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L7PHO (CM2) Acquisition de la parole: production, du babillage aux premiers mots (P. Hallé, LPP). 8 Octobre 2008. CM2: Acquisition 1 : - PowerPoint PPT Presentation
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L7PHO (CM2)
Acquisition de la parole:
production, du babillage aux
premiers mots
(P. Hallé, LPP)
8 Octobre 2008
CM2: Acquisition 1 :
Description des différentes étapes observées pour les productions vocales des jeunes enfants, de 0 à 2 ans ; aspects segmentaux (consonnes, voyelles, syllabes) et prosodiques ; l’accent est mis sur la “spécialisation” des enfants pour leur langue maternelle (quels aspects de leurs productions vocales deviennent typiques de leur langue maternelle), en dehors des contraintes universelles (maturation anatomique et contrôle moteur).
La première partie du cours est centrée sur les caractéristiques phonétiques du babillage ; dans la seconde, on aborde l’émergence des mots produits, y compris celle des mots ou proto-mots de fonction.
=> savoir décrire les différentes étapes, en particulier le babillage
=> savoir distinguer/expliquer les aspects spécifiques et les aspects universels
ENJEUX THÉORIQUES
(1) CAPACITÉS/CONNAISSANCES INNÉES versus APPRISES
• inné vs. acquis / organe du langage vs. “tabula rasa” Grammaire Universelle (GU) vs. apprentissage ex nihilo en tout cas, interactions complexes entre organisme et environnement.• moyen terme : mécanismes innés pour l’acquisition du
langage ?
(2) PHYLOGENÈSE / SPÉCIFICITÉ DE LA PAROLE
• Evolution progressive (incrémentale) vs. mutation ?
singes apprenants, enfants privés d'input• Etapes intermédiaires, proto-langages ?• Spécificité des diverses langues• Spécificité du traitement de la parole (vs. autres sons)
connaissances innées vs. acquises par apprentissage ?
Question dépassée ?
Non, le débat est vif et l’enjeu important : l’esprit de l’enfant a-t-il un contenu indépendant de l’expérience ?
=> Points de vue empiriste vs. innéiste
Elizabeth Spelke: théorie des “core knowledge” innés (géométrie, numérosité, physique, balistique, orientation dans l’espace…).
Ces core knowledges, peuvent être communs à plusieurs espèces animales.
C’est leur utilisation en combinaison qui peut être spécifique à telle ou telle espèce animale.
“Core Knowledge of Geometry in an Amazonian Indigene Group”
Dehaene, Izard, Pica, & Spelke (2006), Science, 311, 381-384
Does geometry constitute a core set of intuitions present in all humans, regardless of their language or schooling? ... Mundurukú children and adults spontaneously made use of basic geometric concepts such as points, lines, parallelism, or right angles to detect intruders in simple pictures ... evidence for geometrical intuitions in the absence of schooling, experience with graphic symbols or maps, or a rich language of geometrical terms.
organe du langage vs. apprentissage non organe du langage vs. apprentissage non spécifiquespécifique
arguments pour l'organe :
• Idiots parlant; e.g., syndrome de Williams• Dysphasiques surdoués ; Autistes Asperger qui ne parlent pas
(ne peut s'expliquer par apprentissage ou défaut d'apprentissage)
• Malgré la pauvreté de l'input les enfants apprennent à parler sans effort :
(re)création d'une langue structurée sans langue maternelle véritable
- créoles à partir des pidgins
- langues signées à partir de "pidgins" signés (Nicaragua: LSN ISN)
- cas d'enfants développant seuls une langue signée
• combinatoire infinie, production de nouvelles phrases jamais apprises…
Compromis entre organe et apprentissage général
Ce qui est inné n'est pas la GU, mais un programme d'acquisition (innately guided learning) : cf. Darwin qui parlait déjà de
“… tendance instinctive à acquérir l'art du langage”
Question des singes'30s: Gua (Kellog's) couldn't speak
'40s: Vicki (Hayes') said 'cup', 'up', 'mama', 'papa' (?)
'60s: Washoe (Gardner's) (adapted) ASL: 130 signs, 2-3 w-sentences?
'70s: Loulis, son of Washoe (Fouts') learned signs from mother?
——: Lana (Savage-Rumbaugh) keys on electronic keyboard
——: Nim Chimsky (Terrace) ASL
——: Sarah (Premack's) magnetic tokens: learned "colour" concept
——: Koko (Patterson) ASL, created new words: 'eye-hat' ≈ 'mask' …
'90s: Kanzi (Greenfield) ASL/keyboard learned some syntax?
Chomsky: why would chimps need us? language faculty is so advantageous...
Enfants privés d'inputlégendes: Psamtik I (600 BC):
selon Hérodote, 1er mot becos (Phrygien); autres: Jean IV d'Ecosse: l'hébreu…
Victor de l'Aveyron (Sicard puis Itard): never could speak (only "Oh Dieu") but could write.
'Genie': enfant placard '70s (!) at 13: only learned telegraphic speech.
'Isabelle': isolée avec mère muette -> 6: good language level after 2 years!
Helen Keller: sourde/aveugle à 19 mois: apprend par le toucher (w-a-t-e-r), puis à parler (-> méthode Tadoma), à lire/écrire le Braille…
Suggère: l’âge est critique surtout pour le langage parlé (Victor); implications pour un "organe du langage" ?
PLAN
◊ production: spécialisation vers la langue
maternelle
• aspects généraux (liés à la prosodie)
- exemples de babillages anglais,
français …
• caractéristiques segmentales
- voyelles, consonnes, cooccurrences
- vers le modèle adulte
• premiers mots
• mots de fonction
Productions vocales enfantines: les stades "classiques"(1) 0–2mois : sons "végétatifs" ou "réflexifs"
(2) 2–5 mois : 'cooing' (arheu, agueu …); 16 semaines : rire
vers 4–5 mois : contrôle phonation, premières voyelles
(Koopmans van Beinum & van der Stelt, 1979)
(3) 3–7 mois : vocalisations "volontaires", (qques protosyllabes)
(4) 7–10 mois : babillage canonique (syllabes répétées et jargon)
(5) 9-11 mois : 'variegated' babbling et jargonVariantes terminologiques
- "Goo" stage (Oller, 1980), "Cooing" (Stark, 1980), "Glottal" and "Velar" stage (Roug et al., 1989).
- "Expansion stage" (O), "Vocal Play" (S), "Vocalic stage" (R)
- Koopmans van Beinum (1979): uninterrupted/interrupted phonation (1/2)
single/reduplicated articulatory movements (2/4), phonatory variations (3)
Positions théoriques sur le statut du babillage
• exercices sans rapport avec le stade linguistique des 1ers mots
Jakobson (1941: Langage enfantin et aphasie)Chomsky (1959: A review of Skinner's Verbal Behavior,
Language)Lenneberg (1967: Biological foundations of language)
(pts communs: 1. caractère universel, 2. input peu (pas) important, 3. discontinuité entre babillage et 1ers mots)
• continuité entre babillage et 1ers mots, modèle "biomécanique"
MacNeilage (1980-2006: Frames then Contents)Lindblom (1992: phonological units as adaptive
emergents)
(base = cycle mandibulaire; contraintes perception/production ; on reste dans l'universel mais la continuité observée est expliquée)
• interaction entre contraintes universelles et "expérience" de l'input
de Boysson-Bardies et col. (1989: babbling drift, cf. Brown '50s)(sélection des formes phonétiques et prosodiques pertinentes)
importance de l'input auditif et visuel; convergence vers le modèle adulte (hypothèse de
l'interaction)• orientation "spéciale" des enfants pour la parole:
détection des accents étrangers (Grégoire, 1937: anecdotes;
Mehler et al., 1988: données expérimentales)
• capacités d'imitation des expressions/gestes, e.g. du visage:
Meltzoff & Moore (1977), Science.
• enfants sourds: des vocalisations jusqu'à 6 mois, mais babillage
retardé (~4-6 mois), et surtout des [ba, ma, pa] "visibles"
babillage manuel
• données empiriques des études inter-langues => convergence
- jugements par adultes des productions enfantines- analyses acoustiques- comptages basés sur transcriptions larges
• parallélisme production / perception
Meltzoff, A. N., & Moore, M. K. (1977). Imitation of facial and manual gestures by human neonates. Science, 198, 75-78.
Facial imitation at 2-3 weeks
Petitto et al., 2001, Nature
Les enfants exposés à l'ASL ont, en plus du beat "rapide" (2.5 Hz), un rythme lent (~1.5 Hz) : ce serait la base du babillage manuel.
Petitto & Marentette, 1991, Science
babillage manuel
Base du "babillage manuel" : Petitto et al. (2001), Nature
QuickTime™ et undécompresseur Cinepak
sont requis pour visionner cette image.
Les bébés utiliseraient le côté droit de la bouche (plus ouvert) pour le babillage, mais pas pour les sourires ou autres sons de "non-babillage"
(Holowka et Pettito, 2002, Science: 10 5-12-mos Fr/Eng babies)
Fig. 1. Consecutive frames from video recordings showing a baby's left mouth opening while smiling (left) and right mouth opening while babbling (right). Mean Laterality Index (LI) scores for all of the babies were as follows: babble = +0.88 (red), nonbabble = -0.08 (yellow), and smile = -0.82 (blue).
smiling
BABBling
Les babillages commencent à se différencier dès 8 mois
Expériences de jugement subjectif (de Boysson-Bardies et al., 1984) : Ss adultes français ; paires d'échantillons babillage [fr. , autre]
échantillons de babillage
comparaison 8 mois 10 mois
français vs. tunisien 75.874.4français vs. cantonais 69.431.9
pourcentages d'identifications correctes (lequel des deux est français ?) critères possibles: intonation, qualité de voix …
bébés tunisiens: attaques dures, friction dans relâchements, accentuation.bébés français: allongements, modulations plus douces.bébés cantonais: entering tones –> glottal stop exemples adultes : 合 [hap], 一 [yat], 國 [kok] => [ha?, yat?, ko?]
extrait de babillage "cantonais"
Typique du cantonais ? [la.a˘E) ta?] ton "entrant" sur [ta] (≈ [taë])
extrait de babillage "algérien"
Typique d'une langue arabe? [?ajze ajE˘] (glottal stop en initiale)
extrait de babillage "british"
No comment … On croit reconnaître "sandwich" (+ pattern F0 !)
extrait de babillage "français"
Un échantillon moins exotique (bien français ?) [bujeojae˘]
A coté de ces impressions qualitatives, y a-t-il des différences que l'on pourrait
quantifier ?
• prosodie, patterns métriques (Levitt & Wang,1991) :différences entre bébés français et américains dès 5 mois
• propriétés spectrales : spectres LTS (long term spectra),reflétant positionnements supralaryngaux spécifiques ?
• timbre et distribution des voyelles : "espaces vocaliques" influencés par l'environnement linguistique ?
• distribution des consonnes
• cooccurences CV
• aspects "coarse grain" (squelettes syllabiques, patterns syllabiques …)
British English
Algerian
French Cantonese
Espaces vocaliques pour 4 communautés (10 mois)
Ellipses à 75% de confiance (de Boysson-Bardies et al., 1989, JCL)
Indice de compacité F2/F1 pour 4 communautés (adultes vs.10 mois)
2.0
2.5
3.0
3.5
4.0
Anglais Français Algérien CantonaisCommunauté linguistique
F2/F1
AdultesEnfants
Exemples: /a, O/ compactes ; /i/, /e/ diffuses
Distributions des voyelles(~ 18 mois: français vs.
japonais)
0
10
20
30
languagetarget words1st wordsbabbling
observed %
Japanese
French
0
10
20
30
languagetarget words1st wordsbabbling0
10
20
30
languagetarget words1st wordsbabbling
high back[u, ¨]
mid front[e, E]
high front[i, y]
Tendances: beaucoup plus de HB (très net) et HF en japonais qu'en français; davantage de MF en français. Tendances pour les langues en général (language), les mots adultes "visés" par les enfants, les premiers mots et le babillage.
Distributions des consonnes(français, anglais, japonais,
suédois)
French
AE
Japanese
Swedish
10
20
30
40
50
60
0 W 4 W 15 W 25 WRecording Session
% labial consonants
French
AESwedish
30
40
50
60
70
80
0 W 4 W 15 W 25 WRecording Session
% stop consonants
0-25 Words :10 mois à 16-20 mois
Tendances stables : les français ont (a) le plus de labiales et (b) le moins de stops; les % n’évoluent pas beaucoup, mais les SDs diminuent de façon marquée (de ~24% à ~8%)
% labiales
% occlusives
Affinités "biomécaniques" (MacNeilage & Davis, 2000,
Science)
Fig 1. A schematic view … [with] the three intrasyllabic CV co-occurrence patterns … [mama, dædæ, gogo] by an American adult and babbling episodes … can be heard at Science Online: www.sciencemag.org/feature/data/1047897.shl
[ma, dæ, go]
adult
infant
adulte : mama, tætæ
F2 pour [æ] vs. [a] :
~1900 > ~1200 Hz
enfant : mama, tætæ ?
F2 pour [æ] vs. [a] :
~1450 < ~1750 Hz
mais est-ce bien un [æ] plutôt qu'un [a] ?
mama taetae
mama taetae
1. AJA mother, older female relative 15. MANO man2. BU(N)KA knee, to bend 16. MENA to think (about)3. BUR ashes, dust 17. MI(N) what?4. CHUN(G)A nose, to smell 18. PAL the number 25. KAMA hold (in the hand) 19. PAR to fly6. KANO arm 20. POKO arm7. KATI bone 21. PUTI vulva8. K'OLO hole 22. TEKU leg, foot9. KUAN dog 23. TIK finger, the number 110. KU(N) who? 24. TIKA earth11. KUNA woman 25. TSAKU leg, foot12. MAKO child 26. TSUMA hair13. MALIQ'A to suck(le), nurse, breast 27. ?AQ'WA* water14. MANA to stay (in a place)
Tendances universelles ? MacNeilage & Davis (2000), Science
Affinités CV VowelFront Central Back
Coronal 1.94 0.90 0.70Consonant Labial 0.83 1.31 0.72
Dorsal — 0.82 1.63
Biais "LabCor" C2Labial Coronal Dorsal
Labial — 8 3C1 Coronal 1 1 4
Dorsal 1 5 —
CV affinities in the first & second syllabes of CVCVs
(interaction…)Adult reference
10-12-month-olds
blue: 'biomechanic' (8 et 8); brown: 'unpredicted' (10 et 14)(only data for at least 5% of total CV productions are presented)(de Boysson-Bardies, 1993, "Ontogeny of language-specific syllabic productions")
Conclusion sur les productions précoces
• Convergence nette vers la langue maternelle dès 10 mois
• Aspects les plus saillants :
- D'abord des aspects larges, plutôt prosodiques
- Puis les voyelles- Ensuite, consonnes et patterns
syllabiques
• L'appartenance linguistique d'un enfant est reconnaissable vers 8-10 mois.
quelques données de prosodie
• communication par l'intonation (vers 4-5 mois ?) - d'Odorico (1984), JCL : corrélations 'type de
cris' x 'signifié'- Huttenlocher (1984) : compréhension 'no!' ≈
'yes!'
• imitation des contours F0 dès 4 mois- Kuhl & Meltzoff (1982), Science : observation
'anecdotique'
• effets positifs du registre "motherese" (intonation exagérée)
• différences inter-langues pour énoncés bi-/tri-syllabiques dès7 mois (Whalen et al., 1991 ; Levitt & Wang, 1991) :
reliés auxpatterns prosodiques adultes globaux.
• pas de convergence vers le modèle adulte avant ~20 moispour les tons chinois et thai (Li & Thompson, 1977;
Clumeck,1980; Tuaychaoren, 1977), ou pour l'accent de mot en
japonais(Hallé et al., 1991: émergence vers 18 mois).
babillage tardif ca. 16-18 mois
[ÔQÔç] (japonais, 18.6)
Hallé et al., 1991, L&S
Taro
Emi
=> Tendance émergente à la conformité au modèle adulte
Accent de mot reproduit par les 18 mois japonais ?
Point sur le babillage
• les voyelles produites dans le babillage s'orientent vers le
modèle adulte vers 10 mois.
• pour les consonnes, ce serait un peu plus tard (12 mois)
(à partir de comptages ; données acoustiques non fiables.)
• c'est l'ordre observé pour la spécialisation en perception.
Le retard de la production sur la réception est une
constante en acquisition du langage (e.g., acquisition
lexicale).
◊ Situation moins claire pour la prosodie selon intonation vs. ton/accent lexical (cf. Chao 1969: 'ripples and waves'):
- jeu sur l'intonation précoce en communication - patterns accentuels moins précoces (e.g., tons)
EXTRAS: premiers mots
Les premiers mots en production
Stratégies pré-phonologiques
(1) “Squelette mélodique” = mise à un gabarit standard
Exemple : gabarit CVLV (consonne-voyelle-/l/-voyelle)
ballon balacuillère kolacanard kala
(2) “Pattern harmonique” = simplification par harmonisation des consonnes (ou des voyelles)Exemples :
chapeau papogâteau tato
Systématisation proto-phonologique
Exemple : “Henri” (cf. de Boysson-Bardies, 1996) modifieles mots de structure mVCV (/m/-voyelle-consonne-voyelle)en remplaçant /m/ par /b/ ou par /p/:
/b/ si C voisé/m/ Exemples :
/p/ si C non voisé
C non voisé (/s/): monsieur peusieuC non voisé (/S/): méchant péchaC voisé (/z/): musique bizik
Capacités grammaticales précoces
Nous nous limitons ici à des opérations relativement simples de traitement syntaxique, et même, au seul cas des syntagmes du type
déterminant + nom.
- les déterminants ont une charge sémantique faible, pas de référent clair, ne contribuent pas à l’affectation des rôles thématiques.
- pauvreté phonétique/phonologique (formes réduites, acoustiquement peu saillantes,)
point de vue empiriste : formules apprises
• l’enfant extrait peu à peu de l’input des séquences qui ne sont d’abord pas analysées (mots globaux); il acquiert d’abord — par des mécanismes statistiques d’apprentissage général — des “formules lexicales”.Par exemple, “petit suisse”, “la moto” …
• les catégories grammaticales émergeraient plus tard, pas avant le stade “combinatoire”, vers 2-3 ans. (Cette “émergence” reste mystérieuse...)
Il y a donc pour l’acquisition de la catégorie déterminant:
(a) non-précocité (> 2-3 ans)
(b) discontinuité (système non structuré structuré)
(d’une mosaïque de formules à une grammaire)
• les formules sont spécifiés phonétiquement pour tous les éléments qui les composent. (“petit suisse”, “mon biberon”). D’où une 3ème propriété :
(c) spécification (la formule est totalement spécifiée phonétiquement)
Enfin, (d) peu ou pas de combinatoire => peu d’overlap (de “recouvrement”) entre les formules acquises.
test de l’overlap pour des séquences det.+N :
Overlap si N produit après de nombreux déterminants(ex. mon canard, le canard, ces canards …)
pas d’overlap si N n’est produit qu’après tel déterminantexemple: canard après le => la formule le canard
point de vue innéiste : décomposition-recomposition
L’enfant a des concepts innés sur des catégories latentes. L’input permettra de “remplir” les catégories.
• le remplissage des catégories est possible très tôt pour les mots de fonction fréquents (ex. déterminants).
• la capacité innée à segmenter en groupes syntaxique-prosodiques aide à découvrir les déterminants, et s’ils sont avant ou après les noms (bord gauche ou droit).
Les mots de fonction (ex. déterminants), conjugués au découpage prosodique, fournissent le squelette grammatical des énoncés.
• le remplissage des catégories est incrémental; pour les déterminants, l’enfant en “code” de plus en plus, et les représente d’une façon de plus en plus détaillée.
Tous ces aspects correspondent à des propriétés à peu près opposées à celles prédites par la vision empiriste:
(a) précocité (déterminants reconnus/traités tôt)(b) continuité (enrichissement incrémental)(c) sous-spécification initiale (phonétique, morpho-syntaxique)(d) combinatoire (=> overlap)
Données de productions précoces (2-3 ans)
• les enfants de 2 ans omettent les déterminants…
=> Ils n’en ont pas de représentations ? (pt de vue empiriste)
Une conclusion opposée est tirée d’une analyse plus fine:
(a) tâches d’imitation (Gerken et al., 1990: 26 mois):
Pete pushes the ball —> Pete pushes ballPete pushes na ball —> Pete pushes naball
Les enfants font donc bien la différence entre the et na…
“…les 2-ans analysent the comme un morphème et na comme début du mot naball…” (Gerken et al., 1990)
(b) études de corpus (Valian et coll., 1986-2008):
à 2 ans, les enfants (MLU≈3-4) omettent les déterminants ~9 fois sur 10. Mais lorsqu’ils les produisent:
• pas de confusion avec les adjectifs (det.≠ modificateur)
the red truck, jamais *red the truckthe green green truck, jamais *the the
truckthe tiny green truck, jamais *the my truck
• positifs au test d’overlap (e.g., ball apparaît dans the ball, a ball, my ball, etc.);
si on tient compte du nbre de fois où chaque N apparaît avec un déterminant, pas de différence enfant-adulte.
(c) “filler syllables” (FS)
• produites en général avant un mot; souvent réduites à une voyelle non-accentuée; variabilité inter-enfants; documenté pour langues européennes (à déterminants); disparaissent vers 3-4 ans (deviennent déterminants).
• modèle de la sous-spécification initiale: les FS sont des formes sous-spécifies de déterminants; leur existence même est difficile à expliquer par la théories des “formules lexicales” bien spécifiées: une forme FS+nom est toujours qqch que l’enfant n’a jamais entendu.
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