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RAPPORT ANNUEL
2015
PARCE QUE L’ESCLAVAGE CONTINUE AUJOURD’HUI.NOUS NOUS ENGAGEONS AUX CÔTÉS DES VICTIMES.
3
Rapport annuel 2015www.oicem.org
En février 2016, OICEM a célébré ses quinze ans d’action et d’engagement aux côtés
des victimes et dans la lutte contre toutes les formes de traite des êtres humains.
Cette année encore salariés et bénévoles ont déployé leurs efforts afin d’accompagner
chaque jour celles et ceux qui sont aujourd’hui en France et dans le monde victimes de
la pire forme de violation de droits humains.
Une réponse a été apportée à chacune des plus de trois cent sollicitations reçues
en 2015. Notre capacité à réorienter rend compte de l’important réseau partenarial
national et international que nous avons su tisser au fil des années. A ce jour, cent
vingt-cinq enfants, femmes et hommes victimes de toutes les formes d’exploitation
sont accompagnés par notre équipe pluridisciplinaire.
Nous relevons chaque jour le défi de trouver des solutions pour que toutes les
personnes accueillies puissent manger, avoir un toit, vivre dignement. Car la dégra-
dation des conditions de vie des plus vulnérables s’aggrave et met les personnes
victimes dans des situations précaires, face à l’incertitude et à l’instabilité quotidienne.
Cette année a été marquée par des victoires juridiques, dont une
concernant un trafic d’enfants. Quatre personnes vendeurs ou
intermédiaires ont été condamnées à des peines allant jusqu’à
cinq ans de prison ferme. L’occasion pour OICEM de rappeler le
vide juridique pour qualifier ces pratiques : à ce jour ni la vente ni
l’achat d’enfant ne sont incriminés explicitement dans le code pénal
français.
Nous poursuivons notre mission de sensibilisation auprès des
professionnels, du grand public et des plus jeunes. Nous participons à des groupes
de travail, répondons à des interviews, collaborons à des travaux de recherches,
développons des outils de sensibilisation… Nous avons participé aux réunions de la
MIPROF relatives aux outils de sensibilisation de lutte contre le travail forcé. OICEM
a par ailleurs été auditionné par La Commission nationale consultative des droits de
l’homme dans le cadre du premier rapport d’évaluation de la lutte contre la traite des
êtres humains en France, rapport à paraître en 2016.
En 2014 nous qualifiions le Plan d’Action national de lutte contre la traite des êtres
humains 2014-2016 « d’avancée fondamentale dans la reconnaissance, l’accueil et la
protection des victimes ». Nous continuons de le penser même si force est de constater
que la mise en œuvre effective des mesures du Plan semble être limitée par l’absence
de moyens dédiés et pas seulement à destination des associations, à destination de
tous les acteurs de cette lutte.
Nous continuerons de tout mettre en œuvre pour être à la hauteur de nos engagements
tenus depuis plus de quinze ans et comptons sur un engagement fort et concret de
tous les acteurs.
C’est une condition nécessaire au respect effectif des droits de chaque être humain.
« Il est temps de fournir de réels moyens dédiés
à la lutte contre la traite des êtres humains
et à l’accompagnement des victimes ».Tatiana Ferrani-Bornet
Présidente OICEM
ÉDITORIAL
Reportage photographique réalisé avec le soutien de la fondation Gloriamundi, Morgan Fache, 2014
NUL NE SERA TENU EN ESCLAVAGE NI EN SERVITUDEDECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’HOMME Article 4 - 10 décembre 1948
5
Rapport annuel 2015www.oicem.org
OICEM : un projet, une équipe, des missions plurielles ................................... 7
Bénéficiaires et signalements en 2015 .............................................................. 8
Origine des signalements ................................................................................. 9
Origine géographique des bénéficiaires .......................................................... 10
Les victimes et les différentes formes d’exploitation ..................................... 11
Accompagnement juridique ............................................................................ 15
Accompagnement socio-éducatif et hébergement ......................................... 21
Insertion professionnelle ..................................................................................23
Accompagnement psychologique .................................................................. 25
Ateliers et partenariat ...................................................................................... 26
Plaidoyer / Groupes de Travail ........................................................................ 27
Médias - Site internet ...................................................................................... 29
Sensibilisation ................................................................................................. 30
Réseaux sociaux - Newsletter ........................................................................ 31
Perspectives .................................................................................................... 33
Partenaires ...................................................................................................... 34
SOMMAIRE
Rapport annuel 2015www.oicem.org
6 7
Créée il y a quinze ans à Marseille, OICEM
accompagne des hommes, des femmes et
des enfants victimes de toutes les formes
actuelles de la traite des êtres humains,
de l’esclavage, du travail forcé et de la
servitude. Notre projet et nos actions s’ins-
crivent dans la lutte contre toutes les formes
d’exploitation de l’humain.
Les missions et les actions d’OICEM s’ins-
crivent dans le cadre des textes, conven-
tions et Plan d’action national relatifs à la
lutte contre la traite des êtres humains et
la protection de toutes personnes qui en
sont victimes.
L’accompagnement des personnes vic-
times dans un projet de vie autonome et
dans la reconstruction de soi est au cœur
du projet. Différents accompagnements sont
proposés : accompagnements juridiques,
socio-éducatifs et psychologiques. Des ate-
liers création et citoyenneté sont également
proposés afin de favoriser la créativité, l’ima-
ginaire et les relations à l’autre.
L’OICEM mène également des actions de
plaidoyers et de sensibilisation : création
d’outils de sensiblisation tous publics, pro-
jections rencontres, participation à des col-
loques, à des recherches, tenues de stands...
L’équipe est à ce jour constituée de cinq
salariés : une psychologue clinicienne qui
assure la fonction de directrice, une coor-
dinatrice sociale, une juriste, une secré-
taire administrative ainsi qu’une graphiste.
Des bénévoles mènent des actions essen-
tielles au projet de l’OICEM : atelier langue et
culture française, ateliers créations, ateliers
de soutien scolaire et/ou à la formation pro-
fessionnelle, sorties culturelles…
L’OICEM accueille régulièrement des sta-
giaires de filières sanitaires et sociales, des
stagiaires juristes, des stagiaires en solida-
rité internationale ainsi que des stagiaires
administratifs.
L’accompagnement est pluriel :
Juridique : accompagnement au dépôt de
plainte, mise en relation avec des Avocats,
suivi des dossiers juridiques ;
Social : accompagnement vers l’héberge-
ment, la formation (linguistique, profession-
nelle) et l’emploi en partenariat avec les dis-
positifs existants ;
Administratif : accompagnements sur les
aspects administratifs, état civil, situation
administrative, informations sur les obliga-
tions administratives…
Médical : orientation vers des lieux de soins,
appui à la constitution de dossiers relatifs
aux soins…
Psychologique : suivis individuels et de
groupe, soutien à la parentalité ;
Culture et citoyenneté : ateliers « culture
générale » et « création » à l’OICEM, sorties
culturelles.
La singularité et la caractère innovant du
projet d’OICEM réside dans l’importance
égale accordée aux différents champs
d’accompagnement.
Ces accompagnements ne peuvent se faire
sans un important travail en réseau avec
les acteurs associatifs et institutionnels. La
coopération est également essentielle à la
mise en œuvre de nos actions et à la lutte
contre les formes actuelles de l’esclavage.
OICEM est partenaire du dispostif national
AcSé (Accueil Sécurisant), est membre du
Collectif Ensemble contre la Traite et par-
ticipe à des groupes de travail et rapports
nationaux, européens et internationaux.
OICEM : UN PROJET, UNE ÉQUIPE, DES MISSIONS PLURIELLES
Dépôt de plainte
Procès
Réorientation
Violences conjugalesDroit du travailDroit commun
Lutte contre l'impunité - Accès aux droits - Reconstruction - Autonomiep
Identification
Accompagnement
Travailleurs sociaux
Hopitaux & personnels de santé
opitaux
PoliceJustice
Tout au long du parcours un réseau partenarial est mobilisé
Associations
Droits de l'Homme
Soutien aux étrangers
Signalement
Saisine des Prud'Hommes
Appui à la recherche d'hébergement
Identité
Titre de séjour L316-1 CESEDA
Free yourself
Papiers officiels Nourriture
Travail
Individuel Accompagnement vers les soins
En groupe
Aide à la parentalité
Vêtements
Alphabétisation
Citoyenneté
Kedge BS
Vestiaire
......
Juridique Administratif Social Psychologique Médical Ateliers
Rapport annuel 2015www.oicem.org
8 9
27% 73%Prises en charge
125
OICEM reçoit des signalements de toute la
France. Cela s’explique par le fait qu’OICEM
a développé depuis plus de quinze ans une
expertise et une pratique professionnelle
dans l’assistance pluridisciplinaire et l’ac-
compagnement holistique de toutes per-
sonnes mineures et majeures victimes des
formes contemporaines de la traite et l’escla-
vage, quelle que soit la forme d’exploitation.
Ces caractéristiques confèrent à notre projet
une place singulière sur le territoire français.
La richesse du réseau partenarial permet
d’offrir à chaque personne victime un suivi
adapté lui permettant de (re)construire sa vie
en France ou dans son pays d’origine. Les
personnes accueillies nécessitent bien sou-
vent des soins du fait des violences subies
durant la période d’exploitation, le lien avec
les hôpitaux, également source de signale-
ment est indispensable.
Parfois un délai assez long peut s’écouler
entre la première sollicitation et la venue de
la personne à notre rencontre, le maintien
du lien avec les structures ou personnes qui
nous l’ont signalée est primordial. Le travail
en partenariat est une nécessité. La mutua-
lisation des compétences ainsi que le travail
en réseau constituent une alternative à la fer-
meture des différents lieux d’accueil des plus
vulnérables.
Les travailleurs sociaux restent la principale
source de signalements.
Depuis plusieurs années, les auto-signa-
lements sont en constante augmentation
(30%), ces personnes se présentent spon-
tanément et ont une demande très précise
concernant la législation du travail ou encore
le droit au séjour.
Les particuliers continuent d’être une source
de signalements, ce qui rend compte de la
nécessité de sensibiliser le grand public à
une réalité contemporaine qui concerne tous
les citoyens.
Une autre tendance qui se confirme concerne
l’utilisation d’internet dans les signalements,
notamment via le formulaire de contact de
notre site internet. Cette forme de signale-
ment rend également compte de ce qui peut
sembler être un paradoxe mais qui corres-
pond selon nous à une mutation importante
du phénomène de traite des êtres humains,
notamment concernant les victimes les plus
jeunes qui bien qu’exploitées peuvent avoir
un accès limité à internet et peuvent de fait
être redevables vis-à-vis de l’exploiteur qui
leur permet cette fenêtre de liberté.
Nous constatons que les efforts de sensibili-
sation en direction des Services de police et
de justice doivent s’intensifier. En effet ceux
ci ne repésentent que 7% des signalants.
Alors qu’en 2015 le nombre de sollicitations
est resté stable on constate une importante
augmentation du nombre d’identifications. En
effet en 2015, un nombre plus important de
situations préoccupantes nous a été adressé.
Cette augmentation s’explique par le dévelop-
pement du projet et sa visibilité nationale du
fait notamment des actions de sensibilisation
et de communication. L’important travail par-
tenarial mené constitue également un facteur
remarquable dans cette augmentation. Nous
constatons que les partenaires identifient
mieux notre champ d’action et le repérage
de victimes potentielles. Il apparait
également que la fermeture
de lieux d’accueil des pu-
blics les plus vulnérables
ainsi que l’évolution des
conditions d’accès au
séjour participent à la
sollicitation d’associa-
tions telles que la notre
afin de trouver une solution.
Toutes les sollicitations donnent lieu
à une évaluation de la situation en vue d’une
orientation vers une structure de droit commun
ou spécialisée. En 2015, les situations qui nous
ont été adressées et qui ne relevaient pas de
nos compétences étaient : des situations de
violences domestiques (conjugales, intrafa-
miliales…), des situations de harcèlement au
travail, des recherches d’hébergement, des
demandes en lien avec le droit des étrangers.
Des secteurs d’exploitation tel que la mendi-
cité ou les travaux agricoles ont pour particu-
larité de concerner des groupes importants de
personnes. Tous ne donneront pas suite à la
proposition d’accompagnement.
L’accès aux droits, par la connaissance de
ceux-ci, est une priorité dans tous les accueils
qu’ils soient téléphoniques et physiques. Le
nombre de sollicitations ramené sur une année
civile ne rend pas compte de ce que chaque
sollicitation nécessite comme travail. En effet,
une sollicitation nécessitera parfois plusieurs
échanges successifs d’une durée consé-
quente. L’expertise de l’équipe d’OICEM pour-
ra se faire par écrit, devra être discutée en réu-
nion d’équipe. Ainsi plusieurs heures peuvent
être consacrées à une sollicitation et concer-
ner toute l’équipe
A ce jour 125 personnes bénéficient
de nos accompagnements.
BÉNÉFICIAIRES ET SIGNALEMENTS EN 2015 ORIGINE DES SIGNALEMENTS
20152013 2014
50
100
150
200
250
300
Sollicitations
Identi�cations
Prises en charge
30 % des personnes signalées étaient en situation de violences conjugales
6 %
9 %
des femmes reçues ont subi une mutilation sexuelle
des personnes ont été orientées vers une procédure d’Asile
22 % des personnes ont été orientées vers des espaces de droit commun
30 % des personnes signalées étaient en situation de violences conjugales
6 %
9 %
des femmes reçues ont subi une mutilation sexuelle
des personnes ont été orientées vers une procédure d’Asile
22 % des personnes ont été orientées vers des espaces de droit commun
30 % des personnes signalées étaient en situation de violences conjugales
6 %
9 %
des femmes reçues ont subi une mutilation sexuelle
des personnes ont été orientées vers une procédure d’Asile
22 % des personnes ont été orientées vers des espaces de droit commun
44 % des situations en 2015 ont lieu en dehors du département des Bouches du Rhône
30 % des personnes signalées étaient en situation de violences conjugales
6 %
9 %
des femmes reçues ont subi une mutilation sexuelle
des personnes ont été orientées vers une procédure d’Asile
22 % des personnes ont été orientées vers des espaces de droit commun
TRAVAILLEURS SOCIAUX47%
AUTO SIGNALEMENTS 30%(dont 13% via le formulaire
du site internet)
PARTICULIERS10%
POLICE / JUSTICE7%
SANTÉ10%
ASSOCIATIONS DROIT DE L'HOMME-SOUTIEN AUX ETRANGERS
13%
ORIGINE DES SIGNALEMENTS
ORIGINE DES SIGNALEMENTS
27% 73%Prises en charge
125
Rapport annuel 2015www.oicem.org
10 11
BENEFICIAIRES + PRISES EN CHARGE 2015
ESCLAVAGE DOMESTIQUE
45%
EXPLOITATION SEXUELLE
11%
MENDICITÉ FORCÉ13%
TRAFIC D'ENFANTS2%
TRAVAIL FORCÉ29%
TYPES D'EXPLOITATIONS
0 et 10 ans3%
11 et 18 ans5%
19 et 25 ans12%
26 et 35 ans33%
36 et 45 ans19%
46 et 55 ans8%
Plus de 55 ans 8%
TRANCHES AGES BENEFICIAIRES
En 2015, la durée de la période d’ex-ploitation s’étend de 1 mois à 8 ans
L’exploitation domestique est dans la majo-
rité des cas accompagnée de maltraitances
physiques et psychologiques (dont des
agressions sexuelles, menaces de mort),
d’humiliations et de maintien dans des
conditions de vie indignes. Il arrive que dif-
férents membres du foyer et de l’entourage
soient impliqués, et/ou que la personne
exploitée le soit par différentes familles suc-
cessives. Certaines situations de servitude
domestique sont également accompagnées
de travail forcé.
La question de l’exploitation au sein du
couple reste complexe. Dans le cadre de
mariages forcés ou de mariages serviles la
notion d’exploitation apparait plus clairement
si tant est que la dimension de la contrainte
peut être prouvée. En revanche dans le cadre
d’un mariage consenti mais dont la finalité
s’avère être l’exploitation de la jeune femme :
servitude domestique, l’esclavage sexuelle...
il est plus difficile d’expliquer que le mariage
s’avèrait être un «moyen», une tromperie en
vue d’avoir une jeune femme corvéable. Il
apparait que les logiques de la contrainte et
de la relation d’emprise sont constitutives de
ces réalités.
Il apparaît cette année encore que des pro-
grès remarquables ont été faits quant à
l’identification des situations de servitude
domestique.
Concernant les situations de travail forcé,
une méconnaissance des textes de loi per-
siste, elles sont trop souvent assimilées à du
travail dissimulé.
Les hommes, 27% en 2015, sont majoritai-
rement en situation de travail forcé dans des
garages, sur des chantiers, dans des restau-
rants, dans l’agriculture. Des secteurs, tout
comme le travail domestique, légiférés par
le droit du travail et relevant de conventions
collectives.
Ces situations de travail forcé concernent
plus particulièrement les domaines de la res-
tauration (avec «hébergement» sur place dans
le restaurant la plupart du temps), les travaux
agricoles et touche également des personnes
ayant un haut niveau de qualification.
Aussi l’identification de ces formes moins
évidentes d’exploitation donne lieu à une
expertise qui nécessite de réunir un nombre
important d’éléments matériels permettant
de qualifier l’infraction. Le projet de loi relatif
à l’élargissement du mandat des Inspecteurs
du travail constituera une avancée considé-
rable pour identifier les personnes victimes
dans certains secteurs d’activités, notam-
ment ceux faisant appel à des travailleurs
étrangers détachés.
ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES BÉNÉFICIAIRES
Selon l’UNODC*
« Bien que l’exploitation sexuelle soit la forme de traite la plus connue,
des centaines de milliers de victimes en font également l’objet à des
fins de travail forcé, d’esclavage domestique, de mendicité pour les
enfants ou encore pour le prélèvement de leurs organes. »
*United Nation Office on Drugs and Crime
Il convient de bien différencier la Traite
des êtres humains du Trafic de migrants.
Même si ces deux pratiques peuvent être
liées : conditions de voyage dramatiques,
traversée de plusieurs pays, dette et obli-
gation de remboursement du voyage dans
des conditions de travail indigne... Les
personnes que nous identifions comme
victimes de traite ont pour la plupart été
recrutées dans leur pays d’origine ou dans
leur pays de résidence.
Parmi les personnes accueillies en 2015,
certaines sont arrivées en France avec une
carte de séjour délivrée par un pays euro-
péen et ont été recrutées et/ou exploitées
dans un ou plusieurs pays d’Europe y com-
pris la France. Cette tendance est à surveiller
car elle rend compte des stratégies utilisées
par les exploiteurs qui profitent de la mobilité
en Europe pour déplacer les personnes ex-
ploitées. Les disparités de législations euro-
péennes relatives à la prostitution sont éga-
lement instrumentalisées par les exploiteurs
afin de «former» les jeunes femmes dans des
pays où cette pratique est légale. Celles ci
sont ensuite déplacées dans des pays où
elles sont exploitées.
Les demandeurs d’asile en cours de de-
mande ou déboutés constituent un public
vulnérable. Ils sont dans une situation d’ex-
trême précarité et de fragilité du fait des évè-
nements qui les ont poussés à fuir leur pays.
C’est également le cas des nombreux réfu-
giés et migrants arrivés massivement dans le
nord du pays. Cette situation de crise et les
conditions de vie de ces personnes viennent
favoriser les situations à risque de Traite des
être humains.
OICEM mène un important travail de sensi-
bilisation auprès des acteurs de terrain tra-
vaillant auprès de ces populations afin qu’ils
puissent repérer mais aussi prévenir des
situations à risques.
LES VICTIMES ET LES DIFFÉRENTES FORMES D’EXPLOITATION
TYPES D’EXPLOITATION 2015
Les exploiteurs sont originaires
de tous les continents et sont issus
de tous les milieux.
Rapport annuel 2015www.oicem.org
12 13
L’exploitation de la mendicité a pour parti-
cularité de concerner plusieurs personnes
victimes d’un même exploiteur ou une as-
sociation d’exploiteurs. Aussi ce sont des
signalements qui mobilisent particulièrement
l’équipe, nécessitent des déplacements
dans les commissariats en présence de tra-
ducteurs. L’absence de traducteur quelle
que soit la langue constitue un obstacle ma-
jeur au dépôt de plainte. Ce sont parfois des
proches qui font la traduction ce qui peut
impacter l’objectivité du récit.
A ce jour, les personnes en situation d’ex-
ploitation de la mendicité sont majoritaire-
ment originaires de Roumanie et de Bulgarie
et ne parlent pas le français. Elles ont vécu
dans des conditions d’hygiène déplorables
et sont souvent en mauvaise santé, condi-
tion à leur recrutement par les exploiteurs
mais également conséquence des mau-
vaises conditions de traitement durant l’ex-
ploitation. L’entrée dans l’Europe de ces
pays est venue paradoxalement complexi-
fier l’accès aux droits de ces personnes. En
effet, leur situation administrative, l’absence
de droits ouverts dans le pays d’origine,
l’inactivité professionnelle sur le territoire
français constituent un obstacle à leur inser-
tion notamment par l’accès à l’hébergement.
Celui-ci nécessite parfois de disposer d’in-
frastructures nécessaires pour accueillir des
personnes vieillissantes ou en situation de
handicap.
Parmi les populations d’Europe de l’Est qui
vivent actuellement dans les bidonvilles, les
femmes et les enfants sont, tout comme les
personnes âgées, des
personnes vulnérables.
En 2015 OICEM a initié
un projet de « Prévention
aux risques de traite des
êtres humains dans les
bidonvilles », ce projet
soutenu par le Secours Catholique a donné
lieu à trois réunions préparatoires visant à
mieux définir les modalités et enjeux du pro-
jet. Le travail est mené en partenariat avec
des associations de terrain et nous travail-
lons avec une médiatrice culturelle et
de santé roumaine pour intervenir
directement dans les bidonvilles.
Il n’existe pas de profil type
d’exploiteurs. Reste que les
promesses trompeuses se
trouvent être une constante
dans les modalités de
recrutement. La relation
d’emprise se met très vite en
place, par le biais de la confis-
cation des papiers, du maintien
de la personne dans l’isolement
social et culturel, avec barrage à
l’apprentissage du français. Nous avons pu
observer que les exploiteurs pouvaient avoir
recours à des tiers pour le recrutement néan-
moins le recrutement direct reste la forme la
plus observée.
Manuel était venu d’Amérique Latine pour travailler dans le secteur agricole en Es-pagne. L’agence qui l’a recruté lui a proposé une mission dans un exploitation agri-cole du sud de la France. Il a travaillé dans plusieurs exploitations agricoles avec des compratriotes et d’autres travailleurs saisonniers. Il était hébergé dans un dor-toir avec d’autres travailleurs, leurs allées et venues étaient encadrées par une per-sonne de l’agence. Bien qu’il bénéficiait d’un contrat de travail, son détachement en France n’a pas été fait et les heures travaillées n’ont pas toutes été payées. En plein été alors qu’il travaillait sous un soleil de plomb, Manuel a demandé à boire. Le responsable lui a refusé, Manuel a continué de travailler et a fait un malaise. Il n’a été conduit à l’hôpital que plus tard, inconscient. Il est décédé peu de temps après. Sa famille venue d’Espagne n’a pu que constater incrédule le décès du jeune homme. L’agence a organisé le rapatriement du corps en Amérique Latine. La fa-mille souhaitant comprendre ce qu’il s’est passé nous a contacté. Depuis cinq ans
nous travaillons avec l’avocat de la famille afin de faire valoir les droits de la famille de comprendre les
circonstances du décès de Manuel âgé de 33 ans et en parfaite santé. La pri-
vation d’eau constitue une violation grave des droits des travailleurs et
OICEM souhaite mettre en lumière les conditions de vie et de travail de certains travailleurs agricoles en France mais aussi en Europe.
MANUEL, 33 ANS, DÉCÉDÉ
27% 73%Prises en charge
125
3%5%
12%33% 19% 8% 8%
0 5 % 10 % 15 % 20 % 25 % 30 % 35 %
0-10
ans
11-1
8 an
s
19-2
5 an
s
26-3
5 an
s
36-4
5 an
s
46-5
5 an
s
+ d
e 55
ans
0-10 ans
11-18 ans
19-25 ans
26-35 ans
36-45 ans
46-55 ans
+ de 55 ans
3%
5%
12%
33%
19%
8%
8%
TRANCHES AGES BÉNÉFICIAIRES
95 % des personnesn’ont pas eu accès aux soins
90 % des personnesn’ont pas eu d’accès libre aux sanitaires
plus de
40 % des personnes ont subi des violences physiques
10 % des personnesont été séquestrées
95 % des personnesn’ont pas eu accès aux soins
90 % des personnesn’ont pas eu d’accès libre aux sanitaires
plus de
40 % des personnes ont subi des violences physiques
10 % des personnesont été séquestrées
95 % des personnesn’ont pas eu accès aux soins
90 % des personnesn’ont pas eu d’accès libre aux sanitaires
plus de
40 % des personnes ont subi des violences physiques
10 % des personnesont été séquestrées
95 % des personnesn’ont pas eu accès aux soins
90 % des personnesn’ont pas eu d’accès libre aux sanitaires
plus de
40 % des personnes ont subi des violences physiques
10 % des personnesont été séquestrées
Rapport annuel 2015www.oicem.org
14 15
Chaque personne victime bénéficie d’une
assitance juridique. Notre juriste prend le
temps d’expliquer à chaque personne son
droit à déposer plainte. Nous lui exposons la
longueur, en moyenne cinq ans, et la teneur
des procédures, afin qu’elle puisse prendre
une décision éclairée. C’est suite à plusieurs
entretiens que nous sommes en mesure
d’identifier la personne comme victime de
traite des êtres humains et de lui proposer
un accompagnement adapté à sa situation.
Différentes procédures peuvent être menées
en parallèle aussi il convient de bien expli-
quer les enjeux et le déroulement de cha-
cune au personnes accompagnées.
En 2015, plus 67% des personnes que
nous avons accueillies ont déposé plainte.
Ce chiffre est en augmentation par rapport
à 2014. Dans 43% des cas, la qualification
de Traite des êtres humains a été retenue. Le
dépôt de plainte représente un enjeu parti-
culièrement important pour la mise en œuvre
de la protection des victimes de traite des
êtres humains. En effet, en France, celui-ci
conditionne la majorité des démarches et
l’accès aux droits dont les victimes de traite
peuvent se prévaloir. Les victimes accompa-
gnées par OICEM peuvent être en situation
irrégulière au moment de leur prise en charge
et la loi (article l316-1 du CESEDA) permet à
ces dernières lorsqu’elles ont déposé plainte
de prétendre à un titre de séjour provisoire le
temps de la procédure.
Ce titre va aussi leur permettre d’avoir une
allocation temporaire d’attente et bien sou-
vent favoriser l’accès à l’hébergement.
Malgré l’évolution des dispostions législa-
tives et l’existence d’un Plan d’action natio-
nal de lutte contre la traite des êtres humains,
le nombre de procès en France reste faible.
Cette année sur les quatre procès dans les-
quels OICEM accompagnait les personnes
victimes et se constituait partie civile, un
tribunal a retenu la qualification de traite. Il
s’agissait dans cette affaire de traite des êtres
humains à des fins de trafic d’enfants. Les
prévenus ont été condamnés à des peines
allant jusqu’à cinq ans de prison ferme.
Pour les autres affaires, les tribunaux ont été
réticents à considérer les faits comme rele-
vant de la traite des êtres humains faute de
preuve, les affaires concernaient des situa-
tions de servitude domestique dont on sait
que les faits se déroulent dans la sphère
privée. Il est donc très difficile d’obtenir des
preuves matérielles.
Malgré les relances la personne victime reste
parfois sans nouvelle des suites données au
dépôt de plainte pendant plus d’un an.
Les procédures devant le Conseil des
prud’hommes se révèlent particulièrement
importantes car elles permettent aux per-
sonnes victimes d’être reconnues en tant
que travailleurs et d’obtenir les salaires et
documents qui leurs sont dus.
ACCOMPAGNEMENT JURIDIQUE
67 % des personnesont souhaité déposer plainte
43 % des plaintes ont été quali�ées de Traite des êtres Humains
15 % des affaires ont retenu la Constitution de Partie civile d’OICEM
8 % des jugements accordent les demandes de dommages et intérêt de l’association
14 % des affaires soutenues par OICEM ont été punies de peine de prison ferme sous le chef d’inculpation de TEH
10 % des affaires sont portés devant la CIVI et à ce jour en attente décision
67 % des personnesont souhaité déposer plainte
43 % des plaintes ont été quali�ées de Traite des êtres Humains
15 % des affaires ont retenu la Constitution de Partie civile d’OICEM
8 % des jugements accordent les demandes de dommages et intérêt de l’association
14 % des affaires soutenues par OICEM ont été punies de peine de prison ferme sous le chef d’inculpation de TEH
10 % des affaires sont portés devant la CIVI et à ce jour en attente décision
Rapport annuel 2015www.oicem.org
16 17
Nous nous interrogeons néanmoins sur le fait
que la traite des êtres humains n’apparaisse
pas dans le code du travail et attendons
beaucoup de l’élargissement des compé-
tences des Inspecteurs du Travail tel que le
prévoit la proposition de loi relative à la Lutte
contre le système prostitutionnel qui sera
votée 2016. En effet, la majorité des secteurs
d’exploitations concerne des activités régle-
mentées par le code du travail (secteur agri-
cole, bâtiment, restauration, ..).
Une des questions qui s’est imposée cette
année est le problème de l’exécution des
décisions. En effet, alors que les dispositions
pénales prennent effet quasiment immédia-
tement les dispositions civiles connaissent
une exécution limitée tant au niveau pénal
que prud’homal ce qui empêche les victimes
d’obtenir les sommes qui leur sont dues.
En ce sens, nous assistons les personnes
victimes à saisir la Commission d’Indemnisa-
tion des Victimes d’Infraction (CIVI). Cepen-
dant nous avons pu remarquer que bien que
la CIVI soit une juridiction indépendante des
juridictions pénales et qu’elle ait la compé-
tence pour rendre des décisions autonomes,
celle-ci préfère surseoir à statuer et attendre
le jugement du tribunal correctionnel.
Les jugements et décisions en correction-
nelles sont réticents à retenir l’infraction de
traite des êtres humains, le chemin vers l’in-
demnisation nécessitera un travail soutenu.
Une des activités connexes à l’accompagne-
ment des victimes de traite des êtres humains
concerne la régularisation des situations au
regard du séjour. En effet, l’article l 316-1 du
CESEDA ouvre la possibilité aux victimes de
traite des êtres humains d’obtenir un titre de
séjour temporaire le temps de la procédure
pénale voire une carte de résident en cas de
condamnation. En conséquence, nous assu-
rons un suivi administratif des victimes les-
quelles peuvent être en situation irrégulière
au moment où nous les rencontrons.
La non régularisation des victimes au regard
du droit au séjour est un des éléments qui
participe à leur vulnérabilité et rend possible
leur exploitation. Lorsque les victimes sortent
de la situation d’exploitation il est nécessaire
de régler leur situation administrative afin de
les protéger et d’éviter qu’elles se retrouvent
à nouveau en position de vulnérabilité, ter-
rain propice à une nouvelle exploitation.
Nous notons une attention particulière des
services de Préfecture quant à la continuité
de la procédure pénale. C’est à la victime
d’en apporter la preuve ce qui peut se révéler
compliqué quand l’affaire est en cours d’en-
quête et que le parquet en charge du dossier
n’est pas identifié.
DENI DE JUSTICE
Depuis 2007, OICEM accompagne une jeune femme victime de servitude domestique et de travail forcé
dans une blanchisserie. La saisine des Prud’hommes a eu lieu en 2010. Un jugement a été rendu en
décembre 2013 soit trois ans et neuf mois plus tard. Ce jugement faisait état des conditions indignes de
vie et de travail de la jeune femme notamment le fait qu’elle dormait à même le sol et qu’elle travaillait
plus de dix heures par jour payée cinquante euros par mois. Son employeur a été condamnée à 30 000
euros de dommages et intérêts pour discrimination du fait de son origine. L’employeur a fait appel de
la décision et la jeune fille a été convoquée pour une nouvelle audience en 2015. Son avocat a obtenu
la radiation du dossier pour délais excessifs. Reste que la jeune femme était au 31 décembre 2015 en
attente du jugement définitif. Son affaire fait partie des 307 assignations en responsabilité pour déni de
justice déposées à l’été 2015 devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris. La décision devrait
être rendue en 2016.
Rosa a 25 ans, elle vit en Europe de l’Est. Mère de deux jeunes enfants, son conjoint lui propose de le suivre à l’étranger. Elle est forcée à se prostituer dans différents pays d’Europe. Elle travaille toutes les nuits et est séquestrée la journée. L’argent gagné lui est systématiquement pris. Elle est frappée lorsqu’elle ne gagne pas assez. Elle parvient à s’enfuir avec un client. Elle alerte les services de Police en France qui grâce à son té-moignage parviendront à démanteler un réseau d’exploitation sexuelle et de mendicité. Les auteurs sont arrêtés et emprisonnés. Les ser-vices de Police nous sollicitent pour la prise en charge de la jeune femme et d’autres victimes en situtation de mendicité forcée. Notre coordinatrice sociale oriente Rosa vers des lieux de soins et la soutient dans ses démarches administratives. Elle est au-jourd’hui en couple. En 2014, le procès dans le cadre duquel nous nous étions constitués partie civile a vu la condamnation des auteurs à des peines allant jusqu’à sept ans de prison ferme. En 2015, Rosa est en attente de la décision de la Civi relative à son indemnisation.Rosa est aujourd’hui autonome elle participe aux ateliers de soutien à la parentalité que nous organisons grâce au soutien du Réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (Reaap).
ROSA, 25 ANS
13 % des dossiers connaissent une procédure devant le CPH
10 % des dossiers jugés en 2015 ont permis aux victimes d’obtenir gain de cause, et d’ouvrir droit à une indemnisation au titre du travail effectué et non rémunéré.
6 % des dossiers traités devant le CPH connaissent une procédure pour TEH au pénal
13 % des dossiers connaissent une procédure devant le CPH
10 % des dossiers jugés en 2015 ont permis aux victimes d’obtenir gain de cause, et d’ouvrir droit à une indemnisation au titre du travail effectué et non rémunéré.
6 % des dossiers traités devant le CPH connaissent une procédure pour TEH au pénal
67 % des personnesont souhaité déposer plainte
43 % des plaintes ont été quali�ées de Traite des êtres Humains
15 % des affaires ont retenu la Constitution de Partie civile d’OICEM
8 % des jugements accordent les demandes de dommages et intérêt de l’association
14 % des affaires soutenues par OICEM ont été punies de peine de prison ferme sous le chef d’inculpation de TEH
10 % des affaires sont portés devant la CIVI et à ce jour en attente décision
Rapport annuel 2015www.oicem.org
18 19
Ces dernières années, nous sommes
confrontés à une difficulté croissante relative
aux frais de justice. En effet, le délai entre
le dépôt de plainte et les suites données
peuvent s’étendre sur plusieurs années. En
cas de classement sans suite les personnes
qui souhaitent se constituer partie civile
doivent s’acquitter des frais de consignation
définis en fonction des ressources de la per-
sonne. Les personnes bénéficiaires de l’aide
juridictionnelle totale en sont exonérées.
En revanche les personnes qui ont des res-
sources ou bénéficient d’une aide juric-
tionnelle partielle doivent s’en acquitter. La
consignation s’élevant à plusieurs centaines
d’euros cela peut s’avérer être un frein pour
les personnes victimes dont le niveau de res-
sources permet de subvenir aux besoins pri-
maires : hébergement et nourriture. OICEM
ne peut s’engager à avancer ces frais faute
de moyens suffisants.
Fort de ces constats nous travaillons à la
mise en place d’une Coordination départe-
mentale Traite des êtres humains qui réu-
nira les acteurs de la lutte contre la traite
des êtres humains : services de Police et de
gendarmerie, Justice, Inspecteurs du tra-
vail, OCLTI, MIPROF, Lieux de soins, acteurs
associatifs... Le but étant de promouvoir la
coopération des ces instances dans l’intérêt
des victimes. Une première réunion est pré-
vue début 2016.
Constant a 32 ans, il est contacté via internet par une société française du secteur tertiaire alors qu’il est en poste dans un pays d’Afrique francophone. Le recru-teur lui promet un poste d’administrateur réseau, avec un salaire attractif et des avantages en nature : logement et véhicule de fonction. Il accepte, son employeur organise sa venue, l’installe dans un appartement qui est aussi son bureau. Il doit être disponible jour et nuit. Ses documents lui sont pris et il n’est pas payé. Il aban-donne son poste au bout de plusieurs mois et se retrouve à la rue. Une collègue de
travail lui donne nos coordonnées. Notre juriste l’accompagne pour déposer plainte et le met en relation avec une
avocate qui saisira le Conseil des Prud’Hommes. L’employeur, qui reste introuvable et a exploi-
té une dizaine de personnes françaises et étrangères, est condamné à indemniser
Constant à hauteur de 10 000 €. Il est en attente du procès au Pénal. Au-jourd’hui, le jeune homme mène une vie autonome. Une audition avec le juge d’instruction, relative à la plainte déposée en 2012, est prévue début 2016.
CONSTANT, 32 ANS
Alors que la France, en 2014, a publié un
Plan d’Action National de lutte contre la
Traite des Etres Humains et de Protection
des Victimes, que le code pénal a été mo-
difié en août 2013 afin de rendre conforme
notre droit national aux Conventions in-
ternationales pour lesquelles la France
s’est engagée, on constate une réticence
des autorités à aborder ces situations
comme relevant de la traite des êtres hu-
mains. Nous attendions du plan d’action
national qu’il vienne renforcer les efforts
de travail en collaboration, de sensibili-
sation des secteurs concernés au phé-
nomène de traite des êtres humains
afin que les victimes soient clairement
identifiées et prises en charge. En effet,
comme nous y engage la Convention de
Varsovie, le Plan reprend et distingue
toutes les formes d’exploitation et pointe
l’importance de l’identification des vic-
times. De plus des actions de sensibili-
sations mais surtout de formations des
professionnels concernés notamment du
secteur judiciaire devraient être mises en
place.
Dans ce sens la DDCS des Bouches
du Rhône a mis en place des commis-
sions et sous commissions thématiques
Contre les violences faites aux femmes et
Lutte contre la Traite des êtres humains,
auxquelles OICEM participe activement.
Nous avons d’ailleurs coordonné un
guide pour «mieux comprendre la traite
des êtres humains» diffusé en novembre
2015.
Rapport annuel 2015www.oicem.org
20 21
ACCOMPAGNEMENT SOCIO ÉDUCATIF ET HÉBERGEMENT
Notre coordinatrice sociale rencontre régu-
lièrement chaque bénéficiaire pour mener à
bien différentes missions :
• Prescription d’une structure d’héberge-
ment et résolution des problématiques d’ur-
gence
• Appui à la définition d’un projet individuel
(formation, insertion professionnelle)
• Mobilisation en continu du réseau de
structures partenaires : lieux de soins, ser-
vices sociaux, centres de formation…
• Orientation sur le dispositif national Ac-Sé
(Accueil sécurisant) dont nous sommes par-
tenaire lorsque la personne est en situation
de danger
• Orientation vers des lieux de restauration
et épiceries solidaires
En 2015, la réforme du Droit d’asile a eu
une incidence sur le délai de versement de
l’Aide Temporaire d’Attente (ATA) devenue
ADA et dont bénéficient aussi les personnes
bénéficaires d’un titre de séjour l316-1.
En effet la mise en place des nouvelles
dispositions ayant pris du temps, des per-
sonnes ont pu se retrouver sans ressources.
L’accès à l’hébergement est primordial pour
permettre à la personne de se reconstruire
dans un environnement sécurisant. Bénéfi-
cier d’un lieu de vie stabilisant et rassurant
est essentiel à la reconstruction sociale,
économique et psychique. Nous constatons
toutefois une saturation des lieux d’héber-
gement, notamment pour les hommes, ainsi
qu’un délai d’attente important avant d’in-
tégrer un centre d’hébergement. Les per-
sonnes sont alors dans
une situation précaire
qui les rend vulnérables.
Afin d’accompagner les
personnes vers l’autono-
mie, nous avons réalisé
un agenda où figurent
les dates importantes
personnalisées.
Il a été remis à chaque
bénéficiaire.
SITUATION PRECAIRE 14%
CHEZ UN TIERS8%
CENTRE HEBERGEMENT 16%
AUTONOME26%
AUTRES (retour au pays d'origine, en cours de signalement ou
identification) 8%
SITUATIONS DES BENEFICIAIRESSITUATIONS DES BENEFICIAIRES
Rapport annuel 2015www.oicem.org
22 23
Pretty a 28 ans, elle travaille dans une banque en Asie et parle couramment l’an-glais. Souhaitant voyager et apprendre le français, elle répond à une annonce sur un site internet de Jeunes filles au Pair.
La famille qui la recrute ne lui permet pas de sortir et ne la paye pas pour les tâches effectuées. Son frère, inquiet de ne pas avoir de nouvelles, sollicite une ONG des Pays-Bas où il réside, qui l’invite à nous contacter. Notre équipe se met en relation avec les services de Gendarmerie et se rend au domicile de la famille pour libérer la jeune femme.
Elle est très affectée par son vécu d’isolement et est suivie par notre psychologue. Notre coordinatrice sociale l’a soutenue dans sa recherche d’hébergement, elle a suivi une formation en français avec l’une de nos bénévoles et au sein d’une associa-tion partenaire.Elle a déposé plainte, en 2013, assistée par notre juriste. Nous avons appris en 2015, que la plainte avait été classée faute de preuves suffisantes. Pretty s’est constituée partie civile.
Pretty vit en foyer, elle poursuit une formation en hôtellerie-restauration.
PRETTY, 28 ANS
INSERTION PROFESSIONNELLE
L’accès à l’apprentissage ou au perfection-
nement du français est un préalable à l’ins-
cription dans le tissu social qui vient favori-
ser le lien, la découverte et la rencontre.
A leur arrivée à OICEM, cette année, 20 %
des personnes ne parlaient pas le français
ou ne le maitrisaient pas. La majorité d’entre
elles ont suivi une scolarité dans leur pays
d’origine. Un niveau d’études supérieures
ne préserve pas de situations d’exploitation. L’accès à l’emploi ou à une formation quali-
fiante constitue un important travail d’accom-
pagnement. Les bénéficiaires accompagnés
trouvent des emplois dans la restauration, le
ménage et l’aide à domicile.
Notre équipe conjugue ses compétences
pour favoriser l’insertion des personnes :
notre coordinatrice sociale les accompagne
dans la recherche de formation et/ou d’em-
ploi, notre juriste les informe sur le droit des
salariés, notre psychologue les amène à tra-
vailler la confiance en soi.
En activité professionnelle
36%
Recherche d'emploi42%
Formation Professionnelle
7%
Formation Linguistique 15%
INSERTION PROFESSIONNELLE ET FORMATIONINSERTION PROFESSIONNELLE ET FORMATION
20 % des personnes ne parlent pas le Français
16 % des personnesne sont jamais allées à l’école
14 % des personnes ont un niveau baccalauréat ou d’études supérieures
23 % des personnesont un niveau scolaire variant du niveau primaire au niveau 3e
20 % des personnes ne parlent pas le Français
16 % des personnesne sont jamais allées à l’école
14 % des personnes ont un niveau baccalauréat ou d’études supérieures
23 % des personnesont un niveau scolaire variant du niveau primaire au niveau 3e
Rapport annuel 2015www.oicem.org
24 25
ACCOMPAGNEMENT PSYCHOLOGIQUE
Dès leur arrivée, toutes les personnes
peuvent bénéficier d’un entretien psycho-
logique. Il n’y a pas d’injonction au soin et
l’adhésion de la personne au suivi est primor-
diale. Compte tenu de l’évolution des publics
accueillis, notamment un nombre croissant
de mères avec enfant(s), nous proposons un
atelier de soutien à la parentalité.
Il s’agit d’accompagner chaque personne
dans la restauration de ses capacités à être
un sujet (« Je ») porteur et acteur d’un pro-
jet de vie singulier. Nous sommes vigilants
face à la tendance à la traumatisation dont
le risque serait une approche causaliste de la
situation vécue.
Les comportements de la personne et son
rapport au monde ne peuvent dépendre d’un
seul et unique événement, aussi violent soit-
il et quelle que soit sa répétition. Au cours
de notre pratique, il nous est apparu perti-
nent de rencontrer la personne comme por-
teuse d’une histoire singulière, d’une histoire
familiale, inscrite dans une filiation, dans une
culture. Il s’agit de travailler avec elle à par-
tir de ce qu’elle dit d’elle-même, de sa vie,
des évènements passés et actuels, d’ici et
là-bas, dans l’ici et maintenant.
Les thématiques abordées au cours des
entretiens sont en lien avec les effets de
l’isolement, la rupture familiale, les troubles
du sommeil, l’exil, les violences subies ainsi
que les angoisses inhérentes à construire et
mener un projet de vie. Des médiations artis-
tiques sont proposées aux bénéficiaires.
(…) L’un des aspects de ces premières
rencontres est celle de la fascination.
Face à des récits de vie débordant parfois
de précisions, de détails sordides, des
récits qui n’en sont pas encore (il s’agit
plutôt d’une suite d’évènements, de faits,
entre le souvenir et l’hallucination, tel un
rêve, un film) l’interlocuteur peut se trou-
ver démuni. Les témoignages parfois crus
peuvent paraître obscènes, irreprésen-
tables, épouvantables à un point tel que
l’écoute laisse place à la sidération.
La question de l’identification et de son
impossibilité se pose à la fois pour les
accueillants et pour le narrateur. Elle
amène inéluctablement à la question du
semblable. Fédida définit la déshumanité
comme une « destitution de la ressem-
blance, du semblable ».
C’est dans la différence, dans l’écart pos-
sible par l’altérité que le sujet peut être
dans la catégorie du même. Or c’est ce
qui fait défaut dans des situations d’as-
servissement, l’autre n’étant pas appré-
hendé comme semblable il ne peut s’ins-
crire dans une relation intersubjective.
La privation de parole et de sa dimension
d’adresse a des effets sur la capacité nar-
rative. D’autant que ce temps d’identifi-
cation peut être assimilé à une injonction
à témoigner avec ce que cela comporte
d’oublis, de remaniements, d’ajuste-
ments. Des preuves crédibles sont atten-
dues à travers les traces laissées par ce
vécu, traces qui sont expertisées par le
corps médical afin de proposer des hypo-
thèses de leur origine qui viendraient ou
pas corroborer le discours de la victime.
Par ailleurs la mise en récit apparaît
comme une tentative de sortir du trauma-
tisme (…)
Nagham Hriech Wahabi, psychologue cli-
nicienne, extrait de « Marchandisation de
l’humain et dette »
Rapport annuel 2015www.oicem.org
26 27
ATELIERS ET PARTENARIAT
Les victimes de traite des êtres humains sont
le plus souvent étrangères et ont été ame-
nées sur le territoire sous la contrainte et/ou
à la suite d’une promesse trompeuse. Une
des conséquences de leur période d’enfer-
mement et/ou d’isolement, est qu’elles ont
une image erronée de la vie en France. Les
ateliers leurs donnent l’occasion d’élargir
leur champ de vision, de manière à les ame-
ner à adopter une attitude responsable et
autonome, tout en leur donnant une parole
« autre » que celle qu’elles doivent donner
dans un cadre juridique ou administratif où il
leur est demandé de « raconter des faits » et
non de « se raconter ». Ces ateliers n’ont pas
pour vocation de donner un savoir ou un sa-
voir-faire uniquement : la notion d’échanges
y est un facteur essentiel. De même, face à
l’expérience d’une extrême violence vécue
par les victimes, il convient d’appréhender
ces ateliers comme un moment agréable per-
mettant, le temps d’une séance, «d’oublier »
et « de se faire plaisir», ce qui n’empêche en
rien l’aspect « apprentissage ».
Ces ateliers s’inscrivent clairement dans la
continuité des modalités de prise en charge
globale des personnes victimes de la traite
des êtres humains préconisée par OICEM.
Partenariat
Initié il y a six ans ce partenariat intitulé
« free yourself » permet au personnes ac-
compagnées de bénéficier d’un accompa-
gnement vers l’insertion professionnelle ou
la création d’une activité.
Les intervenants collectent également des
produits d’hygiène et de papeterie pour les
bénéficiaires.
PLAIDOYER / GROUPES DE TRAVAIL
OICEM participe activement à plusieurs
groupes de travail sur des thématiques spé-
cifiques en rapport avec la Traite des êtres
humains et est souvent sollicitée pour faire
part de son expertise dans le cadre d’études
nationales et internationales. L’objectif pour
OICEM étant de sensibiliser, former et infor-
mer afin que les victimes bénéficient d’une
meilleure protection.
En voici quelques exemples :
OICEM fait partie du collectif
« Ensemble contre la traite
des êtres humains », réseau
regroupant 23 associations françaises enga-
gées avec les victimes de Traite des êtres
humains en France, dans les pays d’origine
et de transit. Le collectif répond à un double
objectif de sensibilisation du grand public à
la problématique de la traite mais aussi de
plaidoyer auprès des institutions politiques
françaises et internationales afin que celles-
ci renforcent les dispositifs de protection des
victimes et de lutte contre la Traite des êtres
humains. Plusieurs groupes de travail sur
des thèmes précis telle la question de la Pro-
tection des Enfants au regard de la Conven-
tion Internationale des Droits de l’Enfant, le
rôle de la MIPROF, ont fait l’objet de réunion
régulières auxquelles OICEM était présente
pour faire part de son expertise et échanger
avec les autres partenaires.
#INVISIBLES OICEM participe à un projet
du Collecif Ensemble contre la traite des êtres
humains sur la création de courts mètrages
sur la traite des mineurs avec Guido Freddi
et Illaria Borelli réalisateurs du Film «Retour
à la vie» dont nous étions partenaires. Le
projet concerne également la conception
d’outils de sensibilisation à destination d’un
public adolescent.
OICEM a participé aux réunions
de travail avec la Défenseure
des droits des enfants dans le
cadre de l’évaluation de la France sur la mise
en oeuvre de la Convetion des Droits de l’En-
fant, et a participé à la rédaction d’un rapport
porté par le Collectif.
OICEM a été sollicitée par EC-
PAT France afin de faire partie
du Comité de Pilotage pour la
réalisation d’une étude portant
sur la protection et la prise en charge des
mineurs victimes de traite des êtres humains
en France. Plusieurs formes d’exploitations
sont visées par l’étude qui se veut un état
des lieux le plus objectif possible de la prise
en charge de ces situations. Cette étude
intervient suite à l’adoption du premier Plan
d’Action National de lutte contre la traite en
France et dans lequel la question des mi-
neurs fait l’objet d’une attention particulière.
10% des accompagnements d’OICEM en
2015 concerne des mineurs.
Sous-commission « Prostitution
et Traite des êtres humains ».
Celle-ci a été mise en place dans
le cadre des commissions dépar-
tementales « Lutte contre les vio-
lences faites aux femmes » à l’initiative de
la mission « Droits des femmes et égalité
hommes-femmes » de la Direction départe-
mentale de la cohésion sociale des Bouches
du Rhône. OICEM a participé aux différentes
sous commissions notamment « traitement
judiciaire des violences faites aux femmes »
ainsi que «prostitution et traite des êtres hu-
mains». Notre équipe a d’ailleurs coordonné
le guide « Mieux Comprendre la traite des
êtres humains » qui a été diffusé largement
auprès et par les partenaires. Le guide est
accessible sur notre site internet et un tirage
à 1000 exemplaires a également été fait.
Atelier « Culture générale et Citoyenneté » :
avoir accès et connaitre ses droits et ses devoirs
à travers la découverte de la ville, de la diversité,
la différence culturelle. Favoriser l’autonomie.
Atelier « soutien pédagogique » : hebdomadaire
en individuel – et plus précisément des victimes
masculines - axé sur la formation générale et
accompagnements vers les dispositifs solidaires :
boutiques solidaires, distribution alimentaire, lieux
de partage.
Atelier « vestiaire » : Recherche de vêtements,
de meubles, d’objets courants ou de produits
nécessaires aux bénéficiaires. Le soin particulier
donné à cet atelier correspond à la nécessité de
se soucier du bien-être (image de soi) dont les
bénéficiaires ont manqué pendant leur période
d’exploitation.
Atelier « papiers » : Aide au montage de dossiers
administratifs et classement des documents par
catégorie dans des pochettes spécifiques. Cette
activité permettant ainsi de mieux faire connaître
les logiques administratives.
Rapport annuel 2015www.oicem.org
28 29
OICEM a pu faire part de
son expertise dans le cadre
de sa participation à une
étude sur la traite des personnes dans le
secteur du travail domestique. Une des ca-
ractéristiques du travail domestique dans
de nombreux pays est qu’il se déroule dans
un cadre de travail informel (non déclaré) et
concerne souvent des migrants en situation
de séjour irrégulier, ce qui les rend particuliè-
rement vulnérables à l’exploitation.
Cette recherche – basée sur l’examen de
la jurisprudence et les interviews d’interve-
nants clés dans ce domaine dans sept pays
(France, Grande Bretagne, Belgique, Grèce,
Italie, Chypre et les Pays-Bas) – a trois prin-
cipaux objectifs : 1) enquêter sur les types
de situations dans le travail domestique qui
peuvent donner lieu à des formes extrêmes
d’exploitation et de traite, 2) examiner les
motivations et les facteurs encourageant la
demande ainsi que les lacunes dans la légis-
lation et les politiques 3) proposer une série
de mesures aux décideurs politiques natio-
naux et internationaux.
OICEM a été invitée par la fédé-
ration européenne des emplois
de la famille à participer aux réu-
nions organisées à Bruxelles.
Cette initiative européenne dont la FEPEM
(Fédération des Particuliers Employeurs) est
à l’origine, vise à obtenir une reconnaissance
légale et administrative de l’emploi à domi-
cile par les institutions et décideurs poli-
tiques européens. En effet, les services à la
personne et les emplois de la famille repré-
sentent un secteur économique à part en-
tière, qui concerne tous les aspects des né-
cessités quotidiennes des familles (services
d’aide aux handicapés, personnes âgées et
dépendantes, ou encore gardes d’enfants),
et qui reste encore aujourd’hui très touché
par l’emploi illégal et non déclaré. La EFFE a
souhaité qu’OICEM puisse faire profiter ses
membres de son expertise dans le champ de
l’exploitation du travail domestique.
OICEM a participé à
deux séminaires dans
le cadre du Projet européen Resiland porté
par différentes associations européennes. Il
s’agit d’une initiative visant au renforcement
de la participation et des capacités des en-
fants migrants exposés aux risques de traite
des êtres humains et d’exploitation. Le pro-
jet repose sur une approche novatrice en oc-
troyant aux enfants migrants un rôle central
dans la définition de mesures de protection
adaptées contre l’exploitation et la traite des
êtres humains. OICEM a participé a un sémi-
naire à Athènes réunissant une vingtaine de
professionnels d’une dizaine de pays d’Eu-
rope et a été invitée en tant qu’intervenant à
Bruxelles lors du séminaire final.
OICEM a participé au FORUM SO-
CIAL MONDIAL qui s’est tenu à Tu-
nis en mars 2015. OICEM est inter-
venu dans un atelier organisé par le
Secours catholique sur la Traite des Mineurs.
L’occasion de rencontrer des partenaires
tunisiens mobilisés sur la lutte contre l’escla-
vage en Tunisie, notamment l’association
«M’nemti» que nous avons invitée à partici-
per à l’atelier.
OICEM est membre de la EU CIVIL
e-Platform against Human Traf-
ficking : un espace d’échanges
et de ressources pour et par les différentes
instances européennes qui assistent les per-
sonnes victimes et luttent contre la traite des
êtres humains.
PLAIDOYER / GROUPES DE TRAVAIL MÉDIAS
Depuis quelques années l’accélération cer-
taine sur le front médiatique se poursuit.
Notre volonté de sensibiliser un large public
à notre cause a trouvé un écho favorable
auprès des médias traditionnels, et ce quels
que soient les supports, mais aussi avec une
communication directe grâce à nos propres
médias sociaux.
De l’AFP au Monde en passant par Radio
France, l’action d’OICEM a été massive-
ment relayée cette année. Voici la liste, non
exhaustive, des médias qui ont diffusé nos
communiqués de presse et dépêché leurs
propres journalistes pour suivre les procès
dont nous étions partie civile et les opéra-
tions que nous avons menées :
L’Agence France Presse (AFP), L’Agence
Reuters, Le Monde, Le Figaro, La Provence,
La Marseillaise, L’Observateur, 20 minutes,
Direct Matin, MetroNews, La Vie, MarsActu,
La Croix, Secours Catholique, RTL, France
Bleu Provence, Radio France, Fun Radio,
France Inter, Radio Dialogue, France 3, M6.
OICEM a participé au tournage d’un docu-
mentaire de Géraud Burin des Roziers sur
l’esclavage aujourd’hui en France. Ce docu-
mentaire qui devrait être diffusé courant 2016
sur France 5 donne la parole aux personnes
victimes. Une occasion rare de rencontrer
celles et ceux qui sont aujourd’hui en France
victimes d’esclavage.
SITE INTERNET
www.oicem.org
Le site internet d’OICEM a accueilli 8000
visiteurs en 2015. Il est consulté partout en
France, notamment à Paris ainsi qu’en Eu-
rope et aux États-Unis. Nous avons des re-
tours positifs sur l’interface, la navigation et
surtout sur le contenu qui permet de mieux
comprendre ce qu’est l’esclavage moderne.
Rapport annuel 2015www.oicem.org
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OICEM est également présent sur facebook
twitter et a récemment ouvert un compte Ins-
tagram.
SENSIBILISATION
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RÉSEAUX SOCIAUX
NEWSLETTER
La newsletter lancée en 2015 dans sa nou-
velle version aborde les actualités en lien
avec les formes contemporaines de l’escla-
vage. Envoyée à plusieurs centaines de per-
sonnes, la newsletter d’OICEM se veut dyna-
mique, actuelle et invite ses lecteurs à aller
plus loin à travers les liens proposés.
Les flyers réalisés grâce au soutien de la fon-
dation Gloriamundi font régulièrement l’objet
de retirages en français comme en anglais, à
ce jour mille exemplaires de chaque ont été
distribués.
OICEM poursuit ses actions de sensibilisa-
tion et s’est dotée d’outils notamment des
rolls up dont certains sont adaptés pour un
jeune public. Les actions de sensibilisation
sont en direction du jeune public notamment
autour de la citoyenneté, des droits des en-
fants et du travail des enfants.
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PERSPECTIVES
La richesse des projets de cette année conti-
nuera en 2016. L’accompagnement des per-
sonnes victimes se poursuivra avec de nou-
veaux défis : prévenir les situations de Traite
des êtres humains auprès des populations
Roms, poursuivre le développement des par-
tenariats avec les pays d’origine notamment
le Maroc afin de sensibiliser aux réalités de
la migration forcée aux fins d’exploitation. La
situation de vulnérabilité des mineurs étran-
gers non accompagnés reste cette année
encore une priorité.
La présence dans différents groupes de tra-
vail en France et à l’international est néces-
saire au partage d’expertise. Le développe-
ment d’outils de sensibilisation aux réalités
de la traite des êtres humains et de l’escla-
vage est essentiel.
OICEM continuera de travailler en collabora-
tion avec la MIPROF, notamment sur l’élabo-
ration d’outils de sensibilisation. Notre équipe
sera également mobilisée sur l’évaluation de
la France par les experts du GRETA dans les
mois qui viennent. L’occasion de partager
notre expertise sur les avancées et les efforts
à déployer dans la lutte contre la traite des
êtres humains et la protection des personnes
victimes en France.
Un travail important sera mené concernant
les bases de données actuelles des per-
sonnes accompagnées. Afin d’optimiser le
suivi de chaque dossier et la finesse de notre
analyse nécessaire à une meilleure connais-
sance du phénomène de la traite des êtres
humains nous utiliserons un logiciel déve-
loppé dans le cadre de l’accueil des étran-
gers (par Espace Accueil Etrangers) et nous
travaillerons à adapter ce logiciel aux réalités
de l’esclavage aujourd’hui.
Au regard des migrations forcées, des condi-
tions de voyage et d’accueil des personnes
migrantes nos missions sont plus que jamais
inscrites dans une nécessité de faire respec-
ter les droits des hommes, des femmes et
des enfants qui sont les victimes de cette
pratique qu’aucune société ne peut tolérer.
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