Les Arbres

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BAT du 09 octobre pour relecture

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Textes relus et corrigés par Isabelle Vergez et Stéphane Guichemer.

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Equas atempel lacculp aruptibusam, ut libus et ent maximolentem aspero que dolori occullias eum exerror emquam qui testius por solesequi vendita-tem et etur siti apicil eictemolum dolupta volorehe-nia nobit, iniendi ut rerovidis debit pre poreius au-dae. Genimi, solorepta dolorerro con nectionem id modiscium sinci dolorpore, con esti omnist volup-tat.Emporerum repro dent dolore et abo. Et volorepe lit officiissint quidunt facia coreperibus evel et ac-cum volorru ntibus et re explabor ad molore aut eum dolo minctamet asit, sin comnimint, corporum eaquodit volum nobit explibust re quostio rerchicid quatinimaxim aut lam rem quamus mil imagnam re nossit, ut et est incto qui ullaccullut molent issit aut quam, to int volorrunt, quos ma verovitat.Utem dolupictem excero to od moluptiistio volor moluptatur aut ute volore eos apienis is eicit, quis et et hilitas eic torporest, tempor magnate mporpor millamus esed ea doluptatem eiumendero velicab oremperis ut labor aliquae ctorpor epudani mpo-ris dolor magnatur, con paruptae doloreped uta-tur, totasincidis illorem simusci endamus assed eni doluptat di nihicip suntia quam illab incieni tatio. Itatatur, ut lam quatur alit rae volum facculluptis nonse event omni rehende mperferferro quaspidus porenih iliquam aut aut rero eserfer upture vendello que magnisc ilitae nos audam, nesequi ute nonecum utatur? Citam vent ad ent aut vel is sequoditiori co-rest accus voluptate nonsendebit, ut vendit ut abo. Et ulla sa dis ataquibus endae pa nat eati ipsanti os-

seribusae nesti reribus autem ut fuga. Et explibe ri-taspero qui utemodita simagnist invellaut hariorem asimustio inciunte et volore sa dolupta destorem quiaspe ditatiam voloritios esciend aectem utem eniaes pe voluptatem endis reptis aborum exerep-tatem eos sin erferis dolupta delenes aut explabo. Non ratectus, sit, event, que et dolo incite vollatiist, iuria iligendi nonseque quate eumquunt quis arum, officit et vendaes volorro quam, idemqui volestios consequia illendis re nis sum veni nulliatus re, tem-pore mquatur eictium fugit odis secate velibusam quam et fuga. Nequid quia elesequi adignim olorepe rsperum sim voluptur? Onsentiosam invelicil il ius-trum niatium quam, nobitatisqui re vellatis modiatu repelicim repelectam, quodisc iditatiam a venim autempe ruptatum audamet enem everrov idenia nonesequi ut quae omnissedia dictem latur, to min conse aut eiusantur aut que eum alis quas dolorest, occus, et res et omnieni ut dis asim quam et quo id quideris invelitis ellaborunt illatiae as magnis accus.Obitiores solest, occab iscitas moloriscia nimodit, quiam, nonsed magnam, nossinus ex earum eatiis aut optatia quiscim et od quis nus plam consequo conem. Raecti dolupti atesto idi dolupta turibus, et adi optasseque nihit, il ipsa veriori buscit pa sed ut asita vid et faccuptaspid quundis eossimi, corrores et aborum que asimolu ptatquat peditatur adicip-saped experferio volum reste volore la inum ipsam, audi ut quia ducidelitis.

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Un jour que je rêvais, assis à l’ombre d’un sapin, pas n’importe lequel, un grand vieux sapin, un com-pagnon de route, d’ailleurs les myrtilliers froissés témoignaient de mes récentes visites, il s’adressa à moi de sa voix grave et douce :- « Sais-tu pourquoi de toute éternité le hêtre et le sapin sont associés ? »Sur l’instant, venant de sa part, la question me parut un peu condescendante, il savait ma connaissance des choses de la nature, mon assiduité à la fréquenter…Je répondis, je l’avoue aujourd’hui, sans trop réfléchir, avec un brin de suffisance. Je récitais une leçon apprise il y a longtemps, avec l’arrière pensée que chacun doit rester à sa place, que ce n’est pas un vé-gétal aussi grand soit-il qui va apprendre à l’homme l’ordre des choses, les sciences de la nature. Je lui assénai un cours magistral d’écologie : l’étage mon-tagnard, les pentes de moyennes altitudes, le climat frais et humide, l’exposition, les groupements végé-taux, la nature du substrat. J’étais intarissable, fier de mon savoir, sûr de mon fait, je concluais en ces termes qui ne souffrent pas la réplique :- « Le hêtre et le sapin sont associés parce qu’ils n’ont pas le choix. » Il éclata d’un rire tonitruant, un rire de grand vieux sapin.- « Balivernes ! ce que tu me dis-là ne sont que des histoires que se racontent les hommes qui veulent tout savoir, peut-être pour mieux se rassurer, à moins que ce ne soit pour tout subordonner à leurs quatre volontés.

Nous, Arbres peuple racine, sommes des êtres sen-sibles, capables d’émotions, d’amour, d’amitié et de bien d’autres choses encore. Sais-tu que notre génome est bien plus complexe que celui des humains ? Sais-tu qu’entre nous, nous sommes capables de communi-quer et de nous entraider ? Sais-tu que nous sommes sexués, mais pas de la façon que tu prétends savoir ? » A dessein, il fit une longue pause. Je me sentais penaud.- « Regarde-moi, observe bien ce tronc rectiligne érigé vers le ciel, le vert sombre de ma parure, ne sens-tu pas cette force, cette puissance solaire qui fait tout mon attrait ? Comment pourrais-tu douter de ma masculinité ? Contemple maintenant ce hêtre, là tout près, qui se tient à mes côtés, vois-tu cette lascive beauté, ce port tout en rondeur, ces feuilles finement dentelées, perçois-tu cette féminité lu-naire, ce symbole de fertilité ? Si l’homme ne se mêle pas de tout régenter, alors le hêtre et le sapin, pour longtemps j’espère resteront unis, car vois-tu mon ami, ils ont l’un pour l’autre un amour infini. Le monde est bien plus simple et bien plus beau qu’il n’y paraît. Regarde, touche, sens les choses autour de toi, la vérité est là tout près, oublie un peu ce que tu nommes les lois de la nature, le monde est enchanté et toi tu ne sais même plus qu’au fond de toi tu le sais.» Depuis ce fameux jour, avec la plus grande ten-dresse, je porte sur les arbres un regard complice et fraternel.

Philippe LLANES

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Sur une partition végétaleune croche et deux noiresprémices d’une symphonie sylvestre

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Un ciel délavéune neige lividetrois arbres désolésdouce mélancolie

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C’est l’arbre solitaireallergique à la promiscuitéanarchiste sublimeil flotte dans le grand blanc

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Sous mes pieds, lové tout entier dans tes racines,tu somnoles en attendant des jours meilleurs.Là-haut, dehors, l’hiver est le maître des lieux :sa violence destructrice n’a d’égalque notre minuscule insignifianceJe suis seul, bien sûr je suis seul, j’observe fascinécette beauté sauvage, cette beauté du diable.

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Le dragon de l’hiver s’est enfin apaisé ;dans un ciel bleu timideun soleil hésitant tente une apparitionLa bave du dragon sur les arbres éparsse fait enluminure

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A la cime des arbresd’étranges oiseauxvenus du septentrionfont une halte

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Certains arbres lassés d’attendre le printempsfleurissent en hiver

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Ils sont des milliers,fragiles, transis, malmenés,ils se pressent les uns contre les autres,courbent l’échine, se recroquevillentpour se donner du courage.ils se racontent des histoires de vent du sud,des histoires d’été, de chlorophylle,des histoires à dormir debout.

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C’était il y a bien longtemps...du temps où les nymphes peuplaient encore les forêts ;l’une d’entre elle, la plus belle,s’était endormi dans une clairière.Les arbres alentourtous amoureux fou de la belle,profitant de l’aubaine,projetèrent sur elleleur ombre bienveillante.Quel était leur dessein ?voiler la nudité de ce corps alanguiou bien le caresser sans la moindre pudeur ?on ne saura jamais.Aujourd’hui, les arbres sont orphelins :offusquées par tant d’effronterieles fées ont déserté les forêts.

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J’avais un compagnon souvent j’allais le visiterce vénérable vieillard, les ans l’avaient courbé.Un été orageux, le feu du ciel l’avait mutilé,mais la vie est plus forte que l’adversité :son tronc principal avait cicatrisé,une branche secondaire avait pris le relais.C’est ainsi que depuis il arborait ce port penché,pied de nez à la verticalité.Maudit soit cet hiver deux mille treize !en abondance la neige s’était accumulée,jaurais dû le soulager de ce terrible fardeau mais il était si beau ourlé de blanc,j’avais tant de respect que je n’ai pas osé...un matin de janvier son vieux tronc s’est brisé.De ce bel ami disparu il me reste aujourd’huiune photographie .

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Heureux les malingresles tordus, les malformésils ne connaitront pasles affres de la scierie.

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Ils sont ensorcelés, épineux ébouriffésqui vivent sur les crêtes désolées.Les nuits de pleine luneles sorcières d’ici viennent les couper,puis elles les enfourchentet s’envolent en ricanant.Alors, elles se rassemblent dans une clairièreet de minuit jusqu’à l’aubecélèbrent le sabbat .

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Se hasarder dans la sapinièrec’est se confronter à l’altérité.Un esprit par trop civilisépourrait penser qu’icitout n’est que désordre ;il est vrai que la nature sauvagea ses propres critères de beauté.Ici, il faut laisser le temps à l’œil de s’habituer,alors imperceptiblementdu chaos nait l’harmonie.

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Dans une gorge étroiteoù règne l’ombre et l’humiditéune forêt étrange a élu domicile.Ici, bizarrement, les mousseset les fougères grimpent aux arbres ;ce monde exubéranttout droit sorti de la nuit des tempsnest pas un lieu pour toi,car à trop le fréquentertu pourrais bien renoueravec ton animalité.

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La forêt est hors la loi :au-delà de sa lisièrerègne la pensée sauvage.Pénétrer en forêt, c’est oser affronterl’extravagance d’un monde étrange.Ici, le temps et l’espace changent de dimension.D’espiègles farfadets y ont élu domicile.Ici, les apparences sont trompeuses :de faux brigands sont de vrais justiciers.Ici la terreur côtoie l’enchantement :un loup solitaire dévore une fillette égarée,une princesse endormie attend un baiser.Ici l’inanimé peut soudain s’animer,la lumière se fondre dans l’ombre.Ici, c’est ailleurs

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Chercher des noises à son voisin de palier : égocentrisme, coups bas, jalousie, arrivisme, lutte des classes …Heureusement, une société à ce point décadente n’est qu’une sombre vue de l’esprit.La forêt est un lieu de paix et de sérénité où chaque arbre petit ou grand partage dans un esprit de confraternité les bienfaits de la terre et du ciel, ni propriété, ni compétition, ni domination. Chacun ici est conscient qu’il n’est qu’une partie d’un tout et que ce tout aspire à l’harmonie, si tant est que l’homme ne se mêle pas le vouloir le domestiquer.

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Dans la forêt, les arbres naissent, grandissent et s’épanouissent sans la moindre contrainte.Ils deviennent très vieux, très sages...alors fatigués d’avoir tant vécu,ils se couchent sur place et se laissent mourir. Lentement, ils pourrissent, leur bois se fait humus,l’humus nourrit la terre, la terre nourrit leur descendance.Dans la forêt, depuis toujours la mort nourrit la vieet c’est très bien ainsi.

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Faire la sieste à l’ombre des grands arbres,exige du pratiquant expérience et raffinement.D’abord choisir l’emplacement,calculer avec exactitude la course du soleil :la tête doit impérativementrester à l’ombre durant tout l’exercicepour éviter le moindre échauffement ;par agrément, les pieds prendront le soleil .Ensuite retirer consciencieusement de la couchetout objet qui pourrait s’avérer contondant.Enfin s’allonger, se tortiller quelques instantspour que le corps trouve par tâtonnementle bien être entre creux et bosses...ne plus bouger, respirer profondémentet s’abandonner avec voluptéaux bienfaits de la sieste, aux rêves sylvestres.

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Tôt le matin J’aime lui rendre visitedepuis toujours Il vit à la même adresse.J’arrive à pas de loup Il est encore endormi.Comme tous les matins depuis plus de mille ansil attend un ami, un ami ponctuelqui vient le réveiller.Je guette sa venue , je regarde vers l’est,il vient toujours de l’est cet ami prestigieuxqui ne saurait tarder, il est là,il arrive, il enjambe les crêtes,et son premier rayon, depuis plus de mille ansil l’offre au pin sylvestre.La sapinière sombre jalouse cet élu.Le soleil n’en a cure depuis plus de mille anschaque matin fidèle en amitié,il rend grâce à la beauté.

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Mon ami, mon frèreje suis de retourje voulais voir le monde.Souvent je suis parti.Sagement tu es resté enraciné...je me suis fourvoyé le monde est ce qu’il est.Maintenant je sais,le monde est bien plus beau vu d’ici.

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Il était si vieuxque certains prétendaientqu’il avait vu Rollandsonner de l’olifant.Depuis des siècles sans pudeur sous ses yeuxnous nous sommes aimésnous nous sommes haisnous avons guerroyépour tout, pour rienpour des futilités.Que peut-il bien penser de nousce vieux sagetémoin des temps anciensmémoire de l’humanité...

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La vie les a quitté et pourtant ils sont là,debout les bras tendus vers le ciel,échevelés ou décharnés,vestiges du temps passé, sentinelles condamnéesà ne jamais mourir.

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Toi pin à crochetlà-haut, bien plus hautque le sapin et le hêtreau grégarisme trivial,tes pieds enchâssés dans le roc,ta cime brulée par le soleil,ton écorce mordue par le gel,seul, tu règnes.

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Naufragé dans un océan de granitta volonté de survivre n’a d’égalque ton extrême solitude.

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Là où le ciel frôle la terrelà où le sacré est séparé du profanepar une invisible frontière ,érigés par quelque dryadefleurissent des totems.Ils sont une fenêtre ouvertesur l’âme de la nature.

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Tous ces longs mois sans elleà broyer du noir, du blanc, du gris,je m’étais résigné, cette fois-cije pensais que c’était finiqu’elle ne reviendrait plusqu’après tant d’années, elle s’était délavée,qu’elle avait disparu ;et puis un jour d’avrilcomme au premier matin du monde,elle a tout envahi,éclipsant toutes ses concurrentesla couleur verte est de retourcelle de la chance, de la destinéedu diable aussimais qu’importe le diable et le diable m’emporteje suis prêt, je le jureà signer un pacte avec luipour vivre encore un printemps de plus.

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Le vent dans les feuillesbruissement discretbabil cosmique.

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Sur le roc, dans la brumeun matin en avrilla hêtraie sapinière.

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Lentement, imperceptiblementje le vis se pencher vers elle.Je l’entendais distinctementlui chuchoter des mots doux à l’oreille,lui déclarer sa flamme.Elle esquissa un léger frémissement,enfin il se décide, pensa-t-elle ?Avec une infinie pudeuril osa après tout ce temps lui faire une demande en mariage.

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Lorsque le ciel est dégagé, les nuits de lune roussedes nuées vagabondes glissent dans la vallée.Au petit matin d’étranges créaturesaux formes incertaines apparaissent soudain.Instant fragile dans une dominante bleue ; mais le soleil inexorablementpasse les crêtes, inonde le vallon...le bleu se meurt voici les mauves,enfin entremêlés le jaune et l’orangé, alors sans crier gare la brume se dissipele charme est rompu, la journée sera belle.

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Nos certitudes n’ont d’égal que notre incapacité à percevoir la réalité. Si nous pouvions nous projeter dans l’espace temps de ces géants du règne végétal, si nous n’étions pas prisonniers de notre temporalité, nous serions abasourdis de constater que leur immobilité n’est qu’apparente. Certes ils sont enracinés, ils ont choisi de ne pas se déplacer, pourtant à bien y regarder, c’est dans l’axe de la verticalité qu’avec frénésie ils se meuvent en permanence, adorateurs du soleil, de sa clarté, ils se bousculent, jouent des coudes, se frayent un chemin pour mieux le contempler. Cette sage lenteur dans leur mobilité me laisse à penser que l’arbre, contrairement à nous, n’a aucun goût pour l’immédiateté, peut-être bien parce que le temps ne lui est pas compté ?

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Entre crépuscule et obscuritéil semble que les arbres vous observent en silence ;alors le tangiblecède la place à l’imaginaire,instant d’extrême solitude,les sentiments se bousculententre sérénité et frayeur,entre chien et loup.

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Longtemps je n’ai voulu voir de toi que ta clarté, ta part d’aérien, de sublime qui s’élève jusqu’à tutoyer le ciel et les étoiles. Je niais tes racines qui plongent vers les entrailles de la terre, ton obscurité. Pourtant je savais, je savais que la lumière n’a de sens que parce qu’existe l’ombre qui lui donne la réplique.Enfin, j’ai osé regarder, d’abord effrayé puis subjugué et j’ai compris mon ami que nous étions fait du même bois .Alors je t’ai aimé comme un frère.

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Ils étaient deux amantsles hasards de la vieles avaient rassemblésils s’aimaient tellementqu’au fil du tempsils avaient finipar se ressembler.

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Un jour, par hasard, je t’ai rencontré.Depuis, je n’ai cessé de t’aimer...certains jours lumineux, d’autre fois ombrageux.Chaque jour que dieu fait, je viens te visiter,je te parle tout bas, je te fais des offrandes,je t’aime comme un fou !C’est vrai qu’il faut être un peu foupour aimer sans espoir de retour.Pourtant au fond de moi, je sais bienque même si tu ne le dis pas,tu m’aimes quand même un peu.

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C’est la saison des souvenirs,du temps passéqui ne reviendra pas,de la mélancolie et des regrets aussi.C’est une sonate romantique écrite au clair de lune.L’automne, c’est le crépuscule des amours fanés,d’un été qui n’est plus.

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Dans la forêt obscuresoudain un rai de lumière ;on voudrait suspendre le tempsmais le soleil n’en fait qu’à sa tête,éclairagiste céleste, il grimpe dans le cielet nous inonde de sa lumière.Demain je reviendrai.Demain je retiendrai le temps.

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Tout d’abord, restez à bonne distance de façon à pouvoir l’embrasser tout entier du regard. Observez ce tronc puissant, ce jaillissement vertical, regardez maintenant ses branches maîtresses qui s’étalent dans les quatre directions en quête de lumière et d’espace, tout là-haut les fron-daisons ; notez cet équilibre, cette perfection.N’y voyez aucune volonté, aucune intention, ni hasard ni nécessité, l’arbre est tout simplement un être parfait.

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Approchez-vous tout près, n’ayez pas peur, tendez la main, celle qui vous plaira, celle qui vous va le mieux, effleurez-le du bout des doigts, sentez cette douce rugosité. Fermez les yeux, respirez profondément, vous percevez cette vi-bration, ce cœur qui bat, c’est le tambour du chamane. L’arbre est un passeur de l’ombre vers la lumière, de la terre vers le ciel, le chamane le sait, se doigts frappent le tambour, son esprit s’en est allé…

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Bois gentilbois jolibois vertbois blancbois de rosebois de chauffagebois d’œuvrebois mortbois flottébois d’amourettebois de sainte Luciede toutes les couleursde toutes les formesde toutes les senteurs

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Le hêtre est un grand frileux,dès le mois de décembre, avec un brin de coquetterie, il protège son pied fragiled’une bottine verte.

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Bigarrés ou monochromes,rugueux ou lisses,éancés ou étalés,grégaires ou solitaires,caduques ou persistants,tous différents et tous semblables,ils sont les gardiens de la terre,ils rythment le temps qui passe,ils germent, fleurissent, portent des fruitss’endorment, on croit qu’il meurentmais chaque année le miracle s’accomplitile renaissent au printemps.

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Pour l’hindouiste, ses racines sont Brahma, son tronc shiva, ses branches Vishnu.Pour le bouddhiste il délivre l’homme de ses illusions.

Pour le chamane, il fournit le bois du tambour, il est l’axe du monde.Pour le musulman, nourri de la terre et de l’eau il dépasse le septième ciel.

Pour le chrétien, il est une porte ouverte sur la connaissance du Bien et du Mal.Comment ne pas croire que les arbres sont habités, qu’ils ont une âme.

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Je suis pyrénéen, je le revendique, ou plutôt, je l’avoue. N’y voyez aucune idée de propriété, en-core moins un quelconque ostracisme. On pourrait même affirmer que je suis pyrénéen dans un état d’appartenance, voire de dépendance. Cette violente addiction a d’ailleurs été le fil rouge de ma vie.Durant mon enfance puis adolescent, mon unique passion était la compétition de ski alpin : c’était déjà la montagne, pas encore les Pyrénées. A vingt ans, un peu par hasard, je découvrais l’alpinisme, ce fut une révélation ! Trois mois plus tard, je quittais cette sinistre école de commerce où je me rendais chaque matin depuis plusieurs années déguisé en jeune cadre, arborant les marques distinctives de ma future vie que sont le costard et le smartphone.Grimper des montagnes par le versant le plus abrupt, l’inutilité de l’action sublimant l’action, lorsqu’en plus ces montagnes se nomment, Vigne-male, Balaïtous, Pic du midi d’Ossau, fabuleux pro-jet de vie. Mon sort était scellé, je serais pyrénéiste et rien d’autre. Il me fallait embrasser les Pyrénées de toutes

les façons, mon statut de garde moniteur au Parc National des Pyrénées m’offrait par ailleurs l’op-portunité de vivre ma passion de naturaliste. Skier, grimper, étudier la faune dans ce coin du monde que je considère avec la plus grande sincérité dans un arbitraire le plus absolu comme étant le centre de l’univers, que pouvais-je espérer de plus ?Mais la nature humaine étant ce qu’elle est, je vou-lais plus encore, il me fallait aborder ces montagnes par une face que je n’avais pas encore exploré : transmettre les Pyrénées sous un angle artistique. Longtemps j’ai tergiversé. D’abord parce que de grands ancêtres au talent immense m’avaient pré-cédé, ensuite parce que le statut d’amant anonyme des Pyrénées me convenait parfaitement. Encouragé par quelques amis d’ici et d’ailleurs, j’ai osé me lancer dans cette aventure. D’abord un premier livre consacré à l’Eau, puis ce second ouvrage sur le thème de l’Arbre. Ces mon-tagnes ne sont-elles pas avant tout sylvestres ?J’ai aujourd’hui le sentiment d’avoir fait toute ma vie la même chose, avec la même passion, d’avoir honoré, servi j’espère, l’amour de ma vie que sont les Pyrénées.

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Editions Au fil du TempsRoute de Trinquies

12 330 SOUYRI (France)www.fil-du-temps.com

Direction artistique : SICHI Stéphane

Relecture :GALIBERT Jacques

Dépôt Légal : XXXXXX

Achevé d’imprimer en XXXXXXXXsur les presses de NOVOprint - Espagne

N° ISBN : 978-2-918298-XX X

Prix de vente : 35 €

ISBN : 978-2-918298-37-3

« J’aime l’arbre, comme un païen ; un peu animiste, un peu romantique. J’aime l’arbre pour tout ce qu’il m’inspire d’effroi, de respect, d’admiration ».

L’arbre participe du visible et de l’invisible, du spirituel et du matériel, ses racines pénètrent les entrailles de la terre tandis que sa ramure se balance dans les hauteurs cosmiques.

Comment ne pas percevoir cette énergie formidable, cette vibration qui circule de l’ombre vers la lumière. Il incarne la vie et ses rythmes, la longévité, la symétrie, il est un modèle de perfection, d’harmonie et de paix.

Sa puissance et sa fragilité sont la nôtre, il est notre double végétal.

J’aime l’arbre parce qu’il représente aussi l’altérité. Géant du règne végétal, l’arbre, c’est l’autre, celui qu’on ne peut reproduire, en tant que tel, infiniment respectable.

A la fois différent et semblable, l’Homme et l’Arbre sont les deux faces d’un même prisme.