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Projet : « réveil aux langues et citoyenneté » au cycle 2
La pluralité des langues à l’école, un atout pour l’élève et pour la classe. (prise en compte de toutes les langues parlées dans la classe pour progresser en français)
Proposé par Laurent ASSELIN aux classes du cycle II de l’école élémentaire NEZES, à partir
des travaux de Mme S. Alby.
Merci pour leur aide précieuse à : Me Assunta Renau-Ferrer, conteuse et spécialiste du
portugais du Brésil et du créole guyanais, Me Jocelyne Bonte, ILM en nengé et Me Sélita
NGOLI, ILM en saamaka.
1/ La classe, un espace plurilingue :
L’objectif est d’amener les élèves à accepter que la diversité linguistique et culturelle puisse
avoir sa place dans la classe.
Saluer dans différentes langues
Accepter des langues et cultures différentes
Connaître un lexique simple
Répéter des suites sonores dans des langues inconnues
Accepter que d’autres langues que le français puis avoir leur place dans la classe
Mémoriser comptines et chansons
Se concentrer, écouter et répéter des suites sonores dans des langues non familières
2/ A la découverte du monde des sons, des lettres et des mots :
Etre capable de segmenter des mots en syllabes
Prendre conscience de ses propres difficultés
Prendre conscience du fait qu’il est normal de faire des erreurs quand on n’est pas un
locuteur natif d’une langue
Tenter de lire des mots dans une autre langue.
Les différentes langues de Guyane :
Le français
Les langues amérindiennes : l’arawak, le palikur, le kali’na, le wayana, le teko, le
wayampi. Exemples : tamanwa ax kasis = le tamanoir mange les fourmis, en palikur ;
takpilem tumkai maloinë tënmai katalijak = on arrache du manioc rouge et on le met
dans le panier.
Le créole (kréyol) guyanais. Exemple : wonm-an lévé bonmanten gran bὁnὁ =
l’homme se leva de grand matin.
Le hmong. Exemple : ib daig ntawv = une feuille de papier.
Le saamaka
Le djuka tongo, l’aluku tongo et le paramaka qu’on appelle le nengé
Et toutes les autres : brésilien (portugais du Brésil), italien, espagnol, russe, chinois
madarin…
DIRE « BONJOUR »
français saamaka nengé brésilien créole
Bonjour !
i weki no !
U weki (oo) U doo en
Bom dia ! Bonjou !
Comment ça va ?
U fa anango ?
Fa ay go ? Como vai ? A kouman ?
JOUER AVEC LES MOTS ET DES IMAGES
Pour paraphraser les auteurs de « L’imagier multilingue de Guyane » publié par l’IRD en
2009 sous la coordination de Mme Odile Renault-Lescure, « les enfants du monde se
familiarisent souvent avec des images qui représentent des objets, des animaux, des
plantes qui sont dans leur entourage et qu’ils ont plaisir à reconnaître et à nommer ou
d’autres, inconnues, qui leur font faire des découvertes et enrichissent leur vocabulaire. Ils
ont à leur disposition des imagiers. Une image, un mot, c’est l’imagier classique. Une image,
plusieurs mots en différentes langues, c’est déjà plus rare. »
Erratum : « ara » en portugais se dit « arara »
JEUX POSSIBLES AVEC LES CARTES :
Présenter uniquement les cartes en français, faire nommer, faire lire les mots.
Corriger le lexique, la prononciation.
Présenter les cartes en créole guyanais et faire lire les mots.
Corriger la prononciation.
Présenter les cartes en saamaka et faire lire les mots.
Corriger la prononciation.
Présenter les cartes en nengé et faire lire les mots.
Corriger la prononciation.
Présenter les cartes en portugais du Brésil et faire lire les mots.
Corriger la prononciation.
Associer les cartes présentant la même image et deviner en quelle langue sont écrits
les mots.
Associer les cartes d’une même langue en s’aidant du code de couleurs.
Recopier des mots au tableau dans les différentes langues et les segmenter après
l’avoir entendu.
Observer les mots qui « se ressemblent »
CHANTER DANS TOUTES LES LANGUES
Frère Jacques
une comptine qui peut exister dans différentes langues, mais des onomatopées variées – demander
préalablement aux élèves comment fait le coq dans leur langue… et comparer un coq saamaka, un coq
français et un coq brésilien… Chacun entend et reproduit le chant du coq en fonction des sonorités de sa
propre langue… le coq, lui, ne « parle » ni français ni saamaka ni brésilien…
Frère Jacques frère Jacques
Dormez-vous ? Dormez-vous ?
Sonnez les Mâtines, sonnez les mâtines
Ding deng dong, ding deng dong
En saamaka: c’est une traduction, cette chanson ne fait pas partie du répertoire traditionnel. Remarquer
cependant les onomatopées finales qui varient. (deux versions trouvées)
Taata Jakopoe Taata Jakopoe Papa Jacob Papa Jacob
Duumi i ta duumi so Duumi i ta duumi so I dumio I dumio
Ja te jee di ghingé ta naki Ja te jee di ghingé ta naki Ja té yé di gengé Ja té yé di gengé
Bim bam bom Bim bam bom Bim bam bom Bim bam bom
En brésilien:
Irmão Jorge, Irmão Jorge
Já dormiu? Já dormiu?
O sininho toca, o sininho toca!
Din din dom! Din din dom!
Ecouter et apprendre une chanson en saamaka: « Aïe aïe aïe j’ai mal au dos »
Ecouter, faire deviner en quelle langue est la chanson, faire expliquer par les enfants dont
c’est la langue maternelle, chanter ensemble.
Petite chanson traditionnelle saamaka sur le mal au dos
Mama boï woï woï woï woï baka tati mié
Mama boï woï woï woï woï baka tati baka tati mi
Koti kokoti mé sa si dia benga
Koti kokoti mé sa si dia benga
Koti kokoti mé sa si dia benga
Mama boï woï woï woï woï baka tati mié
Mama boï woï woï woï woï baka tati baka tati mi
Koti kokoti mé sa si dia benga
Koti kokoti mé sa si dia benga
Koti kokoti mé sa si dia benga
Ecouter et apprendre une chanson en nengé : « Piki singi » (petite chanson)
Ecouter, faire deviner en quelle langue est la chanson, faire expliquer par les enfants dont
c’est la langue maternelle, chanter ensemble.
Piki singi
piki singi yu no taki gan sani piki singi yu taki soso low su (rose) ma den dey fu alen yu felifi mi ati baaw (bis)
petite chanson
tu ne veux pas dire grand chose
petite chanson
tu ne parles que de roses
mais les jours de pluie
tu peins mon cœur en bleu (bis)
Ecouter et apprendre une chanson en portugais du Brésil : « Coelhinho » (le petit lapin)
COELHINHO (Le petit lapin)
Je suis un petit lapin très gourmand
Avec des yeux rouges et le poil tout blanc
J’adore les carottes
J’en ai mangé une très grande
Et mon petit ventre a grandi !
Reprise
Fiquei barrigudo !
De olhos vermelhos
De pelo branquinho
De pulo bem alto
Eu sou coelhinho
Sou muito assustado
Porem sou guloso
Por uma cenoura
Eu fico manhoso
Eu pulo pra frente
Eu pulo pra trás
Dou mil cambalhotas
Sou forte demais
Comi a cenoura
Com casca e tudo
Tão grande ela era
Fiquei barrigudo
DES COLORIAGES MAGIQUES
papagay = perroquet en nenge
papakai = perroquet en saamaka
papagaio = perroquet en portugais du Brésil
asisi = gris en saamaka
baau = bleu en nenge
marrom = marron en créole guyanais
GRAND DOMINO DES LANGUES pour jouer collectivement au tableau
Jouer collectivement, en affichant les cartes au tableau, au « grand domino des langues ».
Je pose la première carte et les élèves posent les suivantes en nommant.
> > > > > > > >
ʌ < < < < < < v
tucano
en saamaka >
papakai
en nengé >
wasiwasi
en portugais du Brésil >
cutia
en créole guyanais >
arengnen
en français >
caïman
en saamaka >
pukusu
en nengé >
kaabu
en portugais du Brésil v
formiga
< en créole guyanais
< en saamaka
grénouy
< en nengé
wajamaka
< en portugais du brésil
pendee bubu
< en créole guyanais
carapanã
< en français
pasou mouton
< en saamaka
poisson
< en nengé
sindeki
ʌ en portugais du Brésil
koo
DIRE DES CONTES
Ci-dessous trois contes d’origine bushinenge en français :
« Ananshi et les queues de porcs »
« Ananshi et Monsieur la Mort »
« Ananshi et tortue ».
Un conte saamaka dans la version française « Le Tigre, le Singe et l’Homme » et écrit en
saamaka « Di Pendembeti, di Makuku ku di Womi ».
Un conte saamaka en langue saamaka : « Logoso ku gagbiyan » et en français.
ANANSHI ET LES QUEUES DE PORCS
DILITIN … DAÏTIN C’était il y a très longtemps… Monsieur Mouton paresseux et Monsieur Ananshi. Tous les jours, ils allaient à la chasse ensemble et ils ramenaient des cochons bois et toutes sortes d’animaux… Mais, au retour de la chasse, Ananshi gardait tout le gibier pour lui ! Chaque fois que Mouton paresseux venait pour se servir dans le plat, il lui disait : — Mouton paresseux, tu marches par terre à quatre pattes, tu vas salir tout le plat ! Donc, Mouton paresseux restait toujours affamé… Il se dit un jour : « Bon, qu’est-ce que je vais faire ?… Je vais aller chercher du ginginté ! » Le ginginté, c’est la queue de porc, c’est comme ça que les gens l’appelaient autrefois. Donc, il part, il marche, il marche, il marche… jusqu’à ce qu’il rencontre une vieille dame qui lui demande : — Mouton paresseux, où vas-tu comme ça ? — Je vais chercher de la queue de porc ; ça ne peut plus durer, je suis mort de faim ! — Viens voir, j’ai quelque chose à te donner. Et elle lui donne un morceau de charbon. Mouton paresseux lui dit : « Merci, madame », et il repart… Il marche, il marche, il marche… et il rencontre une autre vieille dame qui lui demande :
— Mouton paresseux, où vas-tu comme ça ? — Je vais chercher de la queue de porc ; ça ne peut plus durer, je suis mort de faim ! — Viens voir, j’ai quelque chose à te donner. Et elle lui donne un morceau d’argile. Mouton paresseux lui dit : « Merci, madame », et il repart… Il marche, il marche, il marche… et il rencontre encore une vieille dame qui lui demande : — Mouton paresseux, où vas-tu comme ça ? — Je vais chercher de la queue de porc ; ça ne peut plus durer, je suis mort de faim ! — Viens voir, j’ai quelque chose à te donner. Et elle lui donne un oeuf. Mouton paresseux lui dit : « Merci, madame », et il repart… Il marche, il marche, il marche… et au bout d’un moment, il voit, devant lui, la maison des diables, et, assise devant, une dame qui lui demande : — Où vas-tu comme ça ? — Je vais chercher de la queue de porc. — D’accord, mais fais attention ! Quand les diables arriveront, ils diront : « Ça sent l’humain ! Ça sent l’humain ! » ; moi, je leur dirai : « C’est mon côté humain que vous sentez », parce que j’ai deux côtés : un côté humain et un côté diabolique. Elle lui dit ensuite qu’il devra rester caché et que quand les diables iront se coucher, ils se mettront à ronfler. — Quand ils feront : « Fru », n’y va pas ; quand ils feront : « Uh », n’y va pas, c’est quand ils feront « Gru » que tu pourras y aller.» Mouton paresseux lui répond : « D’accord, madame », et il va se cacher derrière des bidons. Au bout d’un moment, les diables arrivent ; ils mangent un bidon de couac, puis ils se mettent à crier : « Ça sent l’humain ! Ça sent l’humain ! ». La dame leur dit alors : — C’est mon côté humain que vous sentez… Ils répondent : — D’accord ! et ils vont se coucher. Un peu plus tard, ils se mettent à ronfler… Lorsqu’ils font « Fru », la dame dit à Mouton paresseux de ne pas y aller. Un peu plus tard, lorsqu’ils font « Uh », elle lui dit de nouveau de ne pas y aller. Quand enfin, ils font « Gru », elle lui dit : « Tu peux y aller ! ».
Mouton paresseux prend son sabre qui était bien affûté ; il commence à couper une première queue de porc, il en coupe une deuxième… Il en coupe cinq, au total, les met dans sa touque, et il part avec. Les diables se réveillent et se mettent à sa poursuite ! Ils courent, ils courent, ils courent… Mouton paresseux prend le morceau de charbon et le jette derrière lui, un grand feu apparaît. Les diables se brûlent, mais ils arrivent à passer ; ils courent, ils courent, ils courent… Mouton paresseux prend cette fois l’oeuf et il le jette derrière lui, un grand fleuve apparaît là où il atterrit. Les diables boivent toute l’eau pour pouvoir traverser, et se remettent à courir ! Mouton paresseux prend alors le morceau d’argile et le jette derrière lui, et une montagne apparaît ! Comme les diables avaient mangé beaucoup de couac et bu beaucoup d’eau, ils n’arrivent pas à l’escalader, leur ventre était trop plein ! Mouton paresseux arrive enfin devant chez lui. En le sentant passer, Ananshi se demande : — Qu’est-ce qui sent la queue de porc, comme ça ? Mouton paresseux lui répond : — C’est moi, je suis allé en chercher ! Ananshi dit alors : — Moi aussi, je vais aller en chercher !, et il part en courant. Il court, il court, il court… jusqu’à ce qu’il rencontre la première vieille dame qui lui demande : — Ananshi, où vas-tu comme ça ? — Je vais chercher de la queue de porc. — Viens voir, j’ai quelque chose à te donner. — Oh ! dépêche-toi, je n’ai pas le temps ! La dame lui remet un morceau de charbon. Il repart en courant. Il court, il court, il court… et il rencontre la deuxième dame qui lui demande : — Ananshi, où vas-tu comme ça ? — De quoi je me mêle ? Je vais chercher de la queue de porc, quelle question ! La dame lui donne tout de même un morceau d’argile et Ananshi repart en courant. Il court, il court, il court… et quand il voit la troisième dame il se dit : « Oh ! Je suis sûr qu’elle aussi va me demander où je vais, et me faire perdre mon temps ! » Il va directement devant elle en lui disant : — Bon, donne-moi vite ce que tu as à me donner !, et il récupère l’oeuf des mains de la dame.
Il repart en courant et il arrive devant la maison des diables et la dame, assise là. Elle lui dit : — Quand les diables arriveront, ils diront : « Ça sent l’humain ! Ça sent l’humain ! », moi, je leur dirai : « C’est mon côté humain que vous sentez », et ils iront se coucher. Quand ils feront « Fru », n’y va pas ; quand ils feront « Uh », n’y va pas, c’est quand ils feront « Gru » que tu pourras y aller. Ananshi va se cacher et, au bout d’un moment, les diables arrivent. Ils mangent un bidon de couac, puis ils se mettent à crier : « Ça sent l’humain ! Ça sent l’humain ! ». La dame leur dit alors : — C’est mon côté humain que vous sentez… Ils répondent : — D’accord ! Et ils vont se coucher. Un peu plus tard, ils se mettent à ronfler… Lorsqu’ils font « Fru », la dame dit à Ananshi : — N’y va pas. Lorsqu’ils font « Uh », elle lui dit de nouveau de ne pas y aller. Ananshi s’impatiente et dit : « Quand est-ce que je vais y aller, alors ? ». Quand ils font « Grr », la dame lui dit : — Tu peux y aller ! Ananshi prend alors son vieux sabre qui était mal affûté et commence à couper. Il doit donner beaucoup de coups de sabre pour trancher une queue. Au total, il arrive quand même à en prendre trois et à s’enfuir avec. Les diables se réveillent et se mettent à courir derrière lui, ils courent, ils courent, ils courent… Ananshi prend le morceau de charbon et le jette devant lui, un grand feu apparaît. Il arrive à traverser en se brûlant, et les queues de porc sont carbonisées. Il n’a plus qu’à se lécher les doigts. Les diables courent toujours derrière lui ; il prend alors l’oeuf et le jette devant lui ; un grand fleuve apparaît ; Ananshi le traverse à la nage, mais les piraïs mangent les dernières queues de porc… Il sort de l’eau et repart en courant ; il prend le morceau d’argile et le lance devant lui ; une montagne apparaît et Ananshi, trop fatigué, n’arrive pas à l’escalader. Les diables le rattrapent et ils le tuent. C’est comme ça que le conte se termine.
Ce conte reprend un motif présent dans plusieurs contes euro - péens (voir notamment Fleur d’épine , transcrit par J.F. Cerquaud dans Contes de sorcières et d’ogresses), à savoir, celui d’objets magiques faisant apparaître des obstacles permettant la fuite du ou des héros. Plusieurs précisions nous semblent utiles : la première est que, selon le conteur, les porcs seraient associés au(x) diable(s). Toutefois, cette assertion ne nous a pas été confirmée ni infirmée par la suite. Ensuite, l’objet de la quête (les queues de porcs) nous semblent provenir d’une interprétation contemporaine ; comment ne pas voir l’influence des produits proposés dans les commerces du littoral ? Queues ou groins de porcs sont vendus,en effet, chez les commerçants chinois, conditionnés dans des touques. Mouton paresseux part chercher des queues de porcs qu’il stocke également dans une touque… Enfin, l’origine du mot « ginginté » demeure obscure, même si le conteur fait référence aux « premiers temps », c’est-à-dire à une appellation ancienne qui aurait été remplacée par le mot « agutee », c’est-à-dire « queues de porcs », de nos jours.
ANANSHI ET MONSIEUR LA MORT
DILITIN … DAÏTIN Monsieur Ananshi, mes amis ! C’était il y a très longtemps… Il vivait avec sa femme, Wenon, et leurs enfants, Assaniassamoomi, Apanikitapu… En ce temps là, la famine s’était installée dans la région. Ananshi dit un jour à sa femme : — Wenon, écoute, cette famine ne peut plus durer, je vais aller chercher du gibier !
Donc, il prend sa pirogue et il part. Il pagaie, il pagaie, il pagaie… pendant un bon moment, jusqu’à ce qu’il voit quelque chose devant lui… — Qu’est-ce que c’est, que cette chose-là, devant ?... Pour mieux voir, il se rapproche encore, et là, il le reconnaît : — C’est Monsieur la Mort !
Arrivé près de lui, il lui demande : — Monsieur la Mort, s’il te plaît, prête-moi ton oreille pour me protéger de la pluie qui arrive. La mort lui répond : — Je vais te la prêter, mais demain, tu dois me la ramener !
Ananshi lui répond : — D’accord ! Et il rentre chez lui sur sa pirogue, avec l’oreille de Monsieur la Mort. Une fois arrivé, il dit à sa femme : — Wenon, mets de l’eau à bouillir, j’ai trouvé du gibier ! Le lendemain matin, Monsieur la Mort attend qu’Ananshi lui ramène son oreille. Il attend, il attend, il attend… mais Ananshi ne vient pas. La Mort se dit alors : « Bon ! Ananshi ne viendra plus, je vais aller le trouver chez lui ! », et il part en pirogue jusque chez Ananshi. Une fois arrivé, il trouve Ananshi dans son hamac, il lui dit : — Ananshi, tu ne m’as pas rapporté mon oreille ! — Ahhh ! Ce n’est pas de ma faute, je suis tombé malade en revenant, hier, et je n’ai pas pu sortir de mon hamac… Mais, attends, je vais envoyer un enfant chercher ton oreille, elle est là-bas. En fait, Ananshi avait préparé un trou en hauteur, où ses enfants devaient aller se cacher. Il appelle un premier enfant : — Apanikitapu, s’il te plaît, va me chercher l’oreille de Monsieur la Mort. Apanikitapu répond : — D’accord, j’y vais !, et il va se cacher au fond du trou.
Au bout d’un moment, Ananshi appelle un deuxième enfant : — Assaniassamoomi, s’il te plaît, va me chercher l’oreille de Monsieur la Mort. Assaniassamoomi répond : — D’accord, j’y vais !, et il va se cacher au fond du trou. De la même façon, Ananshi envoie tous ses enfants se cacher. Au bout d’un certain temps, il dit à Monsieur la Mort : — Bon, cette fois, je vais envoyer ma femme, Wenon, c’est plus sûr ! Wenon, s’il te plaît, va chercher l’oreille de Monsieur la Mort, pour moi. Wenon y va, et elle aussi reste cachée au fond du trou. Après un moment, Ananshi dit à Monsieur la Mort : — Tu as vu ça ! C’est incroyable, cette femme se conduit comme un petit enfant ! Bon, attends-moi ici, je vais aller la chercher moi-même. Il se lève de son hamac et part en direction du trou ; dès qu’il est hors de vue, il court se cacher à l’intérieur. Monsieur la Mort attend Ananshi un petit moment, et il se dit : « Bon, il faut que j’aille trouver Ananshi ! ». Il trouve alors le trou qu’Ananshi avait rebouché avec un épi de maïs, il prend un bâton qui se trouvait là et il commence à fouiller au fond du trou. Ananshi dit : — Qui me cherche ? Je suis là ! La mort recommence. — Qui me cherche ? Je suis là ! La mort lui dit alors : — Ananshi, tu as mangé mon oreille ! — Ecoute, mon ami, hier, j’avais tellement faim, je n’en pouvais plus. C’est vrai, j’ai fait cuire ton oreille et je l’ai mangée… Au bout d’un moment, Apanikitapu dit : — Papa, je suis fatigué… Ananshi lui répond : — Eh bien, tu n’as qu’à lâcher et te laisser tomber ! Quand tu mangeais l’oreille de Monsieur la Mort, tu ne disais pas que tu étais fatigué ! A son tour, Assaniassamoomi dit : — Papa, je suis fatigué… Ananshi lui répond : — Eh bien, tu n’as qu’à lâcher et te laisser tomber ! Quand tu mangeais l’oreille de Monsieur la Mort, tu ne disais pas que tu étais fatigué !
Et tous les enfants, un par un, lâchent prise et tombent du trou. C’est au tour de Wenon de dire : — Ananshi, je suis fatiguée… Il lui répond : — Eh bien, tu n’as qu’à lâcher et te laisser tomber ! Quand tu mangeais l’oreille de Monsieur la Mort, tu ne disais pas que tu étais fatiguée ! Ananshi dit alors à la Mort : — Tu sais ce que tu devrais faire ? Tu devrais mettre de la terre et de la cendre là où je vais tomber, parce que, tu sais, j’ai mangé ton oreille et je suis bien gras maintenant ; tu ne voudrais pas que j’explose en tombant, tu n’aurais plus rien à manger… Monsieur la Mort lui répond : — C’est vrai. Et il met un bon tas de terre et de cendres à l’endroit où doit tomber Ananshi, qui lui dit alors : — Pousse-toi, maintenant ! Mais la Mort reste sur place.
Ananshi lâche prise, il tombe sur le tas, et la cendre est projetée dans les yeux de la mort qui n’y voit plus rien. Ananshi en profite, il s’enfuit en courant, et il va se cacher. Mon conte nous montre que, dans la vie, il ne faut pas avoir de trop vilaines manières !
La rencontre d’Ananshi et de Monsieur La Mort est reprise dans plusieurs contes bushinengués (voir, par exemple, la version proposée dans Contes des Alukus de Guyane , Ananshi et la mort ) ; ici, le conteur évoque le nom des enfants de Wenon et Ananshi : Assaniassamoomi et Apanikitapu. Ces noms ne sont pas fortuits et appartiennent au patrimoine oral, au même titre qu’Ananshi lui-même. Après avoir conté, Paul me confia qu’il avait omis un troisième enfant, Abenguélébenguélé, mais que sa présence au sein de la famille était sous-entendue : les deux premiers ne vont pas sans le troisième. Une analyse plus approfondie mettrait en évidence la dimension humoristique de ces prénoms. Deux éléments nous ont paru intraduisibles, sans nuire à la fluidité du texte en version française : dans la deuxième partie du conte, il est dit qu’Ananshi a préparé « un trou en hauteur pour que ses enfants aillent s’y cacher » ; il faut prendre en compte qu’Ananshi, même s’il parle, est une araignée et en conserve donc les aptitudes. Enfin, dans la version originale, c’est avec le coeur d’un épi de maïs ( « kalu » en nengué tongo) qu’Ananshi a rebouché son trou. Enfin, nous avons conservé la morale du conte telle que Paul l’a entendue, bien qu’elle soit illogique.
ANANSHI ET TORTUE
DILITIN … DAÏTIN Cette histoire se passe il y a bien longtemps. Mes frères, à cette époque, Monsieur Ananshi et Monsieur Tortue étaient déjà des amis de longue date ! Un jour, Ananshi propose à Tortue : — Puisque nous n’avons rien d’autre à faire, allons jouer aux billes ! — D’accord, allons-y ! Les voilà qui prennent leurs billes et qui partent. Ils marchent, ils marchent, ils marchent et ils arrivent. Ils se mettent à jouer, ils jouent , ils jouent, ils jouent… Mes amis, ce genre d’histoires, il faut les voir pour y croire ! Pendant que nous étions en train de parler, Tortue a lancé sa bille et elle est entrée dans un trou ! Tortue se demande : « Comment je vais m’y prendre pour la récupérer ? Bon, il n’y a pas d’autre possibilité, je vais aller la chercher ! ». Mais, vous savez, comme Monsieur Tortue est très lent, il prend tout son temps pour aller jusqu’à l’intérieur du trou. Une fois arrivé, il voit une vieille dame et lui dit : — Madame, ma bille est tombée au fond du trou, je suis venu la chercher.
— Vas-y, mais ce que je sais, c’est que là-bas, tu vas voir plusieurs sacs, tu dois prendre le plus petit, je t’en prie ! — D’accord, Madame ! Donc, il y va, il prend le plus petit des sacs comme le lui a conseillé la dame et il rentre tout doucement avec, jusqu’au village. Une fois arrivé, il invite tous les membres de sa famille chez lui. Ils arrivent, ils s’installent autour de la table et Tortue referme la porte. Alors, ils ouvrent le sac et à l’intérieur, ils trouvent tout ce qu’ils rêvaient de manger ! Ils mangent, ils mangent, ils mangent ! Ils mangent tellement qu’ils n’arrivent même plus à bouger ! Ils se disent tous en coeur : « Voilà ce qu’on appelle bien manger!» Quand Ananshi voit ça, il se dit : « Comment ça ? Tortue a trouvé tout ça et moi, je ne vais rien trouver ! », et il retourne directement au même endroit. Il lance exprès sa bille au fond du trou ; il y va et il rencontre la vieille dame. Il lui dit : — Madame, ma bille est tombée au fond du trou, je suis venu la chercher. — Vas-y, mais ce que je sais, c’est que là-bas, tu vas voir deux sacs, tu dois prendre le plus petit, je t’en prie. Ananshi lui répond : — Oh ! Laisse-moi tranquille, pourquoi je prendrais le petit sac ? Je vais prendre le grand sac ! Il y va et il prend le plus grand sac en se disant : « Quoi ! Moi, prendre le petit sac ! Elle me fait rigoler cette dame ! », et il repart avec jusqu’au village. Une fois arrivé, il invite tous les membres de sa famille. Ils arrivent tous chez lui, et Ananshi bouche tous les petits trous de la maison pour être sûr qu’ils soient bien tranquilles. Quand tout le monde est bien installé, il leur dit : « Mes frères, aujourd’hui on va manger ! On va bien manger ! ». Alors, il ouvre le sac, et là, toutes sortes de guêpes et de mouches à feu sortent du sac et se mettent à les piquer ! Ils se font tellement piquer qu’ils roulent par terre et finissent par s’évanouir !
Il faut bien écouter la fin de mon conte, elle nous apprend que, dans la vie, il ne faut pas être trop gourmand, sinon, cela peut vous coûter la vie !
Ce conte reprend le thème traditionnel de l’objet magique à double effet (voir, par exemple, Ananshi et la platine magique, dans Contes des Alukus de Guyane ). Dans la deuxième partie du conte (l’épisode d’Ananshi), le conteur, pris par son élan, va jusqu’à ne pas préciser ce qui sort réellement du sac ; là aussi, le conte reprend un motif classique dans les contes bushinengués : alors qu’il croit trouver à manger, ce sont des « mouches à feu » ou mouches « sans-raison » (variétés de mouches piqueuses de Guyane) qui sortent du sac. Ces bêtes, comme les guêpes européennes, symbolisent l’agression subite à laquelle on ne peut échapper, à fortiori lorsqu’on est enfermé dans une pièce.
LE TIGRE, LE SINGE ET L'HOMME
Il y a bien longtemps, dans une forêt noire et sombre, vivait un tigre qui se prenait pour le roi de la forêt : chaque jour il allait chercher un adversaire digne de se battre avec lui. Que ce soit cochon bois, serpent, renard, il les battait tous. Il croyait qu'aucun animal de la forêt ne pouvait le battre.
Un beau jour Tigre décida de réunir tous les animaux car il voulait leur annoncer qu'il était le plus fort et que personne ne pouvait le tuer.
Macaque intervint et dit :
"Si, Tigre, je connais quelqu'un qui pourrait te tuer !
- Et qui donc, macaque, pourrait me tuer ? l'anaconda, la taupe ?
- Non, c'est l'homme,
- Et qui est l'homme ? demanda Tigre. Un animal de la forêt ? Je voudrais le rencontrer !
- D'accord ! répondit macaque. Tu vas te cacher dans un buisson près du grand chemin. Il y aura là deux personnes : une femme et un homme.
La première personne qui passera sera la femme. Il ne faudra pas l'attaquer, elle est faible. Tu pourras attaquer la deuxième, ce sera l'homme, lui il est fort. Quand tu auras fini avec lui tu me rejoindras au lac."
Tigre alla se cacher dans un buisson près du grand chemin. Il attendit longtemps et vit deux personnes qui venaient. Il se rappela de ce que macaque lui avait dit et voyant la femme passer, il se dit :
"- Non, ça c'est la femme, elle est faible"
L'homme passa et il se dit :
"- Ça ce doit être l'homme ; lui, il est fort"
Tigre sauta sur l'homme et le griffa. L'homme lui donna un coup de pied, prit son sabre et blessa le tigre sur la patte arrière. Tigre recula, prit son élan et sauta sur l'homme. L'homme prit alors son fusil et tira en plein dans le ventre du tigre. Tigre eut le temps de s'enfuir et alla rejoindre
macaque. Tigre lui raconta comme l'homme est plus fort que lui, et dit :
"- L'homme a pris ses énormes griffes et il m'a griffé, puis il a pris sa queue et j'ai juste eu le temps d'entendre le bruit énorme qu'a fait sa queue, et c'est comme ça que je suis blessé."
DI PENDEMBETI, DI MAKAKU KU DI WOMI
A wan logi ten pendembeti bi ta dëë a wan dungu matu a bi ta mbei taa hen da di basi u di matu : hii hi wan daka a bi na go suku sëmbë a toobi. A bi ta fon dëë mbeti ku ma pingo, sindeki, sabana dagu. A bi a bi di pakisëë taa na wan sa feti guhen.
A wan daka hen pendembeti kaï wan gaan kuutu ku hii dëë mbeti taa wan mbeti dëë di o sa kiimi.
Hen makaku ko a dëë min di :
- Hen a taki da pendembeti taa mi sabi wan sembe di sa hii jue!
Hen a taa
- Ambe makaku! Gantataai no ? Di hedi ma u ? - Nono, wan womi.
- Hen pendembeti hakisi taa ambe da di wan. Wan mbeti u di
matu no ? Mi ke sabi hen ! - Makaku taa sondi an toobi. Hen makaku piki hen taa i sa go
tjubii a wan busu busu kamian a pasi bandja de tu sembe wan mujëë ku wan womi.
Di fosu sembe di o pasa hen da di mujëë no ja musu kisi hen jëë bika a tanga.
Di fu tu sëmbë o pasa da di womi no i sa kisi hen biga a tanga. No te ju kabak u hen no i ko miti mi a di peti wata.
Pendembeti go tjubi longi ten a di busu busu kamijan. U di pasi bandja ta wakiti de tu sëmbë de o ko pasa.
Na a de so panta panta. Hen a pakise di sondi makaku bi taki den.
- Hen a ta nono di mujëë hen ta pasa de a tanga.
Hen wan womi ta ko hen a taa.
- Disi musu u de di womi bika a bigi a sinkini.
Hen djanbo go a di womi, hen a hunjen gwalauw hen di womi naki hen ku wan sitonu, hen a koti hen ku di ufangi fen nenbaka futu. Hen di pendembeti pusa go ku baka hen a djanbo ko baka a di womi.
Hen di womi teei di goni fen hen a suti di pendembeti den bëë.
Hen di pendembeti feni wan kansi hen a kule go miti makaku.
hen a ta piki makaku faa di womi tanga moo hen, hen a taki:
- Hen di womi tëëi dig an langa hujan fenhen a hujan mi, hen tëëi di goni fen, no di bai fen no mi jeei, hen mi si taa mi kisi makëëi.
Hen mbei ja musu ta djula fa i tanga pooi.
Logoso ku gagbiyan
Dorus VREDE / Randolf LIENGA France-Guyane 27.07.2011
(illustration ASM)
CONTE SARAMAKA.
- Mato - Töngöni
- Wë gda u gbi gdë
Nö sö Logoso ku Gagbiyan gbi gdë gaan mati. A gdi ten gdë nö Logoso gbakamindi gbi gdë linzolinzo sililii ku ma sipei.
Hi yuu te nyanya yuu dow, nö Gagbiyan nango n'hën mati Logoso ku hën muyëë
pisi. A nango sindo nö gde nya te gde gbëë fuu, nö gde sindo u gde ta gda pei pei oto.
Nö te gde sindo gda sösö oto tee gde an peesa mö, nö Gagbiyan suku ën wosu
pasi. Tee a sagbi taa nyanya yuu zuntu, nö a tei pasi toona go a Logoso pisi gbaka.
Sö gde ta ligbi u gde nango nö. Ma gdi muyëë u Logoso an gbi ko logbi gdi pisi
u gdi ligbi gdë möö. Wan gdaka hën a kai hën manu Logoso tefa a piki,, hën a ta : Manu o, andi mbei gdi mati f'i naandë an sa gdë te wan gdaka nö a kai u gbe u
go në pisi go nya kuma fa a tako a u aki tu ?
- Ai gdi mii, y'a leti. GDi ko Gagbiyan o ko a ki mö, nö mi o hakisi hën f'andi mbei a sa kai u gbe u go n'hën pisi go nya tu.
Hmmm, gdi nyanya yuu a kagba dow seei, Gagbiyan dow kaa. Wë gwenti siki.
GDi Logoso muyëë puu nyanya gda gde, gde nyan tefa gde kagba, hën Logoso taa :
- Wë mati o, mi kë hakisi i wan sondi. Wë i seei sagbi kaa ta na tigde oto i ta ko a
mi ku mi muyëë aki, u ta gboi nyanya ta nya te u gbëë fuu. F'andi mbei gbaka y'a sa gdë te wan gdaka nö i kai u gbe u ko a yu pisi ko nya tu ?
- Tuu f'i mati, y'a leti tuu. Ma i s'andi ö ? Wan u gdee gdaka aki nö mi o fuuyai, nö mi o kai yu ku i muyëë gbe un ko a fuuyai oso, y'a fu panta.
Hën gdi Gagbiyan fan sö tefa a kagba hën gde gda oto pikisö mö, hën a gda
adyoisi. GDi Logoso konda gda hën muyëë tefa a kagba unfa hën ku hën mati ¨Gagbiyan fan, hën hën muyëë hakisi hën taa e unfa gde u gdu go dow a
gagbiyan pisi u go n'hën fuuyai wosu.
- Luku fa gde futu fi sati. Gabgiyan ta gdë tee a wan gaan hei paw egdi. Logoso muyëë pakisei gdi sondi go a paki- sei hën ko, hën a taa :
- I saandi w'o gdu ö gdi gbaa. GDi fuuyai di mati f'i o fuuyai, nö w'o tya kagdo
go gd'hën. - Mi o gbuta i a wan dosu dendu nö mi seeka lolu i ku kagdo pampiya te mi
kagba.
GDi gdi fuuyai gdaka u Gagbiyan dow, hën Logoso sugbi go a gdi dosu dendu hën hën muyëë seeka hën lolu tefa a kagba ku gde waitiwaiti kadgo pampiya hën
a manda kai Gagbiyan gbe a ko.
- Luku aki mati, gaantangi f'i gdi i kai u a gdi fuuyai osu f'i, ma gdi w'a sa dow teka i ta gdë, nö w'a o sa ko, nö luku wan kagdo f'i aki. Nö mi ku mi manu ta
wensi i wan gbunu fuuyai gdaka.
Gagbiyan wai tee, hën a tei gdi dosu hën a toona go n'hën pisi gbaka. GDi a go dow wante, hën a waka tee n'hën muyëë fesi, a gdë seei waiwai sö, hën
a taa
- Luku gdi mii, u fendi kagdo f'u gaan mati Logoso ku hën muyëë. - Kagdo nö, faandi mbei ?
-Y'a sa nawan sondi! Mi gbi taki gda de taa mi fuuyai tigde, nö gbe gde ko a u
pisi ko nya. Ma mi sagbi taa gde an u sa ko dow te aki, hën mbei më pena taki gda i seei!
Hën, hën muyëë taa :
- Ah! Nö sondi a toogbi. Andi gde gda u kuma kagdo ? - Yagbi hesihesi gboo luku!
GDe an kagba u yagbi gdi dosu seei, gde si Logoso pu hën egdi tako a döö töön Hën a taa :
-Luku mi aki womi, mi ko dow te aki. Naansë gdi fesa gdë.
Gagbiyan panta tee, a ko taa : - Un fesa, yee! Un fesa ? Fesa a gdë aki! Hën a tötö Logoso kumutu a gdi paw
egdi te a goon gbolow, gbooko Logoso gbaka mindi pisi-pisi.
Fu hën mbei Logoso gbakamindi ko gdë sö kuma fa a gdë tide aki. Naandë mi oto dow!
GDi womi gdi gde ta kai Dorus Vrede hën konda gdi kontu aki gda mi hën mi
sikifi hën gbuta a pampiya. Conte saramaka raconté par Dorus VREDE Transcrit par Randolf LIENGA
- La tortue et l'aigle
Autrefois, la tortue et l’aigle étaient de très bons amis. À cette époque la tortue avait la
carapace bien lisse comme un miroir.
Quand l’heure de dîner arrivait, Aigle rendait chaque fois visite à son ami Tortue et sa
femme.
Ils mangeaient jusqu’à être rassasiés et commençaient à se raconter des histoires de toutes
sortes. Après avoir parlé de tout et de rien, l’Aigle disparaissait, et revenait seulement au
moment du dîner suivant.
Cela continua un bon moment. Mais la femme de Tortue n’aimait pas trop ça. Un jour elle
appela son mari et lui dit : « Mon chéri, pourquoi ton ami ne nous invite jamais chez lui pour
le dîner ?
— Oui ma chérie, tu as raison. La prochaine fois quand il viendra, je lui poserai la question.
L’heure de dîner arriva et Aigle vint comme l’habitude.
Ils mangèrent comme si de rien n’était. Quand le repas fut terminé Tortue dit :
— Mon ami, je veux te demander quelque chose. Il y a déjà longtemps que tu viens manger
chez nous. Quand est-ce que tu nous invites chez toi aussi ?
— C’est vrai, mon ami, tu as raison. Tu sais, je vais fêter mon anniversaire bientôt alors vous
serez mes invités.
Ils discutèrent encore un peu et Aigle repartit chez lui.
La femme de Tortue lui demanda comment faire pour arriver chez l’aigle pour son
anniversaire.
— Regarde comment tes pieds sont courts et Aigle habite dans un arbre très haut.
La femme se mit à réfléchir.
— Tu sais ce que nous allons faire mon chéri ? Ce sera l’anniversaire de ton ami, alors nous
allons lui faire un cadeau. Je veux te mettre dans un carton bien emballé dans un papier
cadeau.
Le jour de l’anniversaire d’Aigle, Tortue grimpa dans le carton comme prévu. Sa femme
l’enveloppa avec un très beau papier cadeau et de très belles décorations. Après, elle fit venir
Aigle.
— Regarde mon ami, nous ne pouvons pas arriver là où tu habites, mais merci quand même
de nous avoir invités. Voici ton cadeau d’anniversaire. Bon anniversaire de la part de mon
mari et moi !
Très content, Aigle prit le carton et repartit chez lui.
Quand il arriva, il alla tout de suite voir sa femme et lui dit :
— Ma chérie on a eu un cadeau de nos grands amis Tortue et sa femme.
— Un cadeau, pourquoi ça ?
— Tu n’en sais rien ? Je leur avais dit que c’était mon anniversaire aujourd’hui, parce que je
savais qu’ils ne pourraient pas venir jusqu’ici. C’est pour cela que je les ai invités chez nous
sans même te prévenir.
— Ah ! D’accord dit la femme. Et que nous ont-ils donné comme cadeau ?
— Vite ouvrons !
Quand ils ouvrirent le carton, ils virent leur ami Tortue qui commençait à sortir sa tête du
carton.
— Regarde-moi, dit Tortue. Je suis arrivé jusqu’ici Aigle ! Où est la fête ?
L’aigle était effrayé :
— La fête ? Quelle fête ? Il n’y a pas de fête ici !
Tout d’un coup, il poussa Tortue, qui tomba quelques mètres plus bas par terre et cassa sa
carapace en plusieurs morceaux.
C’est pour cela que, depuis, la carapace de la tortue est comme nous la connaissons
aujourd’hui.
Conte saamaka raconté par Dorus Vrede, transcrit et traduit par Randolf Lienga
DIRE AU REVOIR
Au revoir
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Au revoir dúumundu Mi e gwe (je pars)
até até logo
ovwar orévwa
adyé
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