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PREVENTION DE LA
MALTRAITANCE DES PERSONNES AGEES
EN ETABLISSEMENTS
MEDICO-SOCIAUX
ALEXANDRE FABBRI
Étudiant Bachelor – Filière Soins infirmiers
LOÏC BRIAND
Étudiant Bachelor – Filière Soins infirmiers
VINCENT FAVRE
Étudiant Bachelor – Filière Soins infirmiers
Directrice de travail : NANCY HELOU
TRAVAIL DE BACHELOR DÉPOSÉ ET SOUTENU A LAUSANNE EN 2013 EN VUE DE
L’OBTENTION D’UN BACHELOR OF SCIENCE HES-SO EN SOINS INFIRMIERS
Haute Ecole de Santé Vaud Filière Soins infirmiers
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
Résumé
Introduction : La maltraitance des personnes âgées en établissements médicaux sociaux (EMS) est un
problème social prenant de l’ampleur. Ce phénomène tend vraisemblablement à s’accroître au vu du
vieillissement de la population et du manque de professionnel de la santé. La maltraitance affecte
directement la qualité de vie des personnes âgées. Il est du rôle du professionnel de la santé de savoir
identifier et appliquer des mesures appropriées pour prévenir la maltraitance et ainsi sauvegarder et
promouvoir le bien-être, la qualité de vie et la santé des personnes âgées.
Objectif : Identifier les interventions infirmières permettant de prévenir la maltraitance des personnes
âgées dans les EMS.
Méthode : Les recherches sur CINHAL, PubMed et Google Scholar ont permis de sélectionner cinq
articles provenant des Etats-Unis et d’Israël proposant des interventions de prévention de la
maltraitance.
Résultats : Huit thèmes principaux ont émergés : 1. La formation du personnel soignant, 2. L’attitude
des différents soignants envers les personnes âgées ayant une démence, 3. La dotation du personnel et
le nombre élevé de patients, 4. Le burnout du personnel et l’environnement de travail, 5. La détection
de la maltraitance, 6. La collaboration entre EMS et instances politiques, 7. L’approche
interdisciplinaire, 8. Les patients à risque de maltraitance.
Conclusion : Plusieurs interventions infirmières permettant la prévention de la maltraitance, ont été
identifiées. Les plus notables sont : La formation des professionnels de la santé, un ratio infirmier/
patient adéquat correspondant à la charge de travail, l’approche interdisciplinaire et intradisciplinaire.
Mots-clé : la maltraitance, les personnes âgées, les établissements médico-sociaux, la prévention, le
rôle infirmier, les soins infirmiers.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
AVERTISSEMENT
Les prises de position, la rédaction et les conclusions de ce travail n’engagent que la responsabilité de
ses auteurs et en aucun cas celle de la Haute Ecole de Santé Vaud, du Jury ou du Directeur du Travail
de Bachelor.
Nous attestons avoir réalisé seuls le présent travail, sans avoir utilisé d’autres sources que celles
indiquées dans la liste de références bibliographiques.
11.06.2013. Briand, L. Fabbri, A. & Favre, V.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
Remerciements
Nous remercions spécialement notre directrice de Bachelor, Madame Helou Nancy pour son soutien,
ses conseils et son dévouement durant ces deux années de travail.
Nous remercions également notre expert de la pratique, Monsieur Nakamura Christophe qui nous a
amené ses connaissances et son expérience sur notre thématique lors de la soutenance.
Nous remercions aussi nos parents pour la relecture, les corrections et leur soutien durant la
conception de ce travail.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
Table des matières
1� Introduction ..................................................................................................................................... 1�
2� Problématique .................................................................................................................................. 2�
3� Méthodologie ................................................................................................................................... 7�
3.1� Critères d’inclusion et d’exclusion ........................................................................................ 10�
3.2� Critique de la méthodologie .................................................................................................. 10�
4� Synthèse des résultats .................................................................................................................... 11�
5� Développement des thèmes ........................................................................................................... 18�
5.1� Les facteurs liés à la structure de l’organisation ou de l’EMS .............................................. 18�
5.1.1� La formation du personnel soignant sur la maltraitance ................................................ 18�
5.1.2� L’attitude des différents soignants envers les personnes âgées ayant une démence ..... 19�
5.1.3� La dotation du personnel soignant et le nombre élevé de patients ............................... 20�
5.1.4� Le burnout du personnel soignant et l’environnement de travail .................................. 20�
5.2� Les facteurs liés au processus ................................................................................................ 20�
5.2.1� La détection de la maltraitance ...................................................................................... 20�
5.2.2� La collaboration entre l’EMS et les instances politiques ............................................... 21�
5.2.3� L’approche interdisciplinaire ......................................................................................... 21�
5.3� Les facteurs liés aux patients ................................................................................................. 22�
5.3.1� Les patients à risque de maltraitance ............................................................................. 22�
6� Discussion ..................................................................................................................................... 23�
6.1� Résumé des principaux résultats ........................................................................................... 23�
6.2� Identification des limites du travail ....................................................................................... 24�
6.2.1� Limites méthodologiques par article ............................................................................. 24�
6.2.2� Limites méthodologiques générales .............................................................................. 24�
6.3� Caractère généralisable des résultats ..................................................................................... 25�
6.3.1� Confrontation des résultats à la question de recherche et mise en perspective des
résultats avec la littérature ............................................................................................................. 25�
6.4� Facteurs liés à la structure de l'organisation en EMS ............................................................ 25�
6.4.1� La formation du personnel soignant .............................................................................. 25�
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
6.4.2� L’attitude des différents soignants envers les personnes âgées ayant une démence ..... 26�
6.4.3� La dotation et le nombre élevé de patients .................................................................... 26�
6.4.4� Le burnout et l’environnement de travail ...................................................................... 27�
6.5� Facteurs liés au processus ...................................................................................................... 27�
6.5.1� La détection de la maltraitance ...................................................................................... 27�
6.5.2� La collaboration entre l’EMS et les instances politiques ............................................... 27�
6.5.3� L’approche interdisciplinaire ......................................................................................... 27�
6.6� Facteurs liés aux patients ....................................................................................................... 28�
6.6.1� Les patients à risque de maltraitance ............................................................................. 28�
6.7� Implication pour la pratique et la recherche .......................................................................... 28�
7� Conclusion ..................................................................................................................................... 30�
Références bibliographiques ................................................................................................................. 31�
1
1 Introduction Au cours de ce travail, nous allons développer le thème de la maltraitance des personnes âgées en
établissements médico-sociaux. Nous allons nous axer sur les interventions infirmières possibles afin
de la prévenir. La problématique débutera par la définition des deux concepts centraux, à savoir la
vieillesse et la maltraitance des personnes âgées. Il s'ensuivra quelques chiffres pour décrire l’ampleur
et l’impact que prend ce phénomène à l’heure actuelle. Quelques pistes concernant les interventions
infirmières seront aussi avancées.
La question de recherche, construite avec l’outil PICOT, a été le fil rouge qui a guidé nos recherches
durant tout notre travail de Bachelor.
La méthodologie quant à elle, décrira les méthodes qui ont été employées pour recueillir les articles de
recherches scientifiques dans le but de répondre à notre question de recherche. Ces recherches ont été
faites à partir des bases de données CINAHL et Medline et par les moteurs de recherche Ovid et
PubMed.
A partir des recherches, nous avons synthétisé les articles sous forme de tableaux dans lesquels nous
avons fait émerger les principaux résultats. Par la suite nous avons regroupé tous les résultats par
thèmes (8 thèmes). Les huit thèmes ont été développés dans la discussion. Dans cette dernière, les
résultats ont été critiqués. Finalement, de ces huit thèmes ont émergé les interventions infirmières
visant à prévenir la maltraitance chez la personne âgée.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
2
2 Problématique «La maltraitance des personnes âgées est reconnue comme un problème social qui prend de plus en
plus d’ampleur» (Shugarman, Fries, Wolf & Morris. 2003). De plus, il a été relevé que ce type d’abus
affecte directement la qualité de vie des personnes âgées (McCreadie, 2002 in McGarry & Simpson,
2009). Ainsi, tel que nous le disent McGarry et al. (2009), il est du rôle du professionnel de la santé de
savoir identifier et appliquer des mesures appropriées pour prévenir ce type d’abus et ainsi
sauvegarder et promouvoir le bien-être, la qualité de vie et la santé des personnes âgées.
Cependant, avant de poursuivre, il serait pertinent et important de définir les concepts clés qui seront
traités dans ce travail, c’est-à-dire : Les personnes âgées ainsi que la maltraitance et ses déclinaisons.
La maltraitance dont il est question dans ce travail touche les personnes âgées, il est donc important de
définir le concept de la vieillesse.
Le concept de vieillesse n’est pas évident à définir. En effet, l’attribution de ce qualificatif diffère d’un
individu à l’autre, ce qui induit une difficulté de comparaison entre les différentes études menées à ce
sujet. Pour certains, l’âge de la retraite correspond au début de la vieillesse, alors que pour d’autre,
c’est le déclin de la condition physique et/ou cognitive qui le définit (Krug, Dahlberg, Mercy, Zwi, &
Lozano-Ascencio. 2002). Il est donc important de noter qu’il n’y a pas de consensus sur la définition
du concept des personnes âgées. Dans ce travail on considère la personne âgée comme toute personne
à l’âge de la retraite, donc ayant 60 ans ou plus, tel que le propose l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) dans le rapport mondial sur la violence au chapitre 5 (2002).
Quant à la maltraitance, le rapport mondial sur la violence et la santé de l’OMS, l’a définie comme :
[...] un acte commis ou omis, auquel cas on parle habituellement de «négligence», et qu’elle soit
intentionnelle, soit involontaire. La maltraitance peut être physique ou psychologique, avec des
agressions verbales, notamment. Elle peut aussi passer par de mauvais traitements sur le plan
financier ou matériel. Quel qu’en soit le type, la maltraitance entrainera certainement des
souffrances ou des douleurs inutiles, la perte ou la violation des droits de l’homme et une
dégradation de la qualité de vie de la personne âgée. Le comportement sera probablement
qualifié d’abusif, de négligent ou d’exploitation selon la fréquence des mauvais traitements,
leurs durées, leurs gravités et leurs conséquences, et surtout, selon le contexte culturel (Krug &
al., (2002), p. 140-141)
Ainsi, il est intéressant de relever que la maltraitance peut prendre plusieurs formes. Dans leur étude,
Bužgová et Ivanová (2009) les ont classifiées par ; I. La maltraitance physique, II. La maltraitance
psychique ou émotionnelle, III. Les abus financiers, IV. La négligence, V. La violation des droits
fondamentaux
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
3
I. La maltraitance physique :
Comprend des actes pouvant causer de la douleur, comme : des blessures ou des dommages de
façon intentionnelle ou par imprudence. Cela inclut : coup de pied, pousser, brûler, étrangler,
utiliser de manière inappropriée et injustifiée des médicaments ou des contentions physiques.
Les auteurs ajoutent que selon Kalvach (1997), ces actes peuvent inclure : une exposition
intentionnelle au froid, la privation de nourriture ainsi qu’une négligence de la douleur.
(p.111-112)
II. La maltraitance psychique ou émotionnelle :
Est la forme la plus fréquente de maltraitance [en établissements médico-sociaux]. Il est
souvent difficile de la déceler et de la prouver. Elle se réfère à l’utilisation de mots qui
provoquent : peur, humiliation, stress émotionnel et angoisse. Les victimes peuvent être punies
et menacées d’expulsion de l’établissement par exemple. La maltraitance psychique inclut
aussi l’utilisation de moquerie, la médisance, la dictature, l’isolation physique ou
émotionnelle, l’ignorance et certaines interdictions infligées. (p.112)
III. Les abus financiers (maltraitance financière) :
Les abus financiers couvrent un large spectre, allant du simple vol à une manipulation
financière complexe. Par exemple : Utilisation non-autorisée des ressources financières et des
propriétés, appropriation des revenus, transferts de biens (incluant les appartements) etc. Les
résidents vivant dans les établissements de soins de longue durée sont fortement confrontés
aux vols perpétrés par les équipes soignantes, les membres de la famille, les visiteurs ou les
autres résidents. (p.112)
IV. La négligence :
La négligence inclut des soins inadéquats, une hygiène négligée, une malnutrition et une
déshydratation. Dans les homes, cela résulte d’une faute individuelle de la part d’un employé
ou d’une organisation interne mal gérée, comme par exemple : un manque de motivation ou un
manque de contrôle de la part d’organisations externes à l’établissement. (p.112) Certains
auteurs divisent le concept de la négligence en deux catégories: la négligence par autrui,
qui correspond à ce qui vient d’être décrit ci-dessus et l’auto-négligence qui met en faute la
personne elle-même. Une personne peut s’auto négliger en ne prenant pas soins d’elle de
manière volontaire ou non, par exemple en raison d’un handicap physique ou de troubles
cognitifs.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
4
V. La violation des droits fondamentaux :
La violation des droits fondamentaux signifie qu’un membre de la famille ou de l’équipe
soignante ne respecte pas les droits de l’intimité, de la sphère privée ou du libre arbitrage. Cela
peut se produire par exemple en empêchant les personnes âgées de rencontrer les gens qu’elle
désire voir, ou en décidant à leur place. (p.112)
Certains auteurs déclinent la maltraitance de manière différente mais la classification proposée ci-
dessus semble être celle adoptée par la majorité des études utilisées dans le cadre du présent travail.
Les concepts centraux étant définis, il est pertinent de se pencher sur l’ampleur et les proportions de ce
problème.
Selon l’OMS, dans les pays industrialisés, il est estimé que 4 à 6 % des personnes âgées sont touchées
par la maltraitance à domicile. Les données sur la maltraitance en institutions sanitaires, telles que : les
hôpitaux, les maisons de retraite et les établissements de soins de longue durée restent rares. En effet,
peu d’études empiriques ont été menées sur l’incidence de la maltraitance en établissements médico-
sociaux. (Lachs & Pillemer, 2004).
Concernant la Suisse, l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), en 2000, relevait que 3,9 % des
personnes de 65 ans ou plus vivant en ménage privé avaient indiqué avoir été victime de maltraitance
durant les douze mois précédents. On estime que 10 % des personnes font l’objet de maltraitance -
personnes vivant dans des institutions médico-social et à domicile confondues.
Cependant, au vu du sujet d’étude, il serait pertinent de se pencher plus précisément sur des données
concernant les établissements médico-sociaux. A ce sujet, l’émission Temps Présent, du 15 septembre
2011, précise les chiffres des abus en EMS en nous rapportant que 10 % des personnes âgées vivant
dans ces structures en sont victimes (Ducret & Fargues, 2011). Une étude s’est justement intéressée à
la maltraitance en EMS et a décrit la proportion de chaque type de maltraitance au sein de ces
institutions : L’enquête du Dr Bertino Somaini, secrétaire de l’Unabhängige Beschwerdestelle für das
Alter (UBA : Organe indépendant des plaintes pour les personnes âgées - Suisse), a relevé :
[...] en 2010, au total 317 plaintes. Dans les domaines des homes pour personnes âgées et des
homes médicalisés, les causes de ces plaintes étaient de nature suivante : financières (39 %),
psychiques (26 %), violations des droits fondamentaux (19%) et physique (14 %). Dans les
domaines privés ou domestiques les causes des plaintes étaient de nature suivante: financières
(61 %), psychiques (8 %), violations des droits fondamentaux (5 %) et physiques (24 %). Les
plaintes ont été annoncées à 41 % par les victimes elles-mêmes, 40 % par des membres de la
famille, à 6 % par la direction du home. A 3 % par des proches et à 10 % par «autres». (p.1)
Toutes les données exposées ci-dessus et dans le reste de ce travail ne sont bien sûr pas exhaustives car
celles-ci ne représentent que la part des abus recensés et déclarés. En effet, Baker et Heitkemper.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
5
(2005) relatent que «la maltraitance est un problème dissimulé» (p. 253). Erlingsson, Carlson, et
Saveman. (2006) vont en ce sens et ajoutent que ce problème reste un phénomène sous-déclaré. Dans
leur étude, Halphen, Sadowsky et Varas. (2009), citent plusieurs obstacles s’opposant à l’identification
et à la déclaration de ce problème par le soignant : par exemple : «[...] Le manque de connaissances
médicales quant aux facteurs de risque et signes de maltraitance ; les avis divergent sur ce qui
constitue ou non la maltraitance ; la peur d’être poursuivi en justice ou d’être soumis à des représailles
[...]» (p.15).
Les données présentées ci-dessus nous montrent donc l’ampleur du phénomène de la maltraitance. Le
vieillissement de la population ainsi que le déficit en personnel soignant qui sont à prévoir, sont des
données alarmantes, et le sont d’autant plus quand on lit les conséquences découlant de ce problème.
A ce sujet, une étude démontre que ces traitements sont liés à un haut taux de morbidité et de
mortalité. En effet, il a été relevé que ce type d’abus réduirait l’espérance de vie des personnes âgées
d’environ 13 ans (Lachs, Williams, O’Brien, Pillemer & Charlson. 1998). Krug et collègues les
soutiennent dans le rapport mondial sur la violence et la santé (2002) :
Ce n’est que depuis 1970 que la maltraitance aux aînés a été mise en avant. Auparavant, les
décès étaient attribués à des causes naturelles, accidentelles ou inexpliquées. Or des actes
mineurs de maltraitance peuvent avoir un impact mortel étant donné la fragilité de cette classe
de population. (p.145)
Ainsi, la maltraitance en établissement de soins de longue durée est un sujet préoccupant au vu de son
ampleur et de son impact. Malheureusement, ce phénomène ne tend pas à diminuer dans les années à
venir. En effet, au vu des prévisions de l’OMS (2002), la population âgée mondiale de 60 ans et plus
devrait plus que doubler d’ici 2025. Ainsi, on pourrait prédire, de par l’accroissement de la population
vieillissante, une augmentation proportionnelle du nombre de patient institutionnalisés et donc du
nombre de cas de maltraitance.
Cette augmentation démographique de la population vieillissante et l’accroissement du nombre de
personnes institutionnalisées sont d’autant plus inquiétantes en sachant qu’une étude prédit une
importante pénurie du personnel soignant pour les années 2020 à 2030 (Imhof, Rüesch, Schaffert,
Mahrer-Imhof, Fringer & Specker. 2010). En effet, elle relate que : « [...] pour 2020, en fonction des
scénarios retenus, le besoin en personnel supplémentaire serait de 8 à 28 % par rapport à 2006 et de 18
à 44 % pour 2030». (p. 2-3). Sujet préoccupant car Bužgová et al. (2009), expliquent justement que le
manque de personnel soignant est un des facteurs incriminé dans le phénomène de maltraitance.
Ainsi, au vu des données ci-dessus, le personnel soignant et en particulier les infirmiers et les
infirmières seront fortement confrontés à ce phénomène. Or, personne ne peut aller à l’encontre d’une
augmentation démographique et d’un accroissement des personnes vivant en EMS. Pour faire face à ce
phénomène Bužgová et al. (2009) soulignent l’importance du rôle infirmier dans la prévention des
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
6
situations qui mènent à la maltraitance et à la violation des droits fondamentaux ainsi que la prise en
charge des patients qui subissent la maltraitance.
En regard de la problématique et de toutes les données présentées ci-dessus, une question de recherche
peut être élaborée grâce à l’aide-mémoire «PICOT». Cette question de recherche a été le fil rouge du
ce travail
P : Population � Personnes âgées en établissement médico-sociaux
I : Intervention � Interventions infirmières
C : Comparaison/ � Impact de l’intervention sur les risques
Description
O : Outcome � La diminution de la maltraitance
T : Temps � Durée de séjour du patient
«Quelles interventions infirmières auprès des personnes âgées institutionnalisées en établissements
médico-sociaux permettraient de prévenir les risques de maltraitance ?»
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
7
3 Méthodologie Afin d’obtenir des articles scientifiques de qualité avérée, nous avons effectué des recherches sur les
bases de donnée suivantes :
• CINAHL-OVID
• Medline – Pubmed
La première couvrant les domaines des sciences de la santé, des soins infirmiers et de la médecine. La
seconde traitant plutôt de la médecine et des sciences biomédicales. Ces bases de données sont
reconnues par la communauté scientifique et sont régulièrement actualisées. Ces dernières nous ont
donc été fortement recommandées lors des cours de recherches documentaires dispensés par
l’HESAV.
Recherche dans la base de données CINAHL
Dans un premier temps, dans le but de répondre à notre question de recherche, nous avons mis en
évidence les mots-clés avec ou sans leurs termes MesH « elder » « maltreatment », « nursing
home », que nous avons combinés à l’aide des opérateurs booléens afin d’obtenir l’équation de
recherche suivante :
Elder AND maltreatment AND nursing home.
En faisant cette recherche, cela nous a menés à 2 articles. Sur la base de la lecture des titres et des
résumés de ces derniers, un article nous est paru particulièrement pertinent :
• Ben Natan, Lowenstein & Eisikovits (2010). Psycho-social factors affecting
elders’maltreatment in long-term care facilities. International Nursing Review 57, 113-120.
Nous avons fait une autre recherche. Nous avons mis en évidence les mots-clés « elder » « abuse »
« knowledge » « prevention », que nous avons combinés à l’aide des opérateurs booléens afin
d’obtenir l’équation de recherche suivante :
Elder AND abuse AND knowledge AND prevention
En faisant cette recherche, cela nous a menés à 46 articles. Nous avons affiné les critères en incluant
l’année de parution de 2000 à 2012, ce qui nous a menés à 39 articles. Après la lecture des titres et
résumés, l’un d’entre eux nous est paru intéressant à retenir :
• Richardson, B., Kitchen, G. & Livingston, G. (2002), The effet of education on knowledge
and management of elder abuse: a randomized controlled trial. Age and Ageing 31, 335-
341
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
8
Recherche dans la base de données PUBMED
Nous avons procédé de la même manière que sur la base de donnée CINAHL mais en optant pour des
mots clés différents avec ou sans leurs termes leurs Subjets Headings : « elder mistreatment », « elder
abuse », « elder neglect », « role of nurse », « interventions », « prevention », « residential settings »,
« nursing home », « long-term care settings ». Nous les avons combinés afin d’obtenir l’équation
booléenne suivante :
(elder mistreatment OR elder abuse OR elder neglect) AND (role of nurse OR interventions OR
prevention) AND (residential settings OR nursing home OR long-term care settings)
Cette recherche nous a donné dans un premier temps 186 articles. A nouveau, il était important pour
nous d’obtenir des articles pertinents. De ce fait, nous avons affiné les critères en ajoutant les limites
suivantes :
• Personnes de 65 ans et plus
• Articles en anglais et en français
• Année de parution datant de 5 ans maximum
Nous sommes arrivés finalement à un total de 39 articles. Sur ces derniers, un d’entre eux nous est
paru pertinent :
• Comman, C., DeHart, D. & Webb, J. (2009). Prevention of Elder Mistreatment in Nursing
Homes: Competencies for Direct-Care Staff. Journal of Elder Abuse & Neglect, 21, 360–
378
Recherche par auteurs et années
Etant donné le peu d’articles trouvé sur les bases de données ainsi qu’en raison du manque d’articles à
ce sujet, nous avons fait recours à un cross-referencing, cela nous à amené à l’article de Baker. En
voyant le titre de son étude, nous nous sommes dit qu’il était pertinent pour notre travail de consulter
la source primaire. De ce fait, nous avons fait une recherche comme suit sur CINAHL :
• Année : 2005
• Auteur : Baker
• Mot clé : elder abuse
Nous avons trouvé l’article suivant :
• Baker, M.M. & Heitkemper, M.M. (2005). The roles of nurses on interprofessional teams
to combat elder abuse. Nursing Outlook, 53, 5, 253-259
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
9
Recherche sur Google Scholar
Suite à la consultation des listes bibliographiques de l’article de DeHart et Webb, un article semblait
répondre à nos critères de sélection par son titre, nous avons alors recherché ce dernier sur CINHAL et
PubMed mais sans succès. Nous avons fini par le trouver sur Google Scholar. En effectuant la lecture
de l’article, nous l’avons retenu.
Payne, B.K. & Fletcher, L.B. (2005). Elder abuse in nursing homes: Prevention and resolution
strategies and barriers. Journal of Criminal Justice, 33, 119-125
3.1 Critères d’inclusion et d’exclusion
Dans la sélection de nos articles, nous nous sommes fixés les critères d’inclusions suivants :
- Personnes âgées de 65 ans et plus
- Personnes âgées vivant en EMS
- Articles écrits en Français ou Anglais
Et nous avons exclus les articles :
- Non-infirmiers
- Infirmiers ne portant pas sur des interventions visant à prévenir la maltraitance
3.2 Critique de la méthodologie
« La maltraitance est un problème dissimulé » (Baker et al., 2005) et sous déclaré (Erlingsson et al.,
2006). Ainsi, il a été difficile de trouver des articles qui ont étudié ce phénomène.
Une fois notre travail de Bachelor déposé, nous avons appris qu’il existait des études menées en
Suisse, Par Madame Delphine Roulet Schwab (Professeur HES, Dr en psychologie). Néanmoins, il
s’agit plus d’un rapport de recherche, que d’une publication scientifique. De ce fait, nous n’avons ce
travail n’a pas été mis en valeur sur les bases de données.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
10
4 Synthèse des résultats Les cinq articles retenus pour répondre à notre question de recherche seront synthétisés et présentés
sous forme de tableaux.
Ces derniers ont été retenus car ils répondaient aux critères d’inclusion et d’exclusion.
Les articles ont été divisés et rapportés dans le tableau comme suit :
- Auteur
o Date de publication
o Provenance
- But de l’étude
- Devis et Méthode
- Participants
- Résultats
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A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
17
5 Développement des thèmes Suite à la lecture et à l’analyse des cinq articles, les huit thèmes suivants ont émergé, nous les avons
classés selon le Modèle de Donabedian (Donabedian, 1988).
5.1 Les facteurs liés à la structure de l’organisation ou de l’EMS
5.1.1 La formation du personnel soignant sur la maltraitance
Les résultats de l’étude randomisée clinique (n=64), examinant l’impact d’un cours de formation sur la
gestion de la maltraitance, indiquent qu’il serait nécessaire que le personnel soignant soit compétent en
matière de détection des actes de maltraitance ainsi que sur la procédure à appliquer si un tel
phénomène venait à se produire. Pour y parvenir, un cours de formation sur la gestion de la
maltraitance produit de meilleurs résultats sur la capacité de gestion de ce phénomène qu’une
distribution d’un support papier ayant le même contenu. L’étude a aussi démontré qu’il y aurait une
corrélation négative entre les connaissances préalables du personnel et l’apprentissage fait en matière
de gestion de la maltraitance (Richardson & al., 2002). Il est donc recommandé d’évaluer les
connaissances et ressources préalables du personnel et d’y adapter le contenu de l’éducation en
conséquence. Dans leurs opinions d’experts, portant sur le rôle des infirmiers face à la maltraitance
des personnes âgées, Baker et al. (2005), rejoignent les résultats des auteurs cités précédemment. Ils
indiquent qu’un enseignement au personnel est nécessaire. L’enseignement pourrait prendre la forme
d’un cours de formation portant sur un thème en particulier (par exemple : la gestion des troubles
cognitifs). Ils recommandent aussi d’introduire des cours sur la maltraitance même au niveau de la
formation académique des infirmiers.
5.1 Les facteurs liés à la structure de l’organisation ou de l’EMS
5.1.1 La formation du personnel soignant sur la maltraitance
5.1.2 L’attitude des différents soignants envers les personnes âgées ayant une
démence
5.1.3 La dotation du personnel soignant et le nombre élevé de patients
5.1.4 Le burnout du personnel soignant et l’environnement de travail
5.2 Les facteurs liés au processus
5.2.1 La détection de la maltraitance
5.2.2 La collaboration entre l’EMS et les instances politiques
5.2.3 L’approche interdisciplinaire
5.3 Les facteurs liés aux patients�
5.3.1 Les patients à risque de maltraitance
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
18
Les résultats de l’étude qualitative, récoltant les opinions des directeurs d’EMS (n=76), afin de
déterminer les stratégies qu’utilisent les EMS pour prévenir la maltraitance, soutiennent aussi
l’importance de l’éducation du personnel comme une stratégie très prisée pour prévenir la maltraitance
des personnes âgées en EMS. L’éducation du personnel, visant à améliorer la sécurité du patient, peut
toucher plusieurs thèmes : les soins, la sécurité, les droits et la maltraitance. Les auteurs indiquent
aussi que certaines institutions fournissent de l’éducation portant sur certaines maladies spécifiques du
vieillissement, alors que d’autres proposent un counselling sur la prise en charge de certains patients
difficiles. Des établissements offrent aussi de l’éducation aux patients et/ou aux proches sur les droits
du patient pour les protéger des actes de maltraitance (Payne & Fletcher, 2005),
L’étude qualitative, basée sur des entretiens individuels avec le personnel soignant et le personnel non-
professionnel de la santé travaillant en EMS (n= non spécifié), ayant pour but d’identifier les besoins
en formation du personnel, indique qu’il y aurait un manque de formation sur la prévention de la
maltraitance chez les soignants et plus particulièrement chez les auxiliaires de santé. Les infirmières
auxiliaires auraient besoin de formation sur la démence ainsi que d’informations pratiques sur les
soins quotidiens aux personnes souffrant de démence. De plus, le personnel ne connaitrait pas
suffisamment les facteurs de risque de maltraitance (DeHart & al., 2009).
Dans l’étude descriptive (n=510), basée sur un questionnaire ciblé, Ben Natan et al. (2010), ont
examiné les principales variables qui influencent la maltraitance chez les personnes âgées résidant en
EMS : les résultats ont suggéré que les auxiliaires de santé seraient plus à risque d’être acteur de
maltraitance que le personnel infirmier. L’étude mentionne également que certains actes de
maltraitance seraient dûs à la forte exposition des infirmiers à des insultes et à des comportements
agressifs de la part des résidents souffrant de démence.
5.1.2 L’attitude des différents soignants envers les personnes âgées ayant une démence
Dans l’étude randomisée contrôlée (n=64), examinant le lien entre les connaissances du personnel sur
la gestion de la maltraitance et une bonne attitude envers les personnes âgées présentant une démence,
les résultats ont soutenu que le personnel qualifié semblerait avoir une bonne attitude vis-à-vis des
personnes âgées présentant une démence et indépendamment du nombre d’année de pratique.
Cependant, les personnes examinées dans cette étude avaient toutes de bons scores de base pour
l’attitude envers les personnes âgées présentant une démence, ainsi, les auteurs ne s’attendaient pas à
voir une évolution significative des scores. En effet, ils n’ont pas pu mettre en évidence une
corrélation positive entre l’apprentissage sur la maltraitance et l’attitude envers les personnes âgées
présentant une démence (Richardson & al., 2002)
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
19
5.1.3 La dotation du personnel soignant et le nombre élevé de patients
Selon les résultats de l’étude qualitative, portant sur les opinions des directeurs d’EMS (n=76), au
sujet des stratégies de prévention de la maltraitance, une dotation suffisante en personnel, des tournus
fréquents et des supervisions régulières de l’équipe, représenteraient des facteurs clés qui permettent
de prévenir l’instauration de la maltraitance (Payne & Fletcher, 2005). Ces mêmes facteurs ont aussi
été soulevés par les entretiens individuels avec le personnel soignant et le personnel non-professionnel
de la santé travaillant en EMS (n= non spécifié), dans l’étude identifiant les besoins en formation du
personnel (DeHart & al., 2009).
Cependant, l’étude descriptive (n=510) de Ben Natan et al. (2010), basée sur un questionnaire ciblé,
qui a examiné les principales variables influençant la maltraitance chez les personnes âgées résidant en
EMS, indique qu’il y aurait une corrélation positive entre le nombre de lits, le nombre d’infirmières, le
nombre de collaborateurs, le roulement du personnel et la négligence mentale et/ou physique. En
d’autres termes, plus l'institution serait grande, plus cette dernière serait susceptible d’avoir une large
proportion de personnes ayant une démence, ce qui augmenterait le risque de maltraitance.
5.1.4 Le burnout du personnel soignant et l’environnement de travail
Dans l’étude randomisée contrôlée (n=64), examinant le lien entre les connaissances du personnel
soignant et le taux de burnout, les résultats indiquent que le burnout serait un facteur pouvant amener
des actes de maltraitance, cependant les scores de bases de burnout du personnel examiné dans leur
étude étaient très bas, ainsi les résultats de l’étude n’ont pas permis de démontrer ce phénomène
(Richardson & al., 2002).
L’étude qualitative basée sur des entretiens individuels avec le personnel soignant et le personnel non-
professionnel de la santé travaillant en EMS (n= non spécifié), ayant pour but d’identifier les besoins
en formation du personnel, soutient qu’un environnement de travail positif diminuerait le risque de
burnout et donc de mauvais traitements : les soins aux résidents doivent être apportés de manière
multidisciplinaire en tenant compte de la famille pour offrir des soins de qualité (DeHart & al., 2009).
L’étude descriptive (n=510) de Ben Natan et al. (2010), basée sur un questionnaire ciblé, qui
examinait les principales variables qui influencent la maltraitance chez les personnes âgées résidant en
EMS, démontre qu’il existerait une corrélation positive significative entre l’épuisement professionnel
(burnout) et les différents types de mauvais traitements. En d’autres termes, plus les travailleurs
seraient épuisés, plus les risques de maltraitance seraient grands.
5.2 Les facteurs liés au processus
5.2.1 La détection de la maltraitance
Dans leurs opinions d’experts, portant sur le rôle des infirmiers face à la maltraitance des personnes
âgées, les auteurs mentionnent qu’il serait nécessaire que toutes les rencontres auprès des personnes
âgées en EMS soient une occasion de détecter les cas de maltraitance (Baker & al., 2005). En effet,
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
20
l’Association Médicale Américaine relève également cet état de fait et précise qu’il existe plusieurs
instruments de dépistages de la maltraitance. Parmi ces derniers, le Conflict Tactics Scale, The Brief
Abuse Screen for the elderly et Elder Abuse Instrument présentent des avantages car ils sont faciles
d’utilisation et permettent une évaluation rapide de la maltraitance (Fulmer, Guadagno, Dyer &
Connolly, (2004), in Baker et al., 2005).
5.2.2 La collaboration entre l’EMS et les instances politiques
L’étude qualitative, développée à partir d’une opinion d’expert sur une enquête composée de quatre
questions envoyées à 400 directeurs d’EMS (n=76), dont le but était de déterminer les stratégies
qu’utilisent les EMS pour prévenir la maltraitance, indique que beaucoup d’institutions
augmenteraient la sécurité de leurs résidents en collaborant avec divers organismes comme le
département de police ou la hotline de la maltraitance. Certains mettent à disposition des résidents et
des employés une liste de numéros importants comprenant le département de police local ou la hotline
contre la maltraitance.
L’étude a aussi révélé que toutes les allégations de maltraitance seraient traitées avec la «tolérance
zéro» de la part des institutions. Quand un tel acte se produit, toutes les institutions mettraient en place
une enquête et un renvoi de l’institution est prononcé si le délit est avéré. Cependant l’étude dit aussi
que toutes les enquêtes ne seraient pas faites de la même manière. En effet, certaines institutions
privilégieraient les enquêtes internes alors que d’autres feraient appel à un organisme externe comme
le Département de la Santé, l’Etat ou autres agences externes (Payne & Fletcher, 2005).
Dans leurs opinions d’experts, portant sur le rôle des infirmiers face à la maltraitance des personnes
âgées, Baker et al. (2005) relatent qu’il serait nécessaire que les EMS améliorent leurs relations de
travail avec ce type d’organisme externe. Ils ajoutent que les infirmiers pourraient collaborer avec les
instances publiques afin de faire des recommandations sur les lois actuelles.
5.2.3 L’approche interdisciplinaire
L’opinion d’experts, portant sur le rôle des infirmiers face à la maltraitance des personnes âgées, les
efforts individuels en matière de détection et de gestion des cas de maltraitance seraient importants.
Mais, la maltraitance est un phénomène complexe et multifactoriel qui implique une approche et une
collaboration interprofessionnelle (Baker & al., 2005).
L’étude qualitative basée sur des entretiens individuels avec le personnel soignant et le personnel non-
professionnel de la santé travaillant en EMS (n= non spécifié), ayant pour but d’identifier les besoins
en formation du personnel, précise qu’une des compétences majeures serait la capacité à demander
l’aide de ses collègues lors des situations de conflits avec un résident afin d’éviter la maltraitance. Le
fait de faire appel à tous les membres du personnel soignant pourrait également diminuer la
maltraitance (DeHart & al., 2009).
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
21
5.3 Les facteurs liés aux patients
5.3.1 Les patients à risque de maltraitance
L’étude descriptive (n=510) de Ben Natan et al. (2010), basée sur un questionnaire ciblé, qui
examinait les principales variables qui influencent la maltraitance chez les personnes âgées résidant en
EMS, indique que les femmes seraient plus exposées à la violence physique, à la négligence et à la
maltraitance mentale. C’est aussi le cas pour les personnes souffrant de démence. L’étude qualitative
basée sur des entretiens individuels avec le personnel soignant et le personnel non-professionnel de la
santé travaillant en EMS (n= non spécifié), ayant pour but d’identifier les besoins en formation du
personnel, soutient les propos des auteurs précédents et ajoute que deux profils de population
présenteraient des risques accrus de maltraitance : Le premier serait composé de personnes
désorientées, incapables de communiquer et dépourvues de soutien familial. Le second, de résidents
non-compliants, combatifs, exigeants et manipulateurs (DeHart & al., 2009).
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
22
6 Discussion Le chapitre qui suit présente une discussion des résultats issus de la synthèse. Ces derniers vont être
résumés (6.1) de manière à faire émerger les points clés essentiels des différentes études. Par la suite,
les limites (6.2) des différentes études seront identifiées afin de déterminer si les résultats sont
généralisables (6.3). Les résultats des études seront confrontés à la question de recherche et mis en
perspective avec la littérature existante (6.3.1). Le travail se terminera par des recommandations pour
la pratique et la recherche (6.7).
6.1 Résumé des principaux résultats
Au travers des différents articles analysés dans le cadre de ce travail, il en ressort trois axes principaux
sur lesquels l’infirmier ou l’infirmière peut agir pour prévenir les actes de maltraitance. Le premier
domaine d’intervention fait référence aux facteurs liés à la structure de l’organisation ou de l’EMS, le
second est lié aux facteurs du processus et le troisième lié aux facteurs du patient selon la
classification de Donabedian (Donabedian. 1988).
Parmi les facteurs liés à la structure de l’organisation ou de l’EMS, la formation du personnel soignant
sur la maltraitance apparaît comme un point essentiel afin de lutter contre le phénomène de
maltraitance de la personne âgée. Il est essentiel que les infirmiers et le reste du personnel soignant
soient sensibilisés et éduqués sur la gestion du phénomène de la maltraitance. La formation doit aussi
être ciblée sur la prise en charge des personnes âgées présentant une démence car les études ont mis en
évidence qu’il y aurait un risque plus élevé de maltraitance envers ce type de population.
Un autre point clé lié aux ressources humaines est l’importance d’une dotation suffisante en personnel
pour accroitre la sécurité et offrir des soins de qualité aux personnes âgées. Ce facteur est aussi
déterminant pour la santé psychique et physique du personnel soignant. En effet, une charge élevée de
travail et une mauvaise dotation augmentent les risques de burnouts.
Concernant les facteurs liés au processus, il est mentionné qu’il est nécessaire que les infirmiers
utilisent toutes les occasions se présentant à eux pour détecter les cas de maltraitance. Il a aussi été
relevé que chaque cas de maltraitance soit dénoncé, pour y parvenir, il est nécessaire qu’il y ait une
collaboration entre les EMS et les instances publiques. C’est donc grâce à un travail interdisciplinaire
qu’il sera possible de limiter et de prévenir les cas de maltraitance.
Finalement, dans les facteurs liés aux patients, il a été relevé que certains types de population seraient
plus à risque de subir des actes de maltraitance, par exemple : les femmes, les personnes présentant
une démence ou les personnalités agressives.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
23
6.2 Identification des limites du travail
6.2.1 Limites méthodologiques par article
Richardson et al. (2002) : Dans cette étude, certaines limites sont notables. En effet, tel que nous le
disent les auteurs, l’étude n’a mesuré que de manière théorique la capacité de gestion de la
maltraitance des soignants, il est donc difficile de savoir comment ces derniers se comporteraient en
situations réelles. Ils ajoutent que le personnel savait qu’il allait être évalué après l’intervention, cela
aurait pu induire un biais car le personnel s’est peut-être plus investi dans l’apprentissage.
Baker et al. (2005) : Cette étude est fondée sur une opinion d’experts. Bien que les résultats de cette
publication soient intéressants et comparables aux résultats d’autres études, cette dernière demeure une
opinion d’experts, ce qui ne lui confère pas un haut niveau de preuve scientifique.
Payne et Fletcher (2005) : Un questionnaire de quatre items a été envoyé à 400 directeurs d’EMS,
cependant, seulement 76 d’entres eux ont accepté d’y répondre, ce qui représente un taux de
participation bas, de moins de 20%. Selon les auteurs, ce faible taux de participation à l’enquête peut
être attribué à la sensibilité du sujet étudié. De plus, l’étude couvrait seulement quatre états américains,
ce qui peut ne pas être représentatif de l’entier du pays.
DeHart et al. (2009) : Cette étude qualitative basée sur des entretiens avec des infirmiers, des
professionnels de la santé et des représentants d’instances publiques, ne spécifie pas le nombre de
participants et d’entretiens effectués. L’étude se déroule uniquement dans la région sud-ouest des
Etats-Unis, ce qui peut ne pas être représentatif de l’entier de la population. Cela limite également la
transférabilité des résultats. Néanmoins, ces derniers concordent avec les autres études analysées lors
de ce travail.
Ben Natan et al. (2010) : L’étude est rétrospective, elle se base donc sur la mémoire des participants,
cela peut représenter un biais car certains résultats peuvent être inexacts ou omis par oubli. De plus
l’étude n’est pas interventionnelle. L’étude se limite aux établissements israéliens, or, de part les
différences culturelles, les résultats de cette étude peuvent être questionnés quant à leur généralisation
dans le contexte Suisse. Les auteurs indiquent cependant que les résultats ne couvrent pas l’ensemble
des régions d’Israël, ce qui rend les résultats non généralisables à tout le pays. Ils ajoutent que le
questionnaire s’est basé sur une auto-évaluation des pratiques par les soignants, ainsi, les réponses de
ces derniers ont pu être faussées par leurs mécanismes de défense, et la désirabilité sociale en raison de
la sensibilité du sujet. De plus, cette étude a pris également en compte la maltraitance psychologique,
ce qui pourrait expliquer le haut pourcentage de maltraitance.
6.2.2 Limites méthodologiques générales
Les articles scientifiques utilisés dans le cadre de ce travail sont issus de recherches nord-américaines
et une israélienne. A nos connaissances, aucune étude suisse n’a traité de ce sujet et les résultats de ces
études restent à être évalués dans le contexte suisse. Cet état des lieux nous indique que la maltraitance
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
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envers les personnes âgées mériterait plus d’attention de la part des infirmiers suisses dans leurs
pratiques quotidiennes ainsi qu’un approfondissement de ce sujet de la part des infirmiers de pratique
avancée. Cependant, lors de notre soutenance, l’expert nous a indiqué qu’il existait une étude Suisse
menée par Mme Delphine Roulet Schwab en 2011. Cette étude aurait donc été intéressante à introduire
dans notre travail.
6.3 Caractère généralisable des résultats
Bien qu’aucun article ne soit d’origine suisse, tous relevaient de pays industrialisés. Les résultats de
ces derniers pourraient servir de bases pour les infirmiers en Suisse quitte à être adaptés
culturellement. En effet, les mêmes thèmes étaient omniprésents dans plusieurs de ces études.
Les résultats d’études considérés dans le cadre de ce travail semblent avoir un caractère transférable,
pour autant que les deux variables principales « le personnel soignant » et « les personnes âgées »
soient présents. Ainsi, tous les milieux de soins qui accueillent des personnes âgées sont concernés,
non seulement les EMS, mais aussi les soins à domicile et les services hospitaliers.
6.3.1 Confrontation des résultats à la question de recherche et mise en perspective des
résultats avec la littérature
Pour prévenir les risques de maltraitance auprès des personnes âgées, les infirmiers doivent agir à
plusieurs niveaux, auprès des patients, des institutions elles-mêmes et des instances politiques comme
discutés dans les différents sous-titres ci-dessus. Nous nous proposons de développer ces interventions
à travers des sous-chapitres suivants.
6.4 Facteurs liés à la structure de l'organisation en EMS
6.4.1 La formation du personnel soignant
Comme l’ont démontré les résultats des cinq études, la formation ressort comme étant un moyen
essentiel pour prévenir la maltraitance. Selon plusieurs études, le personnel n’est pas assez formé, ce
qui va entrainer des comportements à risques de la part des soignants. Selon Baker et al. (2005), le rôle
de l’infirmier serait de sensibiliser et d’éduquer le personnel soignant à cette problématique. Cela peut
prendre la forme de cours de formation adaptés aux besoins et connaissances préalables de l’équipe
sur ce phénomène (Richardson & al., 2002). Dans leur étude, Payne et Fletcher (2005) indiquent que
certaines institutions mettent en place des counselling pour aider les soignants dans la prise en charge
de « patients difficiles », cela pourrait aussi représenter un élément intéressant que les infirmiers
spécialisés en maltraitance pourraient mettre à disposition des équipes. Un autre moyen de sensibiliser
le personnel serait, tel que nous l’indiquent Baker et al. (2005), d’introduire des cours sur la
maltraitance et sa gestion dans le cursus de formation des professionnels de la santé. D’ailleurs, la
fondation Charlotte Olivier, mandatée par le Service de la Santé Publique du canton de Vaud, a réalisé
un programme de formation destiné aux professionnels de la santé, dans le but de prévenir la
maltraitance des personnes âgées. Leur but, à travers la formation qu’ils proposent, est d’acquérir des
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
25
compétences dans la détection précoce, l’aide et l’orientation des personnes âgées vers des réseaux
spécialisés (Prémalpa, 2013)
6.4.2 L’attitude des différents soignants envers les personnes âgées ayant une démence
Les études montrent que les personnes ayant une démence sont plus à risques de maltraitance (Ben
Natan & al., 2010). Les programmes de prévention sur la maltraitance envers les personnes âgées
devraient cibler plus spécifiquement cette population. La prise en charge des ces personnes doit être
adaptée de sorte à répondre aux besoins de ces patients avant d’en arriver à des actes de maltraitance.
Il pourrait donc être intéressant, dans ce type de situation, de proposer des counsellings tel que nous le
suggèrent Payne et Fletcher (2005) dans leur étude.
6.4.3 La dotation et le nombre élevé de patients
Il est du rôle propre infirmier d’avertir sa hiérarchie directe (Infirmier Chef d’Unité de Soins) lorsque
sa charge de travail ne permet plus d’apporter des soins de qualité. L’infirmier chef quant à lui a la
responsabilité d’adapter la dotation du personnel à la charge de travail, de mettre en place des tournus
d’équipe réguliers et des supervisions d’équipe afin de préserver la qualité des soins et la sécurité du
patient. L’Association Suisse des infirmières mentionne justement qu’il y a un lien direct entre la
qualité des soins et la dotation infirmière. Si cette dernière n’est pas adéquate, les répercussions
peuvent survenir sur trois niveaux différents : Sur le patient, le personnel et l’institution. Pour le
patient, cela engendrerait une insécurité, une baisse de la qualité des soins ainsi que des conséquences
sur leur état de santé. Pour le personnel, un risque accru de burnout, d’atteinte à la santé psychique et
physique et finalement, pour l’institution, une perte de réputation voir poursuite judiciaire. (ASI-SBK
2007). Ces éléments sont importants à prendre en considération, car comme le disent Payne et
Fletcher (2005), une dotation suffisante en personnel, des tournus fréquents et des supervisions
régulières de l’équipe, représenteraient des facteurs clés qui permettent de prévenir l’installation de la
maltraitance. Une dotation adéquate en personnel permet d’installer un environnement de travail sain
(Ronda. 2008).
Au sein des EMS suisses, une méthode de mesure obligatoire aux EMS permet d’évaluer la charge de
travail, elle se nomme évaluation PLAISIR©1. Cette dernière permet de déterminer si le service se
trouve en sur ou sous-effectif, si le deuxième cas de figure se présente, l’institution touche une
allocation et a le devoir d’engager du personnel pour assurer à nouveau une bonne qualité des soins.
(CT, 2009)
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A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
26
6.4.4 Le burnout et l’environnement de travail
L’infirmier doit veiller quotidiennement à ce que l’environnement de travail soit adéquat et propice à
des soins de qualité. Un environnement de travail inadéquat augmente les risques de burnout du
personnel conduisant à des comportements de maltraitance. Un ratio soignant – patient non-adapté,
influence positivement l’épuisement émotionnel et le burnout (Aiken, Clarke, Sloane, Sochalski &
Silber. 2002).
6.5 Facteurs liés au processus
6.5.1 La détection de la maltraitance
Il est du rôle autonome infirmier d’utiliser tous les moments de rencontre pour déceler les cas de
maltraitance (Baker et al., 2005). La toilette peut représenter un moment opportun pour déceler
d’éventuelles manifestations d’abus. Par exemple, il est possible d’identifier des signes de
maltraitance physique ou de négligence en visualisant des hématomes, escarres etc. Concernant la
maltraitance mentale, l’évaluation peut aussi se faire durant ce moment privilégié. Des outils sont à
disposition des infirmiers pour déceler les cas de maltraitance.
6.5.2 La collaboration entre l’EMS et les instances politiques
L’étude de Payne et Fletcher (2005), expose que plusieurs institutions augmenteraient la sécurité de
leurs résidents en collaborant avec divers organismes tels que le département de police ou la hotline de
la maltraitance. Il pourrait donc être du rôle propre infirmier en Suisse, de sensibiliser les directeurs
d’institutions au phénomène de la maltraitance, et de leur proposer de mettre sur pied des moyens de
prévention et de dissuasion semblables à ceux énoncés dans l’étude citée ci-dessus. En Suisse, il existe
une hotline pour la maltraitance qui a été mise en place par Alter Ego. Il pourrait être intéressant de la
proposer à chaque EMS. Un autre moyen qui peut facilement être mis en place de la part des cadres
infirmiers est l’application de la « tolérance zéro », chose qui pourrait aussi dissuader d’accomplir des
actes de maltraitance.
Les études américaines analysées dans le cadre de ce travail ont aussi mis en avant l’importance de la
collaboration entre les infirmiers et les instances publiques dans l’élaboration de lois contre la
maltraitance (Baker & al., 2005). Cette collaboration est peu visible actuellement dans le système de
santé Suisse.
6.5.3 L’approche interdisciplinaire
Nous avons vu dans le paragraphe ci-dessus que la collaboration interdisciplinaire était
particulièrement importante, mais c’est également le cas au sein même du personnel soignant, cela
implique donc une approche intra-disciplinaire. En effet, une des compétences majeures serait la
capacité à demander l’aide de ses collègues lors des situations de conflits avec un résident afin d’éviter
la maltraitance. Le fait de faire appel à tous les membres du personnel soignant pourrait également
diminuer les actes maltraitance (DeHart & al., 2009). Il est donc du rôle propre infirmier d’identifier
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
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les besoins de ses collègues ou de savoir y faire appel. Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en
place des colloques sur l’interdisciplinarité et le travail d’équipe.
6.6 Facteurs liés aux patients
6.6.1 Les patients à risque de maltraitance
Comme nous l’expose les différentes études, certaines populations sont plus à risque de maltraitance.
Selon Ben Natan et al. (2010), les femmes et les personnes présentant une démence seraient plus à
risque d’être exposé à la violence physique, à la négligence et à la maltraitance mentale. DeHart et al.
(2009), ajoutent que les personnes désorientées, incapables de communiquer et dépourvues de soutien
familial ainsi que les résidents non-compliants, combatifs, exigeants et manipulateurs représenteraient
deux populations à risque.
Il est donc important pour les infirmiers d’être conscient de ces deux états de fait et d’en tenir compte
lors de leur pratique clinique. Pour ce faire, il pourrait donc être intéressant, de proposer du
counselling tel que nous le proposent Payne et Fletcher (2005) dans leur étude. Encore une fois, il est
du rôle infirmier de détecter les facteurs de risque de maltraitance chez les personnes âgées.
6.7 Implication pour la pratique et la recherche
L’implication pour la pratique a été largement discutée dans le chapitre précédant, cependant, il nous
semble important d’ajouter que les interventions proposées représentent des éléments à majorité
transférables dans le contexte suisse et dans les services de soins. Il est important que les
professionnels soient conscients que la maltraitance peut survenir en EMS mais également dans tous
les milieux de soins où des personnes âgées sont présentes. Les pistes d’interventions proposées dans
le cadre de ce travail sont les suivantes :
- Sensibiliser et éduquer le personnel soignant sur la maltraitance et sa gestion
- Proposer un counselling pour les prises en charge difficiles
- Introduire des cours sur la maltraitance des personnes âgées dans le cursus de formation des
professionnels de la santé
- Détecter les populations à risque et les facteurs de risque
- Adapter la dotation à la charge de travail
- Mettre en place des tournus réguliers et des supervisions
- Remplir les évaluations PLAISIR
- Utiliser tous les moments de rencontre avec chacune des personnes âgées pour déceler les cas
de maltraitance (possibilité d’utiliser des outils de dépistage)
- Sensibiliser les directeurs d’EMS au phénomène de la maltraitance
- Mise en place d’une hotline
- Appliquer la « tolérance zéro » pour les actes de maltraitance
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
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- Approche des situations de manière interdisciplinaire
A notre sens toutes ces interventions sont applicables excepté la collaboration entre les infirmiers et
les instances politiques. Pour ce dernier point, il serait opportun que les institutions deviennent les
porte-paroles des infirmiers au niveau politique. C’est en procédant de la sorte que des lois adaptées
pourraient voir le jour.
Concernant l’implication pour la recherche, nous estimons qu’il serait important que des recherches se
penchent sur la prévalence de la maltraitance en Suisse. A notre connaissance, à ce jour, excepter
l’étude de Mme Delphine Roulet Schwab il n’existe pas d’études suisses sur cette problématique. Nos
recherches nous ont montré que les chiffres donnés s’agissaient d’estimations et non de la réalité.
Comme nous l’avons vu, la maltraitance des personnes âgées peut survenir dans tous les milieux de
soins, il serait donc important que les études se penchent sur ces divers lieux afin de donner des
recommandations adaptées à chacune d’eux.
Ce phénomène étant un sujet encore peu étudié et dissimulé, à notre connaissance, aucune étude
prospective n’a eu lieu. Les recherches effectuées ont proposé des interventions, mais aucune ne s’est
attardée sur les résultats d’interventions visant à réduire le taux de maltraitance. Il serait pertinent de
mettre en place des études prospectives afin de valider leurs recommandations et dans le cas échéant,
les adapter ou en proposer des nouvelles.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
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7 Conclusion Comme nous l’avons exposé dans notre travail, le personnel soignant et particulièrement les infirmiers
et infirmières vont devoir faire face à une augmentation marquée de la population âgée vivant en EMS
(OMS, 2002). De plus, il est prévu un manque de personnel soignant pour les années futures et comme
nous l’avons discuté au travers des différentes études, un ratio soignant/soigné diminué entraine une
élévation du taux de burnout, un mauvais environnement de travail et finalement un risque accru de
maltraitance.
Pour prévenir l’apparition de ce phénomène, il est nécessaire de développer la recherche dans ce
domaine afin de faire émerger des interventions adéquates, efficaces et adaptées pour prévenir la
maltraitance. Bien que notre travail se base sur une faible quantité d’articles, principalement en raison
de la sensibilité du sujet, nous considérons que les interventions que nous avons proposé sont des
pistes à développer et surtout à évaluer sur le long terme afin de pouvoir objectiver leurs résultats.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
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8 Apprentissages Lors de ce travail de Bachelor, nous avons fait de nombreux apprentissages. Cela nous a permis dans
un premier temps, de développer des connaissances élémentaires dans la recherche sur les différentes
bases de données mais également de perfectionner notre regard critique vis-à-vis des différents articles
scientifiques. Ces connaissances vont nous être utiles lors de notre activité professionnelle.
Dans un second temps, suite aux différentes recherches, nous avons pu projeter certains apprentissages
dans notre future pratique professionnelle, notamment certains points qui nous sont apparus comme
essentiels et certainement rapidement applicables pour nos débuts dans la profession. Ce sont la
détection de la maltraitance, les populations les plus à risque ainsi que l’approche interdisciplinaire. En
effet, en ayant conscience des personnes qui ont des risques élevés de subir de la maltraitance et en
sachant détecter les prémices de cette dernière, il est bien plus aisé de la prévenir. La collaboration
avec les collègues est également essentielle afin de limiter et d’éviter l’épuisement avec certains
résidents qui pourrait entraîner de la maltraitance. Les autres points cités dans notre travail sont aussi
particulièrement importants mais peut-être plus difficiles à mettre en place en tant que jeunes
diplômés.
A. Fabbri, L. Briand, V. Favre
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