensem&le qui s’adresse au désor'anisations pro'ressives,
ressort la nécessité d’avoir recours au pschothérapies qui seules,
en dehors de hasards de la vie, peuvent mettre un terme au
épisodes de dépression essentielle. >l en ressort aussi la nécessité
d’avoir recours # ces pschothérapies, mme en l’a&sence d’une
smptomatolo'ie somatique.
*ien entendu, dans tous les cas de désor'anisation pro'ressive,
lorsqu’une smptomatolo'ie somatique a été mise # our, les
pschothérapies ne peuvent qu’accompa'ner les thérapeutiques
médico-chirur'icales appropriées. @lles se doivent cependant
d’accompa'ner ces derni0res le plus rapidement possi&le G elles se
doivent é'alement de leur succéder et de prendre alors la premi0re
place dans les traitements.
2e toute mani0re, la vi'ilance du pschothérapeute # l’é'ard d’un
patient qui a été touché par une dépression essentielle doit tre
maintenue, surtout lorsqu’une maladie somatique a eu lieu, mme si
le malade s’est trouvé dé&arrassé de sa maladie.
U’ai présenté quelques li'nes de ma pensée, issues de mon
epérience et de l’epérience de ceu qui m’ont entouré ou qui
m’entourent.Qn connaPt peu de choses de la pschosomatique. Eotre travail de
pschothérapeute est ainsi souvent empirique, découlant du principe
selon lequel les meilleures défenses or'aniques vont de pair avec le
meilleur fonctionnement préconscient des malades impliqués,
quelles que soient les maladies, quel que soit l’état des malades.
"’approfondissement des connaissances sémiolo'iques, cliniques
et théoriques, est touours nécessaire # la mise au point des
193
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2es processus de somatisation
techniques thérapeutiques, ustes répliques au processus de
somatisation.
ibliograp!ie
S1T *raunsch_ei' 2., Rain K. D La nuit X le !our% .F.R., 19(.
S+T Cramer *. D 7uoi de neuf *é&é La dynamique du
nourrisson. @d. @.5.R., 196+.
S3T ]reisler ". D L’enfant du désordre psychosomatique. riv?t,
1961.
ST Kart . D Les mouvements individuels de vie et de mort%
;ome 1. aot, aris, 19). L’ordre psychosomatique. Lesmouvements individuels de vie et de mort% ;ome >>. aot, aris,
196!.
4rticles critiques ;
Rain K. D Nne conqu6te de la psychanalyse ; les mouvements
individuels de vie et de mort. /..'.% WR% 1-((, 19).
Rain K. D Ners une conception pschosomatique de l’inconscient.
/..'.% WG% +61-+9+, 1961.
Jouart U. D "’ordre pschosomatique. /..'.% WG% 1-+, 1961.
19
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sychosomatique et psychanalyse
ar 2. *raunsch_ei'
A ma connaissance, l’appareil théorique de la pschosomatique,
tel que le conIoit Kart, soul0ve fréquemment chez les
pschanalstes des di<icultés de compréhension. A lire ses livres, ’ai
moi-mme ressenti un respect et une admiration certains pour sa
recherche o&stinée et vi'ilante d’une théorisation quasi-ehaustive
apte # rendre compte d’une lon'ue epérience d’o&servation et de
traitement des maladies dites pschosomatiques. Ue n’ai amais
douté, &ien au contraire, de l’e<icacité thérapeutique de sa pratiqueni de celle qu’il ensei'ne. Eéanmoins, en dépit de ce respect et de
cette conHance, auquels s’aoute &eaucoup d’amitié, ’éprouve # le
lire un malaise, sans doute parta'é par plus d’un, dont ’ai mis
lon'temps, l’en'a'ement a<ectif ouant # l’évidence son r=le, # me
préciser un certain nom&re de motifs. 2ans les dé&uts, sensi&le # la
conviction qui impr0'ne ses écrits, e me disais seulement que Kart
construisait un édiHce eplicatif # partir d’une patholo'ie qui m’étaitétran'0re et qu’il connaissait parfaitement et que e n’avais qu’# le
croire sur parole, d’autant plus qu’il avait pris le plus 'rand soin de
témoi'ner en toute occasion d’une Hdélité en apparence du moins
inattaqua&le, au corpus théorique freudien. C’est pourquoi e suis
reconnaissante # Kart d’avoir fait di<user en perspective de la
ournée d’études 1963 de l’>nstitut de pschosomatique, un tete
qui résume succinctement ses idées et ses positions, et qui se prte
19(
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schosomatique et pschanalse
ainsi plus clairement # la mise en lumi0re de ce qui cause mon
malaise,
c’est-#-dire un 'lissement, voire quelquefois un dérapa'e, plut=t
qu’une su&version, de concepts communément utilisés dans la
théorie pschanaltique. Kon eposé s’annonce donc comme
critique. U’esp0re que Kart ne m’en tiendra pas ri'ueur et qu’il
s’ensuivra une discussion féconde permettant # notre auteur de se
faire mieu comprendre.
Fne remarque liminaire s’impose : l’évolution de la pensée de
Rreud, disons pour Her des limites commodes entre 1911 et 19+),
pensée sensi&le au aléas de la di<usion et des déviations, mais aussi
au enrichissements apportées par des adeptes, n’est pas eempte
d’incohérence. Ce fait représente pour ses successeurs # la fois une
sérieuse di<iculté, une 'rande ouverture, et aussi quantité de
possi&ilités de se mettre # poursuivre une li'ne de pensée # partir
d’un état ponctuel de la théorie dans l’Wuvre de Rreud, en
méconnaissant les tenants et les a&outissants historiques de tel ou
tel moment de son éla&oration. Ainsi le passa'e, pour ne pas dire la
&ascule, d’une topique # l’autre, aurait &esoin me sem&le-t-il d’tre
mieu compris avant que nous puissions suivre Kart dans l’usa'e
conceptuel qu’il en fait. Ue le cite : $ Qn s’intéressera par dessus tout,
en pschosomatique, # l’or'anisation ha&ituelle de la premi0re
topique, c’est-#-dire au sst0me >cs.cs.Cs. "’or'anisation de la
deui0me topique, c’est-#-dire le sst0me a-Koi-5urmoi, renvoie
surtout au pro&l0mes des névroses classiques. @lle n’intéresse la
pschosomatique qu’en tant que lieu d’incomplétude ou de fra'ilité
structurale. % Noil# dé# de quoi porter le trou&le dans l’esprit d’un
pschanalste $ classique % ha&itué # considérer la seconde topique
comme alourdie de toute la pesée du &iolo'ique contenu dans le a,
source des pulsions non seulement de vie mais aussi de mort.
"a 'rande découverte de la pschanalse, celle que Rreud tentera
sa vie durant de sauve'arder en dépit de nom&reuses résistances,
19)
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schosomatique et pschanalse
c’est celle de l’étiolo'ie seuelle, pscho'0ne, des maladies
mentales. 5a premi0re topique qui dési'ne des sst0mes purement
pschiques lui a permis pendant plusieurs années de rendre compte
des mécanismes de la névrose, surtout hstérique, de l’interprétation
des rves, des actes smptomatiques, et mme des névroses
actuelles neurasthénie et névrose d’an'oisse/ qui s’accompa'nent
de trou&les somatiques G enHn, cette conceptualisation premi0re n’a
pas été mise en défaut par l’etension de la théorie seuelle # la
seualité infantile dont les retours du refoulé se retrouvent
immanqua&lement liés # des reetons d’époques plus récentes dans
les smpt=mes comme dans les rves. Cependant, les années
passant, la pratique de Rreud se multiplie en se diversiHant et ses
idées se répandent. 2eu ordres de faits vont l’amener # formuler
des concepts théoriques complémentaires. 2’une part il est
confronté # des cas de patholo'ie plus 'rave certaines névroses
o&sessionnelles par eemple/, d’autre part, quelques adeptes, Adler
et Uun' en particulier, cherchent # recentrer sur le Koi, représentant
des fonctions d’adaptation # la réalité, l’intért déplacé par Rreud
sur le refoulement de la seualité, c’est-#-dire sur l’inconscient.
Jésolu # conserver l’ori'inalité comme la spéciHcité de la
pschanalse, c’est-#-dire le seuel le pschoseuel/ comme
or'anisateur, par le con8it pschique qu’il suscite et entretient, du
fonctionnement mental, il sera peu # peu conduit, via l’introduction
du narcissisme et des identiHcations qui en dépendent, ainsi que la
spéculation sur la pulsion de mort, # redistri&uer les instances de
l’appareil pschique selon les termes de la seconde topique : a-Koi-
5urmoi. our résumer mon em&arras devant l’usa'e conceptuel fait
par Kart des deu topiques freudiennes, e dirai que si la seconde
apparaPt # une époque tardive dans l’éla&oration théorique de Rreud,
ce n’est pas pour autant qu’elle me sem&le plus évoluée dans le
développement de l’individu, elle cherche au contraire # rendre
compte de patholo'ies plus ré'ressives névrose o&sessionnelle
'rave, mélancolie, pschose/. "’équivoque tient # ce qu’elle isole de
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schosomatique et pschanalse
éro'0ne. "’auto-érotisme se développe par coecitation li&idinale et
dans une opposition, au moins relative, avec le pro'r0s des fonctions.
Cette opposition devient manifeste quand la seualisation d’une
fonction en trou&le l’eercice cf. Rreud : un trou&le pscho'énétique
de la vision/. 20s 1699 Rreud écrit : $ réalité-réalisation
hallucinatoire d’un désir, telle est la paire contrastée d’oV émane
notre pschisme % et aussi : $ ce sont des epériences &iolo'iques
défenses primaires/ qui entravent 'énéralement le processus
primaire %.
Certes, on reproche souvent # Rreud le solipsisme de ses
premi0res conceptualisations. @lles n’en sont pas invalidées pour
autant et il ne les a pas reniées, il les a complétées ainsi que
d’autres apr0s lui/ en inventant de nouveau concepts : ceu du a,
du Koi, du 5urmoi, par eemple, ne redou&lent pas ceu des
sst0mes inconscient, préconscient, et perception-conscience, ils
représentent une autre mani0re, plus totalisante, de penser
l’appareil pschique. 2ans L’interprétation des r6ves chapitre sur la
pscholo'ie du rve/ l’eistence du sst0me préconscient est déduite
de la mise en évidence des désirs et des modes d’activité du sst0me
inconscient : $ Eous avons vu qu’il nous était impossi&le d’epliquer
la formation du rve, si nous ne voulions pas admettre déli&érément
deu instances pschiques dont l’une soumet l’activité de l’autre # sa
critique, ce qui a pour conséquence de lui interdire l’acc0s # la
conscience. % Rreud accompa'ne sa démonstration d’un premier
schéma de l’appareil selon lequel, au cours de la vie éveillée, le traet
de l’ecitation parvient au préconscient char'é de contr=ler l’acc0s #
la motilité.
Ainsi dans les premi0res années, en ce qui concerne la névrose
surtout hstérique/ et le rve, phénom0ne normal, ainsi que la
pschopatholo'ie de la vie quotidienne et le mot d’esprit, Rreud n’a
&esoin d’identiHer comme termes de l’opposition intersstémique
que le refoulé d’une part primaire et secondaire, surtout secondaire
199
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schosomatique et pschanalse
au dé&ut de ses travau/, c’est-#-dire l’inconscient, mémoire du
seuel infantile qui cherche le chemin de la conscience, et le
refoulant d’autre part : sst0me préconscient et perception-
conscience, le premier des deu surtout étant porteur des contre-
investissements. Ce refoulant, encore trop peu distancié par lui de la
pscholo'ie traditionnelle de l’époque, ne l’intéresse pas encore
&eaucoup. "es smpt=mes, dit-il cependant, ne peuvent éclore que
s’ils conoi'nent # une réalisation de désir inconscient traitée par
les processus primaires de l’inconscient/ la satisfaction d’un contre-
investissement préconscient. 2ans le rve, c’est le désir de dormir
conscient-préconscient/ qui, sous la surveillance de la censure,
permet # une hallucination de désir inconscient, travaillée, de
parvenir # la conscience.
Ce n’est que 1( ans apr0s L’interprétation des r6ves
Kétapscholo'ie de 191(/ et un an apr0s l’introduction du
narcissisme dans la théorie que Rreud assi'nera au préconscient le
lieu de la liaison des représentations de mots avec les
représentations de choses lesquelles eistent seules dans
l’inconscient/. >l conservera cependant la notion de &arri0res qui
limitent le sst0me préconscient # la fois du c=té de l’inconscient et
du c=té de la conscience, ainsi que celle de ses activités de contre-
investissement. our toutes ces raisons historiques, le concept de
sst0me préconscient reste lié dans la théorie freudienne # l’idée
d’une mentalisation tr0s riche.
Cela eplique pourquoi l’emploi que Kart propose de ce concept,
# propos de patients qu’il décrit lui-mme comme mal mentalisés,
peut sem&ler surprenant # des pschanalstes alors mme qu’il se
rév0le utile dans sa pratique. @n fait, ce qui &rouille les idées c’est
que le préconscient de Kart est di<érent de celui de Rreud, et que
Kart ne le précise pas. $ 2ans la théorie, dit-il, le préconscient
représente le carrefour d’une onction entre deu sst0mes
considéra&les. Celui de la sensorio-motricité qui met en place les
+!!
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schosomatique et pschanalse
représentations de choses accompa'nées des a<ects qui les ont
marquées/ G celui des lan'a'es et des a<ects qui les ont marqués
sm&oliques de communication avec les autres comme avec soi-
mme, &ases de la pensée/, e parle l# des représentations de mots. %
7ue faire alors en restant dans les termes de la premi0re topique, de
l’idée de Rreud selon laquelle les a<ects, séparés des représentations
au cours de l’acte pschique de refoulement, sont # la qute de
nouvelles représentations @t que deviennent les censures veillant
au portes du préconscient si, de sst0me interposé au sens fort/, il
se mue en sst0me de onction @t si l’inconscient s’élar'it usqu’#
tre le sst0me de la sensorio-motricité mme s’il met en place les
représentations de choses accompa'nées des a<ects qui les ont
marquées/, qu’en est-il de sa spéciHcité comme lieu du refoulement
de la seualité infantile des auto-érotismes/ 7u’en est-il de l’envoi,
soumis # allers, retours et remaniements des reetons de ce refoulé
dans le préconscient @t oV, comment se di<érencie le $ pscho-
seuel %, propre # l’tre humain et de premi0re importance pour
l’équili&re psché-soma
Ue sais que Kart pense ne rien né'li'er de ces aspects et e ne
mets en question ici ni vraiment sa théorie, ni son ensei'nement,
mais sa terminolo'ie empruntée # la pschanalse et qui entretient
des malentendus. Ue 'arderai pourtant ce mode d’epression, faute
d’en trouver un autre, et e lui demanderai pourquoi, plut=t que de se
référer # cette premi0re topique, si mentale et si peu somatique, et
au concept de préconscient en particulier, il n’envisa'e pas les
processus de somatisation comme maladies du Koi. >nstance de la
seconde topique, le Koi est en e<et une instance évolutive et
fonctionnelle, # la fois corporelle et constituée par les identiHcations
narcissiques, son r=le, asmptotique et lourd de con8its, est de
tenter de satisfaire # la fois des ei'ences du #, du 5urmoi, de la
réalité. Cette instance qui est par déHnition de liaison et de relation
+!1
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schosomatique et pschanalse
théories de Kart de celle de Rreud. 7uand Kart déclare que la
pschosomatique en'lo&e la pschanalse dont elle est par ailleurs
issue, e lui demande : comment pense-t-il que les pschanalstes
$ classiques % vont pouvoir s’ prendre pour concilier sa construction
théorique, d’un monisme évident, avec le dualisme rétro'rade
divisant l’homme entre un corps mortel et une ?me immortelle, mais
d’un con8it amais éteint sauf par la mort, pschique ou totale, entre
le $ fonctionnel % et l’$ érotique %. 5i e suis &ien Kart, dans le court
tete du moins qu’il a soumis auourd’hui # la discussion, c’est # la
m0re, # chaque étape de l’évolution, d’arran'er $ Ia % pour que
l’harmonie se fasse. >l est vrai, comme Kart le rappelle
aima&lement, que nous avons, avec Rain, &eaucoup écrit # propos de
l’incidence des attitudes de la m0re conscientes et inconscientes/
sur le fonctionnement mental de son enfant, de nuit incestueu/, et
de our, inscrit dans la li'ne de la Hliation. Ue ne crois pas cependant
que nous aons amais soutenu la possi&ilité d’eistence d’une
évolution quasi uniment lon'itudinale de la personnalité compte-
tenu de la complication naturelle du parcours que n’eclut
évidemment pas Kart/, évolution constituée d’inté'rations
fonctionnelles successives. Eotre travail, et e pense # La nuit% le
!our en particulier, a tendu # souli'ner l’essentielle discontinuité de
la vie pschique et l’anta'onisme pulsionel qui la caractérise.
;out # fait # l’insu de son auteur, la théorie pschosomatique de
Kart me sem&le s’apparenter # celle que Rreud n’a pu admettre
chez Uun', évolutionniste lui aussi # sa mani0re. Jefusant, apr0s une
acceptation am&ivalente, la théorie de la seualité infantile et le
concept de li&ido comme seuelle, Uun' reportait # la nuit des temps
la nature primitivement seuelle du pschisme. 5imultanément il
déHnissait la li&ido comme force évolutive, instinct de pro'r0s,
l’homme tom&ait malade quand une force d’inertie s’opposait en lui #
ce pro'r0s.
+!3
7/23/2019 Erotique Malade
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schosomatique et pschanalse
>l faut &ien reconnaPtre que, plusieurs années apr0s sa rupture
avec Uun', Rreud fut rattrapé par ces idées G il n’a cependant renoncé
ni # la seualité infantile refoulée, ni # la qualiHcation seuelle de la
li&ido, il a seulement étendu cette derni0re # une échelle qui dépasse
lar'ement l’individu, et pour lui opposer alors un anta'oniste tout
aussi 'i'antesque : la pulsion de mort. @ros et ;hanatos, le a était
né.
Cette conception tardive, qu’on s’ ran'e ou non, ne peut tre
e<acée du corpus freudien ni a&straite des travau qui ont suivi son
introduction. @lle s’appuie sur un concept clinique dont Kart fait un
important usa'e, mais l# encore autrement que Rreud et e n’ai pas
l’intention d’en discuter ici, e veu parler d’une tendance 'énérale #
retourner # un état antérieur, mme au-del# du principe de plaisir, #
l’etrme # l’état inanimé. Ue note seulement, pour Hnir, que Kart
ne parle pas de la pulsion de mort &ien qu’aant intitulé l’un de ses
livres ouvements individuels de vie et de mort% il parle par contre
de mouvements évolutifs et de mouvements contre-évolutifs. Ue crois
comprendre, en le lisant, que pour lui évolution est snonme
d’or'anisation, donc de liaison, au sens d’@ros, et que lorsque
l’évolution-or'anisation s’interrompt, la désor'anisation tend #
s’installer, donc déliaison, action de la pulsion de mort selon Rreud.
Ee pourrait-on pas dire alors, nous situant résolument en
pschosomatique dans la deui0me théorie des pulsions de Rreud,
que lorsqu’une désor'anisation est stoppée par une ré'ression # un
palier Hation/ ainsi que l’o&serve indiscuta&lement Kart, on peut
enre'istrer un match nul entre @ros et ;hanatos et reprendre la
partie. C’est &ien s[r ce que e nous souhaite # tous.
+!
7/23/2019 Erotique Malade
http://slidepdf.com/reader/full/erotique-malade 205/226
+u corps érotique au corps malade comple'ité de ce
passa#e
par K. Rain
0ntroduction
E’attend-on pas de l’homme malade une aspiration au repos
7ue serait un repos qui ne satisfairait pas un &esoin essentiel de
mettre en latence les activités érotiques et sociales
Ces questions se posent avec acuité en dépit du fait que cette
aspiration reste a&sente du pschisme de &ien des malades, des
or'anisations caractérielles particuli0res s’opposant # cette
disposition favora&le au défenses de l’or'anisme.
2e faIon fort succincte, Rreud a décrit la modiHcation des
investissements li&idinau causés par l’état de maladie. A vrai dire,
les réponses mentales # l’atteinte du soma l’ont moins occupé que le
rve au sein du sommeil ou que les mouvements a<ectifs
caractérisant le deuil ou l’état amoureu.
5elon Rreud, le point commun de tous ces états : maladie,
sommeil, deuil, amour, est un détachement de l’investissement des
o&ets avec concentration des intérts sur la personne propre selon
des a<ects et des &uts di<érents. @n dépit de son allure hautement
altruiste, l’amour fut décrit par Rreud comme faisant suite, entre
autres, # la proection sur un o&et, des intérts é'o4stes./ A propos
+!(
7/23/2019 Erotique Malade
http://slidepdf.com/reader/full/erotique-malade 206/226
2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
de la maladie, en quelques mots, Rreud apparente les mouvements
pschiques # ceu que suscite le &esoin de dormir :
désinvestissement des o&ets eternes et internes, repli sur la
personne propre des investissements li&idinau. "’état de maladie
suscite une mo&ilisation des visées réparatrices.
$ 7ue les autres ne se préoccupent que de ce corps malade % en
est l’epression pschique(.
"e rve est le produit d’un refus du désinvestissement ei'é par le
&esoin de dormir : son eistence marque l’action d’un compromis
entre le désir de rester attaché au o&ets, et le &esoin de se replier
sur soi. "e rve, solution du con8it, devient ainsi le 'ardien du
sommeil au service de la conservation. "’insomniaque occasionnel ou
chronique ne peut pas se dé'a'er D pour des raisons complees D
de sa relation avec ses o&ets. 2e la mme faIon, # la survenue de la
maladie, un 'rand nom&re d’individus échoue # satisfaire ce &esoin
de ré'ression nécessaire au défenses or'aniques.
Cet aspect des choses fut, autrefois, romancé, notamment pour la
tu&erculose pulmonaire, &ien que toutes les phtisiques ne furent pas,de loin, Kar'uerite Yauthier, la dame au camélias. Eéanmoins,
l’o&servation la plus superHcielle repérait l’inaptitude de certains
tu&erculeu pulmonaires # suivre correctement leur cure de repos.
"e milieu sanatorial distin'uait ainsi trois caté'ories de patients :
D Ceu qui réussissaient leur ré'ression, &énéHciaient de la
cure.
D "es ecités qui ne la supportaient pas, soit en la refusant, soiten s’ contrai'nant activement.
D "es déprimés asthéniques qui su&issaient la cure. @n fait, ils
réa'issaient dépressivement # la perte de relations avec leurs o&ets,
survenue apr0s l’isolement en sanatorium.
"’eemple de la tu&erculose d’autrefois prend sa force dans les
opinions populaires qu’elle suscitait, opinions concernant le corps
+!)
7/23/2019 Erotique Malade
http://slidepdf.com/reader/full/erotique-malade 207/226
2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
malade et le corps érotique. Allant au-del# de la passion triste de
"annec, elles faisaient de cette maladie le sti'mate honteu de la
dé&auche et de l’auto-érotisme. A l’opposé de cette opinion, mais
aussi corrélativement, les phtisiolo'ues cré0rent le cadre sanatorial.
"e &ut curateur ne pouvait tre atteint que par l’aptitude du patient
# opérer la ré'ression discutée plus haut.
Ee paraPt-il pas nécessaire, # la faIon du sommeil qui ne peut se
priver du rve, que cette ré'ression trouve une solution de
compromis, autorisant sur un certain mode l’impression d’un
maintien de contact avec les o&ets, autrement dit que se constitue
un "ardien de la ré"ression.
Qn dit de ces malades incapa&les d’a&andonner momentanément
leurs en'a'ements eternes qu’ils &r[lent la chandelle par les deu
&outs.
"’o&servation courante de patients atteints d’a<ections fé&riles
montre l’eistence transitoire d’activités mentales proches du rve.
Nécues dans un état de semi-conscience, elles sont ou&liées d0s la
'uérison, retrouvées au cours d’une maladie su&séquente. E’est-cepas l’état Hévreu lui-mme qui provoque ces manifestations "e
terme $ fé&rile % ne dési'ne-t-il pas un état d’ecitation visi&le >l
est vrai que la H0vre, peu ou prou, entraPne une certaine coecitation
seuelle et renforce l’orientation vers un o&et. "a nécessité de
trouver un compromis-'ardien de la ré'ression n’en est que plus
nécessaire.
Fne distinction s’éta&lit ainsi entre les personnes qui, 'r?ce # uneactivité mentale semi-hallucinatoire réussissent # opérer une
ré'ression favora&le # la 'uérison et ceu, contraints, # orienter leur
ecitation vers l’etérieur qui ne peuvent faire autrement que
ressentir le repos comme une contrainte insupporta&le 'énératrice
de dépressions larvées.
+!
7/23/2019 Erotique Malade
http://slidepdf.com/reader/full/erotique-malade 208/226
2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
E’est-il pas alors question de ce con8it si souvent mentionné dans
la littérature américaine traitant de la pschosomatique, con8it
opposant les tendances actives au passives )
Qui et non. Qui, parce que les individus a'ités l’a<irment, $ ils ne
tiennent pas en place %. Eon, des événements complees issus de
carences de l’environnement sont responsa&les de l’inaptitude #
satisfaire les tendances passives-réceptives. >l s’a'it donc d’une
situation de manque, manque qui s’inscrit dans le pschisme :
chaque fois que les tendances passives sont sollicitées, le manque est
péni&lement revécu et 'énérateur d’ecitations, il provoque le &esoin
d’activité. >l en résulte, quelquefois seulement, des attitudes
compensatrices de mépris pour les passifs. >l a, # premi0re vue,
réduction des satisfactions possi&les au seules découlant de
comportement actif. A premi0re vue seulement, car l’activité devient
le sm&ole mme du manque qu’elle cherche # dissimuler, sm&ole
relanIant une activité sans Hn : la chandelle &r[le par les deu &outs.
Ainsi, l’opinion de Rreud sur le repli li&idinal de la li&ido sur le
Koi au cours d’une maladie décrit une situation idéale loin d’tre
constante. "a vie amoureuse active, si elle n’est pas sous-tendue par
une potentialité ré'ressive apte # la muter en cas d’accidents
somatiques en une activité mentale proche dans sa nature de celle
du rve, peut transformer un corps érotique en corps malade.
Le culte du !éros un m2le%entendu
2e l’aperIu schématique précédent il sem&le qu’un &on malade,
celui qui fait ce qu’il faut pour 'uérir, puisqu’autrefois fut fait pour
lui ce qu’il fallait, ne peut pas tre un héros au sens populaire du
terme.
"e 'rand Rerrand, héros médiéval pourfendeur d’An'lais, ne
pouvait s’empcher apr0s chaque eploit, étant alors en 'rande
chaleur, de &oire de l’eau froide. >l en tom&a malade. "’An'lais étant
revenu, Rerrand touours Hévreu, n’en alla pas moins # nouveau le
+!6
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
2ans quelle mesure, ce tpe de ré'ression est-elle di<érente de
celle # l’ori'ine du rve elle-mme apparentée # celle qui
accompa'ne l’état de maladie
our éta&lir la comparaison, précisons d’a&ord que l’irrésisti&le
&esoin d’eau froide doit tre considéré comme un smpt=me, une
compulsion.
Rerrand, rentrant suant du com&at a une éclipse de conscience, il
perd le souvenir du dan'er que représente la coeistence de la suée
et de l’eau froide G l’éclipse permet l’intrusion de la compulsion.
ourquoi "es raisons qui vont suivre sont spéculatives D de la
mme faIon e ne 'arantis pas l’histoire de Rerrand : c’est ainsi
qu’elle m’est revenue # la mémoire./
2eu raisons concourent # former l’éclipse, en premier l’an'oisse
de castration, sa femme l’attend mais Rerrand est impuissant, en
second une déception premi0re survenue au contact de sa femme ou
d’une autre a entraPné une ré'ression vers le con8it Wdipien et le
complee de castration. "e désir D tre en chaleur D se déplace sur
un su&stitut défendu $ l’eau froide %, &oire devieIt le su&stitut del’auto-érotisme refoulé dans l’enfance $ froide % peut aussi faire
allusion # la déception # l’ori'ine de sa ré'ression : la fri'idité de sa
partenaire/.
"a manie de se désaltérer dan'ereusement a, Hnalement,
l’or'anisation d’un smpt=me névrotique. 5’il en est ainsi, Rerrand,
apte # faire une ré'ression, aurait d[ avoir en conséquence toutes
les chances de 'uérir. >l put en tre autrement : le travail de censureopéré sur son histoire ne vint pas de lui mais d’autres char'és d’en
faire un conte édiHant, raconta&le au enfants. 5a mort par maladie
serait plus conforme # une toute autre histoire : incapa&le de se
reposer apr0s les ri'ueurs de la 'uerre, Rerrand courut la ri&aude
avec autant d’éner'ie qu’il avait pourfendu l’An'lais. Noil# une
version romancée. Fne autre, plus prosa4que, malheureusement plus
+1!
7/23/2019 Erotique Malade
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
fréquente, le verrait reprendre un la&eur acharné sans la moindre
perte de temps.
@n acceptant l’idée, vraisem&la&le, que l’histoire de Rerrand fut
censurée aHn qu’elle ne contienne aucun élément choquant pour les
auditeurs qui l’écouteraient, ce désir de Hltrer l’information tout en
maintenant une partie essentielle, correspond au &esoin de favoriser
une ré'ression permettant une détente tout en savourant une vision
héro4que.
>l s’a'it donc d’un plaisir dont les héros qui le fournissent sont
privés. >ls en sont privés, entre autres, parce qu’ils n’ont pas vécu
l’eistence d’un cadre aussi prévenant. "#, se trouve le malentendu :
l’homme eté dans une action qui reste son seul moen d’inté'ration
pulsionnelle est un héros pour ceu qui ont vérita&lement vécu un
con8it, si heurt il eut, entre leurs tendances actives et passives.
Fn individu dit $ normal % a des tendances caractérielles qui le
spéciHent. 2’une faIon 'énérale, quand une tendance seuelle
irréalisa&le est sollicitée, un mouvement ré'ressif s’op0re
introversion de la li&ido/, l’o&et de la tendance frustrée emportéepar la ré'ression devient l’or'anisateur de fantasmes plus ou moins
conscients. 5’il s’a'it l# d’un processus identique # celui dans lequel
le rve ou l’activité mentale d’un malade se fonde, sa particularité
est d’tre vi'ile, de durée limitée. Autrement dit, la vie mentale est
discontinue. Ce n’est pas le cas des 'ens incapa&les de renoncer #
l’action. "’individu &anal capa&le de ré'resser devant l’émer'ence
d’une di<iculté o&ective ou su&ective i'nore que le héros a le pied
d’ar'ile.
Fn tel malentendu entraPne des envies réciproques, l’un envie,
tout en le niant, les aptitudes ré'ressives de l’autre G l’autre
désirerait posséder le coura'e nécessaire pour rester Hé sur l’action
# accomplir. >l en résulte une incompréhension qui fait que ces
di<érences de personnalité, importantes quant au pronostic, ne sont
'u0re prises en considération.
+11
7/23/2019 Erotique Malade
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
3t le masoc!isme 4
Fn &esoin d’inté'rer toute sou<rance # la notion de masochisme,
fait de ce dernier un envahisseur. Kme au niveau du lan'a'e
commun ce mouvement est actif. $ >l est maso % est devenu unelocution &anale. 7ue dési'ne-t-elle
@n premier lieu, un comportement qui n’a rien de pervers au sens
seuel du terme. @n second lieu, une attitude oV un individu
$ sacriHe % une partie de soi au proHt d’une ou plusieurs autres.
Ainsi, le concept de masochisme moral introduit par Rreud est
devenue partie prenante dans le lan'a'e populaire.
C’est # propos de ce mme masochisme moral que Rreud Ht uneautre ré8eion sur l’état de maladie : il constata la disparition de
certaines névroses d’échec, trou&les oV le masochisme moral prend
son plein développement, lors de l’apparition d’une 'rave maladie.
our Rreud, il ne s’a'issait que d’une su&stitution, la douleur
autrefois entretenue par la provocation sstématique de l’échec était
remplacée par la maladie. Qn peut eprimer # ce propos, une toute
autre opinion : la maladie somatique provient de la désor'anisationdu comportement d’échec, désor'anisation dont l’ori'ine peut tre
multiple.
Ces quelques li'nes d’introduction viennent de parler d’un
comportement qualiHé de masochique entretenu par la sou<rance
somatique.
Jevenons-en # la ré8eion &anale : $ @h &ien, en faisant cela, tu
es un rien maso. % @lle sous-entend que l’énonciateur estime qu’un
tel comportement ne devrait pas eister, le respect d’une certaine
norme devant s’imposer. "e terme $ maso % maintient et contient #
l’arri0re-plan le phénom0ne premier, la perversion sado-masochique,
conduite seuelle particuli0re menant # la ouissance or'astique.
"’accusation $ d’tre maso % pointe un reproche concernant une
forme de ouissance a<ective n’a&outissant pas # l’or'asme cette
+1+
7/23/2019 Erotique Malade
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
accusation est, en derni0re analse, de nature complee :
l’accusateur, sous couleur de la défense d’une norme, satisfait son
sadisme envers celui qu’il qualiHe de maso. @n fait c’est touours par
le &iais d’une su&tile provocation que le $ maso % réussit # se faire
traiter de $ maso %/.
7ue répondrait l’énonciateur de l’accusation ei'eant le maintien
d’une norme s’il lui était rétorqué que l’o&servation de la dite norme
peut tout autant satisfaire le masochisme inconscient d’un individu
5ans doute répondrait-il que la soumission # cette norme se doit de
ne pas dépasser un certain de'ré.
"a vo$ populi dési'ne donc comme masochiste quelqu’un qui se
laisse passivement faire, travaillant par eemple trop au compte d’un
autre.
@n fait, cette accusation pose le pro&l0me de la su&limation du
masochisme, pro&l0me épineu s’il en est puisqu’il s’attache #
l’aptitude # reconnaPtre la réalité .
"a reprise par le consensus du terme masochisme succ0de # une
locution am&i'u : $ se faire &aiser %. @tre dépossédé par un autrequi trouve son plaisir, en est la si'niHcation principale, &ien que ne
soit nullement éliminée l’idée que le &aisé n’ait pas oui aussi # sa
faIon.
Ce tpe de masochisme appelé moral, eaminé de plus pr0s, met
en eer'ue le r=le provocateur fréquent du masochiste dans
l’événement qui, apparemment l’humilie. >l s’a'it d’une forme de
séduction. "’accusation de $ maso % est ainsi ustiHée &ien quel’aspect de séduction, perIu, soit refoulé.
2ési'ner péorativement le masochiste valorise les tendances
actives a<irmées viriles au dépens des passives considérées comme
féminines. >l s’a'it de la persistance chez l’adulte de la théorie
seuelle infantile assimilant le see féminin # la castration./
7u’en est-il du masochisme pervers proprement dit
+13
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
2ans la métapscholo'ie de 191(, Rreud parlant des pulsions
partielles et notamment du sado-masochisme décrit le mécanisme du
dou&le retournement. Ce dernier se déroule en trois temps. "e temps
$ a % est celui de l’investissement de la pulsion sadique sur un o&et.
"e temps $ & % est la voi moenne ré8échie e me/, retirée de
l’o&et la pulsion est retournée sur la personne propre premier
retournement/. "e temps $ c %, l’o&et réinvesti devient le porteur de
la pulsion active sadique, le suet le su&it passivement et en tire un
plaisir masochique il me/.
Cette description a donné et continue # donner lieu # &ien des
discussions G cependant, sans équivoque le plaisir masochique est
lié # la passivité. ar la suite la personnalité s’or'anise sous la forme
du temps $ & % e me/ en intériorisant les préceptes venant des
ta&ous et de l’éducation. @n quelque sorte, schématiquement
parlant, une certaine ré'ression du temps $ c % au temps $ & % oue
un r=le dans la formation de la personnalité.
"e masochiste moral réactive le temps $ c %. Au $ e me % il
su&stitue une situation $ il me % dont il tire un plaisir amer. 7u’enserait-il, si selon ce qui a été eposé au dé&ut de cet article, aucune
satisfaction passive, masochisme compris, ne pouvait tre inté'rée
"a névrose d’échec appelée aussi névrose de destinée se produit
chez des 'ens apparemment normau. "eur désir de réussite, d’tre
heureu est a<irmé, mais ils paraissent la proie d’une malchance
chronique. "eurs liaisons amoureuses tournent mal, leur carri0re est
marquée par une série d’échecs uniquement dus, disent-ils, aucirconstances. A travers ces récits si quelque amertume perce, c’est
le facteur déveine qui est mis en avant, déveine non interprétée en
tant qu’action maléHque de quelques autres, ce qui la distin'ue des
intuitions parano4aques. Fn si'ne quasi-patho'nomo-nique de cette
névrose apparaPt au cours de l’entretien : l’eaminateur au &out d’un
moment se sent las de cette entrevue, il l’écourterait volontiers. >l
s’aperIoit ainsi, qu’# son tour il va renvoer ce pauvre homme. 5’il
+1(
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
s’intéresse # cette idée de rupture il percevra qu’elle a été induite
par le patient dont le discours est une provocation constante G en
tant que déveinard chronique, il souli'ne la position inustement
favorisée des autres.
Rreud voit # l’ori'ine de cette névrose de comportement le
refoulement d’un sentiment tourmentant de culpa&ilité issu des
con8its seuels infantiles. Ce sentiment de culpa&ilité, échappant au
refoulement, viendrait entretenir dans la vie quotidienne un &esoin
d’auto-punition qui trouverait sa résolution dans la névrose de
destinée. "a chose paraPt simple. ourtant elle ne résiste pas # un
eamen plus approfondi. "a compleité de la structure de ce trou&le
n’avait nullement échappé # Rreud : puisque le mécanisme dominant
la formation du smpt=me était d’une part le refoulement, d’autre
part le retour du refoulé, sous une forme modiHée par la censure, il
rattacha cette névrose # l’hstérie. "e smpt=me, l’échec chronique,
était ainsi le résultat de la seualisation des échan'es fonctionnels
qui ré'issent la structure Koi-5urmoi.
"a di<érence avec la névrose o&sessionnelle fut notée : dans ce
dernier cas le sentiment de culpa&ilité, tourmentant en dia&le,
oppose caricaturale-ment Koi et 5urmoi. >l n’est pas refoulé. "a
seualisation du fonctionnement Koi-5urmoi n’est pas moindre dans
la névrose o&sessionnelle : il n’est pas dissimulé./
"e refoulement du sentiment de culpa&ilité par un sst0me de
censure oppose deu instances devant en principe fonctionner en
concordance, le 5urmoi-idéal du Koi d’une part, la censure d’autre
part. "e pro&l0me de l’or'anisation morale de la psché, au sens le
plus populaire du terme se pose. Au cours de la vie éveillée, la
censure devrait $ moralement % se mettre au service des idéau
vi'iles et, en conséquence ne pas intervenir sur l’émer"ence de
sentiments de culpabilité. 5inon elle a'it immoralement, reprenant
de our la fonction qu’elle assume au cours du sommeil. Au cours de
l’assouplissement, la fonction idéale de la censure est le maintien du
+1)
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
sommeil. 5on action diurne dans la névrose d’échec est
d’$ endormir % la conscience morale 9.
2isons-le clairement, la névrose d’échec, en dépit de la pitié
qu’elle peut inspirer, est tr0s proche de la perversité : le retour vers
la conscience des sentiments de culpa&ilité refoulés se traduit par un
&esoin d’auto-punition e<ectif proche de la perversité. >l se fait une
mise en acte du temps $ c %, du dou&le retournement du sado-
masochisme : le 5urmoi est proeté transféré/ sur des personna'es
du monde etérieur qui font fantasmatiquement su&ir des sévices au
suet qui les vit dans une situation passive de ouissance. "a névrose
d’échec est un état caricatural.
2es ré'ressions courtes au sado-masochisme, érotisées, sont
constamment en action chez des personnalités normales. "a
déseualisation du masochisme a-t-il été dit plus haut, concourt # la
perception de la réalité en ce qu’elle a de péni&le. 7ui dit péni&le, dit
déception, a'ent reseualisa-teur de premi0re 'randeur.
@n conclusion de cette &r0ve évocation, pour avoir quelque clarté
sur le passa'e du corps $ sado-masochique % au corps malade, lemasochisme n’est totalement lui-mme que dans la mesure oV il se
sert d’une position passive, ou du moins quand cette aptitude lui est
encore accessi&le Z Z.
7u’en est-il alors de ces individus décrits plus haut dont les
conditions de vie précoces les ont menés # ne tolérer que tr0s
insu<isamment des positions passives
Fne pertur&ation du dou&le retournement de la pulsion peut treenvisa'ée : le mouvement $ a % voi active e/ serait conservé ainsi
que le temps $ & % dit voi ré8échie e me/. Ce premier
retournement n’implique nullement la passivité du $ me %. "e temps
$ c % il me/ entravé dans son développement entraPnerait une
distortion dans la constitution du moi. Qn connaPt le r=le important
que oue dans cette formation l’identiHcation # l’o&et : au $ il me %
succ0de un nouveau $ e me % dans lequel non seulement le $ me %
+1
7/23/2019 Erotique Malade
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
de cette ré'ression au temps $ & % ressem&le # $ il % du temps $ c %
mais qui en fait s’éta&lit selon une dnamique complee. "e $ e me %
nouvelle mani0re ne renonce amais # redevenir un $ il me %
reseualisé utilisant pour cela le rve, le fantasme inconscient.
Cela survient # la suite de di<icultés diverses, la maladie pouvant
tre considérée en tant que di<iculté.
Cette mentalisation, dans ce cas particulier, fait accepter la
passivité et e me repose, on me soi'ne/ va de pair avec les défenses
de l’or'anisme Z.
"a discussion précédente sur le sado-masochisme concerne les
pulsions partielles en 'énéral. arlant du destin des pulsionspartielles, Rreud les comparant # une coulée de lave, avait postulé
que la trace des temps $ a %, $ & %, $ c % pouvait constamment se
retrouver. Chez des individus n’aant pu or'aniser la position passive
spéciHque du temps $ c %, que peut-il se produire
>l a dé# été mentionné les conséquences néfastes sur les
identiHcations futures su&séquentes # l’identiHcation # l’o&et d’un
non repéra'e de ce dernier.Fne chose est s[re : la perception de cette faille dans leur
personnalité entretient les e<ets d’un traumatisme ancien, e<ets se
traduisant par une ecitation chronique.
"e masochisme, souvent invoqué, d0s qu’apparaissent des
comportements d’auto-destruction sem&le dans ces cas non pas
ineistant mais inachevé. Cet inach0vement atteindrait toutes les
pulsions suscepti&les de dou&le retournement et, en dernier lieu,entraPnerait une désor'anisation de l’équili&re de la &iseualité1!.
56pot!èses et conclusion
"e corps érotique &anal paraPt plus aisé # cerner que ceu
qu’animent les 'rands amoureu. Qn ne peut le détacher du destin
qui l’a<ecte quand, atteint d’une maladie, il se rév0le alors apte # se
+16
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
dé'a'er des investissements d’o&et pour su&stituer une ei'ence
de soins.
"e maintien d’une certaine relation au o&ets permet cette utile
ré'ression selon un mode non univoque souvent proche du rve.
"e corps érotique qui &r[le par les deu &outs ne fait
qu’au'menter sa comsomption si une maladie vient en au'menter
l’ecitation. Fn retrait ré'ressif, de nature di<érente, témoin d’une
perte d’o&et, se solde par l’émer'ence d’état asthénico-dépressif qui
se présente comme une complication.
>l n’empche que la perception interne par ces individus de leur
inach0vement les m0ne # vivre quelquefois des violentes passionspour des o&ets décevant par déHnition, puisque incapa&les de
mettre Hn au sentiment de manque qui sous-entend ces terri&les
passions.
Ces élans ehi&és sans entraPner le plaisir d’tre vus, font de ces
personna'es des héros ou des héro4nes qui s’i'norent en tant que
tels. 5’ils sont fréquents dans la littérature D qui &ien s[r ne les a
pas inventés D on ne les o&serve pas couramment."es individus qui $ ne savent pas se reposer %, pris dans des
activités a<ectivement plus ou moins investies, souvent pi0tres
amoureu, sont lé'ion. >ls fournissent la maorité des trou&les dits
$ pschosomatiques %.
Qn peut distin'uer deu ru&riques :
*2 Ceu dont l’inach0vement du destin pulsionnel se centre sur
un $ e me % du temps $ & %. >ls ne sont pas aussi fréquents qu’on
veut &ien le dire. Ce sont eu qui développent des comportements
aant, en plus de l’hperactivité, des idéau apparents d’auto-
su<isance.
"a notion de caract0re parano4aque a été prononcée # leur
propos, # tort car ils n’ont d’autres issues que la maladie somatique
quand leur sst0me s’alt0re. >ls posent le pro&l0me des
+19
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
$ fantasmes archa4ques % ce qui revient # dire que le $ il % de $ il
me % eiste proeté dans le monde perceptuel/ 1+.
7ue si'niHe ce 'lissement, opéré au cours de cet article, des
amours romancées vers la pauvreté comportementale de certains
malades somatiques
"es héros ou héro4nes/ de roman nourrissent les fantasmes des
personnalités aptes # accomplir des ré'ressions provisoires ou
dura&les. >ls n’ha&itent 'u0re les individus privés, en raison d’une
carence précoce, des possi&ilités de se laisser saisir par le retour des
représentations.
Ce 'lissement a conduit du comportement seuel de certainsmalades au comportement tout court. Ce dernier n’est pas eempt de
seualité proprement dite.
"e pro&l0me est l# : quelle est cette seualité qui ne se dou&le pas
d’aptitudes # s’eprimer autrement
Ee pose-t-elle pas les mmes questions que celles a&ordées plus
haut # propos de l’identiHcation
Qn serait tenté de penser # une ré'ression, évolutive, celle-l# quiconférait # cette seualité un aspect plus instinctuel 13.
Cette ré'ression s’appuierait fai&lement/ sur la né'ation par le
consensus du con8it Wdipien : la seualité serait $ &analement %
instinctuelle.
U’en resterai l#. Cette introduction limitée dans sa mati0re
dé&ouche sur plus de questions que d’éléments de réponse1.
"es pro&l0mes posés par la seualité humaine restent, pour les
pschanalstes, insépara&les des racines infantiles de la seualité.
"’aspect adulte de cette derni0re, seul aspect admis en fait, n’atteint
sa pleine évolution que dans la mesure oV elle donne tout son sens #
la seualité infantile.
++1
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
Ainsi est étendu # la seualité ce qui fut une découverte de Rreud
en ce qui concerne l’hstérie. Eous pressentons maintenant que
l’érotisme adulte puisse tre orphelin de son sens enfantin.
1
C’est une hpoth0se qui ne contredit pas les connaissances
&iolo'iques actuelles selon lesquelles l’utérus secréterait des
éléments de tpe $ reet % par rapport au fWtus qui devrait tre
su<isamment résistant pour réaliser les processus de la nidation en
dépit des réactions maternelles $ né'atives %.
+
2e l’inconscient vers le préconscient, comme du préconscient versla conscience, comme entre les di<érentes couches qui
pro'ressivement constituent le préconscient, se déroulent des
mouvements évolutifs qui, ainsi qu’# l’ha&itude, répondent au lois
de l’évolution. >l convient en particulier de souli'ner que le pouvoir
or'anisateur d’un sst0me fonctionnel nouvellement promu qui
prend souvent, entre autres aspects, celui d’une censure, disparaPt
avec les ré'ressions parfois tr0s rapides qui touchent ce sst0me.Qn doit considérer au moins, lors d’une mo&ilisation du
préconscient :
D la nature des divers niveau fonctionnels intéressés G
D les temps évolutifs de l`or'anisation de ces niveau G
D l’o&ecta&ilité et la communica&ilité potentielles des
éventuelles représentations en cause G
D le sort évolutif des a<ects primitivement liés au su&strats de
ces représentations.
3
"a structure d’un suet peut se déHnir par :
1/ "es modalités de son or'anisation fonctionnelle maimale.
+/ "e rthme automation-pro'rammation de ses fonctions
pschosomatiques spécialement Hées et de ses sst0mes
+++
7/23/2019 Erotique Malade
http://slidepdf.com/reader/full/erotique-malade 223/226
2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
spécialement investis il s’a'it, 'lo&alement, de sa smptomatolo'ie
au sens 'énéral du mot/.
"es modalités individuelles d’une or'anisation fonctionnelle
maimale dépendent # la fois du tpe mental de cette or'anisation
névrotique, pschotiquee,aller'ique, ou marquée d’insu<isances,
par eemple/ et du niveau évolutif atteint mental, de caract0re, de
comportement, par eemple/. Ces modalités résident, avant toute
autre dimension, dans les trois qualités fonctionnelles du
préconscient que nous venons de si'naler épaisseur, dnamisme
interne, permanence.
Cliniquement, pour résumer l’état d’un suet en un moment, il
convient de confronter les divers éléments de sa structure ha&ituelle
# leur modiHcation actuelle.
$ 2es processus de somatisation % cf. p. 1!1 et sq./ "e tete
présenté ici a été proposé par l’auteur pour discuter l’article précité
de Kart # la ournée d’étude de l’>5Q février 1963/.
( Nu sous l’an'le de la métapscholo'ie, le &esoin de dormir
entraPne le désinvestissement des trois sst0mes composant
l’appareil mental, l’inconscient, le préconscient, le conscient. Au
cours de la maladie, selon le schéma théorique de Rreud, l’ei'ence
a&solue de soins concentrés sur le corps tendrait # mo&iliser les trois
sst0mes de l’appareil mental. Cette ei'ence violente est la plupart
du temps refoulée. @lle n’apparaPt au niveau du préconscient et duconscient que selon des formes remaniées aant quelquefois une
apparence seuelle.
)
Aleander R., La médecine psychosomatique% aot, aris, 19(+.
++3
7/23/2019 Erotique Malade
http://slidepdf.com/reader/full/erotique-malade 224/226
2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
*raunsch_ei' 2., schanalse et réalité, /ev. r. 'sychanal.% nj
(M), 191.
6
K’Fzan K. de, Fn cas de masochisme pervers, in La Ee$ualitéperverse% aot, aris, 19+.
9
"a collusion de l’inconscient refoulé avec la censure, fait patent
de la névrose d’échec, eiste plus ou moins dans toutes les
or'anisations mentales. 5elon une perspective a&straite et théorique
utopique/, la censure vi'ile ne devrait tre qu’au service des idéau
vi'iles.@n vérité, la fréquence des ré'ressions li&idinales survenant # la
suite de di<icultés quotidiennes, entraPne chaque fois l’action d’une
censure identique # celle qui ré'it le rve. @lle vise plus alors la
formation de compromis entre les contenus inconscients et les
défenses qu’# assurer la discrimination nécessaire au
fonctionnement pschique diurne.
1!
"a constitution &iseuelle de l’tre humain est # l’ori'ine des
con8its qu’opposent chez un mme individu des tendances actives et
passives. Assimiler activité # virilité et passivité # féminité est une
opinion marquée par les théories seuelles infantiles.
articuli0rement a'issantes pendant la période de latence,
période déHnie par le déclin du complee d’^dipe d’une part, et au
cours de l’émer'ence de la pu&erté d’autre part, ces théories
seuelles sont # l’arri0re-plan des attitudes a<ectives des enfants des
deu sees. Autrement dit, les enfants qui n’ont pu inté'rer leur
passivité # l’or'anisation de leur personnalité peuvent tre
cliniquement décelés.
11
++
7/23/2019 Erotique Malade
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
>l n’est pas rare que ce tpe de personnalité se réf0re D
consciemment ou non D # un tiers représentant un idéal. >l s’a'it
presque touours d’un mort. ersonne de vivant ne peut tre
comparé # ces suets. Cette relation intérieure avec un mort, non
connu dans sa matérialité mais reconstruit sur un mode autodidacte
rappelle l’état de deuil.
1+
"a discussion sur ces notions $ traumatisme D fantasmes
archa4ques inté'rés # la perception du monde etérieur % est en
vérité le re8et de la di<iculté de di<érencier le champ de la
pschosomatique de celui de la pschose.
Kart, consid0re que la folie rentre dans le cadre d’un équili&re
pschosomatique pleinement évolué alors que les trou&les
pschosomatiques montrent une ré'ression a<ectant le soma, alors
que le comportement reste $ opératoirement % Hé sur des mod0les
sociau.
13
Cette ré'ression de seualité humaine vers des attitudes plusinstinctuelles est connue au niveau des perversions : le complee de
castration inhérent au con8it Wdipien D sous sa forme directe et
inversée D est dénié 'r?ce au surinvestissement d’une pulsion
partielle. "’o&et de la pulsion partielle n’est attirant que dans la
mesure oV il complémente la pulsion en question.
2iscutant du masochisme, la possi&ilité de dou&le retournement a
été souli'née sadomasochisme/. "a question peut se poser :n’eiste-t-il pas au niveau des conduites perverses des formes
comportementales se déro&ant devant le dou&le retournement
Autrement dit des formes actives inaptes # se renverser
Cela si'niHerait que le déni de castration ne serait opérant que
selon une forme réduite, une perversion inachevée en quelque sorte.
1
++(
7/23/2019 Erotique Malade
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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e
"e pro&l0me des ré'ressions mentales souhaita&les suscitées par
des trou&les ne mettant que partiellement en cause la disponi&ilité
or'anique n’a pas été a&ordé, pas plus que celui des al'ies de la
douleur phsique/.
>l eiste # ce propos toute une sémiolo'ie # éta&lir, celle du destin
de l’attachement au o&ets tel qu’il peut varier selon les cas. *ien
entendu, la réduction préala&le de ce destin est un facteur de
trou&les.
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